Chapitre onze

"𝐷𝑒𝑒𝑝 𝑖𝑛 𝘩𝑒𝑟 𝑒𝑦𝑒𝑠
𝐼 𝑡𝘩𝑖𝑛𝑘 𝐼 𝑠𝑒𝑒 𝑡𝘩𝑒 𝑓𝑢𝑡𝑢𝑟𝑒
𝐼 𝑟𝑒𝑎𝑙𝑖𝑧𝑒 𝑡𝘩𝑖𝑠 𝑖𝑠 𝑚𝑦 𝑙𝑎𝑠𝑡 𝑐𝘩𝑎𝑛𝑐𝑒"
- Walk the moon

Ned ne comprenait plus rien au comportement de Peter : depuis leur retour, il n'avait jamais semblé aussi malheureux. Bien sûr, ça lui arrivait de rire. Souvent, même. Que ce soit avec lui ou bien M.J., il riait toujours à un moment ou un autre. Ce qui inquiétait Ned, c'était son regard abattu quand il regardait son téléphone, son sourire éteint quand quelqu'un mentionnait Harper et, le pire, l'effroi qui s'emparait de lui dès que le nom de Tony Stark était dit ou écrit quelque part. Pourtant, ce matin-là, Peter Parker n'avait pas l'air triste : son visage n'exprimait rien d'autre que de la frustration, voire même une colère naissante.

- Hey, mec, ça va ? s'inquiéta Ned.

- Regarde.

La voix de Peter était sèche et son ami en comprit vite la cause : une simple photo d'Harper en train de dormir, publiée par Harley Keener. C'était évident que le but du garçon avait été de faire une blague et pourtant, Peter fulminait presque.

- Non seulement il part avec elle et en plus, il dort dans la même pièce ? C'est...

- Hé, relax. Tu sais qu'entre Harper et toi, c'est...je sais pas, mais en tout cas, c'est pas ce gars-là qui va casser ce que vous avez, crois-moi !

- Qu'est-ce qui se passe, les losers ? intervint la voix familière d'M.J.

- La petite amie de Peter est partie en Europe avec son meilleur ami et il est jaloux.

- Je ne suis pas jaloux, Ned ! s'énerva-t-il à voix basse. Je ne peux pas l'être, je veux dire... Harley est un mec sympa, vraiment, il m'a même envoyé ça.

- Alors qu'est-ce que t'attends pour appeler Harper, enfin ? s'exclama son ami après avoir lu le texto.

- C'est elle qui est partie, pas moi.

- Oui, mais c'est une fille, rétorqua M.J.

- Et alors ?

- Je déteste ce genre d'idées reçues, mais en général, les filles aiment qu'on fasse le premier pas, crétin. Il suffit d'écouter tous les ragots qui courent à l'école pour s'en rendre compte.

- Je ne veux pas l'appeler alors qu'elle m'a jeté dehors.

- Elle ne t'a pas...

- Pas exactement, Ned, mais bon, c'est elle qui a décidé d'emmener Harley en Europe au lieu de...eh bien, moi.

Peter mit rapidement fin à cette discussion : parler d'Harper et de son départ plus longtemps lui ruinerait sa journée à coup sûr. À la place, il essaya d'être attentif à ce que ses amis disaient, à ce qui se passait autour de lui. Rien n'y faisait : l'image de la rouquine qu'il aimait temps n'avait de cesse de surgir au fond de son esprit et de l'envahir peu à peu. Elle n'était partie que depuis un jour et la savoir à l'autre bout du monde lui faisait l'effet d'un vide atroce dans la poitrine. Il en vint à réfléchir à ce qui lui avait dit Harper, puis Harley : était-ce vraiment la solution, cet éloignement ? Non, ça, il était certain que c'était sans doute la pire idée qu'elle ait jamais eue. Cependant...se pouvait-il qu'Harper soit persuadée de ne pas être bénéfique pour lui ? C'était bien ce qu'elle avait dit : en étant là, elle pensait l'étouffer. Peter pensa longuement à ce point de vue, l'observa sous tous les angles : il n'en trouva pas un seul où ce prétendu étouffement ne lui plaisait pas.

***

Il était quatorze heures, à Barcelone. Sur une jolie terrasse remplie de touristes et de locaux, deux adolescents dégustaient une sangria. Ils la buvaient le plus lentement possible, à la fois pour faire durer le plaisir et ne pas sentir l'alcool leur monter à la tête. Ils avaient beau avoir dix-huit ans tous les deux, ils n'en étaient pas moins faibles face à l'alcool. On dit merci à l'Europe pour l'âge de sa majorité !

- Je n'en reviens pas que tu aies posté ça, grogna Harper tout en prenant une gorgée de sa boisson.

- Je n'avais pas le choix, Harpee, je me suis fait la promesse de ne jamais manquer une occasion de t'humilier. Gentiment, bien sûr.

- C'est ça, ouais, eh bien, tu ne paies rien pour attendre.

- J'ai hâte, rétorqua Harley avec un grand sourire.

Ce matin, il avait vu son amie sourire bien plus que d'habitude et cela ne pouvait que lui faire plaisir : elle s'était extasiée devant l'architecture de la célèbre cathédrale inachevée de Barcelone, devant les rues colorées et les pièges à touristes. Dans sa petite robe à fleurs, elle semblait plus légère qu'elle ne l'avait jamais été.

- On peut savoir ce qui te fait sourire comme ça ?

- Toi. Tu as l'air...sereine.

Cette fois-ci, Harper ne répondit rien. D'un côté, il avait raison. Elle se sentait bel et bien apaisée, à ce moment-là, même si sa mission lui tenait toujours autant à cœur. La seule chose qui obscurcissait le tableau était Peter. Que faisait-il, à New York ? S'amusait-il ? Pensait-il à elle ? Comment se portait-il ?

- Il te manque, pas vrai ?

Harley n'eut même pas besoin de citer son nom : la jeune fille hocha la tête. Ils terminèrent leur verre et déambulèrent dans les rues de Barcelone. De retour à l'hôtel, ils rangèrent leurs valises : ils devaient partir pour Paris à dix-neuf heures. Un long trajet les attendait, avec beaucoup de changements de train.

- Tu sais, lui dit-il une fois à bord, tu pourrais l'appeler.

- Je ne sais pas si c'est une bonne idée. Je ne sais même pas quelle heure il est à New York.

- En fair, il n'est que treize heures, chez nous, lui fit-il remarquer avec ce regard bien trop narquois à son goût. Allez, appelle-le.

Harley enfonça ses écouteurs dans ses oreilles par respect pour leur intimité. Harper, elle, regardait le nom de Peter depuis cinq bonnes minutes quand son cher ami appuya sur le bouton d'appel à sa place. Elle colla le téléphone à son oreille tout en lui jetant un regard qui se voulait meurtrier. En réalité, elle lui était presque reconnaissante. Une première tonalité retentit. Puis une deuxième. Plus les secondes passaient et plus Harper était convaincue qu'il ne voulait plus lui parler. Quand, au bout de six tonalités, sa voix familière se fit entendre à l'autre bout du fil, elle poussa un soupir de soulagement.

- Allô ?

- Hey, c'est...c'est moi.

- Je sais, répondit-il d'un ton neutre. Ton nom s'est affiché sur l'écran.

- Oh, oui, évidemment, euh... Je voulais savoir comment tu allais.

- Ça va, ça va. Je jouais à un jeu vidéo avec Ned.

- Désolée de vous déranger, alors, je...

- Non, ne t'inquiète pas.

L'amertume dans la voix de Peter laissait petit à petit la place à tout l'amour qu'il éprouvait pour elle ainsi qu'à son inquiétude et à sa joie d'enfin entendre sa voix.

- Toi, comment tu vas ?

- Mieux, affirma-t-elle. Je vais mieux.

- Il faut croire qu'être loin de moi te réussit.

Et juste comme ça, l'amertume pointait à nouveau le bout de son nez.

- Non, ce n'est pas ça, Peter, tu sais que... À New York, tout me fait penser à lui, tu comprends ? Du restaurant où on a mangé du shawarma et où il m'a présentée au reste de l'équipe jusqu'au cinéma où nous allions parfois sans nous faire reconnaître, tout n'est qu'un immense souvenir de lui. C'est... Je sais que c'est pareil pour toi et c'est pour ça que je suis partie. Avec moi en moins, tu ne penseras plus autant à lui. Je veux dire...je suis quand même un assez bon rappel de tout ce qu'il a vécu.

Le cœur de Peter se serra au fur et à mesure qu'il comprenait où elle voulait en venir. Il ignorait si c'était grâce au recul ou bien à la nouvelle clarté de ses explications qu'il parvenait à la cerner. En tout cas, il était toujours aussi déterminé à lui prouver qu'elle avait tort.

- Harper, non, ne dis pas ça, souffla-t-il tandis que sa voix se faisait plus pressante. Tu ne te réduis pas à la fille de Tony Stark, d'accord ? Tu es Harper Stark, la seule personne qui m'a jamais rendu aussi heureux et...et jamais tu ne devrais penser que ta présence me fait du mal. C'est moi qui devrais te protéger, même si je sais que tu fais ça très bien toi-même.

- Je pensais que ne pas me voir, ça pourrait...

- Tout ce que je gagne dans ton départ, c'est de l'inquiétude.

- Tu me manques, dit-elle de but en blanc.

C'était la vérité : c'était pour lui que l'éloignement était supposé être bénéfique. Elle, elle savait qu'être loin de Peter serait très compliqué. Elle avait voulu l'aider.

- Toi aussi.

- On reste à Paris deux jours puis on part en Norvège. Je vais aller le chercher et rentrer le plus vite possible.

- Prend soin de toi, d'accord ? Je t'aime.

- Je t'aime aussi. On se voit bientôt.

Elle raccrocha et regarda par la fenêtre quelques secondes. Elle s'endormit rapidement, bercée par la vitesse du train et les douces pensées qui l'envahissaient désormais. En face d'elle, Harley Keener affichait un sourire discret. Il n'avait pas besoin de parler à la jeune fille pour savoir que ça s'était bien passé : le message que venait de lui envoyer Peter parlait pour lui-même, aussi accepta-t-il volontiers le service que lui demanda le jeune homme. Le trajet fut long et après s'être enregistrés à l'hôtel, les deux amis décidèrent de s'accorder une sortie tardive. Ils commencèrent par une boîte de nuit qu'ils quittèrent rapidement : les basses agressives et les lumières aveuglantes leur donnaient mal à la tête. À force de déambuler dans les rues de la capitale française, ils dénichèrent une espèce de bar qui, étonnamment, était encore ouvert. Une piste de danse rudimentaire avait été créée au fond de la pièce en repoussant tables et chaises contre les murs jaunis par le temps, la fumée de cigarette et les discussions animées.

  - Salut les jeunes, les interpela une jeune femme qui semblait tout droit sortie des années quatre-vingts. Qu'est-ce que je vous sers ?

  Le français d'Harper était très basique et celui d'Harley, inexistant. Harper comprit toutefois où la barmaid voulait en venir.

  - Deux bières, s'il vous plaît, répondit-elle en français.

  - Oh, vous venez des Etats-Unis !

  - Euh...oui, c'est ça.

  - Bienvenue en France !

  Harper la remercia, paya les deux verres et en tendit un à Harley. Ils dansèrent ainsi jusqu'au bout de la nuit et en rentrant à l'hôtel, vers cinq heures du matin, Harper ne put résister à l'envie pressante d'entendre la voix de Peter, même si, à New York, il devait être environ vingt-trois heures. Au bout de quelques tonalités, la voix étrangement alerte de son petit ami lui répondit.

  - Hey...

  - Hey, comment tu vas ?

  - Aussi bien que tout à l'heure. Tout va bien, Harper ? Il n'est pas genre...super tard, en France ?

  - Tu veux dire "super tôt"... On vient de rentrer à l'hôtel et on a deux chambres séparées cette fois alors je m'en fous de faire du bruit. Je voulais t'entendre.

  À l'autre bout du fil, Peter laissa échapper un rire attendri qui réchauffa le cœur de la jeune fille comme le plus apaisant des feux de cheminée.

  - Harper, dis-moi... Tu ne serais pas un peu pompette, par hasard ?

  - Je...comment tu sais ?

  - Ta voix est un peu pâteuse et en plus, tu m'appelles à une heure pas possible, alors...

  - Oui, mais tu es réveillé.

  - Je suis réveillé.

  Le silence se fit avant que la discussion ne reprenne. Peter resta au téléphone avec elle, même lorsqu'il n'entendit plus aucun son, excepté la respiration calme et régulière de sa petite amie. Il murmura un "Je t'aime" avant de raccrocher tout en espérant ne pas la réveiller. Dans un jolie chambre d'hôtel parisienne, Harper Stark dormait plus paisiblement qu'elle ne l'avait fait ces dernières semaines. À New York, Peter Parker jetait un dernier coup d'œil à son téléphone avant de sombrer lui aussi dans le sommeil, assis sur un siège en cuir. Il n'attendait qu'une chose : revoir sa douce Harper.

***
Je pars en vacances demain et je ne sais pas si je pourrai publier ou même écrire, alors je ne pouvais pas vous laisser sur une dispute Starker ! Nos tourtereaux s'aiment trop pour rester fâchés longtemps... (et j'ai surtout été totalement incapable de résister, pour être honnête) J'espère que ce chapitre, bien que plus court, vous aura plu ! N'hésitez pas à voter et à commenter.

- Céline

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