Chapitre dixième
~~~
Enfin nous arrivons au chapitre dixième ! Je trouve ce moment assez symbolique : pour une fois, j'ai réussi à aligner 10 chapitres d'un histoire sans abandonner ! X)
Et ça c'est grâce à vous ! Vos encouragements, vos critiques, vos votes me poussent à continuer à écrire malgré le peu de temps que j'ai! ;)
Merci à vous, merci à Wattpad et bonne lecture ;)
------------------------------------
***
------------------------------------
Je ne flottais pas dans une obscurité totale comme la dernière fois. Je me trouvais devant une porte assez familière que j'ouvris.
La pièce dans laquelle j'entrai après quelques pas me fit froid dans le dos. C'était mon ancien salon en Bretagne.
Normalement cela ne pouvait être possible, vu que la maison dans laquelle elle se trouvait avait été rasée il y a deux ans : plus personne ne voulait l'acheter étant donné qu'il y avait eu un meurtre. Mais je ne sais pas par quel miracle je m'y trouvais.
Un sourire traversa mon visage. Rien n'avais changé. Les meubles étaient au mêmes endroits. Sur ces derniers étaient alignés les statuettes ethniques rapportés lors du voyage de notre voyage en Afrique du Sud. La table non loin était recouverte de cette toile cirée couleur chocolat et le tapis devant le canapé n'était pas tâché de ce sang rouge vermeil...
- je t'attendais, fit une voix sur mon côté.
Ma mère était là, debout dans cette même robe déchiquetée au niveau de la poitrine, ce qui effaça aussitôt mon sourire et fit remonter des souvenirs lugubres...
Elle tenait une bouilloire et deux tasses. L'une d'entre-elles était la tasse préférée de mon enfance.
- veux-tu du thé ? Me proposa t-elle avec un grand sourire.
Je fis oui de la tête,troublé, incapable de dire un mot, puis partis m'installer à table. Cette dernière sentait le vernie, comme à l'époque. Sauf que cette fois l'odeur ne me dérangeait pas, j'étais heureux de la retrouver.
Ma mère me servit de l'eau chaude puis déposa quelques cuillèrent de thé en vrac dans ma tasse. Elle s'installa en face de moi.
- suis-je mort ? Demandai-je en touillant le fond du récipient. Les morts ne peuvent pas parler aux vivants mais là, nous pouvons échanger à l'oral.
Déborah porta sa tasse à ses lèvres en plongeant ses yeux dans les miens. Ses iris semblaient être plus claires et d'un bleu plus pur que de son vivant.
- tu l'es mais pas totalement, me répondit-elle entre deux gorgées. Sinon tu serais vêtu des vêtements que tu portais lors de ta mort.
Sa réponse était étrange mais je ne cherchai pas à approfondir. Je portai également ma tasse aux lèvres et bu une gorgée thé. Mes yeux clignèrent de surprise. Aucun liquide ne glissa dans ma gorge mais la saveur du thé se répandit lentement dans tout mon être de manière déconcertante.
- Comment se fait-il que nous soyons dans notre maison de Bretagne ? Demandai-je perturbé.
- tout ce que tu vois est le fruit de mon imagination, dit-elle, je t'ai en quelques sortes intégré dans mon esprit. La mort permet des choses que le vivant ne peut faire...
Elle se leva et se plaça au centre du salon.
- ta présence ici n'est pas hasardeuse, continua-t-elle. J'ai attiré ton essence dans la mienne afin de te montrer quelque chose d'important.
Elle leva sa main et l'aspect de la pièce se modifia légerment. Nos tasses disparurent et furent remplacé par des papiers recouvrant la table. Des petits objets diverses apparurent de part et d'autres au sol et derrière la fenêtre, le soleil artificiel se fondit pour laisser place à une nuit sombre et orageuse, zèbrée d'éclair.
Nous étions revenu au soir de ce terrible drame.
Je sentis mes jambes trembler et fus heureux d'être assis. Le tonnerre gronda. Deux êtres translucides se matérialisèrent dans le canapé. L'un montrait des photos d'un album à un enfant qui n'était autre que moi à l'âge de douze ans.
Ma respiration s'accéléra.
Les deux êtres ne semblaient pas remarquer notre présence. Ils étaient absorbés par les photos du dernier voyage à l'étranger. L'apparition de ma mère resplendissait de joie de vivre, ce qui contrastait avec l'expression impassible de celle présente dans la pièce avec moi.
Le tonnerre gronda bruyamment. Presque aussitôt on sonna à l'entrée.
Ma mère s'écarta pour laisser son apparition partir ouvrir la porte. Cette dernière disparut dans le hall, puis un cliquetis se fit entendre. Des voix s'y éleverènt.
Ma curiosité fut plus forte que mon anxiété et je me retrouvai debout. Doucement je m'approche de l'entrée jusqu'à distinguer au sol les ombres des deux personnes discutant.
-...déjà dit que je n'avais aucune envie de rejoindre votre organisation... cela ne m'intéresse pas, disait ma mère.
-vous n'avez pas encore saisi l'enjeu de la situation, répondit son interlocuteur d'une voix menaçante. Je crains que vous n'ayez pas vraiment le choix.
Je cligne des yeux en reconnaissant la voix de mon père, même si je m'y attendais un peu. J'espérais cependant par un miracle quelconque de m'être trompé depuis toutes ces années.
- allez-vous en et cessez de me sollicité sans arrêt.
Le bruit d'un pied bloquant une porte se refermant retentit.
- ce n'est pas si facile que ça, s'éleva à nouveau la voix de mon père. On ne refuse pas une proposition de l'Ordre sans en subir quelques conséquences...
- les conséquences que vous sous-entendez ne resteront pas impunis.
- j'ai bien peur que non.
- je ne changerai pas d'avis.
- alors c'est fini.
Ma mère hurla d'effroi. L'ombre de mon père venait de brandir quelque chose. Des pas précipités retentirent et Déborah déboula dans le salon suivit de près par mon père.
Oui, c'était bien mon père...
La suite je la connaissait. Il esquiva les objets que ma mère d'un geste de la main avait dirigé vers lui, la dit tomber puis la plaqua au sol afin de la poignarder.
Tout se figea alors.
Les apparitions de mes parents s'immobilisèrent dans leurs mouvements. Je m'aperçus sous la table, pleurant, l'expression emplie de peur et de tristesse.
-pourquoi m'avoir remontré ça, demandai-je, la voix enrouée.
-il y a des détails que tu ne pouvais pas voir ce soir là. Ce sont des détails capitaux qui pourront innocenter ton père.
Je m'acroupis près de l'homme qui s'apprêtait à poignarder l'apparition de ma mère. Ses cheveux bruns en bataille étaient reconnaissables entre mille. Sa mâchoire carré et ses yeux bruns m'étaient plus que familier. C'était bien mon père, il n'y avait pas de doutes à y avoir dessus.
- je ne vois pas ce qui pourrai l'innocenter, lançai-je, dégouté.
Ma mère soupira.
- parfois ce que l'on voit n'est pas le reflet de la réalité. Mais cette dernière peut venir à nous lorsqu'on reéxamine des détails qui nous semblent déjà connus.
Je la toise et me demandant si la mort nous rendait philosophe. Quoiqu'il en soit je perdais mon temps. C'était mon père qui l'avait tué, et à moins d'avoir pris des pastilles hallucinogènes, c'était bien lui qui je voyais devant moi. C'était son visage, ses pomettes, son nez, son regard...
Son regard ?
Quelque chose m'attira dans ses yeux. Ils étaient de la bonne couleur certes, mais cette lueur étrange de méchanceté n'avait jamais été dans ceux de mon père.
Puis un autre détail m'interloqua.
Ma mère avait discuté avec lui comme si elle ne le connaissait pas, ce qui n'aurait pas été possible si s'agissait réellement de mon père. Puis il avait cette histoire d'Ordre. Quelle était cette organisation ? Lors de ma visite en prison, mon père m'avais confié q'une organisation avait tenté de "recruter" ma mère plusieurs fois avant sa mort. S'agissait-il de cet Ordre ?
Je reporte mon attention sur le visage de l'homme penché sur ma mère. Ses yeux reflétaient l'âme de quelqu'un d'autre.
Le souffle coupé, je me relève.
- Comment est-ce possible, murmurai-je.
- nous ne sommes pas les seuls à disposer de pouvoirs, s'écria ma mère dans mon dos. Nous ne sommes pas nombreux non plus. Une poignée d'humains en ont. Certains les utilisent à bon escient, mais la plupart s'en aide pour semer le chaos.
Mon cerveau assimila avec peine cette nouvelle information. Depuis que j'avais ces pouvoirs, j'avais toujours pensé être le seul à en avoir. Ce n'est que récemment que j'avais découvert que ma mère en avait, et maintenant j'aprenais qu'il y avait d'autres humains sur terre qui en possédait. Une phrase du docteur Cops me revint à l'esprit : "J'ai toujours cru que c'était une légende, mais apparemment les gens comme toi existent vraiment".
Une haine envers l'usurpateur de l'identité de mon père monta alors peu à peu en moi. Six ans qu'un innocent croupiait en prison à cause de lui. Innocence qu'il proclamait sans que jamais personne ne lui donne de crédit...
- qui est-ce lancai-je en tremblant de colère, qui est cet enfoiré avec l'apparence de mon père ?
La pièce et les apparitions commencèrent à se dissiper soudainement.
Je fis volte-face. Ma mère également s'en allait, ses contours s'estompaient lentement.
- je ne peux en parler, dit-elle désolé,un être assassiné ne peux dévoiler qui l'a tué. Je dois te laisser. Á présent c'est à toi de résoudre cette affaire...
Des éléments de la pièce disparurent totalement laissant des zones sombres à leur emplacement. Les documents se floutèrent et les meubles se fondirent. Les statuettes semblèrent se liquifier et le plancher se disloquer.
Je quittais à nouveau la maison de mon enfance. J'en eus un pincement au cœur même si je savais que ce n'était pas réel. Mais je n'avais pas le temps se me morfondre, je devais trouver une piste et de ma mère, il restait seulement les traits du visage.
- s'il te plait, un indice, suppliai-je.
Ce qui restait de ses lèvres s'écartèrent et un son en sortit.
- ma sœur...
Puis elle disparut totalement, la pièce avec elle.
Je flottai aussi bien dans un univers laiteux que dans l'incompréhension.
Sa soeur...
Madame Loren serait-elle mêlée à son assassinat ? J'avais du mal à le croire. Mais pourquoi alors ma mère l'avait mentionné ?
Je me mis subitement à tomber dans un velouté de couleurs. La chute était vertigineuse. Sans le savoir je m'étais mis à crier, hurlant de tous mes poumons, tout en essayant de me cramponner à un quelconque objet, mais rien à faire, il n'y avait aucune prise dans ce tourbillon infernal.
Puis tout s'arrêta.
~~~
J'ouvris les yeux et dû attendre quelques secondes que ma vision s'adapte à mon environnement. J'étais dans une petite pièce ressemblant à un laboratoire. La technologie qui s'y trouvait était étonnante. Le tube de verre dans lequel je me trouvais était parsemé d'écrans, affichant des données comme ma consommation d'oxygène, mon activité neurologique ou encore mon irrigation musculaire. D'autres machines dont l'utilité m'était inconnue étaient reliées à mes doigts, ma tête et mes orteils à l'aide de câbles quasi transparent. Ces derniers se détachèrent de ma peau et disparurent aussitôt dans des conduits.
Je vis alors Jeanne, m'observant à travers le tube, le regard s'illuminant en voyant que je reprenais mes esprits. Elle glissa sa main dans une ouverture en caoutchouc et me saisit la main.
- où sommes-nous ? Demandai-je encore un peu étourdi.
- je suis heureux de te revoir aussi, me répondit-elle avec sarcasme.
Je la regardai perplexe.
- chez monsieur Cops, depuis cinq jours.
-chez monsieur Cops ?
- oui, dans son complexe souterrain. Tu n'imagines même pas à quel point il est sécurisé.
Je reste silencieux un moment. Quel complexe souterrain ? Que manigançait encore ce médecin ? Je n'avais pas oublié son projet de me disséquer.
Une question plus importante me brûlait les lèvres.
- comment avions-nous survécu à l'incendie ? Questionnai-je, quand j'avais perdu connaissance nous n'avions aucune chance de nous en sortir vivant.
Elle me regarda intensément dans les yeux comme voulant me dire quelque chose.
-je ne sais pas, répondit-elle finalement.
Jeanne retira sa main et appuya sur un bouton. Le tube de verre s'ouvrit et la banquette s'éleva. Je me redresse tant bien que mal, les muscles engourdis par une trop longue immobilisation.
J'avais pris deux balles, mais aucune blessure n'était visible. Ce pouvoir de guérison était formidable. Mais apparemment, vu l'atelle qu'elle portait à la jambe et la cuisse, Jeanne devra suivre le cursus de guérison d'une personne normal.
Elle se leva à son tour, en grimaçant.
- En fait, l'autre soir j'ai survécu uniquement grâce à toi, avoua-t-elle.
- comment ça ?
- Tu m'as maintenu en vie lorsque tu m'as pris la main. Je ne sais pas comment l'expliquer, c'était comme si tu me donnais de l'énergie. De l'énergie vitale.
Je souris. Dans mon désespoir le plus total et la crainte de la perdre, j'avais réussi à la sauver. Heureusement, car je n'aurai jamais réussi à accepter sa mort. Cependant l'expression de tristesse qui persistait sur son visage me fit comprendre qu'il y avait un "mais".
-dis-le, demandai-je.
- Tu étais très affaibli quand tu l'as fait, ton pouvoir à trop puisé dans tes ressources et t'a laissé des séquelles irréversibles.
Ce n'était pas fini. Je le sentais. Et j'avais vu juste. Sa bouche s'ouvrit à nouveau pour aligner des mots qui m'assomèrent totalement.
-si tu réutilises tes pouvoirs, tu meurs.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top