𝟺𝟹. 𝙾𝚛𝚍𝚛𝚎.

Bonsoir, ça-va ?




(𝖣𝖾́𝗆𝖺𝗋𝗋𝖾𝗓 𝗅𝖺 𝗏𝗂𝖽𝖾𝗈 𝗉𝗈𝗎𝗋 𝗏𝗈𝗎𝗌 𝗉𝗅𝗈𝗇𝗀𝖾𝗓 𝖽𝖺𝗇𝗌 𝗅'𝖺𝗆𝖻𝗂𝖺𝗇𝖼𝖾)




"La vengeance profonde est la fille du silence profond."
Vittorio Alfieri








𝙰 𝙲 𝚃 𝟻.

❄️ 𝙹 𝚊 𝚗 𝚟 𝚒 𝚎 𝚛.





𝟦𝟥. 𝖮𝗋𝖽𝗋𝖾.






Cassie.








— Reece...

Le son de cette voix grave me sort de mon sommeil.

Une chaleur autour de mon ventre me fait comprendre que le bras de Callahan m'entoure. Les souvenirs de la veille me reviennent...

C'est vrai... j'ai passé la nuit ici.

J'ai un peu chaud avec lui sous cette couette, et doucement, je réalise que les légers murmures rauques de sa voix flottent dans cette chambre plongée partiellement dans le noir.

— Reece.

Je cligne des yeux en me réveillant. Mes palpitations cardiaques accélèrent face à l'urgence dans sa voix. Son stresse est tel que la pression de son bras se resserre sur mes côtes.

— Reece ! Il faut-

Avant même que je ne puisse faire quoi que ce soit, Callahan se tire violemment de son cauchemar en sursautant. Un petit cri de surprise m'échappe lorsque son bras m'encercle avec force contre lui. Tout en inspectant avec vigilance chaque recoin de cette chambre, il nous fait rapidement reculer sur son lit comme s'il voulait nous mettre à l'abri, il tâte sa cuisse, là où est habituellement rangée son arme.

Je me laisse emporter en angoissant à mon tour. Totalement confuse, je relève à toute vitesse la tête vers lui pour le regarder. Je sens que son cœur tambourine violemment dans sa poitrine.

Tout de suite, l'expression de son visage et sa respiration profonde m'indique qu'il est en panique totale.

— Cal'... ?

Ma voix semble le faire revenir sur terre, son étreinte autour de mon ventre se détend légèrement. Il baisse ses yeux inquiets sur moi et se rend bien vite compte de ce qui vient de se passer :

— Më fal, microbe. (Excuse-moi) Më fal... Je t'ai réveillée.

Sa voix me paraît tremblante, on aurait même dit dans ses yeux qu'il cherche sincèrement mon pardon. Je devine qu'il veut me rassurer en glissant sa paume chaude et hésitante sur mon visage jusque dans mes cheveux.

— C'est pas grave... lui murmuré-je en secouant doucement la tête. Tu as fait un cauchemar... ?

Il prend quelques secondes avant de me répondre. Il a l'air complètement perdu.

Nos regards restent accrochés pendant ce temps, j'essaye de percer à jour sa confusion mais en même temps, je me mets à penser que ce n'est pas la première fois que j'entends ce nom.

Reece.

J'ai tellement envie de lui en demander plus. Est-ce que c'est lui cet ami dont il m'avait parlé lors de la soirée de gala de ma mère...

Mais Callahan semble retrouver un peu ses esprits. Son bras se décolle de mon ventre, et il se laisse retomber sur le dos en se massant les paupières.

À mon tour mes poings frottent mes yeux. Je me réveille tout doucement en réalisant que malgré ce réveil agité, j'ai passé une des meilleures nuits de ma vie. Je me sens tellement reposée, avec l'impression d'avoir son odeur divine sur ma peau. J'ai légèrement chaud à cause de son corps, mais c'est la température idéale pour le mien.

C'est parfait.

C'est toujours parfait avec lui.

Au bout de quelques secondes, Callahan tend sa main vers sa table de chevet. Il saisit son petit réveil noir et me lance un regard amusé en me disant :

— T'as cours à quelle heure ?

Je me redresse en sursaut, en écarquillant déjà les yeux.

— À neuf heures !

— Il est neuf heures pile, ma vieille !

Callahan éclate de rire, tandis que moi, un cri m'échappe alors que je me glisse hors du lit.

— Il faut que je rentre tout de suite ! l'informé-je en agitant mes mains pour appuyer ma précipitation.

Soudainement, je tape ma paume contre mon front en ouvrant grand la bouche, il m'interroge du regard et me dit :

— Quoi ?

— Je n'ai pas dit Stardust aux filles ! Sherlock, il est resté tout seul toute la nuit, le pauvre ! Je suis mooorte !

— Stardust ? C'est quoi ça encore, me questionne-t-il en levant un sourcil.

— C'est un truc avec les filles ! Mais là je n'ai pas le temps de t'expliquer, je suis désolée !

Alors que je contourne le lit, Callahan se redresse à la vitesse de l'éclair et m'attrape le poignet. De nouveau, la surprise me fait pousser un petit cri. Il me tire en arrière, m'écrasant contre son torse. J'essaye de m'échapper en le suppliant de me laisser, mais il m'emprisonne de ses bras dans mon dos :

— Cassiiiie, reste avec moi aujourd'hui ! s'exclame-t-il avec enthousiasme.

— Je ne peux pas, Cal' ! Je t'en prie, j'ai cours !

— Pitié ! T'es déjà en retard de toute façon. Tu veux pas rester toute la journée dans mes bras. Je voulais me prendre de nouveau jeans dans l'après-midi, et on peut passer dans toutes les libraires que tu veux !

— Cal' ! Tu ne m'auras pas comme ça ! S'il te plaît, accompagne-moi chez moi ! Je t'en supplie ! En plus tu as déjà plein de jeans !

Il soupire de déception avant de me lâcher :

— Vivement qu'on se marie, putain ! J'en ai marre de ne pas t'avoir que pour moi !

Sans me contrôler, un rire m'échappe, et Callahan me libère. J'en profite pour me redresser immédiatement.

Sa demande était tentante, et dans un autre contexte, je serais peut-être restée, mais là, le stresse de rater mes cours me prend jusque dans l'estomac.

Alors que je fuis rapidement hors de la chambre, j'entends le bâillement bruyant de Callahan qui s'étire sur le lit.

Je m'enferme dans la salle de bain et m'empresse de faire pipi. Pile au moment où je tire la chasse, j'entends frapper à la porte.

— Oui ? demandé-je en me lavant les mains.

— Ouvre, tu me manques.

J'ouvre la porte pour trouver Callahan, un sourire taquin aux lèvres.

— Bonjour, mon amour, je peux entrer ?

Son ton est ironique, je lève les yeux au ciel en me dirigeant vers le lavabo.

— Arrête de m'embêter, je suis super stressée !

Il entre et referme la porte derrière lui en riant.

Je saisis ma brosse à dents et applique du dentifrice rapidement. J'observe Callahan à travers le miroir, il est juste derrière moi et fait de même en prenant sa brosse à dents.

Penchée près de l'évier, je me dépêche de frotter ma bouche. Mais alors que je crache, j'entends la voix de Callahan me dire :

— Regarde, regarde.

En relevant les yeux vers le miroir, je le vois lever les bras et contracter ses muscles, la bouche pleine de mousse de dentifrice.

Son sourire est presque innocent et enfantin, ses yeux sont brillants alors qu'il fait jouer ses biceps. Je l'interroge du regard à travers le miroir :

— T'cha vu ? me demande-t-il.

— Quoi ?

— Mmuscles.

— Chepa le moment !

Je baisse de nouveau les yeux, concentrée sur le lavabo, mais il tapote mon épaule pour attirer mon attention. Je le regarde, exaspérée, mais il éclate de rire et continue de contracter ses bras :

— Mais regarde bien. Ch'musclé ?

— Tchiant ! je lâche en me rinçant la bouche.

— Chu musclé ou pas ? insiste-t-il amusé.

Je décide de céder parce que je sens qu'il ne va jamais me laisser tranquille autrement :

— Humoui !

— Aah, merchi mon amour.

Un petit rire m'échappe. J'allume l'eau pour me rincer la bouche.

Sauf qu'en me redressant pour me regarder dans le miroir un cri de surprise m'échappe et résonne dans toute la salle de bain. 

— Mais qu'est-ce que tu m'as fait !?

Mes doigts effleurent avec précipitation les marques rouges et violettes sur mon cou.

J'ai une constellation de suçons !

Callahan éclate de rire en appuyant son épaule contre le mur juste à côté de nous, toujours la brosse à dents en bouche.

— Putain, c'est pas possible ! je m'écris en prenant le savon que j'avais laissé hier.

Il lève les sourcils de surprise, avant de reprendre son hilarité.

Je me mousse le visage irritée en me mettant à rouspéter toute seule.

— Et tu peux finir vite de te brosser les dents !? lancé-je agacée.

Il ricane encore et crache dans l'évier avant de me dire :

— Mais t'es super culottée toi, t'as même pas fini.

— Si j'ai fini, m'exclamé-je en rinçant mon visage. On est tellement en retard, ma mère va me tuer, et j'ai déjà raté un cours !

— Ta mère, t'as même pas voulu lui dire la vérité hier soir, donc on s'en fout de son avis. Et pour les cours, si tu savais le nombre de semaines que je ratais pour aller voir ma grand-mère en Albanie. Crois-moi, c'est pas une heure qui va te pénaliser. Ne t'inquiète pas.

Je me redresse, mon visage mouillé, pour le regarder à travers le miroir. J'ignore volontaire sa remarque sur ma mère parce que d'une certaine manière il a raison, et revanche, l'autre partie de sa réflexion m'intéresse :

— Tu es sérieux ?

— Je suis très sérieux.

— Et... tu as fait quel cursus ?

— Scientifique.

Je lève les sourcils. À vrai dire je ne suis pas vraiment surprise, Callahan est loin d'être un idiot.

Je lui souris à travers le miroir, et il fait de même avant de se pencher pour se rincer la bouche.

Pendant une seconde, en nous regardant côte à côte, j'ai envie d'annuler ma journée de cours d'aujourd'hui juste pour la passer avec lui. Mais je me reprends très vite en secouant la tête :

— Bon ! Aller, on y va !

Je me précipite vers le dressing pour me changer.

Alors que je fais glisser son short le long de mes cuisses, je vois la tête de Callahan passer l'encadrement de l'entrée de son dressing.

— Je me change ! m'écriée-je en me cachant avec mes vêtements avant qu'il n'ait le temps de voir quoi que ce soit.

— Putain, préviens-moi ! lance-t-il en faisant demi-tour la paume sur ses yeux.

— Mais je te l'ai dit là !

— C'était moins une ! 

Je termine de m'habiller à la hâte et sors du dressing. Callahan m'attend juste devant les paumes sur les hanches.

— T'es prêt ? je lui demande avec urgence.

— Je peux me changer ou c'est la dictature ici ?

Il m'observe de haut en bas avec humour.

— Tu peux faire vite, s'il te plaît ?

— Déjà que je sors sans prendre ma douche pour tes petites fesse, tu peux attendre deux petites minutes que je me change.

Il se mène avec nonchalance vers son dressing.

— Mais je suis en retard...

À la seconde où je termine de prononcer ces mots, Callahan opère brusquement un demi-tour vers moi. Je me mets à reculer vers le lit, pour tenter de le fuir, mais il me rattrape et on s'écrase tous les deux sur ses draps.

Son corps lourd me condamne à sa présence, je m'écris en sentant que je ne fais pas le poids :

— Callahan ! On n'a pas le temps pour tes blagues maintenant ! Pitiéeee ! m'exclamé-je en tentant de réprimer un rire.

— Dis-moi encore de me dépêcher juste pour voir ?

Il me maintient toujours contre le lit, avec un foutu sourire espiègle collé au visage :

— Non, c'est bon ! Je retire ce que j'ai dit !

— Aaah, voilà ! Je me disais bien que j'avais mal entendu !

Son rire éclate dans la chambre, satisfait de sa petite victoire. Et mes cris se poursuivent lorsqu'il parsème mon visage d'une dizaine de baisers qui me font rougir et frissonner.

Je finis par le repousser en même temps qu'il se redresse.

Mon sourire et la chaleur sur mon visage me trahit. Callahan a vraiment le don de me détendre, peu importe la situation.

— T'es trop mignonne, quand tu stresses comme ça.

Sa remarque et son sourire séducteur me désarment encore plus. De légers frissons viennent narguer mon ventre en même temps qu'il recule vers son dressing.

J'en profite pour rapidement quitter la pièce et prendre mon manteau, et mes talons à l'entrée.

Alors que je me chausse, j'entends sa voix résonner dans la maison :

— Cassie ?

— Je suis près de la porte !

— Remonte, mon garage est de l'autre côté !

L'aiguille de mes talons claque contre le sol. Je m'empresse de remonter à l'étage, et constate que Callahan est vêtu d'un simple pull et d'un jean tous deux noirs.

J'ai à peine le temps de passer devant lui que sa main virile s'enroule autour de ma nuque et me guide vers le fond du couloir.

Effectivement, il ouvre la porte, et je constate un garage épuré, et parfaitement rangé. Plusieurs casques de moto sont soigneusement alignés sur une étagère, sous laquelle un rac de veste sont suspendu. Callahan enfile une veste en cuir avant de me désigner sa BMW.

Je me jette littéralement dans la voiture, et il ne tarde pas à me rejoindre. En quelques secondes, nous quittons enfin sa maison.











Lorsque Callahan stationne devant chez moi, je retire ma ceinture dans geste précipité.

L'angoisse noue mon estomac. Je suis atrocement en retard, et c'est sûr que je risque de rater toute la matinée de cours.

— Est-ce que tu penses que tu pourrais m'attendre... Et m'accompagner à la fac ? demandé-je à Callahan hésitante.

— T'inquiète, j'ai le temps, me répond-il avec une douceur qui allège un peu mon stresse. Je t'attends ici.

— Merci, je suis désolée !

Je ne lui laisse pas le temps de répondre. J'ai déjà un pied dehors et je me précipite vers ma maison.

Dès lors que j'ouvre la porte, je tombe sur ma mère, prête à partir au travail.

Un petit hoquet de surprise se mélange à une légère crainte lorsque je vois l'expression de son visage passer d'une sorte d'inquiétude à de la confusion et de la colère.

Des regrets s'immiscent immédiatement en moi. J'aurais dû préparer des explications à l'avance. Je reste figée devant ma porte d'entrée comme si je n'étais plus la bienvenue dans cette maison. Mon cœur tambourine violemment dans ma cage thoracique, et je finis par entrer et enlever mes talons en refermant la porte derrière moi.

— Qu'est-ce que ça veut dire ? me lance-t-elle sèchement.

Sa voix est froide. Elle tient son thermos dans la main, et n'a pas bougé au milieu du salon. Elle me scrute attentivement tandis que mon manteau glisse le long de mes bras.

— Où est-ce que tu as passé la nuit, hein ?

La tension augmente déjà. Je déglutis, avec la ferme intention de ne pas entrer en contact avec elle. Je n'ai plus envie de me justifier, ou de m'écraser pour qu'elle se sente mieux dans son rôle de mère.

— Cassie, je te parle !

Sa voix est sortie en un cri. Je me fige quelques secondes devant la première marche de mes escaliers. Mon regard se plante sur elle, et même si elle me paraît sobre ce matin, son expression ahurie ne semble toujours pas l'avoir quitté depuis hier soir.

— C'est lui dehors, c'est Ghost, c'est ça ? m'incrimine-t-elle avec presque du rejet dans sa voix.

La douleur me revient de plein fouet. Elle se mélange avec une colère qui m'envahit sournoisement. Je me souviens au millimètre près de la gifle qu'elle m'a mis la veille, du regard qu'elle avait, et c'est à ce moment-là que je réalise que ma rancune ne m'a pas quitté.

Je ne veux plus jamais m'abaisser à son système de valeur, je ne veux plus jamais croire que je ne vaux rien, parce qu'elle me regarde une énième fois comme elle le fait à l'instant.

Les mots de Callahan me reviennent en pleine face.

Je suis tout ce qu'il faut que je sois, que ma mère le veuille ou non.

Alors je poursuis calmement ma montée de mes escaliers pour fuir son interrogatoire, et je lui lance sèchement :

— Je suis en retard, je n'ai pas le temps pour ça.

Le son choqué qui lui échappe, je l'ignore. Mais je sens dans l'air une animosité prendre le dessus sur cette ambiance déjà pesante :

— Qu-tu n'as pas le temps !? s'exclame-t-elle outrée.

Elle me suit dans les escaliers, mon cœur tremble soudainement, je tente d'accélérer la cadence, mais ses cris résonnent entre les murs :

— Après une nuit entière sans donner de nouvelles, tu oses me dire que tu n'as pas le temps ? On t'a complètement retourné le cerveau ma pauvre ! Tu vas le prendre ce temps et m'expliquer où tu as passé la nuit, Cassie ! Tu étais avec lui !?

Sa voix monte crescendo, trahissant son anxiété et sa colère palpable.

Soudainement, une pression sur mon bras m'oblige à me tourner précipitamment. Je sens presque ses ongles s'enfoncer dans le coton de mon gilet.

Je me libère immédiatement pour qu'elle ne me touche pas.

— J'ai dit, je n'ai pas le temps pour toi ! J'ai cours, alors tu me laisses tranquille maintenant !

Je redoute une autre gifle, mais malgré la peur, je ne peux plus me laisser dominer.

Ma mère entrouvre la bouche, choquée. Je la fixe quelques secondes en réalisant qu'encore une fois, j'ai laissé ma colère prendre le dessus sur moi. Et que cette fois-ci, ça fait moins mal qu'hier.

— À qui est-ce que tu parles comme ça !?

— Tu vas me mettre encore plus en retard, lancé-je en l'ignorant.

Alors que j'allais amorcer un nouveau demi-tour, elle agrippe fermement sa paume à mon gilet, me retenant près d'elle. Par réflexe je me protège en levant mon bras libre devant mon visage.

J'ai eu peur qu'elle me gifle encore, mais au lieu de ça, ses yeux s'écarquillent comme si mon geste venait de l'insulter :

— Tu vas cesser immédiatement ce que tu fais là, Cassie !

— Mais laisse-moi tranquille à la fin ! Je suis en retard et je n'ai pas envie de me disputer avec toi maintenant !

— Je t'ai appelé toute la soirée, me hurle-t-elle au point où j'ai l'impression que ses yeux vont sortir de leurs orbites. Tu me dis que tu étais chez Lalita, et tu reviens comme une fleur avec ton garde du corps, tu te fous de moi !

— Mais excuse-moi de ne pas avoir eu envie de parler avec toi alors que tu venais de me gifler et m'insulter !

— Je ne... Je t'interdis de recommencer de partir comme tu l'as fait hier et encore plus de me mentir ! Tu étais avec lui ! Avoue-le !

— Ne me touche plus, m'écrié-je en me dégageant une nouvelle fois de son emprise.

— Réponds-moi, bordel ! Tu étais avec lui !

OUI !

Mon hurlement jette un silence si froid dans cette maison, que pendant plusieurs secondes, j'ai l'impression que les derniers sentiments qui me raccrochaient à cet endroit s'effritent et deviennent poussières.

Cette maison n'est plus la mienne.

Du moins, je ne suis plus la bienvenue ici... Je l'ai sentie dans son regard indigné. Ses yeux écarquillés, sa répulsion...

Et malgré ça, ma colère décuple. Je lui fais face et descends même une marche pour être sûre qu'elle sache qu'elle n'abusera plus jamais de moi. Mes yeux plantés dans les siens ne la quittent pas. Mon souffle est lourd comme si j'avais fait des efforts.

— Oui, répété-je d'une voix froide. J'étais avec lui. Toute la nuit. Et ?

Ma mère à un mouvement de recul. Elle entrouvre la bouche, mais les mots ne sortent pas. Je sais que je suis en train de déclencher une guerre, et je crois qu'intérieurement j'espère qu'elle sera sanglante.

Assez pour que je sois sûre de n'avoir aucun regret.

Assez pour me dire qu'elle aura causé tout ça.

Un peu de peine fait de l'ombre à ma colère, je n'aime pas la blesser c'est un fait... Mais j'ai réalisé que j'aimais encore moins qu'on me blesse moi.

Alors je reste forte, et j'essaye de ne pas me laisser submerger par mes émotions :

— Qu'est-ce que tu vas me faire, maman ? Me gifler ? Qu'est-ce que ça peut te faire d'où j'étais ? Tu n'en as rien à foutre de moi ! Donc oui, j'étais tran-quil-le-ment au chaud chez lui.

Son visage se durcit, ses lèvres rétrécissent et j'ai des frissons froids qui me parcourent. Je me fais violence pour ne pas céder à la peur, alors j'enchaîne incapable de retenir les années de frustration accumulée :

— Rien ne te donne le droit de me contrôler comme tu le fais depuis des années ! J'ai été la fille la plus par-faite, pour toi, pour être sûre que tu n'aies jamais à t'inquiéter de ton image !

Ma mère secoue légèrement la tête, elle est secouée, je le sens.

— Qu'est-ce que ce garçon t'a fait... me murmure-t-elle d'une voix blanche. Tu penses qu'il est bon pour toi ?

— Je n'en sais rien, maman, éclaire-moi puisque tu as l'air d'en savoir plus que moi ? Ah mais non ! Tu m'as déjà prévenu hier, je me ferais encore berner par un homme encore une fois, c'est ça ?

— Il entre dans ta vie et tu penses que ça fait de toi une femme ? Qu'est-ce qu'il t'a mis dans la tête pour t'endoctriner à ce point, à la fin ! Tu crois vraiment que tu as de l'importance pour lui ? m'engueule-t-elle presque désespérée.

— Je ne veux plus que tu décides pour moi, pour quoi que ce soit. Ce que tu penses me passe au-dessus de la tête !

— Ce type n'en a qu'après ce que tu as entre les jambes, comme ton foutue premier petit-ami ! Ce qui t'a presque tué au passage ! Je te le rappelle puisque tu as l'air d'avoir oublié ça !

Ses mots me poignardent en plein cœur et ma douleur est dure à encaisser...

Elle me rappelle à chaque fois, qu'elle avait totalement conscience que je mourrais à petit feu... mais qu'elle n'a jamais daigné à lever le petit doigt pour me sauver la vie. Tout ce qui comptait c'est que j'aille mieux, pour servir sa campagne.

J'atteins mon point de rupture, et dans un dernier élan je lui lance :

— Va te faire foutre, maman !

Son visage devient blanc en un claquement de doigts. Mes émotions montent violemment et se concentrent dans mon ventre. Je les enfouis profondément en moi en ayant cette sensation d'avoir bafoué ma mère à mon tour.

Je ne lui laisse pas le temps de faire ou dire quoi que ce soit, je remonte rapidement mes escaliers et me précipite dans ma chambre. Ma porte claque violemment, et mes émotions explosent instantanément.

Soudainement, Sherlock sort de sa cachette sous mon bureau.

De façon incontrôlable, mes larmes perlent sur mon visage alors que je m'accroupis pour le serrer dans mes bras.

Ses ronronnements me brisent le cœur et je m'entends m'excuser auprès de lui pour mon absence.

J'essaye d'ignorer mes pleurs. Pour être honnête, je me sens un peu déconnectée de mon propre corps.

Soudainement, la porte d'entrée claque. Elle est enfin sortie.

Au bout de plusieurs minutes à câliner mon chat pour trouver un peu de réconfort, je décide de le laisser, les larmes coulant sur mon visage, je m'empresse de me changer pour une tenue plus simple.

Je n'ai pas envie de faire d'efforts aujourd'hui, alors j'enfile un legging épais rembourré pour ne pas avoir froid, et un pull en laine col roulé, tous deux noirs. 

— À ce soir, Sherlock... je suis désolée pour hier...

Mon chat s'enroule autour de mes mollets, laissant quelques poils roux au passage. Je lui caresse le crâne et empoigne mon sac avant de descendre rapidement mes escaliers. J'enfile mes UGG ainsi qu'un manteau molletonné.

Juste avant de sortir, je remarque ma casquette Ralph Lauren suspendue à mon porte-manteau. Je l'enfonce sur ma tête dans l'espoir que ça cachera mon visage.

Une fois dehors, le froid me griffe la peau. J'essaye d'essuyer ma tristesse, et de renifler un maximum pour ne rien laisser paraître.

En voyant la BMW de Callahan garée devant mon trottoir, j'ai une sorte de boule d'émotion qui me submerge et qui décuplent sans ma volonté mes larmes. J'essaye de baisser ma casquette au maximum.

Ma mère a certainement dû le voir, et elle ne lui a rien dit non plus.

Si elle a tant un problème contre lui, elle n'a qu'à le régler elle-même.

C'est à croire qu'elle veut juste me pousser à tout détruire pour son bon plaisir.

Alors que j'approche de sa voiture, Callahan ouvre ma portière en restant à l'intérieur. Son expression curieuse change radicalement pour quelque chose de plus inquiet en me voyant.

— Entre, assieds-toi, microbe.

Je me glisse à l'intérieur, il passe son bras devant moi pour refermer ma portière.

L'habitacle est chaud et accueillant, comme hier soir... Je me sens immédiatement bien dans son environnement.

— Tu sais que t'as pas besoin de mettre ça, me murmure-t-il en enlevant ma casquette. À part si tu veux indirectement me traiter de petit con.

Il la balance sur la banquette arrière. Sur le coup son geste et sa réflexion détendent un peu l'atmosphère. Je glisse mes cheveux derrière mes oreilles et je lâche sans me contrôler :

— Je lui ai dit d'aller se faire foutre...

Mon regard plonge dans celui de Callahan. En fait je redoute un peu sa réaction.

Les secondes passent et je ne vois toujours pas de jugements, ou de déception dans ses yeux. En fait j'ai plus l'impression qu'il essaye de voir si je vais bien ou pas. 

Et finalement, il brise le silence en me disant :

— Ça t'a fait du bien ?

Mes sourcils se lèvent face à sa question. Je ne m'y attendais pas.

Mais je hoche positivement la tête.

Maintenant que c'est passé, je me rends compte que ça m'a libéré d'un truc de lui lâcher ça.

— T'es courageuse, mon amour.

Ses mots tendres glissent sur mon cœur. Il me saisit le visage et ses pouces me guérissent de ces larmes qui ne cessent de couler :

— Parfois... j'aimerais l'être autant que toi... me souffle-t-il doucement. Ne pleure pas.

Son regard bleu nuit s'est perdu sur moi. On aurait dit qu'il ne s'est même pas rendu compte de m'avoir dit ça. Et je reste un peu choquée et perturbée par cette phrase. J'ai ressenti comme une lourdeur dans ses aveux... Ça m'a fait quelque chose de douloureux dans la poitrine et c'est à ce moment que j'ai réalisé que je ne voulais pas que Callahan soit triste.

Comme si, je partageais un peu sa peine, et que sans le vouloir, elle devenait mienne.

Dans un dernier reniflement, il sèche mes larmes, et j'arrête de pleurer.

— Je vais être en retard... murmuré-je sur un ton ironique.

Son petit rire creusant ses fossettes illumine l'orage qui me traverse.

Et ça aussi, c'est une nouvelle réalisation.

Je veux partager son bonheur, parce qu'inconsciemment, je le partage avec lui... et sans le vouloir, il devient mien.

— T'es déjà gravement en retard, petite mamie.

C'est à mon tour de sourire légèrement.

Callahan me lâche à ce moment, et démarre la voiture qui m'éloigne de cette maison qui me paraît tellement étrangère maintenant...

Ma liberté à un goût amer...

Mais j'espère un jour qu'elle s'adoucira.











Onze heures est affichée sur le tableau de bord de Callahan lorsque nous arrivons à l'université.

Je commence à détacher ma ceinture, en lui lançant :

— Merci beaucoup Cal'...

— Ne pleure pas aujourd'hui, ok ?

Je lutte pour retenir de nouveaux sanglots et hoche la tête, tandis que Callahan, dans un geste tendre, essuie mes joues comme s'il voulait effacer l'expression triste qui me colle au visage.

— Ça va être des montagnes russes d'émotions, mais ne sois pas trop dure avec toi-même. Tu vas être triste et déprimée, mais ne te blâme pas pour ça. Je sais que ta mère te manque, mais tu dois te construire toute seule, championne. Tu vas guérir et en ressortir plus forte, tu verras.

Touchée par ses mots, je suis prise de nouvelles larmes, contre mon gré.

Sa paume se glisse derrière mon crâne et il me tire vers lui pour un câlin réconfortant qui m'enveloppe. Je m'enfouis sur son torse chaud. La cadence enflammée de son cœur me fait fermer les yeux un moment. Je me laisse bercer par la caresse de ses mains dans mon dos et ses baisers sur mon front.

Mais notre petite bulle Caine explose lorsque j'entends sa voix grave m'articuler :

— Prends-la.

J'ouvre les yeux, et mon regard est attiré vers son index qu'il tend vers moi.

Il l'agite face à mon manque de réaction, et je reste bloquée un instant sur sa bague en rhodium.

Dubitative, mon regard jongle de ses iris à cette bague que je fais lentement glisser le long de son doigt. Je la prends dans ma paume, et l'interroge du regarde, un peu confuse.

— Garde-la, me dit-il avec un sourire en coin.

Je fronce un peu les sourcils... Les cadences de mon cœur décuplent et un million de questions se bousculent dans mon esprit.

— Mais... c'est... c'est ta bague de promesse... enfin... Tu m'as dit que... c'est la bague pour ta f...

Femme.

Je m'interromps en n'osant pas clairement affirmer que cette bague est réservée à celle qui portera son nom.

Il ne dit rien lui non plus.

Mais j'ai l'impression que le terme flotte entre nous.

Il vient de me donner la bague qu'il avait réservée pour sa femme...

Je sens mes joues prendre la couleur de mon sang, et je ne suis même pas sûre de ce que ce geste représente... Pour être honnête, si, mais, je ne sais pas si je veux me l'avouer maintenant.

Mais ne pas porter cette bague est le moyen le subtil de dire au monde entier qu'il est déjà pris.

— Tu peux m'appeler, si tu as besoin.

Je hoche la tête, mais je ne sais même plus quoi lui dire.

En fait je suis encore choquée d'avoir ce métal froid et qui coûte d'ailleurs cent mille livres sterling le kilo... Mon cœur est euphorique.

— C'est pas ta copine, là-bas ?

Je ferme mon poing pour garder la bague au chaud, et me tourne.

J'aperçois Nelly qui se dépêche pour entrer dans l'établissement. Elle est visiblement aussi en retard que moi, et ça me fait penser que je n'ai toujours pas consulté mon téléphone depuis hier soir.

Je regarde à nouveau Callahan qui me dit : 

— Vas-y, je passe te récupérer à dix-huit heures.

J'acquiesce pour confirmer mon emploi, du temps.

J'ouvre ma portière, et alors que j'allais à sortir, je rebrousse chemin, et m'approche de lui juste pour le câliner une dernière petite fois. Ses bras forts et chauds s'entourent comme des ailes autour de moi. Son petit rire — je l'avoue très sexy — secoue un peu son torse et moi avec.

En fermant les yeux, je le serre quelques secondes de plus en reniflant presque son odeur que je n'arrive même pas à qualifier, mais aucun homme sur terre ne sent aussi bon que lui.

Avec ou sans parfum.

— Merci Cal'.

Dans un dernier élan spontané, peut-être un peu trop vivement, je dépose un baiser rapide sur sa joue.

Je m'excuse immédiatement et ne lui laisse même pas le temps de me répondre que je suis déjà dehors, les joues aussi rouges que mon cœur.

Je n'ose pas me retourner en me précipitant vers l'entrée d'Oxford. Mais je sais qu'il n'est pas parti car je n'ai pas entendu le moteur de sa voiture.

Sa bague chaudement à l'abri dans ma paume, je m'empresse de rattraper Nelly qui est à quelques mètres devant moi.

— Nelly !

Elle sursaute presque en se rendant compte que je suis là.

— Cassie ? Mais qu'est-ce que tu fais là ? Tu as disparu depuis hier soir, est-ce que tout va bien ? On t'a envoyé un millier de messages ?

Je secoue doucement la tête pour signifier à Nelly qu'il n'y a pas à s'en faire pour moi.

Ce qui m'angoisse moi, c'est l'expression de son visage. Elle me donne l'impression d'être est submergée. Ma paume l'arrête dans notre course vers notre salle de classe.

À cette heure, on est censé avoir cours d'économie avec monsieur McMiller, mais cette fois-ci, Nelly m'inquiète et j'oublie les cours pour me focaliser que sur elle.

— Nelly... sérieusement, qu'est-ce qui se passe ? T'es encore en retard aujourd'hui...

Elle évite mon regard une seconde :

— On devrait y aller, Cassie, me dit-elle hésitante en voulant m'entraîner vers les couloirs de notre fac.

Mais je l'arrête. Je glisse l'anneau de Callahan dans mon index pour être sûre de ne pas le perdre. Il est trop grand pour moi, mais j'ignore ce fait en prenant ses mains dans les miennes.

— C'est évident que quelque chose ne va pas. Tu es souvent en retard, et ça ne te ressemble pas du tout. Au même titre que tu as tendance à souvent rester sur ton téléphone... Tu m'inquiètes et pour être honnête, ton histoire avec ce type du restaurant et le fait qu'il t'ait appelé Lyloe, je n'y crois pas trop...

Je sens la pression des mains de Nelly contre les miennes. Je sens bien qu'elle lutte pour garder son calme. Ses yeux semblent presque briller de larmes... Elle baisse la tête une seconde.

Et là, je l'entends renifler.

Je réalise que c'est la première fois que je vois Nelly pleurer.

Pour de vrai.

Pas pour des moments de joie...

Elle pleure de tristesse et les quelques larmes qui glissent sur ses joues dorées me provoquent un pincement au cœur insupportable.

— Tu peux tout me dire, Nelly, murmuré-je en retenant mes larmes moi aussi.

— On a tout perdu...

Je fronce les sourcils. Je ne l'ai presque pas entendue.

Je décide de nous guider sur un banc planté au beau milieu de la cour.

— Qu'est-ce que tu as perdu... ? demandé-je en l'invitant à s'asseoir.

— Tout... La société de mon père... ma mère elle... on a tout perdu.

La confusion et mon inquiétude me donnent des palpitations cardiaques désagréables. Elle tente d'essuyer ses larmes, et je garde une de ses mains dans la mienne.

— Ma mère est partie Cassie... On s'est réveillé un matin, elle avait déposé des papiers de divorce sur la table pour mon père, et elle est partie.

Le choc me fait ouvrir la bouche.

Ces dernières années ont été de telles montagnes russes que je suis restée focalisée sur mes problèmes à moi.

Ça fait un bon moment qu'aucune d'entre nous n'allons les unes chez les autres. Soit, elles viennent chez moi, quand ma mère n'est pas là, soit on se retrouve souvent dehors.

Et maintenant que j'y pense, je n'ai plus revu leurs parents depuis un moment, et encore moins la mère de Nelly avec qui elle était incroyablement proche...

Jusqu'a aujourd'hui j'enviais la relation qu'elle entretenait avec elle... Ma surprise est-elle que je reste bouche bée.

— Elle n'a pas laissé de mots, d'explications... Elle a juste emporté une valise avec le strict nécessaire, et elle a disparu... On a prévenu la police, on l'a cherché partout, mais étant donné que c'est une adulte, et avec ces papiers du divorce qu'elle a laissé, elle est en droit de partir...

Ma gorge se noue et je suis sonnée par ce que j'entends. Et j'arrive à peine à imaginer la douleur de Nelly, et surtout ce secret qu'elle garde en elle depuis tout ce temps...

On aurait dit qu'en fin de compte, je ne suis pas la seule à cacher des choses...

— Mon père... il a sombré dans l'alcool... Alors qu'il avait promis de ne plus jamais boire...

Un souvenir me ramène des années en arrière quand nous étions encore au collège.

Je sais que pendant une période de temps, le père de Nelly n'était pas revenu chez elle pendant plusieurs mois. On avait compris que quelques années plus tard qu'il était allé dans un centre de désintoxication.

Depuis il n'avait pas retouché une seule goutte d'alcool.

Je pince mes lèvres en sentant, des larmes me glisser sur les yeux.

— Alors... comment... ça se passe à la maison ? Comment tu gères tout ça toute seule... ? 

— Mon père a été évincé du conseil d'administration et il a perdu toutes ses actions. Ils l'ont jeté dehors, et maintenant, on a presque tout perdu. Il nous reste que la maison, qu'il a heureusement acheté et... à côté de ça, moi... je me débrouille.

— Comment ? Je peux t'aider Nelly je...

— Non, je... Je n'ai pas besoin d'aide, Cassie... Le type de la dernière fois... celui du restaurant, il travaille dans une boîte informatique, et disons que j'ai deux trois notions, je lui rends quelques services, c'est suffisant pour survivre.

— Nelly...

Le désarroi profond que je ressens à l'égard de Nelly me brise le cœur.

— Tu pourrais venir à la maison... Quelque temps si ça te dit... ? Comment on pourrait te faciliter ?

— Cassie...

Elle plonge ses iris hazel et mouillés dans les miennes. Sa tristesse est légèrement adoucie par son visage d'ange et un petit sourire qui se veut rassurant.

— Je sais que ça ne serait pas convenu avec ta mère, ne t'en fais pas pour moi, j'arrive à me débrouiller. J'avais assez d'argent de côté pour être sûre que ça irait avec mes études, et avec les sous que je me fais j'arrive à gérer notre situation. Il ne faut pas que tu t'en fasses pour moi, ok ?

Je déglutis, dégoûtée pour elle et sa situation. Et je me sens surtout impuissante.

— Tu n'as aucune idée... d'où peut se trouver ta mère... ? Et pourquoi elle a fait ?

Nelly secoue négativement la tête.

— Je pensais vraiment qu'elle allait revenir... Je l'ai attendue... Jusqu'à ce que je me rende compte qu'un an s'est écoulé, mon père n'a toujours pas signé les papiers du divorce. Ils sont toujours rangés dans sa table de chevet à côté de son lit. Je crois que lui aussi a espoir qu'un jour elle toquera à la porte et qu'elle nous expliquera tout.

La disparition soudaine de sa mère me donne des frissons froids. Sa peine est lisible sur son visage. Même si elle tente de rester forte devant moi.

— Je suis là pour toi, quoi que tu aies besoin, je t'aiderai, OK ? De l'argent, un toit, un service, s'il te plaît, demande-moi n'importe quoi... ?

Nelly me sourit et essuie ses larmes, et me dit :

— Tout ce que je te demande pour le moment c'est de ne rien dire à personne... Pas même à Lalita, ou Cherry... Et même, ton garde du corps... J'essaye de retrouver ma mère, et je sais qu'elle se cache bien quelque part. Pour le moment je veux garder ça pour moi.

Je hoche la tête pour sceller notre promesse, même si ça me coûte de le faire.

— Merci, Bella Swan.

Sans contrôle, et pleine d'émotion, je fonds dans ses bras. Nous nous enlaçons dans le froid et mes doigts s'amusent avec la bague que Callahan vient de me donner. Plusieurs minutes s'écoulent pendant lesquelles j'espère que ce simple câlin pourra donner un peu d'amour à mon amie.

Mais je sais...

Je sais que rien ne remplacera sa douleur...

Surtout pas lorsque l'on perd sa mère.











Ghost.


Hedsor Hill.
Manoir Caine.
Royaume-Uni.
17h00.





Je change mon cure-dent de place dans ma bouche.

Assis sur une chaise légèrement en retrait, je contemple l'immense salle de réception qui a été décorée pour l'occasion. Vaste et solennelle. Des statues en marbre anciennes donnent le ton à la pièce.

Mon regard se perd un instant à travers les fenêtres en arc qui laissent passer les derniers rayons orangés du soleil qui se couche. Dehors, les jardins s'étendent à perte de vue, ornés d'arbres centenaires et de parterres de fleurs soigneusement entretenus.

Je reporte mon attention dans la salle face aux voix qui créent une cacophonie constante. Tous les invités se mêlent ensemble.

Tous des membres de l'Ordre.

La majorité des Caine sont présents.  Mon père, mon oncle et Benjamin sont assis sur les tables à l'opposé de moi. Séparé par le tapis rouge sang qui trace le chemin jusqu'à l'autel au fond de la salle.

Des femmes de la famille allument justement des bougies qu'elles disposent autour de la table de l'autel pour préparer le cérémonial.

Je vois mon grand-père échanger quelques mots à mon père et mon oncle. Il est d'ailleurs interrompu par les parents adoptifs de Seiji qui sont venus expressément du japon pour l'occasion. Ça faisait un petit moment que je ne les avais pas vus. Je penserais à les saluer plus tard dans la soirée.

Je réajuste mon costume sur mon torse en appuyant mon dos contre le dossier de ma chaise. Mes doigts jouent avec mon cure-dent. Plus loin, Seiji et Neo sont en train de dévaliser le buffet avec mon cousin Dasar, et un autre de mes petits cousins.

Un petit sourire m'échappe presque.

Un coup d'œil sur ma montre, la cérémonie va bientôt commencer.

— Je m'assois là, hein.

Je tourne rapidement la tête à l'entende de cette voix. Un petit sourire tire mes lèvres, c'est Griselda Caine. La vieille à presque soixante-dix ans mais je commence à croire qu'elle a plus de cardio que moi. Cette femme s'occupe en général des futures mariées. Elle s'assure qu'elles soient bien informées sur toutes les doctrines qui constituent l'Ordre.

Je tire la chaise à côté de moi sur cette table ronde :

— Tu sais que ton grand-père déteste te voir avec ce bout de bois dans la bouche, Callahan.

Mon petit rire la fait sourire. Elle sait que je m'en tape que ça énerve Adrian.

Un raclement de gorge prononcé dans l'écho d'un micro résonne dans toute la pièce.

La cérémonie va commencer.

Mon grand-père se tient droit derrière l'autel. Je vois du coin de l'œil, Seiji et Neo se dépêcher de s'asseoir à une table proche de celle du buffet. Neo n'a qu'à étendre le bras pour prendre des apéritifs.

Je secoue la tête exaspérée par sa gourmandise.

— Nous sommes réunis en ce jour, pour honorer nos racines et les traditions de notre famille.

Le regard d'Adrian balaye la foule, avant de s'arrêter à l'entrée de la salle.

J'aperçois les deux jumeaux, Aleksandra, et Niko. Une fille et un garçon.

Tout excités, les jumeaux s'échangent des regards impatients à l'idée que la cérémonie commence. Ils ont eu douze ans il y a deux semaines. C'est l'âge requis pour accéder à cette cérémonie obligatoire pour toutes les personnes descendant directement d'un Caine.

Ils sont vêtus d'une combinaison qui les drape de blanc. Des bougies leur sont déposées dans le creux de leur paume par une des femmes de ma famille.

— L'honneur, la loyauté, et la force ne sont pas que des mots mais les piliers de l'Ordre. Et nous sommes tous fermement attachés à ces valeurs. Aleksandra, Niko, approchez, commande mon grand-père.

La procession débute dans ce domaine a vu défiler tellement de générations avant eux.

Les jumeaux avancent lentement vers l'autel, rythmé par une mélodie traditionnelle qui enveloppe l'espace. Les jumeaux se regardent, leur grand sourire nous montre qu'ils ont tous les deux une dent cassée.

J'ai presque envie de rire en les voyant marcher sur l'épais tapis au sol qui les mène vers l'autel.

Ils montent les quelques marches avant de rester derrière la table qui a été érigée de dizaine de bougies. En les voyant comme ça, je me suis vue quatorze ans en arrière.

À effectuer cette cérémonie, un an après Benjamin. Je ne sais même pas si on comprend vraiment la signification des vœux qu'on prononce à ce moment-là. On se laisse juste aller à la tradition...

— Aleksandra, Niko, vous vous présentez aujourd'hui devant l'Ordre, prêt à accepter le poids de notre héritage. Dites-moi, qu'est-ce que la loyauté pour l'Ordre ?

Aleksandra, d'une petite voix claire et décidée, répond en première.

— La loyauté pour l'Ordre, c'est la promesse de toujours soutenir notre famille, et de la défendre contre toutes les menaces.

Mon grand-père hoche la tête.

La réponse est bonne mais encore une fois, je me laisse aller à la réflexion. Est-ce que cette petite sait de quoi on parle quand on mentionne le fait de « défendre les nôtres » ?

Parce que ça engage de se salir les mains...

— Et toi, Niko, qu'est-ce que tu peux me dire ?

— On doit toujours rester entre nous, en nous mariant qu'avec des personnes qui font partie de l'Ordre.

La salle se laisse aller à un léger rire discret et collectif. C'est dit de façon maladroite, mais c'est correct.

Tous ici présent sommes censé maintenir la « pureté » de notre clan, en nous unissant uniquement avec des personnes qui ont prêté allégeance à l'Ordre.

— Vous comprenez bien que chaque choix, chaque union, doit renforcer notre solidarité et notre unité ? leur demande Adrian sur un ton dur.

Les jumeaux hochent rapidement la tête. Adrian est satisfait de leurs réponses.

— Êtes-vous prêts à porter cette responsabilité avec l'honneur qui s'accorde à notre nom ?

D'une seule voix, Aleksandra et Niko répondent :

— Oui !

Mon grand-père éteint deux bougies qui étaient posées sur la table de l'autel.

— Êtes-vous prêts à défendre les valeurs de l'Ordre, d'être les gardiens de nos traditions et à vous soutenir mutuellement contre les ennemis ?

— On le promet, affirment-ils sans hésiter.

En tournant la tête, je remarque Wayne qui arrive en retard. Pour ne pas déranger la cérémonie, il reste en retrait près de l'entrée. Mais d'un mouvement de tête solennel il me salue, je lui réponds de la même façon.

Deux ses deux mains, Adrian somme aux enfants de contourner l'autel pour le rejoindre. Comme on leur a appris, ils se mettent à genoux, et mon grand-père se penche légèrement en posant ses mains sur la tête des jumeaux, un silence respectueux s'abat dans la salle.

— Nderi është mbi jetën, prononce-t-il sur un ton grave.

L'honneur est au-dessus de la vie.

Aleksandra et Niko répètent ses mots après lui.

— Hakmarrja është detyrim.

La vengeance est un devoir.

Leur voix enfantine l'affirme de nouveau. Mon cure-dent tourne dans ma bouche en réfléchissant à ces mots dont je suis sûr qu'ils ne mesurent pas leur porte.

— Vie Victus.

Malheur aux vaincus.

Ils posent leur main sur la poitrine. Lorsqu'ils répètent cette dernière phrase, c'est terminé, ils ont la bénédiction d'Adrian par la prononciation de nos devises, ce qui clôture la cérémonie.

— Je vous déclare membres à part entière de notre Ordre. Marchez avec honneur.

Ils éteignent tous les deux leur bougie qu'ils tenaient dans leurs mains.

Cette flamme brûlera désormais en eux.

La salle se soulève d'émotion. Un tonnerre d'applaudissements retentit soudainement. Il me faut plusieurs secondes pour entrer dans le jeu. Je finis par applaudir à mon tour, en regardant les parents d'Aleksandra et Niko les attendre en bas de l'autel.

Les enfants se redressent sous le commandement de mon grand-père qui les félicite avec fierté. Adrian offre à Niko la chevalière aux emblèmes de notre maison. Tout excité il sautille tandis qu'Aleksandra reçoit sa bague de pureté qu'elle contemple avec des étoiles dans les yeux.

Les enfants remercient Adrian avant de se précipiter dans les bras de leurs parents qui les félicitent, emplis de fierté. Le père prend sa fille dans ses bras, tandis que la mère s'accroupit pour serrer son fils très fort contre elle.

Et d'autre membre dont mon père se joint à eux pour féliciter la famille

Mon dos s'écrase sur le dossier de ma chaise. J'observe la scène d'un œil distant.

Est-ce que je la laisserais sincèrement passer par là... ?

Est-ce que je pourrais lui demander de s'agenouiller devant mon grand-père et de prêter serment devant nous tous... ?

Devant moi ?

Un sentiment étrange et contradictoire s'éveille doucement sous ma poitrine.

Tu n'as même pas le droit de te poser la question...

Tu es son garde du corps, juste pour un an, Cal'...

Un pincement m'oblige à me réajuster sur ma chaise. Je réalise à ce moment que je mâchouille nerveusement mon cure-dent.

L'image des membres de l'Ordre et de ma famille représente tout ce que je suis.

J'aurais un jour une lourde responsabilité sur mes épaules moi aussi, et je devrais à mon tour m'assurer que mes actes et mes choix satisfassent les attendent de mon clan.

Ça sera comme ça, et pas autrement.

Les repas commencent à être servis sur les tables. Les conversations et les rires créent un brouhaha flou autour de moi, mais j'ai l'impression de ne pas être vraiment là.

Niko, montre fièrement sa nouvelle chevalière à ses copains. Qui auront eux aussi douze ans cette année et qui recevrons très prochainement la leur.

Je me rappelle de la fierté que j'ai ressentie en la glissant le long de mon doigt. Je pensais être un homme, un vrai. Et même maman ne pouvait pas me convaincre du contraire.

Mon regard se perd sur Seiji qui essaye de réveiller Neo qui semble s'être endormi le temps de la cérémonie. Seiji assène une tape sur la nuque de Neo, qui l'arrache brutalement de son sommeil.

Un rire silencieux m'échappe. Leur idiotie m'amuse et me coupe dans mes pensées lourdes.

— Salut.

Une voix féminine me fait lever la tête.

Merde !

Deux iris bleus, presque translucides me transpercent.

Ma première pensée c'est de me demander pourquoi elles ne sont pas gris-bleu comme le ciel lorsque les orages menacent.

C'est Hira.

Je lui fais un bref signe de tête pour la saluer en retour.

Vêtue d'une longue robe blanche en coton. Ses longs cheveux noirs glissent sur ses épaules, mais une nouvelle fois, je meurs d'envie qu'ils se colorent d'un châtain cendré et doux qui me donne parfois l'impression d'être miel. 

Je préfère les cheveux de microbe.

Putain ! Je me redresse sur ma chaise en scrutant les horizons pour m'assurer que mon père n'est pas en train de nous observer mais je ne le trouve pas dans la salle bondée.

Mon cure-dent subit la pression de mes dents. Je me tourne pour voir si Griselda est toujours assise à ma table, mais heureusement pour moi, ce n'est plus le cas.

Ici, une jeune femme et un jeune homme, qui interagissent dans des cadres formels comme aujourd'hui, ça donne le signal aux familles présentes qu'il y a potentiellement un intérêt de mariage. Et Griselda se serait fait un plaisir de colporter la rumeur. 

Le simple fait qu'elle ait osé m'approcher m'irrite sincèrement.

— Ça faisait un moment qu'on ne t'avait pas vu participer à une cérémonie, commente Hira avec une pointe d'amusement jeu dans la voix.

Je prie intérieurement le Seigneur pour que personne ne fasse trop attention à moi.

Je croise son regard juste une seconde.

— Je bosse, répliqué-je sèchement.

Elle retient un rire en levant les yeux au ciel.

— Je ne sais pas à qui tu fais croire que 'tu bosses' mais pourquoi pas.

Je prends une gorgée de mon verre d'eau. C'est le moment où elle est censée comprendre qu'il faut partir avant que son père, ou pire, le mien remarque qu'elle me parle.

— C'est moi qui ai initié Aleksandra et Niko. Ils étaient tellement pressés de prêter allégeance qu'ils connaissaient déjà toutes nos devises par cœur, rit-elle doucement en regardant fièrement les jumeaux.

— Hm.

C'est tout ce que je parviens à répondre.

Mais elle n'a vraiment pas l'air du genre à abandonner facilement.

— Alors... ça va ? Ça faisait longtemps... qu'on ne s'était pas vu tous les deux.

— Super, je réplique rapidement en ignorant intentionnellement la deuxième partie de sa question.

— C'est cool...

Je sens la déception dans sa voix. Le truc c'est que je m'accroche encore un peu à la politesse que j'ai envers elle et sa famille. Intérieurement, je n'ai pas envie de lui parler.

Si Cassie me voyait comme ça, je ne sais même pas ce qu'elle pourrait penser, putain.

Pourquoi je pense à ça déjà.

Je trouve Seiji et Neo au milieu de la salle en train de danser n'importe comment la valle avec d'autres membres, et Aleksandra et Niko.

Sauf qu'Hira s'assoit sur une chaise pas loin à côté de la mienne en observant le spectacle.

Je commence à masser nerveusement ma mâchoire.

Je suis sûr que Cassie aurait détesté ça...

Enfin, peut-être pas.

Gentille comme elle est, elle lui aurait sûrement parlé.

En tout cas, je n'ai pas envie qu'elle sache qu'une autre fille me parle, l'idée même me dérange.

— Ton nouveau travail se passe bien ?

Pitié.

— Ouais.

— Mon père m'a dit que tu finissais cette mission en juillet. Tu seras tranquille après.

« Cette mission. »

Je ne réponds rien.

Pas sûr d'avoir anticipé ce que « cette tranquillité » représentera pour moi quand j'arrêterai de la protéger, officiellement.

Officieusement, c'est une autre histoire.

Un petit silence s'abat entre nous. Du coin de l'œil, je vois les doigts d'Hira s'emmêler les uns autour des autres. Elle est nerveuse.

Hira s'éclaircit la voix, avant de se tourner vers moi, et me lancer :

— Ton père t'a parlé de... tu sais ?

Par grâce ! Libérez-moi ! 

Je l'avais senti venir.

Je l'interroge du regard d'un hochement de tête en feignant l'incompréhension. Elle commence à rougir et bafouille :

— Ah... je pensais que ton père t'en avait parlé... ?

— Je ne vois pas de quoi tu me parles.

L'expression de Hira change en un claquement de doigts, elle devient visiblement gênée. Ses lèvres veulent articuler quelque chose mais elle ne trouve pas les mots. Et puis son regard se perd sur la zone autour de mon cou. Je fronce les sourcils, en voyant un mélange de confusion et de tristesse sur son visage :

— C'est la bague de promesse... d'une femme... ça...

Je baisse rapidement les yeux sur mes plaques militaires, me rendant compte qu'elles sont visibles.

Putain de merde !

Je range précipitamment mon collier dans mon polo tout en lançant un regard glacial à Hira qui déglutit perturbée.

Elle baisse les yeux sur mes mains avant que je n'aie le temps de faire quoi que ce soit, et remarque vite ce qui se passe :

— Et... tu ne portes plus... ta bague de promesse non plus ?

— Qu'est-ce que tu me veux, Hira ? m'agacé-je en la fixant durement.

— Je suppose que... enfin... Tu sais quoi, laisse tomber. Je vais te laisser.

Je ne dis rien. Elle se lève rapidement en gardant la tête haute.

Je ne la regarde pas vraiment partir, mais en tournant la tête, je croise malheureusement le regard de mon père.

Qui m'adresse un putain de sourire qui veut dire tout un tas de trucs que je ne veux surtout pas comprendre !

Je me sens tout d'un coup dépité, et j'ai bien l'impression que la pression vient de monter d'un coup. Si tout l'Ordre insiste, ça sera presque comme si je n'aurais pas le choix d'épouser Hira.

Fais chier !

Et si elle a le malheur de parler de cette bague que j'ai autour du cou, ou celle que je n'ai plus autour de l'index, je suis foutu !

Mes palpitations cardiaques m'inquiètent.

Nos traditions risquent de me rattraper au moment où je m'y attendrais le moins, et une part de moi redoute le mois de juillet...

Parce qu'à partir de ce moment-là... Effectivement, je serais « libre. »

Qui dit libre, dit mariage.


Nderi është mbi jetën,
Hakmarrja është detyrim,
Vie Victus.


Ces principes me guident moi et ma famille...

Le soleil se couche, les lumières dorées s'échappent avec sa disparition...

La lune prend place, haut dans le ciel. Et à l'abri des regards, j'ai tant de questions à lui poser...

Soudainement, mon téléphone vibre dans la poche de mon pantalon.

Le numéro de Rinesa, ma cousine s'affiche à l'écran pour un appel en face-time. Mais il est localisé en Albanie.

Je réponds à l'appel et son visage souriant apparaît. Je constate tout de suite au décor qu'elle est dans notre propriété en Albanie.

— Ç'kemi, kusho i preferuar ! (Coucou, mon cousin préféré)

Un petit rire m'échappe, et sur un ton taquin je lui demande immédiatement :

— Je ne veux pas te voir toi, montre-moi ma grand-mère.

Rinesa lève les yeux au ciel en riant, et elle se déplace à l'extérieur, où ma grand-mère est assise sur sa traditionnelle chaise en bois.

— Oh ! Callahan !

Son petit foulard toujours enroulé sur ses cheveux d'où quelques mèches poivre et sel dépassent. Son sourire millénaire illumine mon humeur en un claquement de doigts. Je commence à lui poser des questions sur sa santé, et elle me répète toujours la même phrase : « je suis toujours en vie. »

Au fur et à mesure de la conversation, je finis par demander à Rinesa comment se passe son mariage avec Malan, elle me répond avec enthousiaste que tout va bien, et ma grand-mère renchérit en me disant : 

— Herën tjetër që vjen, shpresoj të sjellësh një grua me vete, Callahan. Nuk je më pak i çarmatosshëm se Malani, pas të gjithave. (La prochaine fois que tu viens, j'espère que ce sera avec une femme, Callahan. Tu n'es pas moins charmant que Malan, après tout.)

Un rire me prend, en même temps que Rinesa essaye de défendre son mari en affirmant qu'il surpasse tout.

Mais ma joie s'estompe lorsqu'un nouveau nom apparaît sur mon téléphone.

— Il faut que je vous laisse, dis-je sur un ton un peu plus sérieux.

Je capte le regard compréhensif de Rinesa et le sourire encourageant de ma grand-mère, après un dernier salut, je décroche.

— Callahan ?

C'est Stan.

Le sous-directeur du MI6 qui m'aide pour mes investigations...











Bonsoir bonsoir, bonsoir ! 🎃

Vous allez toujours bien ? ☕️





Pile, quand j'arrive à me remettre dans le mood de Ghost, je vais devoir reprendre Valentina MDR HELP !

Sinon !


IT'S TIIIME TO TAKE THE TEA : ☕️, je veux tout entendre, vos impressions, vos ressentis, vos théories, vos retours pour ce chapitre ? Dites-moi tout !


Y'a vraiment de quoi faire un TAS de théorie dans ce chapitre, perdona ! 😙


(Je vais pas trop parler pour pas trop faire tarder le moment ou je poste ! bsx !)





Mon Discord est dans ma bio Instagram pour celles qui veulent échanger après les chapitres Ghost, théories etc... ✌🏾😗





BYE 🏍💨🪐 !



Stardust 🍓



𝚂𝚎𝚎 𝚢𝚘𝚞 𝚜𝚘𝚘𝚗 🕰...



xo, Azra. ✿



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