12. Les hommes ne savent pas tout.
(TW: armes à feu, mentions de suicide et de mort)
Le temps commençait à se faire long. Le froid qui s'infiltrait progressivement dans les vêtements de Lisa l'empêchait de s'endormir complètement. Assise en tailleur contre un mur, les doigts liés devant elle, elle observait les yeux à moitié fermés chaque personnes présentes.
Red Hood à côté d'elle était appuyé contre le bâtiment, toujours debout. Les bras croisés devant son torse, il fredonnait des chansons depuis un moment.
Le calme était revenu depuis qu'Earle avait quitté la pièce, ses ordres silencieux ayant visiblement épargnés les deux. La seule question était pour combien de temps encore. Ils n'avaient aucun moyen de s'échapper, l'idée leur ayant déjà traversé l'esprit. Malgré leurs mains libérées des cordes, ils ne faisaient pas le poids à deux. Ils étaient en sous-effectifs, sans armes et ne connaissaient pas le lieu.
La femme commençait à s'assoupir lorsque des cris la firent sortir de son état d'inconscience. La porte par laquelle était sorti Earle s'ouvrit d'un coup. Trois hommes armés jusqu'aux dents entrèrent. Leurs visages étaient recouverts par une cagoule noire.
Ils ne prononcèrent pas une parole, et chaque personne qui étaient sur leur chemin se décala lorsqu'ils s'approchèrent. Ils se dirigèrent directement vers Lisa et Red Hood sans faire un arrêt. La chirurgienne se releva rapidement lorsqu'elle comprit qu'ils étaient certainement là pour eux.
Le plus grand des trois prit le bras de l'ancienne justicière et fit demi-tour, la tirant avec lui. Red Hood les regarda faire, les sourcils froncés. La scène s'était passée si rapidement qu'il ne comprenait toujours pas ce qu'il venait d'arriver. Il reprit finalement ses esprits et se redressa subitement.
-Oh ! Vous foutez quoi là ?
Il tenta de les rattraper mais se fit aussitôt rattraper par deux de leurs gardes. Il essaya de se dégager de leur prise mais la menace d'une arme à feu le fit se calmer. Ce n'était pas mort qu'il pourrait l'aider.
Lisa observa la scène tout en se faisant tirer vers la sortie.
-Vous m'emmenez où ?
Voyant que personne ne lui répondait, elle s'arrêta net et tira son bras vers l'arrière. Le soudain mouvement la fit se libérer de la prise. Les trois s'arrêtèrent net et celui qui la retenait pointa son pistolet sur elle.
Elle redressa la tête et le regarda droit dans les yeux sans sourciller. Elle ne lui montrerait pas sa peur. Toujours aussi silencieusement, il se rapprocha plus d'elle. L'arme passa sous le menton de la femme et il releva sa tête avec. Il la dominait complètement à présent.
Seulement physiquement.
-Si vous pensez pouvoir me faire peur comme ça c'est mal me connaître.
Elle releva plus haut la tête et approcha son visage du sien sans lâcher une seconde son regard. L'arme froide contre sa peau ne fit pas faiblir une seule fois sa détermination. Elle était épuisée des hommes qui lui disaient quoi faire.
-On y va, prononça-t-il en articulant chaque mot lentement.
Elle prit quelques instants avant de finalement sourire.
-On y va, confirma-t-elle.
Il l'observa plusieurs secondes encore avant de finalement baisser le pistolet. Lorsqu'il se retourna, Lisa en profita pour lâcher le souffle qu'elle retenait.
Elle se fit escorter dans les interminables couloirs par les trois hommes sans qu'aucun d'entre eux n'essaye de l'attraper encore une fois. Son regard calculateur enregistrait chaque porte, chaque virage pour le moment où elle aurait à faire le chemin inverse.
Seule cette fois.
Les anciennes habitudes revenaient peu à peu et elle mentirait si elle disait que cela lui déplaisait. Elle se sentait renaître, comme si c'était une partie d'elle-même qu'elle avait laissé lorsqu'elle avait quitté son ancienne vie.
Ils s'arrêtèrent enfin devant une porte mieux entretenue que les autres. L'un toqua à la porte, trois coups mécaniques. Il se tourna ensuite vers elle et lui fit signe de la tête. Elle tourna la poignée et entra.
Assis devant un vieux bureau en bois, Earle fixait le verre d'alcool qu'il tenait.
Il releva le regard et désigna la chaise en face de lui. Elle s'installa et attendit. Le silence fut long et le monologue qui suivit encore plus.
De ce qu'elle avait compris des rares parties qu'elle avait écouté, il la voulait de son côté, en tant qu'allié. De ce qu'elle en pensait, il était complètement idiot de croire qu'elle pourrait un jour accepter.
-Donc ?
Lisa sortit de son état de réflexion. Earle avait les bras croisés et attendait visiblement une réponse. Son verre maintenant vide était posé sur le bord du bureau. Un mouvement brusque et il tomberait.
-Je préfèrerais mourir.
Il eut un silence durant lequel l'homme fixait un point invisible au plafond. Ou bien une tâche de moisissure. La chirurgienne attendait anxieusement sa réaction, se demandant si elle n'aurait pas mieux fait de la fermer.
Le coin de ses lèvres finit par se retrousser. Si lentement que le mouvement fit remonter un frisson dans le dos de la femme.
-Si tu insistes.
Il ouvrit un tiroir et en sortit un pistolet qu'il posa au milieu du bureau, le canon dirigé vers lui. Elle lui lança un regard interrogateur.
-Quoi ?
-Oh s'il-te-plaît Lise, on sait tous les deux que je n'ai pas besoin de m'expliquer pour que tu comprennes toute seule.
Elle se bougea sur la chaise inconfortable.
-Vous voulez vraiment que je me tire une balle ?
-Oui.
Elle ne lui répondit pas. Qu'avait-il à répondre à ça ? A la place, elle croisa les bras et haussa un sourcil.
-Qu'est-ce qui vous fait croire que ce n'est pas vous que je vais tuer à la place ?
Un sourire entier prit place sur son visage. Il était réellement amusé par la situation. Un léger rire ne tarda pas à suivre également.
-Parce que je te connais et que tu n'es pas du genre à tuer. Il s'arrêta pour penser. Du moins plus maintenant.
La réaction de la femme fut immédiate. Elle s'empara de l'arme et la pointa directement sur Earle.
-Oh vraiment ?
Elle était définitivement épuisée des hommes qui lui disaient quoi faire et pensaient la connaître.
Le regard de l'homme soutint le sien et elle sentit sa volonté soudaine faiblir. Est-ce qu'elle en était vraiment capable à présent ?
Mais le sourire arrogant qu'il lui offrit lui fit réaffirmer sa prise sur l'arme. Le cran de sûreté fut enlevé et son doigt appuya.
***
Bon j'avoue c'est méga court ...
mais fallait bien que je mette un peu de suspense un jour...
bisous sur vous <3
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