Chapitre quatre
"And the vision that was planted in my brain
Still remains
Within the sound of silence"
- Simon & Garfunkel
- J'aimerais bien aller rendre visite à Steve, aux autres, aussi.
Lorsqu'Harper annonça son désir de partir pour New York, Pepper fut quelque peu étonnée. Peter, lui, comprit et il aurait préféré ne pas comprendre.
- Pourquoi pas ? acquiesça Pepper. Ça pourrait peut-être... Ça leur fera plaisir.
Depuis son retour, Steve passait ses vieux jours au quartier général des Avengers, même si, techniquement, il n'en était plus un. Du moins, il n'était plus aussi...vigoureux, depuis qu'il était resté dans le passé pour enfin vivre sa vie avec Peggy. Ainsi, Pepper s'arrangea avec Happy pour qu'il vienne chercher Harper, plus tard dans la journée. Tout en préparant sa valise, Harper rassurait Morgan.
- Je te promets que je serai bientôt de retour, lui assura-t-elle. Je vais juste prendre des nouvelles de nos amis.
- Comme Thor avec l'orage ?
- Comme Thor avec l'orage.
La petite fille lui sourit avant d'enrouler ses bras autour de ses cuisses.
- Tu reviendras vite ?
- Évidemment.
La petite fille fila jusque la cuisine, encore souriante. Peter, lui, entra dans la chambre, l'air grave.
- Dis-moi que tu n'étais pas en train de lui mentir.
- Quoi ?
- Dis-moi que tu pars vraiment à New York pour rendre visite aux autres.
- C'est...c'est le cas.
- Tant mieux, car je viens avec toi.
- Hein ?
- Je vais en profiter pour rentrer chez moi, expliqua-t-il. Maintenant que tu quittes cette maison, je me vois mal...eh bien, y rester sans toi.
Les épaules d'Harper s'affaissèrent quelque peu. Elle mourait d'envie de lui proposer de rester avec elle au quartier général, même s'il était encore en pleine reconstruction. Bien sûr, les sorciers avaient donné un énorme coup de main afin de rendre les lieux habitables, le temps des travaux. Toutefois, elle savait que si Peter restait à ses côtés, elle serait rongée par le remords et serait tout à fait incapable de partir. Elle s'avança vers lui pour le serrer dans ses bras. Elle déposa un doux baiser sur ses lèvres.
- Tu es prêt ?
- Prêt, si tu es prête.
Il lui sourit avec beaucoup de tendresse avant de lier ses doigts aux siens. Ensemble, ils descendirent l'escalier qui menait au salon et y trouvèrent Happy en train de boire un café avec Pepper.
- Ah, vous voilà. Je finissais justement de boire. Toutes vos affaires sont prêtes ?
- Oui, je vais aller les mettre dans le coffre.
Harper s'exécuta, laissant Peter seul avec les deux adultes. Pepper s'approcha du garçon et posa ses mains sur ses épaules.
- Prends soin de ma fille, d'accord ? Je sais qu'elle t'écoutera, toi, si jamais...
- Ne vous inquiétez pas, je veillerai sur elle, lui promit Peter. Et puis, elle sera avec Steve.
Pepper hocha la tête avant d'enlacer sa fille qui venait tout juste de revenir. Harper lui rendit son étreinte : elle était d'autant plus significative qu'elle était la seule à savoir ce qu'elle ferait, une fois à New York. Après un dernier au revoir à Morgan, les deux adolescents montèrent à l'arrière de la voiture d'Happy et se mirent en route pour New York.
- Tu vas rendre visite aux Avengers, alors ? demanda Happy.
- Oui, et puis...New York me manque un peu, je dois bien l'avouer.
- Tu n'aimes pas votre nouvelle maison ?
- Si, mais... Tu comprends.
Happy hocha la tête : bien sûr qu'il comprenait. Il ne pouvait qu'imaginer ce qu'elle devait ressentir en habitant là où son père avait vécu les cinq dernières années de sa vie, sans elle. Cet endroit ne lui était pas familier comme le quartier général. Le trajet fut relativement silencieux : Peter ne pouvait pas aborder le sujet de New York sans essayer d'en savoir plus puisqu'il savait très bien qu'Harper finirait par s'énerver ; quant à Harper, elle était trop occupée à réfléchir à son stratagème mais aussi à Steve et à la manière dont il l'accueillerait. Serait-il content de la voir ? Ou bien se douterait-il de quelque chose ? Elle était aussi sur le point de retourner sur les lieux du drame... Le supporterait-elle ? Des tonnes de questions se bousculaient dans sa tête ; sa seule certitude était sa propre détermination. Ce qu'elle avait trouvé était tangible. Tout ce qu'elle devrait faire, c'était réussir à atteindre l'aéroport sans se faire repérer et...
- Nous y sommes.
Ce serait un euphémisme de dire que le quartier général des Avengers avait quelque peu perdu de sa magnificence : beaucoup de ruines et de débris jonchaient encore les alentours, bien que la majorité du site eût été nettoyée. Le bâtiment en lui-même avait été reconstruit en grande partie ; seule l'aile gauche était encore en travaux. Harper sortit de la voiture et tandis qu'Happy sortait aimablement sa valise du coffre, elle inspira un grand coup d'air New Yorkais. Elle regarda partout autour d'elle : si des images de la terrible bataille lui revenaient, elle se souvenait aussi de tous les moments heureux qu'elle avait passé ici, même si ceux qui concernaient Natasha et Tony étaient les plus douloureux. Elle sentit la main de Peter se poser sur sa hanche tandis qu'il se tenait à côté d'elle.
- Tout va bien ?
- Oui, c'est juste...beaucoup.
- Je comprends.
Il la serra contre lui et s'imprégna de l'odeur délicieuse de son shampoing. Il s'écarta d'elle un rien, juste assez pour voir son visage qu'il encadrait de ses mains. Il colla leurs fronts.
- Promets-moi de ne rien faire d'insensé, souffla-t-il.
- Je...
- J'ai entendu ce que tu as dit, quand Morgan dormait. Promets-moi que tu ne te mettras pas en danger.
Alors, il savait.
- Je ne peux pas te promettre ça, avoua-t-elle maintenant qu'il lui avait révélé être au courant.
- Harper, s'il te plaît...
- Non, Peter, réitéra-t-elle tout en s'arrachant presque à son étreinte. Je ne peux pas te promettre ça car je ne sais pas vraiment vers quoi je me dirige. J'ai une idée assez précise, mais chaque aventure a ses...imprévus.
- Dis-moi au moins où tu comptes aller, bon sang ! s'énérva-t-il presque. Je...je mérite de savoir.
- Si je te le dis, tu me suivras.
- Et alors ?
- Et alors, je n'ai pas envie que tu me suives, avoua-t-elle, sur les nerfs.
- Tu...tu ne veux pas de moi à tes côtés, c'est ça ?
Elle regretta ses paroles presque aussitôt : le regard blessé de Peter lui brisait le cœur.
- Non, ce n'est pas ce que je voulais dire...
Harper jeta un coup d'œil vers Happy. Il attendait Peter, dans la voiture, et semblait être absorbé par sa conversation téléphonique. Harper prit toutefois la décision de s'éloigner un peu plus du véhicule, par simple précaution. Peter croisa les bras sur sa poitrine.
- Et qu'est-ce tu voulais dire, alors ?
La jeune fille sentait bien qu'elle l'avait blessé et elle s'en voulait : que pouvait-elle faire d'autre ? Elle devait faire attention aux mots qu'elle employait.
- Ce que je veux dire, c'est que je refuse de t'embarquer là-dedans. Tu en as déjà fait assez, pour moi, pour nous tous. Je...je ne peux plus te demander de risquer ta vie pour moi. Ce serait purement égoïste.
Peter sentait son sang bouillir dans ses veines tellement l'inconscience d'Harper était flagrante. Elle allait s'embarquer, seule, dans une mission douteuse dont elle-même ne connaissait pas les tenants et les aboutissants.
- Égoïste ? Tu veux savoir ce qui est égoïste ?
Il ne criait pas ; la dureté de sa voix et la tristesse de ses yeux suffisaient amplement.
- Ce qui est égoïste, Harper, c'est de te jeter dans la gueule du loup sans penser aux conséquences. Toi, tu t'en fiches, si quelque chose t'arrive. Je sais que tu n'en as rien à faire parce que j'étais pareil quand mon oncle Ben est mort, tu vois ?
Des larmes menaçaient de rouler sur ses joues et Harper était persuadée de pouvoir sentir son propre cœur se briser un peu plus : Peter ne parlait jamais de son passé douloureux. Il préférait demeurer cet être joyeux et encourageant que tout le monde aimait.
- Sauf que nous, c'est différent. Si tu ne reviens pas, comment crois-tu que ta mère se sentira ? Et Morgan ? Et Steve ? Et tous les autres qui ont déjà perdu beaucoup trop ? Comment crois-tu...comment crois-tu que moi, je me sentirais ?
Harper tourna la tête et ferma les yeux. Elle ne supportait pas de voir le visage si expressif de Peter la regarder avec cette horrible insistance, elle ne supportait pas d'entendre le son si déchirant de sa voix, elle ne supportait pas de savoir qu'il avait raison.
- Peter, tu...tu ne comprends pas. Je dois faire ça. Je le lui dois. Crois-tu que tout le monde l'a pris pour un fou quand il a voulu nous ramener ?
- Non, mais...
- Exactement. Je lui dois au moins d'essayer. Et si j'échoue...
- Promets-moi ceci, alors.
- Quoi ?
- Là où tu vas... Si tu ne trouves pas ce que tu cherches : reviens.
Harper hésita longuement avant de répondre. Était-elle capable de tenir une telle promesse ?
- Je te le promets.
- Très bien. Je te laisse une semaine, soit la durée de ton supposé séjour ici, concéda-t-il à contrecœur. Après ça, je préviendrai les autres.
- Merci, souffla-t-elle. Peter ?
- Hm ?
Il se retourna tandis qu'il était sur le point de s'en aller.
- Je t'aime, tu sais ?
- Je sais. Et moi aussi, je t'aime, c'est pour ça que je t'ai dit tout ça. Réfléchis-y. Et n'oublie pas : tu as une semaine.
Sans un mot de plus, Peter Parker monta à nouveau à bord de la voiture d'Happy Hoggan, direction le Queens. Harper regarda la voiture s'éloigner ; le bruit d'une cane frappant le sol l'obligea à se retourner.
- Si ce n'est pas ma Stark favorite...
- Steve !
Elle se précipita pour enlacer Steve : décidément, elle ne se faisait toujours pas à ce nouveau Captain Rogers. Au moins, il avait été heureux et ça, ça n'avait pas de prix. Le vieil homme lui tendit un bras qu'elle accepta volontiers. De sa main libre, elle tira sa valise tout en discutant avec Steve.
- Comment vont Pepper et Morgan ?
- Maman, c'est difficile. Elle sourit devant nous, mais je sais qu'elle n'est toujours pas remise de...tu sais. (Elle déglutit avec difficulté.) Quant à Morgan, elle se préoccupe plus de nous deux que d'elle-même, du haut de ses cinq ans à peine. Papa avait raison. C'est une petite fille merveilleuse.
Steve eut un sourire à la fois compatissant et nostalgique.
- Et toi, comment tu te sens ?
- Je ne sais pas.
- Harper...
- Non, c'est la vérité. Je passe du rire aux larmes d'une minute à l'autre. Je n'arrive pas à parler aux autres correctement. Même avec Peter, les choses ont changé. Ou plutôt : j'ai changé.
- Est-ce que...est-ce que tu ne l'aimes plus ? risqua Steve.
- Certainement pas ! répondit-elle du tac au tac et sûre d'elle. J'aime Peter plus que je n'ai jamais aimé qui que ce soit. Si c'est possible, je l'aime même de plus en plus.
- C'est possible, lui confirma-t-il.
- Tu...tu ressentais ça, avec Peggy ?
Silence.
- Je comprends, tu ne veux pas en parler. Désolée.
- Ce n'est rien. En gros, oui. Quand on trouve l'amour de sa vie, on n'aime plus jamais quelqu'un de la même manière, après. Tu comprends ?
- Je crois.
- Je sens qu'autre chose te tracasse.
- Non, ça va.
- Je vous ai vus vous disputer, il y a quelques minutes. Tu veux me dire pourquoi ?
Ils étaient dans la pièce de vie du bâtiment, désormais, et Steve avait prit place dans son fauteuil attitré.
- Tu dois me promettre de ne rien répéter.
- Parole d'honneur.
- Disons que...je suis venue ici pour une raison. Je ne compte pas rester bien longtemps à New York.
- Pour aller où ?
- Je préfèrerais que tu ne le saches pas, s'excusa-t-elle. Mais ne t'en fais pas, je sais ce que je fais. Du moins, je crois. Peter, lui, n'est pas d'accord avec ce que j'ai prévu de faire. Je sais que je peux y arriver, pourtant.
- Est-ce que ça te tient à cœur au point de t'embrouiller avec lui ?
- Oui. Car je sais qu'après, quand j'aurai réussi...tout ira pour le mieux.
- Je commence à m'inquiéter, Harper.
- Tu ne devrais pas, c'est mauvais pour la santé d'un homme de ton âge.
Steve leva les yeux au ciel, un léger sourire fixé sur le visage.
- Je te fais confiance, Harper. Tu veux savoir pourquoi ?
Elle hocha la tête.
- Je faisais confiance à ton père. Il m'a fallu du temps pour y arriver, mais j'ai fini par lui faire entièrement confiance. La preuve que j'ai eu raison de le faire, c'est que tu es là, devant moi. Alors je crois que je peux te faire confiance, à toi aussi. Tu es aussi farouche que ton père l'était, si ce n'est même plus. Essaie juste d'être prudente.
- Je le serai. Je te le promets.
Steve la congédia et elle en profita pour entreposer sa valise dans sa chambre. Elle ne prit pas la peine de la déballer : elle ne comptait pas rester longtemps. Dès le lendemain, elle filerait à l'aéroport : Bruxelles n'était pas prête pour l'ouragan Harper Stark.
***
Hello ! J'espère que ce chapitre vous plaît... Je poste ça entre deux crises de nerfs qui ont peut-être impliqué un cours de latin jeté par terre 😅 Que pensez-vous de l'ultimatum de Peter ? Il a raison ou pas ? Dites-moi tout !
N'hésitez pas à voter et à commenter !
- Céline
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