10. Un stalker balafré
-LISA PARKER !
La concernée s'arrêta sur ses pas, tendue. Elle ne reconnaissait pas la voix qui venait de l'interpeller et avec les évènements récents, elle ne pouvait penser qu'au pire.
Des pas se rapprochèrent d'elle et la chirurgienne se retourna pour éviter de se faire surprendre trop tard. L'une des phrases qu'elle fut contrainte de répéter en boucle plus jeune en mémoire : avoir un ennemi de face est un inconvénient mais l'avoir de dos est un réel problème.
Elle avait décidé de sortir s'aérer l'esprit. Après près de deux semaines enfermées chez elle, à ne sortir que pour le travail où quelques courses occasionnelles, elle en avait grandement besoin. Elle s'était sentie d'humeur à parcourir les rues de San Francisco cette nuit. C'était quelque chose qu'elle faisait souvent plus jeune malgré la non-tranquillité des villes qu'elle avait auparavant habitée. Lisa trouvait pourtant ces balades nocturnes reposantes.
Avec un sourire faussement aimable, elle observa de bas en haut l'homme qui venait de prononcer son nom.
-Qui demande ?
Il haussa les épaules, les mains dans les poches de sa veste noire.
-Moi.
Le sourire qu'il arborait donnait déjà envie à Lisa de fuir ce qui allait suivre, le plus loin possible.
-Désolée, je suis supposée savoir qui est « moi » ? Si vous aviez l'amabilité de faire vite, je travaille demain.
Elle fit mine de s'en aller lorsque le silence dura trop longtemps. L'homme leva brusquement la main, lui faisant signe de s'arrêter, ce qu'elle fit non sans considérer rapidement ses options de fuite. La rue était très mal éclairée, la lumière du lampadaire était faible et semblait sur le point de s'éteindre d'un moment à l'autre. C'était définitivement le pire endroit pour discuter avec un inconnu qui connaissait votre nom.
-Mais où sont passées mes bonnes manières ! C'est juste que ça fait vraiment longtemps que je te cherche et je pense honnêtement que c'est le meilleur moment pour enfin faire ta connaissance !
Il fit quelques pas et son visage auparavant caché par les ombres de la rue se découvrit. Lisa ne le connaissait pas mais elle avait cette étrange impression de déjà-vu. Elle fronça les sourcils et pencha la tête sur le côté, chose qu'elle faisait lorsqu'elle se concentrait.
-Oh non ! On ne s'est jamais rencontré. Du moins pas officiellement. Mais j'en sais assez sur toi pour qu'on puisse passer les présentations Lise.
Elle grimaça.
-Ne m'appelez pas comme ça. Mes amis sont les seuls à le pouvoir, dit-elle en faisant un pas en arrière.
-Des amis comme Robin.
Elle secoua la tête de gauche à droite. C'était trop.
-D'accord. J'ai compris. Vous en savez beaucoup sur moi et dans le genre stalker effrayant vous êtes le meilleur. Mais j'ai mieux à faire alors salut, déclara-t-elle en reculant petit à petit.
Les yeux toujours rivés sur l'homme, elle le vit secouer la tête avant de sortir une arme de sa poche. Elle se figea instantanément.
-Laisse-moi te raconter quelque chose Lise.
Il prit une pause, observant attentivement les réactions de la femme qui s'efforçait de ne rien laisser paraitre. Il voulait parler, peut-être qu'il ne tirerait pas tout de suite.
-Il n'y a pas si longtemps, j'ai été contacté par un vieil ami. Je lui devais quelques choses, tu vois, après un coup de main qu'il m'a donné il y a quelques années.
Il sourit comme si les souvenirs le remplissaient de joie.
-Au fil de notre conversation, j'ai tout de suite compris qu'il avait quelque chose contre ton cher ami et que ce qu'il voulait le plus au monde était sa mort et que la tienne au passage ne le dérangeait pas non plus.
Il s'arrêta pour réfléchir à ce qu'il allait ensuite dire.
-Je te passe les détails, je suis plutôt pressé. Mais ce qui est sortir de cet entretien est que lorsque la petite Lise est en danger, Robin ne tarde jamais à venir.
Lisa cligna des yeux plusieurs fois, les pièces du puzzle se mettant doucement en place. Elle n'avait pas compris jusque là pourquoi elle se retrouvait embarqué dans toute cette histoire à cause d'une soi-disant conversation tard dans la nuit. Mais à présent, tout devenait plus clair. Elle n'avait pas perdu son sens de la logique comme elle le pensait, elle n'avait seulement pas accès à toutes les informations.
-Oh merde. Je vois, murmura-t-elle.
Plus la réalisation se faisait, plus un sentiment d'hilarité prenait place en elle. Elle finit par glousser.
-Tu penses vraiment qu'il va venir en courant pour me sauver ? Si c'était ton plan pour l'attirer ici, on dirait qu'il va-t'en falloir un nouveau.
-Quoi ?
-Regarde les choses en face ! La situation dure depuis quelques semaines et il n'a toujours pas pointé son cul dans le coin. Alors peut-être que c'est lui qui a envoyé cette équipe de justiciers à mes côtés mais il se ramènera certainement pas.
-Vous étiez pas censé être meilleurs amis ou je sais pas ce que Earle m'a raconté à votre propos ?
Elle haussa les épaules. Elle ne savait même pas ce qu'ils étaient à l'époque.
-Peut-être un jour, mais c'était y a très longtemps. Maintenant...
Elle ne finit pas sa phrase, préférant accueillir la sensation de nostalgie à la place. A son tour, l'homme se mit à réfléchir. Son arme était toujours pointée sur Lisa mais il ne savait plus quoi faire à présent. Si ce qu'elle disait était vrai, elle ne lui servait plus à rien mais il ne pouvait pas la laisser partir avec autant d'informations. D'un autre côté, si Earle avait raison et qu'elle fut un jour vraiment proche de Robin, elle avait probablement accès à certaines choses qui pouvaient les intéresser.
L'action ne lui allait pas, comme si ce qu'il faisait été contre nature pour lui. Son froncement de sourcil défigurait toute la partie supérieure de son visage qui n'était déjà pas accueillante à cause de la grande cicatrice qui traversait son sourcil gauche.
-Excusez-moi, on se connait ? Enfin je veux dire vous êtes sûr qu'on s'est pas déjà croisé quelque part.
Elle avait définitivement vu cette touffe de cheveux roux quelque part.
-C'est moi qui pose les questions ici ma jolie.
Encore ce surnom stupide.
Il s'avança vers elle d'un pas ce qui eut pour effet de la faire reculer d'un. Où étaient passés les justiciers lorsqu'elle avait besoin d'eux ? Ils passaient leur temps collé aux fesses de la chirurgienne mais quand elle avait réellement besoin d'aide, aucun ne se présentait.
-C'est pas grave. Je vais te tuer quand même. De toute façon j'ai rien de mieux à faire.
-Comment ça rien de mieux à faire, marmonna-t-elle.
Elle pouvait lui trouver une liste complète de chose à faire qui ne nécessitait pas de la tuer. Dans ces moments-là, avoir des pouvoirs lui seraient vraiment utile. Cela lui manquait.
Quelques secondes s'écoulèrent sans qu'aucun des deux ne fassent un geste. L'envie de se gratter l'oreille lui prit mais elle ne risquerait pas de se faire tirer dessus pour cela.
Mais s'il voulait la tuer tant que ça, pourquoi n'avait-il pas déjà appuyé sur la détente ? Sur cette pensée, elle brisa le silence pensant :
-Tu continues à pointer ce pistolet sur moi et à parler sur à quel point tu veux me tuer mais honnêtement, je commence sérieusement à en douter.
La bouche de l'homme se transforma en un rictus maladroit. Montrer ses émotions ne lui allait définitivement pas.
-C'est dommage un tel gâchis, dit-il avant de lui lancer un clin d'œil.
Décontenancée par cette action, elle réalisa trop tard qu'il avait bel et bien appuyé sur la gâchette. Elle n'eut pas le temps de réagir qu'elle se senti partir sur le côté. Elle retint un cri lorsque son bras percuta violemment un mur.
Les yeux toujours fermés par reflexe, elle serrait la mâchoire pour s'empêcher de pleurer. L'agitation qu'elle sentait à ses côtés ne réussit pas à la convaincre de jeter un coup d'œil à ce qu'il se passait.
Sa tête lui faisait affreusement mal et toujours recroquevillée contre les briques froides, elle retint un sanglot. Elle sentait un liquide chaud couler le long de son visage, du côté qui avait heurté le mur.
En serrant du mieux qu'elle le pouvait son bras blessé contre elle, elle se remit sur pied péniblement. Les larmes brouillaient sa vue et une goutte de sang tomba dans sa pupille, la lui brulant au passage.
Un œil fermé, elle découvrit Red Hood et l'homme roux corps contre corps. Elle n'arrivait pas à distinguer correctement qui était qui et lorsqu'une détonation retentit, Lisa sursauta violemment. Tout son corps était tendu.
Elle ouvrit grand son œil devant la scène qui se déroulait devant elle. Le justicier ne se trouvait pas en bonne posture. Il avait réussi à dévier de justesse le pistolet de son assaillant et le repoussait toujours fermement de ses deux mains. Le dos contre le sol, il n'avait que très peu d'options et finit par prendre le risque de lâcher l'arme pour asséner un violent coup de poing au visage du balafré.
Le bruit de craquement d'os fendit l'air et parvint jusqu'aux oreilles de la chirurgienne qui se trouvait pourtant à quelques mètres. Red Hood envoya l'homme plus loin d'un coup de pied et se releva avec peine pour reprendre sa respiration. Il n'avait pas eu affaire à un adversaire de sa carrure depuis un moment.
Lisa s'était approchée de l'homme chargé de sa sécurité, pensant qu'il avait peut-être besoin de son aide. Les mains sur les genoux, l'anti-héros gardait un œil sur son ennemi qui regardait maintenant le duo d'un air meurtrier. Ce-dernier amena sa main à sa mâchoire complètement de côté avant de la remettre en place d'un coup sec.
Son action reçu un mouvement de recul de la part de Lisa et de Red Hood. Un bras sur les épaules de la femme, le justicier la fit reculer.
-Il a même pas grimacé, chuchota-t-elle, les yeux toujours rivés sur le roux.
-Ouais j'ai vu ça.
Ils continuèrent de s'éloigner doucement. Un grognement sortit de la bouche du balafré. Et sans échanger une seule parole, le duo se tourna en même temps pour fuir.
La sortie de la rue paraissait être à des kilomètres. Lisa pensait qu'ils allaient enfin pouvoir sortir de cet endroit lorsque les phares d'une voiture les éblouirent.
La chirurgienne se stoppa si brusquement que Red Hood qui était derrière elle se cogna contre son dos durement. Il souffla, s'apprêtant à protester contre Lisa lorsqu'il se rendit compte de la même chose qu'elle.
Ils étaient bloqués.
Ils ne pouvaient plus fuir par l'arrière et devant eux, des hommes armés jusqu'aux dents venaient de sortir des deux voitures qui leurs barraient le chemin.
-T'aurais pu me prévenir qu'il avait appelé des renforts, chuchota Red Hood en se penchant vers Lisa.
Son bras était toujours enroulé autour des épaules de la femme, d'une façon protectrice. Elle se pencha à son tour, le regard sur l'agitation en face.
-Parce que tu penses que j'ai remarqué avec une arme pointée sur moi ? Et je rêve où c'est moi qui me fais engueuler alors que c'est clairement ta faute. Je peux savoir ce qui t'a pris si longtemps ? Vous êtes pas censé veiller à ma protection ? demanda-t-elle en faisant un pas prudent sur le côté.
Leur seul moyen d'échappatoire sans se battre était à présent de fuir par les toits. Par chance, une vielle voiture taguée trainait par là et ils n'auraient pas besoin de beaucoup de temps et d'effort pour réussir à grimper. Enfin... pour l'homme.
-J'étais... euh... occupé, déclara-t-il en repensant à sa dispute avec Red Robin sur l'élection du meilleur fast food.
Un éclat de voix plus puissant que les autres les fit s'immobiliser avant qu'ils ne partent en courant.
***
jme disais, si j'ai le temps je pourrais publier un chapitre par jour pendant les vacances et peut-être finir l'histoire...
après je dis ça mais j'aurais peut-être la flemme
bisous sur vous <3
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