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19 novembre 1923, 21h23 Bureau de la Shelby Compagny Limited.

- Il est prêt à n'importe quoi pour venger son frère. Cette fusillade qui a tué ce putain d'italien nous coute beaucoup plus que ce qu'on ne devait.

Thomas glisse une main dans sa poche de pantalon, fixant ses frères d'un regard qui couperai du métal. Assise non loin de lui, un long soupir se fit remarquer, une façon pour Polly de faire entendre et comprendre son désaccord avec son neveu.

- Alors qu'est-ce qu'on va faire, Thomas ?! Se taire dans nos trous comme des rats c'est ça ?

Depuis plusieurs mois, le brun aux yeux d'acier n'avait pas plus entendu sa tante lui adresser mots directement. Elle s'arrangeait toujours pour faire passer ses remarques ou messages par les autres membres, ce a quoi il s'était tout de même habitué.

Alors, c'est avec un air surpris qu'il leva son visage vers la matriarche de la famille, la fixant droit dans les yeux.

- Quoi, Polly ?

Arthur, qui sentit le malaise arriver à grand pas, grommela sous sa grande moustache grisonnante, en gesticulant dans sa chaise en bois luxueuse. Il leva doucement sa main devant sa tante assise à côté de lui, essayant de communiquer un certain calme.

- Nous sommes rendus à vivre ici, à notre point de départ ! Coupés de tout, et privés de notre putain de liberté ! Nous ! Putains de gitans que nous sommes ! Vous n'avez pas l'impression qu'il y a une erreur dans le déroulement des choses !

- Maman..

- Toi, tais-toi ! Tu as choisi de continuer à travailler avec lui après tout ce qu'il nous a fait endurer ! Regarde-toi, tu as pris deux balles et tu es encore là.

John inspira lourdement et ne pu s'empêcher de s'éclaircir la gorge dans un grognement pour remettre un peu le sujet principal au milieu du village, celui des Changretta.

- Tu as fini, Polly ?

La provocation de Thomas avec cette petite phrase de rien du tout et se ton si calme dont il s'armait à chaque fois, retourna son cerveau qui finit par surchauffer.

- Et tu oses me demander ça a moi ?

Thomas posa ses mains sur les bords de la table et laissa sa tête tomber entre ses épaules, désespérant d'entendre Polly monter sur ses grands chevaux à chaque fois que le dialogue reprenait entre eux.

- Nos différents, on les règlera plus tard, si tu le veux bien.

- Tu as raison, on les règlera quand on sera en enfer. Là bas, nous aurons le temps. Puisse Dieu, t'y emmener avant moi !

A travers les fins rayons du soleil couchant qui perçaient a travers le store a lamelles du bureau Pollyanna se leva prit son lourd manteau sur le bras, se penchant ensuite pour récupérer son étui a cigarillos sur la table.

- Et surtout, laisse les autres qui ne sont pas de cette famille en dehors de tout ca ! Giorgia ne t'as rien demandé Thomas ! C'est toi qui l'a foutu dans la merde ! Toi seul !

Après quelques pas lourdement poser sur le parquet de la pièce, Polly claqua la porte comme dans les scènes de films, laissant les frères se regarder les uns après les autres. Arthur finit par se lever, remettant machinalement le col de sa lourde veste en laine en place.

- Qu'est-ce que ça veut dire, Tom ?

Sans bouger d'un cils, le brun qui présidait a table détailla chaque mouvement que son frère faisait. Il analysait toujours tout, surtout quand il s'agissait d'Arthur...

- Giorgia est mêlée à tout ça ?

A son tour, John fronça les sourcils, se penchant à peine en avant pour faire percer ses yeux dans ceux de son frere.

- Giorgia a reçu une putain de main noire, deux jours après nous.

- Et tu nous en a pas parlé ?! Tom, putain ! Ça va trop loin la !

- Ferme-la Arthur ! Giorgia est loin d'être bête et elle sait ce qu'il se passe ..et mieux que nous je crois !

Après avoir allumé une cigarette, Thomas retourna près de la fenêtre surplombant le rez-de-chaussée ou encore quelques employés de la Shelby Compagny Limited se croisaient dans le hall, certains d'entre eux un dossier en main ou ouvert sous leurs yeux.

- Tu fais quoi avec elle...?

John, perdu par la situation, insista en abordant son frère plus calmement.

- La même chose qu'il y a plusieurs mois, John. Elle connait les italiens, parle leur langue, et connait leurs mœurs. Alors même si malencontreusement elle est dans le même seau a merde que nous, c'est un atout pour tous nous en faire sortir !

- Tu en es sur ?..

Son calme, précédemment éprouvé par Polly, fut cette fois-ci rompu par les questions de ces frères qui doutaient des décisions prises par le frère. Et malgré la soufflante précédente, Arthur osa reposer une question à Thomas qui venait de reprendre sa place au bout de la table, pour présider.

- Sur quoi ? Ey ? Sur de me rappeler que si elle n'avait pas eu certaines informations auprès du SIS on n'aurait pas pu débusquer les russes et on se serait fait ruiner ? Que Sabini a accepté certains accords pour Londres et les courses grâce a elle et a sa négociation?! Tu te souviens plus que c'est Churchill lui-même qui me l'a recommandé? Ey ? ! Tu pries trop Arthur ca te mets complètement a cote de tes pompes..

- Giorgia est une infiltrée ?

- Giorgia est une bonne femme qui a plus de couilles et de forces qu'un putain de mec, Michael.

- Merci John mais ça je l'avais déjà vu..

Pendant que John et Michael discutaient sur la véritable personne qu'était Giorgia, Thomas sortit un dossier épais de sa serviette en cuir et le leva pour le montrer au reste de la tablée.

- Tout ce dont vous devez être au courant est là-dedans. Pour le reste, il suffit de s'adresser directement à elle.

Un grand bruit claquement résonna dans la pièce qui devenait de plus en plus sombre, au vu de l'heure. Thomas venait de signé la fin de la réunion de famille.

John, Finn et Arthur s'étaient levés et Michael lui, avaient pris un instant de réflexion avant de faire de même et de laisser Thomas seul dans cette salle.

- Oh, Tom ?

Sur le seuil de la porte, la main droite sur la poignée et l'autre sur sa canne, Michael pivota d'un quart de tour et s'adressa une dernière fois à son cousin.

- Elle finira par se calmer.

Le visage baissé sur le bois de la table, ses lunettes posé a quelques centimetres, Thomas avait hoché lentement la tête, en retour.

Même si il etait conscient que si lui était quelqu'un d'entêté, Polly elle, avait alors inventé ce mot..

Bureau de paris, Small Heath. Le même jour, 21h34.

Giorgia se tenait derrière un bureau, encombré de feuilles volantes et de cendrier remplis de mégots qui ne demandaient qu'à être jetés. Elle même, une cigarette fumante et pendante a ses lèvres rouge carmin, un chignon rapidement accroché sur la base de sa nuque et les manches de son chemisier nacré retroussées jusqu'aux coudes, elle tapait sur une machine à écrire, le jeune Isaiah appuyé contre un autre bureau, lisant un petit dossier jaunâtre.

- Isaiah ?

- Oui ?

- Où se trouve l'ancien bureau d'Arthur ?..

- Mh, c'est celui au fond à gauche la bas. Pourquoi ça ?

- Comme ça. Question de mémoire.

Le brun se redressa en fermant son dossier, puis s'approcha, et le posa avant de saluer la jeune femme.

- Un verre au Garrisson ça vous tente ?

- Oh, pourquoi pas. Je vous rejoint ?

- Bien. Ne tardez pas... Même si il n'y a qu'une rue à traverser.. Il paraît que c'est pas bien de laisser les jeunes femmes seules.

- Ne vous en faites pas, je suis plus vive qu'un chat de gouttière..

- A plus tard alors.

- À plus tard.

Presque seule dans les bureaux de paris, Gigi prit quelques instants pour observer chaque poste de travail, chaque fiche qu'elle a vue, les petites écritures sur les feuilles, les griffonnages, les dessins parfois obscènes en bas des rapports, les ratures à l'encre et les papiers en boules qu'elle a rapidement mis à la corbeille.

Plusieurs minutes s'écoulèrent avant qu'elle n'aille passer un moment dans le-dit bureau pour trouver enfin ce qu'elle était pensait bien être caché la dedans. Une fois satisfaite, l'espagnole coinça une cigarette entre ses lèvres, puis enfila son manteau, verrouillant derrière elle le bureau avant de partir pour le Garrisson.

20 novembre 1923, 10h23 Bureau de la Shelby Company Limited.

Dans la grande pièce de réunion, Thomas était appuyé contre la fenêtre, a regarder John qui s'amusait a taquiner Michael qui peinait encore a marcher avec sa canne.

- ....Monsieur Shelby, votre rendez-vous de dix heures trente est là.

Le brun, qui regardait son secrétaire faire la commission, lui fit un petit signe.

- Alors dites-lui qu'elle rentre.

Quelques instants plus tard, Giorgia entra dans cette pièce partiellement éclairée par la lumière du jour provenant du puit de lumière du grand hall.

- Vous allez arrêter quand de vous foutre tout le monde à dos ?

- Bien, je vois que vous avez eux des échos.

- Commentez ne pas les entendre. Vous etes le capitaine de votre propre bateau.

D'un pas décidé, elle s'avança jusqu'à la chaise la plus proche de lui sur sa droite, serrant dans sa main son sac qu'elle posa juste à côté.

- Ca n'est pas mon travail de veillez a ce que votre famille ne vole pas en éclat. Le mien est de collaborer avec vous afin de mettre un terme à cette putain de Vendetta a laquelle je suis aussi mêlée.

Thomas pivota légèrement son fauteuil pour lui faire face.

- J'ai appris hier soir que vous possédiez désormais des usines qui ont appartenus aux clans Sabini durant des décennies et que vous aviez pillé puis annexé cette usine. Arrow House Holding, c'est vous non ? Ca ressemble étrangement au nom de votre manoir. Vous possédez aussi l'usine de voiture et de camionnettes de Lanchester au nom de Tilton Compagny Limited, qui feu appartenait elle aussi à la belle famille du cousin Sabini, des putains de napolitains.

Le brun, qui laissait la jeune femme parler sans l'interrompre prit une cigarette de son boitier en acier gravé qu'il alluma d'un geste mécanique.

- Et je ne parle pas des habitations près du fleuve qui étaient sensés restés chez les juifs de Liverpool que vous vous êtes aussi appropriés. Vous joué à quoi Monsieur Shelby ?

Pendant qu'elle finissait sa phrase, Thomas se leva et partit se remettre près de la fenêtre pour éviter d'être confronter à elle.

- Ah, 'Monsieur Shelby' ?

- Dans ce bureau, à cette heure-ci, ça me semble plus approprié, voyez-vous.

- Je pensais qu'avec notre verre de whisky l'autre jour, apres le contrat..

- Ne jouez pas à ce jeux avec moi.

Giorgia se leva, et arriva à sa hauteur prenant la même position que lui en miroir.

- Je n'ai pas signé pour être contre vous mais bien avec vous, mais si le contrat n'est pas respecté dans les deux sens, c'est un contrat caduc.

- Comme dit mon frère, vous avez plus de cervelles que certains hommes.

- Je connais malheureusement que trop bien les hommes Monsieur Shelby.

Sa voix, qui était devenue plus basse prit résonna différemment dans la tête du brun qui haussa un sourcils en la regardant.

- Et encore plus ce qui sont sortis de cet enfer. Cet enfer j'en ai repeint certains murs.

Quelques longues secondes passèrent alors que Thomas hochait la tête silencieusement sa cigarette entre ses lèvres.

- J'ai sans doutes sous-estimé votre intelligence.

Une main plantée dans sa poche, il tira sur sa cigarette avant de marcher lentement autour de la grande table le regard dans le vague.

-..vous êtes une étrangère, vous appartenez au parti libéral-démocrate, ,vous luttez pour la condition des femmes en prenant le large en contre courant car vos cheveux sont longs, votre taille est marquée.. Vous êtes instruite, vous parlez plus de langues que la moyenne, et vous n'avez peur de rien parce que votre mère était une tzigane et que vous avez son putain de sang . Vous impressionnez Giorgia.

Toujours devant la fenêtre, la brune finissait sa cigarette en l'écoutant, ses yeux roulants aux mentions de son physique qui allait a contre courant.

- Ne retournez pas la situation. Si vous cachez des choses qui pourraient affecter la situation, ça ne fonctionnera pas.

- Pensez-vous que je vous aurai laisser loger chez moi et qui plus est, approcher mes bureaux et ma famille ?

- Alors pourquoi le cacher ?!

La colère commençant a pointer son nez, il se tourna vers elle, et la fixa droit dans les yeux, malgré la distance que mettez la table qui les séparaient.

- Parce que je ne fais confiance à personne.

Elle avait mit un doigt dans la faille, et elle en était belle et bien consciente. Thomas Shelby avait des faiblesses, mais là il ne pouvait pas s'en sortir seul.

- Dans ce cas..

Giorgia écrasa sa cigarette en soufflant un large fuseau de fumée blanche, puis prit son sac et se pressa devant lui, tendant sa main gantée devant lui.

- Bonne Vendetta Monsieur Shelby.

TOC TOC TOC.

Ses yeux d'un bleu glacé plonger dans les verts de Giorgia, Thomas ne prit pas le temps de calmer les pulsations dans sa tête qui frappait et répondit à son secrétaire sans lâcher la brune du regard.

-... Monsieur.. Monsieur Shelby désolé de vous importuner mais, il y a une urgence il semblerait. Un homme de Paris, un homme important dit-il.. Monsieur Paz souhaiterai parler avec vous. Il dit qu'il vous connaît...

Gigi qui regardait Elias par dessus l'épaule de Thomas hocha la tête.

- J'en avais finis, Elias.

- Oh mais, mademoiselle Jimenez, Monsieur Paz souhaite aussi vous voir. Il dit qu'il sait que vous sériez d'une grande aide.

La brune haussa un sourcils à son tour, et roula des yeux avant de voir entrer dans le bureau une grande silhouette noire, un chapeau sur la tête.

- Bonjour Monsieur Shelby.

Thomas finit par se tourner et voir que le loup etait de nouveau entrer dans la bergerie.

- Oh, mademoiselle Jimenez-Acosta. Quel plaisir de vous voir !

Luca Changretta.



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