CHAPITRE XV : J.M ET LA LUNE


Après le départ de ses amis, Cellia était retournée dans sa chambre étudier le tatouage qui était mystérieusement apparu au centre de son dos. En dépit de son origine inconnue, Cellia le trouvait assez beau et travaillé; d'un noir pétrole, il semblait brûler à l'image d'un feu de camp ou était-ce la seule à le voir s'enflammer de la sorte ? Lorsqu'une forte brise s'engouffra par la fenêtre en agitant les rideaux et causant la chute de certains éléments de son bureau, Cellia sursauta. Elle  s'approcha rapidement de la fenêtre ouverte, puis la referma en catastrophe, sans même prendre la peine de jeter un coup d'œil dehors. Elle rejoignit immédiatement son lit, et s'obligea presque à dormir. C'est alors, qu'elle finit par plonger inconsciente, dans l'un de ces cauchemars un peu trop réalistes.

Les lueurs du rève l'emmenèrent jusqu'à l'appartement d'un jeune homme svelte, blond qui travaillait en tant que l'assistant d'un richissime cadre de la place. Ces yeux, plus bleus qu'un ciel d'été, avaient été disposés dans un visage emprunt de gentillesse. J.M était ses initiales, son nom n'apparaissait que sous cette forme unique. Ce dernier vivait dans un modeste appartement avec sa mère. Elle était atteinte d'une maladie d'origine inconnue, qui allait sans doute la mener dans la tombe avant la fin de l'année. Elle se mit à tousser et bien avant l'arrivée de J.M, elle s'écroula sur le sol.

Il la rejoignit, presqu'en trombe. Il déversa immédiatement le contenu d'un tiroir, où plusieurs boîtes de médicaments pour la plupart vides s'éparpillèrent sur le sol. Malgré la panique qui essayait à tout prix de le submerger, il réussit à trouver la boîte qui contenait les pilules restantes. Il s'assit aux côtés de sa mère et lui releva la tête avec tellement de douceur que le cœur de Cellia se serra.

J.M aimait sa mère plus que tout, elle était son roc et ils avaient toujours vécus ainsi, dans une entraîde mutuelle. Elle s'occupant de lui, enchaînant les petits boulots, parce qu'elle n'avait pas pu finir ses études. Elle s'était battue pour lui et maintenant qu'il devait lui rendre la pareille, il ne le pouvait pas. Le prêt étudiant qui lui avait permis de terminer ses études devait se rembourser. Avec toutes les autres factures à payer, il ne gagnait suffisamment pas assez pour payer l'opération de sa mère.

Pourquoi sa vie était-elle aussi misérable ? Sa mère, aurait-elle eu une meilleure vie, si elle s'était résolue à l'avorter comme son père absent et inconnu le lui avait suggéré ? Sa mère n'avait-elle pas assez payé pour s'être égarée ? Pour combien de temps encore devra-t-elle endurer toutes ces souffrances ?
Dorénavant endormie dans ses bras, J.M l'emmena dans son lit. Il retourna dans sa chambre et Cellia observa mortifier, la lumière terne qui brillait dans son cœur disparaître pour faire place aux ténèbres.

— Non ! Hurla-t-elle, en passant à travers lui, en pleurant. Tu ne dois pas faire ça !

Elle avait beau le supplier mais, J.M ne pouvait ni la voir ni l'entendre. Cellia dû alors subir le spectacle affreux des ténèbres qui s'inssinuaient dans son âme. Sa mère était son point d'ancrage, il fallait qu'il brise la chaîne en la laissant partir. C'était la dernière ligne droite avant que la vie de sa vie ne prenne une nouvelle direction. Tout était lié mais, J.M ne le savait pas, il ne pourrait même pas le deviner, les ténèbres l'avaient déjà assaillis.

Le lendemain matin, J.M se leva de bonne heure. En découvrant sa mère aux fourneaux, son cœur se serra mais, il sourit.

— Maman, la gronda-t-il doucement, après l'avoir embrassé sur le front, tu sais que tu ne devrais pas faire autant d'effort.

— Assied-toi plutôt et mange, pendant que c'est encore chaud.

— Très bien, répondit J.M amusé.

Il saisit sa fourchette et commença à déjeuner sous le regard attendri de sa mère.

— Je vois que tu t'es fait beau, remarqua-t-elle, en souriant. As-tu enfin rencontré quelqu'un ?

— Aucune autre femme n'a plus d'importance que toi.

— Mais chéri, tu dois vivre ta vie et t'amuser comme le font ceux de ton âge. Je n'aime pas le fait que tu te sois couper du monde à cause de moi.

— Je te promets d'avoir une vie sociale après ton opération.

J.M but une gorgée de son jus.

— Tu devrais aussi songer à...

— Non ! La coupa brutalement J.M, en se levant. Il n'y a aucun moyen que je rencontre ce fils de pute !

J.M détestait ce qui transparaissait dans le regard de sa mère, mais il ne pouvait simplement pas se resoudre à accepter cet homme. Il ne pouvait bien se dissimuler derrière toutes les bonnes intentions du monde, il restera à jamais un inconnu qui n'aura jamais de place dans sa vie. Lorsqu'il consulta sa montre, il s'empressa d'embrasser sa mère et de se diriger vers la porte.
J.M savait d'ores et déjà qu'il n'allait plus pouvoir faire la sourde oreille aux avances de son patron tant obèse que répugnant. Il allait le laisser le compromettre pour la survie de sa mère. C'est d'un pas empressé qu'il rejoignit le bureau. Il passa quelques coups de fil et mit une capsule dans la machine à café. Au moment où son patron arriva, J.M se baissait pour ranger une pile de dossier dans l'un des tiroirs du bureau. Ce dernier ne résista pas à l'envie de lui caresser les fesses. J.M se rembrunit mais ne fit aucun commentaire. Son patron le désirait depuis tellement longtemps qu'il ne s'en cachait plus. J.M hocha la tête et le bureau se referma sur leurs deux silhouettes. Cellia avait simplement été expulsé de la pièce. Malgré ses protestations, elle n'eut pas gain de cause.

Lorsque la porte se rouvrit finalement, Cellia vit J.M. Il demeurait là, courbé sur le bureau. Les cheveux en pagaille, le regard dans le vide et son pantalon révélant quelques centimètres de la peau nue des fesses. Il s'était résolu à se prostituer. Son chèque en main, J.M fit un saut à la clinique pour régler l'indispensable à l'opération de sa mère. Malgré le mauvais film qui passait en boucle dans sa tête, il fit les courses nécessaires et rentra chez lui. Il trouva sa mère dans sa chaise longue endormie devant la télévision. J.M la contourna à pas de loup et se dirigea vers la salle de bain. Il était vitale pour lui, de retirer l'odeur de cet animal de sa peau.

                    ●

J.M essayait de la rassurer tant bien que mal, mais malgré l'âge avancé de sa mère, il savait qu'elle n'était pas dupe. Elle savait qu'il y avait des chances pour qu'elle ne ressorte pas vivante du bloc. Elle se contraint à sourire à son fils. Au bout de quelques heures, le docteur revint annoncer qu'il y avait des complications. Dans sa panique, J.M bouscula le docteur qu'il traitait d'incompétent et rejoignit sa mère en tremblant. Elle respirait difficilement mais essayait de le rassurer. Lorsque la poignée de la porte tourna, sa mère offrit un sourire radieux au nouvel arrivant. Elle l'aurait reconnue entre mille. Choqué, J.M observa sa mère essayer,  dans un effort désespéré, de joindre sa main à celle de son patron. Il lui arracha brutalement sa main et tituba jusqu'à aller se cogner la tête contre le mur. Cela ne pouvait pas être possible, cet animal ne pouvait pas être son père.

Terrorisé, il agrippa la poignée de la porte à reculons. J.M se sentait mourir, il fallait qu'il sorte de cette pièce où l'air commençait à manquer. Ces jambes étaient molles, mais cela ne l'empêcha pas de gagner la sortie, après avoir repoussé toutes les infirmières qui avaient voulu l'aider. Personne ne pouvait l'aider. Désormais, il titubait dans les rues fraîches de Londres. Il se dirigea vers l'est, marchant en mode fantôme jusqu'au petit lac.

S'écroulant dans le sable face au cours d'eau timide, J.M hurla de toutes ses forces. Ce cri perçant retentit jusqu'à l'âme de Cellia qui baissa les yeux sur ses mains. Recroquevillé sur lui-même, le jeune homme murmurait qu'il n'en pouvait plus. Il était tellement fatigué qu'il ne savait plus où diriger ses pensées. Il resta allongé là, jusqu'à ce que la nuit tombe, puis l'impensable se produisit. La seconde moitié du pendentif disparu apparut à quelques centimètres de ses jambes.

La soif de sang de la bête l'envahit après que, J.M eut refermé les doigts autour du deuxième fragment du pendentif. A cet instant précis, un agent de police se dirigea droit sur lui et J.M sourit en se relevant :

- Tout va bien monsieur ? Demanda l'agent de police, en éclairant son visage.

- Plus que bien monsieur l'agent, répondit, J.M un sourire maléfique sur les lèvres.

Note de l'auteure:
Comme promis, voici le post du samedi. Un nouveau personnage qui a en sa possession la deuxième partie du pendentif. Quelle est sa spécificité ? Surtout que pensera Cellia en se réveillant ? Tous les protagonistes sont là et vont ont été présenté. La vraie aventure va maintenant commencer après le réveil de Cellia. Ne perdez pas en vue toutes les infos que vous avez reçu jusqu'ici.

RDV mardi pour la suite. Bonne lecture !

Brindatkindacosta.

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