Chapitre dix-sept
"𝐼 𝑚𝑢𝑠𝑡 𝑏𝑒 𝑠𝑡𝑟𝑜𝑛𝑔 𝑎𝑛𝑑 𝑐𝑎𝑟𝑟𝑦 𝑜𝑛
'𝐶𝑎𝑢𝑠𝑒 𝐼 𝑘𝑛𝑜𝑤 𝐼 𝑑𝑜𝑛'𝑡 𝑏𝑒𝑙𝑜𝑛𝑔 𝘩𝑒𝑟𝑒 𝑖𝑛 𝘩𝑒𝑎𝑣𝑒𝑛"
- Eric Clapton
À l'intérieur, Pepper Potts s'efforçait de garder toute son attention sur sa fille tandis qu'elle discutait avec Happy. Toutes les cinq secondes, son regard se portait sur la fenêtre et la petite forêt derrière celle-ci. Son stress était plus que palpable et il envahissait la pièce.
- Essaie de ne pas t'inquiéter, lui conseilla Happy.
- Tu crois que ça leur prendra encore longtemps ?
- Je n'en sais rien. Harper est forte, Pepper...
- Je sais, je l'ai élevée. Mais...si ça ne fonctionne pas ?
L'homme soupira, à la fois triste et impatient de connaître l'issue de la mission que s'était donnée la jeune Stark.
- Si ça ne fonctionne pas, elle saura au moins qu'elle aura tout essayé.
- On ne pourra pas se remettre d'une telle perte, Happy, pas deux fois. Je fais de mon mieux pour soutenir mes filles, vraiment. Je...je ne me sens pas capable de recommencer.
Compréhensif, Happy tapota doucement le dos de Pepper pour la rassurer ou, du moins, la soutenir. Il n'en dirait rien, par peur de l'inquiéter encore plus, mais lui aussi, craignait le pire. Il savait que si Harper échouait, il faudrait ramasser la jeune fille à la petite cuillère, alors que tout le monde serait aussi accablé qu'elle.
***
Les genoux d'Harper heurtèrent le sol si soudainement qu'elle écopa de plusieurs écorchures. Ses épaules étaient secoués par ses sanglots bruyants et les larmes coulaient de ses yeux comme l'eau des chutes du Niagara. Sans plus attendre, Peter se précipita vers elle et fut coiffé au poteau par nul autre que Tony Stark, l'homme qui était encore mort, à peine quelques minutes auparavant. L'homme serra l'adolescente contre lui, savourant la sensation d'avoir enfin sa fille dans ses bras. Certes, sa mort l'avait, en quelque sorte, apaisé. Il ne souffrirait plus jamais. C'était sans compter sur tout ce qui s'était passé après : de là où il se trouvait, la souffrance de sa famille avait été insupportable à regarder. Le pire, cependant, avait été de voir sa fille se donner autant de mal pour le retrouver. Il l'avait vue repousser Peter, il l'avait vue prendre ce jet seule, ou presque. Il l'avait observée à chaque étape et chacune de ses larmes lui avait brisé le cœur avec la même force que chacun de ses éclats de rire : ils n'en partageraient plus jamais. Enfin, ça, c'est ce qu'il pensait.
- C'est...c'est vraiment toi ?
La voix d'Harper lui rappela soudain celle de la petite fille craintive et fermée qu'il avait rencontrée dans cet orphelinat, des années plus tôt. Tout au long de son absence, ç'avait été sa plus grande peur : voir Harper revenir vers ses plus vieux mécanismes de défenses, ses pires craintes à propos d'elle-même. Il avait eu peur qu'elle se déteste à nouveau.
- C'est bien moi, mon ange, murmura-t-il. Je t'aime tellement.
Là, à genoux, sur le béton froid et sous le clair de lune, Tony n'aurait pas pu mieux se sentir. Bizarrement, revenir d'entre les morts n'était pas une expérience si traumatisante. Après tout, il avait quitté un endroit paisible pour retrouver les bras de sa fille, sa fille qui lui procurait toute la félicité du monde. Lentement, Tony se leva, entraînant Harper avec lui. Il ne lâcha pas ses mains avant qu'elle hoche la tête en le voyant jeter un œil à Peter. Il s'approcha du garçon qui avait déjà les larmes aux yeux et qui laissa ses larmes rouler librement sur ses joues, lui aussi. Sans un mot, Tony l'attira contre lui, comme cette nuit où c'était lui, Peter Parker, qui était revenu à la vie.
- Merci, lui dit-il à voix basse. Merci pour tout.
Les yeux de Peter se posèrent sur la jolie rousse puis il acquiesça. Il s'apprêtait à lui prendre la main quand un raclement de gorge les interrompit. C'était la Nécromancienne qui réclamait son dû.
- J'ai fait ce que tu voulais, annonça-t-elle à Harper. Maintenant, à toi d'honorer ta part du marché.
- Que voulez-vous ? Dites-moi.
- Je t'ai observée, comme tu le sais. J'ai fait mes recherches. En échange de mon service, je ne te demanderai qu'une chose.
- Laquelle ? demanda Tony à la place de sa fille.
- Le feu qui coule dans tes veines, Harper. Tu ne t'es donc pas demandé comment j'ai acquis tous mes pouvoirs ? La téléportation, mon talent de polymorphe... Tous me viennent des gens que j'ai aidé.
- Mais mon pouvoir, je...je ne sais pas comment je peux vous le donner, expliqua-t-elle.
- Tu ne sais pas ou bien tu ne veux pas ? Car si tu ne veux pas...
Le visage de Tony vira au rouge tandis qu'une force invisible lui comprimait la trachée.
- Arrêtez ! s'écria Harper. Prenez-le. J'ignore comment faire, mais je suppose que vous, vous savez, alors prenez-le.
- Harper, protesta Tony.
- Non, papa. Elle a raison ; nous avions un marché.
- Sage décision.
La main de la Nécromancienne se dirigea vers elle. Cette femme était bien plus grande qu'Harper, aussi fut-elle obligée de regarder vers le bas une fois à quelques centimètres de la jeune femme. Elle posa ses longs doigts fin sur sa joue et elle ressentit une douleur atroce. Les hurlements déchirants de l'adolescente poussèrent Tony à se précipiter vers elle : il fut arrêté par une paroi translucide que même ses coups d'épaules les plus désespérés ne pouvaient briser. Peter, lui, assistait à la scène, aussi impuissant que Stark et pas moins inactif. Il pouvait soulever des camions, alors pourquoi ne pouvait-il pas abattre ce mur qui le séparait de sa petite amie ? Il pleurait, désormais, à la fois de tristesse et de colère. La voir agoniser le faisait souffrir plus que les pires tortures et il savait que Tony ressentait la même chose. De l'autre côté de la paroi, Harper s'effondra tandis que l'autre main de la sorcière se posait sur son bras. Le corps de la jeune fille était secoué de spasmes violents et elle n'avait toujours pas arrêté de crier. C'est alors que quelque chose de nouveau se produisit : les veines d'Harper, sous sa peau, se mirent à briller dangereusement. Peter aurait même juré voir de fin filets de fumées s'élever, çà et là. Très vite, toute cette puissance se transmit dans les bras de la Nécromancienne qui commencèrent à briller de cette même lueur aveuglante. La lumière qu'émettait Harper devint vite éblouissante, la transformant en cette forme lumineuse instable qui semblait prête à exploser. Elle engloba la sorcière dans son spectre et après un ultime cri de douleur, la lueur disparut avec celle qui avait ramené Tony Stark à la vie, laissant là une Harper à l'agonie. Convaincu que la Nécromancienne avait emmené toute trace de sa magie avec elle, Tony s'agenouilla auprès de sa fille, immédiatement suivi par Peter.
- Harper, Harper, parle-moi.
La jeune femme ne leur donna pas la moindre réaction.
- Non, non...
Peter posa ses doigts à un endroit précis de son cou.
- Je...je sens un pouls. Il est très faible, Monsieur Stark, il faut qu'on...
Il n'attendit pas la suite de la phrase : il souleva sa fille et se mit en marche. Il n'était pas doté d'une force surhumaine, pourtant, et Peter ne le consulta même pas avant de passer ses bras sous le corps inanimé de la jeune Stark.
- Laissez-moi faire, j'irai plus vite.
Tony devait reconnaître qu'il avait raison : dès qu'il était question d'Harper, toute trace de son égo surdimensionné disparaissait. Il courut le plus vite possible à la suite du jeune homme araignée et c'est ensemble qu'ils atteignirent la maison des Stark. Alertée par le bruit qu'ils faisaient, Pepper sortit en trombe de la maison et remarqua immédiatement l'état de sa fille adorée.
- Happy, appelle immédiatement une ambulance. Dis-leur que nous serons sur la route principale !
Elle dévala les marches du perron.
- Pep...
Il s'agissait d'un souffle. Le dernier mot de Tony lui revint comme une gifle en plein visage. Des larmes de joie et d'inquiétude se mêlaient sur son visage tandis qu'elle se jetait dans les bras de son défunt mari. Elle l'embrassa avec impatience avant de donner à Peter les mêmes indications qu'à Happy. La seconde d'après, ils se retrouvèrent dans l'ambulance. Happy désirait rester à la maison avec la jeune Morgan mais Tony insista pour qu'il l'amène en voiture à l'hôpital. Il se devait d'accompagner Harper, mais il était hors de question qu'il ne voie pas Morgan le plus vite possible. Alors, Tony et Pepper grimpèrent dans l'ambulance (Peter accepta de les suivre en voiture à contrecœur). L'ambulancier fit une drôle de tête lorsqu'il reconnut le visage familier de Tony Stark et dès qu'il tenta de dire quelque chose, il fut sèchement interrompu.
- Occupez-vous de ma fille. Moi, c'est une autre histoire.
***
- Alors ?
Ce seul mot portait toute l'inquiétude que ressentaient Pepper et Tony. Ce dernier avait enfilé une casquette ainsi qu'un gilet à capuche. Il ne préférait pas être reconnu.
- On a fait tout ce qu'on a pu, leur assura le médecin.
- Ne dites pas ça...
- Elle est en vie, les rassura-t-il. Seulement... Nous ignorons totalement ce qui l'a plongée dans ce coma. C'est comme si...c'est comme si son corps était dénué de toute force vitale. Nous n'avions encore jamais vu une chose pareille.
- Quand pourrons-nous la voir ? demanda Pepper.
- Pour l'instant, seuls les membres de sa famille sont autorisés à la voir. Dès que nous l'aurons mise dans une autre chambre...
- Installée, le corrigea Tony d'une voix triste. Installée, pas 'mise'. Ne parlez pas d'elle comme si elle n'était plus qu'un meuble, Doc. Je vous l'interdis.
Choqué par ces propos mais aussi compréhensif de l'état dans lequel les proches d'Harper devaient se trouver, il invita Pepper à le suivre. D'instinct, Tony s'avança également.
- Excusez-moi, monsieur, vous n'avez pas encore décliné votre identité. Êtes-vous un membre de la famille ?
- C'est son oncle, répondit Pepper à sa place.
- Je suis désolé, mais je vais avoir besoin d'une pièce d'identité pour le prouver.
Un énorme soupir s'échappa de la bouche de Tony. Il voulait voir Harper, il le voulait tellement ! Il ne pouvait pourtant pas se permettre d'être reconnu. Alors, il recula et dès qu'il fut assis, Happy fit son entrée dans la minuscule salle où on les avait installés, pour plus d'intimité. Derrière lui, il vit tout de suite Morgan, accrochée à la main de Peter Parker comme à une bouée de sauvetage. Il vit le garçon s'agenouiller devant elle.
- Harper t'a ramené une petite surprise de notre voyage, lui expliqua-t-il. Mais ça doit rester un secret, c'est d'accord ?
- Oui ! Oui ! Dis-moi ce que c'est !
En faisant délicatement pivoter les épaules de la petite, il la dirigea vers Tony qui retira sa casquette. Les yeux de l'enfant s'écarquillèrent, sa mâchoire manqua de se décrocher et il crut qu'elle allait se fouler la cheville tant elle démarra vite pour se jeter sur lui.
- Papa ! Papa ! Papa ! Je savais que tu reviendrais, je le savais !
- Ah oui ? s'étonna Tony, ému aux larmes. C'est sûrement parce que j'ai les deux filles les plus intelligentes du monde, alors.
- Tu avais raison, Papa !
- À propos de...?
- Harper ! C'est la meilleure des grandes sœurs, elle est géniale ! Je l'aime jusqu'aux étoiles !
Tony, partagé entre le rire et les larmes, serra son enfant contre lui. Elle lui avait tant manqué que les mots ne suffisaient pas pour l'expliquer. Il l'aimait tant... Il l'aimait plus que trois fois mille.
***
- Hey, ma chérie...
La seule réponse que reçut Pepper, ce fut le 'bip' constant, assourdissant de cette machine à laquelle ils avaient relié sa fille. Elle remarqua que son rythme cardiaque était bien trop lent et régulier pour être naturel, tout comme sa respiration. Harper avait toujours été une jeune fille pleine de vie, toujours pétillante. Là, elle était immobile. Assistée.
- Tu sais, ce que tu as fait, cette nuit... J'ignore ce qui s'est passé. Ton père n'a pas encore été en mesure de l'expliquer.
Elle s'empara de sa main froide et si douloureusement inerte.
- Tout ce que je sais, c'est que ton père est de retour. Tu as réussi.
Une énième larme roula sur sa joue et rejoignit toutes celles qui avaient déjà séché sur le col de son chemisier.
- Tu l'as ramené, Harper. Tu l'as ramené. Mais, je t'en supplie... Ne nous quitte pas. C'est trop cher payé.
Elle dégagea quelques mèches rousses du front de sa fille. Elle était si belle et pourtant, c'était comme si son essence elle-même n'était plus là. C'était comme si Harper était déjà partie. Pourtant, du plus profond de son âme, Pepper était convaincue que sa fille était toujours là, quelque part.
- Ne pars pas, toi aussi. Nous t'aimons, Harper. Je t'aime tant. Reviens.
Elle tenait toujours sa main lorsqu'elle posa sa tête sur le bord du lit d'hôpital. Par la minuscule fenêtre incrustée dans la porte, le médecin regarda les épaules de Pepper se soulever au rythme de ses sanglots. Il n'avait encore rien vu de tel et le pire, le pire ! c'était qu'il ne pouvait rien y faire. Son cas dépassait toutes les connaissances médicales de leur époque. À ses yeux, c'était définitif : il n'y avait aucun remède.
***
Je suis ÉMUE en ce moment et pour cause : je viens d'écrire le chapitre final de ce livre... Ou du moins, le dernier chapitre avant l'épilogue. J'espère que ça vous plaît autant que j'ai de plaisir à l'écrire ! N'hésitez pas à voter et à commenter pour me donner votre avis !
- Céline
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