𝟺𝟾. 𝟷𝟺 𝙵𝚎́𝚟𝚛𝚒𝚎𝚛.
Bonsoir, ça-va ? 🕰
(𝖣𝖾́𝗆𝖺𝗋𝗋𝖾𝗓 𝗅𝖺 𝗏𝗂𝖽𝖾𝗈 𝗉𝗈𝗎𝗋 𝗏𝗈𝗎𝗌 𝗉𝗅𝗈𝗇𝗀𝖾𝗓 𝖽𝖺𝗇𝗌 𝗅'𝖺𝗆𝖻𝗂𝖺𝗇𝖼𝖾)
"Parfois de belles choses s'effondrent pour que de meilleures prennent leurs places."
Marilyn Monroe
𝙰 𝙲 𝚃 𝟼.
📻 𝙵 𝚎́ 𝚟 𝚛 𝚒 𝚎 𝚛.
𝟦𝟪. 𝟣𝟦 𝖥𝖾́𝗏𝗋𝗂𝖾𝗋.
Cassie.
Sa voiture noire s'approche lentement, et s'arrête juste à mon niveau.
Je sens d'ores et déjà mon cœur accélérer légèrement.
Je lance un dernier sourire à Cherry qui croise ses bras sous sa poitrine en contractant les épaules à cause du froid, puis je m'approche de la portière, mais je n'ai même pas le temps de la toucher, Callahan l'ouvre et pousse la porte pour moi.
— Bonsoir... murmuré-je en entrant dans le véhicule. Merci d'être venue me récupérer.
Il me répond d'un simple hochement de tête, et alors que je referme ma portière, Cherry s'approche et sans une once d'hésitation, elle lance à Callahan :
— Coucou beau gosse, tu ramènes ma copine chez elle sans faute, hein !
Callahan esquisse presque un sourire, je sens qu'il se retient avant de lui répondre avec un haussement de menton :
— Rentre.
— Oh... ? articule-t-elle agréablement surprise par son ordre.
Cherry, met sa main devant sa bouche avec un sourire malicieux et sur un ton taquin et elle lui lance :
— Mais vos désirs sont des ordres beau brun...
— Cherry ! je m'exclame sans me contrôler en réprimant un petit rire.
Mon amie ricane et s'engouffre à travers la vitre pour me faire un baiser sur la joue.
— Tu m'envoies un message quand tu es rentrée, OK, ma chérie ?
Je hoche la tête, et elle recule pour rentrer chez elle.
Dès que la porte de sa résidence se referme, sans attendre, Callahan remonte ma vitre, et démarre.
Un silence s'installe immédiatement dans le véhicule.
Je me laisse emporter par le rythme des lumières qui défilent le long des rues désertes.
Parfois, quelques phares de voiture nous éblouissent légèrement. Mais je suis juste figée dans mille pensées. Entre ce que Cherry m'a dit plus tôt dans la journée, mes craintes, et le fait qu'on ne s'est plus vraiment adressé la parole depuis trois jours...
À cause de moi...
Je sursaute lorsque Callahan tapote sa main sur ma cuisse, pour attirer mon attention. Je relève immédiatement la tête vers lui en dégageant ma jambe par réflexe. Il retire tout aussi rapidement ses doigts :
— Më fal, me dit-il en me scrutant. Je te parlais.
Je ne déglutis en ne comprenant même pas pourquoi je suis autant troublée.
— Qu'est-ce que tu m'as dit ? demandé-je pour essayer de retrouver mon calme.
— Qu'est-ce que tu faisais chez ta copine sans les deux autres ?
— Ah ! On a un exposé à préparer sur le blanchiment d'argent et je suis en binôme avec Cherry.
Callahan hoche doucement la tête et de nouveau, la voiture glisse silencieusement le long des rues. Je ne sais même pas si ce silence est lourd ou inconfortable, mais je me sens soudainement obligée de le rompre en lui confessant :
— Euh... Callahan, tu te souviens, la dernière fois que je suis venue chez toi, tu m'as vu avec un homme...
Callahan tourne directement la tête vers moi. Son expression confuse et abrupte me fait vite comprendre qu'il n'aime déjà pas le début de ma phrase. Et quand il lève lentement un sourcil, je perçois même un peu de frustration dans les traits de son visage :
— Quel homme ? Tu me parles de ce Dani, j'espère, me demande-t-il d'une voix grave.
Je hoche la tête. Il fronce encore plus les sourcils, et son visage semble se durcir à vue d'œil.
— Ouais... et ?
— Et bah... Tout à l'heure, on est passé à la supérette en bas de chez Cherry et on l'a vu, je poursuis doucement.
Sans dire un mot, il freine brusquement à un feu rouge. L'arrêt soudain me pousse légèrement en avant, me faisant subir une pression désagréable de la ceinture de sécurité contre ma poitrine.
— T'as dit quoi ?
Je sens de l'incompréhension et de la colère qui se mélange dans sa voix. Sa mâchoire est contractée, et son regard sur moi intense et ne cache pas sa colère.
J'ai l'impression de merder complètement en lui disant tout ça. Mes joues surchauffent, et la tension dans la voiture ne fait qu'augmenter.
— Il-il enfin... il n'a rien fait de mal, il faisait ses courses et... et-en fait—
Ma voix s'effiloche à cause de son regard, et le feu est devenu vert, il y a une voiture derrière nous, mais il n'avance toujours pas :
— Euh, c'est vert, Callahan.
— Et quoi ? me presse-t-il visiblement enragé.
— Et euh... bah, il voulait mon-mon numéro... de-de téléphone, je bégaye en redoutant sa réaction.
Un rire nerveux s'échappe de ses lèvres. Lorsqu'il redémarre brusquement, l'accélération soudaine de la voiture me colle contre le siège.
Callahan passe une main nerveuse sur sa mâchoire. Je le sens très irrité, alors je me sens obligé de lui dire :
— Mais je ne lui ai pas donné, on a couru avec Cherry. On a eu peur.
— T'as eu peur de quoi ?
— Je ne sais pas, depuis que je l'ai vu en bas de chez toi, il me donne des frissons... j'avoue en le fixant.
Il fronce les sourcils puis me dit en manipulant l'écran tactile de sa BMW :
— Toi, tu ne dois avoir peur de personne, Cassie, et encore moins de lui.
Un frisson involontaire me parcourt, alors qu'il parcourt ses contacts, je peux voir tous les noms listés alphabétiquement ; Bab, Benjamin, Neo, Seiji, jusqu'à ce qu'il s'arrête sur Wayne.
Sans un mot de plus, il clique sur le contact.
Le téléphone résonne deux fois dans la voiture avant que Wayne ne décroche enfin :
— Bonsoir, Callahan ? Qu'est-ce qu'il se passe ?
La voix calme de Wayne apaise presque l'urgence de la situation. Sans attendre, Callahan lui explique brièvement la situation. Jusqu'à ce qu'il se tourne vers moi, et ses yeux bleu intense fixés sur moi me font frissonner. Il m'ordonne d'une voix ferme :
— Explique-lui, sans manquer un seul détail.
— Euh... oui. B-bonsoir Wayne, je commence d'une voix hésitante.
— Bonsoir Cassie, dis-moi.
Je me lance dans mes explications, en lui racontant tout en détail, chaque moment de l'interaction avec cet homme, ce qu'il avait dans son panier, tout ce qu'il m'a dit, ses regards...
Wayne écoute attentivement, en me posant parfois des questions pour éclaircir certains points, son ton reste toujours très sérieux et concentré.
Une fois que je termine, il me remercie, et s'adresse directement à Callahan :
— Je vais vérifier les vidéos de surveillance, je te rappelle, Cal'.
— Vas-y, merci.
Callahan raccroche. Et sans m'en rendre compte, on est arrivé dans mon quartier. Il tourne dans la rue qui mène à la pente qui mène à ma maison. Au bout de quelques secondes, il s'arrête doucement devant mon portail.
En levant les yeux vers ma maison, une sensation inhabituelle m'envahit.
C'est la première fois que je la regarde avec un sentiment aussi... sinistre.
Chaque ombre qu'elle projette me provoque un frisson glacé. Une chair de poule apparaît sur mes bras malgré moi.
Je fixe un instant la façade, en sentant mon cœur accélérer légèrement.
J'hésite quelques secondes... Je sais que ma mère n'est pas rentrée. Et je vais me retrouver toute seule dans cette maison.
Finalement, je secoue légèrement la tête pour chasser cette impression dérangeante et me penche pour prendre mon sac à mes pieds.
En me tournant vers Callahan, je constate qu'il me regardait déjà, et il me lance :
— T'as peur ?
De nouveaux frissons me prennent... mais cette fois-ci ils sont plus chaud et me soulèvent l'estomac...
Je lui dis non de la tête, mais il tourne les clés dans le moteur, et ouvre sa portière en me disant :
— Je vais faire le tour.
Je n'ai même pas le temps de répondre qu'il est déjà sorti.
Je descends à mon tour pour lui ouvrir mon portail et ma porte d'entrée.
— Reste ici, m'ordonne-t-il en dégainant mon arme.
Un stress m'envahit en voyant ce canon noir.
Néanmoins, je ressers mon sac contre mon épaule et je le laisse faire le tour de la maison pendant que je reste sur le pas de ma porte. Il inspecte le rez-de-chaussée, avant de monter à l'étage.
Puis au bout de quelques minutes, il revient, avec une expression moins renfrognée :
— Y'a rien, ne t'inquiète pas, me rassure-t-il en descendant les escaliers tout en rangeant son arme.
Un soulagement me submerge, mais j'ai quand même cette sensation que l'atmosphère dans la maison me semble pesante et étouffante.
Mon garde du corps arrive à mon niveau :
— Cassie, ça ira ?
Ses yeux me scrutent pour y chercher des signes de détresse.
— Oui, merci... murmuré-je en hochant la tête.
Il hoche la tête, son expression me paraît soudainement indéchiffrable.
Mais il me dit finalement :
— Naten ë mire, Cassie.
Je ne sais pas pourquoi, cette fois-ci, ce « bonne-nuit » me serre le cœur.
D'habitude... c'est toujours, « naten ë mire, zemër. »
Ma gorge se noue un peu, et je le laisse partir en sentant ce sentiment de solitude grandir encore plus lorsqu'il referme soigneusement la porte derrière lui. En regardant mon salon et ma cuisine plongée dans le noir, une vague d'oppression me submerge inexplicablement.
Je ne comprends même pas ma peur soudaine qui m'ordonne de courir dans ma chambre.
Je me précipite dans mes escaliers et me rue vers le seul lieu qui me semble sécurisant.
J'ai à peine claqué ma porte, que Sherlock, caché sous mon bureau, semble avoir ressentir mon urgence et bondit presque dans mes bras en miaulant dès que je m'approche.
— Coucou toi, je murmure en le caressant.
Sa présence me rassure un peu, je lui fais des bisous sur le haut de son crâne, mais ce sentiment d'oppression ne diminue pas. Je referme rapidement la fenêtre de ma chambre. Et la sensation sinistre me paraît de plus en plus urgence et insurmontable. Mon anxiété monte en flèche, et prise d'une panique soudaine, je m'assois sur mon lit et saisis mon téléphone.
Sans attendre, je cherche le contact de Callahan.
Il répond à la première sonnerie.
— Oui, Cassie ?
Sa voix me rassure instantanément, sans attendre je lui bafouille :
— Désolée, Callahan, je... désolée, mais—
Je marque une pause, un peu déstabilisée, mais il me dit :
— Tu veux que je reste ?
Mon cœur s'emballe, je hoche la tête comme s'il me voyait avant de lui répondre :
— Oui, s'il te plaît... je ne veux pas rester toute seule.
Ma voix est presque un murmure.
— Viens m'ouvrir. Je suis en bas, me dit-il immédiatement.
Mes lèvres s'entrouvrent, prise par la surprise, mais en même temps, un soulagement immense m'inonde alors que je me lève rapidement de mon lit, et que je sors de ma chambre pour voir à travers les carreaux opaques de ma porte d'entrée, qu'il est toujours là.
Et il n'est probablement jamais parti...
Je finis par raccrocher en arrivant devant mon entrée, et j'ouvre la porte.
Je sens mes épaules se détendre en le voyant se tourner vers moi, un "merci" incontrôlé m'échappe alors que je le laisse entrer. Pour seule réponse il secoue la tête comme pour me dire que ce n'est rien.
Nous montons ensemble dans ma chambre. Cette fois-ci, je suis beaucoup plus rassurée.
Callahan nous enferme à l'intérieur, et c'est à ce moment-là que je pense à enlever mon manteau et ce pull qui commençaient à me tenir trop chaud à cause de mon stress. Je les dépose sur le dos de ma chaise jusqu'à ce que j'entende :
— C'est quoi ça ?
Au ton tranchant et sec de la voix de Callahan, je me tourne précipitamment vers lui.
Il se penche ramasser un objet qui est tombé. Et je réalise lorsqu'il se redresse que c'est le test de grossesse de Cherry qui s'est échappé de mon soutien-gorge où je l'avais caché tout à l'heure, quand madame An est entrée dans sa chambre.
Je ne me suis pas rendu compte qu'il était tombé, et mes lèvres s'entrouvrent de choc et d'angoisse en voyant Callahan scruter le résultat du test, le visage renfrogné, faisant passer ses yeux remplis de frustration de moi à l'objet :
— C'est quoi ça, Cassie ? insiste-t-il durement en me présentant l'objet.
— C'est-ce n'est pas le mien ! Je te jure !
Les mots jaillissent de ma bouche et sont accompagnés d'une vague de honte qui colore mes joues de rouge.
— Si c'est pas le tien, c'est à qui alors ?
Son regard ne se détend pas, j'ai presque peur qu'il ne me croie pas :
— À Cherry !
Sur le coup, je suis vraiment soulagée qu'elle m'ait autorisée à partager ce secret avec Callahan.
Il se détend immédiatement. Mais je vois son sourcil se hausser alors qu'il examine le test plus attentivement :
— Elle est enceinte du prof dont tu m'avais parlé ?
Il me fixe en attendant ma réponse, et je hoche la tête pour confirmer ses soupçons. Son expression se transforme en une grimace qui dit clairement "elle est dans la merde".
— Il faut que tu ne le dises à personne ! OK ? Cherry m'a dit que je pouvais te le dire à toi, mais n'en parle pas, supplié-je avec urgence.
— Tes secrets et celui de tes copines mourront tous avec moi, Cassie. Tu le sais ça, ne t'inquiète pas, me répond-il en déposant le test sur ma table.
Un soupir de soulagement silencieux m'échappe. Et je le crois sans hésiter. Je hoche la tête comme pour le remercier.
— Tu peux t'asseoir où tu veux, je vais juste me doucher et me changer, si ça ne te dérange pas ?
Il acquiesce calmement, puis ses yeux suivent un moment les mouvements de Sherlock, qui se faufile curieusement entre ses jambes.
— Est-ce que juste avant tu veux manger ou boire quelque chose ? je continue.
— Non ça va, Cassie, fais ce que tu as à faire, me répond-il en se penchant pour prendre Sherlock dans ses bras et embrasser plusieurs fois le haut de son crâne.
Je hoche la tête, et sans le vouloir, un frisson parcourt mon dos, il n'est pas froid... mais brûlant.
La simple idée de prendre une douche alors qu'il est dans la maison me provoque tout un tas de pensées salaces que je ne devrais vraiment pas avoir...
En m'éclaircissant la voix, je récupère discrètement dans le tiroir de mon armoire, une culotte que j'écrase dans ma paume pour la cacher, et un pyjama imprimé vieilles roses — le genre de pyjama que l'on pourrait qualifier de "grand-mère", tant il est loin de toute tentative de séduction — mais c'est un des plus confortables que j'ai...
— Euh... je reviens, je le préviens en sortant rapidement de ma chambre.
Une fois dans ma salle de bain, je prends une douche rapide, chaque seconde sous l'eau chaude me fait un peu plus rougir à l'idée de sa présence juste de l'autre côté du mur. Mes frissons descendent jusque dans mes cuisses en repensant au soir où j'étais chez lui, et à toutes les sensations que ses doigts et ses lèvres m'ont provoquées.
J'essaye de chasser ses pensées en me savonnant, mais j'ai juste l'image de son corps musclé au-dessus du mien, et ça n'apaise en rien mes envies...
Je termine de me doucher, et m'empresse de mettre ma culotte avec une serviette dessus. Je m'habille rapidement dans mon pyjama, et termine ma routine de soins du visage.
Je fais une natte avec mes cheveux encore humides, avant d'éteindre la lumière et retourner dans ma chambre.
Callahan est devant ma fenêtre. Il se tourne vers moi en entendant la porte, et un sourire spontané illumine son visage en me voyant, moi, et mon pyjama de grand-mère qu'il détaille de haut en bas. Il berce doucement Sherlock et je pince involontairement les lèvres en constatant qu'il a enlevé ses chaussures, son manteau et son pull, et que ses bras athlétiques me sont révélés à travers ce t-shirt qui lui compresse les muscles de son torse.
Ma chambre sent son parfum...
Mon regard s'attarde sur sa peau partiellement tatouée, et une nouvelle chaleur m'envahit et me fait rougir.
Détends-toi, Cassie... s'il-te-plaît.
Je te rappelle que tu es censée être en froid avec lui.
— Tu es sûre que tu ne veux rien manger ? je lui demande une dernière fois pour essayer de revenir un peu sur terre.
Il secoue doucement la tête, toujours ce sourire tendre aux lèvres.
— O-ok...
Je m'enfonce dans mon lit. Des salves de sensations me narguent et je ne sais même pas comment je vais faire pour me cacher de tout ça.
Je me souviens que Cherry m'avait demandé de lui envoyer un message lorsque je serais rentrée, et justement en prenant mon téléphone, je vois qu'elle m'a appelé une fois et m'a envoyé un message :
« Cherry Waldorf : protégez-vous. Je suis sûre qu'il a un préservatif dans sa poche lui. »
Je retiens un son choqué, et lève la tête vers Callahan, qui me tourne le dos, je le scrute avec méfiance. Mon regard se tourne vers sa veste qu'il a laissée sur ma chaise, et je me fais violence pour ne pas vérifier que Cherry dit vrai.
« Je ne vais rien faire avec lui. »
« Cherry Waldorf : Cassie, tu as tes règles. Crois-moi que tu n'aurais pas dit ça en période d'ovulation. »
Mes lèvres se pincent et je dépose mon téléphone sur la table de chevet en sentant mes joues chauffer.
En relevant la tête vers lui, je le vois examiner chaque détail de ma chambre. Il regarde des photos polaroid de mes amies, Sherlock et moi, que j'ai accroché près de ma bibliothèque.
Je suis perdue entre la gêne et... l'excitation.
En zieutant la taille de ses bras, je me sens toute émoustillée. Entre les veines épaisses qui les parcourent et l'architecture puissante de son dos qui épouse à merveille son t-shirt under armour pressé contre lui... je n'aurais effectivement pas dit ça en période d'ovulation.
Le silence est un peu lourd, mais il continue de faire le tour de ma chambre. Il toise chaque poster d'Edward ou tout ce qui s'apparente de près ou de loin à Twilight, et fouine un peu mes étagères. Il détaille tous les petits objets décoratifs que j'ai laissés. Sherlock toujours blotti dans l'un de ses bras à l'air aux anges, il ronronne doucement et je sens qu'il est en train de s'endormir.
Callahan s'arrête devant ma bibliothèque, son regard parcourt tous les titres.
— C'est nouveau ça ? me dit-il en tirant un livre de l'étagère.
Il se tourne légèrement vers moi et me montre l'ouvrage :
— Oh oui, c'est sorti la semaine dernière.
Je me retiens de tout lui raconter. Non pas parce que j'ai peur de l'ennuyer, mais parce que je considère que nous sommes toujours en froid et qu'une discussion banale n'est pas ce que je veux maintenant...
— Bargain, articule-t-il en lisant le titre, avant de tourner le livre pour voir le résumé.
Plus il lit, plus il arque un de son sourcil.
— Hmm... finit-il par murmurer avec un petit sourire en coin.
Le frisson qui me serre le ventre à l'entente de ce son qui me fait pincer les lèvres, comme à chaque fois.
— Encore un truc de mafia, me lance-t-il sur un ton amusé. Tu ne veux pas vivre ta propre romance, microbe ?
Je sens qu'il essaie de détendre l'atmosphère avec son humour habituel.
Je m'efforce de ne pas le laisser sans réponse alors je grimace un peu dans une tentative de lui sourire, mais j'ai plus les traits déformés qu'autre chose. Il replace le livre sur l'étagère.
Immédiatement, à son expression défaitiste qui tire ses traits, une culpabilité me prend. Je me déteste pour la distance et le froid que j'instaure entre nous, mais je n'arrive pas à sortir de ma carapace. Je sens bien qu'il veut poursuivre la conversation, mais c'est moi qui bloque toute la communication.
Gênée, je prends mon ordinateur sur ma table de chevet, et l'ouvre sur mon document Word ou je rédige mon histoire.
J'ai terminé d'écrire le tome un. J'ai vingt-et-un chapitre, et je dois commencer mon tome deux, et je ne sais pas ce que j'attends pour le commencer. J'ai quand même réussi à avoir des commentaires, et presque neuf milles vues, je ne devrais pas abandonner...
Mes doigts glissent sur le curseur de mon Mac, pour me rendre sur l'interface de mon compte ou je publie mon histoire.
Je glisse vers le chapitre ou mes deux protagonistes viennent de s'embrasser pour la première fois. Mon curseur reste clignotant devant la dernière phrase décrivant leur baiser passionnée.
J'avoue que je me suis inspirée de notre baiser...
En fait, je me suis inspirée de lui tout court pour mon protagoniste...
Mais alors que j'allais retourner sur Word pour lancer mon tome deux, j'entends :
— On s'est fait ghoster, patapouf, chuchote-t-il assez fort pour que je l'entende en s'adressant à mon chat sur un ton taquin, comme pour me provoquer gentiment.
Je relève les yeux vers lui, cette fois-ci, avec un petit sourire aux lèvres.
— Ouais, toi aussi t'es en dépression ? demande-t-il à Sherlock. Tu penses qu'on va dormir par terre ? Putain, c'est la merde, hein. On ne se fait pas respecter les hommes de cette maison.
Mon chat le fixe sans rien comprendre, sa seule réaction est d'approcher son museau du nez de Callahan qui ricane doucement. À mon tour, je me retiens de sourire en pinçant mes lèvres.
— Désolée, si tu veux, tu peux t'asseoir.
Je lui désigne ma chaise de bureau.
Il la regarde, et place sa main sur son cœur en faisant une mine dramatique.
— M'asseoir seulement sur ta chaise de bureau ? T'es si cruelle avec moi.
Sa mine faussement dépitée m'amuse légèrement, mais mon rire reste coincé au fond de moi.
— Si tu veux dormir maintenant, je peux te faire une place sur mon lit, je lui propose.
— Je ne dors pas en froid avec ma femme moi.
Mes lèvres s'entrouvrent pour lui répondre, mais finalement aucun mot n'en sort.
Je baisse les yeux sur mon écran en réalisant que je suis suffisamment à l'aise avec Callahan pour écrire mon roman devant lui sans honte, mais je sens que je ne vais pas arriver à aligner une ligne ce soir.
Alors je referme mon ordinateur et me lève pour le poser sur mon bureau. J'en profite aussi pour jeter le test de grossesse dans ma poubelle pour éviter que ma mère ne tombe dessus et que ça ne provoque la troisième guerre mondiale...
En retournant vers mon lit, je sens une pression autour de mon poignet. Je relève la tête, Callahan me retient. Il laisse mon chat repartir, et me dit :
— On peut parler ? me demande-t-il, sur un ton plus sérieux cette fois.
Je le regarde, un peu perplexe, je ne suis pas tout à fait sûre de ce qu'il entend par « parler ».
— De quoi... ?
— Je m'ennuie trop quand tu es en colère contre moi. En fait, je déteste vraiment ça.
Je le fixe, ses mots me heurtent, car je ne m'y attendais pas du tout. Et à mon tour, je réalise que je déteste aussi être en froid avec lui.
— Je me sens trop seul après. Tu me manques. Je veux qu'on règle le problème maintenant, poursuit-il d'une voix emplie d'une sincérité brutale.
Je me libère doucement de sa prise, tirant légèrement sur mon bras pour qu'il me lâche, et croise les bras sous ma poitrine. Je veux juste contrôler le flot d'émotions qui m'envahit après ses mots. Je ne peux pas me laisser avoir juste par mon cœur...
— Callahan...
Je ne trouve pas les mots justes, mon cœur tambourine, mais je lui demande finalement :
— Est-ce que tu vas parler... ?
— Je vais essayer, me répond-il doucement avec un regard sérieux et sincère.
— Parce que je t'ai déjà tout expliqué...
— Je sais, tu as peur de moi, et tu ne me connais pas assez.
Cette simple reconnaissance me donne l'impression d'avoir été comprise. Ça me détend un peu, alors je hoche la tête pour confirmer :
— Je sais ce que j'ai fait... mais Cassie, il faut que tu comprennes que rien sur cette terre ne me convaincra de poser la main sur toi. C'est même pas un truc auquel je peux penser. Et je tiens vraiment à ce que tu me crois.
Ses yeux cherchent les miens, je ressens presque qu'il m'implore de lui faire confiance :
— Mais comment tu as pu... le massacrer comme ça... sans pitié ? C'était...
Les mots me manquent, et un frisson froid me traverse, un mélange de peur et de révulsion à la pensée de sa violence.
— Il t'avait touché. Je ne pouvais pas le laisser s'en tirer comme ça. En sachant que ça faisait un petit moment que je voulais me le faire cet enfoiré de merde, m'explique-t-il sur un ton presque impitoyable.
— Mais je...
Je m'interromps, et baisse les yeux vers mes mains que je commence à triturer, une anxiété monte en moi.
Callahan le remarque et doucement, il me fait relever la tête en posant son index sous mon menton.
— N'aie pas peur, dis-moi.
La douceur de sa voix grave m'oblige à me confier, sans attendre je lui avoue :
— Je t'appelais... et tu ne m'entendais pas. J'ai vraiment crié ton nom, plusieurs fois... c'était comme si tu n'étais pas là...
— Je—
J'ai l'impression d'avoir appuyé sur un point sensible, son expression se brise un peu.
Il retire son doigt sous mon menton, et commence à se masser la nuque d'une main.
Ses yeux fuient les miens quelques secondes, et je sens qu'il lutte contre lui-même.
— J'ai... je vois un...
Je sens que sa voix est hésitante, et qu'il semble extrêmement gêné d'admettre ce qu'il cache. Malgré mon cœur qui tambourine, je respecte ce moment en ne le pressant pas, et après une petite pause, il me dit finalement :
— Je vois un psy... pour ça.
Ses iris bleu foncé cherchent activement les miens. Je sens qu'il craint ma réaction, mais sur le coup, je ne ressens rien d'autre que de la compassion pour lui.
— Qu'est-ce que tu as ?
Mon ton est bas et sans jugement, je veux juste qu'il sente que je suis là pour lui...
Callahan à l'air tellement embarrassé qu'il passe sa main dans ses cheveux, les ébouriffant légèrement. Une mèche rebelle lui tombe sur son front.
Sur le coup... je le trouve vraiment très beau.
Incroyablement beau...
— Je ne vais jamais te juger, Callahan... tu sais... je ne voudrais jamais que tu ressentes de la honte avec moi...
Il porte ses paumes collées devant sa bouche, ses yeux fixés sur moi.
Il hésite beaucoup, ça se voit, mais je veux vraiment qu'il parle cette fois-ci.
— J'ai... un trouble du stress post-traumatique, me révèle-t-il enfin.
Une légère surprise me fait écarquiller les yeux, mais je garde mon calme et lui demande :
— À quoi il est dû ?
— C'est depuis que je suis parti en Irak.
— Qu'est-ce qui s'est passé ?
— Notre unité... s'est faite—
Il s'interrompt. Je constate soudainement le changement d'expression. Ses yeux me paraissent livide, et d'une telle tristesse qui ça me donne la boule à la gorge et j'ai bien l'impression que sa peine devient la mienne.
Je n'ai pas le courage de le toucher, pourtant j'en meurs d'envie, mais je ne m'en sens pas légitime. Je crains de ne pas avoir ce droit, alors je reste plantée là, devant lui en espérant qu'il ne se sente pas seul dans cet aveu.
Néanmoins, mon cœur se serre en le voyant lutter ainsi avec ses mots.
Et puis finalement, il recule jusqu'à la chaise de mon bureau.
C'est comme s'il mettait une distance choisie entre nous. Il s'assoit et Sherlock saute sur ses cuisses.
— Tu n'arrives pas à en parler ? je lui demande doucement.
Il secoue la tête négativement.
J'ai ce besoin un peu intrusif de vouloir en savoir plus, mais je ne dépasserais jamais ses limites. Et je veux encore moins le forcer à revivre ses traumatismes.
— Je ne veux pas te forcer à revivre ça, tu n'es pas obligé de tout dire.
Il relève ses yeux qu'il avait baissés sur mon chat qu'il caresse pour me dire :
— Je veux juste te dire que... qu'on n'était pas là-bas pour la guerre... notre unité n'est pratiquement jamais entrée en contact avec des Irakiens. On était un petit groupe, présent pour une mission spéciale qui devait durer quelques mois... sauf que ça ne s'est pas déroulé comme prévu... et je ne veux pas me replonger dans ces souvenirs, pas ce soir.
Sa voix me semble presque brisée par l'effort de partager ce peu d'informations.
Je hoche la tête, en comprenant.
À mon tour, je recule alors sur mon lit. Je croise les jambes encore un peu perdues par ses révélations, et je décide de lui poser d'autres questions :
— Et... ce PTSD... qu'est-ce qu'il te provoque ?
— Des migraines, des cauchemars, des moments de déréalisation, des réflexes. Je me sens constamment en danger.
Une immense tristesse m'envahit.
J'ai d'ores et déjà envie de tout faire pour le libérer de tous ses tourments.
Et le pire, c'est la culpabilité qui me prend quand je réalise que je me sens tellement en sécurité et protégée lorsqu'il est là. Je n'ai plus peur de rien, je me sens à l'abri, alors que lui... personne ne peut lui offrir la même protection.
Ma peine se décuple en réalisant que je ne pourrais jamais lui donner ça...
— Je prends une série de médicaments lourds pour calmer mes migraines ou les moments de déconnexion que je peux avoir, m'explique-t-il, ce qui me coupe de mes pensées. Mais parfois, je ne les prends pas parce que ça me rend moins vigilant, et je n'aime pas avoir l'impression d'avoir le cerveau endormi.
Je reste un peu bouche bée.
Je réalise un peu ce qui se passe dans sa tête, et je me demande comment je peux lui donner la paix qu'il me donne quand il est là.
Ma gorge se noue, et je hoche la tête doucement pour qu'il sache que je l'entends.
— Je suis désolée, murmuré-je d'une voix à peine audible. Je ne savais pas tout ça...
Callahan semble surpris par mes excuses. Je le vois dans l'expression de son visage, j'ai même la sensation que ma réponse l'inquiète et qu'il a senti que je culpabilisais :
— Tu n'as pas à l'être, Cassie, me répond-il directement, son regard fixé sur moi avec une intensité qui souligne sa sincérité.
Je prends machinalement ma natte en jouant distraitement avec ses pointes pour canaliser mon propre malaise.
— Alors, quand tu l'as frappé, tu étais dans quel état ?
Mon cœur est lourd, mais je veux vraiment le comprendre en profondeur.
Il semble un peu gêné par ma question, et il recommence à caresser Sherlock sous la gorge :
— J'étais fou de rage, Cassie. Parfois certaines images ou certains sons réveillent ce putain de PTSD. Je n'étais plus moi-même en t'entendant crier de l'autre côté de la cour. Ça m'a replongé là-bas... je sais que ça sert un peu d'excuse mais te voir comme ça, je ne pouvais pas ne rien faire.
— Je ne veux pas que tu massacres quelqu'un pour moi.
— Je tuerais pour toi, Cassie, tu m'excuseras, mais personne ne pose la main sur toi comme ça.
Sa réponse abrupte, presque brutale dans sa franchise me prend de court :
— Non ! Je—
En me rendant compte que je me suis un peu écriée, je me force à me calmer.
Mes mains soutiennent ma tête et je cherche la bonne manière de lui exprimer mes craintes sans provoquer d'escalade :
— Je ne veux pas de ça, Callahan...
— Et tu ne l'auras pas tant que personne ne te casse les couilles, Cassie. Tu m'as dit depuis novembre que ce fils de pute avait des photos de toi, et si je l'avais voulu, j'aurais pu me faire Taylor et sa clique depuis le soir d'Halloween . J'aurais pu faire bien pire que ce que j'ai fait là. Mais jusqu'à jeudi dernier, je n'ai rien fait parce que je sais très bien me canaliser. Il ne faut juste pas trop pousser sa chance avec moi et surtout pas me chercher. Ce qu'il t'a fait dans ce couloir, c'était hors de question que je laisse ça passer. En sachant que je suis sûr que ce n'était pas, la première fois, et Dieu seul sait ce que tu accepteras de me dire sur tout ce qu'il t'a vraiment fait. Je reste convaincu qu'il t'a fait pire que te plaquer contre un mur et te demander d'aller chercher de la drogue. Il fallait que ce qui s'est passé dans ce couloir soit la dernière fois de sa vie, et crois-moi que c'était la dernière !
Son discours me cloue le bec.
Je reste silencieuse en essayant de digérer tous ses mots, et les sentiments complexes qu'ils éveillent en moi.
Je dois avouer que d'un côté, je me sens protégée, je dirais même... chérie.
Mais de l'autre, sa violence me terrifie.
La dualité entre mon confort et ma peur s'entremêle brutalement. Ça me fait me poser des millions de questions qui restent sans réponses et qui me laissent incertaine sur la bonne décision à prendre...
En ressassant son discours, je frissonne.
Il a raison, c'est vrai, il aurait pu attaquer Taylor depuis bien longtemps.
Il ne l'a jamais fait avant jeudi...
— Est-ce que j'ai tort, Cassie ?
Sa voix teintée d'autorité me fait relever les yeux sur lui, mais je ne peux pas soutenir son regard très longtemps. Je détourne le mien, incapable de le confronter.
— Qu'est-ce qu'il t'a fait ce salopard ? Tu m'as dit que tout s'était arrêté grâce à Lalita. Qu'est-ce qui s'est passé ?
Sa question me serre la gorge, je me sens prise au piège par mes souvenirs violents qui me reviennent en pleine face.
Une panique me submerge, et je lui lance :
— Je ne veux pas en...
— En parler, ouais, me coupe-t-Il ajoute, avec une pointe d'agacement dans la voix.
Je sens qu'il en a assez de mon silence. Mais mes mots sont coincés. Encore une fois, je baisse les yeux, et sur un ton un peu plus dur, il me dit :
— Je crois qu'on a un petit problème de communication, toi et moi.
— Tu en sais beaucoup plus sur moi, que j'en sais sur toi, rétorqué-je un peu indignée.
— Mais j'essaye de te parler là ! lance-t-il en haussant légèrement le ton et en ouvrant ses paumes de frustration.
Mon cœur se serre davantage :
— Pourquoi est-ce que tu t'énerves déjà ?
— Parce que j'ai l'impression que peu importe ce que je te dirais, je n'arriverais pas à te convaincre, me lâche-t-il frustré.
— Ce n'est pas ça, c'est juste que—
Je m'interromps, incapable de trouver les mots justes pour exprimer ce qui m'angoisse vraiment.
— C'est juste que quoi, Cassie ?
Son ton est insistant, sa voix ferme.
— Je-je... j'ai peur !
— Mais on revient au même problème que la dernière fois. Est-ce que tu as vraiment peur de ma violence, ou tu as juste peur que malgré ça, t'as quand même envie d'essayer avec moi ? Parce que moi je pense plutôt que t'as peur de l'engagement !
Son regard est intense, presque accusateur.
— Ça n'a rien à voir, tu racontes n'importe quoi ?
Je commence à paniquer, mes yeux commencent à me piquer à cause des larmes qui menacent de couler.
— Dans ces cas-là, explique-moi clairement ce qui te fait peur ?
— Que tu me frappes, moi !
Mes aveux jaillissent, et je sens sa frustration sur son visage :
— Mais putain, pourquoi je ferais ça ? Est-ce que je me suis déjà montré violent une seule fois envers toi ?
— Non mais-mais si tu es en colère peut-être que-que-je ne sais pas moi !
— Je suis en colère, là, maintenant ! J'ai même envie de te dire que je suis désespérément en colère ! Parce que tu te fous de ma gueule et ça ne me donne pas pour autant envie de te toucher.
— Non mais—
Je tente de parler, mais je suis à court d'arguments...
Je me terre dans le silence, ce qui coupe court à notre échange.
— Mais quoi ? insiste-t-il, son regard fixé sur moi.
Je ne veux pas répondre. Je veux que tout s'arrête maintenant.
— Laisser tomber, Callahan, je murmure en espérant que ça mette fin à notre dispute.
— Tu ne peux pas être sérieuse là ?
Son ton monte, je me sens stressée de plus en plus.
— Callahan... s'il te plaît, on laisse tomber.
— Tu me dis que tu veux que je parle et quand je veux le faire, tu n'assumes pas ? Tu te fous de ma gueule, Cassie ?
— Je n'ai plus rien à ajouter, c'est tout ! m'écriée-je pour clore la conversation.
— Non, tu fais tout le temps ça, Cassie ! Tu fuis ! T'es entourée de trois copines qui feraient tout pour toi, et pourtant t'es une tombe avec elles ! C'est à peine si elles connaissent la moitié de ta vie ! Je mets ma main à couper que tu ne leur fais même pas totalement confiance ! Tu m'as moi, et tu sais ce que je suis prêt à faire pour toi, et pourtant, tu ne veux pas prendre ce risque de t'engager et de me faire confiance ! Qu'est-ce qu'il te faut à la fin ?
Je me lève de mon lit, énervée, en sachant au fond de moi qu'il a raison et c'est ce qui me fait encore plus mal.
Je ne veux pas me l'avouer.
— C'est injuste ce que tu fais ! je lui crie désespérée.
— Non, c'est toi qui agis comme une peste, parce que t'as la trouille ! De quoi t'as peur putain !? Qu'est-ce qui t'es arrivé pour que tu te confortes autant dans l'idée que rien ne marche jamais pour toi ! Que rien ne mérite au moins une petite explication ?
— Écoute Callahan, c'était une erreur que tu viennes ici. Je ne te forcerai plus à parler de quoi que ce soit et je veux que tu partes—
— Cassie.
Il m'appelle avec une telle autorité dans la voix en me pointant du doigt, que je me fige en sentant les cognements de mon cœur décupler.
— Si tu penses que tu vas me foutre dehors maintenant, c'est très mal me connaître. Je ne vais jamais partir d'ici sans avoir le fin mot de l'histoire, c'est clair ?
— Il n'y a plus rien à savoir ! Tu m'as expliqué le pourquoi du comment, et j'ai toujours aussi peur, donc ça ne marchera jamais !
— Putain ! Pitié ! se plaint-il en passant désespérément ses paumes sur son visage. Arrête de me mentir, Cassie ! Arrête !
— Tu peux rentrer, s'il te plaît. Je ne veux pas qu'on se fasse plus de mal.
— Mais tu nous tues en fuyant ! Tu pourrais juste expliquer ce qui t'effraie vraiment. Cassie, je le vois dans tes yeux que je ne te fais pas peur ! C'est pas moi le problème !
— D'accord, oui, c'est moi le problème ! Si tu veux ! Maintenant pars !
— De quoi t'as peur ? persiste-t-il alors que je sens de plus en plus sa frustration.
— Callahan, pitié !
Ma voix se brise, je sens que je vais craquer et quand il se lève, mon chat s'en va également, tandis que je fais un pas en arrière en le suppliant du regard de partir.
— C'est en train de m'énerver encore plus ! De quoi tu as peur ? Qu'est-ce qu'il t'a fait ce fils de pute !?
Il fait nerveusement claquer le dos de sa main contre sa paume, mon anxiété ne cesse d'exploser en moi.
— Rien ! Pars !
Mes larmes commencent à monter, il continue de s'approche de moi :
— Allez, parle, maintenant !
Je le pousse, en pleurant sans me contrôler :
— Je veux que tu partes !
— Pourquoi tu me rejettes comme ça, putain de merde ! Pourquoi ?
— Pars !
Il attrape mes poignets parce que je le poussais.
— Pourquoi tu me rejettes comme ça, Cassie ! s'écrit-il en me fixant avec une intensité perçante. Pourquoi !?
— TU VAS FINIR PAR M'ABANDONNER COMME TOUT LE MONDE !
Je hurle enfin la vérité.
La vraie source de ma peur m'a échappé sans que je puisse la contenir.
Mon cœur tambourine jusque dans mes tempes, je suis autant tétanisée que dépitée.
Je me sens misérable, et j'ai l'impression qu'il a creusé dans les secrets de mon cœur pour que je lui dévoile enfin tout.
Mes mots semblent suspendus dans l'air. Callahan affiche une expression complètement choquée et déstabilisée. Le silence me semble lourd et interminable, en même temps que je réalise ce que je viens de lui avouer.
J'éclate en sanglots en ayant cette sensation que des années de douleur et de secret retenu glissent sur mes joues. Callahan ne lâche pas mes poignets, mais son emprise est toute douce, presque protectrice maintenant.
Sans qu'il ne m'en demande plus, j'ajoute :
— Tout le monde finit toujours par m'abandonner, tôt ou tard, c'est toujours comme ça que ça se finit. Personne ne reste jamais... !
Je sens que mes paroles l'affectent, il fixe mes yeux embués de larmes, et je peux voir la douleur dans les siens. À ce moment, je comprends que nos peines sont jumelles, et qu'on ressent sans effort ce que l'autre ressent...
— Alors quoi, Callahan, je te laisse une chance, et ça te prendra combien de temps avant que tu te lasses de moi ? Avant que tu trouves mieux ? Avant que tu décides que ce n'est plus pour toi ? Tout le monde part à la fin ! Et je ne veux pas avoir le cœur en mille morceaux parce que j'aurais encore fait l'erreur de me confier ou de donner mon cœur ! Tu vas me détruire le peu d'espoir qu'il me reste de continuer à vivre, et je n'aurais pas assez de force pour me reconstruire après que tôt ou tard tu me dises que « non Cassie, finalement, toi et moi ce n'est pas possible » surtout venant de toi, je ne pourrais jamais, jamais l'encaisser !
Je déverse tout sur lui, la peur, la douleur, la méfiance accumulées au fil des années. Même les peines dont il n'est pas responsable, je n'arrive plus rien à retenir pour moi. Une sensation que mon âme a besoin de tout dire à la sienne, de tout lui partager, me tire les secrets de mes tripes.
Je le fixe, dépitée :
— Est-ce que tu es content maintenant ? je lâche, ma voix brisée par l'émotion.
Callahan reste silencieux un moment, ses yeux ne quittent pas les miens.
Quelque chose en moi me dit qu'il me comprend et qu'il cherche à absorber la profondeur et la totalité de ma détresse. Mes larmes coulent librement maintenant, et je n'ai plus la force de me débattre ni de le rejeter plus longtemps.
Après un moment, sa voix un peu nouée m'articule doucement :
— J'ai... grandi dans une très grande famille. On a suivi des codes un peu particuliers que très peu de personnes sur terre pourraient comprendre et accepter... Par exemple, jusqu'à très tard, je n'avais pas vraiment le droit de côtoyer n'importe qui mais... on était tellement nombreux que ça ne comptait pas vraiment...
Sa voix trahit une certaine mélancolie. Je sens qu'il essaye de me faire comprendre son monde, peut-être pas aussi parfait que je le pensais.
Je ne m'attendais pas à ce qu'il s'ouvre à moi ce soir, alors je l'écoute en absorbant chaque mot, chaque émotion qu'il essaie de transmettre à travers son histoire, ses regrets et ses désirs.
— Je n'ai jamais questionné ma famille sur son fonctionnement... différent. Et je crois que je ne le ferais peut-être jamais ? Je n'en suis pas sûr, mais, en partant en Irak, j'ai... ça m'a fait comprendre que, je n'étais pas juste... un Caine.
Sa voix se perd un peu dans le souvenir, puis il se reprend et poursuit :
— Et puis, ce constat est devenu pire quand j'ai vu ta tête enrhumée dans cette gare.
Il rit doucement, une note légère qui creuse ses belles fossettes qui adoucissent les traits de son visage. Et j'adore tellement son sourire que ça m'apaise.
— J'avais juste envie que... tu me remarques et bien sûr, tête en l'air que tu es, si je ne m'étais pas assis à côté de toi, tu n'aurais jamais su que j'existais avant que je devienne ton garde du corps.
Callahan glisse doucement une de ses mains sur mon crâne, plaquant mes cheveux.
Son geste tendre et son petit sourire me font sangloter encore, mais je me perds dans ses iris qui ont la couleur d'un ciel de minuit.
Et ces iris aussi, je les adore.
— Tout ça pour te dire que ça fait six mois... enfin... disons plutôt trois, parce que c'est vrai, au début je me disais toi et moi, sous un drap on peut faire des dégâts, mais... plus ça passe, et plus je te veux... sous mes draps, certes... mais... je veux aussi te voir dans ma cuisine, en train de me faire ces putain de cinnamon rolls pour tous mes anniversaires... je te veux dans la ville de ma grand-mère en Albanie, juste pour te voir découvrir ma famille et ma culture, je te veux dans mon garage pendant que je bidouillerais n'importe quel moteur, parce que je veux juste que tu me regardes faire quelque chose que j'aime, j'adore quand tu me regardes... Ou mieux encore, je te veux dans une librairie, où tu m'auras traîné pour que tu me ruines avec toutes tes foutues romances mafia dont je rêve d'étriper le protagoniste.
Mes larmes se décuplent au point où je ne le vois pratiquement plus.
J'ai une sensation renversante dans la poitrine, et chaque mot qu'il prononce renforce l'image d'un si beau futur qu'on pourrait vivre ensemble. La vision de nous deux me touche tellement qu'une part de moi à juste envie qu'il continue de tenir mon cœur entre ses mains, parce que, je ne sais pas pourquoi, mais j'ai la sensation qu'il ne lui veut aucun mal et qu'il en prendra grand soin...
J'avoue être déchirée par mes peurs de m'ouvrir complètement, et le désir de plonger les deux pieds joint dans ce tableau de cette belle vie qu'il vient de me peindre.
Mais une chose est sûre, ces paroles brisent un par un les murs que j'ai construits autour de mon cœur.
Mes émotions sont si intenses, que je suis incapable de ne pas croire en la sincérité de ses promesses.
— Je t'ai dit que cette bague que je t'ai donnée, une fois que je grave ton nom dessus, Cassie c'est pour la vie. Et le rhodium ne se reprend pas alors même si tu ne veux pas de moi, je t'aurais toujours coincé là, moi.
Il tapote son cœur, la démonstration physique de sa promesse me fait pleurer un peu plus intensément. Il reprend doucement mes poignets :
— Tu ne le comprendras pas tout de suite, mais quand je te promets que c'est toi que je choisis comme femme et mère de mes enfants, c'est au péril de ma vie, Cassie... et je le pire, c'est que je le ferais encore et encore, tu ne t'en rends vraiment pas compte. Mais ma promesse, je l'honorerais, même si ça me demande de mourir pour toi. Je le ferais.
Ses mots me submergent, et je ne peux retenir la cascade de larmes qui s'échappent. J'ai comme une flamme qui s'allume dans mon cerveau, qui me fait réaliser à quel point il est attaché à moi. C'est aussi exaltant qu'effrayant. Je sens qu'il n'a aucune limite, aucune réserve me concernant.
J'ai l'impression que chaque nouveau battement de mon cœur se lie maintenant au sien, et qu'à chaque pulsation, la connexion entre nous devient de plus en plus puissante.
Mes lèvres tremblent en essayant de lui dire que je le crois sans hésitation mais je n'arrive pas à parler :
— Allez, viens par-là, microbe, m'invite-t-il en me tirant vers lui avec un beau sourire.
Je plonge dans ses bras forts qui m'entourent et me réchauffent. La sensation enveloppante qu'il me provoque à chaque fois m'assaille d'émotions incontrôlables.
C'est ici, autour de ses bras chauds que je me sens le plus chez moi...
À cet instant, je me rends compte que c'est Callahan, ma maison.
Il me serre très fort contre lui, son cœur bat tellement fort contre moi. Je sens la tension de son corps se relâcher légèrement, comme s'il était rassuré de m'avoir "récupérée".
— S-s'il te plaît p-promet-moi que tu seras toujours là... le supplié-je douloureusement.
— Même... si tu ne me vois pas, zëmer. Je serais toujours ton petit fantôme. Je te le promets, je mourrais autant que je vivrais pour toi, me répond-il avec douceur avant de poser ses lèvres sur le haut de mon crâne.
Ces mots me font tellement de bien. Mon cœur me hurle que je ne savais pas ce qu'était l'amour, avant Callahan. Car le sentiment puissant qui s'enroule autour de ma poitrine, je veux le vivre, et le ressentir, jusqu'à ce que la mort nous sépare.
Je sens que mon âme le choisit lui, son cœur, son âme, juste Callahan. Et rien, aucune explication sur terre ne sera suffisamment logique pour expliquer pourquoi mon être tout entier flanche pour cet homme.
— Tu-tu me promets de ne pas m'abandonner, hein ?
Ma peur de l'abandon est toujours aussi présente, brûlante, je veux juste qu'il me rassure encore une fois :
— Shqiptarët vdesin dhe Besën nuk e shkelin, Cassie Sophia Caine.
Un Albanais préférerait mourir plutôt que de violer la besa.
Son petit sourire me fait encore plus fondre en larmes. Je m'agrippe à lui comme à une bouée de sauvetage, et pour une fois depuis des années... Depuis que mon père est décédé, j'ai enfin la sensation que je peux faire confiance à quelqu'un sans avoir peur qu'il me laisse tomber.
Sa réponse est parfaite. Je suis sûre qu'il ne brisera pas son serment.
Soudainement je sens ses paumes sous mes bras, il me porte et j'enroule mes cuisses autour de sa taille, avant qu'il s'enfonce dans mon lit avec moi.
Je me sens incapable d'arrêter de pleurer sur le moment, submergée par l'émotion.
Ça dure plusieurs longues minutes, pendant lesquelles un de ses bras me serre contre lui, tandis que son autre main rassurante glisse de façon répétitive de mon crâne jusqu'au bout de ma natte.
Mes sanglots commencent à se calmer petit à petit face à ses « chut » murmurés, et ses baisers tendres sur mon front, mes joues, mon nez...
Je sens que j'ai complètement mouillé son t-shirt, et c'est à ce moment-là que je reprends un peu plus mes esprits.
Je finis par briser un peu le silence en lui chuchotant, la tête enfouie dans son torse :
— Je-je suis désolée de t'avoir crié dessus et de t'avoir menti, un peu...
Callahan rit.
Son torse se secoue sur mon visage que je n'ose pas découvrir, prise par une rougeur incontrôlable.
— C'est rien, zemër, moi aussi j'ai un peu crié, më fal, me dit-il avec un sourire.
Une vague de réconfort apaise mon cœur.
— C'est pas grave, Callahan.
Je renifle légèrement, rassurée, mais il me dit :
— Ne mets pas ta morve sur mon t-shirt, petite peste, me taquine-t-il taquine, en riant doucement.
Cette fois-ci, un petit rire m'échappe.
La tension semble totalement éclater à ce moment-là.
Il me tire davantage pour que mon visage s'arrive presque devant le sien, et on s'allonge encore plus confortablement. Je me blottis dans ses bras, en me cachant sous sa gorge.
Pendant plusieurs minutes, je me laisse bercer par les rythmes affolés de nos cœurs qui commencent peu à peu à se calmer et la caresse douce de sa paume autour de ma natte.
— Je... commencé-je un peu hésitante.
— Hm ?
Un frisson puissant serre mon ventre à l'entente du son guttural de sa voix rauque, et je suis sûre qu'il l'a senti...
Je pince mes lèvres, et me décide à poursuivre pour fuir un peu mes sensations :
— Je ne veux pas m'engager t-trop vite...
Encore une fois, il rit légèrement, et sur un ton doux et rassurant il me dit en caressant mon crâne :
— On ira à ton rythme, ne t'inquiète pas.
— Merci, Cal', je chuchote en me sentant un peu plus en paix.
Je l'entends murmurer un "tu n'as pas à me remercier" à peine audible, comme s'il l'avait dit pour lui-même. J'ai envie de fusionner avec lui à ce stade, je ne sais même plus comment m'approcher un peu plus de lui.
— Je... je me dis qu'on pourrait mieux apprendre à se connaître ? lui demandé-je doucement.
Je relève la tête vers lui, et il me dit :
— Demande-moi ce que tu veux.
— Alors, par exemple, qu'est-ce que tu fais de ton temps libre ?
— Je pense à toi, me lance-t-il avec un clin d'œil taquin.
Je rigole, mais je le pince gentiment le dos il sursaute en ricanant.
— Répond sérieusement ! rétorqué-je faussement agacée ce qui lui provoque un nouveau rire.
— Bon... ça me détend de retaper des moteurs, il admet finalement.
— Tu veux dire, réparer des voitures c'est ça ?
— Ouais, j'ai un ami qui m'a tout appris sur ça. Quand je fais ma mécanique, j'ai l'esprit qui se vide un peu.
Je ressens la nostalgie dans son ton, et je me décide à lui demander :
— Ton ami... c'est... euh, Reece ?
Je sens que mes paroles le touchent un peu, ses yeux qui me scrutent avec une intensité qui m'accapare.
— Ouais... c'était Reece... me répond-il simplement, ses yeux toujours fixés sur moi.
— C'était... ?
Je vois l'éclat de sa peine déchirante traverser ses yeux. Il n'a pas besoin de me le confirmer pour que je comprenne que Reece est décédé...
Je déglutis en contenant ma boule à la gorge et mes larmes qui menacent.
— C'est avec lui que tu as fait l'armée... ?
Il hoche juste doucement la tête en me caressant tendrement le visage.
— C'était ton meilleur ami, c'est ça ?
— Je n'ai pas d'ami, que des frères.
— Oh... mais, nous... on n'est pas un peu des am—
— Soit, tu termines ta phrase pour dire des amoureux, soit je ne sais pas ce que je te fais.
Mon cœur explose violemment dans ma poitrine, je rougis et m'empresse de lui donner une explication logique :
— Mais je-je veux juste dire qu'en attendant que je sois prête, on peut dire qu'on est des am—
— Oh ! Mais boucle-la, vieille grand-mère ! T'es folle ? Toi et moi on utilisera ce terme dans le cadre d'un mariage, qui aurait été validé à l'église et la mairie, et après la nuit de noces. En attendant, t'es ma petite femme jusqu'à ce que tu décides enfin que je sois ton mari ! T'as mangé de la noisette ou quoi ?
Sa réponse me fait exploser de rire.
Je secoue la tête face à sa bêtise... et la mienne.
C'est vrai que or le cadre d'un mariage... je ne pourrais pas dire que Callahan est mon ami.
C'est plus que ça...
C'est pire que ça en fait...
Nos jambes s'emmêlent tandis que Callahan m'assaille de bisous partout, me faisant crier pour tenter de me libérer, avant qu'il ne finisse par me mordre la joue. Un petit hurlement m'échappe :
— T'es complètement malade ! je m'exclame en riant quand même et en plaquant ma paume contre la zone qu'il a mordue.
— Oui, et je m'en tape ! Tu m'as trop énervé avec ton histoire d'amitié, merde ! D'ailleurs, soigne-moi de toutes mes maladies, pitiéeeee !
Il me mord de nouveau la joue, et je me marre encore plus fort en m'écriant.
Mes mains finissent par glisser sous son t-shirt. Et ça l'arrête net dans ses petites morsures.
Callahan me regarde et fronce les sourcils. Je comprends à son visage et aux compressions de son ventre qu'il ressent des sensations chaudes, et ça me provoque des salves de désirs moi aussi.
— Désolée, mais tu es toujours tout chaud... et c'est vraiment très agréable, j'aime beaucoup ta peau, lui expliqué-je sincèrement.
Callahan entrouvre légèrement les lèvres, pris par la surprise de ma franchise. J'ai même l'impression qu'il ne sait pas comment interpréter mon aveu.
Mais, finalement, il m'encadre plus encore de son corps chaud, et il s'approche de mon visage. Un lourd frisson me fait tressaillir lorsque son souffle chaud s'abat sur mon oreille :
— Je peux te réchauffer... me murmure-t-il d'une voix rauque et contrôlée, ce qui me provoque un petit gémissement discret. De la plus agréable des manières si ça te dit là...
Il plonge sérieusement son regard dans le mien.
— Je... j'en ai envie... mais... j'ai mes règles... je lui confesse, un peu embarrassée et excitée par la situation.
Callahan à un léger mouvement de recul. Il me fixe, les sourcils haussés.
— T'es sérieuse ? T'en as vraiment envie ?
Je hoche la tête, un peu gênée de lui avouer ça.
— Que le ciel ait pitié de moi, quoi ! se plaint-t-il en rejetant la tête en arrière.
Son geste teinté d'un faux désespoir comique me fait rire.
Et sans y réfléchir, je lui demande :
— Est-ce que t'as... un p-préservatif dans ta poche ?
Callahan replace sa tête normalement et fronce les sourcils avec un air interrogateur et confus :
— Pourquoi tu me demandes ça ?
— Comme ça...
— Pourquoi tu me demandes ça, répète-t-il plus fermement. Je suis sûr et certain que quelqu'un t'a mis ça dans la tête.
— Non, je... non.
— Oui, j'en ai un. Pourquoi ?
Au lieu que sa réponse m'amuse parce que ça ne fait que confirmer les dires de Cherry, je sens soudainement une vague d'indignation me prendre. Je retire mes mains sur son torse, ce qui lui fait froncer sérieusement les sourcils, et je le fixe en sentant mon cœur accélérer.
— Pourquoi tu en as un ? lui demandé-je au tac au tac.
— Tu veux savoir ça, pour quoi faire, Cassie ?
Je sens que lui aussi commence à se frustrer.
— Mais... alors... toi t'as, enfin tu...
Je sens mes joues chauffer à mesure que je parle.
— Je quoi ?
Il me fixe en arquant un sourcil d'un air qui dit clairement qu'il s'interroge sur la direction de ma question.
— Non mais ce que je veux dire c'est que tu... t'as déjà eu... quelqu'un ? Si tu te balades avec un préservatif c'est que, voilà...
Mes mots sortent dans un murmure et j'arrive à peine à cacher ce sentiment désagréable qui me serre la gorge, et me donne la boule au ventre. Je sens mon visage brûler de plus en plus d'embarras.
Callahan me regarde intensément, comme s'il voulait s'assurer qu'il ne rêvait pas. Sa réaction me met encore plus mal à l'aise.
— Tu me demandes sérieusement si je couche avec des femmes, ou je rêve ?
Je deviens pivoine.
Un sentiment de jalousie atroce s'empare de moi, il est tellement inattendu et intense que j'ai l'impression qu'il me brise le cœur en mille morceaux. Rien que d'imaginer Callahan avec une autre ça me fait littéralement mourir un peu à l'intérieur.
— C'est pas—laisse tomber. Je ne sais pas pourquoi j'ai dit tout ça, je bafouille en commençant à prendre la couette pour la remonter sur nous.
— Hm, c'est mieux, tu as raison.
Je me tourne précipitamment vers lui, mes bras restent en suspens dans l'air avec la couverture dans mes mains :
— Donc c'est vrai ?
Mes mots s'échappent de ma bouche précipitamment, choquée par sa réponse.
— Pourquoi tu veux savoir ça ? me lance-t-il un peu sèchement.
— Non pour rien, laisse tomber, bonne nuit, je réplique sur le même ton en regrettant d'avoir soulevé le sujet.
Je réajuste la couverture avec la ferme intention de lui tourner le dos, mais avant que j'aie le temps de m'allonger de nouveau, il me sort avec un soupçon de frustration dans la voix :
— C'est ce que j'essaye de faire depuis cinq minutes.
Je recule un peu pour mieux le regarder.
Ma jalousie est en train de me bouffer de l'intérieur, et je sens que mes yeux se remplissent de larmes, mais je m'interdis de craquer pour ça.
— Donc tu-tu couches avec d'autres femmes ?
Ma question est sortie comme un souffle. J'en ai presque perdu ma voix. Et la douleur que j'ai dans la poitrine retourne mon monde et l'écrase de la pire des manières.
— Pitié, Cassie, ne m'embrouille pas pour avoir eu des expériences avant toi ! Ça fait des mois que j'ai les couilles en feu parce que j'ai fait vœu d'abstinence en t'attendant. Ce préservatif il est pour toi.
Mes lèvres s'entrouvrent et je reste bouche bée plusieurs secondes. Il me fixe, un peu perplexe, ses yeux me scrutent comme s'il redoutait ma réaction, mais sa réponse me provoque de nouvelle série larmes et me fait pousser un soupir que je ne cache même pas.
Je me réfugie dans ses bras comme un bébé en me plaignant :
— Mais j'ai cru que tu continuais à voir d'autres filles moi.
Un petit rire et ses bras m'accueillent tendrement, il nous couvre de ma couverture :
— C'est fini ça, petite peste, me rassure-t-il.
Sur le coup, je pense que mes hormones sont en train de jouer avec moi parce que je me remets à sangloter bêtement en me servant de son t-shirt pour essuyer l'eau sur mes joues.
Son aveu me fait quelque chose, et ma jalousie s'envole et se transforme en une sensation douce qui me donne juste envie de me déshabiller maintenant pour lui.
— Je ne veux pas que tu couches avec autres femmes, je sanglote alors qu'il me serre contre lui. Ça ne se fait pas... En plus t'as ma bague de promesse et tu m'as donné la tienne... Donc tu ne peux vraiment pas.
Son rire m'énerve encore plus, mais il me dit :
— Cassie, je t'ai dit que ça fait des mois que c'est toi que j'attends.
— T'es sérieux hein ? je lui redemande incrédule face à l'ampleur de son engagement envers moi.
— Je suis très sérieux.
Son ton et son regard grave ne laissent même pas place à la discussion, j'ai même eu la sensation que mes doutes commençaient à l'énerver légèrement.
Alors j'ai fini par hocher la tête, en reniflant. Il m'essuie mes larmes et je me permets de rajouter :
— Mais Callahan, je ne sais pas... si... je suis prête... hein ? Parfois je-j'en ai envie mais j'ai un blocage à chaque fois, alors euh... je ne peux pas te promettre que ça va se faire tout de suite.
— Mais est-ce que c'est ce que je t'ai demandé ?
— Non mais-euh... tu as dit que tu avais les cou—enfin que tu te retenais...
— Je m'en fous d'attendre, c'est pas la question. J'essaie juste de fuir la question sur les activités extrascolaires que j'aurais pu avoir dans ma vie de pêcheur avant de rencontrer la femme de ma vie. Tu devrais n'en avoir rien à foutre de ce que j'ai fait avant.
Je sens que mes doutes l'ont un peu irrité. Je pince les lèvres et je lui dis :
— OK... désolée. Tu as raison, c'était indiscret.
Je me sens un peu idiote de lui avoir posé cette question.
— Si tu me le dis en albanais je passerais peut-être l'éponge sur tes accusations, me taquine-t-il avec un petit sourire malicieux sur son visage.
— Euh... më fal, je réponds un peu maladroitement.
— Ah ! s'exclame-t-il satisfait. Ti je dashuria e jetës sime ! (Tu es l'amour de ma vie)
Il éclate de rire, puis m'attrape et se met au-dessus de moi pour me couvrir de bisous partout.
Je ris avec lui, tous mes soucis s'envolent momentanément.
Mais il s'arrête brusquement en me demandant tout d'un coup :
— Tu prends pas la pilule toi ?
Je secoue négativement la tête. Il me fixe comme s'il évaluait les conséquences de ma réponse, et je sens qu'il veut me poser une autre question. Je n'attends pas très longtemps avant qu'il me lance :
— Est-ce que t'envisagerais de la prendre quand on deviendra sexuellement actif ?
Mon ventre se serre brusquement et j'entrouvre la bouche pour répondre, mais en l'espace de quelques secondes, j'ai une dizaine de scènes érotiques avec lui et moi en acteur principaux qui se bousculent dans mon cerveau.
J'imagine tout un tas d'images que je n'avais envisagé que dans le cadre des romances que je lis à longueur de journée...
Mais quand je sens sa paume entourer ma mâchoire avec autorité, je reviens sur terre en réalisant que mes joues surchauffent. Il m'oblige à le regarder droit dans les yeux et malgré l'intimité du moment, je sens que cette conversation est très sérieuse :
— Non, je ne veux pas... répliqué-je en secouant la tête.
— Il y a une raison ?
— Non, pas vraiment... Je veux juste éviter de la prendre...
— OK, tu préfères le préservatif ?
Je hoche doucement la tête.
— Pas de problème.
Sa réponse me surprend.
— Toi tu... préfères quoi ?
— Je préfère te mettre enceinte ce soir, Cassie.
Mes lèvres s'entrouvrent et un son choqué m'échappe en même temps que ma paume se pose sur ses lèvres par réflexe comme pour lui faire retirer ses mots. Mes yeux écarquillés le fixent, et il explose de rire face à ma réaction.
— On ne peut pas maintenant... lui expliqué-je un peu déstabilisée.
Il enlève ma main en se calmant un peu, et me dit :
— Je te taquine, llukum. Je ne te demanderais jamais de porter mes gosses sans t'avoir mariée d'abord, et je me doute que ce soit trop tôt pour toi. On prendra la contraception que tu veux.
— Non c'est pas trop... enfin... si c'est tôt... mais, je n'ai pas terminé mes études.
— Je sais, ne t'inquiète pas, me rassure-t-il doucement.
Nos regards se croisent durant de longues secondes. Son corps lourd contre le mien me provoque une nuée de frissons agréables qui me donnent justement envie de devenir la mère de ses enfants ce soir.
Je réalise que Cherry avait encore raison, je suis presque sûre que si je n'avais pas eu mes règles, j'aurais certainement essayé quelque chose avec lui.
Surtout que je me rappelle qu'aujourd'hui... On est le 14 février.
— Tu sais pas danser toi, non ?
Sa question me fait revenir sur terre. Il a le don de rendre toutes les discussions intimes pas gênantes du tout, et d'enlever toute la pression qui pèse autour.
Alors je secoue la tête négativement :
— Je n'ai aucun rythme, lui expliqué-je en rigolant doucement.
— Ça ne m'étonne vraiment pas de toi, l'Anglaise, aller, lève-toi, m'encourage-t-il en me tirant le poignet.
Je n'ai même pas le temps de protester que je suis déjà debout. Callahan me tire au milieu de ma chambre et je lui demande ce qu'il prépare lorsqu'il sort son téléphone de sa poche.
— Qu'est-ce que tu fais ?
— On va s'entraîner à danser la valle pour le mariage, parce que je sens déjà que tu vas être perdue toi.
— Quoi ? m'exclamé-je en panique. Non, non, Callahan, je ne vais pas danser de toute façon !
La grimace qui déforme son visage, et sa façon de me toiser de haut en bas me fait éclater de rire sans contrôle. Ça provoque immédiatement le sien et j'entends une musique que je suppose être des Balkan, émaner de son téléphone et inonder ma chambre.
— T'es tombé sur le mari qui ne compte pas vraiment pas s'asseoir pendant tout son mariage et j'aimerais que ma femme en fasse de même, donc tu vas apprendre deux trois pas ce soir histoire de choquer un peu la salle, microbe.
— Non ! Je suis trop timide pour danser !
Il augmente le son et dépose son téléphone sur mon bureau, en m'ignorant totalement. Sans attendre, avec un large sourire, il commence à claquer des mains et danser au rythme de la musique avec un enthousiasme qui je l'avoue est très contagieux, je suis incapable de retenir mon sourire.
Néanmoins, je me sens rouge de honte, absolument mortifiée à l'idée de me joindre à lui parce que je ne sais vraiment pas danser.
— La musique, c'est Valle Kosovare, c'est sûr qu'elle va passer, avec Luj qypek, m'explique-t-il avec un grand sourire malicieux, tout en se rythmant parfaitement sur le tempo.
Il saisit ma main, et je n'ai même pas le temps de protester car il me tire dans la danse en me guidant dans les pas à faire. Je regarde ses chaussettes noires pour essayer de suivre le rythme mais je suis totalement perdue. Et Sherlock nous suit comme s'il savait mieux danser que moi :
— Regarde, c'est simple : un pas en avant, deux petits pas, puis encore un en avant avec l'autre jambe, et on avance en même temps, m'explique-t-il tout en riant, visiblement amusé par mes tentatives déplorables pour le suivre. Tu vas voir quand il y aura toute ma famille, ça va créer une immense ronde.
— Je ne comprends rien, Callahan, je ris en l'imitant du mieux que je peux.
— Regarde, suis-moi, je vais y aller doucement pour que tu voies bien les pas.
Il ralentit la cadence, et alors qu'il m'explique, j'imite chacun de ses mouvements pour essayer d'imprimer l'essence de la dance dans mon esprit. Au début je ne comprends absolument rien. Mais sa joie de me voir essayer me pousse encore et encore à retenter.
Nos rires éclatent dans ma chambre, mon chat s'est finalement allongé au milieu sur mon tapis, et il nous observe tourner autour de lui. Et plus la musique retentit, plus je trouve un certain plaisir à apprendre un peu plus de sa culture et de partager ce moment avec lui. Main dans la main, je me laisse vraiment m'emporter par l'énergie de l'instant.
Et je crois que j'adore vraiment ça...
Tout d'un coup, Callahan attrape un soutient gorge que je n'avais pas vue qui traînait sur l'assise de ma chaise. Je m'écrie rouge de honte en le voyant le faire tournoyer autour de sa paume levée en l'air pour donner encore plus de mouvement à la danse.
— T'es un taré, Callahan ! je crie en continuant à danser. Lâche mon soutien-gorge !
— Valle, valle kosovare ! T'paska hije, yll dashurie, chante-t-il complètement hilare en ignorant mes plaintes.
On n'arrive pas à cesser de rire, et sans m'en rendre compte, je réalise que non seulement, je n'ai pas une seule once de honte à danser devant lui, au contraire, je trouve ça vraiment amusant mais en plus, je commence vraiment à saisir les mouvements de la danse.
Et c'est encore plus drôle et satisfaisant que je ne le pensais.
Je commence même à reconnaître le refrain, et quand il retentit, nous nous mettons à chanter ensemble tous les deux en nous lançant des regards amusés. J'éclate de rire à chaque fois que je fais un faux pas, ou que je me trompe sur les paroles.
Ce soutient gorge subit la Valle autant que moi, et au bout d'un moment, c'est juste, Callahan, Sherlock, et moi.
Je ne ressens aucune peur à cet instant, juste de la joie pure, et je me sens même avoir un peu plus confiance en moi. Je peux être moi-même, sans crainte et sans réserve. Il me laisse juste être Cassie et ça me fait un bien fou de ne pas me cacher derrière toutes ces craintes qui m'alourdissent au quotidien.
Mon soleil à encore éclairé et réchauffé mon petit monde froid. Il me fait tout oublier, et j'ai la sensation d'avoir trouvé mon foyer.
Honnêtement... j'ai vraiment hâte de me marier avec lui.
Pour vivre ça, jusqu'à ce que la mort nous sépare, mon soleil.
𝙵𝙸𝙽 𝙰 𝙲 𝚃 𝟼.
📻 𝙵 𝚎́ 𝚟 𝚛 𝚒 𝚎 𝚛.
✤
Bonsoir bonsoir, bonsoir ! 🎃
Ça-va ? ☕️
Je suis désolée, mais le plaisir que j'ai ressenti en écrivant ce chap, vous pouvez pas imaginez... Mon fils est vraiment trop beau, ma fille, je la bouffe, et puis voilà quoi ? Que dire de plus ?
Bon on passe au mois de mars 😙 !
Ce chapitre est grave symbolique parce que j'ai eu l'idée d'écrire Ghost le 14 février 2023, tout ça grâce au TikTok d'un mec habillé en Ghost 🤣 !
(Cassie ? Sur Wattpad ? 😙 Et si... ?) (🪐)
IT'S TIIIME TO TAKE THE TEA : ☕️, je veux tout entendre, vos impressions, vos ressentis, vos théories, vos retours pour ce chapitre ? Dites-moi tout !
Bon aujourd'hui j'ai pas beaucoup de truc à dire en vrai, j'ai hâte du prochain chapitre 😈... (Vendredi pro ! j'ai réussi à prendre de l'avance hehe !)
Bon j'y vais bisous, bye ! ❤️
BYE 🏍💨🪐 !
Stardust 🍓
𝚂𝚎𝚎 𝚢𝚘𝚞 𝚜𝚘𝚘𝚗 🕰...
xo, Azra. ✿
IG: azra.reed
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