Chapitre 2 - Max


Le sourire aux lèvres, j'arrive à l'adresse indiquée dans le message de mon meilleur ami. Je suis rentrée de France ce matin, assez tôt, et j'ai préféré aller directement au bureau avant de passer voir Hayden. Je savais que si Mia apprenait mon retour avant que je n'ai signé mon contrat de travail, elle tenterait de me mettre dehors. Sa dernière lettre à mon intention était assez claire, elle ne voulait plus que l'on se côtoie. Pourquoi ? Je n'en ai pas la moindre idée. Tout se déroulait à la perfection jusqu'à il y a quelques mois, quelque chose a forcément fait basculer la balance. Je compte bien découvrir quoi.

J'ai rencontré Mia quand elle avait quatorze ans, moi dix-neuf et Hayden vingt. C'était une gamine insupportable. Elle finissait toujours aux flics pour ses conneries de piratage, et c'était une emmerdeuse de première à venir nous embêter lorsque nous rentrions de la fac. Nous n'avions absolument aucun point commun. Puis il y a 3 ans, ses parents l'ont envoyée dans un pensionnat en France pour qu'elle obtienne son diplôme. Sans surprise, elle a réussi à se faire virer. Elle a ensuite passé un peu de temps en France, j'étais sa seule connaissance sur place, et nous avons commencé à sortir. Puis de fil en aiguille... Nous nous sommes rapprochés, jusqu'à ce qu'elle finisse dans mon lit. De nombreuses fois.

Quand elle est rentrée à New York, nous avons continué à échanger par lettres, plus ou moins innocentes. Ça l'amusait beaucoup, et du moment que j'avais des nouvelles... Tout me convenait. Je pensais que lorsque je reviendrais sur le territoire, elle en parlerait à Hayden et que nous pourrions commencer quelque chose ensemble, je me trompais. Elle m'a envoyé une dernière lettre il y a quelques mois pour me dire que ce n'était plus possible entre nous, sans explication. C'est mal me connaître. J'ai un plan bien précis en tête.

Je me stationne devant une grande maison de ville, peu surpris de découvrir que mon meilleur ami a troqué son penthouse pour une vie de famille parfaite. Je m'approche de la porte d'entrée, amusé de découvrir des jeux éparpillés un peu partout dans le jardin, et avant que je n'ai pu atteindre la porte, une tornade me fonce dessus.

- Clochette, nooooon !

J'attrape la boule de poile pour l'empêcher de me sauter dessus, et Avery s'arrête à mon niveau, l'air coupable.

- Pardon Max, je voulais pas qu'elle te saute dessus...

- C'est rien, t'en fais pas. Fait juste attention à ce qu'elle sorte pas dans la rue, ok ?

Avery hoche la tête et je relâche le chien. La première fois que j'ai rencontré la belle-fille de Hayden, elle avait 7 ans et venait d'avoir sa chienne, c'était lors de la demande en mariage de Hayden à Lexy, l'année dernière. Je n'ai pas eu beaucoup d'occasion de la revoir depuis, je me sens flattée qu'elle se souvienne de moi.

- Tu veux que je dise à papa que tu es là ? propose-t-elle.

Je hausse les sourcils, surpris qu'elle appelle mon meilleur ami de cette façon. Je ne peux pas dire que je ne l'avais pas vu venir, Hayden l'aime comme sa propre fille... Mais c'est un pas en avant qui doit certainement le rendre encore plus heureux qu'il ne l'était déjà. Je suis Avery jusqu'à l'intérieur de la maison, pressé de retrouver celui que je considère comme un frère. Ça n'a absolument rien à voir avec l'ex lieu de vie de mon meilleur ami. Tout est prêt pour accueillir un nouveau-né; les jeux et les livres de Avery trainent un peu partout... Je n'aurais jamais pensé voir Hayd se caser si vite.

- MAX EST ARRIVÉ ! crit Avery une fois au centre du salon.

- Avery ! On a dit quoi sur le fait de crier dans la maison ?

Mon meilleur ami débarque dans le salon, un sourcil haussé et l'air mécontent. Pourtant je sais qu'il joue la comédie. Je l'ai suffisamment vu se mettre en colère contre ses employés pour savoir que ce n'est qu'une apparence ici, qu'il n'arrive pas à résister à la petite tête rousse qui se tient face à lui.

- Tu as dit que quand ma petite soeur serait là, je pourrais plus crier n'importe quand au risque de la réveiller. Sauf qu'elle n'est pas encore née, et que personne ne dort. Du coup je peux crier, non ?

Hayden se passe une main sur l'arrête du nez, et je lâche un rire peu discret qui me vaut un sourire satisfait de la part de Avery. J'avais entendu de la bouche de mon meilleur amie que la petite était rusée, je ne l'avais pas encore vu de mes propres yeux, je le comprends mieux à présent.

- Ok, alors on change les règles : on ne crie pas dans la maison. Jamais. Si tu me cherches, tu te déplaces.

- Et si j'ai mal au pied ?

- Avery... Insolence...

La petite fripouille se mord la lèvre, parfaitement consciente de ce qu'elle fait, et je tente de contenir les moqueries qui me viennent en tête en voyant mon meilleur ami dans son pôle de papa autoritaire.

- D'accord, je ne crierai plus, finit-elle par abdiquer. Je vais retourner dans le jardin, Clochette n'a pas encore trouvé le jouet que j'ai caché.

Sur ses mots, elle part en courant dans l'autre sens me laissant seul avec mon meilleur ami, et je ne peux pas retenir un rire face à son air renfrogné.

- Je t'interdis de te moquer, tente-t-il.

- Dans tes rêves mon vieux ! Son "insolence"... Une voix un peu plus grave et je croirais entendre ton père !

Même lui n'arrive pas à contenir son hilarité. C'est l'une des phrases de parents que je déteste le plus, le voir les employer me fait mourir de rire, et je suis certain que lui aussi à du mal à croire où il en est à présent.

- Ok, c'est bon, je l'admets, je suis devenu le genre de père dont on se moquait quand on était gamin. Tu verras si un jour tu te retrouves avec des enfants.

- Je crois que j'ai encore le temps. Alors, comment se passe ta vie de presqu'homme au foyer ?

Hayden m'attire jusqu'à la cuisine ouverte pour me servir un café, et je me pose sur l'une des chaises autour de l'îlot central. Si Hayden n'avait pas autant la bougeotte, je suis persuadé qu'il aurait adoré se consacrer à sa vie de famille, il a toujours été en phase avec ça. Il dépose une tasse fumante face à moi, un large sourire aux lèvres, et il n'a pas besoin de parler pour que je sache qu'il s'est enfin construit la vie dont il rêve.

- J'avais peur de m'ennuyer, avoue-t-il. J'ai tenté une transition douce grâce à Mia, en lui laissant de plus en plus de responsabilités, mais passer de chef d'entreprise à simple employé... C'est un changement radical.

- Et tu ne regrettes pas d'avoir laissé ta place ?

Je ne doute pas de Mia, loin de là. Lorsque je l'ai connu, je pensais qu'elle était simplement le genre de fille à jouer les troubles fêtes. Puis en grandissant et en apprenant à la connaître, j'ai vite compris que le système scolaire ne lui convenait pas et qu'elle avait une tête suffisamment remplie pour se débrouiller sans diplôme. Hayden aussi a su voir ça.

- Non, me détrompe-t-il. Je travaille la journée en même temps que Lexy lorsque Avery est à l'école, et je peux rentrer le soir et profiter de ma femme sans avoir à courir partout. J'ai trouvé le juste équilibre, au final.

Il semble heureux. Bien plus qu'à l'époque où il tenait encore les rênes de la O'leary corporation. On s'amusait, évidemment, on sortait pas mal quand j'étais encore là, et ce n'était pas les rires qui manquaient... Mais rien de comparable au bonheur pur qui semble l'habiter aujourd'hui.

-Je suis sincèrement heureux pour toi mon vieux.

- Je te souhaite la même chose, déclare-t-il sérieusement.

- On a le temps, tous mes potes vont être casés avant moi !

- Ne dis pas ça, je pense que ma soeur peut facilement te battre !

Un sourire étire mes lèvres. L'idée d'abandonner mon célibat pour elle est plutôt tentante, je dois l'avouer. Et voir Hayden aborder le sujet de sa sœur est l'occasion parfaite pour moi de tenter d'en savoir plus sur elle.

- Ah oui, Mia n'a personne dans sa vie ?

Le fait qu'elle ait quelqu'un serait l'explication la plus probable pour qu'elle me jette. Après tout, on ne quitte pas un si bon coup sans bonne raison... Même si c'est celle qui m'arrangerait le moins. Hayden secoue la tête pour me détromper, et je tente de contenir mon air satisfait.

- Non, elle n'a personne. Et ne crois pas que je ne sais pas que vous vous êtes tourné autour, Max.

Hayden me renvoie ce regard dont il a le secret, celui qui empêche toute personne de le contredire. Ce n'est pas pour rien qu'il a été un si bon chef d'entreprise. Je déglutis péniblement en observant mon meilleur ami, un peu coupable de ne pas être celui qui lui en a parlé. J'aurais préféré lui apprendre autrement, en discuter avec lui parce que je sortais avec sa sœur... Mais je suppose qu'il n'y a pas de bonne occasion pour tenter d'obtenir son aval.

- Rapidement quand nous étions en France, rien de bien poussé, c'est pour ça que je ne t'en avais pas parlé, me justifié-je.

- Tu as le droit d'avoir tes secrets, Max. Maintenant que je le sais, tout va bien.

- Je suis content que tu le prennes si bien.

Au moins, je ne vais pas avoir à me disputer avec lui, c'est un problème de moins. Jusqu'à ce que Hayden lâche un rire nerveux qui n'augure rien de bon.

- T'as pas compris. Je le prends bien parce que c'est terminé. Ma petite soeur ne viendra pas s'ajouter à la liste de tes conquêtes, tu laisses tomber l'idée si jamais elle t'a traversé l'idée. Tu m'as bien compris ?

Je perds immédiatement mon sourire, et je suis persuadé qu'Hayden n'est pas dupe. Je pensais qu'au contraire, il allait me dire que ça ne le dérangeait pas. Après tout, il me connaît, il sait parfaitement que je peux être le plus grand des cons, mais pas avec Mia. Pourtant le voilà en train de me mettre un interdit formel... Et je ne peux pas lui dire que c'est déjà fait.

- Pourquoi est-ce que je ferais ça ? C'est ta sœur, je te l'ai dit, c'était un petit flirt de rien du tout.

Hayden ne dit rien, son regard perçant pesé sur moi, et je garde une expression neutre pour ne pas lui laisser l'occasion de comprendre qu'au contraire, ça n'avait rien d'un petit flirt.

- Je préfère prévenir, reprend-il. Mia n'a pas besoin de ça en ce moment, et tu as beau être comme un frère, ça vaut aussi pour toi.

Pas besoin de ça ? On dirait presque que je pourrais lui faire du mal ! Je ne vois même pas de quoi il parle. Mia semble aller très bien, en tout cas c'était le cas la dernière fois qu'on a vraiment échangé, elle et moi. Mais avant que je n'ai pu le questionner, Lexy débarque dans la cuisine, tout sourire, avant de reprendre son sérieux en découvrant le visage de son mari.

- Hayden... Tu as parlé de Mia, c'est ça ?

- Je t'ai dit que je n'étais pas d'accord. Je ne changerai pas d'avis.

- Et je t'ai dit que ta sœur était adulte, laisse là faire ses choix. Max n'a pas besoin d'entendre tes menaces ridicules.

- Je t'ai déjà dit que j'adorais ta femme ? me moqué-je.

- Parce qu'elle est de ton côté.

- Et c'est tout ce qui compte !

Hayden lève les yeux au ciel avant de prendre les affaires de mains de sa femme et de lui voler un baiser. Celle-ci me renvoie un sourire encourageant mais ne dit rien de plus. Nous savons tous deux que lorsqu'Hayden prend une décision, il ne revient pas dessus... Et ça n'augure rien de bon pour moi.

- Tu restes manger à la maison ce soir , me propose Lexy.

- C'est gentil, mais j'ai encore des cartons à vider, et l'ancien appart de Hayden à aménager.

Voilà mon cadeau de bienvenue de la part de mon meilleur ami. Son penthouse. Il sait que j'ai toujours aimé son appartement, et lorsqu'il me l'a proposé, je n'ai pas su refuser une telle occasion. Je devrais être complètement installé d'ici quelques jours, et je compte bien organiser une soirée digne de ce nom pour fêter mon retour... Mia sur la liste d'invités.

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