𝟺𝟻. 𝙻𝚘𝚟𝚎, 𝚝𝚑𝚎𝚗 𝚕𝚎𝚊𝚛𝚗.
Bonsoir, ça-va ? 🕰
(𝖣𝖾́𝗆𝖺𝗋𝗋𝖾𝗓 𝗅𝖺 𝗏𝗂𝖽𝖾𝗈 𝗉𝗈𝗎𝗋 𝗏𝗈𝗎𝗌 𝗉𝗅𝗈𝗇𝗀𝖾𝗓 𝖽𝖺𝗇𝗌 𝗅'𝖺𝗆𝖻𝗂𝖺𝗇𝖼𝖾)
"Aime, ensuite apprends."
Azra Reed.
𝙰 𝙲 𝚃 𝟻.
❄️ 𝙹 𝚊 𝚗 𝚟 𝚒 𝚎 𝚛.
𝟦𝟧. 𝖫𝗈𝗏𝖾, 𝗍𝗁𝖾𝗇 𝗅𝖾𝖺𝗋𝗇.
Ghost.
Je n'ai pas le temps de réagir à la douleur, la cadence de mon cœur décuple en une seconde mais mon entraînement militaire prend le dessus.
Il faut que j'agisse et vite.
Et si je peux le garder en vie, c'est mieux.
L'homme au visage masqué par une cagoule se jette sur moi avec une furieuse détermination. Mon dos cogne brutalement contre l'îlot, mais j'arrive à le désarmer avec un coup bien placé au niveau du poignet. Le bruit sourd du métal frappant le sol m'indique que son couteau est tombé.
L'individu est désespéré et se déchaîne aveuglément sur moi. Il cherche à me submerger avec des coups aléatoires qui ne m'atteignent pas toujours.
Malheureusement pour lui, je bloque un coup de ses poings, riposte avec un violent crochet du droit en pleine face qui le déséquilibre, et le renverse.
En quelques secondes, je reprends le dessus. Il grogne mais je l'immobilise en le plaquant sèchement face contre le sol, un genou fermement appuyé dans son dos, mes mains sécurisent rapidement ses poignets derrière lui et mon Tokarev est maintenant pressé contre son crâne.
— Tu bouges, je t'explose la gueule, enfoirée ! craché-je essoufflé.
Sa respiration est haletante et sa résistance faiblit sous mon emprise.
L'adrénaline me brûle les veines, mes oreilles bourdonnent légèrement...
Ne laisse pas ton esprit aller en Irak maintenant... Ghost...
Cassie est dans la maison, tu ne peux pas te laisser submerger.
Je reviens sur terre, et assène un coup de crosse dans la tête de ce fumier pour le sonner légèrement. Je lui enlève sa putain de cagoule en constatant avec stupéfaction que c'est le même gars que tout à l'heure !
— T'es un putain de dégénéré toi !
Sans attendre, en gardant mon autre main fermement sur les poignets de l'assaillant, j'extirpe mon téléphone de la poche de mon pantalon. Je constate que j'ai une série d'appels manqués de Stan.
Mais avant de le rappeler, je cherche le contact de Neo.
Au bout de quelques sonneries, il décroche :
— Mochi, mochi (Allo), le deuxième homme de ma vie ?
— Blade, vient tout de suite chez les Bennett, j'ai besoin de toi, maintenant.
Je l'entends se lever directement et commencer à se déplacer :
— Je suis là dans quinze minutes, me répond-il cette fois-ci sur un ton sérieux.
Je raccroche et compose le numéro de Stan, qui me répond immédiatement :
— Putain, Callahan, où est-ce que tu es !? J'ai pas pu l'avoir ! Ça fait 40 minutes que je sillonne le périmètre ! Ton gars s'est fait la malle ! me lâche-t-il avec précipitation.
— C'est normal, c'est moi qui tiens ce bâtard, il a eu l'audace de revenir chez elle. Il faut que tu reviennes.
— Merde ! Je suis juste à côté, j'arrive !
Je coupe la communication et cette fois-ci, j'envoie rapidement un message à Cassie :
« Dans dix minutes, tu sors de la salle de bain et tu t'enferme-toi dans ta chambre, Neo va rester avec toi ce soir. »
Après avoir envoyé le message, je range mon téléphone, et je nous redresse avec ce fumier qui a un putain de sourire narquois grimé sur sa face, rougi par le sang qu'il a sur les dents.
— Crois-moi, tu ne vas pas rire longtemps, budall (imbécile).
Sans hésitation, je lui assène quelques coups supplémentaires dans le ventre pour lui ravaler sa putain de fierté. Les coups le font gémir, et pour le moment je vais me contenter de ça.
Je nous guide dehors, et au même moment, la berline de Stan apparaît dans mon champ de vision. Il freine brutalement devant le trottoir et je me dépêche de nous jeter moi et ce type sur la banquette arrière.
— Il a vraiment osé ! lance Stan en voulant reprendre la route.
— Attends, Blade arrive. On ne part pas tant qu'il n'est pas là.
Stan acquiesce et opère une manœuvre pour garer sa voiture plus près du trottoir. Le mec ne réagit pas vraiment, même s'il tente parfois de bouger la tête pour que je desserre ma prise sur sa nuque. Je garde mon Tokarev pointé sur son rein.
— Qui t'envoie ? je l'interroge d'un ton contrôlé.
L'homme garde son regard rivé sur le siège de Stan devant lui. Son silence pèse lourd dans le véhicule, j'ai une sale envie de lui éclater la gueule contre la vitre.
— Pourquoi t'es là ? insisté-je en exerçant une plus grande pression sur sa nuque.
Ce bâtard frissonne légèrement sous la pression de mon arme et ma main, mais il s'obstine à garder le silence. Je sens que mes épaules se crispent, sur le coup, ma patience est vraiment mise à rude épreuve.
Ce fils de pute est vraiment entré chez elle putain !
— On ferait mieux de l'interroger à l'abri des regards, m'avise Stan. Et je ne veux pas que tu dégueulasses mon véhicule avec son sang.
J'allais répliquer, mais soudainement, le ronronnement singulier d'un moteur puissant coupe le silence de la nuit. À travers le rétroviseur de Stan, je vois la M5 bleue irisée de Neo se positionner juste derrière nous. Ses phares éblouissent l'intérieur de la berline.
— Putain, souffle Stan en plissant des yeux éblouis.
Mais Neo coupe le contact, laissant un silence planer dans la rue.
Je l'observe à travers le rétroviseur descendre de sa voiture. Un sac en plastique blanc dans la main, avec le logo de son restaurant indien préféré, The India. Je préfère ne pas relever sa paume qu'il secoue nonchalamment en avalant une par une des cacahuètes ou je ne sais encore quelle connerie.
Il s'approche avec un air détaché, avant de s'arrêter devant la vitre et se pencher à mon niveau. Stan baisse ma vitre. et il lance :
— Salut, c'est quoi le problème ? demande-t-il en zieutant tour à tour les occupants de la voiture. C'est qui celui-là ?
— Ce bâtard rodait autour de chez elle, je m'occupe de son cas, mais je veux que tu la surveilles jusqu'à ce que je revienne, dis-je catégorique.
Neo hoche la tête, compréhensif :
— T'inquiète, j'ai pris de quoi manger, répond-il en agitant le sac.
— Il est minuit, elle ne mange pas à cette heure, je rétorque rapidement.
— Personne ne dit non à du biryani chicken, peu importe l'heure qu'il est, réplique Neo avec un petit sourire en coin.
Je secoue la tête, je ne peux même pas rire de la situation.
— Démarre, Stan, ordonné-je.
Stan obéit immédiatement, et la voiture commence à s'éloigner du quartier de Cassie. À travers le rétro, je vois que Neo passe le portail de sa maison.
J'arrive légèrement à faire descendre la pression que je ressentais en sachant qu'elle n'est pas toute seule, mais je la soirée viens tout juste de commencer. Je tourne le regard vers ce type qui m'a l'air trop calme pour ce qui l'attend. Sa tête repose sur l'appui-tête derrière lui, les yeux tranquillement fermés.
— C'est l'heure de chanter, enfoiré, lancé-je en enfonçant un peu plus mon arme dans ses côtes.
Il ouvre les paupières et un rictus déforme son visage une seconde, mais encore une fois il préfère rester dans le silence. Avec sourire moqueur qui étire ses lèvres.
Une colère éclate en moi. Je n'ai pas le temps pour ces conneries, putain ! Sans crier gare, je lui assène de violents coups de poing dans le ventre. Ma rage enchaîne un nombre de fois que je ne compte plus. Sous ma poigne, je sens ses côtes se plier sous mes coups.
— C'est bon, Cal'.
J'arrête au son de la voix de Stan qui me ramène sur terre.
— Est-ce qu'on peut parler maintenant ? craché-je, le regard noir en redressant sa tête qu'il avait baissée pour encaisser le choc.
Il grimace, il est à peine capable de rester droit à cause des coups et se plie parfois en deux, mais son putain de sourire persiste.
— Va te faire foutre ! murmure-t-il entre deux respirations haletantes.
Je le saisis par la gorge et le tire vers moi, son visage est à quelques centimètres du mien.
— Écoute-moi bien, petit fils de pute ! Je te donne deux minutes pour tout me dire. Ton nom ? Qui t'a envoyé ? Pourquoi tu rôdais autour de cette maison ? Et pour qui tu travailles ?
Ses yeux se ferment un instant, comme pour rassembler ses forces, puis il les ouvre et me regarde avec une sorte de provocation :
— Ça sert à rien que tu saches qui je suis. On finira par te crever de toute façon !
Je fronce les sourcils face à son annonce. Je ne sais pas pourquoi, mais mon sang se glace dans mes veines et je frissonne. Ce type-là sait qui je suis, mais moi je n'ai aucune idée de ce qui se cache derrière ce personnage.
— C'est qui « on » ? m'écrié-je.
La situation m'inquiète sérieusement.
De plus, ce putain de sourire est en train de m'empoisonner les veines.
Rien que de penser à l'idée que ce type a osé mettre les pieds chez elle m'angoisse et m'enrage encore plus ! J'ose à peine imaginer ce qu'il aurait pu lui faire si je n'avais été là ce soir.
Face à son silence, sans réfléchir, j'attrape sa tête et la cogne violemment contre la vitre deux fois. Son bruit choqué de douleur résonne dans le véhicule et tout de suite un épais filet de sang lui coule directement le long de sa joue.
Il est déstabilisé et tente de garder les yeux ouverts.
— Putain ! s'écrit Stan face à la violence de l'impact. Déconne pas ! Ça va pas marcher comme ça !
Je respire profondément, pour essayer de contrôler ma colère. Mais l'insolence de ce type me donne envie de le baiser jusqu'à ce que mort s'ensuive !
— Tu sais interroger des suspects merde, Cal', qu'est-ce qui te prends !?
La vérité c'est que...
Je perds le contrôle parce qu'il était chez elle !
Qu'est-ce qui aurait pu se passer si je n'avais pas été là ?
Putain ! Mon estomac se retourne, et j'ai sincèrement envie de vomir à la simple pensée que cette soirée aurait pu se terminer encore plus gravement.
Mes paumes acérées ne quittent pas sa gorge, et je me fais violence pour ne pas briser sa nuque, j'ai besoin de plus d'informations que ça, sur lui, son organisation, son but ?
Sauf que j'entends :
— T'es juste qu'un putain de chien enragé... me lance l'homme avec un sourire ensanglanté.
Il rit.
Le genre de rire qui me dégoûte et m'angoisse sur le coup. Je serre les dents en contenant ma frustration.
— T'es incontrôlable, Callahan. C'est pour ça qu'on va te crever tôt ou tard.
C'est confirmé, il connaît mon nom.
Mes palpitations cardiaques me mettent mal à l'aise. Stan et moi croisons nos regards une seconde à travers le rétroviseur, et l'inquiétude est palpable pour nous deux. Stan lui dit en s'enfonçant dans une longue rue déserte :
— Qu'est-ce qui serait assez important pour toi pour te faire prendre un tel risque en venant ici ? Qui t'envoie ?
Il ne prend même pas la peine de lui répondre.
— Je vais me le faire !
— Cal' ! Putain ! Attends-
Il n'a même pas le temps d'en placer une que je le surplombe déjà, et je l'assaille de coups de poing tous plus brutaux les uns que les autres.
— Qu'est-ce que tu foutais en bas de chez elle !? hurlé-je hors de moi.
— Cal' ! m'appelle urgemment Stan en prenant une route départementale qui nous isole encore plus des quartiers pavillonnaires.
— T'as pas encore compris dans quelle merde t'es ? craché-je aveuglé, en continuant à le frapper. C'est la mort qui t'attend ! Et plus tu prends du temps à parler, plus ça va faire mal !
— Cal' ! Calme-toi !
Je n'entends plus que les gémissements de ce fumier. Et parfois il continue de se marrer, et ça ne fait que me frustrer deux fois plus. Je n'arrive pas à m'arrêter, je veux qu'il se souvienne de moi jusqu'en enfer. Et qu'il regrette pour l'éternité d'avoir juste pensé à effrayer Cassie.
J'imagine ce type la suivre sur plusieurs jours, et la prendre en photo, dans son intimité, sa maison, et ça me suffit à décupler encore plus ce sentiment effrayant d'angoisse qui me prend.
Personne ne s'approche d'elle comme ça.
Personne.
C'est vraiment une journée de merde !
— C'est qu'une question de justice, tu verras ! me hurle-t-il entre deux coups.
Je m'arrête net.
Mon poing devant sa tête, il se crispe en se protégeant de ses bras.
Le temps semble se suspendre et mon cerveau prend une seconde pour se rendre compte de cette phrase qui vient de sortir de sa bouche.
La mention de la justice résonne dans ma tête comme une violente explosion.
Darren, le journaliste que j'ai tué parce qu'il faisait un peu trop de recherche sur Margaret et Cassie, lui aussi il avait parlé de ça...
De cette putain de « justice » ?
Mon estomac se noue, et je fronce les sourcils en fixant de nouveau Stan un moment, qui me regarde tout aussi perturbé que moi. Tous les deux on ne comprend rien de ce qui se passe, mais je lui lâche :
— Tu travailles pour Orpheus Communication ? C'est eux qui t'ont envoyé ?
Et pour la première fois, il tente de se battre. Ses bras se tendent vers moi, mais je ne lui laisse même pas le temps de m'atteindre, en deux temps, trois mouvements, mes paumes l'étranglent déjà :
— C'est eux qui t'envoient !? hurlé-je en l'écrasant brusquement contre sa portière. C'est ça !?
Mes paumes enserrent de plus en plus sa gorge. Il essaye de se libérer de mon emprise en s'acharnant sur mes poignets, mais je sens à peine ses paumes griffer ma peau.
Ma rage me fait voir tout en noir...
Et doucement, je n'entends plus rien que des tirs en rafale en fond.
L'odeur du sable brûlé imprègne mes narines.
Il fait très chaud tout d'un coup, et l'humidité accablante de l'air me submerge.
Le véhicule se secoue au rythme des dunes épaisses, et un ciel bleu éclaire l'immensité du sable doré.
Tout ce que j'entends maintenant, c'est les tirs quelques hurlements lointain, et le sifflement du vent.
Je cligne des yeux, je me retrouve en plein désert.
Mes paumes serrent toujours ce visage qui devient de plus en plus rouge et désespéré.
Je perds complètement le contrôle sa respiration devient inexistante, ses mains moins virulentes.
Ses yeux s'emplissent de panique, mais ils virent pour un vert de jade. Ses cheveux prennent la couleur du blé, et je réalise que je suis en train d'étrangler Reece.
— Cal', me murmure Reece, son visage tordu par la douleur.
Reece...
Non, c'est un cauchemar...
C'est juste un putain de cauchemar !
Je continue de serrer, incapable de m'arrêter.
— CAL' ! me hurle Reece tétanisé.
Les souvenirs affluent violemment, les combats, les cris, le sang.
— CALLAHAN ! LÂCHE-LE PUTAIN !
Sa voix et son visage déformé d'horreur me ramènent brusquement à la réalité.
Je relâche ma prise en inspirant profondément de l'air à en gonfler mes poumons. J'ai le souffle court, mon cœur bat à tout rompre. En regardant autour de moi, je suis à Londres, dans la voiture de Stan qui est celui qui vient de me hurler de le lâcher.
Reece n'a jamais été là.
Mais je n'ai même pas le temps de me remettre de mes émotions ou d'y penser.
L'homme sort un couteau de nulle part et tente de me poignarder. Mes réflexes reprennent encore le dessus. C'est mécanique, J'attrape son poignet, serre sa main dans la mienne, et tourne la lame contre lui. Je fais pression pile sur son torse une bonne dizaine de fois, il se poignarde en plein cœur lui-même. Le sang jaillit sur moi et tout de suite son corps s'affaisse, son regard perd en vie jusqu'à fixer un point invisible.
Je recule en essayant de reprendre mes esprits et mon souffle.
Jusqu'à ce que je tourne la tête vers le rétroviseur. Stan a l'air furieux, mais en même temps, il se retient devant mon état second et me guette intégralement pour s'assurer que tout va bien :
— Merde... Callahan...
Je regarde le corps de cet homme s'alourdir sur la banquette.
— On aurait pu le cuisiner... souffle-t-il en passant nerveusement sa main dans ses cheveux, comme s'il n'avait rien trouvé de mieux à dire pour combler ce silence de mort.
Je me sens totalement bouleversé par ce que je viens de faire.
Le dégoût m'accapare et je préfère encore me convaincre que c'était la seule solution.
La voiture est couverte de sang, je suis couvert de sang, et je n'ai qu'une envie, c'est de m'en débarrasser.
Je sens déjà les fantômes de mes meurtres revenir me hanter. Comme à chaque fois que je commets cet acte, ce sentiment d'horreur prend le dessus sur moi.
Ça me plonge toujours un peu plus dans le noir, toujours un peu plus en enfer.
— J'avais pas le choix, murmuré-je, en essuyant le sang de mes mains tremblantes sur mon jean. Il a tenté de me tuer, Stan...
Je recule complètement à l'opposé du corps. Stan secoue la tête, comme s'il revenait sur terre lui aussi :
— Je sais... le fumier ! On arrête là pour la soirée. Il faut que je brûle cette voiture, toi tu rentres chez toi. Je m'occupe de faire disparaitre le corps.
Stan tourne dans une rue.
Je hoche la tête, presque soulagé d'en avoir fini avec ces montagnes russes. Mais en même temps je suis dégoûté de l'ampleur du gâchis.
C'est vrai que j'aurais pu le cuisiner un peu plus, mais je me suis aveuglé par ma rage.
Putain... Je suis en train de perdre complètement le contrôle, c'est pas bon du tout...
— Je ne la sens pas cette histoire... Stan... Je ne la sens vraiment pas tu sais...
— C'est pas le moment de paniquer, on trouvera d'autres pistes. Il faut que tu t'intéresses sérieusement à Orpheus.
La voiture continue et je sais qu'il a raison.
Essoufflé, je fixe la route sombre.
Peu importe à quel prix, il faut que je découvre ce qui se cache derrière toutes ces mascarades. Qu'est-ce que Cassie à avoir avec un géant de la communication comme Orpheus ?
Pourquoi ces gens-là la surveillent ?
Et...
Comment ce type connaissait-il mon nom ?
✤
Mon index et mon pouce s'enfoncent dans mes paupières lourdes que je masse.
Il est tout juste neuf heures du matin, et j'avance au milieu de la foule de travailleurs en costume pressé dans le quartier des affaires de Londres. Mon casque de moto tenu dans mon autre paume, je me sens crevé aujourd'hui.
L'air glacial se colle à la peau de mon visage, les klaxons environnants, les bus, et les claquements des mocassins contre le pavé mouillé décuplent ma migraine.
Putain, j'ai oublié de prendre mes médicaments hier.
Ma tête va me tuer aujourd'hui.
Je n'ai pas dormi de la nuit. Je l'ai passé en bas de chez elle, caché dans une voiture banalisée que j'ai garée sur le trottoir d'en face. J'ai fait le guet si jamais quelqu'un d'autre se penserait assez fou pour revenir chez elle.
Ce matin, je l'ai vue partir pour ses cours. Elle n'a pas fait attention à la voiture. Ça ne m'étonne pas d'elle. Microbe est perdu dans son petit monde. Ses écouteurs enfoncé dans les oreilles, je n'ai pas pu m'empêcher de sentir mon corps en entier se chauffer devant sa tenue de petite bourgeoise.
Ses longs cheveux châtain clair tombaient en vagues sur sa veste en tweed noir. Une mini-jupe accordée sublimait ses fesses, et qu'est-ce que j'aurais rêvé de lui arracher ces putain de collants blancs.
Je n'ai pas oublié que je la veux toujours nue, avec ses Versace bleues et ce collant.
Je secoue légèrement la tête pour essayer de chasser mes pensées salaces, parce que, non seulement, je ne suis pas vraiment d'humeur pour ça, et en plus je suis venue ici pour une raison bien particulière. Et je dois le faire maintenant.
J'arrive devant le building imposant de la firme de ma famille. Le Rendi Holding, la société d'investissement de ma famille, domine l'horizon par sa structure en verre brillante qui reflète les images de la ville. Je fixe l'emblème de notre firme, l'aigle à deux tête croisés par deux kandjar, hissé au sommet de la bâtisse.
Je baisse la tête en approchant des portes coulissantes, on dirait qu'elles font exprès de glisser aussi lentement devant moi.
Tout de suite, le cliquetis des talons sur le sol en marbre poli capture mon attention. Les hommes et les femmes s'empressent de rejoindre leur poste. Mes doigts massent mollement ma tempe pour essayer de calmer les vagues de douleur qui me martèlent le crâne.
Je presse le pas lorsque je passe le portique de sécurité, j'entends la secrétaire me dire bonjour chaleureusement et je me rappelle que j'avais pour projet de la baiser.
Ça n'est jamais arrivé, tout ça parce que j'ai attrapé un petit microbe.
Duquel on ne guérit jamais...
Devant l'ascenseur, un petit groupe de personne attend. Je n'ai pas le temps de m'amuser à m'arrêter à tous les étages.
En entendant les bonjours polis qui me sont adressés, je me dirige vers l'ascenseur du fond réservé aux membres de ma famille. Je passe mon badge et m'engouffre seul dans cette cage de fer. Encore une fois, l'emblème fier de l'aigle à deux têtes m'accueille. Et je me regarde dans la glace en même temps que les portes se ferment.
Mes cernes sont creuses, j'ai les yeux rouges et un bâillement incontrôlable me prend.
Je dois régler les problèmes un par un. Pour le moment, Orpheus est hors de ma portée. Du moins, je ne pourrais rien faire sans avoir fait une enquête poussée avec Wayne et pourquoi pas cette Lyloe.
Mais il y en a un que je peux peut-être régler maintenant.
L'ascenseur s'arrête au cinquième étage. J'avance rapidement en passant entre les employés qui courent déjà.
Sans plus de discussion, ma poigne ouvre la porte du bureau de mon père, assis derrière son bureau.
— Cal' ? Tu devais pas arriver pour quatorze-
Il s'interrompt en détaillant mon visage :
— Qu'est-ce que tu t'es fait, me questionne-t-il en pointant mon visage du doigt.
Il me détail avec cette curiosité dans les yeux, tout en continuant de signer rapidement des documents pour le comptable qui est assis sagement sur le fauteuil devant le bureau, . Mais je ne réponds pas à sa question :
— J'ai besoin de toi au dernier étage, maintenant.
Il fronce les sourcils, visiblement perturbé par mon ton urgent. Mais il sait très bien que je ne rigole pas.
Je ne m'attarde pas, et laisse sa porte ouverte avant de me diriger vers la porte du bureau adjacent. Je l'ouvre grandement, interrompant mon cousin, Benjamin, et mon oncle, Agon en pleine discussion. Sans détour je leur dis :
— Montez au dernier étage, ça vous concerne directement.
Je vois la surprise dans leur regard, mais encore une fois je ne leur laisse même pas le temps de me poser plus de questions. Je me tourne et me dirige rapidement vers l'ascenseur. Ils me suivent de près.
— Cal, c'est quoi le problème ? me demande mon père en réajustant la veste de son costard.
— Tu vas bientôt le savoir, répliqué-je en m'engouffrant dans l'ascenseur avec eux.
Sauf que la voix basse de mon cousin résonne dans l'habitacle :
— Encore un de tes caprices, Callahan ?
Je préfère l'ignorer aujourd'hui. La douleur dans ma tête et ma fatigue m'empêchent de gaspiller le peu d'énergie qu'il me reste, et je risque de l'insulter trop salement pour qu'il s'en remette rapidement.
Dans un silence de mort, nous arrivons au dernier étage.
En quelques secondes, nous arrivons devant la porte du bureau de mon grand-père. Je toque deux fois, et n'attends pas sa réponse pour ouvrir. Il est au téléphone, en train de faire les cent pas. Il nous regarde, curieux, quand j'entre.
Je lui fais un signe pour lui dire de raccrocher. Instinctivement, en fermant la porte derrière moi, je pose ma paume sur mon cœur en me rappelant que l'emblème des Caine et de l'Ordre trône sur le mur derrière le bureau. Mon père, mon oncle, et Benjamin font de même.
Adrian me toise intrigué par ma présence si tôt, et au bout de quelques échanges avec son interlocuteur, il lui dit :
— Hm, écoute Tom, je te rappelle dans une heure. J'ai une urgence.
Mon grand-père ne s'éternise pas et raccroche avant de faire voyager ses yeux sur chacun d'entre nous, puis sa voix impérieuse me demande :
— Qu'est-ce qu'il se passe ?
— Est-ce que quelqu'un surveille Silas ?
Ma question jette un silence lourd dans la pièce. Je balaye chaque membre de ma famille du regard en attendant une réponse, une confirmation, une information que je n'aurais peut-être pas en ma possession. Mais mon oncle et mon père s'échangent des regards confus, tandis que Benjamin s'enfonce dans le sofa en cuir en déboutonnant sa veste.
Mon grand-père pose ses paumes à plat sur son bureau et m'interroge du regard :
— Explique-toi, Callahan. Pourquoi cette urgence avec Silas maintenant ?
Ses yeux sombres me transpercent, et je me répète :
— Pour le moment, je vous ai demandé si quelqu'un avait suivi les agissements de Silas au cours de ces dernières années ?
Agon, mon oncle, avec un froncement de sourcils, me presse pour plus d'explications :
— Pourquoi est-ce que tu t'intéresses à mon fils ? Qu'est-ce que Silas vient faire dans cette discussion ?
Je le fixe avant de lui lancer sèchement :
— Ton fils se balade dans les rues de Londres, Agon.
Mon oncle grimace complètement confus, j'entends Benjamin lancer un « mais qu'est-ce qu'il raconte ». Je laisse l'information s'installer avant de poursuivre :
— Ça fait quatre ans que ça dure, et que je ne sais comment, mais il ne passe pas le clair de son temps en clinique psychiatrique.
Benjamin visiblement agacé intervient sur un ton dédaigneux :
— Et on peut savoir ce qui te fait dire ça ?
— Je l'ai vu, près de chez moi, il y a quelques jours de ça.
Agon échange un regard perplexe avec Adrian, puis il me lance :
— Silas est enfermé depuis des années maintenant, c'est impossible.
— Agon, je t'ai dit que ton fils est dehors, il se fait passer pour un putain de Dani, je rétorque sûr de moi.
Benjamin laisse presque un rire nerveux lui échapper. Son scepticisme clairement affiché sur son visage :
— À quoi tu joues, Callahan ? Tes paroles sont tellement insensées que je pense que tu devrais te prendre une chambre dans la même clinique que Silas.
Je m'arrête au milieu du bureau, mon regard se durcit :
— Ton frère est lié à une affaire d'harcèlement sur laquelle je bosse. Et putain, je ne comprends pas comment ni toi, ni ton père n'avez pris le temps de surveiller Silas !?
— Silas n'a jamais quitté la clinique, insiste Benjamin. Sauf en cas de dérogation, mais tu sais qu'il ne vient jamais à nos réunions. Tu perds la tête, cousin.
— Ah, tu peux l'attester ? C'est quand la dernière fois que t'es allé voir ton putain de frère ?
— Je ne me souviens pas du jour exact, mais c'était il y a quelques mois de ça, réplique-t-il sur un ton qui ne laisse pas place au doute. Et ça ne change rien au fait que tu parles comme un fou.
En sentant ma frustration prendre le dessus, je pointe mon index vers mon oncle et mon cousin :
— Je sais ce que je dis, putain ! Vous n'allez pas me faire passer pour un taré ! Silas par un moyen ou un autre arrive à sortir de cette putain de clinique, et il arrive clairement à se faire passer pour un autre !
Mon père prend les devants en ouvrant les paumes comme pour me montrer son incompréhension :
— Callahan, tu sais que Silas ne peut pas sortir.
— Bab (papa), tu dois me croire ! lâché-je frustré. Quelqu'un le fait sortir, ou alors on a un putain de problème, parce qu'un type nommé « Dani » avec la même tête que lui se balade dans les rues de Londres ! Et on sait tous ici que Silas n'a pas de frère jumeau maléfique. Donc qui surveille Silas ?
— Callahan.
Mon grand-père qui s'était montré silencieux jusqu'à présent décide d'intervenir. Sa voix basse qui laisse quand même paraître une certaine dureté capte directement mon attention. Je tourne la tête vers lui, et rien qu'à son expression impérieuse, je sens déjà que sa réponse risque d'alimenter mon irritation.
— Je ne sais pas à quoi tu joues, mais je crois que tu as des choses plus graves que ça à gérer. Ça fait cinq mois que j'attends des résultats sur la mort de Carl et les millions qui ont disparu, mais tu nous convoques et me fait raccrocher d'un appel important pour affirmer que ton cousin sort de psychiatrie pour harceler je ne sais qui ? Tu te fous de ma gueule j'espère !?
Sa réponse me fait vriller. Un petit rire nerveux m'échappe le temps d'une seconde avant d'être submergé par une bourrasque de colère me brûle de l'intérieur. Ma paume passe nerveusement sur ma mâchoire.
Mon regard jongle sur tous les visages de ma famille. Mon oncle, mon cousin, mon grand-père me regardent sceptiques. Et en m'arrêtant sur mon père, je vois bien qu'il est sceptique lui aussi.
Ils sont en train de me faire passer pour un dingue là ?
— Mais putain ! lâché-je enragé. C'est sérieux ce que je vous dis ! Silas prétend travailler au Starbucks, même Wayne n'arrive pas à le tracer ! Il se fait appeler Dani, et hier soir il a fait venir un type pour prétendre prendre des photos de la maison des Bennett ! La dernière fois que je l'ai vu il m'a dit « qu'il avait le droit d'être ici » ! Donc quelqu'un l'autorise à sortir, merde !
Benjamin ne dit plus rien, il se gratte même la tempe avec une expression gênée.
Ce bâtard me prend en risée !
Tout le monde — sauf mon père — me regarde comme si j'avais perdu la tête.
— Pitié, dites-moi que vous vous foutez de moi ?
Mon père intervient avec un soupir.
— Écoute, mon fils... Ce que tu dis reste à creuser, mais ton grand-père dit vrai, ça fait cinq mois que t'as commencé ce boulot, et je ne te sens plus sur les rails. C'est pas ta priorité de gérer ce genre d'histoires futiles.
— Mais de quoi tu me parles, putain, bab (papa) !? C'est vous qui m'avez forcé à m'occuper de Bennett ! Maintenant que je prends le taff au sérieux, vous me dites que je dois laisser couler ?
Agon, prends la relève. Il réajuste la veste de son putain de costume et sur un ton froid, il plonge ses iris sombres dans les miens et me lâche :
— Ce que ton père essaie de te dire, c'est qu'il te reste six mois pour remplir tes obligations et que tu es très loin du compte, Callahan. Tu es dissipé, tu n'agis ni comme un Caine ni comme un membre de l'Ordre depuis cinq mois. Silas est en psychiatrie, et tout le monde sait qu'il ne peut pas mettre un pied dehors si ton grand-père ne décide pas du contraire. Je n'ai pas besoin de toi pour m'occuper de mon fils, tu as d'autres affaires à régler que lui. L'harcèlement que subit ta cliente ne devrait en aucun cas ralentir tes investigations. Trouve l'assassin de Carl, trouve ces 305 millions d'abord, et ensuite tu viendras nous convoquer. Est-ce que c'est assez clair pour toi ?
À qui parle cet enfoiré ?
Mes sourcils se froncent, je me tourne vers mon Agon et avance de quelques pas, le regard rivé sur lui.
— Cal', m'appelle mon père en me regardant approcher de mon oncle.
Mais Agon n'en démord pas lui non plus, même si je fais facilement une tête de plus que lui. Il ne baissera jamais les yeux. Ce n'est pas pour rien que j'ai toujours eu horreur de lui et toute sa branche. Leur provocation constante alors qu'ils auraient tous dû s'occuper de régler leur problème psychiatrique me sidère.
Lorsque j'arrive devant lui, il plonge ses paumes dans les poches du pantalon de son costume, avec un air dédaigneux et de défi. D'une voix basse, je le mets en garde :
— Fais attention aux mots qui sortent de ta bouche, Agon. Je ne te le dirais pas deux fois.
— Callahan ! articule mon grand-père avec frustration.
— T'aurais dû jeter recadrer ce gamin depuis bien longtemps papa ! s'écrit Agon à mon grand-père avant de me regarder de nouveau. Il ne respecte pas ses aînés, et ne suit jamais les ordres ! Il serait capable de foutre en l'air l'Ordre par orgueil ! Benjamin, malgré ses erreurs, ferait un bien meilleur patriarche pour le clan que ce petit con !
— Agon ! Tu vas pas t'y mettre toi aussi, s'insurge mon père.
Mon petit rire nerveux éclate et je sens la paume de mon père sur mon bras. Mon regard reste ancré sur Agon, du coin de l'œil, je suis sûre de voir Benjamin se préparer à défendre son père si jamais je tente quoi que ce soit. Mais rien que de penser au fait qu'il essaye de me toucher me donne envie de les massacrer tous les deux.
La tension est à son comble et mon cœur tambourine dangereusement dans ma poitrine.
— Tu veux que je te montre comment je vais te recadrer quand je serais à la tête ? le provoqué-je. Parce que si il faut que je t'humilie devant ton fils pour que tu me parles autrement je vais le faire.
— Cal' ! m'interpelle mon père avec une légère urgence dans la voix.
— Tais-toi, réponds à tes obligations, et fais ce que l'Ordre te demande. C'est tout ce qu'on te demande, me crache mon oncle.
Alors que j'allais faire un nouveau pas vers Agon, j'entends :
— Callahan !
Je me tourne lentement vers mon grand-père, la haine brûlant dans mes yeux.
— Je ne sais pas à quoi tu joues, mais tu dépasses clairement les bornes ! Menacer ton oncle, un aîné, devant l'emblème, devant moi !? Est-ce que tu serais assez fou pour cracher sur l'Ordre ? Comme tous membres, tu risques ta place, et ta vie en agissant sans réfléchir. Tu m'entends !?
Des frissons teintés d'un soupçon d'effrois m'hérissent les poils.
J'encaisse les mots d'Adrian comme une douche froide.
Parfois j'oublierais presque le danger que l'Ordre représente si je ne fais pas attention à mes actes.
Ce n'est pas un jeu.
Mon cœur bat la chamade, et j'ai l'impression que chaque pulsation amplifie encore plus la douleur de ma migraine.
Je joue ma vie.
Et la sienne...
J'ai trop de responsabilités pour perdre mes moyens devant ma famille.
Je fixe mon grand-père, en sentant la réalité me rattraper...
Il faut se le dire, mon comportement devient de plus en plus dangereux, non seulement pour moi... mais aussi pour Cassie. Je ne peux pas continuer à agir n'importe comment.
Ce constat m'oblige à serrer les dents. Ma mâchoire est contractée, et mon grand-père poursuit sur un ton plus dur :
— Les Armitages sont en train de prendre des points dans les sondages. Je peux te garantir que je n'en ai rien à foutre que ta cliente ait des problèmes avec un idiot ou non. Ton job, c'est de faire en sorte qu'elle reste présentable jusqu'en juillet, jusqu'à ce que Margaret gagne ces foutues élections. Trouve-moi mon assassin, trouve-moi ces putain de millions, et ne joue pas au plus con !
Ma rage me fait bouillonner de l'intérieur.
Tu le sais que tu es lié par un serment pourtant.
Tu as toujours réfléchit avant d'agir, qu'est-ce qui te prend Cal'... ?
Je lance un dernier regard à mon oncle, mais je n'ai plus assez d'énergie pour polémiquer plus longtemps, mon crâne me donne l'impression qu'il écrase mon cerveau.
Alors je recule sans un mot de plus et commence à quitter la pièce :
— Cal' ! m'interpelle mon père.
Mais je ne m'arrête pas. La colère et la frustration m'envahissent au point d'en faire trembler mes mains. J'avance dans le couloir en entendant mon père m'appeler et presser le pas pour me suivre.
« Tais-toi, réponds à tes obligations, et fais ce que l'Ordre te demande. »
C'est tout ce qu'on m'a toujours demandé.
Et Dieu seul sait que je ne peux pas y échapper.
— Callahan !
Comment ils peuvent ignorer la gravité de la situation avec Silas ?
Comment peuvent-ils penser que j'imagine tout ça ?
Ce putain de sentiment d'être complètement seul face à mon destin tombe violemment sur mes épaules.
Je déteste cette putain de sensation !
Alors que j'arrive devant l'ascenseur, mon père me rattrape légèrement essoufflé. Il est toujours resté un peu athlétique malgré le léger ventre qu'il commence à avoir depuis ces dernières années — depuis que maman n'est plus à la maison...
Il me regarde avec sérieux et réprobation. Je sais que mon comportement envers son frère ne lui a pas plu du tout. Ses mains épaisses massent nerveusement sa mâchoire.
Il me toise pendant de longues secondes, mais je l'ignore jusqu'à ce que l'ascenseur arrive.
En nous engouffrant dedans il me lâche en appuyant sur l'étage du rez-de-chaussée.
— À quoi tu joues, putain ?
Son regard jongle entre le sérieux et l'inquiétude.
— Je bosse là, ça ne se voit pas ? craché-je sèchement.
— Ne fais pas le petit con avec moi. Pourquoi t'agis comme ça ces derniers temps ça ne te ressemble vraiment pas !
Je ne réponds rien alors que l'ascenseur continue sa course vers les étages inférieurs :
— Tu m'inquiètes, mon fils. T'es distant, qu'est-ce que t'as ?
Les iris de mon père plongé dans les miens me témoignent sincèrement d'une forte préoccupation.
Putain...
Je n'en ai pas grand-chose à foutre de bafouer un peu les règles de temps à autre, mais nuire à mon père n'est pas l'activité pour laquelle je prends le plus de plaisir.
Je me frotte rapidement le nez, légèrement pris d'embarras.
— Tu t'inquiètes pour rien, bab (papa).
Ma réponse ne lui apporte rien de concret sur mon état, mais mon père laisse un petit sourire, mi-amusé, mi-résigné se dessiner sur ses lèvres en secouant la tête.
L'ascenseur arrive enfin, et nous sortons ensemble.
J'ai hâte de rentrer chez moi et m'endormir toute l'après-midi avant d'aller chercher microbe à la fac. Même si c'est toujours aussi tendu entre nous, savoir que je vais revoir son visage est ma seule motivation de cette journée de merde !
Putain... quand j'y pense.
Elle a quand même voulu me rendre ma bague.
Le rhodium ne se reprend pas.
Alors que nous marchons vers les portes coulissantes de Rendi Holdings, mon père me lance :
— Je veux que tu passes à la maison, ce soir.
— Je ne peux pas. Bennett termine tard, j'arriverais trop tard.
— Dimanche prochain alors, insiste-t-il, ce qui me fait finalement acquiescer.
Mon père m'accompagne jusqu'à dehors, et nous atteignons enfin l'extérieur, quelques employés nous saluent en passant.
— Je vais inviter Jorik à dîner, dimanche. Ça te changera un peu les idées.
Mes sourcils se froncent involontairement. Je l'interroge du regard en positionnant correctement mon casque dans mes mains pour l'enfiler :
— Je t'ai vu parler à Hira à la cérémonie, me lâche-t-il avec un petit sourire taquin.
J'ai l'impression que mon estomac tombe dans mon ventre, ça ne me fait pas rire du tout.
Et je me rends compte qu'Hira m'a mis dans la merde en osant me parler à cette cérémonie !
Ce qui était pour moi une corvée ce soir-là est apparu comme un premier contact pour mon père.
Mon cœur se met à palpiter.
Tout l'Ordre a dû nous voir...
Tout l'Ordre à dû spéculer, et tout l'Ordre nous voit déjà ensemble !
Je le fixe nerveusement en me mordant l'intérieur de la joue. C'est le pire scénario possible qui est en train de se tramer sous mes yeux, je n'avais pas prévu que ça serait aussi imminent.
Il va falloir que je trouve un échappatoire, et vite, avant que les attentes de mon père et les exigences au sein de l'Ordre prendre le dessus sur mon libre arbitre.
— Ne me regarde pas comme ça, se moque-t-il. Hira est parfaite pour toi. Tu ne vas pas me faire croire qu'elle n'est pas ton genre.
Mon père me taquine en posant sa main sur mon bras.
Justement, elle n'est pas mon genre, putain !
Mon genre mesure un mètre soixante, et peu mourir à cause de la noisette.
Mon genre, c'est microbe.
C'est elle mon standard, et il me semble bien qu'il n'existe qu'une seule Cassie Bennett sur cette planète comme la mienne. Et je n'en veux pas une autre !
J'ai l'impression que la pression devient soudainement trop lourde.
Si accablante que je peine à avaler ma salive.
— Annule bab, je ne veux pas d'Hira, répliqué-je sans réfléchir en réajustant mon casque dans mes mains.
La réaction de mon père me surprend. Il éclate de rire en tapotant sa paume contre mon bras.
Il ne me prend clairement pas au sérieux.
À ses yeux, personne ne serait assez fou pour refuser une union avec Hira.
Et au sein de l'Ordre, je comprends qu'elle représente la belle-fille parfaite.
Mais non... ce n'est pas parfait pour moi.
— Pour le moment, je veux juste que tu apprennes à la connaître. Hira est la meilleure prétendante pour toi. Je sens bien que cette histoire de mariage te stress, mais on était tous dans le même cas que toi. Tu apprendras à l'aimer, comme nous tous avec nos épouses. Au final, regarde ta mère et moi. Il n'y a aucune femme que je pourrais aimer autant qu'elle.
Son sourire s'attriste à la mention de ma mère, alors que sa main glisse le long de mon bras jusqu'à m'abandonner pour plonger ses paumes dans ses poches.
À la pensée de ma mère, des frissons froids me prennent.
Il faut que je passe la voir...
Et ce n'est pas la même chose... Lui et maman, c'est une autre histoire...
Moi, je ne veux pas apprendre à aimer quelqu'un.
Je veux quelque chose de brut. Inattendu. Surprenant.
Je ne veux pas apprendre à apprécier des cheveux noirs dans le but de remplacer ma couleur de cheveux préférée : châtain cendré. Pas blond, presque, mais c'est bien du châtain.
Je ne veux pas apprendre à aimer du bleu azur, alors que j'ai la couleur de l'orage qui me provoque des tonnerres à l'intérieur de moi à chaque fois qu'ils plongent dans mes yeux.
Je ne veux pas apprendre à connaître d'autres protagonistes que ces putain d'Edward Cullen ou Preto Cruz. Je ne veux pas apprendre à aimer une autre passion que la lecture ou la cuisine.
Je ne veux pas m'habituer à une voix que j'aurais appris à tolérer.
Je veux continuer à croire que si la lune pouvait parler, elle aurait la voix de mon amour.
Je ne veux pas apprendre l'amour, je veux le vivre.
Je veux aimer, ensuite apprendre.
Au bout d'un petit moment de silence, je décide de lui dire :
— Ça sert à rien. Inutile de blesser cette fille avec de faux espoirs, expliqué-je en enfonçant mon casque sur ma tête.
— Cal', fait un effort. De toute façon, tu sais que c'est la règle. Il faut que tu commences à avoir des prétendantes, tu le sais. Ton cousin aussi va passer par là.
— Je m'en branle de ce que Benjamin va faire de son cul. Pour ma part, je compte bien choisir ma femme moi-même.
— Ah ! Puisque tu as l'air si sûr de toi, je suppose, tu en as une à me proposer ?
— Je t'ai déjà dit que tu seras le dernier au courant si c'était le cas.
— Donc j'en conclus que tu n'as aucune prétendante. Cal', on n'a déjà eu cette discussion, articule mon père en se frottant le front légèrement exaspéré. Tu sais ce que j'en pense.
— Et tu sais ce que j'en pense moi aussi.
— Je n'ai pas envie de me disputer avec toi ce matin, Callahan. T'as l'air d'avoir une sacrée migraine et des heures de sommeil manquantes. Dimanche prochain, tu viendras et tu lui parleras. Je ne vois pas ce qui te rebute tant à l'idée de te marier.
Je ne veux pas marier cette fille, putain !
La boule d'angoisse qui se forme dans ma gorge me fait bouillonner.
Je ne peux pas me laisser embrigader dans cette histoire. L'absence de ma bague de promesse autour de mon index me rappelle à quel point le choix est déjà fait, et je suis incapable de voir les choses autrement qu'avec Cassie.
J'ai déjà transgressé les règles de l'Ordre...
Ce que j'avais pris pour une simple attirance sexuelle est devenue une véritable obsession... quelque chose de plus profond, plus dangereux...
Je baisse la visière de mon casque devant la gueule de mon père qui lève presque les yeux au ciel dans un rictus désespéré de mon attitude.
— On t'attendra pour vingt heures, biri im ! (mon fils)
Je quitte les lieux sans lui répondre, mais je sens mon estomac se crisper.
J'ai une folle envie de fumer tout d'un coup pour calmer mes nerfs, mais je résiste à l'idée.
Alors que j'approche ma moto, mes pensées s'entrechoquent violemment, et j'ai vraiment l'impression que mes serments vont me faire perdre la tête.
Comment on va faire, microbe... ?
Shqiptarët vdesin dhe Besën nuk e shkelin. (Un Albanais préférerait mourir plutôt que de violer la besa.)
Je t'ai fait une promesse...
Et je préfère la mort que te trahir.
Je préfère la mort.
J'enjambe ma moto, mais pile au moment où j'allais démarrer, mon téléphone vibre dans ma poche. Je le sors et déverrouille l'écran pour voir un numéro que je ne reconnais pas :
Je soulève ma visière en fronçant les sourcils. J'ouvre le message, mon sang se glace :
« +44... : Qu'est-ce que ça fait de perdre la tête ? »
Mon cœur rate un battement.
Les souvenirs me reviennent en pleine face, c'est le même numéro qui envoyait des messages à Cassie.
La cadence de mon cœur décuple lorsqu'une série de messages font vibrer mon téléphone.
« +44... : Tic... »
« +44... : Tac... »
« +44... : Tic... »
« +44... : Tac... »
« +44... : Ne fait pas cette tête, Callahan. La partie ne fait que commencer. »
Mon cœur se compresse violemment dans ma cage, je lève précipitamment la tête, en scrutant les alentours.
Il me surveille moi aussi maintenant...
L'angoisse monte d'un cran à l'idée de ce que ce malade pourrait faire.
J'ai l'impression que tout autour de moi me donne le vertige. Mon regarde balaye encore la place, les hommes et les femmes défilent, mais je ne constate rien d'anormal.
Dans l'urgence, mon malaise ne me donne pas envie de rester plus longtemps ici. Je m'empresse de ranger mon téléphone avec la pensée qu'il faut que je parle de ça à Wayne.
En quelques secondes je démarre et quitte les lieux.
Une trentaine de minutes plus tard, j'arrive chez moi.
Je me précipite sous la douche, dans l'espoir que ça m'enlèvera les angoisses qui me collent à la peau, mais en voyant que rien ne fonctionne, je sors.
Je me change, et prends des médicaments pour ma migraine et mes crises.
Mon corps s'affale sur mon lit et je me glisse sous mes draps.
Tic... Tac... Tic... Tac...
Ne fait pas cette tête, Callahan. la partie ne fait que commencer.
Putain c'est qui ce fils de pute !
Et de quelle putain de partie on parle exactement ?
Mes pensées décuplent ma migraine. Entre Microbe, l'Ordre, Orpheus et de ce stalker. Je sens que ces prochains mois s'annoncent intenses.
Je remarque que je suis en train de faire claquer l'élastique de microbe contre mon poignet.
Putain...
J'arrête en m'en rendant compte, et coince sa petite bague entre mes lèvres pincées.
Mes yeux se ferment.
Et dans le silence de ma chambre, le seul visage qui revient sans cesse est celui de mon amour.
Je ne vois que ses yeux, son petit sourire, et puis ces sensations intenses qu'elle seule arrive à me provoquer...
Putain, je suis coincé, et je le sais.
L'idée de ce dîner dimanche me hante déjà.
Il n'y a que toi que je veux apprendre par cœur, zemër.
𝙵𝙸𝙽 𝙰 𝙲 𝚃 𝟻.
❄️ 𝙹 𝚊 𝚗 𝚟 𝚒 𝚎 𝚛.
✤
Bonsoir bonsoir, bonsoir ! 🎃
Ça-va ? ☕️
Je voudrais juste exprimer mon opinion sur quelque chose... (Petit Margaret Talk pour pas changer)
J'ai remarqué qu'à chaque fois que Cal s'exprime (ou cède à la colère), c'est soit de l'obsession, soit de la manipulation.
Ça peut jamais être quelque chose de purement innocent, et spontané, c'est forcément un whippin man... Je me dis, est-ce qu'il n'y a que Cassie qui peut avoir des émotions ? Lui il est constamment dans la perfection ? Ça reste un être humain lui aussi doit apprendre et comprendre des choses, lui aussi évolue avec Cassie, et ils apprennent à se comprendre tous les deux.
Des choses qui lui paraissent évidentes, ne le sont pas pour Cassie et inversement.
Je m'attendais à ce que Cassie se fasse insultée dans le dernier chapitre, mais à ma grande surprise, c'est Cal' qui a subit.
Parfois j'ai l'impression que je véhicule mal le personnage de Callahan, je ne sais pas à quoi c'est dû, mais j'ai la sensation que certaines sont absolument convaincues de l'idée de Cal' est un sale macho de type mâle alpha sans cerveau qui pense que la place de la femme c'est dans la cuisine. 🐺
Je ne sais pas si c'est l'image que je renvoie mais c'est tellement pas le message que je veux faire passer ⚰️ !
Cal' était juste littéralement dépitée parce que Cassie veut lui rendre sa bague, il se rend compte qu'elle agit à cause de sa peur, et donc il lui fait comprendre qu'elle ne peut pas tout jeter à l'eau à chaque fois qu'elle stresse...
Il ne veut pas qu'elle ai a faire à son côté sombre. C'est pour la préserver, il a pas envie de lui partager cette partie de lui, et j'ai envie de dire, c'est pas mieux ? 🥲
De plus, je peux savoir pourquoi à chaque fois que Cal' exprime du désir pour Cassie ça passe comme si c'était un obsédé ? Fin, est-ce que par hasard il y aurait des filles en couple ou mariées ou ayant un crush sur des individus, qui pourraient nous confirmer qu'en général quand on est attiré par quelqu'un un simple petit détail peut nous émoustiller ?
Sachant que comme j'ai dis, Cal' c'est pas l'homme le plus abstinent de la terre...
Parfois j'ai l'impression que je dois lui supprimer tout désir sexuel pour le faire passer pour "ces fake bookboyfriend parfait", mais c'est tellement pas réalise... 💀 "Sa chemise lui tombe sur l'épaule. Quelle douce clémentine que voilà-je."
(Note : ce n'est pas parce que Cal' dit : t'es à moi, que ça veut dire : "tu es ma chose.")
Bon j'en arrête là 😬...
IT'S TIIIME TO TAKE THE TEA : ☕️, je veux tout entendre, vos impressions, vos ressentis, vos théories, vos retours pour ce chapitre ? Dites-moi tout !
On passe enfin au mois de Février, il était grave temps MDR ! Et y'a de quoi faire dans ce chapitre, les ghosties j'attends de voir ce que vous allez me pondre comme théories HAHA !
Le prochain chapitre, je ne sais absolument pas quand je le posterais 😭, je suis sur Valentina c'est trop ! (D'ailleurs, restée connectée sur Instagram, j'ai bientôt une annonce à faire pour Vava 😗 !)
Bon j'y vais bisous, bye ! ❤️
BYE 🏍💨🪐 !
Stardust 🍓
𝚂𝚎𝚎 𝚢𝚘𝚞 𝚜𝚘𝚘𝚗 🕰...
xo, Azra. ✿
IG: azra.reed
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