CHAPITRE XXIII: WEST LONDON
Ps-: une relecture du chapitre précédent s'impose avant celui-ci !
Cellia se réveilla dans sa réalité en prenant une énorme inspiration.
Son cœur battait la chamade et l'air qu'elle respirait de nouveau semblait s'être raréfié dans sa chambre. Elle ne remarqua donc pas l'enchantress qui était assis sur son bureau, la devisageant d'un air étrange. Lorsqu'elle le remarqua enfin, elle sursauta, mais manquant toujours d'oxygène, Cellia força ses poumons à traiter l'air qu'elle s'obligeait à avaler. Sa ténacité n'en fit rien, elle continuait de s'étouffer. Le langage de l'oxygène qu'elle essayait d'intégrer semblait incompatible avec la machine. Malgré sa peau qui rougissait à vu d'œil, les regards tétanisés qu'elle lui adressait depuis sa position, Yseult ne bougea pas d'un centimètre. Son corps musclé à la perfection se contentait d'écraser le siège de son bureau.
Yseult scanna finalement le corps animé d'une nouvelle quinte toux en soupesant un stylo plume. Il n'aimait pas les paillettes, ces fioritures sans complément de sens que certaines filles semblaient adorer. Il le roula entre ses doigts en donnant un seul ordre au diaphragme qui comprimait outrageusement les poumons de Cellia. Elle put enfin respirer mais déjà une nouvelle forme de malaise remontait. De l'index, Yseult lui indiqua la porte des toilettes.
À moitié sonnée par son récent voyage, Cellia tituba en reprenant progressivement son souffle. Son corps dont elle ne reconnaissait pas les mouvements se dirigeait vers la salle d'eau. Sa main releva la lunette des toilettes. Sa gorge s'ouvrit progressivement par anticipation à la nausée qui l'envahissait de l'intérieur. C'était une brûlure qui contractait ses muscles abdominaux de sorte à ce que le mal remonte progressivement jusqu'à son oesophage. Aussitôt, elle vomit un liquide bilieux avant de glisser sur le sol, le visage luisant de transpiration. Elle ferma les yeux. Elle détestait l'éco que provoquait les battements de son cœur à son oreille. Elle glissa sur le carrelage froid où elle demeura allongée, le temps de convenablement reprendre son souffle. Puis, dans un effort surhumain, elle revint dans la chambre. Ty où peu importe qui il était avait des réponses que le sommeil ne pourrait pas l'en empêcher. Elle pointa le doigt dans sa direction et lui demanda la voix cassée:
— Qui es-tu ?
— Un Enchantress, spécialiste en télékinésie défensive, combative et protectrice.
Cellia sourcilla. Elle tritura distraitement l'ourlet de sa robe. Ces yeux la démangeaient. Elle se les frotta pour empêcher la vague de sommeil de l'attirer vers ses profondeurs. Elle réfléchissait, passait chaque souvenirs au peigne fin en imaginant trouver des questions pertinentes. Les mains appuyant ses genoux, elle revit l'incident de la ruelle, ce qu'elle avait fait...
— Tu n'es pas Ty, n'est-ce pas ?
Le stylo plume s'élevait toujours dans l'air, Yseult le fit rebondir une dernière fois.
— Je suis Yseult, la source de pouvoir de Ty. Je vais essayer de faire court pour que tu comprennes. La magie existes et tu es une appelée ce qui signifie que le moment venu tu devras me suivre sans discuter au risque de mettre ta petite famille en danger. Concernant Spiritha, cette autre qui te ressemble, il s'agit de ta source de pouvoir à toi.
— Pourquoi...
Yseult claqua des doigts. L'ordre fit effet immédiatement. Cellia sombra peu à peu dans un sommeil qu'il lui souhaitait réparateur.
Se rapprochant de l'endormie, Yseult la contempla en pensant à son hôte qui profitait du même genre de traitement de faveur. Ty, l'hôte qui lui refusait pourtant tout accès extérieur l'avait contraint à feinter. Aussi, pour avoir réussi à s'imposer, il allait devoir gérer le bordel qu'il avait laissé derrière lui. Jetant un dernier regard à l'innocente endormie, le double disparut derrière la fenêtre où la nuit se mêlait déjà aux dernières lueurs du jour, propageant son ombre profonde sur les bâtiments des alentours. Il s'élança dans la nuit fraîche, sa veste en cuir ouverte révélant un tee-shirt d'un blanc immaculé. À l'intersection d'une ruelle, Yseult recula dans les ténèbres, puis disparut dans un amas de lumière.
Ce dernier se rendait dans l'une des zones les plus dangereuses de la ville, West London. Quartier de brigandage humain, mais territoire du roi vampire par excellence. Ce petit coin de paradis ne lui inspirait aucun sentiment particulier. Il y avait toujours fait un tour en arrivant à prendre le contrôle de l'être qu'il alimentait. A proprement parlé, Yseult n'existait pas, il n'était qu'une essence pour le moins instable, d'où les combats incessants entre lui et son enveloppe. N'ayant ni père, ni mère, son existence n'était réduit qu'à son contenant. S'il le quittait, il disparaissait.
Des ombres dansaient sur le sol, l'air continuant de se refroidir. Le vent faisait pleurer les branches des arbres et sa mélodie emplissait la petite rue négligée où les ombres des maisons basses se projetaient contre les portes du manoir. Tepes Vladimir, dernière demeure, première vie, lut Yseult dans le bois taillé épais. Ces yeux fonctionnaient très bien dans la nuit grâce à son spirit anihilum qui commençait à s'exciter dans son dos. Le tatouage devenant de plus en plus brûlant, lui rapportait des effluves d'épice et de cannelle. Se frottant le nez, l'enchantress se détournant de la porte à reculons. Instinctivement, il shoota dans la canette vide qu'il venait à peine de repérer. La pièce de métal compressée s'enroula dans les airs avant d'aller buter contre le tronc d'un arbre, dévoilant l'ennemi qu'on lui avait annoncé. Son corps dissimulé dans une robe noire à col bateau était tendu au maximum, mais semblait résister à l'appel du sang. La tête baissée, elle resserra les doigts autour d'une peluche d'un rouge sang.
— Vous ne devriez pas être ici.
Yseult sourit en analysant la mignonne petite rousse dont les cheveux verts vibraient au contact de l'air. Sa bouche décrivait un rictus mauvais, il n'était pas le bienvenu et sa majesté le roi vampire n'était pas d'humeur joueuse.
— Pour une petite chose, tu ne manques pas de caractère.
La sorcière accusa le coup en resserrant les bras autour de sa peluche. Son regard coulait sur l'homme des envies de meurtre. Lentement, Yseult sourit en retirant l'épée de son bras. Sa main libre emprisonna le pommeau de l'arme dont le tranchant brilla dans la clarté de la lune. Souriant à tour de rôle, les deux ennemis se jaugèrent d'un air de défi pour l'un et d'un air affamé pour l'autre.
— Un accident peut bien vite arriver, murmura-t-elle à l'oreille d'Yseult sans toute fois se déplacer.
Yseult haussa un sourcil, en geste de défi. Il relâcha son arme qui flottait désormais dans les airs. Il fit une révérence à son adversaire avant de lui présenter des mains vides qu'il croisa dans son dos. Il n'allait pas dire qu'il trouvait son entreprise désagréable, c'était l'un de ces rituels préférés, affronter le roi vampire. Tous deux, malgré l'animosité qu'ils cultivaient, adoraient mettre en avant leur télépathie. Les deux êtres comptabilisaient dix victoires et dix défaites. Il n'allait donc pas se gêner pour affronter la sorcière du peuple.
La larme virevoltait, tranchait le vide par intervalles irréguliers en des mouvements vifs et rigoureux. Yseult ne lâchait pas sa sorcière du regard. Elle le voulait à genou, le nouveau regard de défi qu'elle lui opposait l'attestait. Il n'avait jamais compris le fondement de la haine des sorcières à l'égard des enchantress, elles s'étaient entretuées pour une coupe de pouvoir inexistante. Trahis par leur ambition, elle se retrouvaient deux siècles plus tard à pactiser avec les vampires. Elles leurs fabriquaient des potions contre les méfaits du soleil et ces derniers les récompensaient par leur sang qui leur garantissait la vie éternelle. Peut-être que la société des Enchantress y étaient pour quelque chose finalement, mais Yseult n'était pas coupable et se refusait le titre de bouc émissaire qu'elle semblait vouloir lui coller.
Les flèches dissimulées par les ombres des arbres terminèrent leur courses sur le sol à chaque fois que la lame fouettait l'air.
Soudainement Yseult bailla, cette première rencontre commençait à l'ennuyer. Le vent soufflait de plus en plus fort. La lune disparut pour de bon. Les fléchettes se turent mais la nouvelle obscurité emprisonna Yseult. Ce dernier ferma les yeux en récupérant son arme. De son sang, il y passa le doigt avant d'enclencher sa nouvelle attaque. Lorsqu'il enchaîna, Yseult éleva un mur de poussière avant de projeter sa lame dans le vide. Elle décrivit plusieurs arcs de cercle avant de s'immobiliser devant la gorge de sa victime. Aussitôt, un rire cristallin brisa le silence de la nuit.
— Je t'ai eu !
Souriant, Yseult baissa les yeux sur la jeune femme rousse qui le menaçait excitée. Brusquement, elle se mit à trembler et la lame qu'elle tenait vibra dans sa main avant de se briser sur le sol. La sorcière chuta, les membres contractés par une douleur intense.
— Mon sang est ton ennemi, jeune sorcière et te dédoubler m'a facilité la tâche. Tu ne comprends toujours pas, n'est-ce pas ? D'abord le sang sur mon arme, ensuite le cercle de poussière que j'ai projeté autour de moi juste pour te voir arriver. Tu n'es pas une combattante, alors ne t'improvise pas.
Faisant un signe de la tête à l'unique spectateur du lieu, Yseult fixa l'entaille qui se régénérait tout en poursuivant sa route. Ce combat n'avait pas eu le mérite de le détendre. Lorsqu'il quitta la zone obscure qui le dissimulait aux regards uniquement humains, ce dernier marcha épée en main, traversant des rues où des carcasses de bouteilles embrassaient les semelles de ses bottes.
Les créatures des environs le reconnurent à sa démarche féline. Il émanait de lui une bestialité si violente qu'elle en excitait certaines femelles perchées au dessus de leurs balcons. Yseult en fit abstraction en continuant sa route, ses bottes resonant sur l'asphalte jusqu'à la seule bouche de métro. Rejoignant l'un des sièges, Yseult offrit son plus beau sourire à la garde rapprochée du roi qui l'observait s'en aller. Quelle bande d'imbécile, pensa-t-il en décrochant son téléphone.
— Quoi ?
— Renfort, Death Hill. Magne toi.
L'appel lui arracha un sourire sincère. Enfin, l'action qu'il recherchait.
Hello ! Ici la suite de G.G. Les choses se compliquent un peu avec l'arrivée du double. Comment voyez-vous la suite ?
Bonne lecture !
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