1_ La Poubelle
À jeter.
C'est ce que j'avais compris quand mon patron m'avait transféré chez un de ses "amis". Toute la ville savait qu'ils se détestent et pour cause, leurs bureaux sont dans des villes voisines et dès qu'il arrivait un nouveau scoop, leurs journalistes arrivaient toujours en même temps et se battaient comme des hyènes pour choper les infos en premier. Au final, leur deux agences étaient rivales mais il leur arrivait que parfois, ils aient besoin de l'autre alors ils essayaient de rester en bons termes. Enfin, ça ne les empêchait pas de s'envoyer des bons à rien, des déchets en recommandation en criant l'incroyable bénéfice que ce serait de récupérer cet incapable. Alors évidemment, je savais que je n'étais pas du tout le meilleur journaliste. Je m'occupais seulement d'écrire les articles sans importance ou de ceux qui n'avaient pas le temps de le faire et à chaque fois, on ne me remerciait même pas. De toute façon, je ne pouvais pas me plaindre, j'avais besoin de ce travail, sans lui, je perdrais tout, alors personne n'avait besoin de faire attention à moi, je ne pouvais pas protester...
Mais vraiment, je savais que je n'étais pas quelqu'un que les gens apprécié particulièrement mais... Je croyais être utile. Et voilà que mon boss m'annonce, tout sourire, que j'étais envoyé chez nos rivaux et ce qui voulait aussi dire que je devais déménager. Je pouvais clairement pas faire presque 2h tout les jours à pied ! Impossible !
_ Mais... Monsieur Laroms, je devrais déménager et je n'ai aucune idée où je pourrais m'installer, je-
_ Du calme, du calme, Tozier. Je connais très bien votre situation. Je sais que vous mettez une demi heure tout les jours pour venir, je sais que vous n'avez aucun moyen de vous déplacer autrement qu'à pied ou par les transports en commun et je sais qu'il vous serait difficile de trouver rapidement un logement dans la ville de Whitrane, c'est pourquoi, il fouilla dans son tiroir pour en sortir des photos d'une maison sombre et assez délabré, pas très accueillante.
_ Walter et moi avons cherché une maison dans vos moyens. Enfin pour être tout à fait exact, j'ai payé deux cinquième de la somme que vous pourrez me rendre sur une durée d'environ deux mois, c'est un petit remboursement, rassurez-vous, je vous laisse juste cette marge pour être sûr que vous n'aillez pas besoin de vous priver, un peu d'argent sera retiré petit à petit, vous ne les verrez même pas partir, il ria.
Mon boss et mon futur boss l'ont trouvé une maison dans mon budget, avec très peu rabourser... Ça me semblait étrange. Je lui demandeai de me montrer les dossiers plus détaillés prétextant une peur d'avoir une potentielle erreur même si je cherchais plus l'arnaque plutôt qu'autre chose. Je lus les documents avec attention en remarquant une chose.
_ Attendez, monsieur Laroms, vous avez acheté la maison avec une partie de mon argent en m'avance le reste, c'est bien cela ?
_ Tout à fait, cette maison avait un prix très en dessous de la norme, on a trouvé que c'était une affaire en or !
Bon, apparemment, il n'y avait rien de mal venant d'eux à première vue mais ce prix si bas cache quelque chose et j'ai le sentiment que mes deux patrons savent ce que ça cache. Je réfléchis un instant avant de dire que je devais en parler avec mon propriétaire.
En rentrant chez moi, j'appellai tout de suite Bev. Beverly Marsh était une fille que j'avais rencontré avec un groupe d'amis au collège, on avait continué de nous voir après lycée et notre relation est restée inchangée, meilleures amis pour la vie !
Elle était ma confidente, je lui parlais de tout et c'était la sagesse incarné pour moi, je lui demandais toujours conseil.
Après avoir un peu patienté, j'entendis enfin la voix de la rousse.
_ Qu'est-ce qu'il y a Rich ? T'as vu l'heure, le dit-elle d'une voix encore un peu alcoolisée.
_ Euh... Il est 17h, Bev. Tu t'es défoncé ?
_ Hein ? Ah ouais putain, je me suis couchée si tard que ça ?! Ouais, on s'est un peu déchiré avec Ben, s'était l'anniversaire de Freddy !
_ Freddy Baie Vitrée ?
_ Ouais, exactement !
Freddy était un garçon un peu coincé avec lequel on s'était lié d'amitié au lycée, on l'avait surnommé "Freddy Baie Vitrée" parce que la première fois qu'on lui avait parlé et prêté attention, c'était après qu'il est courru parce qu'il était en retard et qu'il s'était pris la baie vitrée de plein fouet. Il était tellement pressé qu'il avait oublié que c'était une vitre là. On avait tellement ri ce jour-là, on a été tout de suite était convaincu qu'on devait devenir ses potes.
Après le lycée, je l'ai plus trop vu, je savais qu'il était parti pour la médecine, mais rien d'autre.
_ Ça fait une éternité que je l'ai pas vu, il va bien ? Ça va les cours ? Tu lui diras bon anniversaire de ma part ?
_ Oh oui, il va bien, enfin j'en sais rien en vrai. La dernière fois que je l'ai vu, il dégueulait dans les chiottes.
La sagesse. Oui, je ne me suis pas trompé de mot.
_ Et pour ces études, tout va bien, il va avoir un examen dans pas longtemps, il a le traque mais c'est le meilleur, il va y arriver, t'inquiète. Je lui passerai le bonjour de ta part, promis. Sinon tu voulais un truc ?
_ Je sais pas, j'allais te demander de l'aide mais t'es pas vraiment en état...
_Attends, je demande à Ben de l'eau et je suis à toi.
J'entendis dans le fond Beverly appelait le brun avec pleins de petits surnoms mignons avant de boire son verre et de se concentrer. Je lui expliquai mes doutes et elle resta calme et réfléchit en voulant toujours connaître précisément chaque mots qu'il y avait sur chaque document, après une bonne heure à tout vérifier, elle souffla.
_ Le contrat est totalement en règle, il y a aucune embrouille. Après si t'as vraiment l'impression qu'il y a un truc qui va pas, fait des recherches sur la maison.
_ J'en ai déjà fait et à part les histoires de fantôme, la maison est habitable.
_ Attends, il y a des histoires de fantôme et toi, tu les ignores ? Le casse couille qui a passé tout son lycée pratiquement en mode gothique ne doute même un peu sur s'il y a des fantômes ou non, s'écria-t-elle comme si c'était quelque chose d'irréelle.
_ Bev, j'etais en crise d'ado, les fantômes, ça n'existe pas.
_ Très bien, alors si les fantômes n'existent pas, t'as aucune raison de refuser, appelle ton chef, m'ordonna-t-elle pour que je la laisse enfin aller se rendormir.
Je soufflai, raccrochai et suivis ses conseils. J'ai toujours suivi sa sagesse comme un chrétien suivrait les paroles de Dieu alors continuons.
Et voilà, après même pas une semaine, me voilà dans mon nouveau logement.
Une grande maison au bois sombre et aux murs un peu penchés. Elle aurait pu apparaître dans un film d'horreur. Bev avait raison, si j'étais venu il y a quelques années, je me serai émerveillé et aurait tenté d'invoquer le diable ou Marie Antoinette, un truc dans le genre. Maintenant, ça me paraissait stupide. Je trouvais mon moi adolescent totalement stupide de perdre autant de temps là-dedans mais heureusement, même si mon esprit était très pris par ça, je n'ai pas arrêté mes études et me voilà. Bon c'est vrai que c'est pas vraiment une bonne nouvelle que je sois là. Mon boss m'a jeté comme une poubelle devant la voiture de ses casse couille de voisins, mais bon, ça je devais l'oublier, j'ai une maison presque tout à moi désormais et un boulot avec lequel je vais redoubler d'effort. Je vais tellement m'améliorer que Laroms Jones va s'en mordre les doigts !
Aujourd'hui, c'était mon premier jour de boulot, ça faisait à peine deux jours que j'étais arrivé dans la maison et je venais tout juste de finir de tout ranger, enfin il restait quelques cartons mais le gros étaient fait. D'ailleurs pendant ces deux jours, j'avais eut l'impression d'être observé. J'avais ri nerveusement en la sentant persister.
_ Eh, le fantôme, si tu t'ennuies au point de me regarder faire, viens m'aider !
La sensation avait toute suite disparu, un peu après j'avais entendu des grincement à l'étage. Ok, les fantômes c'était peut être réel, mais j'avais d'autres choses à faire alors j'ai juste essayé d'oublier sa présence qui venait et repartait.
Au final, Walter Moors me traitait exactement comme son rival et en plus, tout le monde croyait que j'étais son chouchou ! À peine arrivé que des rumeurs sur mon salaire exorbitant et mes travaux faciles furent le tour de tout les bureaux. Ils avaient tous faux ! Mon salaire était toujours aussi médiocre et mes travaux étaient réellement faciles uniquement s'ils n'étaient pas nombreux et avec un temps indéfini mais c'était tout le contraire ! Je devais rendre vingt articles qu'un collègue n'avait pas pu rédiger pour le lendemain, c'est totalement fou ! Ça me donnait neuf heures pour écrit vingt articles totalement brouillon avec des sujets que je ne maîtrisais pas vraiment. Je serai obligé de faire une nuit blanche en plus de ça. Parce que oui pour m'achever, il m'avait forcé à venir à une fête de bienvenue qui m'avait fait rentrer à minuit pour commencer à neuf heures le lendemain. Heureusement, à force de lui expliquer combien c'était irréaliste, avant que je quitte la fête, il m'a laissé vingt-quatre heures de plus en me disant que je le décevais.
_ Mais qu'est-ce que j'en ai à foutre de te décevoir, criai-je allongé dans mon canapé, épuisé. Je viens tout juste d'arriver et tu me laisse 9 heures pour écrire 20 articles et pour avoir une chance d'y arriver faut que je me mette sous caféine en faisant une nuit blanche ! Mais quel connard !
Après avoir hurlé comme un dingue, je mis mes mains sur ma bouche croyant encore avoir des voisins, mais je me rappellai bien vite que cette maison était un peu à l'écart de la ville et que malgré son air délabré, ses murs étaient très bien isolé. Je soufflai de soulagement avant d'entendre un petit grincement sur le parquet puis un autre et un petit dernier semblant se dirigeaient vers moi.
J'avouais avoir totalement oublié ce fantôme. Je ne pouvais pas le voir mais je sentais son regard dès qu'il était dirigé vers moi, et dès qu'il marchait dans une pièce où le parquet grinçait, je l'entendais. Ces bruits n'étaient pas naturels, conclusion c'était bien un fantôme. Mais il me semblait plutôt inoffensif et s'il avait déjà essayé de me tuer, on ne peut pas dire qu'il était doué...
Je regardai là où il était censé être, en essayant de mon concentré, j'avais l'impression de le voir, une petite ombre transparente dont je ne pouvais pas distinguer la forme et la taille. Après avoir essayé de mieux le voir, je soupirai décidant d'abandonner et ouvrit la bouche.
_ Je t'ai fait peur ?
Aucune réponse. Est-ce qu'il pouvait ne serait-ce que parler ? Si ça trouvait, il ne voulait juste pas me parler. Qui sait ?
_ Bon, si tu comptes me fuir ou me laisser sans réponse à chaque fois que je te parle, j'arrêterai de te parler mais toi, arrêtes de me regarder, c'est désagréable.
J'attendis une réaction et après un moment, il partit vers l'étage. Je le suivi du regard, guidé par les bruits de ses pas.
Je me réinstallai plus confortement et allumai la télévision, j'avais la flemme de monter jusqu'à ma chambre et la télé, étrangement, me berçait, ça me faisait d'ailleurs bien rire. Quand j'étais enfant, je me demandais toujours comment mon père pouvait s'endormir avec celle-ci, je trouvais les adultes bizarres, compliqués et bêtes. Je pense que le petit Richard n'avait pas totalement tord mais rien ne changeait le fait que ça m'ennuyait au point de m'endormir.
Alors que je m'endormais en regardant un dessin animé stupide, j'entendis des pas venir avant d'entendre un bruit plus fort et plus rien. Je compris alors sans avoir besoin d'ouvrir inutilement mes yeux que mon colocataire imprévu s'était assis devant la télé pour la regarder.
Je souris dans mon sommeil. Mon fantôme devait sûrement être un enfant. Je commençai doucement à imaginer ce à quoi il ressemblait avant de réellement m'endormir.
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