CHAPITRE XIV : LE TATOUAGE
Le trajet de retour se fit dans une atmosphère chaleureuse et ce, grâce à l'énergie débordante de la cadette de la famille. Cellia l'écoutait pourtant d'une oreille déconcentrée, en contemplant le paysage au-delà des vitres. Le brouillard aposait une note mystérieuse, d'un blanc compacte, il se defaisait magiquement sur leur passage et lui donna bon espoir quant à ces souvenirs. Ce flou qui subsistait dans sa mémoire malgré ces tentatives, finirait par lui révéler ces secrets. La note froide qui l'accueillit à la descente la combla d'une joie languissante, chassant ce qui restait de l'odeur aseptisée de l'hôpital. Cellia inspira à grosse goulée et passa la porte principale, nostalgique. Elle caressa le mur, sourit devant le parquet qui grinçait. Elle emprunta les marches de l'escalier et fut heureuse de constater que sa chambre était restée dans l'état dans lequel elle l'avait laissée. Son parfum trônait encore sur le lit, ainsi que les quelques vêtements devant lesquels elle avait hésités devant le miroir. Elle se dirigea finalement vers son placard, pour en ressortir un vieux coffret. Lorsqu'elle l'ouvrit, elle s'attarda sur l'une des nombreuses photographies de famille. Elle farfouilla un peu plus et retrouva les éléments qu'elle recherchait. Il s'agissait de pierres que lui avait laissées sa mère. Les fragments de rhodium et de tanzanite épousèrent parfaitement les contours de sa paume lorsqu'elle les pressa contre son cœur. Cette habitude, Cellia l'avait dévéloppée, depuis le décès prematuré de sa mère. Elle constituait une espèce de rituel qui l'aidait d'une certaine façon, à extraire son stresse, ou se procurer l'énergie dont elle avait besoin, pour poursuivre sa vie, là où elle l'avait laissée. Elle pouvait aussi essayer de ranger les souvenirs de ces dernières cent soixante huit heures dans la malle de l'oubli.
— Oh, désolé Cellia, déclara son père, soudainement gêné.
Il dévisagea le coffret pendant quelques secondes avant de reporter son attention sur sa fille.
— Tu n'as pas répondu quand j'ai frappé, alors, je me suis permis d'entrer.
— Ne t'inquiète pas papa, ce n'est rien de grave. Je rangeais quelques bricoles et j'avoue m'être un peu perdue dans mes pensées.
— Je vois. Je voulais juste te dire que Dean, Kathie et Ty venaient d'arriver.
— Super, je vais prendre une douche et je vous rejoinds, ensuite.
— Très bien, ne tarde pas trop.
— Je me dépêche, promit-elle, en esquissant un léger sourire.
— Bien.
— Papa ?
— Oui, chérie.
Le père de Cellia se retourna pour lui faire face, la main sur la poignée.
— Je t'aime.
— Moi aussi, je t'aime.
La porte se referma sur son sourire sincère et Cellia rangea la cassette à sa place initiale. Elle se déshabilla puis marcha jusqu'à la salle d'eau. Le contact de l'eau chaude sur sa peau lui fit un bien fou. Ce petit plaisir lui avait tellement manqué qu'elle ne résista pas à l'envie de reprendre une seconde douche. Au même moment, on toqua discrètement à la porte, avant que cette dernière ne s'entrouvre.
— Cellia ?
— Khatie ! Entre, ne reste pas sur le seuil.
— Jolie robe ! Commenta t-elle, après s'être assise sur le lit.
Cellia la remercia, non sans remarquer l'air maussade, qu'elle arborait.
— Comment te sens-tu ?
— Bien mieux, depuis mon retour.
Cellia croisa les bras sur sa poitrine.
— Tu me dis ce qui te tracasse ?
Khatie parut ennuyée en cherchant ses mots, elle se passa nerveusement la main dans les cheveux.
— Je crois que je suis amoureuse, dit-elle, en soupirant.
Cellia rit devant l'espèce de révélation.
— Laisse moi deviner, tu es amoureuse de Ty ?
— Non, enfin, je ne sais pas. Pour tout te dire, je crois que je les aime tout les deux.
Khatie marqua une courte pause, puis reprit.
— Ty, comment te dire, parce que je n'y comprends rien moi-même. Je te fais la version courte, Ty m'a assuré que Joshua n'était pas assez bien pour moi et je ne sais plus quoi penser.
— Attends, c'est qui ce Joshua ?
— Un mec super sympa de mon cours de français.
— J'avoue que la situation est assez délicate, reconnut Cellia en se grattant distraitement le coude. Cela dit, le plus surprenant, c'est de te voir assumer le fait d'avoir peut-être des sentiments. Où est donc passée l'incorrigible garce qui ne jurait que par la jouissance des corps consentants ?
Sa remarque lui valu un regard appuyé et un oreiller qu'elle reçu en plein visage. Cellia éclata d'un rire franc et Khatie en fut contaminer.
— Tu l'as dit.
Cellia parut réfléchir en écoutant les tumultueux éloges que Kathie semblait ne plus pouvoir contenir. Une de ces mains jouait négligemment, avec l'ourlet du tee-shirt qu'elle revêtait, lorsque le ras de marrée verbale s'imprégnait des atouts de Ty. Les traits séduisants que lui indiquait son amie lui apparaissaient désormais de manière explicite. Elle revoyait le tatouage qu'il portait fièrement sur son bras gauche, ces lèvres délicates qui ne demandaient qu'à être embrassées. Sa musculature de quaterback et les abdos qu'elle imaginait en dessous de son tee-shirt. Cellia cligna des paupières, troublée. Elle essayait de chasser ces images en s'évantant, mais déjà, des questions commençaient à graduellement se bousculer dans sa tête. Cette attirance malvenue l'intriguait, mais dans le même temps, lui donnait l'impression qu'elle et Ty avaient bien plus en commun que ce qu'elle pouvait imaginer.
— Tu m'écoutes, Cellia ?
Kathie claqua des doigts devant le visage de Cellia.
— Oui, pardon. Vas-y, poursuit, l'encouragea-t-elle, penaude.
— Eh bien, je te disais que je n'en savais rien. Ils se sont vus et tout de suite, tout est parti en vrille. Ensuite, Ty m'a embrassé avec tellement de passion que j'en ai eu le tourni. Je ne suis pas sûre de ce que je ressens et ça me rend dingue, lui confia son amie, en se rasseyant brutalement dans le lit.
— Je ne sais vraiment pas quoi te dire Kathie, répondit Cellia, compatissante. Ty est vraiment séduisant, il ne me semble pas le genre à inventer des histoires dans le but de se rendre intéressant. Quant à ce Tristan, je ne le connais pas, mais je serai ravie de discuter avec lui pour savoir ce qu'il en est.
— Tu ferais vraiment ça ?
— Naturellement, entre amies, il faut bien se serrer les coudes.
Khatie lui sourit avant de la prendre dans ces bras.
— Tu devrais passer plus de temps aux urgences. Merci.
Cellia leva les yeux au ciel.
— Très drôle. Aller, allons rejoindre les autres avant qu'ils ne viennent nous chercher.
— D'accord. Laisse-moi juste fermer ta robe. Je n'aimerais pas que mon presque petit-ami fantasme sur ta culotte en coton qui a vraiment l'air confortable.
Les deux amies éclatèrent de rire, bien avant que Cellia ne lui présente son dos. En zippant la robe, Kathie fit une remarque qui eut le mérite de presque choquer Cellia.
— Joli tatouage.
— Quel tatouage ?
— Ok, je retire ce que j'ai dit. Les séjours longues durées à l'hôpital ne te réussissent pas du tout. Observe par toi-même, évidemment, je refuse de penser que mes yeux sont en train de me jouer des tours.
Cellia suivit son conseil en allant se positionner devant le miroir. C'est alors qu'elle découvrit le symbole du tatouage dans le centre de son dos. D'un beau noir sombre, il était de forme circulaire, avec trois minuscules triangles à ses différentes extrémités. Cet espèce de soleil lui rappelait le motif du pendentif d'un collier qu'elle se souvenait avoir ramassé. Pour la première fois, Cellia s'en rendit compte, en caressant la nudité de son cou. Où était passé son collier ? Une angoisse grandissante lui étreignit la gorge et elle dut inspirer pour se calmer.
— Tout va bien, Cellia ?
Le ton de inquiet de Khatie permit à Cellia de rapidement activer le mode pilote automatique de son cerveau.
— Bien-sûr, tout va bien. Pourquoi ça n'irait pas ?
Le regard inquisiteur de Khatie angoissait Cellia, mais elle confina la panique dans ces tripes. Il fallait qu'elle trouve une justification et vite.
— Tu n'es pas obligé de m'en parler si tu ne le souhaites pas. Je peux comprendre que tu ne puisses pas tout me dire.
— Je voulais t'en parler, c'est juste que, comment te dire, ça m'était totalement sorti de la tête. Oui, voilà, je l'ai fait lors de mon dernier passage au marché de Camden.
— Je vois.
— Tu te rappelles du salon de coiffure que je t'avais recommandé ? Il se trouve que j'étais tellement dégoûtée d'avoir perdu mon collier, que j'ai décidé de vaincre ma peur des aiguilles.
— Traduction, il y'a une échoppe de tattoo, non loin de celui du coiffeur et tu y es retourné après avoir perdue ta chaîne ?
— C'est tout à fait ça. Aller, allons rejoindre les autres. Je répondrai à toutes tes questions, plus tard.
Cellia entraina Khatie de force dans les escaliers et ce, en dépit de ses nombreuses protestations. Dans la pièce à vivre, Cellia échangea des câlins et des bisous ce qui était loin d'être un phénomène habituel. L'histoire du tatouage, mêlée à la disparition de son collier l'intriguait beaucoup, mais pour l'heure, elle refusait de trop y penser. Elle s'installa en face de Dean qui occupait le canapé, aux côtés de Ty et de Khatie. Ensemble, ils se lancèrent dans une discussion sur des sujets drôles, pendant que son père continuait de s'activer en cuisine, assisté de près par le petit monstre de la maisonnée. Cela constituait le genre d'ambiance que Cellia appréciait, les soirées intimes bien que simplistes avec les personnes qui comptaient. La recette idéale pour se persuader que malgré tous les rebondissements de ces derniers jours, elle était encore une jeune fille normale. Mais la question qui demeurait était la suivante, combien de temps allait-il s'écouler avant qu'elle ne craque ?
Note de l'auteure:
Voilà ! voilà ! Pour la suite !! Mille excuses, les bugs liés à la connectivité continuent chez moi, malgré tout. Pauvre Cellia qui est de plus en plus perdue dans ce chapitre court. Comment la suite se présentera pour elle avec cette marque qui lui est familière, mais dont elle ignore tout ? Le prochain chapitre vous parlera d'une faculté spéciale des ... (mystère).
Surtout, n'hésitez pas à donner vos avis, ils comptent beaucoup pour moi. Surtout parce que c'est la première fois que j'écris de l'urban fantasy. Je ne m'éterniserai pas plus.
Bisous, Bonne Lecture et à Bientôt dans G.G.
KindaCostaBB.
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