"I need to try to get to where you are
Could it be, you're not that far?"
- Joe Jonas

- Bon, par où est-ce qu'on commence ?

- J'ai obtenu un signal, Peter ! s'exclama Harley. Regarde : elle s'est déplacée.

Pepper avait eu tout le mal du monde à convaincre Peter et Harley de ne pas l'accompagner. Le premier était bien décidé à ramener sa petite amie à la maison ; le second avait accouru chez les Stark dès que Peter lui avait parlé de la disparition d'Harper. Désormais, Pepper Potts se retrouvait à bord du jet privé avec deux adolescents un peu trop déterminés pour être prudents. De plus, elle ne pouvait pas s'empêcher d'envoyer des textos à Happy tous les quart d'heure : elle se sentait bien trop coupable d'avoir laissé Morgan seule à New York. Enfin, seule n'était pas le terme exact : l'enfant adorait passer du temps avec Happy. Pepper ne s'en sentait pas moins attristée. Elle soupira bruyamment avant de porter son attention sur les deux garçons. Ils étaient regroupés autour de l'ordinateur, en train de suivre à la trace le GPS de l'oreillette de la jeune Stark. Sam Wilson était avec eux, à l'affut de la moindre information nouvelle.

- Il y a deux heures, elle était là, expliqua à nouveau Harley. Maintenant, elle est à cette adresse.

- Et tu peux savoir de quel endroit il s'agit, précisément ?

- À première vue, c'est un...un bar.

- Un bar ? s'étrangla presque Pepper. Qu'est-ce que ma fille fait dans un bar ?

- Eh bien...je n'en sais rien, avoua le jeune garçon.

- Ce n'est pas vraiment dans ses habitudes, remarqua Peter.

- Non, en effet.

Quelques minutes à peine après leur conversation, le petit groupe atterrit sans problème dans un champ désert à la périphérie de la ville. Après un regard rassurant ainsi que les instructions de Pepper, tous se mirent en marche : ils allaient trouver Harper et lui faire retrouver ses esprits.

***

La pièce où on l'avait enfermée était sombre : Harper, dans un état de somnolence, ne pouvait déterminer si c'était à cause d'un manque de fenêtre ou tout simplement d'éclairage artificiel. Elle releva lentement la tête, toujours aussi aveugle dans ces ténèbres effrayantes, et constata deux choses : primo, ses poignets et ses chevilles étaient douloureusement attachés à une chaise en métal ; secundo, elle portait toujours son oreillette. "Dieu merci," pensa-t-elle. Avec beaucoup de difficulté, elle parvint à activer le mécanisme en pressant son oreille contre son épaule.

- Hey, Nat, tu crois que tu peux déterminer où je suis ?

- Il semblerait que nous n'ayons pas quitté la ville, Harper. Voulez-vous que j'essaie de scanner les alentours pour vous ?

- Oui, s'il te plaît.

L'intelligence artificielle s'exécuta et, malgré le manque cruel de luminosité, réussit à remarquer quelques informations de taille.

- Je détecte un seul étage au-dessus de nous. Je vois aussi une autre silhouette attachée, à l'autre bout de la pièce.

- Bucky...

- Je ne peux pas vous donner son identité avec certitude.

Harper soupira tout en se concentrant sur l'énergie qui coulait dans ses veines. Depuis la bataille contre Thanos, elle ne s'était presque plus servie de ses pouvoirs : chacune des flammes qui jaillissaient de ses doigts lui rappelaient la guerre, le titan fou, son père... Elle chassa ces pensées moroses de son esprit et reprit son labeur. En quelques secondes à peine, elle se débarrassa des liens qui retenaient ses poignets. Elle s'empressa de finir de se libérer et se déplaça avec précaution, guidée par les vagues indications de l'intelligence artificielle.

- Hey, Bucky, c'est toi ? demanda-t-elle à voix basse, une fois agenouillée au près de son camarade de captivité.

Un grognement incompréhensible lui répondit. Harper décida de vérifier par elle-même l'identité de son vis-à-vis. Lentement, elle tâta son buste jusqu'à trouver son bras : elle sentit, sous ses doigts, une matière dure et froide qu'elle identifia rapidement comme du vibranium. Une fois sûre de cette information, la jeune femme secoua Bucky avec un peu moins de douceur que précédemment. Il se réveilla enfin.

- Harper, c'est toi ?

- C'est moi. Il faut...il faut qu'on sorte d'ici. Je vais te détacher, attends.

Une lumière jaillit soudain, aveuglant Harper qui était restée dans l'obscurité un peu trop longtemps. Ses yeux mirent quelques longues secondes à s'habituer à cette nouvelle et soudaine clarté. Entre ses doigts dressés devant son propre visage, elle distingua l'homme qui l'avait abordée au gala de charité ainsi qu'une femme. Elle portait de longs gants noirs qui remontaient plus haut que ses coudes ainsi qu'une longue robe de la même couleur. Le col lui couvrait presque entièrement le cou et son visage était encadré par des cheveux d'un magnifique blond cendré. Ses iris bleus étaient si foncés qu'on aurait pu les confondre avec ses pupilles.

- Écarte-toi de lui, s'il te plaît.

La mystérieuse femme avait une voix douce et enchanteresse, si bien qu'Harper s'exécuta immédiatement.

- Qui...qui êtes-vous ?

- Tu sais qui je suis, Harper. Si ce n'était pas le cas, tu n'aurais pas essayer de me démasquer, hier soir.

- Hier soir ? Je suis ici depuis hier soir ? s'étrangla-t-elle presque. Et vous...c'est vous ! Vous êtes la Nécromancienne.

- C'est exact. Contrairement à ce que tu pourrais penser, je ne te veux aucun mal, pas plus qu'à ton ami.

- Alors pourquoi nous avoir attachés ?

- Simple précaution. Vois-tu, il n'existe pas un être sur cette planète qui puisse se lancer à ma recherche sans que je ne l'apprenne, d'une manière ou d'une autre. Mon ami, Jack Thorne, m'est d'une aide très précieuse. Quand il a vu que tu avais déjoué les systèmes de sécurité des services de police afin d'espionner mon dossier, il m'en a avertie.

- Donc...vous savez pourquoi je suis là.

- Je n'en suis pas certaine ; j'ai beaucoup de pouvoirs, jeune fille, mais contrairement à toi, je suis incapable de deviner les pensées des gens.

- Je ne le fais pas exprès, marmonna la rouquine. Et puis, comment...

- Je sais tout de toi, Harper Stark. J'ai mené ma propre enquête.

Elle accompagna son explication d'un vaste geste de sa main gantée, comme pour balayer le sujet.

- Tu es la fille de Tony Stark et je suppose que si ma réputation t'a amenée jusqu'à moi, c'est à cause de son décès.

- Euh...en effet. Vous...vous pouvez m'aider ?

Tout reposait sur ce moment. Si ce nom n'était bel et bien qu'une simple appellation, une simple légende, alors son père serait perdu à jamais. Si, au contraire, le mythe était une réalité...

- Seulement si tu promets de ne pas me dénoncer ni de m'attaquer.

- Vous avez ma parole, répondit Harper sans la moindre hésitation.

Elle serait prête à tout pour sauver son père et là Nécromancienne n'en doutait pas une seconde. Maintenant que la lumière était présente, elle put mieux prendre connaissance des lieux tandis que Thorne libérait Bucky de ses propres liens. La première chose qu'elle remarqua fut le nombre d'étagères autour d'elle : il y en avait une multitude et chacune semblait contenir soit de la nourriture, soit des boissons.

- Où sommes-nous ?

- Dans le sous-sol de mon bar.

- Vous avez un...un bar ?

- Il faut bien gagner sa vie.

Une fois Bucky libéré, il se mit immédiatement sur ses gardes. Il ne pouvait s'empêcher de regarder les deux individus d'un œil suspicieux. Il s'approcha d'Harper et se pencha à son oreille.

- Tu es sûre de ce que tu es en train de faire ?

- Elle peut m'aider, Bucky.

- Oui, mais...

- C'est ma seule option.

L'air à la fois catégorique et suppliant de la jeune femme le convainquit de se taire. Rien qu'en la regardant, il pouvait ressentir toute sa douleur : elle avait traversé tant d'épreuves et perdre son père n'aurait jamais dû en faire partie. Il se rappelait encore l'enfant heureuse et épanouie que Tony amenait de temps en temps au quartier général, cette même enfant qui s'extasiait devant son bras en métal et réussissait à y accrocher des magnets ou adorait voler et cacher le bouclier de Steve partout dans la tour Stark. Il se rappelait cette enfant qui réussissait toujours à convaincre Natasha ou Wanda de devenir les cobayes de ses étranges expériences capillaires. Il se rappelait son grand sourire et était forcé de constater avec effroi qu'il ne l'avait plus vu depuis bien trop longtemps. Bucky ne la reconnaissait plus. Il décida de prendre la parole.

- Si vous comptez vraiment aider Harper, ne tournez pas autour du pot, dit-il avec fermeté. Nous ne sommes pas venus ici pour négocier, encore moins pour être ainsi enfermés.

- Je le sais, Soldat de l'Hiver, et c'est pour cela que je vais vous donner des instructions bien précises. Il existe un sortilège qui accomplira ce que tu désires accomplir, expliqua-t-elle à Harper. Sache, jeune fille, que toute magie...

- Toute magie a un prix, je sais. Je...je suis prête à le payer : je ne veux plus perdre qui que ce soit.

- Très bien. Tu auras besoin de deux choses : le corps de ton père ainsi que son âme.

- Son...son corps, je sais où il se trouve, répondit Harper. Mais...son âme ? Comment suis-je censée...

- Son âme se trouve là où seules celles des guerriers les plus valeureux se trouvent. Toi seule peux aller la récupérer.

- Je ne comprends pas...

- Tu auras aussi besoin de ceci.

La sorcière lui tendit un morceau de papier : elle y avait griffonné quelques mots.

- Qu'est-ce que c'est ?

- Quand tu auras réuni ces deux éléments, tu liras cette formule et je saurai où te trouver. Alors, je te rendrai ton père en échange du prix à payer.

- Et lequel sera-t-il ?

- J'en déciderai à ce moment-là. Alors, jeune Stark, es-tu capable de réaliser ceci ?

En réalité, Harper n'en savait rien. Elle fonçait peut-être droit dans le mur. Pour le peu qu'elle en savait, elle pourrait même ne jamais y parvenir : elle allait essayer de toutes ses forces.

- Je ferai tout pour y arriver, lui assura-t-elle.

- Très bien, dans ce cas...

On frappa à la porte du sous-sol. D'un signe de tête, la Nécromancienne intima à Thorne d'aller voir de quoi il s'agissait. Arme au poing, Jack gravit les marches de l'escalier. La seconde suivante, il ouvrait la porte. Celle d'après, il dégringolait les marches.

- Où est-elle ?

Peter Parker, contre toute attente, fit irruption dans la pièce, prêt à secourir sa petite amie. Il fut bien étonné lorsqu'il la vit enfin, debout, au beau milieu de la pièce, saine et sauve et toujours vêtue de sa robe de soirée.

- Harper, qu'est-ce que...

La Nécromancienne aida Jack à se relever tout en affichant un air exaspéré. Elle se tourna à nouveau vers Harper et laissa échapper un sourire.

- La prochaine fois, tu devrais prévenir ton petit ami que tu n'es pas en danger. Nous éviterions ce genre de situation.

Peter la regarda, encore plus confus, avant d'envoyer valser toutes ses interrogations. Il accourut vers Harper et la serra dans ses bras. Tout aussi étonnée que lui, la jeune femme lui rendit son étreinte. Depuis qu'ils s'étaient quittés, à New York, elle s'était sentie atrocement seule.

- On a tracé ton oreillette jusqu'ici, c'est Morgan qui a trouvé le système installé par ton père, en fait, alors on est d'abord allé à la première adresse, ton hôtel, pour vérifier et puis, et puis on t'a trouvée ici et on a bien compris que tu n'y étais pas venue de ton plein gré alors...

- Peter, Peter, respire, lui intima Harper.

- Non mais tu n'imagines pas à quel point tu nous as fait peur, Harper et puis moi, j'ai juste...

- Tais-toi.

La jeune Stark posa ses lèvres sur les siennes pour être plus efficace. Pris de court, Peter la serra encore un peu plus contre lui. Bucky se racla la gorge.

- C'est pas comme si nous étions pressés, mais...plus vite on part, plus vite on en a fini avec cette histoire.

Les deux tourtereaux s'écartèrent l'un de l'autre avant qu'Harper ne fronce les sourcils.

- Par contre, Peter, tu as...qui est "on" ?

- Oh, oui, j'allais oublier...

- Oh mon dieu, Harper !

Pepper déboula dans la pièce et s'empressa à son tour de serrer sa fille contre elle.

- Je suis heureuse de te retrouver, mais ne crois pas que nous n'aurons pas une longue discussion en rentrant à la maison ! Ce que tu as fait était inconscient et surtout...

- Maman, je vais bien, c'est le principal. Et puis...j'ai trouvé ce que je cherchais, d'accord ? Enfin, presque.

- Comment ça, "presque" ?

Les yeux de Pepper lançaient des éclairs à en faire pâlir Thor et Harper baissa les yeux.

- Tu m'expliqueras tout ça à la maison. Sam et Harley nous attendent à l'étage.

- Harley est ici ?

Les yeux d'Harper s'éclairèrent un rien à l'entente du nom de son ami. Enfin, elle décida qu'il était temps de s'en aller. En passant à côté de la Nécromancienne, elle la remercia avant de la voir s'évaporer.

- Comment...comment elle a fait ça ?

- C'est une des nombreuses choses qu'elle sait faire, expliqua Thorne en se frottant la mâchoire.

- Désolé pour...pour ça, s'excusa maladroitement Peter.

Thorne secoua la tête et leur fit signe de partir. Si la sorcière les avaient vus venir, Thorne ne s'était pas tout à fait préparé aux renforts d'Harper Stark. À l'étage, Harley se précipita à son tour vers la fille d'Iron Man.

- Tu nous a fait, genre, hyper peur, murmura-t-il en l'étreignant.

- Désolée. Quand je vous aurai tout expliqué, vous...vous comprendrez.

Harley lui tapota le dos avant de s'écarter d'elle sous le regard juste un peu jaloux d'un certain Peter Parker. Ce dernier s'empressa d'ailleurs de s'emparer de la main de la rouquine, entrelaçant leurs doigts. À côté de Sam, Bucky observa attentivement la scène et surtout, il remarqua le léger sourire qu'affichait Harper lorsque ce garçon-araignée était à ses côtés. Pour la première fois depuis la mort de Tony, il voyait l'ébauche d'un sourire sincère sur son visage, et il ne put s'empêcher de sourire à son tour.

- Tu deviens sentimental, toi ? le taquina Sam.

- Non mais...regarde-la : ça ne te fait pas plaisir de la voir comme ça ? Quand elle est avec lui...j'ai l'impression de retrouver un peu de la joie de vivre qu'elle avait avant.

- C'est vrai, je le reconnais. Notre Harper est bien entourée, pas vrai ?

- Oh, ça, c'est sûr et certain.

Bucky soupira avant de parler à nouveau.

- Qu'est-ce qu'on ne ferait pas pour elle et son tempérament de feu ?

- Je crois qu'on ne lui refuserait rien même si on le voulait, répondit le Faucon, affichant le même sourire que son interlocuteur. Une chose est sûre : peu importe où il se trouve, Tony ne pourrait pas être plus fier de sa fille. Elle est aussi inconsciente que lui.

Une fois installés dans le jet privé, Harper prit place entre Peter et Harley. Très vite, elle s'endormit, la tête appuyée contre l'épaule de son petit ami.

- Tu sais ce qu'elle a l'intention de faire, exactement ? demanda Harley.

- À part ce que nous a dit Steve, je n'en sais rien. Tout ce que je sais, c'est que je la suivrai, lui assura-t-il.

Et c'était bien ce qu'il comptait faire. Peter n'avait aucune idée de l'aventure dans laquelle il était sur le point de se lancer mais il n'en avait que faire : c'était une aventure qu'Harper avait besoin de vivre et il la soutiendrait tout au long de celle-ci, coûte que coûte, contre vents et marées. Il déposa un baiser sur son front avant de fermer les yeux à son tour. Contrairement à elle, il ne parvint pas à s'endormir. Au lieu de ça, il passa tout le voyage à se demander à quoi ressemblerait le lendemain. S'il avait su ce qui les attendait... Il n'aurait pas eu peur : disons plutôt qu'il aurait été beaucoup plus réticent à l'idée de ce voyage fou. Mais bon, c'était ça, l'amour : il aurait suivi Harper au fin fond des enfers, si c'était ce qu'elle voulait. Oh, et puis, même si elle n'en avait pas envie, il l'aurait fait. Il ne comptait pas la laisser tranquille de si tôt.

***
J'ai tellement craqué sur les gifs cette fois-ci 😍 Désolée d'avoir attendu un peu plus longtemps pour poster mais l'inspiration s'est faite un peu plus timide cette semaine et je préfère avoir toujours cinq chapitres d'avance quand je publie ! Qu'en pensez-vous, sinon ? J'ai essayé de mettre en place un début de relation Harley/Harper, je vous promets que vous en verrez bien plus dans les chapitres suivants ! N'hésitez pas à voter et à commenter !

- Céline