𝟼𝟶. 𝙱𝚒𝚎𝚗𝚟𝚎𝚗𝚞𝚎 𝚎𝚗 𝚎𝚗𝚏𝚎𝚛.
Bonsoir, ça-va ? 🕰
(𝖣𝖾́𝗆𝖺𝗋𝗋𝖾𝗓 𝗅𝖺 𝗏𝗂𝖽𝖾𝗈 𝗉𝗈𝗎𝗋 𝗏𝗈𝗎𝗌 𝗉𝗅𝗈𝗇𝗀𝖾𝗓 𝖽𝖺𝗇𝗌 𝗅'𝖺𝗆𝖻𝗂𝖺𝗇𝖼𝖾)
Résumé du chapitre précédent : Cassie s'est réconciliée avec Lalita et Nelly, et à tenter de réparer les pots cassés avec Cherry, mais il s'avérait que c'était en fait sa sœur jumelle, Diane. Animée par un sentiment de rejet depuis des années, elle bascule dans la violence et poignarde Cassie. Par la suite, elle et Dani les prennent en otage. Dani avoue être obsédé par Cassie depuis des années et attendait patiemment ce moment. Pendant ce temps, Callahan, Neo et Seiji infiltrent l'appartement de Dani, ils découvrent son obsession mais Callahan reçoit un appel de son père et de l'hôpital où est sa mère.
"Maintenant, je sais ce qu'est un fantôme. Une affaire non résolue, voilà tout."
Salman Rushdie
𝙰𝙲𝚃 𝟿.
👒 𝙹𝚄𝙸𝙽 / 𝙹𝚄𝙸𝙻𝙻𝙴𝚃.
𝟨𝟢. 𝖡𝗂𝖾𝗇𝗏𝖾𝗇𝗎𝖾 𝖾𝗇 𝖾𝗇𝖿𝖾𝗋.
Quelques minutes avant que Diane arrive chez Nelly.
Ghost.
Je prends tellement de temps à revenir sur terre, que le numéro de l'hôpital disparaît de mon écran.
Je préfère encore croire que c'est un mirage.
Ouais... ça doit être encore une crise.
Je relève rapidement la tête vers la chevelure cerise et ébouriffée de Cherry qui lui colle au visage.
Sa respiration est haletante, son teint blafard et je sens bien qu'elle est à bout de souffle. Rien qu'à ses gémissements je comprends vite qu'elle est en train d'accoucher à l'instant. En regardant son ensemble de pyjamas, un top rouge qui laisse entrevoir son ventre arrondit, et un shorty de la même couleur, je comprends qu'on l'a sorti précipitamment de son lit.
— Cal, putain !
Je reviens brutalement sur terre en entendant la voix de Seiji. Accroupi près de Cherry, il s'empresse de défaire les liens qui la relient au radiateur. Neo l'assite en défaisant les liens autour de ses chevilles. Cherry pousse un cri étouffé, son corps se crispe sous une contraction qui m'a fait de faire extrêmement mal.
— Elle va pas tenir longtemps ! siffle Neo en jetant un regard vers moi.
— On l'emmène ! j'ordonne avant de m'adresser à Cherry. Tu sais c'est où ça ?
Je désigne d'un geste rapide les caméras de surveillance. Elle halète, secouée par la douleur, et je vois son regard glisser un instant dans le vide avant de revenir vers moi.
— C-chez Nelly... articule-t-elle péniblement.
— On dégage d'ici !
— Attends trente secondes qu'on la détache, ce fumier sait y faire avec les nœuds ! me lance Seiji tandis que je déverrouille mon téléphone.
Cherry, plié en deux par la douleur de ses contractions, gémie entre ses lèvres.
— Je-je suis en train d'accoucher... Il faut que v-vous m'emmeniez vite à l'hôpital...
Des regards paniqués s'échangent entre Seiji, Neo et moi. Seiji arrive à bout d'un lien avec son kunai, et la libère finalement de ses liens, Cherry reprends avec une douleur dans sa voix :
— C'est ma sœur... tout... c'était elle...
Je fixe Cherry et la grimace de peine qui déforme ses traits. J'essaie de digérer rapidement les informations qu'elle me donne, tout me paraît mille fois plus compliqué. Seiji et Neo la soutiennent et je commence doucement à rassembler les morceaux.
Diane a pu entrer chez Cassie sans éveiller les soupçons. Elle avait accès à un tas d'informations sur elle, des détails, des secrets ?
Je peux sentir mon pouls tambouriner dans mes tempes, et mon estomac se serrer, et je me demande à quel point Diane est-elle impliquée dans tout ça ? À quel point elle est dangereuse ?
— Elle s'est grimée en moi... avec un faux ventre, m'explique-t-elle en se laissant porter par Seiji.
Diane avait planifié ça depuis le début. Ça fait même peut-être quatre ans qu'elle attend ce moment.
Et si elles sont toutes chez Nelly, et Cherry est ici... Diane est là-bas.
Avec le psychopathe qui a agencé cette pièce rouge.
Je me tourne vers les caméras, et constate que les filles se lèvent. J'ai l'impression que mon cœur va sortir de ma poitrine, en constatant qu'elles accueillent ce qu'elles pensent être « Cherry ». Et effectivement, les images me montrent son ventre faussement gonflé qui ne doit être qu'une vaste blague, et voir Cassie tenter de parler avec elle me donne des putain de frissons froids.
Ma gorge se serre à m'en étouffer. La panique monte en moi plus écrasante que jamais. Mon instinct me crie que la situation est bien plus grave que prévu. Je ne peux pas rester ici, on doit bouger. Maintenant !
— Il faut... Il faut que vous alliez arrêter cette... folle... articule Cherry.
— Écoute ma beauté, chuchote Neo en nous sortant de cette salle. Je pense que tu devrais peut-être te concentrer sur tes contractions pour le moment ?
— T'es bien mignon toi... mais je... agh... je donne juste des informations... il faut que vous alliez les chercher... vite.
Je jette un dernier coup d'œil vers les caméras de surveillances avant de commencer à sortir de cette putain de pièce rouge qui me donne des frissons. En marchant, j'arrache nerveusement une ligne de photos de Cassie suspendues.
Nous traversons l'appartement et il ne nous faut pas beaucoup de temps pour que nous nous retrouvions dans les escaliers de l'immeuble. Cherry pousse des cris de plus en plus perçants, et j'ai l'impression qu'elle va expulser son gosse à tout moment. Seiji la tiens comme il peut entre ses bras Neo nous ouvre la voie.
On atteint enfin le hall, je prends une profonde inspiration, et mes doigts tremblent presque alors que je compose de nouveau le numéro de mon père, la tonalité résonne dans ma tête, l'angoisse me ronge les os.
— Vous l'emmenez à l'hôpital, je balance en me tournant vers Seiji et Neo. Je vais chez Nelly. Appelez Wayne, dites-lui de rappliquer ici, et vous me rejoignez au plus vite !
Je redoute le pire en entendant la sonnerie de mon téléphone vibrer dans mes oreilles. Je pousse la porte d'entrée de l'immeuble et nous sortons en catastrophe. Les gémissements de Cherry résonnent dans la nuit, alors que nous courrons vers nos voitures que nous avons garées dans le parking désert d'à côté.
Messagerie.
Mon cœur rate un battement.
Bab, (papa) réponds putain !
Je mords l'intérieur de ma bouche, et rapidement, nous arrivons à nos voitures, et je me glisse rapidement dans la mienne tandis que Seiji installe Cherry à l'arrière et que Neo se place derrière son volant en catastrophe.
Je rappelle encore mon père, et démarre en même temps que Neo. Nos voitures crissent sur le sol et nous sortons simultanément du parking. Je vois la BMW de Neo fuser dans la nuit.
— Djali im. (Mon fils)
Mon souffle se coupe presque en entendant la voix de mon père résonner à travers le combiné. Elle ne m'a jamais semblé aussi lourde. Mes palpitations cardiaques ne m'annoncent rien de bon au point où j'ai déjà mal au cœur. J'enchaîne en me faufilant dans les rues désertes :
— Bab ? (Papa) Qu'est-ce qu'il se passe ?
— Ta mère est en train de mourir, Cal.
Je freine brusquement, mes pneus crissent violemment contre le bitume et mon propre corps est retenu fermement contre mon siège par ma ceinture de sécurité face à la brutalité du freinage.
Je reste à l'arrêt au beau milieu d'une rue sans passant, sans voiture. Ma respiration est hachée.
Non...
À quelques mètres devant moi, une vieille laverie abandonnée me fait face. Les néons de sa façade grésillent. Une des lettres est tombée et laisse un espace vide. Les fenêtres sont sales et poussiéreuses, et les affiches fanées sont collées dessus depuis si longtemps que les promotions datent d'il y a plusieurs années.
La porte est entrouverte et elle claque doucement à cause de la brise légère.
Non.
Chaque claquement résonne avec le vide qui résonne dans mon cœur.
Non.
Je savais que ce jour viendrait.
Non.
Et pourtant en entendant ses mots je réalise que je n'y étais toujours pas préparé.
Non, pas toi maman. Pas maintenant.
Je ne suis pas prêt.
Je ne le serais jamais...
Le cuir du volant colle à mes paumes moites et je tire doucement mon masque sur mon visage... Aucun son ne s'échappe de mes lèvres.
Ta mère est en train de mourir, Cal.
C'est mon âme que je sens mourir de l'intérieur. Elle me hurle toute sa douleur et une partie de moi se décompose ici.
— Peu importe où tu es, c'est son dernier jour. Ce sont ces dernières heures... Il faut que tu viennes lui dire au revoir, tu n'auras pas d'autres occasions...
Sa voix brisée de chagrin et d'horreur face à la suite des événements déchire quelque chose en moi.
Le silence qui plane entre nous est terrifiant, déchirant. Mon regard est fixé devant moi, sur cette foutue laverie abandonnée.
Son monde s'effondre. Le mien aussi.
Mais elle a besoin de moi...
✤
Cassie.
Je frissonne face à la douleur qui m'irradie le vendre. Je revis la scène en boucle, le regard froid de Diane et sa main qui s'enfonce dans mon ventre. J'ai un haut-le-cœur à chaque fois que je la revois, sa lame, son regard tordu.
On m'a vraiment poignardé... ?
Diane m'a poignardé.
Diane m'a poignardé.
Diane. M'a. Poignardée.
En la fixant, son arme est toujours pointée sur nous. Je ne sais même pas si je dois rester dans l'horreur et la confusion ou le choc pur. Mon cerveau refuse de comprendre. Mais elle me terrifie.
Lalita, à genoux près de moi, lance des regards dégoûtés à Dani qui est accroupi près de nous. Il a l'air si calme, presque amusé par tout ce chaos. Quant à Nelly, je remarque qu'elle scrute avec minutie son salon, sûrement pour trouver quelque chose pour s'extirper de cet enfer.
— Tu ne te souviens vraiment pas de moi ?
La voix rauque de Dani me parvient comme si j'étais au beau milieu d'un brouillard, j'ai l'impression de l'entendre de loin, et je dois me concentrer pour comprendre tout ce qui se passe autour de moi. Je transpire, mon corps est engourdi et il me demande juste pour le moment d'encaisser le poignard qui me tord le ventre.
Me souvenir de quoi exactement ?
— Juste avant que ton papa ne décède, continue-t-il. Tu ne te rappelles pas être venue à Rendi Holdings ?
Je me fige.
Mon père... ?
Comment est-ce qu'il sait ça ?
Mes doigts se crispent sur le sol.
Pitié, laissez-moi partir d'ici !
— Laissez-nous l'emmener à l'hôpital ! s'écrit Lalita entre les dents.
— Toi tu la fermes.
L'ordre de Dani jette un silence froid dans la pièce. Lalita me regarde avec pitié, et la pression qu'elle maintien sur ma plaie est peut-être la seule chose qui me maintient éveillée. Je guette Diane en redoutant le pire, j'ai l'impression qu'elle attend la moindre excuse pour tirer sur nous.
— C'est ce jour-là que je t'ai vu pour la première fois, continue-t-il en me souriant. Et... tu pourras constater que je ne t'ai jamais oublié après cette journée.
Hein... ? Comment ça peut être possible ? Je n'ai aucun souvenir de lui, d'avoir déjà mis les pieds là-bas.
C'est juste un putain de cauchemar.
Je suis tellement choquée que je ne parviens pas à réagir logiquement, je suis dans une sorte de transe qui me cloue au sol et qui fait monter en moi une panique sourde.
J'essaye de comprendre comment cet homme peut m'associer à ce nom : Rendi Holdings. Tout ce que je sais de cette firme, c'est qu'elle appartient à la famille de Callahan. Je ne vois pas comment mon père pourrait avoir un lien avec eux de près ou de loin.
— Je vais essayer de te rafraîchir la mémoire, Cassie... Mon véritable nom, c'est Silas Daniel Caine. Dani n'a jamais existé, et ça fait bien huit ans que j'aie envie de te connaître... ou te tuer ? Je n'en suis pas encore sûr.
Le sourire qu'il lâche par la suite me paralyse. On aurait dit que je suis la réponse à ses prières délirantes, et que ce moment le fait jubiler.
Mon hoquet accentue ma douleur que j'ai dans le corps. J'arrive à peine à respirer correctement. Lalita respire bruyamment à côté de moi, elle essaye de murmurer quelque chose, mais je ne l'entends pas bien. Et Nelly fixe Dani, mais même elle n'ose bouger.
— Ce n'est pas parce que je n'en avais pas envie de te faire attendre aussi longtemps avant qu'on se rencontre, crois-moi. Mais ma famille avait... d'autres projets pour moi, et je ne pouvais pas me permettre de tout gâcher en me précipitant, tu comprends ?
Il parle comme si j'avais attendu son retour durant quatre ans... Et que ces années de harcèlement étaient quelque chose que j'ai voulu et désiré.
— Dès que je t'ai vue, tout s'est aligné dans ma tête. Tu étais parfaite. Parfaite pour moi. Et c'était évident que tu le sais aussi, même si tu ne vas pas l'admettre, je sais que tu le penses aussi. Alors, te voir t'enticher de mon cousin... putain, tu ne peux pas savoir combien de fois j'ai eu envie de vous faire exploser tous les deux.
Non.
Mon cœur bat si fort que ma poitrine me fait mal.
Silas est le cousin de Callahan ?
Est-ce que Callahan savait quelque chose ?
Est-ce qu'il a pu avoir un doute en nous voyant tous les deux la première fois que je suis venue chez lui ?
Je sens les regards de Lalita et Nelly sur moi. Elles ne bougent pas, mais leurs expressions en disent long. Silas n'est pas juste dangereux. Il est malade. Gravement. Ce type s'est construit un véritable délire autour de moi. J'ai juste envie de vomir et fuir si loin qu'il ne pourrait plus jamais mettre la main sur moi.
Mais tout d'un coup, il se met à rire. Le genre de rire qui me donne des frissons froids, et il pose sa main sur mon tibia. Je me raidis instantanément. Ce contact me dégoûte au plus haut point je reculer, mais je suis incapable de bouger, clouée par la douleur dans mon ventre et l'horreur qui m'enserre la poitrine.
— Alors, maintenant tu te souviens du jour où on s'est vus pour la première fois, rassure-moi ? ajoute-t-il sur un ton plus insistant.
J'hésite à répondre, j'ai l'impression qu'il est tellement ancré dans son délire que ma réponse pourrait changer la donne de la soirée. Mes lèvres tremblent, j'essaye de fouiller dans ma mémoire pour me souvenir de lui, mais je suis incapable de trouver quoi que ce soit.
Et avec Diane qui me transperce du regard, je suis tétanisée par la peur.
— Tu dois te tromper de personne, Dani, prononce Nelly en tentant de le convaincre. Il faut vraiment que tu nous laisses l'emmener, putain !
— C'est une horreur, c'est une horreur, répète Lalita en laissant ses yeux s'embrouiller de larmes.
En une fraction de seconde, Dani dégaine l'arme qu'il tenait entre ses mains, et le presse contre la tempe de Lalita qui gémit d'effroi en même temps que nous sursautons Nelly et moi.
— Mais vous allez fermer vos gueules toutes deux, putain ?! Je parle avec la demoiselle là, si je vous entends encore j'explose vos cervelles dans ce putain de salon de merde !
Le corps de Lalita tremble tellement que ses mains autour de mon couteau me font atrocement mal. Des larmes de douleurs m'échappent et je murmure des sons pour signaler ma souffrance, en même temps que je supplie du regard Dani... ou plutôt, Silas de baisser son arme.
J'ai l'impression qu'il comprend ma demande lorsqu'il l'abaisse doucement, et qu'il reprend d'une façon nonchalante :
— Bien, je disais donc... Cassie, je suppose que tu n'as aucune idée de qui est la famille Caine. Mon cousin n'a certainement rien dû te dire.
C'est la deuxième fois que je fais face à ce type de mise en garde. La première fois, c'était devant chez Callahan. Avec Benjamin Caine. Ce blond cendré aux yeux noisette...
Blond aux yeux noisette...
Je fronce les sourcils.
Silas et Benjamin Caine...
Ils se ressemblent...
L'air devient si lourd, que l'idée que j'ai en tête commence à me faire de plus en plus paniquer.
Est-ce qu'ils pourraient être frères ?
La peur me noue l'estomac, j'ai bien compris que leur famille avait des codes assez particuliers et j'ai l'impression que ça ne s'arrête pas qu'à une fiancée cachée dans l'ombre. Les secrets de Callahan semblent toujours se multiplier, devenir plus sombres et plus lourds à porter.
— Je... Je ne veux plus rien savoir... vous concernant, je parviens à articuler faiblement.
Dani... non, Silas, esquisse un petit sourire. Qui n'a rien de chaleureux. Son rictus me donne tout simplement envie de me cacher sous terre. Je veux juste que ce cauchemar s'arrête, que ce sang ne cesse d'inonder mon ventre, mon dos, et que je puisse fermer les yeux pour me reposer et oublier cette horreur.
— Pourtant, ça te concerne toi aussi, Bennett.
Je le fixe, et il poursuit :
— Les Caine sont une très ancienne lignée, qui contrôle bien plus de choses que tu ne peux l'imaginer.
Ces simples mots me suffisent à confirmer que le mensonge de Callahan concernant Hira n'était que la partie visible de l'iceberg.
— Je...
— Nous sommes une des mafias albanaises les plus puissantes du Royaume-Uni et de l'Albanie, me coupe-t-il froidement. Nous représentons une organisation appelée l'Ordre. Un empire, basé sur une institution stricte qui existe depuis des générations, et des générations... et des générations... Nous sommes intégrés dans les systèmes politiques, économiques, financiers. Et chaque membre de cette famille, chaque Caine, a un rôle à jouer dans ce bordel de manipulation.
Mon souffle se coupe, j'ai la sensation que le sol est en train de m'aspirer et me faire tomber dans le vide. La douleur que je ressens n'est même plus physique, c'est un niveau de dégoût qui me terrorise.
Je tente de trouver les yeux de Lalita et Nelly pour essayer d'effacer ce que je viens d'entendre. Je ne veux pas le croire. Et pourtant, la tension dans la salle atteint son comble.
Je me souviens du jour où il était venu dans ma chambre, et que je lui avais dit qu'il n'était pas dangereux.
Il m'a répondu... « t'aimerais que je le sois ».
J'ai ri.
Si seulement j'avais su qu'il était plus que sérieux...
— Callahan il-il n'est pas comme ça...
Dani ricane, Diane aussi se joint à lui en avançant de quelques pas comme pour profiter de ma descente aux enfers, tout en nous pointant toujours de son arme.
J'ai un nœud dans l'estomac, je ne peux pas y croire.
— Cassie... Cassie... Mon cousin... Callahan est un des pires. Je dirais... Hmm, attends, laisse-moi un peu réfléchir, dans mon classement... — Il commence à compter sur ses doigts — Valter, en première position, et juste après, Callahan, puis moi, je dirais. Ce type est un tueur de premières, ma jolie, et je peux t'assurer que sur ordre de mon grand-père, il pourrait couper la tête du premier venu.
Il pourrait couper la tête du premier venu.
J'ai presque envie de laisser un rire nerveux m'échapper.
Je n'y crois pas une seule seconde.
Puis je le revois tabasser Taylor.
Non... c'était pas lui, c'était... Il était... énervé... Il...
Il n'est pas...
Valter, Benjamin, Callahan...
Leur nom tournent en boucle dans ma tête.
Mafia albanaise.
Organisation appelée l'Ordre.
Intégrés dans les systèmes politiques, économiques, financiers.
Manipulation.
Est-ce que Callahan a vraiment du sang sur les mains... ?
Non, non, non, non...
Je déglutis difficilement, la panique s'installe sournoisement, encore une fois, je m'accroche aux filles en refusant de croire à ce cauchemar. Une nausée brûlante monte et me brûle la gorge, je trouve la main de Nelly et la serre comme mon dernier espoir sur terre.
— Respire, Cassie, on va te sortir de la murmure-t-elle tremblante en caressant mes cheveux.
— Callahan a grandi avec une responsabilité qu'il n'a jamais voulue. Mais une lignée comme la nôtre ne laisse rien ni personne s'échapper. Il est destiné à diriger, à maintenir l'équilibre de notre organisation, que ça lui plaise ou non.
Quand il me parlait de ses règles. Qu'il me présentait les armoiries de sa famille. Qu'il me faisait sous-entendre que son organisation n'était pas simple et qu'il ne pouvait pas tout choisir...
Les battements de mon cœur deviennent infernaux. Chaque pulsation est un rappel de ma douleur, et des mensonges et des non-dits avec lesquels il m'a couvert pendant un an...
Il savait...
Il me connaît presque mieux que moi-même... Depuis le premier jour il a toujours su comment lire en moi.
Il savait très bien comment j'allais prendre cette nouvelle.
Et c'est un des pires... ?
Je fixe le visage de Silas. J'ai presque l'impression de voir son hystérie dans son regard, et j'ai l'impression que la pièce tourne autour de moi. Nelly me serre la main, et je n'arrive pas à oublier notre dernière dispute.
Tout me paraît tellement plus clair maintenant... Il appartenait à une fichue mafia régit par des règles qui me dépassent, et c'était la raison pour laquelle il parlait toujours de risques et de mourir pour moi, de n'avoir aucun choix.
— P... Pourquoi vous me dites tout ça ? j'articule d'une voix tremblante.
— Parce que, que tu le veuilles ou non, tu es liée à nous.
— Qu'est-ce que tu... racontes... ?
— Callahan n'avait qu'une seule mission en acceptant le rôle de garde du corps. Te tuer à la première erreur de Margaret qui travaille également pour nous.
Wow.
Mon cœur rate un battement. Mes sourcils se lèvent, et Lalita, Nelly et moi échangeons des regards incrédules. Cette fois-ci, un petit rire nerveux m'échappe sans contrôle.
— Il devait... me... tuer... ? je souffle faiblement.
Et Silas hoche doucement la tête en me pointant du doigt avec cette arme qu'il tient.
— As-tu vraiment pensé une seule seconde qu'un type comme lui était entré dans ta vie pour sauver tes jolies fesses, Cassie Bennett ?
Je me sens partir.
On aurait dit que quelqu'un a enfoncé sa paume dans ma poitrine, et qu'il vient d'arracher mon cœur à mains nues.
— Ce n'est pas ton preux chevalier, c'est un tueur. Ton tueur. Si ta mère perd les élections ce soir, tu meurs, Cassie.
Je secoue la tête, des larmes brûlantes embuent ma vision.
— T-tu mens... !
J'essaye de crier mais ma voix est étranglée par mon émotion. J'ai envie de me relever, de réfuter chaque parole, chaque lettre, mais je suis clouée au sol, par cette lame qui s'enfonce dans mon ventre.
— Avoue-le, réplique Dani en se penchant légèrement vers moi comme s'il voulait me confier un secret. Tu savais déjà qu'il y avait quelque chose. Une part de toi l'a toujours su. Il n'avait rien à faire chez vous. Ta chère maman ne t'a donc jamais mis en garde contre lui ?
Si...
Maman s'est même montrée violente pour que je m'éloigne de lui...
Elle était prête à perdre les derniers liens qui nous rattachaient pour que je m'éloigne le plus possible de cet homme.
Elle m'a mis en garde un nombre incalculable de fois...
— L'é... L'écoute pas Cassie, articule difficilement Lalita en laissant ses larmes la submerger.
— Oh... murmure Silas avec un sourire macabre sur les lèvres en regardant Lalita. C'est intéressant. Mais avant d'en venir aux cas de tes petites copines, j'aimerais juste revenir sur le cas de ton père : Josh Bennett. Tu ne te souviens vraiment pas du jour où il a voulu te vendre à l'Ordre ? Que tu as reçu cette bague de promesse à tes 12 ans ? Mais quand Margaret l'a appris, elle a buté ton père avant que l'Ordre n'ait le temps de faire de toi, sa prochaine pièce maîtresse, ou sa prochaine arme.
Elle a buté ton père avant que l'Ordre n'ait le temps de faire de toi, notre prochaine pièce maîtresse.
Elle a buté ton père avant que l'Ordre n'ait le temps de faire de toi, notre prochaine pièce maîtresse
Elle a buté ton père avant que l'Ordre n'ait le temps de faire de toi, notre prochaine pièce maîtresse
Qu'est-ce que ça veut dire exactement ?
Maman n'aurait jamais pu faire de mal à papa, elle l'aimait trop pour ça.
Soudainement, d'anciens souvenirs se percutent dans mon cerveau avec une telle violence que je réalise que je les avais effectivement oubliés. Ils me tombent dessus comme des pierres qui s'écrasent sur mon âme et je revois l'après-midi, ou maman était sortie toute la journée. Et papa prenait trop de temps dans la salle de bain. J'avais fini par m'ennuyer, et alors je suis montée à l'étage.
La vague de souvenir refoulé qui m'assaille me détruit de l'intérieur.
Je me revois monter lentement les escaliers en chantonnant, puis ouvrir la porte de la salle de bain en appelant mon père adoré.
"Mon petit papa adoré."
C'est comme ça que je l'appelais tout le temps.
Mais j'entends mon hoquet de surprise en voyant le corps de mon père, allongé dans la baignoire remplie d'eau rouge.
Le visage pâle, ses grands yeux bleu-gris grands ouverts qui fixent un point invisible au plafond. J'entends mon hurlement, je me revois secouer ses épaules, supplier qu'il se réveille, sans comprendre immédiatement qu'il ne le ferait plus jamais.
En même temps que ces images me frappent, j'ai un nouveau souvenir qui me ronge. Il n'est pas clair, mais c'est un jour ensoleillé, et je me vois marcher main dans la main avec mon père.
Je vois une salle, majestueuse, elle me rappelle l'église où nous nous sommes assis avec Callahan.
Je me tiens en face d'un autel, et je m'entends réciter des paroles que je ne comprends pas.
Je me rappelle des mots... « Vie victus ». D'un homme plus âgé qui m'observe de ses yeux sombres. Il me fait peur, mais la bague de promesse que j'ai dans la main happe plus encore ma curiosité.
Ce souvenir me semble si vrai, que je réalise que Silas ne me ment probablement pas.
Ça fait huit ans, que je suis un pion dans leur échiquier.
Et que depuis tout ce temps, ma mère ne voulait qu'une chose : me protéger de cette vérité.
Je réalise que toutes ces années de cri et de larmes entre nous, c'était une distance qu'elle a créée délibérément. Parce qu'elle savait qu'un jour viendrait ou j'apprendrais cette vérité, et que j'allais la haïr, tellement fort, qu'elle a préparé son cœur à vivre sans moi.
Ou plutôt... elle a préparé mon cœur à vivre sans elle ?
Elle a payé le prix ultime, la vie de mon père, pour m'arracher à une vie de manipulation et de contrôle. Du sang sur les mains pour prendre ma place.
Un sanglot froid m'échappe.
Je ne sais pas si c'est l'excès de terreur ou l'adrénaline qui se mélangent en un bouillon toxique dans ma tête. Mais je fais une sorte de black-out. Toutes mes pensées s'emmêlent en un hurlement insoutenable, et là je comprends qu'il faut que j'agisse, que je fasse quelque chose.
On ne peut pas rester ici, c'est la mort assurée !
Sans réfléchir, ma poigne saisit le manche de ce poignard enfoncé dans mon ventre. Je la fais glisser en hurlant de douleur, mais je n'ai pas le temps d'hésiter, j'agis vite, et enfonce brutalement la lame dans la cuisse de Silas qui ne m'a pas vu venir et écarquille les yeux dans un gémissement choqué et de souffrance lui échappe.
Heureusement, Nelly réagit avec une rapidité surhumaine. Son bras se tend et il ne s'écoule même pas une seule seconde de plus, un coup de feu retentit dans l'air. C'est Diane qui tombe avec un cri et un autre coup de feu part je ne sais où. Elle plaque sa main contre sa cuisse qui se met à pisser le sang.
— Lalita, on doit sortir d'ici ! Maintenant ! crie Nelly avec un visage durci par l'angoisse.
Je sens déjà qu'on me redresse, je m'entends gémir de douleur, pendant que Silas retire la lame de sa cuisse. J'ai l'impression que je vais tomber dans les pommes à tout moment, mes oreilles sifflent, j'ai des étoiles noires devant mes yeux, mais je suis obligée de puiser dans mes forces pour ne pas les laisser tomber.
— Tu bouges pas, connard ! s'écrit Nelly en pointant son arme sur Silas.
La pièce semble tanguer, alors que Lalita me soutient :
— Tiens bon Cassie, on sort d'ici, je t'en prie, tombe pas, je t'en prie !
Alors qu'elle me fait avancer dans le salon, Diane, au sol, tente désespérément de ramper vers son arme, son visage déformé par la douleur et la rage. C'est le chaos total, et la seule chose qui nous maintient en vie, c'est que Nelly recule et récupère l'arme de Diane, tout en tenant Silas en joug, ce qui l'empêche de faire le moindre mouvement. Il est prêt à bondir sur nous. Je le sens, son poignard en main, sa langue lèche ses lèvres comme si tout ce petit spectacle l'amusait plus que prévu.
Mais Lalita ne me laisse pas ici, elle me fait parcourir le couloir. Mes jambes sont flageolantes, et la douleur me donne mal à la tête, mais je crois que j'ai encore plus peur de mourir ici, et c'est la seule chose qui me fait avancer :
— NELLY, IL FAUT QUE TU VIENNES ! hurle Lalita en s'approchant de la porte d'entrée.
Nelly nous rejoint à reculons. Lalita ouvre la porte d'entrée, nous essayons de courir dans l'allée de gravier qui nous font trébucher à de nombreuses reprises. Ma main pleine de sang sur mon ventre, je puise dans mes dernières forces en gardant le portail en vue, tétanisé par la peur, je ne sais même plus ce à quoi je pense.
Je veux juste vivre, en me sentant mourir à petit feu.
Mais soudainement, un cri perçant nous fait tourner la tête.
— NELLY ! s'écrit Lalita en s'arrêtant net.
Je me stop avec elle, en me sentant vaciller. Nelly gémit au sol avec sa main sur sa cuisse :
— Putain !
Lalita me soutient comme elle peut, en me soutenant de son bras dans mon dos pour m'aider à avancer. Chaque pas que je fais est une torture pour moi, je suis irradié de douleur dans tout mon corps, et j'ai des moments où tout devient flou, des points noirs dansent devant mes yeux.
Je sens que je ne vais pas tenir longtemps.
Nelly s'appuie contre le sol, sa cuisse est en sang, le visage crispé par la douleur. On remarque toutes les trois une lame qui scintille entre les graviers. Silas est sorti de la maison ! Et c'est lui qui vient de viser Nelly avec. Il approche de nous, en boitant, mais il avance quand même rapidement, avec ce visage qui semble déformé de détermination. Plus il avance, plus j'ai l'impression que notre sentence est inévitable.
— Allez-vous-en ! gémit Nelly, le souffle court. Je peux me débrouiller !
— On ne te laisse pas, bordel ! Lève-toi, cet Hijo de puta arrive !
Le cri paniqué de Lalita nous met toutes les trois en alerte. Nelly semble chercher quelque chose par terre, et je comprends que c'est son arme qu'elle a dû laisser glisser en tombant. Dans la nuit, on ne distingue rien, et je ne suis d'aucune utilité.
Je veux crier, bouger, faire quelque chose, mais mon corps est un poids mort. Je me tiens à peine debout. Lalita me secoue légèrement pour me tenir éveillée.
— Cassie, reste avec moi, putain !
— PARTEZ ! hurle Nelly en se redressant difficilement.
Lalita secoue frénétiquement la tête, ses yeux sont écarquillés par la panique. Sa respiration est saccadée ce qui amplifie d'autant plus ma terreur.
— Non, Nelly, non ! On y va ! ON Y VA ! supplie-t-elle désespérée, mais son regard est rivé sur Silas qui approche à grands pas.
Mais c'est trop tard, Silas est déjà là, son regard est encore plus animé par une folie malsaine que tout à l'heure. En une fraction de seconde, Silas assène un coup de pied violent dans le ventre de Nelly qui titube en arrière dans un gémissement étouffé. Lalita et moi poussons un hurlement en même temps. Je sens que je vais m'évanouir.
— NELLY ! hurle Lalita d'une voix brisée par la peur.
Mais elle ne peut pas l'aider, si me lâche, je tombe, et c'est fini pour nous toutes.
— JE VOUS AI DIT DE PARTIR ! nous ordonne Nelly en se tenant le ventre, le visage déformé par la douleur.
— Je ne te laisse pas, putain !
Je titube, mais Lalita m'agrippe fermement de son bras dans mon dos. Je tiens à peine debout en regardant Nelly se redresser avec peine lorsque Silas revient à la charge. Il lève le poing rapidement pour l'abattre violemment sur Nelly, mais, à ma grande surprise, elle bouge à une vitesse qui me cloue sur place, elle bloque son coup de poing, attrapant son poignet.
Et malgré sa douleur, elle enchaîne un coup puissant dans son abdomen qui fait grimacer Silas, et le force à reculer légèrement.
— LALITA PART AVEC CASSIE !
Lalita hésite, elle recule d'un pas ce qui me fait trébucher. J'emporte Lalita dans ma chute, mais en m'écrasant au sol dans un gémissement de souffrance, tandis, Lalita repère enfin l'arme qui a glissé plusieurs mètres de nous.
Moi je regarde le combat, subjuguée. Malgré la blessure de Nelly, elle arrive à frapper Silas dans les côtes, son genou, dans sa cuisse, elle le repousse encore. Malheureusement, il parvient à utiliser la blessure de Nelly pour enfoncer ses doigts sans sa cuisse.
Elle pousse un cri déchirant, et même si elle arrive à le repousser, Silas n'en démord pas, et en même temps qu'il réussit à attraper Nelly par les cheveux et la forcer à se mettre à genoux, j'entends la voix forte de Lalita résonner :
— Lâche-la tout de suite !
Je tourne la tête vers Lalita qui tient le pistolet dans sa main. Ses mains sont tremblantes, J'essaye de faire pression sur ma plaie sur mon ventre, mes paupières sont de plus en plus lourdes. Mes cheveux se collent à mon visage qui transpire.
Sauf que Silas a réussi à menacer Nelly en coinçant une lame sous sa gorge.
— Vas-y, petite conne. Tire, la nargue-t-il avec un sourire figé sur son visage. Et regarde ce qui arrive à ton amie avant que la balle ne me touche.
Les sanglots de Lalita me brisent le cœur, je n'arrive pas à résister à la souffrance, et mon corps s'allonge sur le dos, épuisé. J'entends un bruit métallique contre les graviers. Nous sommes trois contre lui, et pourtant, si impuissantes.
Silas se met à rire face à notre défaite, et s'amuse à taillader sa lame contre la peau de Nelly qui lui cause des petits sillions de sang :
— Décidément, votre petit groupe n'a jamais de chance, putain, la poisse que vous n'avez pas, murmure-t-il avec malice.
Lalita tombe à genou. C'est sans espoir. Je me demande où est Diane et un sanglot m'échappe, aucune d'entre nous n'avons le contrôle sur ce cauchemar.
Cette histoire ne peut que mal se finir.
— J'étais donc en train de t'expliquer comment ton putain de paternel ne s'était jamais suicidé. C'est mon père, Agon qui a fait passer son meurtre pour un suicide et en échange de la vie qu'elle avait prise, ta mère a dû rejoindre l'Ordre. C'était ça ou te perdre toi.
Sa voix m'enterre encore plus.
Je n'ai plus envie d'entendre un mot de plus, je souffre le martyre, je veux juste qu'on m'emmène à l'hôpital, et pourtant la seule chose que j'arrive à me dire c'est que ma propre mère et la famille de l'homme que j'aime est plus ou moins liée à la mort de mon père qui m'a causé toutes ces années de dégoût envers moi-même.
— Laisse-nous... tranquilles, j'articule difficilement.
— Une chose est sûre, Margaret a pris ta place. Elle a donné sa vie, sa liberté, en échange de ta sécurité. Il me semble que grâce à ça, tu es la seule Bennett à ne pas être soumise officiellement aux règles de l'Ordre. Et ça aussi, Callahan le savait depuis le début.
Mon regard se rive sur la voûte du ciel.
Est-ce un crime d'adorer la couleur de la nuit ?
Car elle me rappelle ses iris bleu foncé, que j'ai tant aimé admirer.
Je me suis plongée pendant presque un an dans ce mensonge bleu.
Et tout ça pour quoi... ?
Je ferme les yeux une seconde, en espérant naïvement que tout ça disparaisse. Que ses mots s'effacent. Que cette douleur, aussi bien physique que mentale, s'éteigne. Mais non.
Une pression insupportable écrase ma poitrine... Il ment, il doit sûrement mentir...
Mon père s'est suicidé.
Il n'y a pas d'Ordre, pas de crime, rien.
— Et... si je peux ajouter à mon petit scénario...
Il prend un ton presque plaisantin, je plonge mon regard dans celui de Silas.
À ce stade, je me sens déjà partir et je ne suis même plus sûre de continuer à vouloir me battre.
C'est qu'une question de minutes avant que je ne sombre et que je perde connaissance...
— Tes petites copines.
Il désigne Lalita et Nelly d'un mouvement de menton. Et leur expression se décompose devant moi, mon cœur rate un battement :
— Elles aussi, elles savaient que tu avais affaire à un tueur. Lalita, lui a demandé d'exécuter son oncle la pédophile, et Nelly, c'est l'espionne parfaite qui s'amuse à exécuter des criminels une fois la nuit tombée.
Je ne réponds rien.
Mon cœur s'arrête, puis reprend en cognant si violemment que chaque pulsation résonne jusque dans mon ventre.
Et mon monde autour de moi se disloque en un chaos de trahison, de mensonge, de secrets, de douleur...
Je regarde Lalita, qui baisse les yeux et évite mon regard, dévastée.
Je trouve les iris de Nelly, qui semble me supplier du regard de ne pas la condamner maintenant.
Lalita a demandé à Callahan de tuer son oncle ? Nelly est une espionne, et une tueuse ? Et Callahan savait tout...
Je le vis comme un coup de poignard dans l'âme. Je crois que je n'ai même plus assez de place pour me prendre un nouveau coup de couteau. C'était le dernier que je pouvais encaisser.
Tout ce que je pensais savoir de ma vie est en fait un tissu de mensonges soigneusement orchestré. Par Callahan, mes amies, même ma propre mère...
Je ne parviens même plus à articuler quoi que ce soit. Plus personne ne parle, et leur silence est ma réponse. Les larmes qui glissent sur mes joues me font aussi mal que ce trou dans le ventre.
J'ai donné ma virginité à ce type, alors qu'elles savaient qui il était ?
Je vois leur culpabilité, mais je cherche désespérément une explication dans leurs yeux.
Mais je suis coupée dans mes réflexions par un violent coup de feu qui tranche l'air. Nous sursautons toutes les trois.
Je vois Silas vaciller, ses yeux s'écarquillent avant qu'il ne tombe lourdement au sol, à quelques mètres de moi. Il pousse un gémissement rauque en posant sa main sur son ventre je remarque vite qu'une tache sombre s'étend rapidement sur son t-shirt.
Son sang s'infiltre entre les graviers et forme une marre.
Le silence qui s'en suit est glaçant.
Non, non, non ! Il ne peut pas partir comme ça, sans m'avoir tout expliqué !
— Nelly !
Nous tournons tous les trois la tête vers la voix masculine qui gronde derrière le portail.
Je reconnais... Wayne ? Le visage déformé par l'inquiétude. Il pousse le grillage et accourt rapidement vers nous. Mais Nelly et Lalita se précipitent vers moi. J'entends leurs voix résonner mais elles me paraissent si loin.
Mais le regard vif de Silas qui semble se noyer dans son propre sang est planté sur moi. Je sens un frisson glacial parcourir ma colonne vertébrale. Je ne respire presque plus.
— Tu penses que c'est... fini, siffle-t-il d'une voix tremblante.
Ses iris accaparent les miennes, je m'interdit de détourner le regard même si Lalita et Nelly essaye de capter mon attention, je ne vois et n'entends plus que Silas.
J'ai besoin de plus de réponses !
Pas après quatre ans d'acharnement, et après tous ces secrets !
— Non... Le cauchemar ne fait que commencer, murmure-t-il, un sourire tordu se dessinant sur son visage malgré la douleur. Faire confiance à un Caine aura conduit à ta mort, Cassie Bennett. Ton enfer commence maintenant.
Wayne arrive à notre niveau, je ne porte pas attention à l'angoisse peinte sur son visage, et j'entends à peine le son de sa voix.
C'est tout ?
Tout ce que j'obtiendrais de lui après quatre ans d'obsession ? Après tout ce qu'il vient de m'avouer ?
Ça ne peut pas être les seules explications qui pourrait m'expliquer comment mon monde s'est retourné de cette façon ?
Je sens des mains sur mon visage qu'on tente d'accaparer mon attention.
La douleur qui m'irradie prend enfin le dessus.
Mes forces m'abandonnent, mon monde s'éteint doucement, et mes paupières sont si lourdes, que le visage de Silas est la dernière chose que je vois lorsque je m'abandonne à la mort.
THE END.
𝙵𝙸𝙽 𝙰𝙲𝚃 𝟿.
👒 𝙹𝚄𝙸𝙽 / 𝙹𝚄𝙸𝙻𝙻𝙴𝚃.
✤
Bonsoir bonsoir, bonsoir ! 🎃
Ça-va ? ☕️
IT'S TIIIME TO TAKE THE TEA : ☕️, après un an de publication (presque) régulières, c'est le dernier chapitre de Ghost. Je vous laisse vous exprimer librement 😘 ! Je veux tout savoir, tout entendre...
Pour ce dernier message, j'aimerais vous remercier sincèrement. Mes kunefettes qui me lisent et me soutiennent à chaque chapitres, celles qui m'encouragent et me laissent des paroles encourageantes. Merci mille fois, à celle qui sont là depuis 5 ans, celles qui viennent d'arriver, je vous aime toutes au même niveau.
Ces derniers temps c'est très duuuur pour moi, j'ai écrit ce chapitre dans un brouillard mental, j'espère avoir réussi à retranscrire ce que je voulais retranscrire, je me bagarre pour continuer à poster et Ghost c'est vraiment ma safe place, et j'espère qu'elle restera la votre.
J'espère que vous avez aimez suivre Casbaby et Cal autant que j'ai aimé l'écrire et j'espère vous voir pour mes prochains projets.
Un dernier petit... Stardust 🍓 ?
xo, Azra. ✿
IG: azra.reed
Attendez.
Stardust ? 🕊️🌸
Peut-être que... ?
🐉...
Stay tuned.
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