Chapitre sixième

Ils sautèrent dans leur voiture et démarrèrent en trombe. J'étais juste derrière mais le véhicule allait me laisser sur place.

Je su alors exactement ce qu'il fallait faire.

En inspirant un grand coup, je me concentre sur mes pouvoirs tout en courant.
Visualise ton être comme un noyau magnétique et la puissance viendra en toi petit à petit...
Des fourmillements apparurent dans mes pieds et montèrent lentement dans mes jambes. On aurait dit qu'ils venaient du sol. Je les sentis passer doucement dans ma cage thoracique, le long de mes bras, avant de se concentrer dans mes mains.

Puis d'un coup, je lève la main et vise la voiture.

L'air crépita sous ma paume et une onde puissante en sortit, frappant de plein fouet le véhicule des fuyards. Ils en perdirent le contrôle, dérapèrent et s'encastrèrent dans une fourgonnette.

Le plus déterminé des deux s'extirpa peu après du tout terrain en traînant avec peine son acolyte inconscient puis prit la fuite sans tarder. Il boitait sérieusement, ce qui me permis de le rattraper et de bondir sur lui dans une ruelle.

Nous roulâmes un long moment au sol, heurtant des bens à ordures, puis il se redressa agilement et tenta de m'asséner un coup au thorax. Ses yeux brillèrent de peur sous sa cagoule lorsque son poing traversa ma poitrine et s'écrasa au sol.

Je réagis aussitôt.

Mon coude s'enfonça dans son abdomen et mon genoux dans sa mâchoire. Il tituba et j'enchaine avec un direct du droit puis lui fauche les deux jambes. Son crâne fracassa le mur et il s'écroula inerte.

Je me relève tout en le toisant de haut. Ça été presque un jeu d'enfant de le neutraliser. Pourtant je n'avais jamais appris à me battre. C'était...comme si je faisais ça tous les jours. Mon corps frémissait encore de la poussée d'adrénaline que je venais d'avoir.

Ce fut les bruits de pas qui le trahirent. Mais je me suis retourné trop tard.

Deux pieds sur ma poitrine me projetèrent violemment au sol et me coupa net la respiration. Ma tête heurta quelque chose de dur, ce qui me fit monter les larmes aux yeux. Suffocant, j'aperçus mon agresseur du coin de l'œil.

Il s'agissait de l'autre bandit, qui venait sûrement de reprendre ses esprits.

- Tu n'aurais jamais dû faire ça, me dit-il en s'approchant.

Le forçat sortit son pistolet et sourit. Un filet de sang coulait de son nez. Sa voix était grave et m'étais inconnue. Je me relève tant bien que mal, des étoiles dansant devant mes yeux.

- tu as voulu faire le héros et pour te féliciter, je vais t'envoyer rejoindre gentiment la jolie femme au collier.

Il leva son arme...et tira.

La balle traversa mon être et ricocha sur le mur derrière moi. J'avais sentis millimètre par millimètre son passage froid dans ma chair et mon poumon gauche, séparant les fibres et fendant les tissus musculaires.

Sauf qu'elle ne causa aucun dégât.

Mon agresseur entrouvrit la bouche et devint fou : il se mit à tirer en rafale sur ma poitrine jusqu'à vider le chargeur.

Je retrouve enfin une respiration stable et fonce sur lui. Avant même qu'il puisse réagir, son bras fut entre mes mains et je m'accroupis en faisant un tour sur moi-même. Il eut un "crac" et le braqueur se mit à hurler de douleur. Un coup de coude dans le rein s'en suivit puis une béquille et je le projette sur un mur. Le malheureux tenta de me saisir à la gorge mais un uppercut tacha de l'envoyer dans les vapes.

Je baille puis m'étire de tout mon long. Pour lui aussi ça a été court. Quelques coups et le voilà allongé mal en point.

Cette maîtrise soudaine du combat ne me surpris même pas. Ça doit sûrement être un supplément du pack de pouvoirs que j'avais reçu de je ne sais d'où. Cependant j'étais conscient du fait que quelque chose avait définitivement changé en moi : je n'appréhendais plus mes pouvoirs. 

Je leur avais trouvé une utilité.

Et j'en maitrisais deux.

Sur le sol entre les deux hommes inconscients, je dessine de mon doigt les contours d'un triangle. Des traits sombres apparurent et semblèrent se mouvoir doucement dans des veloutes d'ombres.

Satisfait, je me relève et m'en vais, laissant derrière moi le résultat d'une lutte vite expédiée.

***


Les sirènes d'ambulance et les gyrophares de police résonnaient non-stop. Le bruit était plus que dérangeant.

Pourtant les fenêtres étaient fermées.

J'étais assis dans le canapé et fixai d'un regard lointain le verre de lait que je n'avais pas fini. Il faut dire que les événements m'avaient coupé l'appétit.
La nouvelle de la tragédie de ce matin tournait en boucle sur BFM TV. La chaîne d'info avait envoyé son régiment de journalistes sur les lieux peu après le drame. Ces rapaces avaient trouvé à dire, autrement dit à manger.

Apparemment le cadavre de la jeune femme se serait volatilisé, ainsi que les deux malfaiteurs. C'était comme s'il y n'y avait jamais eu de vol à l'arraché ni de meurtre. Pourtant j'étais certains que vu l'état dans lequel je les avais laissés, les braqueurs ne pouvaient simplement pas être partis.
Et un cadavre ne pouvait disparaître seul.

Le bruit d'une clé dans une serrure m'irrita et Jeanne apparut peu après dans le salon. Elle fit légèrement surprise en me voyant assis de cette manière devant un verre de lait.

-il suffit que je m'absente quelques heures pour qu'il ait un meurtre, constata-t-elle en retirant son manteau. Ça été la galère pour rentrer, j'ai dû attendre une vingtaine de minutes avant qu'ils jugent possible de me laisser passer.

Je ne répondis pas. Je la connaissais suffisamment pour savoir qu'elle s'apprêtait à m'annoncer quelque chose d'important. C'était son air absent qui la trahissait.

Elle se tut un instant, puis, hésitante, s'assit en face de moi.

-j'ai quelque chose à te dire, avoua-t-elle.

-Ça tombe bien, moi aussi.

Un silence de mort s'installa. Puis Jeanne se détendit et s'adossa dans le fauteuil.

-Commences, me dit-elle.

Je lui jette un coup d'œil puis coupe ma respiration avant de faire mine de vouloir saisir mon verre de lait.

Ma main passa au travers.

Jeanne pâlie.

-c'est de ça dont je voulais te parler dis-je, c'est de toutes ces choses étranges qui m'arrive dont je voulais te parler.

Puis je me mis à tout lui déballer. Tout depuis ce soir. Ce soir d'anniversaire ou ma vie à été bouleversée, en passant par les évènements de l'hôpital, le livre de ma mère, monsieur Cops... même mon pull fut retiré pour lui montrer le triangle noir sur ma poitrine. Cependant j'omis de lui parler du carnet mystérieux et je m'arrête à l'entrevue avec le fantôme de ma mère. Il était peu judicieux de lui parler tout se suite du passage musclé avec les deux voleurs.

Jeanne était stupéfait. Je ne savais pas que ses yeux pouvaient s'agrandirent autant.

Elle avait raison... murmura-t-elle.

-qui… avait raison ?

Mon amie pris une inspiration.

- ma tante.

Je mis ma tête entre les mains.

- elle avait raison cette fois puisqu'elle elle m'a dit que j'allais découvrir quelque chose de surhumain chez toi. Voilà ce que je voulais t'annoncer.

Je ne répondis pas. Je ne voulais pas relancer cet énième débat sur la crédibilité de sa tante.

- et elle veut te voir.

-elle peut rêver.

-elle à une information à te donner.

Je relève lentement la tête.

-quelle info ?

- je ne sais pas, pour ça tu dois aller la voir.

Elle se leva et vint se blottir dans mes bras.

-Tu aurais dû me le dire plus tôt Alex, chuchota-t-elle, je t'aurai soutenu.

Je n'avais pas encore remis mon pull. Son souffle chaud dans mon coup me fit frémir.

-et je suis désolé pour hier, je ne voulais pas...

-ce n'est pas de ta faute, coupai-je, j'aurai sûrement fait pareil à ta place.

Puis je réfléchis. Aurais-je vraiment fait pareil à sa place ? Sans doute. Surtout si toute mon énergie était aspirée de mon corps. Mais ce genre d'incident n'arrivera plus. Je savais plus ou moins maîtriser ce pouvoir à présent.

-je dois aller voir mon père.

Jeanne se redressa soudainement le regard empli d'incompréhension.

-je dois aller le voir, continuai-je, ma mère m'a affirmé que ce n'étais pas lui.

-Alex... c'est un fantôme...

- et si c'était vrai ? Et si ce n'était pas lui le meurtrier ?

-Tu étais là...tu as vu ce qui c'était passé... tu t'en est voulu pendant des années de ne pas avoir réagi...et maintenant... tu veux le voir ?

- je m'en voudrai davantage s'il est innocent et que je ne fais rien pour l'aider.

- Alex...

- juste une question, me soutiens-tu ou pas ?

Elle me fixa en silence les yeux dans les yeux un long moment.
Puis capitula. Je gagne toujours à ce jeu.

- tu sais que t'es chiant ?

- je le sais, alors ?

- bien-sûr, je te soutiendrai toujours.

Je l'attire et la serre dans mes bras.

- merci, j'ai cru un instant que tu allais dire non.

- tu ne me connais toujours pas après tout ce temps ?

Je la connaissais très bien. Mais je voulais être sûr d'une chose, que sa confiance en moi n'était pas ébranlée.

Car j'aurai besoin d'elle dans les prochains jours.

Et ça risque d'être dangereux.

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Des avis sur ce chapitre  ?
Il est vrai que je fais ces derniers temps des chapitres un peu cours, donc pour me rattraper,  je vous offre un bonus pour la prochaine partie :)

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