Partie 1 Chapitre 7La plus belle des récompenses
Le corps sans vie du Skyarno gisait au sol. Fàffnîrr s'en approcha, prudent. Du bout de sa hache, il tapota la tête du volatile qui ne réagit pas. Désormais sûrs de leur victoire, les trois joueurs se laissèrent choir, épuisés. Il leur fallut attendre quelques minutes pour se remettre de leurs émotions. Fàffnîrr finit par se relever et commença à dépecer le cadavre pour remplir son almanach. Az s'approcha à son tour lorsqu'un écran apparut devant lui. Il le parcourut rapidement des yeux et attrapa immédiatement ce que lui tendait désormais son camarade.
Ne comprenant pas ce qui se passait, Ama préféra rester en retrait, attendant d'être sollicitée. Comme Az semblait s'affairer sur des morceaux sanguinolents du monstre ainsi que des plantes, elle finit par comprendre qu'il préparait le remède contre la maladie de la famille de Mathilde. Apeurée à l'idée que sa présence puisse gêner, elle se releva et recula discrètement jusqu'à ce que son dos heurte le nid de la bête. Elle décida de le fouiller lorsqu'elle aperçut un drôle d'éclat briller au fond. La Gardienne allait le toucher lorsqu'elle se souvint de l'incident où elle avait fait sauter un pan de falaise. Elle se ravisa et attendit la fin du travail de ses camarades, tremblant à l'idée que la vie de Mathilde et de sa famille pouvait à tout moment se terminer.
Au bout d'une quinzaine de minutes, Fàffnîrr termina son travail et la rejoignit.
— Comment te sens-tu, gamine ?
— Tu le sais très bien... Je n'ai qu'une envie, c'est de courir jusqu'à chez eux. Mais je n'ose pas de peur de perturber Az.
— Tu fais bien. L'almanach m'a donné la recette du contrepoison et il a immédiatement tenu à réaliser l'antidote. Ce gamin souhaite absolument aider cette famille alors ne t'en fais pas. Au fait, je t'ai vue fouiller le nid. Tu as trouvé quelque chose ?
— J'ai aperçu un objet qui se reflétait au fond mais je voulais vous attendre afin de ne pas faire de bêtises.
Amusé par la soudaine prudence de sa camarade, l'Abarf lui tapota l'épaule.
— Allons voir ça tous les deux, d'accord ?
Ama hocha simplement la tête pour donner son accord. Elle le suivit dans le nid et l'aida à creuser autour de l'éclat. Après quelques coups, ils découvrirent que la lumière se reflétait sur l'angle d'un coffre en métal enterré sous les branchages. Ils le dégagèrent et Fàffnîrr vérifia qu'il n'était pas piégé. Une fois assuré qu'elle ne déclencherait pas un nouvel incident, Ama, sur les conseils de son ami, décida d'ouvrir la boîte.
Aussitôt, un écran apparut devant ses yeux, la faisant sursauter.
— Bienvenue dans le jeu de la roulette de l'unique. Lancez la roue et tentez de gagner le jackpot. Temps restant de l'événement : 30 secondes.
Voyant le compte à rebours commencer, Fàffnîrr ne réfléchit pas.
— Vite, joue !
Paniquée, Ama saisit la manivelle apparue en même temps que le message et la tira. Aussitôt, un rouleau se forma, tournant à toute vitesse. Partagés entre excitation et peur, les deux joueurs retenaient leur souffle. Le rouleau finit par ralentir jusqu'à s'arrêter sur une étoile dorée. Un bruit de fanfare retentit, faisant manquer un battement de cœur à la Gardienne, et le coffre se mit à briller. Ce dernier se referma avant de s'ouvrir à nouveau. À l'intérieur, il y avait maintenant plusieurs vêtements.
Abasourdi, le nain regardait tour à tour le contenu du coffre puis sa camarade, la mâchoire décrochée. De son côté, cette dernière ne savait plus quoi faire. Heureusement pour elle, une voix grave finit par s'élever derrière eux.
— Tout va bien ? J'ai entendu comme un genre de saxophone venir de là.
Ama fit volte-face et aperçut Az qui tenait à la main une fiole pleine d'un liquide noir.
— Oui, tout va bien, grommela Fàffnîrr. Tu as fini ?
— Il faut que le mélange décante un peu mais dans l'ensemble, oui. Nous devrions nous hâter de rentrer à Bourg-Sentra.
— En effet, acquiesça le nain. Gamine, prends le contenu du coffre dans ton inventaire et courons rejoindre la famille de Mathilde.
La Gardienne s'exécuta et ils prirent la route de Bourg-Sentra. Lorsqu'ils arrivèrent enfin à la demeure de Mathilde, Ama frappa si fort à la porte que cette dernière craqua. Au bout de quelques secondes, le panneau de bois s'ouvrit et ils virent Jordan, le père de famille. Il arborait des traces foncées sous ses yeux, stigmates de sa maladie. La jeune joueuse grimaça, mais elle laissa entrer Az. Ce dernier rassembla les quatre derniers habitants de la demeure et leur fit boire tour à tour une gorgée du remède avant de lancer un « Premiers soins ». Au moment où les effets de son sort disparaissaient sur Mathilde, la dernière ayant subi le traitement, les trois joueurs virent apparaître un message qui leur arracha un soupir de soulagement.
— Quête unique terminée. Vous avez réussi à sauver la famille Dolt. Calcul des récompenses en cours...
Ils fermèrent le menu afin de pouvoir discuter avec le couple et leurs enfants. Ils leur expliquèrent la source de leur maladie ainsi que la raison de leur manque de sommeil.
— Les Skyarnos sont connus pour utiliser la couleur vive de leurs plumes comme d'une arme. En effet, ces dernières émettent une sorte d'énergie qui affecte négativement les proies de ces volatiles, expliquait le Chasseur calmement. Comme celui que nous avons vaincu se baladait près de cette partie de la muraille, ses plumes finissaient par vous parvenir et, à force de les côtoyer, cela a commencé à vous affecter. En plus de vous réveiller, cela a accentué les effets néfastes jusqu'à devenir une maladie.
— Mais désormais, le remède a neutralisé la maladie et nous allons vous débarrasser des plumes, poursuivit le Prêtre.
— Ainsi, vous ne risquez plus rien, conclut Ama en arborant son plus beau sourire.
Mathilde et sa famille lui rendirent son sourire et ils finirent par prendre congé. Les enfants les saluèrent une dernière fois, leur peluche tenue par les mains.
Fàffnîrr les emmena dans un parc où ils s'assirent tous les trois sur un banc en pierre taillée. Un court moment passa, dans un silence parfait. Finalement, ce fut Az qui brisa le silence.
— Fàffnîrr, c'est toujours comme ça dans Gillarg Stories ?
— D'après ce que j'ai entendu, oui. Pourquoi ?
— C'est le meilleur jeu du monde. Même si la mort est aussi importante que dans la vie réelle, je ne crois pas qu'il existe d'autres jeux vidéo capables de me faire ressentir de telles émotions. Et toi, Ama, comment le trouves-tu ?
— C'est le pire jeu.
Surpris, les deux garçons se regardèrent avant de se pencher pour voir son expression faciale. Celle-ci était un joli mélange d'émotions, mais une chose était sûre, elle pleurait.
— C'est le pire jeu parce que les développeurs n'avaient pas le droit de laisser mourir Asalia. Ils n'avaient pas le droit de jouer avec mes sentiments. Je déteste ce jeu. Alors pourquoi ? Pourquoi est-ce que je n'arrive pas à me déconnecter ? Pourquoi ai-je encore envie de jouer ?
Un bras vint entourer ses épaules tandis qu'une main lui tendait un mouchoir. Surprise, elle regarda le sourire de ses camarades.
— Parce que ton sens de la justice te pousse à continuer pour aider d'autres personnes, répondit Az.
— Parce que c'est la même chose dans la vie, mais là-bas, tu ne peux pas y échapper en te déconnectant, ajouta Fàffnîrr.
— Et en plus, c'est le seul endroit où tu as des super pouvoirs qui te permettent de sauver les gens, conclut Az.
La dernière phrase d'Az fit mouche. Cependant, concentré à regarder la tristesse disparaître des yeux de son amie, il ne remarqua pas que sa déclaration avait aussi impacté son autre camarade. Heureusement pour ce dernier, ses larmes disparurent rapidement dans sa barbe et, après avoir dégluti difficilement, il cacha sa mélancolie derrière un sourire jovial.
De son côté, après avoir essuyé les sillons de sa tristesse, Ama prit une inspiration et sourit timidement.
— C'est vraiment le meilleur jeu du monde.
Amusés, les membres du groupe échangèrent un regard plein de convictions et changèrent de sujet.
— Au fait, gamine, reprit Fàffnîrr, tu devrais aller parler à Lyra, à Initia.
— Pourquoi ? demanda la concernée.
— Il me semble que tu voulais changer de classe, non ? grommela le nain en guettant un message du jeu.
— Non, ce n'est plus la peine. Je compte conserver la classe de Gardienne.
Surpris par sa déclaration, Az attendit qu'elle développe les raisons de son choix.
— Je sais que ça peut paraître bête, mais si je change de classe, cela signifie que Fàffnîrr va devoir encaisser toutes les attaques à ma place. En plus, je vais devoir recommencer depuis le début et donc ralentir votre progression. Je ne veux pas entacher votre expérience dans Gillarg Stories. Alors tant pis pour la douleur, je préfère la subir que la laisser aux autres.
Au moment où elle finit sa phrase, un message apparut devant leurs yeux.
— Le calcul des récompenses est terminé. Voici vos récompenses.
Trois coffres apparurent devant eux, un en face de chaque joueur. Surpris, ils se concertèrent du regard puis, d'un commun accord, décidèrent d'ouvrir chacun leur tour. Le premier à ouvrir son coffre fut Fàffnîrr. Ce dernier obtint ainsi une hache dont les lames représentaient deux ailes croisées. Après avoir lu sa description, il nota que l'arme possédait un effet secondaire lui permettant d'infliger l'état Saignement. Comme elle était meilleure que celle qu'il avait reçue lors de leur affrontement avec El, l'Abarf décida de s'en équiper. De plus, il reçut le titre « Pisteur ».
— Je peux te demander quelque chose ? l'interrompit Ama.
— Dis toujours, gamine.
— À quoi ça sert, les titres ?
De nouveau consterné par le manque cruel d'informations de sa camarade, le nain grommela.
— Que Dalron me jette une enclume... Les titres peuvent parfois t'octroyer des bonus, te donner des compétences s'ils sont associés à la bonne classe ou même te débloquer des quêtes ou des classes secrètes. Par exemple, pour le titre que je viens de recevoir, il me donne un bonus de dommages sur une créature que je piste avec ma compétence « Traquer ». Ce n'est que 5 % de dommages supplémentaires, mais je préfère ça au dernier que j'avais. Il me permettait de débloquer une classe, mais elle ne m'intéresse pas. Enfin, sache que tu ne peux équiper qu'un seul titre à la fois.
Passionnée, Ama ne put s'empêcher d'ouvrir son coffre avant Az. Mais ce dernier ne s'en offusqua pas le moins du monde. Il contempla avec joie le nouveau pavois de son amie, le Protecteur de famille.
— Protecteur de famille. Description des effets : Réduit de 50 % les dommages subis si vous encaissez une attaque à la place d'un de vos alliés, lut-elle à voix haute.
Elle reçut ensuite le titre « Marraine », qui lui conférait un point d'Endurance supplémentaire s'il était combiné avec sa classe Gardienne. Elle porta ensuite ses yeux sur Az qui, devant les étoiles qu'il pouvait discerner dans les yeux de sa camarade, ne se fit pas prier pour recevoir ses récompenses.
À peine avait-il eu le temps d'ouvrir son coffre qu'un nouveau message apparut devant ses yeux. Curieux, ses alliés se penchèrent par-dessus son épaule et écarquillèrent leurs yeux.
— Les titres Bienfaiteur et Le preux fusionnent avec votre classe pour l'améliorer. Acceptez-vous ce changement ?
— Fàffnîrr, que se passera-t-il si je dis oui ? demanda le Rorce.
— Il me semble que l'évolution de classe ne retire pas l'expérience acquise de la classe qui va évoluer. Cependant, tu ne pourras plus avoir accès à la classe Prêtre de Rakar. Ça ne serait pas le cas si c'était une nouvelle classe, ajouta-t-il en observant le regard curieux de Ama.
— Essayons alors, conclut le colosse à la peau bleue.
Il confirma l'action et, aussitôt, son corps se mit à briller. Quelques instants plus tard, un nouveau message apparut, juste au moment où l'éclat disparut.
— Félicitations, Az. Vous êtes désormais un Guérisseur de Rakar. La récompense de quête unique a été modifiée afin de coïncider avec votre nouvelle classe.
Fermant la fenêtre, le Rorce se saisit d'un nouveau sceptre qui remplaça à merveille son arme de début de jeu. Désormais, son Pilier multicolore lui octroyait un nouveau sort lui permettant d'illuminer les environs, la « Sphère de lumière ».
Enthousiastes de leurs récompenses, le petit groupe allait changer de sujet lorsque Fàffnîrr se remémora le coffre qu'il avait ouvert avec Ama, dans le nid du Skyarno.
— Gamine, montre-moi ce que tu as gagné lors de l'événement de tout à l'heure.
La jeune fille mit un peu de temps à comprendre de quoi parlait son ami mais finit par s'exécuter. Elle sortit ainsi un heaume décoré de plumes bariolées ainsi que des gantelets et des cuissardes assortis. Ne portant rien sur ces emplacements d'équipement, elle s'en équipa et lut le nouveau message que le jeu venait de faire apparaître.
— Effet du set 3 pièces de l'armure bariolée : Une de vos compétences de provocation devient Piaillement moqueur tant que vous portez ce set. Piaillement moqueur : En plus de provoquer les ennemis alentour, cette compétence inflige un malus de 5 % à l'esprit des ennemis provoqués.
Pleinement satisfait des récompenses obtenues, Fàffnîrr invita ses camarades à le suivre. Tandis qu'ils arpentaient les rues de Bourg-Sentra, Az remarqua que son ami ne semblait pas déambuler au hasard dans la ville.
— Pourquoi nous dirigeons-nous vers la mairie ? demanda-t-il.
— Au cas où vous l'auriez oublié, nous nous étions engagés, à la base, à aider Viktor, le maire de Bourg-Sentra, à régler son problème. Cependant, à cause de la quête unique de la gamine, nous n'avons pas pu honorer nos engagements. Or, dans Gillarg Stories, il est rare qu'une quête reste aussi longtemps sans solution, vu que ce monde est en constante évolution. Je souhaite donc aller voir si Viktor a toujours besoin de notre aide.
— Je ne savais pas que les quêtes étaient toutes éphémères, se plaignit Ama.
— Elles ne le sont pas toutes, mais il arrive souvent que des quêtes de type élimination ou recherche d'objets perdus trouvent une solution si les joueurs les ayant acceptées ne s'en occupent pas.
Ils finirent par arriver à destination et, après s'être habitués à l'opulence agressive de la décoration, ils attendirent que Viktor leur adresse la parole. Au bout de quelques minutes où ils le virent traiter des dossiers et répondre calmement à de nombreuses demandes de ses serviteurs, il se leva enfin de sa chaise et les rejoignit.
— Mes chers amis, comment allez-vous ?
— Très bien, Viktor, répondit Fàffnîrr. Nous sommes venus nous excuser de n'avoir pas traité votre demande.
— Vous excuser ? Mais pour quelle raison ? Depuis que vous vous êtes débarrassés des créatures alphas rôdant autour de la ville ainsi que du monstre qui attaquait nos carrioles, nous n'avons plus de problèmes d'approvisionnement. D'ailleurs, laissez-moi vous récompenser.
Il claqua des doigts et un serviteur rappliqua, portant une bourse remplie de pièces d'or. Pris au dépourvu, les trois joueurs acceptèrent une centaine de petits morceaux rutilants chacun. Alors qu'ils rangeaient leur butin, des étincelles de lumière apparurent autour d'eux, leur signalant une montée de niveau. Ils discutèrent encore quelques minutes avec Viktor puis le saluèrent poliment.
— Avant que vous ne partiez, pourriez-vous me rendre un petit service ? Dame Guenièvre, la chef de clan des Fraharfs, les nains des souterrains, et dirigeante de la ville de Cloruth, m'a demandé de lui envoyer quelques plans pour le clan des forges. Pourriez-vous les lui apporter ? Il me semble que vous n'êtes jamais allés là-bas, alors je vous conseille de suivre la direction sud-ouest, en longeant les montagnes grises.
Alors qu'Ama allait répondre spontanément, Fàffnîrr lui marcha sur le pied pour la faire taire.
— Ce n'est pas contre vous, Viktor, mais nous sommes passés par les plaines qui descendent vers le sud avant de venir dans votre charmante ville. Cependant, un monstre bien trop puissant pour nous a failli nous réduire en charpie. Comprenez que nous n'essayons pas de fuir votre demande, mais nous ne souhaitons pas mettre en péril les relations diplomatiques entre Bourg-Sentra et Cloruth si nous mourons en chemin, perdant par la même occasion les plans.
La déclaration de l'Abarf laissa le maire quelque peu interdit. On pouvait presque voir, derrière son front boursouflé par l'embonpoint, ses neurones s'illuminer au fil de ses pensées. Au bout de quelques secondes, il sourit de nouveau.
— Vous devez parler du tyrannis qui sévit, roi de ces plaines. Nous n'osons pas demander aux joueurs de s'en occuper car il maintient un équilibre dans la chaîne alimentaire de l'écosystème. Cependant, il y a un moyen de le déjouer. Donnez cette lettre au propriétaire de la boutique Mille Senteurs. Il vous donnera de quoi éviter le tyrannis.
Fàffnîrr allait refuser poliment mais un message apparut devant ses yeux. Az essaya de le lire par-dessus son épaule mais il n'en eut pas le temps. Le nain ferma la fenêtre de dialogue et grommela.
— Quête acceptée, grogna-t-il entre deux jurons étouffés.
Ils prirent congé du maire après avoir reçu les plans à remettre à la dirigeante de Cloruth et retournèrent s'asseoir dans l'un des nombreux parcs de la cité. Ama allait prendre la parole mais Az fut plus rapide.
— Qu'est-ce qui t'a poussé à accepter cette quête ?
— Le jeu m'a indiqué que cette quête nous permettrait de débloquer une fonctionnalité du jeu à laquelle nous n'avons pas encore accès. Je ne sais pas laquelle, ajouta-t-il en voyant la Gardienne commencer à ouvrir la bouche. Certes, Gillarg Stories n'oblige jamais un joueur à suivre une voie unique pour atteindre une fonctionnalité, mais si grâce à cette quête, on peut éviter le tyrannis, alors c'est parfait.
— Dans ce cas, on devrait rapidement nous rendre à la boutique dont a parlé Viktor, s'emporta Ama.
— Pas aujourd'hui. Nous avons vécu beaucoup d'émotions fortes et nous avons joué toute la journée. Je vous conseille d'abord de placer vos points de statistiques puis on se déconnecte. Demain matin, je ne pourrai pas me connecter, désolé, mais je serai disponible dès 13h. On se revoit à ce moment-là et on remplit la quête de Viktor. Ça vous convient ?
— Pas de problème, répondit la jeune femme, un peu ennuyée de ne pas pouvoir jouer toute la journée.
— Idem. En revanche, quelque chose me perturbe. Ce jeu est bien un jeu mondial, non ? demanda l'ancien Prêtre de Rakar.
— En effet. Je crois voir où tu veux en venir. Comment savons-nous à quel moment nous pouvons nous connecter alors que nous vivons certainement dans des pays différents et donc à des fuseaux horaires différents ? C'est bien ça ta question ? devina le nain.
— Exactement.
— Le jeu nous traduit l'heure dans nos créneaux horaires à nous. Et, au vu de ce qu'il me dit, je dirais que nous vivons au moins sur le même continent. Vous êtes aussi européens, je ne me trompe pas ?
— C'est bien ça, répondit Ama.
— Bien deviné, Fàffnîrr. Donc ceci explique cela. Merci d'avoir partagé tes connaissances avec moi. Je reste bien trop inculte sur de nombreux domaines, excuse-moi.
— T'inquiète pas, gamin. D'ailleurs, savais-tu que, vu qu'on est respectivement sur nos listes d'amis, tu peux demander au jeu d'envoyer, dans la vraie vie, des lettres à mon adresse ou à celle de la gamine ?
— Ah bon ? s'étonna cette dernière.
— Le jeu ne révélera pas tes informations personnelles mais ils imprimeront ton message et le transmettront à ton adresse. Je crois qu'il y a plusieurs équipes sur le coup afin d'éviter qu'on puisse connaître des informations trop intimes sur les joueurs.
— Je l'ignorais, répliqua Az. Encore une fois, merci, Fàffnîrr.
— De rien, gamin.
— Sans vouloir vous déranger, les garçons, je crois qu'il y a un problème.
L'inquiétude dans la voix de leur amie fut communicative et les deux concernés se crispèrent immédiatement. Voyant qu'elle avait capté leur attention, la jeune femme poursuivit.
— Pourquoi ai-je quatre points à répartir dans mes statistiques alors qu'on a pris un niveau ?
Abasourdis par la question, les garçons échangèrent un regard avant d'ouvrir leurs menus. Puis, un juron s'échappa de la barbe grisonnante du nain.
— Gamine, il faut vraiment que tu arrêtes de me faire peur comme ça. Nous avons pris deux niveaux donc c'est normal d'avoir quatre points à répartir.
Interloquée, la jeune femme vérifia son niveau et se sentit bête en voyant qu'elle était désormais au niveau 12. Elle se dandina un peu, gênée.
Amusé, Az lui souritpour la consoler et répartit ses points. Il avait décidé de placer ses quatrepoints en Esprit afin de mieux résister aux états qu'il subissait. Il avaitpensé qu'ainsi, il pourrait éviter une situation similaire à celle qu'il avait vécueavec le Skyarno. De son côté, Ama imita son camarade et cumula désormais vingtpoints dans cette statistique. Enfin, Fàffnîrr préféra monter son Intelligenceafin de permettre à sa Hache criarde d'appliquer plus facilement l'étatSaignement. Ils se saluèrent une dernière fois et se déconnectèrent.
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