𝟻𝟺. 𝙼𝚘𝚗 𝚊𝚖𝚘𝚞𝚛.

Bonsoir, ça-va ? 🕰 



(𝖣𝖾́𝗆𝖺𝗋𝗋𝖾𝗓 𝗅𝖺 𝗏𝗂𝖽𝖾𝗈 𝗉𝗈𝗎𝗋 𝗏𝗈𝗎𝗌 𝗉𝗅𝗈𝗇𝗀𝖾𝗓 𝖽𝖺𝗇𝗌 𝗅'𝖺𝗆𝖻𝗂𝖺𝗇𝖼𝖾)




"Et pourtant, même confronté à l'horreur, il y a toujours pire."
Thomas Hardy




𝙰𝙲𝚃 𝟾.

🌻 𝙰𝚟𝚛𝚒𝚕 / 𝙼𝚊𝚒.




𝟧𝟦. 𝖬𝗈𝗇 𝖺𝗆𝗈𝗎𝗋.




Cassie.




J'ouvre brusquement les yeux, tirée par le réveil abrupt de Callahan. Simultanément, nous nous redressons sur mon lit. Mon cœur tambourine brutalement dans ma poitrine. Complètement désorientée, j'essaye de l'apercevoir à travers les ombres de ma chambre.

Pendant une fraction de seconde, il m'a l'air complètement perdu. Je sens sa paume se poser sur mon épaule, et il me murmure d'une voix enrouée par le sommeil :

— Më fal... rendort-toi, zemër.

Le silence est étouffé par la vibration de son téléphone à travers son jean qu'il a laissé au pied de mon lit. Sa main me quitte alors qu'il se penche pour récupérer son vêtement.

— Callahan ? je murmure, la voix un peu rauque.

Il allait parler, mais son téléphone continue de vibrer. Il fouille dans la poche de son pantalon et je l'observe spectatrice, en me demandant qui peut l'appeler à une heure pareille. Quand il récupère enfin son téléphone, la lumière de l'appareil l'aveugle, et il plisse les yeux en fronçant les sourcils.

Très vite il décroche et prononce :

— Qu'est-ce que tu veux, Benjamin ?

Rien qu'à son intonation, je comprends vite que ça ne lui fait pas plaisir de répondre à ce Benjamin. Je continue de l'observer alors qu'il me tourne légèrement le dos et que j'entends le grésillement d'une voix masculine derrière le combiné.

Qui est-ce... ?

Et pourquoi il appelle Callahan à cette heure ?

— Eh, je m'en fous de ta vie. Je t'ai demandé ce que tu me voulais ? grogne Callahan en haussant légèrement le ton.

Je reste immobile, en écoutant attentivement sans vraiment comprendre.

Le silence de la chambre semble peser tout d'un coup, et le fait que l'interlocuteur commence à agacer Callahan me stresse.

Je me tourne pour regarder l'heure sur mon téléphone posé sur la table de chevet, il est presque 2 heures du matin.

Callahan se redresse d'un coup, et écarte la couverture qui le couvrait. Je sens une inquiétude me traverser sournoisement.

Non...

— Pourquoi... Non... dis-moi pourquoi ? articule-t-il en se penchant pour ramasser son jean et son t-shirt.

Sa voix est tendue, beaucoup plus sèche que d'habitude.

Mon cœur se serre légèrement en le voyant enfiler son jean.

Il ne va pas partir maintenant... ?

— Qu'est-ce qu'il se passe ? je lui demande d'une voix fluette.

— J'arrive, dégage de devant chez moi, viens au Rendi.

Callahan raccroche, et je le vois se tourner vers moi en boutonnant son jean.

Je m'assois sur lit, et mon regard s'accroche au sien. Face à mon visage peiné, je sens bien qu'il essaye de me cacher son inquiétude. Il pose ses poings sur le lit et dépose ses lèvres sur les miennes.

— Rendors-toi, murmure-t-il sur un ton apaisant.

Je sens bien qu'il essaye de me rassurer, mais le voir partir au beau milieu de la nuit est en train de me provoquer une sérieuse tristesse. Je ne voulais pas rester seule ce soir, et encore moins le voir partir dans de telles circonstances.

— Tu pars...

C'est plus une affirmation qu'une question.

Je le sens, il est déjà ailleurs, absorbé par ce coup de fil et cette urgence que je ne comprends pas.

Sa main caresse doucement mon front, mais ça ne suffit pas à effacer cette sensation désagréable qui s'insinue en moi.

— J'ai un truc urgent à gérer, dit-il doucement.

— C'était qui ?

— Mon cousin, c'est important...

Je veux lui demander plus, lui dire de rester, mais les mots restent coincés dans ma gorge. Je hoche simplement la tête, le cœur lourd.

— Cassie... je ne t'abandonne pas, me rassure-t-il avec douceur.

Il reste penché vers moi, nos regards se fixent dans un silence lourd de non-dits.

— Ne stresse pas. Je pars ce soir, mais je vais revenir. Déjà lundi je viens te chercher après tes cours, on se fera un cinéma. OK ?

Il tente de me rassurer, et je sens une lueur d'espoir se rallumer en moi.

Mon cœur s'allège un peu. Je me redresse davantage et passe mes bras autour de son cou. Il se redresse à son tour en m'emportant avec lui, un petit rire rauque et étouffé s'échappe de sa gorge alors qu'il m'enlace.

Je me blottis contre lui, ma tête s'enfouit dans son cou, et Callahan me caresse doucement le dos, en déposant parfois des baisers apaisants qui effleurent ma peau.

— Retourne dormir, zemër, murmure-t-il.

— Je t'accompagne juste en bas...

— OK.

Il me repose doucement sur le sol. Et avant de partir, Callahan n'oublie pas de faire un petit bisou à Sherlock qui était enroulé au pied du lit.

Il remet ses chaussures, prend ses clés de voiture sur mon bureau, et nous sortons de la chambre ensemble.

La maison est plongée dans l'obscurité. Ma mère n'est toujours pas rentrée.

Je serre mes bras sous ma poitrine, en tentant de contenir les frissons qui me parcourent en descendant les marches. Arrivé à la porte d'entrée, je ne peux m'empêcher de lui rappeler une dernière fois :

— Tu fais attention, hein ?

— Il n'y a personne sur les routes, répond-il en un sourire qui se veut rassurant.

— Oui, mais quand même....

Il acquiesce, je sais qu'il fera attention.

Mais à cet instant je me rends compte que je déteste le voir partir.

J'ai peur que ce soit la dernière fois qu'il passe le seuil de ma porte, et de ne plus jamais le revoir. Je ne sais pas ce qui me provoque ça ce soir, mais j'essaye de trouver un peu de réconfort dans ses yeux qui restent tout de même doux et compréhensifs à mon égard.

L'intensité de son regard semble fouiller au plus profond de mon âme. Mes yeux se baissent sur sa bouche, et je ressens tout d'un coup le besoin de ressentir son contact et de m'approcher de lui...

Sans que je ne lui demande, il se penche de nouveau vers moi, et ses lèvres trouvent les miennes. Le baiser devient doux et langoureux. Je ne contrôle pas mes paumes que je pose sur son cou, et pendant cet instant, notre intimité apaise un peu mes angoisses.

Doucement, nous mettons fin à ce baiser. Il reste proche de moi et me murmure :

— Samedi prochain, je viens à 12 heures, pour qu'on aille chez le concessionnaire.

Je hoche la tête avant de lui demander avec un petit sourire :

— On pourra passer dans la boulangerie en bas de ma rue ? Ils font de trop bonnes brioches.

— On fait ça, et envoie-moi ton permis, ajoute-t-il en se redressant avec un petit sourire en coin.

— En photo, c'est bon, ou je te le scanne ?

— Non, en photo, ça fera l'affaire.

Son téléphone vibre de nouveau, il le cherche dans sa poche, et j'aperçois le nom : « Benjamin » à l'écran, Callahan ne répond pas et relève la tête vers moi :

— Bon, il faut que j'y aille, à lundi. Je t'aime, mon amour.

— Je t'envoie mon permis demain ! Je t'aime, Cal' à lun—

Nous nous arrêtons net tous les deux.

Mon cœur rate un battement, avant d'accélérer brutalement. Mes lèvres s'entrouvrent. Ces mots restent flottants dans l'air.

On se fixe avec un air tout aussi estomaqué tous les deux.

C'est sorti si naturellement que nos cœurs se sont exprimés sans même que nous nous en rendions compte.

Pendant plusieurs secondes, on se fixe un peu bouche bée, pour prendre la mesure de ce qui vient d'être dit. Mais finalement, je me rends compte qu'avec Callahan, ça a toujours été aussi simple que juste un je t'aime avouée sur le perron de ma maison.

Et pour être honnête je n'aurais pas imaginé meilleure façon de nous confier mutuellement.

Alors je m'approche de lui, et tire un peu sur sa veste. Il se penche vers moi, et pour une troisième fois, nos lèvres se retrouvent sur le perron, et ce baiser confirme tout.

Je t'aime, et je pense sincèrement que Callahan et Cassie, c'était écrit.

C'est tellement évident, que la simple idée que nous ne soyons pas encore mariés me semble presque ridicule.

Le baiser s'estompe doucement et Callahan me dit tout doucement :

— Rentre, il fait un peu froid. Naten ë mire, zemër, murmure-t-il.

— Naten ë mire, burri im, je lui réponds en reculant doucement pour rentrer chez moi.

À chaque fois que je parle dans sa langue, je vois le bonheur et cette légère admiration dans ses yeux. Son petit sourire doux et enjoué en coin ne le quitte pas alors qu'il recule le long de mon allée. Lorsqu'il me tourne le dos, il ne cesse de se retourner pour me regarder. Je le chasse gentiment d'un geste de la main, et nous rions tous les deux lorsqu'il referme mon portail derrière lui.

Il reste un instant devant et je lui envoie un baiser, il fait semblant de l'attraper et ferme son poing devant ses lèvres en me souriant sincèrement.

D'ici, je vois ses lèvres m'articuler un « je t'aime, mon amour » chuchoté tendrement.

Mon cœur fond, et je le laisse disparaître dans la fraîcheur de la nuit.





En traversant la rue qui mène près de mon université, j'enlève mes écouteurs de mes oreilles et les enroule méticuleusement autour de mon téléphone. Je range l'appareil dans mon sac, en avançant gaiement.

Hier on s'est dit « je t'aime », il m'a décoré de ces mots, et depuis, j'ai l'impression qu'il il y a eu un avant et après Cassie.

Son amour pour moi me fait vraiment du bien. J'ai vraiment eu du mal à m'endormir après qu'il soit parti. Je le voulais tout près de moi, et ne plus jamais le voir partir.

J'ai presque peur de me rendre un peu trop accro à lui, j'ai toujours envie de le voir, le sentir, lui parler. Il me manque souvent, et occupe mes pensées la plupart du temps.

À mesure que les bâtiments familiers de l'école se dessinent devant moi, j'inspire profondément en ayant pour la première fois l'impression que ma vie va sûrement changer. Je vois autre chose que ce couloir gris ou il ne reste plus que ma mère et moi. J'ai envie de construire autre chose que cette solitude dans laquelle je m'efforçais de me plonger depuis des années.

Pourtant, j'ai toujours été très bien entourée de mes Stardust... Mais il a fallu que Callahan m'ouvre les yeux pour que je comprenne que j'étais égoïste de penser que je n'avais aucun avenir.

Malgré le ciel légèrement nuageux, les températures se sont réchauffées. J'avance le long d'une rue, en observant la fraîcheur matinale de la fin de mai.

À 16 heures, Callahan vient me chercher, on se fera un cinéma pour la première fois, et rien que d'y penser, j'ai un petit sourire idiot sur les lèvres.

En avançant, je constate qu'on est de plus en plus d'élèves se dirigent vers le campus. Néanmoins, je me sens légèrement gênée lorsqu'une fille attire mon attention. Elle me fixe longuement, d'une façon un peu trop intense pour que ce soit juste curieux.

Pendant une seconde, une vague d'inconfort monte en moi, je détourne le regard la première pour baisser les yeux sur ma tenue.

J'ai une robe droite courte, blanc crème, et par-dessus, je porte une veste courte assortie. J'ai mes ballerines Chanel aux pieds, et je n'aurais pas mes règles avant deux semaines... donc je ne pense pas avoir une traînée de sang qui aurait pu provoquer le regard de cette élève...

En relevant la tête, je croise les regards d'un groupe de filles sur moi. Cette fois-ci, une appréhension soudaine monte dans mon cœur et je me sens soudainement observée.

J'arrive tout près de l'entrée d'Oxford, et mes pensées s'entremêlent avec le bourdonnement des conversations étudiantes. En entrant dans la cour, j'essaye de me focaliser sur les murs en pierre, ou le décor néo-gothique du bâtiment.

J'ai juste envie de retrouver les filles au plus vite et fuir ces sensations désagréables.

D'ailleurs, j'ai oublié d'envoyer le Stardust hier soir !

Je m'éclaircis la voix et je baisse la tête vers mon sac pour récupérer mon téléphone. Je fouille à l'intérieur, sauf que je sens soudainement une pression sur mon épaule qui me fait sursauter.

J'ai à peine le temps de reconnaître Fred, un élève de ma classe. Notre collision m'a déstabilisée, je perds un peu l'équilibre et mon sac m'échappe et s'écrase par sur le trottoir dans un bruit sec. Le contenu s'éparpille dans un désordre, je me précipite pour rattraper mon gloss qui roulait sur le sol.

Je prends rapidement ma pince, mon téléphone enroulé de mes écouteurs et mes lunettes de soleil...

Tout en récupérant mes affaires, je jette des regards furtifs vers l'élève qui m'a bousculée. Il est déjà loin devant moi et je ne comprends absolument pas son comportement agressif envers moi. On ne se s'est presque jamais adressé la parole...

Il aurait pu s'excuser quand même !

Vraiment, qu'est-ce qu'il se passe aujourd'hui ?

Mon cœur bat la chamade, j'ai une boule à la gorge et l'envie de pleurer. Un mélange de frustration et d'indignation m'envahit face à son acte et face à ce sentiment humiliant que tout le monde me regarde et me juge.

J'ai l'impression de retomber en enfer, quand Taylor m'harcelait pour me créer une réputation.

Je m'enfonce dans les couloirs d'Oxford, et ma situation s'empire. Mon cœur tambourine au fond de mon ventre, et il me semble que chaque paire d'yeux est braquée sur moi, chaque chuchotement est une critique ou une interrogation à mon égard.

Je me sens suffoquer.

Pourquoi tout le monde me regarde ?

Qu'est-ce que j'ai fait ?

Est-ce que... ça va recommencer ?

Est-ce qu'ils vont encore me dire que je suis une pute à cause de Taylor ?

Je pensais qu'il ne me ferait plus jamais de mal...

Je ne veux pas que ce cauchemar recommence...

L'incompréhension accentue mon désarroi d'une teinte encore plus sombre.

Je déverrouille mon téléphone d'une main tremblante et envoie un message désespéré à mes amies dans notre groupe :

« Cas Noisette : Vous êtes où les filles ? »

Alors que je marche à travers les couloirs de l'établissement, je commence à me mordre la lèvre nerveusement. La robe courte que j'ai choisie ce matin me semble soudainement inappropriée, trop exposée.

Mon index tapote nerveusement le rebord de mon téléphone, en vérifiant sans cesse si mon message a été lu.

D'habitude... Cherry et Nelly répondent vite...

Mais aujourd'hui, le silence de mon téléphone est assourdissant et me déchire littéralement le cœur. Les larmes commencent à envahir mes yeux et brouillent ma vision, ce qui me fait trébucher légèrement sur mes propres pas.

« Cas Noisette : C'est trop bizarre, tout le monde me regarde... »

« Cas Noisette : Répondez-moi, s'il vous plaît... »

J'attends une réponse, un signe de vie de mes amies, mais rien ne vient et une peur froide s'installe en moi.

Quelque chose ne va pas !

Je me sens totalement désemparée, comme si je me noyais dans un cauchemar éveillé, chaque battement de mon cœur réveille encore plus mes terreurs.

J'essaye d'appeler le groupe WhatsApp, la sonnerie retentit perpétuellement à mon oreille.

J'ai des sueurs froides, mes jambes deviennent du coton et je me dépêche de rejoindre l'entrée de l'amphithéâtre dans lequel nous avons cours d'économie avec monsieur McMiller.

À la seconde où je franchis le seuil, un silence assourdissant s'écrase dans la salle et une vague de regards se tourne vers moi, une centaine de paires d'yeux qui me scrutent sans détours.

Je recule d'un pas en m'entendant gémir d'effroi. Une pression invisible pèse soudainement sur mes épaules, et mon cœur cesse de battre. Je me paralyse, en serrant mon sac contre moi pour tenter de mettre le maximum de distance entre moi et ce spectacle terrifiant qui défile devant moi.

Des chuchotements et des rires commencent à s'élever. Et je n'ai aucun doute qu'ils me sont tous adressés. J'ai une nausée terrible qui me prend. Je n'arrive plus à respirer correctement, et mes pensées destructrices me reprennent soudainement.

On aurait dit que le monde autour de moi se tord douloureusement. Subir à nouveau ce type d'humiliation me plonge dans un état de détresse extrême et en cherchant dans la salle, je ne trouve aucun visage familier.

Ni Lalita, ni Cherry, ni Nelly.

Je scanne la pièce, pour essayer de trouver une explication. Et mon regard se porte sur le tableau vert du professeur. Il n'y a personne sur l'estrade et une seule inscription écrit à la craie blanche...


« JE T'AVAIS DIT QU'ON SE REVERRAIT BIENTÔT. »


J'ai l'impression qu'on vient de me lâcher de ciel sans parachute, et la chute est mortelle.

C'est mon stalker...

Et mon stalker a collé sur ce tableau, et sur les murs de la pièce, des affiches. Et les images qui y figurent me paraissent étrangement familières.

Je recule encore d'un pas en ayant la sensation que mon estomac tombe dans mon ventre.

La vague de compréhension qui me submerge me fait trembler.

Mon stalker est entré chez moi... il a pris des photos de mon journal intime, je reconnais mes draps, mon lit, mon écriture...

Une vingtaine de feuilles avec ces photos imprimées sont placardées sur les murs de l'amphithéâtre.

Je n'ai même pas réalisé m'être approchée de ces clichées.

Il a souligné les passages où j'ai confié toutes mes pensées les plus secrètes...

Et celles de mes amies.

Quand je partage ma peine sur la disparition de la mère de Nelly depuis plus d'un an... son chagrin et le fait que son père a sombré dans l'alcool et qu'elle doit travailler dur pour arriver à payer sa scolarité...

Quand j'avoue les sentiments que Lalita éprouve pour Cherry... Et les agressions sexuelles qu'elle a subies plus jeune par son oncle qui s'est suicidé récemment...

La grossesse de Cherry... enceinte de monsieur McMiller... La pression de ses parents, et son souhait que tout cela ne soit jamais découvert...

Et la description de mes sentiments, mes pensées, mes premiers baisers, et mes expériences sexuelles avec Callahan... affiché aux yeux de tous.

Un gémissement d'horreur m'échappe en même temps qu'un torrent de larmes glisse abondamment sur mes joues.

On a violé ma vie privée, et à cause de moi, on a violé celle de mes proches aussi.

Un sentiment de regrets me déchire l'intérieur, j'ai l'impression que la pièce tourne autour de moi, et que chaque chuchotement et rire me fait l'effet d'un coup de poignard. J'ai juste envie de vomir soudainement !

Je regrette chaque mot posé sur le papier.

Et je me fais la promesse de ne plus jamais écrire une lettre de plus.

Mes propres mots causent ma chute aux enfers aujourd'hui, et je n'ai qu'une envie c'est de m'enterrer vivante pour enlever cette humiliation accablante qui me torture et qui, je le sens, risque de me coller à la peau pour une durée que je ne préfère pas déterminer.

Comment il a pu... ?

Quand est-ce qu'il a fait ça ?

Où sont les filles ?

Comment je pourrais les regarder dans les yeux après ça ?

Qu'est-ce que tu as fait Cassie !?

Je suis au centre d'une pièce de théâtre que je n'ai jamais voulu jouer.

Alors que je me tourne pour fuir, dans l'espoir de récupérer quelques fragments de ma dignité, je vois monsieur McMiller quitter le bureau du proviseur.

Son visage est blême, malade.

Et il me fixe de ses iris sombres. Je frissonne d'horreur en ayant l'impression qu'il me promet que lui et moi, ça ne va pas s'arrêter là. L'impact de son regard me fait vaciller, je me paralyse encore quelques secondes, j'ai l'impression que mes oreilles sifflent, et j'oublie presque que tous les regards sont braqués sur moi.

Et les rumeurs sont vraies. Il porte un carton dans les bras.

Il est renvoyé.

La réalité de ce que mes écrits ont causé me frappe de plein fouet, j'ai craché publiquement sur l'intimité de mes amies.

Et la mienne qui plus est.

Tout ça parce que j'ai préféré l'écrire que le dire, ou le garder pour moi.

Cette fois-ci, je recule et prends la fuite.

En sanglot, mes jambes prennent le dessus avant que je puisse former une pensée cohérente, et je me mets à courir, quittant l'établissement avec une précipitation qui ne laisse place à aucune réflexion.

Le couloir me paraît interminable, chaque pas résonne comme un coup de poignard qui annonce ma honte, mon dégoût et tout mon désespoir.

Je me déteste tellement que mes pensées deviennent de plus en plus sombres. Je revois ce pont où j'ai sauvé Lalita, et je me dis que j'aurais dû me laisser tomber, quatre ans plus tôt.

Je n'aurais jamais été là pour causer autant de désordre !

J'arrive à l'extérieur, je ne sais pas qui joindre en premier.

Lalita ? Nelly ? Cherry ?

Je ne sais même pas quel problème est le plus grave. Qui je dois appeler en premier pour m'excuser, et je sais aussi qu'aucun mot que je dirais ne sera suffisamment rassurant pour excuser les conséquences de mes actions.

Dans ma course désordonnée, je bouscule des élèves sans même m'en rendre compte, jusqu'à heurter sans le vouloir, Travis Baldwin. Un des acolytes de Taylor. La collision est si brutale qu'elle me coupe le souffle. J'essaye d'articuler quelque chose pour m'excusez, mais je n'ai même pas le temps d'en placer une de me rendre compte que je suis entourée par le groupe de Taylor qui forment un cercle oppressant autour de moi.

Travis, Calvin, Douglass, et Taylor lui-même.

Tétanisée, mes lèvres tremblent et je n'arrive pas à articuler un mot de plus.

Leur regard empli de haine m'ajoute une nouvelle couche de douleur, et sans que je m'y attende, Travis me pousse violemment. Je m'écrase en criant sur les trottoirs entourant l'établissement. La surface dure rencontre violemment mon corps, et un éclat aigu de douleur irradie de ma paume à mon épaule.

— Fais gaffe ou tu marches, sale pute ! me crache Travis.

Il crache juste à côté de moi. Son geste décuple mes dégradations.

Et je sursaute paralysée. Je ne réagis pas, ma main est meurtrie, et je constate que je me suis écorché la paume en tombant. Mon sang se mêle à la poussière et aux petits gravillons.

Je me sens terriblement humiliée. Ils partent en riant et en se félicitant mutuellement.

Effondrée sur le trottoir, mes larmes m'inondent tellement que je me sens noyée sous mes erreurs. Je me sens si dépravée et idiote que ma poitrine se serre intensément. Je sens que ma respiration se hache, j'ai beau inspirer l'air manque autour de moi.

J'ouvre la bouche pour inspirer profondément, mais je n'arrive qu'à tirer de petits halètements. Le sol du trottoir est froid contre ma peau, je regrette cette jupe. Je ne vois plus rien, aveuglée par mes larmes. Je suis paralysée sur le sol, trop choquée pour bouger, mon esprit se perd entre la terre et le ciel.

J'ai peur et j'ai mal au cœur.

Qu'est-ce que j'ai fait ?

Qu'est-ce que j'ai fait ?

Qu'est-ce que j'ai fait ?

Qu'est-ce que j'ai fait ?

Qu'est-ce que j'ai fait ?

Qu'est-ce que j'ai fait ?

Qu'est-ce que j'ai fait ?

Qu'est-ce que j'ai fait ?

QU'EST-CE QUE J'AI FAIT ?


QU'EST-CE QUE J'AI FAIT ?


Mon stalker a dévoilé des secrets qui n'étaient pas les miens ! Et à cause de lui, j'ai trahi la confiance de ceux que j'aime, et je ne peux plus rien arrêter !

Un bourdonnement lointain me parvient. Je crois sentir une pression douce sur mes joues. Mais tout ce que j'entends c'est mon monde qui se fracasse, les Stardust qui éclatent en poussière ! Et je n'aurais jamais imaginé à quels points ça me ferait aussi mal.

C'est sans doute la pire, et la plus grosse erreur de ma vie, et je ne me suis jamais sentie aussi perdue.

Je ne sais pas comment mes amies vont me pardonner, et le pire c'est que je comprends qu'elles ne le fassent pas !

Je n'aurais jamais dû mettre sur papiers leurs secrets !

Je crois apercevoir une silhouette.

— ...cement... Dou... ment...

Mon souffle ne ralentit pas, je tremble à cause de la montée d'adrénaline dans mon corps, mes mains sont crispées, je n'arrive pas à respirer.

— Princesse... doucem...

Il n'y a qu'une seule personne qui m'appelle princesse.

Sadie.

J'essaie de cligner des yeux, et la silhouette se clarifie, je reconnais la chevelure auburn de Sadie, et étonnamment, c'est son gloss que je distingue en premier sur son visage.

Instinctivement, je m'agrippe à ses avant-bras. Le tourbillon de remords et de culpabilité que je ressens me submerge toujours aussi violemment.

Sadie est accroupi devant moi, doucement j'arrive à mieux distinguer sa voix, et son visage déformé par l'inquiétude.

— Sa... Sa...

— Oui, je suis là, ma princesse, tout va bien... Tout va bien, me murmure-t-elle en m'essuyant mes larmes qui reviennent toujours plus abondamment.

— C-C-Cal...

— Cal ? Essaie de respirer plus doucement d'accords, souffle-t-elle pour que je m'aligne à sa respiration.

Mais rien ne semble pouvoir calmer la tempête qui me saccage de l'intérieur.

— Ap-appelle... Ap... Cal... te plaît...

Je bégaye encore, en essayant de trouver mon téléphone par terre.

— Tu veux que j'appelle quelqu'un qui s'appelle Cal ? C'est ça ? comprend-elle en prenant mon téléphone.

Je hoche rapidement la tête incapable de répondre à cause de ma respiration saccadée.

Je réalise à cet instant que Sadie tremble en naviguant dans mon téléphone :

— Je ne le trouve pas... Princesse... C'est Cal tu m'as dit ? m'explique-t-elle en défilant mon répertoire.

— Bur...

— Ah ! Burri im ?

Je me dépêche de hocher la tête. Sadie appelle immédiatement le numéro, met le haut-parleur, et me caresse la joue en restant à mes côtés :

La tonalité ne résonne qu'une seule fois.

Il répond toujours...

— Allô, mon amour ? 











Bonsoir bonsoir, bonsoir ! 🎃

Ça-va ? ☕️ 









Hello guys, à l'approche de la sortie de Valentina, j'ai de plus en plus de mal à rester régulière sur Ghost, je m'excuse pour ça ! 

J'espère que le chapitre vous a plu malgré tout ! (Je suis désolée je suis pas dans ma meilleure forme, je sais pas quoi dire dans ma NDA aujourd'hui) 


IT'S TIIIME TO TAKE THE TEA : ☕️, je veux tout entendre, vos impressions, vos ressentis, vos théories, vos retours pour ce chapitre ? Dites-moi tout ! 





BYE 🏍💨🪐 !


Stardust 🍓



𝚂𝚎𝚎 𝚢𝚘𝚞 𝚜𝚘𝚘𝚗 🕰...



xo, Azra. ✿



IG: azra.reed

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