𝟻𝟷. 𝙵𝚘𝚡 𝚎𝚝 𝙱𝚎𝚌𝚔𝚑𝚊𝚖.

(Gomenasai pour le temps de publication, je suis débordée pardon, pardon !)








J'espère que tout le monde va bien ? 🕰








(𝖣𝖾́𝗆𝖺𝗋𝗋𝖾𝗓 𝗅𝖺 𝗏𝗂𝖽𝖾𝗈 𝗉𝗈𝗎𝗋 𝗏𝗈𝗎𝗌 𝗉𝗅𝗈𝗇𝗀𝖾𝗓 𝖽𝖺𝗇𝗌 𝗅'𝖺𝗆𝖻𝗂𝖺𝗇𝖼𝖾)









"L'univers n'aime pas les secrets. Il conspire pour révéler la vérité qui vous mènera jusqu'à lui."
Lisa Unger









𝙰𝙲𝚃 𝟾.

🌻 𝙰𝚟𝚛𝚒𝚕 / 𝙼𝚊𝚒.





𝟻𝟷. 𝙵𝚘𝚡 𝚎𝚝 𝙱𝚎𝚌𝚔𝚑𝚊𝚖.









Ghost.





Un cure-dent dans la bouche et une sourde fatigue qui commence à alourdir mes paupières.

Je jette un coup d'œil à ma montre, il est presque 18 h passé.

Le siège gringe sous mon poids. Assis dans une salle de conférence au siège du MI6, le silence règne. Mes yeux parcourent la pièce aux murs revêtus de bois sombre et sa grande table en bois massif. Je finis par fixer un instant mon reflet sur le grand écran plat intégré dans l'un des murs, jusqu'à ce que mes doigts effleurent une nouvelle feuille.

C'est ma routine depuis onze heures sans interruption.

Je me masse la tempe, mon cerveau est en surchauffe, et je n'ai pas repris mon traitement depuis un moment.

Grosse erreur.

Mes migraines reviennent toujours aussi sournoises, néanmoins, j'essaye de me focaliser sur les lignes d'informations imprimées devant moi.

Orpheus Communication.

Entreprise de télécommunications, créée il y a 45 ans.

Rachetée par un collectif d'investisseur en 1997.

Depuis 2015, Winston Armitage est l'actionnaire majoritaire.

Helena Armitage, sa femme, est directrice des stratégies de communication.

Ma frustration me fait pincer mes lèvres. Nerveusement, ma paume masse ma mâchoire. Il me manque trop de pièces du puzzle pour tout connecter et comprendre ce qu'ils veulent exactement, et quelle menacent ils représentent pour l'Ordre, pour Cassie.

Une part de moi est frustrée par ce que j'ai fait de l'homme qui rôdait devant chez microbe. J'ai complètement perdu le contrôle, il est mort, et je ne peux plus rien en tirer de lui. J'ai besoin d'un miracle, et de recroiser un autre espion d'Orpheus pour m'enlever cette culpabilité.

Je finis par m'affaler sur mon siège, le dossier souple cède légèrement sous mon poids.

Je meurs de chaud ici.

En voyant que la télécommande pour la clim est hors de ma portée, à l'autre bout de la table, je tire sur ma cravate pour l'enlever, en même temps que la porte de la salle de conférence s'ouvre.

Je déboutonne deux boutons de ma chemise, Stan apparaît avec deux cafés et un petit sourire en coin :

— J'ai ton café.

Je lui adresse un regard reconnaissant et tends le bras pour le prendre.

— J'en avais besoin.

Je jette mon cure-dent dans la poubelle à mes pieds, retrousse les manches de ma chemise avant d'avaler quelques gorgées. La chaleur et l'amertume de la boisson apaisent légèrement la petite migraine qui me menaçait.

Stan s'approche de moi, en buvant lui aussi son café.

Il est assez grand, de corpulence normale mais athlétique. Ses yeux sombres sont perçants, ses cheveux épais, et une barbe bien entretenue poivre et sel encadre son visage.

Il redresse ses lunettes sur son crâne en zieutant un peu mes documents.

— Qu'est-ce que t'as pu en tirer ?

— J'ai vraiment besoin de Wayne sur le coup, je n'ai rien pu en tirer de concret. C'est des informations bateaux que j'aurais facilement pu trouver en quelques clics sur internet.

Stan dépose un dossier devant moi.

— Wayne m'a transmis ce dossier dans l'après-midi. Il a dû te l'envoyer aussi, mais je te l'ai imprimé. C'est toutes les informations qui concernaient la Toyota bleue que Cassie Bennett et Lalita Perez ont vue. C'est une voiture volée, impossible d'en savoir plus sur l'auteur du vol. Si tu retrouves cette voiture, tu retrouves sûrement mon stalker.

Intrigué, j'ouvre le dossier.

Je me concentre alors sur les documents étalés devant moi.

Plaque d'immatriculation : LD21 HJN.

Je vois les images de la caméra de surveillance qui ont capté la Toyota bleue. Impossible d'identifier le conducteur, l'individu semble avoir camouflé son visage et on perd la voiture dans le secteur de Wilshaw House, sur Albion Street, juste à côté de Creekside.

La zone est un peu à l'écart des artères principales, donc moins couverte par les systèmes de surveillance publics.

La voiture se volatilise sur des chemins moins évidents et des angles morts où une voiture pourrait être cachée ou laissée sans attirer l'attention immédiatement.

— Wilshaw House... je chuchote plus pour moi-même que pour Stan.

— J'ai mis Wayne sur la surveillance de la zone.

Je prends une dernière gorgée de mon café, en fixant ces photos floues.

— C'est un cauchemar.

Ma voix est sortie comme un souffle, je masse nerveusement ma tempe.

Stan juste derrière moi repose sa main sur le dossier de ma chaise.

— Ouais, mais c'est vraiment pas le moment de désespérer, on a déjà cette piste, il faut creuser.

En sentant deux tapes qui se veulent rassurantes sur le dossier de mon siège, je laisse un soupir discret m'échapper.

Je connais Stan depuis que j'ai 14 ans.

Lui était dans le renseignement militaire, Defence Intelligence, et moi, j'étais un gamin perturbé par les visites incessantes de mon père à l'hôpital pour voir ma mère qui perdait ses cheveux et s'amaigrissait sous mes yeux.

À force de faire des conneries de plus en plus grosses, je me suis retrouvé au tribunal.

Stan était là, il témoignait pour une tout une autre affaire qui n'avait rien à voir avec moi. Il s'est juste retrouvé dans le même couloir que moi, mais quelque chose sur ma gueule lui a donné envie de me sermonner.

Ce jour-là, le voir dans son uniforme militaire m'a donné un nouveau but.

J'avais besoin de structure, et je voulais fuir l'image mourante de ma mère, le visage désespéré de mon père, alors je me suis promis qu'à 18 ans, je m'engagerais dans l'armée.

— Alors... commence Stan, ce qui me tire de mes souvenirs.

Je relève les yeux vers lui. Son expression est sérieuse mais un soupçon de malice éclaire son regard.

— Comment ça se passe, avec Bennett ? Comment elle se sent avec tout ce qui se passe ?

Je ne contrôle pas mon sourire en pensant à Cassie.

Le problème, c'est que ça se passe un peu trop bien.

Ça me fait presque peur.

Et plus les jours passent, plus je sais pertinemment que j'ai besoin d'elle dans ma vie, et que plus vite nous serons mariés, mieux je me porterai.

En me fixant, Stan finit par éclater de rire.

— J'reconnais bien ce petit sourire, me taquine-t-il en tapotant doucement mon épaule.

Mon sourire s'élargit.

— Ma mission se termine dans trois mois...

— Et ça n'a pas l'air de t'enchanter, observe-t-il en me scrutant.

Effectivement, ça ne m'enchante pas du tout.

Il reste trois mois avant la fin des élections. J'ai les pieds et mains liées à l'Ordre. Les menaces de son stalker, et de ce foutu mariage arrangé me pendent au nez et ne sont toujours pas réglées, je marche à tâtons depuis des mois.

J'avoue que je redoute les conséquences de ma lenteur d'action. Ça ne me ressemble pas, et je ne comprends pas ce qui me prend autant de temps.

Je dois parler de Cassie à mon père, et mon grand-père... et idéalement, il faut que je le fasse avant la fin de notre contrat...

Mais à chaque fois que je réfléchis à cette discussion, j'ai des sueurs froides. Je crains trop pour sa vie... Et si par miracle, mon père acceptait de m'écouter, rien ne me garantit que les autres membres du conseil se soumettent à ma requête, et surtout que Cassie prête allégeance à l'Ordre.

Quoi que je fasse, il va falloir que je sois malin sur ce coup-là.

— Faudrait que tu passes à la maison, manger un morceau, continue Stan ce qui me coupe dans mes pensées. En ce moment, Ana fait un Beef Wellington à couper le souffle. Et puis Jane me demande souvent de tes nouvelles.

Un léger sourire tire mes lèvres.

Ana est la femme de Stan, et Jane, sa fille de 12 ans.

C'est vrai que ça fait un bon moment que je ne suis pas retourné chez eux.

J'allais lui répondre mais mon téléphone sonne soudainement.

Mes doigts poussent la pile de feuilles éparpillées pour retrouver mon appareil. C'est Wayne. Je prends l'appel.

— Ouais ?

— Tu es toujours au MI6 ? me demande Wayne avec une urgence inhabituelle dans sa voix.

Il a l'air de marcher rapidement dans la rue. Je regarde l'heure sur ma montre.

— Oui, pourquoi ? Qu'est-ce qu'il se passe ?

— Il faut que tu viennes à Scotland Yard, au plus vite, me répond-il.

Je me lève d'un coup en coinçant mon téléphone entre ma joue et mon épaule tout en commençant à ranger les feuilles sous le regard interrogateur de Stan.

— Pourquoi tu veux que je vienne au commissariat de police ?

— Cassie, Lalita, Cherry et Nelly se sont réfugiées là-bas. Elles étaient sorties pour le Cherry Blossom à Kew Gardens, mais elles auraient revu la même Toyota bleue passer plusieurs fois dans la rue. Elles ont eu peur et ont pris un taxi jusqu'à s'arrêter là-bas.

Quoi ?

Mon cœur rate un battement, je m'arrête une seconde d'empiler ma pile de feuilles, avant de reprendre encore plus rapidement :

— Je suis juste à côté, en 15 minutes je suis là. Toi, t'es où ?

— Je suis juste devant le poste. Je vais entrer, me dit Wayne.

— Attends.

Il y a un petit silence. Je fronce les sourcils.

— Comment tu as su ? je demande.

— C'est Lyloe qui m'a prévenu, me répond-il en s'étranglant légèrement dans une toux.

— Hein ?

Celle-là, je ne m'y attendais pas.

— Tu sais, la hackeuse dont je t'ai parlé. Elle garde aussi un œil sur les filles. Elle m'a immédiatement prévenu.

— OK, j'arrive, n'entre pas sans moi, dis-je avant de raccrocher.

Un pic d'adrénaline fait battre mon cœur violemment dans ma poitrine. Je me dépêche de rassembler tous mes documents éparpillés sur le bureau.

Stan me regarde avec une expression interrogative.

— Tu t'en vas ?

— Le harceleur a refait surface. Cassie et ses copines sont à Scotland Yard. Je repasserai la semaine prochaine.

— C'est à 10 minutes d'ici, je peux t'y emmener.

Je termine de tout rassembler dans ma pochette.

— T'inquiète, je suis venu en voiture.

— Tu me tiens informé ! crie Stan alors que je sors déjà de la salle.

Je défile dans les couloirs de l'agence.

Certains curieux qui me reconnaissent se tournent à mon passage.

Tout le monde connaît la société d'investissement de mon grand-père, Rendi Holding.

Je me dépêche de quitter le siège du MI6, et rejoins ma voiture dans le parking. Je balance presque le document sur le siège passager et démarre en même temps que je mets ma ceinture.

Je roule rapidement en dépassant même dangereusement pour éviter les feux rouges.

J'arrive en moins de cinq minutes, et par la grâce, il y a une place juste en face.

Je fais mon créneau en quelques secondes avant de sortir immédiatement de la voiture.

Wayne est devant le poste de police, vêtu de son traditionnel manteau long ajusté à sa silhouette, et d'un costard sombre, je vois d'ici sa jambe trembler nerveusement. Il enlève ses mains de ses poches quand j'approche.

— Qu'est-ce qui s'est passé exactement ? je demande en poussant la porte du poste de police.

— Je n'ai pas plus d'informations que ce que je t'ai dit au téléphone, me répond-il en me suivant à l'intérieur.

En entrant, je remarque immédiatement le flic à l'accueil qui nous dévisage en voyant les reliefs de nos armes sur nos tailles.

— Messieurs... nous interpelle-t-il, méfiant.

Wayne présente son badge officiel du MI6.

— Les fédéraux... ? L'officier semble surpris en plantant son regard dans le mien en attendant que je fasse de même.

Je sors ma carte d'identification professionnelle, qui prouve que je suis un garde du corps accrédité.

En lisant ma carte, l'officier lève les sourcils.

— Monsieur... Caine ? Le petit-fils d'Adrian Caine, n'est-ce pas ?

Je hoche la tête, je ne suis vraiment pas venue pour des présentations. Mais avant que je n'aie le temps de dire quoi que ce soit, Wayne prend les devants.

— Nous avons été informés d'une situation impliquant des personnes sous notre protection.

L'officier se met derrière son poste.

— Pouvez-vous me donner un peu plus de détails ? Qui sont ces personnes et que s'est-il passé exactement ?

— Quatre jeunes filles sont venues récemment : Cassie Bennett, Nelly Fox, Lalita Perez et Diana Tran. Il me semble qu'une plainte a été déposée, répond Wayne.

— Ah oui ! J'ai vu passer le rapport. Elles ont fait les dépositions nécessaires. Vu la nature de la menace, nous prenons cette affaire très au sérieux.

— Elles sont où ? je demande, impatient.

— En salle d'attente. Elles étaient un peu secouées à leur arrivée, mais elles se sont calmées depuis, me répond l'officier avant d'interpeller un collègue. Eh, Rodrigue !

L'officier Rodrigue, qui buvait un café, se tourne en continuant de marcher à reculons. Il dépasse les portiques de sécurité et regarde son collègue avec interrogation.

— Ces messieurs sont là pour chercher les quatre demoiselles qui sont venues tout à l'heure, lui explique l'officier.

Rodrigue hoche la tête et regarde vers moi.

Au regard qu'il me lance, je suis sûr et certain qu'il me reconnaît, je le fixe en retour, mais il s'éloigne enfin pour aller les chercher.

En fond, j'entends Wayne continuer :

— ...n'avez-vous pas plus de détails sur ce qui s'est passé ?

Je reporte mon attention vers Wayne et l'officier.

— Je n'ai pas tous les détails, mais le département préférerait minimiser l'intervention des fédéraux.

— Je ne suis pas là pour entraver votre enquête, lui répond Wayne sur un ton calme. Mais dans ce cas précis, je suis certain que vous comprendrez l'importance de mon intervention. Ce n'est pas une option.

Je me retiens de sourire.

En général, Wayne ne parle pas beaucoup, mais quand il le fait, les gens ne rigolent pas.

Il signe les documents que l'officier lui tend, qui atteste de la prise en charge des filles. Je les signe aussi, et au même moment, l'officier Rodrigue revient avec elles.

Il ne me faut que quelques secondes pour constater le trouble sur le visage de Cassie. Ses yeux sont encore rougis par les larmes. Elle marche bras dessus bras dessous avec Cherry, qui a également l'air d'avoir pleuré et qui se tient le ventre avec inquiétude. Lalita et Nelly suivent, elles semblent moins affectées.

Nous partageons un bref échange de regard avec Lalita qui hoche doucement la tête en signe de salutation. Je réponds discrètement avant de reporter mon attention sur Cassie.

En me voyant, son expression se mélange entre le soulagement, et l'expression plus vive de sa détresse. Et son état me provoque un léger stresse, parce que je n'arrive pas à attraper ce con qui la perturbe.

Elle avance directement vers moi, une moue dépitée sur le visage :

— Coucou, Cal'... me murmure-t-elle d'une voix tremblante.

Ma main se lève instinctivement sur ses joues pour essuyer les larmes qui glissent sans contrôle. Je sais que je ne devrais pas faire preuve d'affection, surtout devant Wayne, mais c'est plus fort que moi. Et une part de moi sait que Wayne ne me trahira pas.

— Ne pleure pas, lui murmuré-je.

— Je veux juste qu'il s'arrête... Il nous suivait... On a eu tellement peur, on s'est jetées dans le premier taxi qu'on a vu...

Cherry à côté d'elle hoche la tête pour confirmer ses dires, en reniflant. Son mascara a coulé sur ses joues, et je sens aussi dans le regard qu'elle me lance, qu'elle aimerait bien que ces histoires cessent :

— Je travaille dessus, microbe. Më fal...

Cassie hoche la tête, alors que nous suivons Wayne, à l'extérieur.

Arrivé dans la rue, il me dit :

— Cal', je peux déposer Nelly et Cherry. Géographiquement, c'est plus pratique.

Je hoche la tête.

— Callahan !

La voix paniquée de Cassie me fait tourner la tête précipitamment.

Elle est à ma droite, et me montre son téléphone, ses copines semblent également paniquées en fixant son appareil, je suppose qu'elle a dû enfin leur dire pour son stalker.

Je tends les mains pour prendre son téléphone, et je constate la notification du message à l'écran :

« +44 : Tu as eu de la chance cette fois-ci. »

« +44 : Mais on se reverra bientôt. »

Mes sourcils se froncent en même temps qu'une vague de stresse me submerge. Je prends le téléphone de Cassie et le montre à Wayne avec urgence.

— Il ne lâche pas l'affaire, souffle Wayne.

Wayne et moi regardons autour de nous avec vigilance pour attester des environs. J'ai l'impression que tous les passants dans la rue sont de potentiel danger, et la tension monte au point au Cherry sanglote discrètement en caressant son ventre qui commence vraiment à se voir.

— Il nous a retrouvés ? me demande Cherry d'une voix tremblante.

Sous les regards inquiets de leur groupe, Wayne secoue la tête et me signale :

— Il ne devrait pas pouvoir lui envoyer de message.

Il se tourne vers Cassie.

— Cassie, as-tu laissé ton téléphone sans surveillance ?

Cassie secoue la tête.

— Non, j'ai-

— Si, Cassie, l'interrompt Nelly, lors de ta déposition, le policier qui t'a interrogée t'a demandé l'accès à ton téléphone.

Cassie creuse un peu dans ses souvenirs, et je vois à son expression que ça lui revient.

— Euh... oui, c'est vrai mais ça n'a duré que quelques minutes. Il l'a pris en me disant qu'il pouvait contenir des informations pertinentes pour l'enquête... pourquoi ?

— Le nom du flic qui t'a interrogée ? je demande.

— Rodrigue Fernandez, je crois, me répond Cassie. C'était ça ?

Nelly et Lalita hochent la tête simultanément.

Wayne et moi échangeons un bref regard.

J'avais trouvé que le flic me regardait un peu trop avec insistance.

Je sors mes clés de mon pantalon et les place dans la main de Cassie.

— Attends-moi dans la voiture avec Lalita. Wayne, ouvre ta caisse pour que Cherry et Nelly s'assoient.

Wayne tend le bras, et les rétroviseurs automatiques de sa Mercedes garée juste devant sur le trottoir s'ouvrent.

Les filles s'échangent un regard compatissant et se disent au revoir en se prenant dans leur bras. Elles finissent par se séparer, Cassie et Lalita traversent la rue pour entrer dans ma voiture.

Une fois seul, je dis à Wayne :

— Le flic, j'le sentais pas. Il m'a fixé trop longtemps. Il y a une couille quelque part.

— Je suis d'accord avec toi, mais on est coincé pour le moment, me répond-il en sortant ses lunettes qu'il pose sur son nez.

— Putain, Wayne ! m'exclamé-je en passant une main sur ma mâchoire. Le type est juste là !

— Je sais, mais ne peux pas retourner à l'intérieur et s'en prendre à un officier à Scotland Yard, tu le sais, Cal'. Ça semblera moins suspect qu'on s'en aille maintenant que de l'interroger tout de suite. On dépose les filles, et on s'occupe de lui dès ce soir.

Je masse ma nuque en résistant à l'envie de faire sauter Scotland Yard pour récupérer ce fumier.

— Je veux que tu contactes Lyloe et que tu organises une rencontre ce soir. C'est faisable ?

Wayne me fixe une seconde.

J'ai presque le temps de plisser des yeux, en le regardant me jauger, jusqu'à ce que finalement, il hoche doucement la tête.

— OK, je les dépose, et je reviens pour ce type, je lui explique en commençant à traverser la rue. Contacte-la !











La nuit est tombée depuis bien longtemps.

Une pluie fine se colle à mon visage alors que je marche sur le bitume humide.

— Plus tu te débats, plus ça me donne envie de te défoncer, Rodrigue.

Ma menace calme légèrement ses tressautements, mais malgré ça, je sens son corps tenter de se débattre sous mes mains. Je l'immobilise d'une main autour de sa nuque, et l'autre autour de ses poignets liés dans son dos.

Je reconnais ne lui avoir laissé aucune chance et l'avoir légèrement tabassé pour le maîtriser quand je l'ai attrapé sur le parking en bas de chez lui.

Je mène mon captif le long des petits entrepôts métalliques délabrés, jusqu'à arriver à ma destination.

D'un coup de pied, j'ouvre la porte du hangar à moitié ouverte.

Mais je m'immobilise immédiatement en écarquillant les yeux en constatant l'image qui se présente devant moi.

— Knight !? lancé-je en entrant. Putain, c'est quoi ce foutoir !?

Devant moi, Wayne se tient à côté d'une silhouette féminine que je reconnais immédiatement : Nelly Fox.

Je garde ma poigne acérée sur Rodrigue, légèrement sonné à cause des coups. Je pénètre plus profondément dans le hangar sans la lâcher du regard, et elle fait de même en plantant ses iris dans les miennes.

— Tu m'expliques, lancé-je à mon coéquipier.

— Tout va bien, me rassure calmement Wayne. C'est Lyloe.

— Tu te fous de ma gueule !?

Ma voix a porté dans la pièce, mon visage se déforme d'incompréhension. Je fronce les sourcils, totalement déstabilisés.

Je m'approche de la chaise au milieu du hangar, et pousse Rodrigue à s'asseoir dessus. En lançant des regards furtifs à Lyloe, ou plutôt, Nelly, je le ligote sur la chaise.

Elle est vêtue d'une longue robe à motif léopard, assez cintrée, accompagnée d'un long manteau en cuir marron foncé et de sandales à talon vernies noires. Ses longues tresses fines descendent élégamment sur ses épaules. En apercevant les perles de ses bracelets à son poignet, je fais immédiatement le lien avec la pierre que j'ai vue dans ma voiture.

Wayne, petit fumier !

Depuis quand il le sait, merde ?

En retirant mon masque de Ghost, je sens le regard neutre de Nelly sur moi.

Son expression reste impassible, et putain, ça me perturbe. Pour le peu que j'ai vu d'elle, elle m'a toujours paru plus chaleureuse que la femme qui se tient droite à côté d'un de mes plus fidèles amis.

Je ne comprends même pas comment c'est possible.

Et maintenant je me demande à quel point elle est impliquée ?

Et surtout à quel point elle peut être dangereuse ?

Je m'approche d'eux, Wayne et Nelly ne disent rien tous les deux me fixent comme si c'était moi le détraqué de la pièce.

Je place mes mains sur mes hanches et la fixe. Elle n'a vraiment pas l'air d'avoir froid aux yeux.

Franchement, je suis sur le cul.

— Explique-moi comment c'est possible ? lui demandai-je, incrédule.

— Disons que c'est une très longue histoire, Callahan.

— J'ai tout mon temps.

— Il fallait que mon identité reste secrète, pour protéger tout le monde.

— Protéger qui exactement ? Et de quoi ?

Wayne intervient.

— Lyloe est infiltrée dans des milieux très dangereux de la cybercriminalité. Moins on en sait sur elle, mieux c'est pour tout le monde.

— C'est qui "tout le monde" Wayne, lancé-je légèrement irrité. Parce que Cassie à un stalker depuis quatre ans, et elle n'a rien fait pour empêcher ça !

— Ce n'est pas que je n'ai rien fait, me corrige Nelly en durcissant légèrement son regard. J'ai appris pour ce stalker le jour ou Wayne m'a contacté.

Nelly désigne Wayne d'un léger geste de la tête.

Lui semble d'ores et déjà rougir, c'est à peine perceptible, mais je le remarque immédiatement.

— Tu ne te foutrais pas un peu de ma gueule, toi ? la questionnais-je.

— Je me suis promis de ne jamais m'immiscer dans l'intimité de mes amies. Donc non, je ne le savais pas. Et Cassie sait très bien cacher les choses quand elle le veut. Si vous n'aviez jamais cherché à avoir mon aide, je ne l'aurais jamais su.

Une part de moi est rassurée. Parce qu'une chose est sûre, si Nelly avait su et qu'elle n'avait rien fait, ça pourrait probablement blesser Cassie.

— Mais putain... soufflé-je en regardant Wayne. J'arrive à peine à y croire.

Je regarde les deux, cherchant à comprendre.

— Je me ferai un plaisir de t'en dire plus, plus tard. Je n'ai pas beaucoup de temps. Je dois me rendre quelque part dans une heure, me dit Nelly en jetant un coup d'œil à la montre qui orne son poignet.

J'avise sa tenue et comprends qu'elle n'est pas juste une petite hackeuse.

— Parce que tu n'es pas juste une petite étudiante qui s'amuse à hacker des téléphones, toi ? je lui dis sur un ton aussi sarcastique que frustré.

Nelly me fixe, avec un tel self-control que je sais que je ne l'impressionne pas le moins du monde.

Elle est habituée à des hommes comme moi, et peut-être à des pires que moi.

Je ne sais pas dans quoi elle trempe, mais ça ne s'arrête pas à tapoter sur les touches d'un PC.

J'entends un vibreur, qui ne provient pas de mon téléphone. Nelly sort le sien de la poche de son manteau. Elle a reçu un message, mais n'y répond pas et le range lentement.

Si Lalita avait pu tuer son oncle à mains nues... je me demande de quoi Nelly est capable.

— Taylor Armitage m'a dit qu'il n'avait plus les photos de Cassie. C'était toi ? je lui demande.

Nelly hoche la tête.

— Comment tu as fait, comment être sûr qu'il n'a plus rien ?

— Je me suis introduite dans toutes ses propriétés. J'ai réinitialisé tout ce qu'il avait sur chacun de ses appareils électroniques et clés USB. Et en suivant ses communications, je sais que j'ai tout supprimé, répond-elle avec calme.

Ce point me rassure vachement, mais son sang-froid me met toujours autant sur le cul.

— T'es quoi exactement, Catwoman ?

Mon sarcasme laisse un éclair de questionnement et d'amusement passer sur son visage.

— C'est un peu plus complexe que ça, me dit-elle.

— Je pense que je ne suis pas un con et que je peux comprendre.

Nelly esquisse un petit sourire en coin, dévoilant une fossette sur sa joue gauche.

— Avant toute chose, je travaille pour moi. Disons que je m'y connais un peu en contre-espionnage.

— Et t'espionnes quoi exactement ? Pour qui ?

— Tout ce qui pourrait me servir, répond-elle.

— Te servir à quoi ?

— Mes objectifs ne regardent que moi. Mais en ce qui concerne Cassie, je travaille avec vous main dans la main. Je veux autant mettre la main sur ce type que vous. C'est moi qui ai donné à Wayne les informations sur la Toyota bleue qui a poursuivi Cassie et Lalita dernièrement. Je pense que c'est la piste la plus sérieuse qu'on ait. Si on trouve cette voiture, on trouve le stalker.

Je prends une seconde avant de lui répondre. Malgré toutes mes questions, je sens bien qu'elle ne veut rien me dévoiler de plus.

Je pèse le pour et le contre, tant que ses intérêts vont dans le sens de Cassie, je pense que je peux me contenter de sa discrétion.

Je lève la tête vers Wayne pour jauger un peu ce qu'il en pense. Mais tout ce que je vois, c'est un homme qui semble légèrement déstabilisé, ses joues sont un peu plus rouges que d'habitude. Mains dans les poches, il essaye de garder une attitude détachée, mais j'ai l'impression qu'il s'efforce de rester le plus immobile possible.

Il maintient une distance respectueuse avec Nelly. Je le scrute, et lui aussi ne me lâche pas du regard.

C'est nouveau ça.

J'ai toujours eu l'impression que Wayne était un livre ouvert pour moi, et là tout de suite, je suis sûr qu'il cherche à me convaincre qu'il n'est pas littéralement en train de perdre ses moyens devant cette femme.

Sauf que je l'ai déjà compris depuis bien longtemps.

— À quel point elle en sait ?

Il secoue la tête.

Clair et précis.

Elle ne sait rien de l'Ordre.

Parfait.

Je décide de me fier à Wayne, il lui fait confiance, alors je laisse de côté toutes mes questions sur elle :

— Qu'est-ce que tu as pu en tirer de toute cette affaire depuis le début ? demandé-je en me tournant vers Nelly.

— Le point qui m'échappe, c'est le pourquoi. Je suis incapable de déterminer pourquoi ce stalker la harcèle depuis quatre ans et les liens entre Cassie et tous ceux qui lui veulent du mal. J'ai listé tous les acteurs que Knight m'a communiqués, qui sont entrés en contact avec elle, de près ou de loin. Ils ont tous le même lien, Orpheus, mais ça, vous le savez déjà. Pour le moment, la piste la plus sérieuse que j'ai, c'est cette voiture.

Wayne intervient, l'incertitude marquée sur son visage.

— Je suis incapable de tracer ce véhicule pour le moment. La piste s'arrête à 3 h d'ici à Nottingham, où la voiture est supposément volée, mais son propriétaire est déclaré comme décédé, impossible d'obtenir plus d'informations.

Nelly se tourne vers lui :

— Tu as pris ton ordinateur ?

Wayne déglutit, comme si c'était la première fois qu'une femme lui adressait la parole. Il bloque une seconde avant de hocher la tête.

— Bien sûr, il est là.

Il pointe du doigt une table en acier non loin.

Je lance un petit coup d'œil à Rodrigue qui est mal en point depuis que la discussion a commencé. L'arcade sourcilière saignante, il jongle avec l'inconscience.

Mon attention se reporte sur les escarpins de Nelly, claquant contre le sol en béton, elle s'approche de la table où est posé l'ordinateur . Nous la suivons.

Elle ouvre l'appareil et découvre l'interface épurée. Wayne s'arrête à quelques pas d'elle, et lui dit :

— Je vais mettre le mot de passe—

Nelly s'affaire rapidement sur son clavier, ses doigts cliquent sur les touches. L'écran s'assombrit soudainement, une fenêtre de terminal apparaît, une ligne de code apparaît et en un clin d'œil, elle a déjà franchi les premières défenses et entre dans son PC sans mot de passe.

— Ça ira, lui dit-elle en lui lançant un petit regard.

Wayne pince les lèvres et hoche la tête, avant de rapidement détourner le regard vers le PC en rougissant un peu. Il passe sa paume sur sa mâchoire. Je retiens presque un rire nerveux.

Je ne sais même pas comment il fait pour travailler avec elle en étant aussi déstabilisé par cette femme.

Qui ne fait pas partie de l'Ordre...

Quoi que, si Wayne la veut... c'est une hackeuse efficace, peut-être que le conseil pourrait juger qu'elle peut servir nos intérêts...

Faudrait-il encore qu'elle accepte de prêter allégeance à l'Ordre...

C'est toujours le même problème...

— Qu'est-ce que tu fais ? je lui demande en voyant les lignes de codes défiler sur l'écran.

— J'essaye de détecter une anomalie, me répond simplement Nelly.

Wayne intervient :

— En théorie, avant que tu n'entres, cet ordinateur est censé être crypté.

— En théorie, réplique Nelly. Il faut que tu renforces ton cryptage.

Wayne appuie un poing contre la table, en observant attentivement ce que Nelly fait.

— Normalement, tout le système est sécurisé avec un tunnel à double VPN. Tout le trafic est crypté avec un SSL. Peut-être qu'il y a un log quelque part.

Nelly fronce les sourcils et continue de taper rapidement sur le clavier avec ses ongles manucurés. Je jette un nouveau coup d'œil à Rodrigue qui n'a toujours pas bougé de sa chaise.

— Il n'y a rien, murmure-t-elle. C'est comme si on cherchait un fantôme. Aucune trace, aucune anomalie logicielle... rien qui n'explique pourquoi tu ne peux pas au moins avoir une trace de l'IP du hacker quand il envoie des messages à Cassie. À moins que...

Nelly laisse sa phrase en suspens.

Wayne échange un regard perplexe avec elle, puis fixe l'écran de son PC.

— À moins qu'il n'y ait quelque chose ici qui bloque ou masque activement ces informations. Un brouilleur ou un autre dispositif de sécurité de haut niveau, continue Nelly sans lever les yeux de l'écran.

— Et ça, ça veut dire quoi ça ? je demande.

— Ça veut dire que quelqu'un aurait eu accès à ton ordinateur, Knight. Ça ne peut pas être juste un problème logiciel...

Wayne se redresse, visiblement tendu.

Mon cerveau tourne à plein régime. Il avait déjà évoqué cette possibilité, et à ce niveau, nous ne sommes pas seulement face à un hacker talentueux. Nous sommes face à quelqu'un qui a un plan bien tracé, qui sait exactement ce qu'il fait, qui connaît nos mouvements avant même que nous les fassions.

— J'y ai pensé, mais c'est impossible. Personne n'a accès à mon ordinateur sans mon autorisation.

Nelly lève les yeux vers Wayne, un air sérieux sur le visage.

— Alors quelqu'un a trouvé un moyen de contourner ta sécurité. Et il faut que tu saches comment et qui c'est.

— Peut-être qu'il sait quelque chose à ce sujet ? articulé-je en désignant Rodrigue.

Wayne et Nelly tournent la tête vers mon otage. Un vent sinistre passe dans ce hangar.

Tout le monde pourrait être coupable. Tous les gens qui sont entrés en contact avec Cassie depuis septembre me paraissent tous suspects.

— Peut-être, me répond la hackeuse, mais il faut que j'examine cet ordinateur plus en détail. Si quelqu'un a infiltré votre système, il faut le découvrir avant qu'il ne fasse plus de dégâts.

Wayne acquiesce, en reprenant un peu son calme.

— D'accord. On peut procéder à une analyse complète.

Sans en attendre son reste, Nelly tire sur sa longue robe pour la redresser, révélant inadvertamment sa jambe.

Je lève les sourcils en découvrant une dague attachée à un bandeau en cuir autour de sa cuisse. Wayne, détourne rapidement le regard.

— Putain... tu portes toujours ça, lui demandé-je perplexe.

— Tu portes bien ton Tokarev, non ? me réplique Nelly sans ciller.

Déjà, je me dis que si elle a l'œil pour reconnaître une arme en un coup d'œil, c'est qu'elle doit vraiment être redoutable.

Seigneur, qu'est-ce qu'on va vivre cette année ?

Nelly sort la dague.

— Moi, j'ai un port d'arme, précisé-je.

— J'en ai un aussi.

Elle marque une petite pause en fermant l'écran de l'ordinateur de Wayne.

— Trafiqué certes, ajoute-t-elle avec un sourire en coin, mais ça fait l'affaire.

Je ne sais même pas si je dois être amusé ou traumatisé par ce que je suis en train de vivre.

J'imagine cette fille passer ses journées avec Cassie et le reste de leur groupe. Et une fois la nuit tombée, elle devient une sorte d'espionne redoutable, et personne autour d'elle ne le sait.

Elle retourne l'ordinateur.

— Qu'est-ce que tu fais ? demande Wayne, intrigué.

— Si le problème n'est pas dans le logiciel, il est dans le matériel.

Du bout de sa dague, Nelly commence à dévisser la coque de l'ordinateur.

Au bout de quelques minutes, elle ouvre le panneau. Elle sort son téléphone et allume la lampe torche avant de scruter minutieusement l'intérieur en faisant passer la lumière partout, détaillant chaque partie avec ses doigts.

Après un moment, elle s'arrête.

Je fronce les sourcils lorsqu'elle triture une zone, jusqu'à retirer un petit dispositif noir qui fait à peine la taille du bout de ses doigts.

— Trouvé... annonce-t-elle en nous présentant l'objet. Voilà pourquoi tu ne trouvais rien.

Un vent de surprise s'abat dans cet entrepôt.

Wayne et moi regardons le petit objet noir tenu entre ses doigts de Nelly.

— C'est quoi cette merde ? je demande.

— Un brouilleur... chuchote Wayne en se penchant pour mieux voir. Rien n'explique comment il est arrivé là ?

— Et le pire, c'est du matériel de pointe. Pas le genre de chose que tu trouves dans une boutique électronique. Celui qui la mit ici est certainement très riche pour avoir accès à ce genre de technologie. Quelqu'un veut vraiment s'assurer que son stalker reste introuvable, explique Nelly.

— Quelqu'un a dû l'installer à un moment où ton ordinateur était vulnérable, répond Nelly en remettant le panneau en place. Ça explique tout.

Wayne se frotte le front, anxieux avant d'ajouter :

— Effectivement, tout s'explique. On dirait que ce stalker a toujours un coup d'avance.

— Maintenant que nous l'avons enlevé, si notre stalker envoie un autre message, je pourrais tenter de trianguler sa position, du moins approximativement, continue Nelly en posant le brouilleur sur la table. Ça nous donnera une meilleure chance de le piéger. Il faudra que tu passes en revue ton ordinateur, peut-être que quelque chose d'autre est caché dans ton système.

Wayne hoche la tête.

— Je vais passer en revue chaque composant.

Elle acquiesce la tête, et regarde une nouvelle fois l'heure sur sa montre.

— Je ne peux pas rester plus longtemps.

— Ouais... je souffle en essayant encore de réaliser ce qu'on vient de découvrir.

— Bien évidemment, tu ne m'as jamais vue. Cassie ne doit rien savoir, ajoute-t-elle très sérieusement.

Je hoche la tête.

Ça commence à faire beaucoup de secrets.

Nelly hoche la tête elle aussi d'une façon reconnaissante.

Puis elle se tourne vers Wayne. Leurs yeux se fixent quelques secondes, jusqu'à ce que, sans un mot de plus, Wayne détourne le regard le premier en s'éclaircissant la voix. La seconde qui suit, le bruit de ses talons aiguilles résonne sur le sol en béton.

Wayne la regarde partir, je sens bien que mille pensées le bousculent.

Lorsqu'elle disparaît derrière la porte en métal, il trouve mes yeux.

Je suis sûr que nous pensons la même chose.

Elle ne fait pas partie de l'Ordre... Et pourtant.

Je ne m'éternise pas et tourne le dos à Wayne pour m'occuper de mon otage.

Sur mon chemin, je prends une chaise pliable et m'installe devant Rodrigue. Je tourne la chaise pour pouvoir y déposer mes bras sur le dossier.

— Allez, on se réveille, dis-je sur un ton presque amusé, mais ma frustration me crispe.

Je tapote ses joues, et Rodrigue cligne plusieurs fois des yeux pour essayer de revenir à lui-même. Son uniforme de policier est froissé, et son visage tuméfié par ma violence. Il se redresse doucement en rejetant la tête vers l'arrière pour tenter de se maintenir droit et éveillé.

Sa posture essaie désespérément de refléter son rôle de flic, mais je vois la peur manifeste dans ses yeux.

— Si tu coopères, ça ne sera pas long, je lui murmure.

Ma voix est douce mais la promesse sera certainement lourde de conséquences...

Rodrigue cligne encore des yeux pour se reprendre.

Il balaye le hangar du regard, je sens bien qu'il cherche quelque chose, une échappatoire, un indice, quelque chose qui pourrait lui donner un avantage.

— Où je suis exactement ? Que se passe-t-il ici ? me demande-t-il d'une voix qu'il veut un peu plus assurée.

— Tout ce que tu as besoin de savoir, c'est que plus vite tu parles, moins tu souffriras.

— Écoute, je ne sais pas ce que vous me voulez. Mais je suis sûr qu'on peut trouver un arrangement.

— L'arrangement que je te propose, lui précisé-je d'une voix froide, c'est de me parler vite de pourquoi tu as eu besoin de prendre le téléphone de Cassie Bennett.

Le choc traverse son visage, ses yeux s'agrandissent alors qu'il capte l'importance de ce que je viens de dire.

Il glisse un regard vers Wayne, puis de nouveau vers moi. Un vent de terreur parcourt ses traits.

— Je n'ai pas...

— Nouveau deal, je l'interromps en sortant mon Tokarev de la ceinture de mon pantalon. Ce que je te propose maintenant, c'est de me donner un argument clair, net et précis sur ton implication dans toute cette affaire. T'as peut-être des chances, et je n'ai pas envie de tuer quelqu'un ce soir.

À la vue de mon arme, Rodrigue se crispe, le sang semble quitter son visage et ses lèvres s'activent rapidement avant qu'il ne bafouille :

— Il-il m'a été ordonné de le faire !

Enfin, on avance !

— Qui ? je le presse sur un ton impitoyable.

— Orpheus, me lâche-t-il finalement.

Wayne et moi échangeons un bref regard.

— Bien... soufflé-je en reportant mon attention sur Rodrigue. Maintenant qu'on commence à parler la même langue, dis-moi tout ce que tu sais sur Orpheus et pourquoi ils voudraient le téléphone de Cassie.

Wayne s'est approché discrètement de nous. Ses bras croisés sur sa poitrine, il observe attentivement l'otage qui déglutit en laissant ses angoisses transparaître sur son visage.

— J'ai été approché il y a six mois. Un type banal, il n'avait pas l'air d'un criminel. Je-J'ai quelques soucis financiers... à cause du casino... et il m'a parlé d'Orpheus, un groupe engagé...

Il marque une pause, comme s'il pesait ses mots.

— Ils cherchent à rallier des gens pour... contribuer à une certaine "justice".

La notion de justice pique ma curiosité, je plisse des yeux.

— De quelle Justice on parle exactement ? Quel genre de justice un groupe comme Orpheus pourrait bien rechercher ?

Rodrigue secoue légèrement la tête, ses yeux balayent le sol comme s'il cherchait les réponses.

— J'ai pas vraiment cherché à creuser. Quand ils m'ont approché, j'avais des dettes... suffisamment graves pour que j'écoute ce qu'ils avaient à dire. Le type me proposait de payer mes dettes en échange d'intégrer leur groupe. Tout ce que j'avais à faire, c'était utiliser mon poste de flic pour leur donner quelques avantages... Ils attendaient juste de moi que je manipule certains rapports, que j'efface des infractions mineures, je retarde des enquêtes. Parfois, juste faire en sorte que certaines patrouilles soient ailleurs quand ils avaient besoin de... disons, de tranquillité. Je ne sais rien de plus.

Je fronce les sourcils. Il m'apporte énormément d'informations, mais sa réponse ne me satisfait quand même pas.

— C'est tout ce que t'as ? J'y crois pas, qu'est-ce que tu sais de plus sur Orpheus ? Comment ils t'ont vendu leur programme ?

Il semble hésitant, puis finalement il rajoute :

— Il m'a dit que le groupe a été créé en 1997. Leur but, c'est d'infiltrer les sphères de pouvoir, avoir un contrôle discret... sur toutes les institutions...

Wayne, intrigué, intervient.

— Le type qui t'a approché ? Quel était son nom ?

Rodrigue nous regarde tous les deux, comme si la question semblait un peu stupide :

— Ils s'appellent tous Orpheus. Je ne sais pas qui est au sommet. C'est un réseau, pas juste un homme.

Je m'efforce de garder la face. C'est ce que le journaliste que j'ai tué m'avait dit.

Et son discours me paraît dangereusement familier.

Ce sont les méthodes de l'Ordre.

Une pensée me glace le sang.

J'ai comme une illumination qui me fait comprendre qu'il y a quelqu'un, au sein même de notre organisation qui tente de recréer un deuxième Ordre...

Et cette notion de justice me ramène très vite à l'idée qu'un des membres de l'Ordre semble chercher à se venger.

Pourquoi ? Qui ?

Je garde ses réflexions pour moi pour prendre le temps de bien digérer ces nouvelles informations.

— Et mademoiselle Bennett ? Qu'as-tu fait avec son téléphone ? le presse Wayne pour plus de détails.

— Dès que j'ai su qu'elle était dans les locaux, j'ai juste... prétendu avoir besoin de son téléphone pour l'enquête... J'ai cliqué sur un lien... c'était tout. Je ne savais pas ce que ça ferait.

— Pourquoi elle en particulier ? Comment tu savais à qui tu avais à faire ?

— Moi je n'en sais rien ! s'exclame-t-il un peu plus vigoureusement. On me donne des ordres, je les exécute sans discuter, et mes dettes sont remboursées !

Je sens que la patience et la peur de Rodrigue commencent à exploser.

Toutes ses révélations font tourner mon cerveau à plein régime.

Je sens qu'Orpheus va nous causer beaucoup plus de problèmes que prévu.

Wayne sort soudainement son téléphone, et il me dit :

— Dis à Cassie de cliquer sur le lien que je vais lui envoyer, s'il y a un logiciel espion je dois le savoir maintenant.

J'hoche la tête et sors mon propre téléphone pour envoyer un message rapide à microbe.

"On va t'envoyer un lien. Clique dessus."

J'attends sa réponse. Ma jambe tremble en espérant qu'elle ne me laisse pas sans réponse trop longtemps.

La tension dans la pièce m'étrangle. Je n'arrive toujours pas à faire le lien entre toute cette histoire et Cassie, je sens mes dents mordre l'intérieur de ma bouche. Cette histoire commence à me frustrer de plus en plus.

Les minutes s'étirent, jusqu'à ce que je vois enfin la bulle de saisie apparaître sur mon écran.

Sa réponse arrive :

« Microbe : c'est fait. »

Je ne sais pas pourquoi, mais je fronce les sourcils devant son message.

Bonsoir Callahan. J'espère que tu vas bien ? Oui, je l'ai fait.

Normalement, elle m'aurait dit quelque chose comme ça...

Où est passée son habituelle politesse ?

Je sais que je ne lui ai rien fait de mal, donc ce n'est pas moi la cause de sa froideur. Ce n'est pas le moment, mais je me sens obligé de lui envoyer rapidement :

« Qu'est-ce qu'il se passe, Microbe ? »

Alors que je suis pris de préoccupation, mais je range mon téléphone en attendant une explication sur son ton sec. Je me lève, en lançant un regard en biais à Wayne qui est concentré sur son téléphone qu'il manipule rapidement, à la recherche de tout signe de logiciel espion.

Rodrigue semble encore plus anxieux en me voyant me redresser.

— Est-ce que par hasard, il y aurait des informations que tu aurais omis de nous dire ? je lui demande une dernière fois.

Rodrigue commence sérieusement à paniquer.

— Je sais rien, les gars, il faut me croire. On a payé mes dettes, je devais juste cliquer sur un lien, mais ça s'arrête là !

Sa voix tremble, sa transpiration est visible malgré la faible luminosité de la pièce.

— É-écoutez... Je ne fais que suivre les ordres. Je ne pose pas de questions. J'ai supprimé le message et lui ai rendu son téléphone. C'est tout ce que j'ai fait... !

Nous ne lui répondons pas. Je crois qu'il ne nous en dira pas plus que ça.

L'interrogatoire est terminé.

Wayne range son téléphone et extirpe des gants en latex noir de ses poches. Avec une précision presque chirurgicale, il les enfonce entre ses doigts, le claquement sec fait sursauter Rodrigue qui blanchit à vue d'œil.

Wayne a toujours eu cette manie de ne pas toucher les gens qu'il ne connaît pas avec ses mains nues.

— Q-qu'est-ce qui se passe ?

Mon coéquipier extrait une seringue de sa poche. Il retire le capuchon en plastique d'un mouvement mécanique.

Il s'approche de Rodrigue, qui tente désespérément de se détacher de la chaise, les cordes grincent sous ses efforts.

— Calme-toi, Rodrigue, lui dit Wayne d'une voix douce, presque rassurante.

Le regard empli de terreur de Rodrigue jongle de lui à la seringue. Il sait déjà ce qui va se passer.

— Q-qu'est-ce que c'est ?

— Ça ne prendra qu'une seconde, tu ne sentiras rien.

Sans crier garde, Wayne lève le bras et injecte le contenu de la seringue dans la gorge du flic.

En quelques secondes, le corps de Rodrigue se crispe sous l'effet du produit, et il ne faut pas plus de temps pour ses yeux se révulsent et que sa tête tombe sèchement sur le côté.

Le silence tombe entre nous. Il me faut un petit temps avant de finalement ranger mon arme dans la ceinture de mon pantalon.

— Je m'occupe du corps, me dit Wayne sur un ton froid. Normalement, le téléphone de Cassie est de nouveau sécurisé, je demanderais à Nelly de vérifier.

Je hoche la tête en réponse et au même moment, mon téléphone vibre dans ma poche.

Je l'extirpe, et vois le nom de "Microbe" s'afficher sur mon écran.

En même temps que je m'éloigne de quelques pas, je réponds en glissant le téléphone à mon oreille :

— Allô, zemër ? (mon cœur)

J'entends un reniflement au au bout du fil qui me fait immédiatement froncer les sourcils.

— Pourquoi tu pleures, microbe ?

— E-est-ce que je p-peux venir chez toi ce soir ?

Sa voix tremblante me serre l'estomac.

— Je ne suis pas chez moi, mon amour, dis-moi ce qui se passe ?

Je commence déjà à sortir mes clés de voiture de ma poche, en jetant un coup d'œil vers Wayne pour le prévenir de mon départ, je le vois recouvrir le corps de Rodrigue avec une bâche.

Cassie inspire bruyamment entre deux sanglots et me lance avec frustration :

— Je me suis disputée avec ma mère, et ce stalker de merde m'a encore envoyé un message, j'en ai eu tellement marre que je lui ai dit d'aller se faire foutre !

— Cassie, il ne faut pas que tu répondes à ce type, m'exclamé-je en sentant une légère préoccupation me prendre.

— Je sais, mais j'étais vraiment en colère !

Je sens sa rage derrière ses soubresauts et ses reniflements.

— OK, prépare un sac pour dormir à la maison, j'arrive dans trente minutes, où es-tu ?

— Je suis dans ma chambre.

— Ne sors pas tant que je ne suis pas là.

— Oui.

— Ne pleure pas, j'arrive. Raccroche mon amour.

— D'accord, m-merci Callahan, désolée, murmure-t-elle avant de raccrocher.

Je range mon téléphone et me tourne vers Wayne.

— Son stalker vient de lui envoyer un message.

— Je dois vérifier qu'il l'a fait après qu'on ait enlevé ce brouilleur. Si c'est le cas, je pourrais peut-être le tracer cette fois-ci, me dit Wayne en terminant d'enrouler Rodrigue dans la bâche.

— Tu me tiens au courant, je dois y aller maintenant ! je réponds pressé.

Wayne hoche la tête et sans un autre mot, je me précipite vers la sortie.

La pluie s'abat violemment violemment sur le sol maintenant. J'atteins ma voiture en quelques enjambées et démarre rapidement pour la rejoindre.











Bonsoir bonsoir, bonsoir ! 🎃

Ça-va ? ☕️









(Je peux même pas faire une longue NDA, je dois poster vite la ! C'est à cause des J.O purée ! Bref Aya ma go !)


IT'S TIIIME TO TAKE THE TEA : ☕️, je veux tout entendre, vos impressions, vos ressentis, vos théories, vos retours pour ce chapitre ? Dites-moi tout !



Franchement, c'était un petit chapitre de transition, comme d'hab j'ai toujours peur de ce genre de chapitre, parce qu'en général certaines me disent qu'elle se sont ennuyée comme y'a pas eu de moment Cal' et Cas' du coup ces chapitres me stressent mais ils sont nécessaires pour faire avancer l'intrigue. 😭

Mais bon je me rassure en me disant que le prochain chapitre il est... comme vous aimez 😎...





Bon j'y vais bisous, bye ! ❤️







BYE 🏍💨🪐 !





Stardust 🍓




𝚂𝚎𝚎 𝚢𝚘𝚞 𝚜𝚘𝚘𝚗 🕰...



xo, Azra. ✿



IG: azra.reed

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