Chapitre douze

"𝑊𝑒 𝑎𝑟𝑒 𝑠𝑡𝑖𝑙𝑙 𝑘𝑖𝑑𝑠 𝑏𝑢𝑡 𝑤𝑒'𝑟𝑒 𝑠𝑜 𝑖𝑛 𝑙𝑜𝑣𝑒, 𝑓𝑖𝑔𝘩𝑡𝑖𝑛𝑔 𝑎𝑔𝑎𝑖𝑛𝑠𝑡 𝑎𝑙𝑙 𝑜𝑑𝑑𝑠"
- Ed Sheeran

Harper se trouvait à nouveau dans cet endroit qu'elle reconnaissait, désormais, et elle s'émerveillait toujours autant face à l'immense bâtisse dorée recouverte de boucliers. Ses innombrables portes demeuraient ouvertes et des silhouettes voyageaient tout autour d'elle à la vitesse de l'éclair. La seule forme qu'elle distinguait clairement dans ce chaos était cette figure toute de vert vêtue et ces éternelles cornes dorées. Le dieu de la malice se tourna vers elle et lui offrit un sourire rempli d'émotions. Harper se dépêcha de le rejoindre et elle se trouva à ses côtés après quelques pas seulement, malgré la cinquantaine de mètres qui les séparait. Le pays des songes était un royaume bien étrange...

  - Ma douce Harper, ça faisait longtemps...

  - Loki, mais tu es...est-ce que...

  - Peut-être, éluda-t-il avec un sourire en coin. Te dire si je suis en vie ou si je suis mort ne te serait d'aucune utilité.

  - Tu te trompes, affirma-t-elle. Thor serait tellement heureux...

  - Non, Harper, ça suffit. Ce n'est pas pour cette raison que tu es venue ici.

  Harper fronça les sourcils et regarda tour à tour Loki et le paysage.

  - Comment ça ? Je croyais que c'était toi qui m'avait amenée ici, d'une manière ou d'une autre. Ce n'est pas toi qui me montres tout ça ?

  D'un geste de la main, elle désigna le Valhalla.

  - C'est moi qui te le montre, mais c'est uniquement parce que tu me l'as demandé. Ou du moins, ton inconscient l'a fait... D'où je suis en réalité, je t'ai entendue, Harper.

  - Je n'y comprends plus rien, avoua-t-elle.

  - C'est normal, il n'y a rien à comprendre. Tu avais besoin d'aide alors je suis venu. Cela te suffit-il ?

  - Je suppose que je n'ai pas d'autre choix que de me contenter de ça. (Elle haussa les épaules.) Merci, en tout cas. Sans toi, je n'aurais jamais su où...

  - Où je me trouvais ?

  La voix qui venait de résonner dans son dos, elle la connaissait par cœur. Cette voix lui avait manqué plus que tout au monde. Elle fit volte face et...rien. Elle ne vit rien.

  - Tu as entendu ça ? demanda-t-elle à Loki.

  - Quoi donc ?

  - Mon père... Papa vient de parler.

  - Je n'ai rien entendu de tel, Harper. Désolé.

  - Ce n'est rien. Merci, Loki, mais il faut que je me réveille, maintenant, affirma-t-elle, guidée par une motivation nouvelle. Je dois trouver Valkyrie au plus vite.

  - Va, Harper, rien ne te retient. C'était très agréable de te revoir.

  - Loki ? l'interpela-t-elle encore.

  - Oui ?

  - Est-ce que tu es...vraiment là ?

  Le dieu hocha la tête lentement et sursauta presque lorsque l'adolescente se jeta dans ses bras. Surpris et étonné par ce geste, il posa maladroitement ses mains dans le dos d'Harper. Elle était bien plus petite que lui et sa tête reposait sur sa poitrine. Lorsqu'Harper s'éloigna légèrement avant de disparaître, quelque part aux tréfonds de l'univers, le dieu de la malice lui-même laissa échapper une larme et un sourire.

  - Harper, debout.

  Un grognement digne d'un monstre marin accueillit l'injonction d'Harley.

  - Harpee, il est l'heure, maintenant.

  - Laisse-moi dormir, marmonna-t-elle tout en se cachant sous sa couverture.

  Harley soupira : elle ne lui laissait pas le choix. Il s'empara d'un coin du drap et, d'un coup, exposa le corps de la jeune femme à l'air frais qui entrait par la fenêtre entrouverte. Elle grogna de plus belle et se redressa tout de même en se frottant les yeux.

  - Tu aurais au moins pu me laisser...

  - Il est quatorze heures, je te signale. Et nous allons visiter la Tour Eiffel.

  Harper leva les yeux au ciel : si ça n'en avait tenu qu'à elle, ils seraient allés au pied du monument et y seraient restés. C'était sans compter sur le garçon qui avait longtemps insisté pour gravir la tour jusqu'au sommet.

  - En plus, on a une réservation dans le restaurant qui se trouve tout au-dessus alors habille-toi bien. C'est un endroit plutôt chic, apparemment.

  Alors, Harper obtempéra. Après maintes négociations avec elle-même, elle se dirigea vers la salle de bain, l'esprit encore embrumé par son rêve. Comment Loki pouvait-il l'emmener là-bas ? Et puis, était-il en vie ? Ce ne serait pas la première fois qu'il laisserait le monde croire à sa mort, après tout. Ce qui la dérangeait le plus, c'était ce court instant où elle aurait juré entendre la voix de Tony. Elle avait tant espéré le voir et elle ne put retenir les larmes qui roulèrent sur ses joues à cette simple idée. Il lui manquait tellement. Un monde sans Tony Stark était un monde dans lequel elle refusait de vivre, aussi espérait-elle de tout cœur réussir sa mission. Sinon... Elle chassa toutes ces pensées négatives de son esprit et termina de se préparer. Elle avait enfilé une jolie robe toute légère et s'était très peu maquillée. Lorsqu'elle rejoignit enfin Harley, il attendait impatiemment dans le couloir, la lanière de son appareil photo passée autour du cou.

  - J'ai cru que tu ne sortirais jamais de là, plaisanta-t-il. Allez, il faut qu'on marche jusque là.

  - Marcher ? se plaignit la jeune femme.

  - Bah oui, on ne va pas louper l'occasion de voir Paris de près !

  - On la verrait de tout aussi près dans un taxi...

  - Oh, ça suffit, maintenant !

  Harper ne put s'empêcher de rire doucement : Harley était excité comme une puce, de toute évidence, et elle mettait ça sur le compte de leur visite touristique. Ils marchèrent très longtemps et lorsqu'ils arrivèrent au pied de la tour Eiffel, il était dix-sept heures et quart.

  - À quelle heure est la réservation ?

  - Dix-huit heures, répondit le blond. On va prendre l'ascenseur, ne t'inquiète pas. Tu n'auras que quelques étages à gravir à pieds.

  Alors, une fois à bord de l'ascenseur, Harper se laissa à son tour gagner par l'excitation typique que lui procuraient le soleil et les nouvelles découvertes. Elle avait toujours entendu dire que, de là haut, on avait une vue magnifique sur la capitale française. Pour être honnête, elle avait un peu peur d'être déçue et pourtant, elle essayait d'apprécier chaque minute de son voyage, même si l'attente était de plus en plus insoutenable. Ils atteignirent péniblement le haut des escaliers et, effectivement, la vue était à couper le souffle. Harper ne s'approcha pas du bord tout de suite : elle détailla les alentours et s'imprégna de chaque image. Un père et sa fille, une petite blonde aux cheveux ondulés, prenaient un selfie qui resterait à jamais un instant magique suspendu dans le temps. Dans quelques années, ils regarderaient cette photo et tous les souvenirs leur reviendraient comme une bombe. Un vieux couple laissait leurs cheveux gris voleter autour de leur tête ; ainsi appuyés l'un contre l'autre, il était facile de deviner toutes les années d'amour qui constituaient leur histoire. Juste devant elle, une enfant tenaient fermement la main d'un jeune homme. Lui, la main dans la poche, baissa les yeux vers la petite, tournant donc la tête sur le côté. Harper se précipita vers lui.

  - Peter !

  Elle fut accueillie par les bras chaleureux de son petit ami. Elle l'embrassa tendrement avant de le délaisser pour serrer l'enfant dans ses bras. Elle pleura un peu dans le cou de Morgan. Elle était si heureuse de les voir !

  - Vous m'avez manqué, murmura-t-elle après s'être relevée.

  - Et toi, alors, répondit Peter, un immense sourire accroché sur le visage. Comment tu vas ?

  - Beaucoup mieux, maintenant que vous êtes là. Mais si Morgan est ici, alors ça veut dire...

  - Hey, ma chérie.

  Harper pivota légèrement et se retrouva face à sa mère qu'elle s'empressa d'enlacer à son tour. Elle n'en revenait pas : elle avait besoin de les toucher afin de s'assurer qu'elle n'allait pas se réveiller d'un quelconque rêve d'une minute à l'autre. Harley les rejoignit, l'air innocent, son appareil photo allumé dans les mains.

  - Tu étais dans le coup, pas vrai ? remarqua Harper.

  - Évidemment. Tu dois avouer que je suis quand même le meilleur des meilleurs amis, non ?

  - Ah ça, je te l'accorde.

  Un sourire sincère étirait les lèvres d'Harper tandis que Morgan se faufilait entre Peter et elle, tenant la main de chacun.

  - Tu vas revenir à la maison, maintenant ? lui demanda la petite.

  - Bientôt, ma puce, bientôt.

Et c'est ainsi que se déroula le reste de la soirée : des rires, des histoires, quelques larmes, même. Pour des yeux innocents, la joyeuse bande réunie à Paris aurait eu tout l'air d'une famille unie, quoique l'absence d'un second adulte fasse baisser les yeux en signe de tristesse. Et, en soi, ces gens n'auraient pas eu tort : la famille Stark ne se limitait pas à un nom, loin de là. De retour à l'hôtel, Harper se retrouva à négocier quelque peu pour que Peter et elles puissent séjourner dans la même chambre. Bien sûr, Pepper n'était pas contre cette idée, mais... Une mère ne voudrait jamais voir sa fille à peine adulte et revenue d'entre les morts réserver une chambre d'hôtel avec un garçon qui se retrouve dans la même situation ! Tiré par les cheveux ? C'était le moins qu'on puisse dire lorsqu'il s'agissait de ces deux-là... Épuisée et attendrie devant l'incapacité totale des deux adolescents à rester loin de l'autre, Pepper finit par acquiescer et Harper se retrouva chaleureusement blottie conter Peter et un brin dévêtue. C'était une chambre d'hôtel et il lui avait manqué : qui aurait pu leur en vouloir ? Tout en traçant des cercles sur son épaule, du bout des doigts, Peter réfléchissait.

- Alors, maintenant... Qu'est-ce que tu comptes faire ? lui demanda-t-il, non sans accompagner sa question d'un soupir subtil.

- Je dois aller en Norvège. C'est là qu'est Valkyrie et... Et elle est la seule à pouvoir m'emmener au Valhalla. Du moins, la seule que je puisse trouver.

- Il y a d'autres Valkyrie ?

- Non, pas que je sache.

- Alors, qui...

- Loki, murmura-t-elle tout en se redressant sur son coude, la main gauche posée sur le torse du garçon.

- Mais Loki est...mort, pas vrai ?

- Avec lui, je ne suis sûre de rien, avoua-t-elle. Il... Il m'a rendu visite dans mon rêve, la nuit dernière. C'est grâce à lui que je sais que Papa est au Valhalla mais il n'a rien voulu me dire sur, eh bien, tu sais, la question de sa survie.

- Oui, donc...il ne nous reste que Valkyrie.

- Nous ?

Harper laissa un sourire flotter sur son visage. Elle avait facilement deviné que Peter avait toujours autant envie de la suivre. Elle détestait lire dans les pensées : elle trouvait ça trop intrusif. Elle détestait aussi le fait qu'elle était incapable de contrôler ce genre de don.

- Oui, enfin, je me disais... Je ne comprendrais pas si tu refusais que je t'accompagne mais cette fois-ci, j'accepterai sans m'énerver. Promis.

Elle le sonda du regard et laissa échapper un rire à la fois nerveux et attendri.

- Quoi ?

- Bien sûr, que je t'emmène avec moi. J'ai compris la leçon, crois-moi. Et ne t'inquiète pas, je ne comptais pas te délaisser au profit d'Harley.

Les joues de Peter virèrent au rouge en un éclair.

- Parfois, je hais ce pouvoir, avoua-t-il avec un rire attendrissant.

- Moi aussi, si tu savais.

Peter remarqua tout de suite le voile sur les yeux de sa petite amie.

- Non, non, je ne voulais pas dire...

- Je sais, je sais, le rassura-t-elle. Je commence à m'y faire, c'est juste... J'ai l'impression de m'introduire dans l'esprit des gens et j'ai horreur de ça. Ce n'est pas comme si je le faisais pour aider ou quoi que ce soit. D'ailleurs, quand ça m'arrive, c'est souvent plutôt gênant.

- Comment ça ?

- Eh bien, ce matin, j'ai su tout ce que ce vieil homme au bout du couloir avait fait de sa journée et c'était...assez peu ragoûtant.

Le jeune homme éclata de rire tout en serrant  Harper contre lui. Il respira l'odeur de ses cheveux : il ne s'en lasserait jamais.

- Tu n'as jamais pensé à demander l'aide de Wanda ?

- Euh...non.

- Tu devrais peut-être le faire.

Harper hocha la tête avant de s'installer plus confortablement encore. Elle passa une jambe au-dessus de celles de Peter et laissa sa tête reposer sur sa poitrine. Elle se passa mentalement leur programme du lendemain en tête. Elle avait prié sa mère d'avancer son départ en Norvège : elle voulait en finir avec cette histoire, le plus vite serait le mieux.

- Merci d'être venu, chuchota-t-elle peu avant de sombrer dans le sommeil. J'ai été plus heureuse que je ne l'ai été ces derniers temps.

- Et moi donc...

Le jeune garçon-araignée serra sa fille de feu contre lui. Ils faisaient une sacrée paire, tous les deux, quand on y pensait. Tout les rapprochait et pourtant, ils ne pouvaient pas s'empêcher de gaffer, de temps à autre. Ce soir-là, c'est avec un sourire que Peter Parker s'endormit, un sourire qui n'avait plus flotté sur son visage depuis bien trop longtemps.

***
J'ai trouvé de la connexion !!! Du coup voici le chapitre douze hihi 😉 le wifi est pas top du coup pas moyen de mettre les gifs mais je crois que les photos rattrapent ce manque d'animation hahaha 🥰 J'espère que ça vous plaît et que tout ce Starker n'était pas exagéré ! N'hésitez pas à voter et à commenter.

- Céline

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