CHAPITRE CINQ
CHAPITRE CINQ - LETTRE
24 septembre 1999
il y a cette bibliothèque dans le salon beige de l'asile. les enfants y ont accès de 13h à 16h. j'y passe la plupart de mon temps. j'y observe les collants d'oiseaux sur le mur, la télévision qui fait jouer des cassettes de la messe du dimanche en rafale et j'y lis parfois les livres qu'il y a dans cette bibliothèque. la plupart sont religieux. certain on des taches de sang sur les coins. les seuls livres qui ne sont pas au sujet de jésus et de son super papa, c'est les raisins de la colère, le petit prince et hamlet.
dès que j'ai lu le titre, j'ai pensé à toi, sans vraiment savoir pourquoi. nous n'avons jamais vraiment été amies. n'empêche que tu m'es venue à l'esprit et qu'un mois plus tard, tu m'as envoyé une lettre. c'est étrange.
si tu veux savoir, je me souviens toujours de toi, alice. tu es petite avec des cheveux blonds, presque caramels. ils brillent sous le soleil. tu aimes porter des robes aux couleurs pastels. mais c'est tout ce que je sais à propos de toi.
tu voulais avoir de mes nouvelles. pour être honnête, je me sens très bien.
j'essaye toujours de comprendre ce que je fais ici. je ne suis pas dérangée comme cassandra, ma voisine de chambre. elle cri sans cesse, je crois que c'est parce qu'elle s'arrache les cheveux. je ne suis pas autant folle que tommy ou morte à l'intérieur que laura. eux n'ont même pas accès au salon beige et à sa bibliothèque vide.
je l'explique à mon psychiatre, que tout va bien. je lui fais de beaux sourires. il ne me croit pas. il ne fait qu'hocher de la tête et me prescrire des médicaments. il dit que ça peut me permettre de « calmer mes colères ». ces médicaments me donnent un effet assez spécial, comme si je flottais. je vole et vole et parcoure la ville et ses lampadaires qui illumine la nuit. cet effet n'est présent que lorsque je prends une double dose de médicaments. il m'arrive de le faire dans le dos de monsieur witthaker. j'adore.
à chaque jour, à 7h du matin, on m'enseigne des trucs. il y a ce monsieur suspect qui vient dans notre salle de classe et nous donne des leçons sur pythagore et l'histoire de l'amérique. il nous regarde avec ses gros yeux de poissons, prêt à nous dévorer et repart en nous laissant avec des devoirs. oui, il y a même ces putains de devoirs ici, à la prison beige. si jamais quelqu'un ose de te dire que je suis chanceuse d'être où je suis parce que c'est un genre de « colonie de vacances », fout leur une raclée, s'il-te-plaît.
à 10h du matin, j'ai un cours de catéchisme avec sœur jane. c'est une petite madame rousse aux joues gonflées et aux lunettes rondes. elle me sourit parfois, mais je n'ai pas l'impression que ce sont des sourires sincères. donc je la laisse nous expliquer l'histoire de la création de l'univers pendant que je pense à autre chose.
ensuite, c'est le midi. on mange dans nos chambres. on mange de tout. sandwichs, salades, fruits, noix, spaghetti. pendant ce temps-là, cassandra arrête ses pleurs. le samedi, c'est cool parce qu'on a du dessert. j'adore le dessert.
l'après-midi, je vais au salon et je lis. j'écoute parfois la messe et je m'endors au sol. monsieur witthaker ne me réveille jamais. quand ça m'arrive, je ne dors pas de la nuit, comme si j'avais bu de la caféine ou que j'avais pris une double dose de médicaments. et je pense à tout et à rien. ça m'arrive de pleurer jusqu'à ce que je m'endorme.
alors, si tu veux savoir, je vais très bien.
merci de ta dernière lettre. continue à m'écrire, ça m'occupe.
avec reconnaissance,
tamara armina zacharia emely
ps: je n'aime pas trop mon nom. appelle-moi taz. ce sont les initiales de mon prénom.
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