Chapitre huit
"I want to stop time, freeze myself at this level and never let go of her."
- Daniel Keyes, Flowers for Algernon
Harper, les mains posées sur ses genoux, ressemblait étrangement à une enfant qu'on venait de gronder. Elle regardait vers le bas et n'osait pas faire face au visage à la fois inquiet et en colère de sa mère. Auprès de Pepper, Sam restait debout, les bras croisés et à sa gauche se trouvait Bucky qui essayait tant bien que mal de se faire oublier : après tout, il était celui qui avait aidé Harper. Steve, quant à lui, était assis dans son fauteuil, légèrement en retrait. Il arborait un sourire désolé qui avait l'air de dire : "Je n'ai pas pu résister aux menaces de ta mère." Oh, ça, Harper n'en avait aucun doute : sa mère pouvait être terrifiante. Au plus grand soulagement de la jeune fille, Peter et Harley avaient pris la décision de s'assoir à côté d'elle. Ou plutôt, Harley s'était immédiatement assis à côté de son amie et Peter avait suivi, à la fois gêné et jaloux de ne pas y être allé en premier.
- Harper, il faut que tu nous expliques tout, maintenant, la pressa sa mère. Tu ne peux pas juste...t'enfuir comme ça, encore moins sur un autre continent, et ne pas me prévenir !
- Mais maman, tu ne comprends pas... C'était le seul endroit où je pouvais la trouver.
- Mais qui, bon sang ? C'était qui, cette femme ? Je ne vois pas quelle raison pourrait te pousser à nous mentir de la sorte et à partir aussi loin de nous !
Harper se leva d'un bond ; Peter et Harley sursautèrent et firent de leur mieux pour conserver leur dignité.
- Ah non, vraiment ? Tu ne vois aucune raison ?
Déjà des larmes roulaient sur les joues d'Harper : ne comprenait-elle donc pas que tout ce qu'elle avait voulu faire, elle l'avait fait pour leur famille ? Elle était partagée entre tristesse et colère tandis que sa mère semblait déconcertée.
- Harper, tu ne peux pas le...
- Si, je peux. Et je le ferai.
Sans dire un mot de plus, Harper tourna les talons et fila jusqu'à sa chambre qui, évidemment, avait été reconstruite : la fille de Tony Stark aurait toujours une place dans cet établissement. Peter hésita à la rejoindre mais une fois de plus, Harley le devança.
- T'inquiète, j'y vais, lui dit alors le jeune Keener.
- Mais elle...
- Je vais lui parler.
Peter se renfrogna légèrement. Lui aussi voulait aller parler à Harper et pourtant, quelque chose lui disait qu'il valait mieux s'abstenir. Harley s'en rendrait vite compte, lui aussi. Du moins, c'était ce que Peter se disait. Harley frappa trois petits coups à la porte de la jeune femme.
- Harper ?
Aucune réponse.
- S'il te plaît, laisse-moi entrer.
- Laisse-moi tranquille.
- D'accord. Tu l'auras voulu, s'amusa presque le garçon. Si j'allais raconter à Peter d'où vient ton surnom, Harpee ?
Il n'eut pas besoin de dire quoi que ce soit d'autre qu'il entendait déjà des pas agités arriver vers lui. Très vite, la porte s'ouvrit sur une Harper qui tentait d'être fâchée contre lui. "Tentait." Elle le laissa entrer et referma la porte immédiatement.
- Qu'est-ce que tu veux, Harley ?
- Juste te parler. Je...
Maintenant qu'il était face à elle, il ne savait plus trop comment s'y prendre. C'était si facile pour lui de parler à Harper, auparavant : depuis qu'il avait rencontré Tony Stark et qu'il l'avait présenté à sa fille, les deux enfants avaient toujours eu de bons rapports. Au fil du temps, ils étaient devenus très proches et ils se disaient tout. Harley était le meilleur ami qu'elle ait jamais eu. Désormais, après la mort de Tony, il ignorait comment lui parler. Il se laissa tomber sur son lit et elle s'assit à ses côtés, tout de même inquiète pour lui. Elle savait pertinemment que perdre Tony l'avait beaucoup affecté.
- Écoute, je sais pourquoi tu es partie et quand Peter m'a appelé pour me dire qu'on allait te chercher, j'ai... J'ai eu très peur. Je sais ce que tu veux faire et je t'aiderai à le faire, quoi qu'il en coûte. J'ai juste...j'ai juste eu peur de te perdre, toi aussi.
- Harley...
- Non. Tu es énervée car tu as l'impression que personne n'approuve ton geste, que personne ne te comprend... Mais le truc, c'est que si ta mère est dans cet état, c'est pour cette même raison : elle a eu peur. Tu comprends ? Quand il...
Non. Il ne pouvait pas continuer sa phrase. Il devait trouver un moyen de le dire autrement sinon il commencerait à pleurer.
- Après la guerre et tout ce qui s'y est passé, ta mère a eu peur de te perdre, toi aussi. Elle ne supporterait pas ça. Moi non plus. Peter non plus. Aucun de nous, en fait. Tu dois te rendre compte que les gens tiennent à toi, Harper, et que tu ne peux pas juste...disparaître sans prévenir et nous laisser paniquer comme ça.
- Harley, je...
Elle cherchait un moyen de se défendre, de prouver à Harley qu'elle avait eu raison de partir sans les avertir et que si elle les avait prévenus, tout se serait mal déroulé. Elle ne trouva aucune excuse.
- Je suis désolée.
- Hein ?
- Je n'aurais pas dû...
- Et si tu venais plutôt le dire à ta mère ? lui suggéra-t-il tendrement.
Avec un sourire un peu triste, Harper serra Harley dans ses bras. Il lui rendit son étreinte : il avait réellement eu peur pour elle.
- Qu'est-ce que je ferais sans toi, hein ?
- Tu ne pourrais même pas faire tes lacets, plaisanta-t-il. Allez, viens.
Elle suivit alors le garçon à travers les couloirs. Juste avant qu'ils arrivent dans le salon, il se tourna vers elle.
- Je suppose que tu sais très bien que je dirai quand même à Peter pourquoi je t'appelle Harpee, pas vrai ?
- Harley Keener, tu n'as pas intérêt à parler de cette histoire embarrassante à mon petit-ami !
- Quelle histoire embarrassante ? demanda alors un Peter Parker intrigué.
- Oh, non...
Harley éclata de rire sous les yeux des adultes présents et tous les regards se tournèrent vers Harper : elle riait, elle aussi. Bucky et Sam échangèrent un regard lourd de sens... Ils ne l'avaient plus vue ainsi depuis trop longtemps. Les trois adolescents gagnèrent leur ancienne place et une fois face à sa mère, Harper prit une grande inspiration.
- Maman, je suis désolée d'être partie sans prévenir. Je...j'ai cru que si je vous en parlais, vous trouveriez le moyen de vous mettre en danger alors j'ai préféré faire ça seule.
- Sympa pour moi...
- Pardon, Bucky, mais je te signale que c'est Steve qui m'a obligée à t'accepter comme baby-sitter !
- Oui, bon, revenons-en à nos moutons, soupira Pepper. Je ne sais même pas pourquoi ça m'étonne, tu es...tu es exactement la même que ton père.
Pepper retint son souffle : elle avait peur d'avoir dit la phrase de trop, celle qui ferait trop de peine à Harper. Tony restait malgré tout un sujet sensible. Elle se détendit quand Harper lui adressa un petit sourire. Pour elle, ce n'était rien d'autre que le plus beau des compliments.
- Je sais que tu as eu peur, maman, je suis désolée. Par contre, tu ne pourras pas m'empêcher de terminer ce que j'ai commencé. Je dois...je dois le faire.
- Ne crois pas pour autant que ce sera facile pour moi d'accepter ça.
- Je m'en doute...
Harper soupira à son tour, consciente qu'il lui faudrait faire beaucoup d'efforts pour convaincre sa mère de la laisser partir. Mais bon, elle avait le temps : elle n'avait toujours aucune idée de l'endroit où se trouvait l'âme de Tony. Qu'avait-dit la Nécromancienne, déjà ? "Son âme se trouve là où celles des guerriers les plus valeureux se trouvent." Très vite, elle s'isola dans le labo sans même prendre la peine de prévenir Peter et Harley qui, bien évidemment, la cherchèrent pendant de longues minutes. Lorsqu'Harley arriva enfin dans le labo, il dénicha la jeune fille, penchée sur un écran d'ordinateur.
- Déjà dans tes recherches ?
- Je n'ai pas de temps à perdre, expliqua-t-elle sans quitter l'écran des yeux. Plus vite je m'y mets, plus vite il...il sera là.
Harley posa une main affectueuse sur l'épaule de son amie. Il la détailla du regard un instant : elle avait d'énormes cernes sous les yeux et sa peau était un peu plus pâle que d'habitude. Ses cheveux, bien qu'ils n'eussent rien perdu de leur couleur de feu, avaient quelque peu perdu de leur éclat et ses yeux...ses yeux étaient tout simplement éteints. Son éclat de rire, un peu plus tôt, lui avait fait un bien atroce et maintenant, il voyait que ce bref moment de bonheur s'était déjà envolé. Elle ne reviendrait à la normale qu'une fois sa mission accomplie, aussi Harley craignait-il tout ce qui pourrait se passer dans l'éventualité où elle n'y arriverait pas.
- Tu sais, Harper, tu n'es pas une machine. Tu dois te reposer, de temps en temps... Prendre soin de toi.
- Je dors et mange suffisamment, ne t'inquiète pas pour ça.
- Rectification : à peine suffisamment.
L'adolescente leva les yeux au ciel tout en changeant les mots-clefs de sa recherche.
- Bon, souffla Harley tout en s'éloignant d'elle, désespéré de la convaincre de se reposer. Je vais chercher Peter.
- Quoi ? dit-elle en tournant la tête vers lui aussitôt.
- Ah, là, tu réagis, remarqua-t-il avec un sourire. Il faut que tu te changes les idées. Tu reviens d'un voyage épuisant physiquement et émotionnellement, ma petite Harpee. Alors je vais aller chercher Peter, comme ça tu...
- Vous me cherchez ?
Peter entra dans la pièce, un sourire amer aux lèvres. Comme de juste, Harley l'avait encore devancé et cette histoire commençait sérieusement à l'énerver. Il en était d'ailleurs le premier étonné : la jalousie n'était pas vraiment dans sa nature et puis, il savait qu'Harley était là pour aider Harper, au même titre que tous les autres. Et pourtant...
- Je vais vous laisser, moi. On se voit demain, Harpee !
- La ferme, Harley.
Peter se plaça derrière sa petite amie et se pencha en avant afin de la serrer dans ses bras. Il planta un baiser sur sa joue avant de porter son attention sur l'écran devant lui.
- Qu'est-ce que tu fais ?
- La Nécromancienne m'a dit que j'aurais besoin de l'âme de papa alors je...je cherche où elle pourrait se trouver. Les mots qu'elle a employés... Ils décrivaient forcément un lieu mythologique ou bien...je ne sais pas...quelque chose d'autre...
- Hé, Harper, ça va. Viens te reposer.
Les mains de la jeune fille tremblaient légèrement tant elle était sous pression, enfermée dans sa propre angoisse. Avec un soupir déçu, elle éteignit l'ordinateur puis se frotta les yeux. Peter s'empara de sa main et lia leurs doigts.
- Tu viens ?
- Oui, je...
Harper bâilla longtemps si bien que Peter commençait à croire qu'elle était bloquée dans cette position.
- Je suis épuisée, finit-elle par dire.
En effet, l'angoisse, la colère, l'énervement et la tristesse accumulés sur si peu de temps l'avaient vidée de toute son énergie et c'était à peine si elle ne devait pas s'appuyer sur Peter pour tenir debout. Une fois arrivés dans la chambre de la jeune fille, elle enfila son pyjama sans même prendre la peine d'aller dans la salle de bain. Peter, lui, se contenta d'enlever son T-shirt avant de s'allonger sous les draps, un bras enroulé autour de la taille d'Harper. Ainsi blottie contre lui, elle était prête à s'endormir quand tous ses doutes l'assaillirent à nouveau.
- Peter ?
- Hm ?
- Et si jamais...si jamais j'y arrive pas ? Si jamais je ne peux pas le ramener ?
- Tu échoueras en sachant que tu auras fait tout ce que tu pouvais. Et crois-moi, de là où il est, il...il sera fier, quoi qu'il advienne. Il l'est déjà et l'a toujours été, j'en suis certain.
Le garçon déposa un doux baiser sur son front puis sur son nez et sur ses lèvres. Il tenait son visage entre ses mains et c'était comme s'il tenait lui-même toutes les merveilles de l'univers.
- Et puis...je serai là, moi. Je ne te lâcherai jamais.
Il ferma les yeux et colla son front au sien. Elle l'embrassa encore une fois avant de nicher sa tête sous son menton.
- Je t'aime, tu sais ? murmura-t-elle.
- Et moi donc.
Il la serra un peu plus contre lui avant de sentir sa respiration ralentir et son corps se relâcher. Elle s'était endormie et il pouvait maintenant lui aussi céder à la tentation d'un sommeil bien mérité et ce, comme promis, sans la lâcher.
***
Harper est de retour et la bande a des choses à lui dire apparement... Qu'en avez-vous pensé ? J'ai hâte d'avoir votre avis. Sinon, vous pensez quoi de l'histoire « dans son tout » ? Vous trouvez qu'elle suit bien le premier tome ? J'espère sincèrement que ça vous a plu. N'hésitez pas à voter et à commenter.
- Céline
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