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3 decembre 1923 - 23h32, Small Heath
Cela fait désormais 4 jours que Giorgia est enfermée dans une chambre déserte au-dessus d'un appartement au cœur de Birmingham.
Quelques mètres carrés où sont réunis un lit une place, une baignoire en cuivre et une armoire où sont rangées quelques vêtements à elle. Pour le moment, elle occupe ses journées en lisant, dévorant des livres dans lesquels elle approfondit ses connaissances sur la littérature, les philosophes du siècle passé et quelques romances un peu a l'eau de rose mais qui ma fois ne sont pas pour autant désagréables.
La seule fenêtre de cette pièce est un vasistas qui coince un jour sur deux, qui hélas n'offre que la brume journalière de Birmingham.
Pour la nourriture, c'est le couple juste en dessous qui s'occupe de lui cuisiner des plats. Ils travaillent tous deux dans une des usines des Shelby. Personne ne doit savoir que Giorgia Acosta Jimenez est encore en vie, et ces deux citoyens-la sont d'une confiance inébranlable selon les employés de l'usine.
Ce soir-là, aux alentours de 23h30, alors qu'elle finit Les Lettres Persanes de Montesquieu en peaufinant son vocabulaire et son verbe français, elle prend le temps de prendre un bon bain, seulement éclairée par deux bougies en très mauvais état, qui menace de tomber sur le paquet miteux et grinçant.
TOC TOC
Giorgia sort le nez de son livre et tourne la tête vers la porte.
- Gigi, c'est Paddie. Je vais me faire un thé.. je t'en apporte une tasse ?
- Oh, oui. Merci Paddie, avec plaisir ..!
Paddie est la femme du couple qui "heberge" Giorgia. Grassement payé par Monsieur Thomas Shelby en personne, ils ont jurés le secret et doivent prendre soin de la jeune femme jusqu'à nouvel ordre. Personne ne connaît vraiment l'existence de cette pièce supplémentaire au-dessus de leur petit appartement, et aucun italien ne viendra la chercher ici, à deux pas de Small Heath. C'était si près que ca pouvait pas être plausible.
C'était aussi le cas d'Arthur qui se cachait dans un sous-sol aménagé près d'une des usines de l'entreprise.
Les seules personnes qui avaient connaissance de ce plan se résumaient à Thomas, Polly et Linda.
Tout le monde pensait que Giorgia et Arthur étaient morts. Même le Daily New qui avait fait paraître leurs avis de dévers dans le journal de ce matin.
Quelques minutes plus tard, on toqua à nouveau à la porte. Giorgia se leva attrapa son kimono en soie bordeaux et doré et une fois couverte à peu près convenablement elle ouvrit et fut surprise de ne pas trouver la petite carrure de Paddy mais bien celle plus imposante et sombre de Thomas.
- Qu'est ce que vous faites là?
- Bonsoir ?
- On ne visite pas les morts, vous savez ça ?
- Je ne reste pas. Tenez.
Il sortit de son manteau une enveloppe blanche immaculée, qu'il lui tendit.
- Merci, comment était mon enterrement ?
- Les garçons étaient très peinés. John a déposé votre roman resté chez Polly sur la tombe.
- Oh..
Giorgia fronça légèrement les sourcils puis posa de nouveau son regard vert sur lui.
- Vous avez mauvaise mine, c'est crédible.
- Merci..
- Oh, pardon Monsieur Shelby..
Paddie apparue derrière Tommy, sa tasse fumante à la main.
- Je vous en prie Paddie. Je partais.
Il lança un dernier regard à la brune avant de repartir comme un courant d'air.
- Merci Paddie.
- De rien.. Dis-moi.. Ce n'est pas que tu me déranges mais... Tu crois que cette situation va durer ?
Giorgia ne put s'empêcher de sourire en attrapant cette tasse. Paddie était une brave femme sans histoire avec un train de vie bien modeste, et être mélée a cette situation faisait naitre en elle et son mari une sorte de crainte.
- Ça ne durera pas longtemps, ne vous en faites pas..
- Il.. Enfin Monsieur Shelby ne dit rien, il est très...
- Merci pour le thé, reviens prendre la tasse dans un moment d'accord ?
La brune montra l'enveloppe a Paddie, lui indiquant que potentiellement elle aurait davantage de choses à lui dire une fois qu'elle aura lu la lettre.
- Bien, merci Gigi.
De nouveau seule dans sa chambre, Giorgia posa sa tasse et s'assit sur le lit pour lire la lettre. Son récit était plutôt court, précis et clair, que demander de mieux ?
Même si tout cela n'aura duré que quelques jours, cela voulait dire que les Italiens avaient mit la main sur les entreprises et les biens de la famille.
La Vendetta est gagnée. Italie 1, Angleterre 0...
FLASH-BACK
30 novembre 1923, 20h10 - 47 Watery Lane.
Devant le miroir de la salle de bain de Polly, Giorgia ajuste sa paire d'anneaux dorés à son oreille. Son reflet ne lui semble pas trop mal pour les circonstances. Ses yeux sont soulignés de fard prune et ses cils sont épais et recourbés. Sa bouche est légèrement teintée et ses joues bronzées. Elle a tressé ses cheveux et a enroulé sa tresse dans un chignon flou lui donnant l'impression d'un carré.
- Giorgia, je peux entrer ?
- La voix de Polly résonne derrière la porte.
- Bien sûr.
La matriarche de la famille s'arrête net sur la brune passant de ses mollets jusqu'à son visage comme un scanner.
- Et bien, tu ressembles à ..
- Une putain ?
Polly rit légèrement et balaya le sujet d'un petit geste de la main.
- Oh non, tu ressembles plutôt à la couverture d'une revue en vogue aux Etats-Unis !
- Ça fera l'affaire. Tiens, est ce que tu peux arranger le dos de cette foutue robe s'il te plait?
- Oui, montre moi.
Giorgia pivota légèrement, posant ses yeux sur le carrelage ancien qui recouvrait le mur devant elle.
- J'espère que tu as eu un rabais pour le manque de tissu dans le dos.
- J'en sais rien, je l'ai volé.. Il y a longtemps..
- Oh trésor... Tu me rappelles moi quand j'étais jeune.
- C'est bon.
- Merci.
Elle lui adressa un tendre sourire, puis passa devant elle pour quitter la pièce jusqu'a ce que le visage de Polly ne change brutalement.
- Attends...
- Mh ?
- Tu as... Oh, referme la porte.
Une fois la porte de nouveau close, Giorgia regarda la gitane d'un air confus sur son visage poudré.
- Rien. Simplement une légère sensation de vague à l'âme, soudain..
Giorgia savait ce que ça voulait dire.
Polly était une gitane extralucide a qui rien n'a jamais échappé.
- Tout va bien. Cette soirée sera comme une... trêve !
- Tu as raison. C'est l'habitude que rien ne se passe comme prévu dans cette putain de famille.
Elle prit sa main quelques secondes pour la rassurer, puis sortit de la pièce laissant Pol finir de se préparer. Le plan préparé par Thomas, Arthur et Giorgia était plutôt rodé, et en espérant que l'intuition de Polly se tais jusqu'à ce que Tom ne l'a mette au courant plus tard dans la soirée.
Une fois tout le monde reunit dans l'entrée, Linda Ada arrivèrent pres de Giorgia et de Lizzie qui cherchaient apres Esmee qui avai finalement decidée de rester chez elle avec ses enfants plutot que de voir; "Un putain de combat qui remplira les poches de cette societe de minable".
30 novembre 1923, 20h53 - Shelby Company Limited.
- Mesdames. Bien le bonsoir !
Vêtue de son costume marron habituel, Johnny Dogs tira sa casquette en fit une petite révérence aux dames devant lui.
- Quelle élégance. Tu aurais pu changer de costume au moins.
- Viens donc prendre les paris avec moi Polly, que tu vois à quel point je vais m'enrichir ce soir ! Je pourrais en avoir de beaux ! Les mêmes que Tom !
- Que Dieu te préserve, alors.
Giorgia sourit amusée de la discussion, puis chercha discrètement du regard si un visage inconnu et légèrement différent se démarquer de la foule.
- Ça commence dans dix minutes mesdames et mesdemoiselles, dépêchez vous de parier !
- Tiens, je vote match nul moi.
- Quoi ? Mais ça n'existe pas sur un ring de boxe ! Roh c'est hispaniques... Toujours à contre-vent!
La brune quitta le petit groupe et partit prendre un verre a droite des bancs disposés pour le public. Une fois servit elle remercia le jeune homme engagé pour faire le serveur et posa son regard un long moment sur ce ring de qui pour le moment restait calme et propre.
- Giorgia ?
- Oui ?
Thomas apparut vêtue d'un costume d'un bleu telleemnt foncé que l'on pourrait croire a du noir. Toujours impeccable et parfaitement taillé pour lui, il apparut sous ses yeux accompagné d'un homme plutôt guindé la quarantaine approchant.
- Permettez-moi de vous présenter Monsieur Trevor McChefield. Monsieur McChefield est un fidèle actionnaire de la Shelby Company Limited. Il souhaitait vous rencontrer.
- Giorgia, déjà permettez moi de vous dire que votre prénom est un délice à entendre.
- Oh.. euh..merci
La brune afficha son plus beau sourire et prit la main tendue de l'homme en face d'elle sous les yeux de Thomas.
- J'ai eu vent de votre histoire et de votre parcours de la part de Churchill en personne, qui ne tarie pas d'éloges sur vous.
- Eh bien, je ne sais pas trop quoi dire, c'est très gentil.
- Mais alors, permettez moi une curiosité..
Et c'est à cet instant précis que Thomas avait compris l'erreur qu'il avait commise.
- Tout dépend laquelle.
Disait-elle avec un trait d'humour qui en réalité n'en était pas un, mais qui semblait être une gène déguisée.
- Comment une femme peut en arriver là ? Ça semble incroyable ! N'est-ce pas Monsieur Shelby ?
Avant qu'elle n'ait le temps de répondre quoique ce soit, Johnny monta sur le ring annonçant le début du combat. Thomas s'éclaircit la gorge en coupant court à cette rencontre.
- Je crois qu'il faudrait qu'on prenne place, Monsieur McChefield.
- Oui ! Je vous retrouve après Mademoiselle Jimenez !
Thomas déposa inconsciemment une main dans le dos de Giorgia, la dirigeant vers les rangs de bancs.
- Vos mains sont gelées. Elles trahissent votre anxiété.
- Oui, je sais.
- Alors enlevez-la s'il vous plaît. J'ai déjà du mal à avoir chaud dans ce pays.
Thomas crispa un instant sa mâchoire et partit rejoindre Arthur qui semblait excité face à ce qui allait commencer devant eux.
- Tu te rappelles de ce qu'on a convenu hein Arthur ?
- Ouais, Tommy. Je sais. Je sais.
Pendant que la foule prenait place, les femmes Shelby devant, Giorgia se faufila dans les toilettes pour dame, sachant pertinemment qu'elle mènerait le loup dans la bergerie a coup sur.
Dans la pièce principale, le match contre les deux sportifs de haut niveau commença. Thomas suivit distraitement le match, jetant des coups d'œil acérés sur la porte qui menait aux toilettes.
Quelques minutes plus tard, il vu un italien sortir de la, un chapeau sur la tête qu'il inclinait pour ne pas dévoiler son visage, une tâche de sang sur son écharpe de soie crème, dénontant fortement.
Il se leva alors d'un bon, retirant sa cigarette de ses lèvres entre son pouce et son index, puis fit un signe de tête discret à Arthur avant de partir dans les couloirs du vestiaire.
Lorsque le match passa la troisième et dernière manche, la foule complètement ivre et excité de voir leur joueur gagner pour remporter la mise, fut coupé par un coup de feu qui résonna dans les hauts plafonds de la salle.
- Mon frère est mort !!
Son arme balayait la foule paniquée et choquée, la folie qui transparaîssait de ses yeux bleus. Il se tourna, et répéta encore ces mots, le silence le plus complet occupant désormais l'espace.
- Vous m'entendez ?! Mon grand frère est mort !
Polly, qui venait d'apprendre tout le plan de son neveu, ne se laissa pas le temps d'être submergée par la colère et, et préféra mettre ses émotions à profit pour suivre la mission. En excellente comédienne de nature, elle guida Lizzie et Linda effondrées par la nouvelle dans un taxi jusqu'à la maison. Charly et Curly firent sortir la foule alors que Finn, absolument perdu venait de s'asseoir au bord du ring, lâchant ses nerfs dans des pleurs de rage.
- Finn ?! Finn lève toi.
Thomas ne lui laissa aucun repos, et attrapa son visage encore un peu enfantin entre ses mains brûlantes.
- On va se venger ? Ey ? Regarde moi. On vengera Arthur.
- Viens, Finn.
John attrapa son jeune frère sans un regard pour son aîné, les yeux rougis.
- C'est tout ce que tu dis Thomas ?! Hein ? Putain !
- ...Où est Giorgia ?
Esmeralda déboula derrière John, l'incompréhension se mêlant à la haine sur son visage.
- C'était ta putain de mule hein ?! Elle aussi !!? Arthur ton propre frère et cette femme qui n'avait rien demandé a personne !
Thomas serra la mâchoire, son regard vers le plafond, n'écoutant qu'un mot sur deux.
- Ferme-la Esmee...
- Non stop, c'est quoi ça putain ? Elle qui a sauvé le cul de ton frère pendant la guerre! On fait tuer notre entourage pour sauver ton propre cul ? Putain... va te faire foutre.
La brune au tempérament de feu finit par cracher au pied de Thomas en le maudissant en romani et suivit John et Finn.
Dans les toilettes Dame, Polly avait bloqué la porte de l'intérieur et faisait un état des lieux avec Giorgia.
- Tu es sûre ?! Montre moi
- Oui. Je te le jure. Il fallait un peu que ça fasse vrai non ?!
- Faire la morte n'était pas suffisant ?
- Mais Pol pour faire la morte il fallait bien une raison à cela ?!
- Oui... excuse moi tout ça me met dans un état ...! Tu mérites un bon coup de pied dans le derrière toi aussi pour m'avoir caché tout cela!
Polly donna son bras à la brune, qui appuya son autre main sur le lavabo pour se relever, du sang dégoulinant de sa cuisse.
- Mais...?!
Le sang ne vient pas de ma tête, je serais déjà dans le coma, crois-moi.. Il était assez bête pour croire que je pouvais mourir d'un grand cou de couteau dans la cuisse mais au cas où j'ai explosé le miroir et j'ai fait croire que ma chute était fatale et que le sang provenait de mon crâne. Bref on s'en fiche, il m'on rayé de leur fichier.
- Putain de tordu que vous êtes...
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