𝟹𝟷. 𝚃𝚘𝚞𝚝 𝚕𝚎 𝚝𝚎𝚖𝚙𝚜.

(𝖣𝖾́𝗆𝖺𝗋𝗋𝖾𝗓 𝗅𝖺 𝗏𝗂𝖽𝖾𝗈 𝗉𝗈𝗎𝗋 𝗏𝗈𝗎𝗌 𝗉𝗅𝗈𝗇𝗀𝖾𝗓 𝖽𝖺𝗇𝗌 𝗅'𝖺𝗆𝖻𝗂𝖺𝗇𝖼𝖾)





"Ce qui est passé n'est que prologue."
William Shakespeare





𝙰 𝙲 𝚃 𝟺.

🎠 𝙳 𝚎́ 𝚌 𝚎 𝚖 𝚋 𝚛 𝚎.






𝟥𝟣. 𝖳𝗈𝗎𝗍 𝗅𝖾 𝗍𝖾𝗆𝗉𝗌.





Ghost.






Les yeux rivés sur la fenêtre entrouverte, le monde est blanc de neige.

La pièce baigne dans une lumière douce et matinale, filtrée à travers les rideaux légers qui dansent lentement à cause de la brise légère.

Pendant une seconde je perds la notion du temps et de l'espace.

Mes yeux voyagent sur le bureau : des livres soigneusement alignés, le cactus sur la table, les murs peints en marron. Ça sent l'encens.

Le bout de mes doigts s'enfonce dans le cuir du fauteuil sur lequel je suis assis. Mon dos est raide, j'ai une sensation d'urgence qui me rend alerte à chaque bruit, chaque détail. Je me sens prêt à bondir au premier signal.

J'ai horreur de cette sensation.

Mais elle ne me quitte jamais.

— Callahan ?

À l'entente de mon nom entre les lèvres de Baron, mon psychologue, Je suis violemment ramené à la réalité.

Il me faut quelques secondes supplémentaires pour revenir à Londres.

Mon regard était rivé sur l'extérieur, sans tourner la tête, je déplace mes yeux pour le regarder.

Le silence dans la pièce est perturbé par toutes ces pensées qui assaillent sans cesse mon cerveau.

Tout aurait pu se passer différemment...

T'as pas assuré.

T'as échoué, Callahan. 

Assis en face de lui, Baron, remonte ses petites lunettes rectangulaires sur son nez par réflexe — Il réitère ce geste toutes les cinq à dix minutes. — Lui aussi affiche une posture assez rigide. Son regard gris est plongé dans le mien et ne me lâche pas.

Parfois je me demande vraiment ce que je fous là, chaque samedis...

— Callahan, répète-t-il. Vous m'aviez parlé de vos moments de déréalisation.

Je m'éclaircis la voix en me réajustant sur ce fauteuil en cuir.

— Ouais...

— Pouvez-vous m'en dire un peu plus ? Que voyez-vous pendant ces moments ?

Je serre les dents en sentant mes doigts s'enfoncer encore un peu plus dans le cuir.

Je ne veux pas « en dire plus. » Je ne veux pas en parler. Je veux juste que ça sorte de ma tête.

Je veux que ça cesse de me hanter.

Et que ça ne me fasse plus mal à la tête.

Les mots restent bloqués dans ma gorge tandis que mes yeux divaguent de nouveau vers l'extérieur. Je regarde la rue derrière la grande fenêtre. Un chat errant se glisse sous une berline noire garée.

Il va mourir dans ce froid.

— Que voyez-vous, insiste-t-il sur un ton bas.

— L'Irak, lâché-je enfin sans y réfléchir en me grattant la tempe.

Il acquiesce, griffonne rapidement quelques mots sur son calepin, et retrouve mes yeux.

Ça me stresse quand il fait ça.

Je me demande toujours ce qu'il a écrit. Parfois j'ai même l'impression qu'il fait exprès juste pour se donner un air plus professionnel.

Il me pousse à continuer en me demandant :

— Voyez-vous des souvenirs de la guerre ? Où c'est autre chose ?

C'est autre chose.

Plein d'autres choses.

Le chaos, le bruit, la peur.

Hurlements.

Baron reste silencieux. Il patiente en attendant ma réponse. Mais soudainement, j'ai comme la sensation accaparante d'avoir le poids de mon uniforme militaire compresser ma poitrine à m'en faire suffoquer.

Je l'ai toujours trouvé lourde...

Une odeur de sable s'infiltre dans mes poumons.

J'y suis.

Mon souffle se coupe.

Mes poings se ferment et tremblent.

Je suis seul.

Des hurlements.

La peur.

Peur ?

Moi, j'ai peur.

Dehors, la neige qui tombe prend la couleur de l'or et se dépose sur le sol comme étant du sable. Je cligne des yeux, je suis caché derrière un immeuble délabré, et soufflé par des explosions antérieures. La berline a doublé de volume, c'est un véhicule blindé militaire. Mes poils s'hérissent, l'air froid s'alourdit et se réchauffe. Je meurs de chaud sous cette combinaison qui étrangle mon corps, on dirait que le soleil irakien refait des siennes sur ma peau.

L'animal qui s'était réfugié sous la voiture sort son museau.

C'est un coyote, maintenant.

Il court et disparaît dans le désert.

Et quand je plisse les yeux, je crois voir un homme assis derrière le volant de la Humvee.

Est-ce que c'est toi Reece ?

Reece !

J'entends, la cacophonie battante des ailes de l'hélicoptère qui doit nous récupérer.

Enfin...

Sauvés... !

Mes poumons tentent de se gonfler d'air mais rien ne rentre.

Aidez-nous !

— Callahan ? m'interpelle le psy.

J'inspire profondément en me rendant compte que j'avais cessé de respirer.

L'hallucination se fissure brutalement. Je reviens sur terre comme si on m'avait jeté du ciel, et la chute fait mal.

Ça fait tout le temps mal.

Je cligne des yeux, il neige, j'ai un peu froid... Et c'est une berline noire, pas une Humvee.

J'ai encore dissocié.

T'es plus là-bas, Cal'. Respire.

Respire.

Encore une fois, je remplis mes poumons d'air, mais je baisse les yeux en me rendant compte que je fais claquer l'élastique que j'ai autour du poignet contre ma peau. J'arrête ce geste nerveux en fronçant les sourcils.

Qu'est-ce qui me prend de faire ça ?

Putain...

Je fais comme elle maintenant ?

Zemër.

Je retiens presque un sourire en coin.

Inconsciemment, t'es tout le temps dans ma tête...

Tout le temps.

— Dites-moi, m'invoque-t-il doucement. Quels souvenirs voyez-vous ?

— La guerre, oui, je mens en espérant clore rapidement le sujet. Et ça me donne des migraines. J'ai tout le temps des migraines.

— Ce sont des réactions communes chez ceux qui ont vécu des traumatismes intenses. Votre cerveau tente de traiter ces souvenirs douloureux du mieux qu'il peut, explique-t-il.

Je me retiens de soupire bruyamment.

Ce discours générique, je l'ai entendu un millier de fois.

Il ne me fait pas du bien, et je suis déjà au courant.

Et puis, à ce stade, je ne sais même plus ce que mon cerveau tente de faire.

Je sais juste que j'ai tout le temps mal au crâne. Et il me faut des médicaments pour que ça s'arrête.

De nouveau, Baron m'interpelle :

— Aujourd'hui, qu'est-ce qui vous fait du bien, Callahan ? Qu'est-ce qui vous aide à trouver la paix, même un moment ? Avez-vous pris le temps de répondre à cette question depuis la dernière fois.

Par réflexe, je range ma chaîne que j'ai autour du cou sous mon pull. Sa petite bague froide se colle à ma peau.

Et qu'est-ce que j'y tiens à cette promesse...

Je baisse les yeux sur l'élastique noir enroulé autour de mon index.

Je sais que je ne vais jamais l'enlever.

Parce que c'est le tien.

Et j'adore t'avoir près de moi.

Je ne sais pas ce qui est pire ? Que je pensais t'avoir avant cette obsession que j'ai développé pour toi ? Ou le fait que tu ne te rendes même pas compte que tu es constamment dans ma tête.

Et que j'adore être le cadet de tes soucis.

J'adore devoir te draguer.

J'adore te courir après.

J'adore que tu ne me donnes que des parties de toi que petit à petit, que quand tu veux, et que si tu veux.

Parce que tu ne te donnes à personne.

Alors à chaque fois que tu t'intéresses à moi, j'oublie la guerre, mon amour.

— Callahan ? m'interpelle la voix basse de Baron. Dites-moi ? Avez-vous trouvez des choses qui vous font du bien ? 

— Je n'en sais toujours rien... murmuré-je d'une voix faible.

La réalité c'est difficile de répondre à ça.

Déjà, je n'ai ni le temps, ni le luxe de penser à répondre à cette question.

Parce que me faire du bien est un concept qui dépasse tout ce que je peux toucher du doigt.

Me faire du bien se limite aux ordres et au sexe.

Me faire du bien ce n'est pas vraiment une notion que je peux construire.

Pas dans cette vie.

Dieu m'a déposé dans une famille qui n'avait pour code que l'honneur et les lois régis par notre clan. On ne m'a pas demandé ce qui pourrait me faire du bien, j'ai pris ce qu'on me proposait.

Un héritage, des armes, du pouvoir, des filles...

J'ai regardé mes oncles et mes cousins suivre et s'épanouir dans ce schéma. Et c'est le chemin sur lequel je me suis engagé à mon tour.

J'ai fini par aimer ça, et en faire ma normalité.

Bientôt je reprendrais les rênes de l'Ordre, et la question se prêtera encore moins.

Tant que je fais du bien à mon clan.

Et puis de toute façon, Baron regarde l'horloge.

La consultation est terminée.

— J'aimerais que vous y réfléchissiez. Je vais vous prescrire votre traitement, qui devrait aider à atténuer certains de vos symptômes psychotiques et vos migraines. Mais il ne faut plus que vous ratiez nos rendez-vous, Callahan. Je vous ai attendu la semaine dernière et votre présence est cruciale pour votre suivi thérapeutique.

Je me penche pour prendre mon casque que j'avais laissé à mes pieds. Puis je me redresse de mon fauteuil.

— J'ai des factures à payer, je bosse, lui lancé-je dans l'espoir qu'il ferme sa bouche.

Un rictus contrit s'affiche sur son visage. Il sait que je me fous de sa gueule et il se retient de me répondre. Je garde pour moi l'envie de lui dire que j'ai un père, et qu'il peut donc garder ses conseils soigneusement là ou je le pense.

Il note rapidement la liste des médicaments sur une ordonnance.

— Nous allons y aller doucement, Callahan. C'est tout un processus.

Ouais, c'est ça.

Donne-moi mes médicaments qu'on en finisse.

Je prends l'ordonnance qu'il me tend, et je sors de son bureau sans un mot de plus. La porte se referme dans un claquement discret derrière moi.

À part me répéter les mêmes phrases bateaux, me prescrire de quoi me droguer pour que ça m'aide à dormir ou que ça efface mes migraines et mes tremblements, ce type ne me sert vraiment à rien.

Ça ne me soignera pas.

Je le sais depuis bien longtemps.

En poussant la porte principale du cabinet, je sens directement l'air glacial me griffer la peau du visage. Je lève les yeux, le ciel de Londres est un tableau teinté de gris. Les flocons de neige dansent doucement avant de mourir sur le sol ou de se reposer sur les branches des arbres.

Je lève la fermeture éclair de ma veste épaisse jusqu'à mon cou pour me protéger du froid.

Mes gants de moto s'enfoncent dans mes paumes. Mes baskets font craquer la neige sous mes semelles, j'avance dans ces rues silencieuses, le long de la rue Wimpole. Je repère la pharmacie coincée entre deux bâtiments anciens.

Je pousse la porte de l'enseigne. La chaleur m'enveloppe immédiatement. J'entends le pharmacien me saluer et je lui tends mon ordonnance. Mon regard se perd sur les étagères alignées de boîtes et de flacons tandis qu'il s'affaire à rassembler mes médicaments.


« Aujourd'hui, qu'est-ce qui vous fait du bien, Callahan ? »

« Qu'est-ce qui vous aide à trouver la paix, même un moment ? »


J'en sais rien...

Quelques minutes plus tard, je repars avec mon traitement. Le froid me gifle de nouveau.

Ma moto est garée juste en bas de la rue.

Arrivé devant la BMW, j'ouvre le coffre et prends la petite bouteille d'eau que j'ai laissée là, Je sors mon propranolol et jette une pilule dans ma bouche avant de l'avaler avec un peu d'eau.

Normalement ça devrait calmer ma migraine.

Il est 10 heures du matin.

Je n'ai pas envie de rentrer et de rester seul chez moi.

J'enjambe ma moto et sors mon téléphone de ma poche. Mes dents tirent sur mon gant droit.

Rapidement, je cherche le groupe WhatsApp en commun avec Seiji, Neo et Wayne.

Sans attendre, je tape :

« Salle ? »











A don love dans les oreilles. Je fais abstraction de la brûlure que je ressens dans mes bras à chaque répétition. Je sens ma sueur perler sur mon front et se coller à mon t-shirt de compression.

J'ai Reece dans la tête.

Et je n'arrive pas à enlever son image malgré l'effort que je fais avec mes haltères. Ça me frustre de plus en plus.

Son fantôme vit dans mes souvenirs, et heureusement que j'ai pris mon traitement pour éviter de divaguer jusqu'en Irak.

La salle de sport est presque vide, l'odeur du caoutchouc emplit mes poumons. Sous mon casque, j'entends presque le claquement de la corde à sauter d'un type contre le sol.

Un genou appuyé contre mon banc de musculation, mes efforts me font grimacer.

Je relève la tête vers Seiji et Neo.

Seiji est à ma droite, sur la machine à presse, et il tire une sale gueule à chaque fois que ses cuisses se contractent pour pousser ses poids. Neo, à quelques pas en face de nous, martèle bruyamment le tapis de course, ses écouteurs dans ses oreilles. Il chantonne et agitant sa tête aux rythmes de la musique.

Comme à chaque fois qu'il fait du sport son visage est rougi par l'effort, ses cheveux blond cendré lui collent au visage. 

Puis soudainement, il retire un de ses écouteurs qu'il laisse pendre, je décale aussi mon casque sur ma joue pour l'écouter.

— T'as fait le gâteau pour Wayne ? questionne Neo en s'adressant à Seiji.

Je lève les yeux pour voir Seiji hocher la tête, ses jambes tremblent presque sous l'effort de la machine. Il laisse des râles lui échapper, et j'ai déjà envie de l'insulter. J'ai horreur qu'il fasse ce genre de son.

Et ce budall le sait.

— Ouais... au chocolat... comme il aime le petit beau gosse, halète-t-il entre deux efforts.

Je ne peux m'empêcher de sourire tout en continuant ma série de tractions. L'éclat de rire de Neo traverse la salle, il secoue doucement la tête avant de poursuivre :

— Et vous avez pas pris de cadeaux, bande de crevards que vous êtes ?

— Tu lui as pris quoi toi ? Un porte-clé, c'est ça ? lui demande Seiji en posant ses paumes sur ses cuisses tremblantes.

— Ça ne te regarde pas.

Un vrai petit con.

C'est sûr que c'est ça.

Seiji ricane en terminant sa série de tractions, il se laisse retomber au sol avec un souffle profond et bruyant :

— J'ai fait son gâteau, j'ai pas dit que j'étais sa meuf, rétorque-t-il, essuyant la sueur de son front avec une serviette.

Neo a déjà la gueule d'un type qui annonce qu'il est sur le point de lancer une vanne idiote comme à son habitude :

— Moi, je suis sa meuf, en tout cas, rétorque-t-il sur un ton fier.

Je ne peux pas contenir mon rire, Seiji aussi.

Il est tellement con celui-là.

— T'es trop fan de Wayne, ça devient inquiétant, et puis il n'y en a que pour lui ! balance Seiji avec une fausse jalousie tout en attrapant sa gourde.

— Non, ce qui est inquiétant, c'est ceux qui ne sont pas fans de lui. Il est là le vrai problème. Je ne suis pas désolé mais il n'a aucune concurrence.

— Kisama !

— Franchement, je m'en fous. Merci vieux sac !

Tous les deux commencent à se balancer des joutes verbales. Ils font toujours ça et ça peut durer des heures ! Je replace mon casque correctement sur mon oreille et continue mes répétitions.

Avant, le sport me faisait tout oublier.

Maintenant il me présente juste ces images en boucle.

Et je ne sais pas pourquoi je continue quand même à faire autant d'effort.

Ça aurait pu se passer autrement.

Mais j'ai échoué.

Mes souvenirs se mélangent entre les moments où il poussait la chansonnette. Que tout le régiment lui demandait de fermer sa gueule, et que ça ne l'empêchait pas de continuer.

Et ce désespoir...

Cette peur.

Mon bras se contracte, je reviens sur terre quand je vois du coin de l'œil que Seiji se permet de prendre mabarre de céréales, que j'avais laissée au pied de mon banc de musculation sur lequel je suis appuyé. 

Il s'appuie son dos contre la machine à presse. Les jambes allongées devant lui, je vois ses lèvres bouger et je comprends qu'il s'adresse à moi. Je décale un écouteur et hoche la tête pour signaler à Seiji que j'écoute.

Son regard est interrogateur, il avale une grande gorgée d'eau avant de répéter :

— Depuis quand tu ne prends plus tes barres de céréales à la noisette toi ?

Ses doigts tatoués ouvrent le sachet de ma barre de céréale comme si c'était cet enfoiré qui me l'avait payé.

— Je t'en pose des questions, moi ? rétorqué-je je contractant mon bras pour faire remonter l'haltère.

Seiji n'en démord pas. Mon sarcasme ne l'a jamais impressionné et c'est pas aujourd'hui que ça va commencer. Il poursuit toujours aussi curieux :

— Je m'en tape que tu ne m'en poses pas, moi je t'en pose en tout cas.

Il croque dans la sucrerie avec un sourire provocateur et surtout sans aucune gêne.

Ce bâtard adore voler ma bouffe putain ! 

Je soupire, en continuant ma série. Mon haltère devient de plus en plus lourd, et mon bras me brûle toujours plus intensément sous l'effort.

— Trouve-toi un emploi stable au lieu de me faire chier, lâché-je.

Il ricane en avalant une nouvelle bouchée de ma barre de céréale.

— T'es devenu dingo ou quoi ? La noisette, c'est littéralement le truc que tu préfères depuis qu'on est gosse. Tu ne peux pas vivre sans tes barres de céréale choco-noisette. Tu prends tout à la noisette, glace, gâteau et j'en passe. Donc c'est quoi cette nouvelle mode ?

Je ne réponds rien.

Mon souffle devient plus court à la contraction de mon bras.

J'observe la goutte de sueur tomber de mon front sur le cuir du banc de musculation.

Ouais...

Mais la noisette, ça peut la faire crever.

— C'est pour Noisette, hein ? Petit enfoiré ! lâche Neo sur un ton accusateur et moqueur à la fois.

Je lève les yeux vers lui en laissant mon haltère tomber au sol.

Je soupire de soulagement à l'idée d'avoir terminé ma série et m'assois sur mon banc de musculation en récupérant ma serviette pour m'essuyer le visage.

— Toi, commencé-je en m'adressant à Neo. Je pense que tu sais mieux que moi que tu ne devrais même pas entrer dans cette discussion.

— C'est bon, sale aigri ! réplique-t-il en en ralentissant son rythme sur son tapis de course jusqu'à s'arrêter. Est-ce que t'as encore entendu parler des Russes là ?

Neo plante son regard irrité dans le mien. Un de ces quatre je vais vraiment finir par bâillonner sa grande bouche insolente.

Ce type est un nerveux sur pattes. Chaque réflexion peut le faire vriller au quart de tour. Mais il ne comprend pas que je peux aussi lui mettre mon poing dans ses dents, tôt ou tard.

Je le toise en terminant de m'essuyer :

— Mais encore heureux que je n'en aie plus entendu parler, budall. Et puis t'as grand intérêt à ne pas merder sur ce coup, lancé-je en ouvrant ma bouteille d'eau.

— En tout cas, si je te chope en train de faire des bêtises avec Noisette, je le dis à ton grand-père avec délicatesse et sans stresse. Puisque t'aime bien donner des leçons de morale alors que t'es piiire que moi !

Je ne peux m'empêcher de rire, je termine de boire et lui dis : 

— J'ai hâte de voir comment mon grand-père va s'occuper de ton p'tit cul quand il va comprendre que le mec qui est censé gérer la nouvelle distribution de carmine s'amuse avec la fille de son fournisseur, rétorqué-je avec un sourire malicieux aux lèvres.

Neo éclate de rire à son tour, je l'entends m'insulter en même temps qu'il n'enroule sa serviette autour de son cou.

Il sait très bien que je ne plaisante qu'à moitié.

On rigole, mais aucun de nous n'avons le droit à ces filles.

Et on sait aussi ce qui pourrait arriver si on insiste un peu trop.

Benjamin a échappé de peu.

— Vous deux, vous avez vraiment de gros problèmes, vous ne tenez pas à vos vies ou quoi ? nous dit Seiji sur un ton amusé, mais je sens quand même son sérieux dans son intonation.

Je sens mon sourcil se lever, et mon regard plus qu'équivoque s'attarde sur lui.

— T'es un peu culotté toi, hein, commente Neo en s'approchant de nous.

Il m'enlève les mots de la bouche et je vois l'expression déconcertée de Seiji prendre possession de son visage. Il nous fixe tous les deux à tour de rôle comme pour vérifier qu'on est bien sérieux dans ce qu'on avance. Je retiens un sourire narquois et il nous pointe tous les deux du doigt :

— Alors là, jusqu'à preuve du contraire, on n'a rien à me reprocher bande de bâtards ! rétorque-t-il avec assurance.

Oui, oui, c'est toi l'innocence même...

— Ouais, ça doit être ça, on en reparlera, hein, réplique Neo en levant les yeux au ciel.

J'allais dire la même chose, et Seiji ajoute :

— T'es mon ennemi toi ou quoi ? Quand tu vas te faire radier de l'Ordre parce que tu n'auras pas su te tenir avec ta Nina, et qu'on va te pourchasser dans toutes les rues de Londres, ne toque sur-tout pas chez moi ! Ma porte sera fermée à double tour ! 

Un ricanement m'échappe alors que je rassemble mes affaires pour commencer à partir, Neo lui répond faussement outré :

— Je savais que je ne pouvais pas compter sur toi, enculé !

J'hausse les sourcils lorsque Neo se rue sur Seiji toujours assit par terre et qu'il se met à le fouetter avec sa serviette de sport. Seiji, complètement hilare, tente de se protéger en attrapant la serviette, mais Neo l'esquive toute tentative. Il lui hurle dessus sa déception, et Seiji lui lance entre deux fous rires que sa serviette le dégoûte au plus haut point. Mais Neo continue de l'assaillir quand même en l'insultant de tous les noms.

Je les observe silencieusement en rassemblant mes affaires, et la vérité, c'est que même si Seiji n'a pas encore franchi la ligne avec Barbie...

Il sait qu'il regarde cette femme avec un peu trop d'insistance...

On sait tous qu'il n'y a pas le droit.

Et c'est si facile de céder à la tentation...

Comme avec toi, zemër.

Je range ma bouteille et ma serviette dans mon sac de sport.

Qu'est-ce que tu fais aujourd'hui ?

Tu regardes encore tes trucs de grands-mères ?

Tu as mangé ? J'espère.

Est-ce que tu vas bien ?

Est-ce que tu penses à moi ? Est-ce que les lignes de ton journal intime sont inondées de mon nom ?

Parce que, moi, tu es tout le temps dans ma tête.

Tout le temps.

Je reviens sur terre quand Seiji réussit à saisir la serviette de Neo et qu'il lui arrache des mains en essayant de reprendre son souffle après ses éclats de rire. 

— T'es trop grave Neo, putain ! s'exclame Seiji en se levant. Ta serviette dégueulasse là !

— Boucle-la, fumier !

— Hé, bref, reprend Seiji sur un ton taquin. Tout ce que je voulais dire de base, c'est qu'un Callahan qui se soucie de la consommation d'une fille, ça mérite de passer aux informations et d'être noté en gras dans un journal. Je pense toujours à lui envoyer un message pour lui dire que t'as arrêté de prendre tes trucs juste pour elle et que tu te mords la bouche quand elle ne répond pas.

— Mais envoie-lui, je réponds avec un sourire ironique.

Neo fronce les sourcils, l'air choqué : 

— Chef, comment ça ? Chef ?

J'éclate de rire en refermant mon sac de sport que je passe sur mon épaule. Seiji est tout aussi surpris. Il me regarde amusé mais je constate l'interrogation dans son regard avant de me demander :

— Ah ouais, carrément ? Ça veut dire quoi ça ?

— Ça veut dire ; envoie-lui, par pitié. Qu'est-ce qui n'est pas assez clair dans ma demande ?

— T'es vraiment le mec le plus arrogant que j'ai jamais rencontré, putain !

— Merci.

Seiji secoue lentement la tête en riant légèrement, il prend son sac. Je sais que ça le fait rager dans je fais ça.

Puis il ajoute avec une pointe de sérieux :

— D'ailleurs, il t'a prescrit tes trucs ?

Mon traitement gît dans mon sac de sport. Je hoche la tête, tout en avalant une nouvelle gorgée d'eau froide.

— Prends-les cette fois-ci, insiste Seiji sur un ton ferme.

J'ai failli lui dire, « oui papa » mais son regard inquiet m'a retenu. Je n'avais pas envie d'aller sur ce terrain-là avec lui aujourd'hui.

Il sait très bien ce que ça m'a fait la dernière fois que je ne les ai pas pris pendant trop longtemps.

Le truc c'est que je déteste l'idée de prendre ces médicaments.

Ils m'endorment, me rendent moins alerte, plus vulnérable. Et j'ai horreur de ça.

— Bon, allez, on se casse ! lance Seiji en ouvrant le chemin.











Wayne habite un loft moderne, au cœur de Knightsbridge.

Les façades blanches de son bâtiment côtoient les boutiques de créateurs et les voitures de sport garées en bas des rues.

Il est déjà 16 heures. Et après être passés chez moi pour prendre une douche et me changer, nous nous retrouvons dans le hall de son immeuble. On est le 16 décembre, Seiji porte sur ses paumes la boîte blanche contenant le gâteau d'anniversaire de Wayne.

Un cure-dent en bouche, nos chaussures résonnent sur le marbre impeccable. J'appuie en silence sur le bouton de l'ascenseur, mes paumes glissent dans mes poches.

Wayne ne fête pas vraiment son anniversaire. Il n'a jamais insisté pour qu'on lui souhaite non plus, et il essaye de nous le faire oublier chaque année. Mais comme à chaque fois, le 16 décembre, on revient avec un gâteau au chocolat que Seiji aura fait.

Personnellement, j'adore quand c'est mon anniversaire.

Je n'ai jamais su pourquoi il haïssait autant le sien.

Seiji ajuste religieusement le gâteau qu'il tient, tandis que Neo joue distraitement avec le canon à confetti qu'il fait claquer dans sa paume. 

L'ascenseur arrive dans un tintement, et nous entrons tous les trois. J'appuie au dernier étage. Les portes se ferment.

— Pourquoi personne parle ? intervient Neo. Vous êtes stressés ou quoi ?

J'échange un regard amusé avec Seiji. Juste en un coup d'œil, on se met d'accord pour ne pas lui répondre.

L'avantage avec Seiji, c'est qu'un regard suffit toujours. Et si ça peut faire chier Neo, je suis in.

En m'appuyant contre une des façades de cette cage de fer, le silence se prolonge. Je mâchouille nonchalamment mon cure-dent et j'ai une folle envie de me foutre de la gueule de Neo qui nous fixe à tour de rôle.

Finalement, il nous toise tous les deux.

Ce type à aucune patience.

— Sympa pour le vent, bande de sous merde.

Un rire étouffé s'échappe de Seiji, mais il est vite remplacé par la voix de l'ascenseur qui nous annonce que nous sommes arrivés au quatrième étage.

Les portes s'ouvrent, et nous sortons de l'ascenseur.

Le couloir est calme, mais Neo, est toujours le premier à rompre la paix. Il se précipite presque en courant vers la porte de Wayne et sonne agressivement.

Instantanément, des aboiements retentissent de l'autre côté de la porte.

Mais ils s'arrêtent rapidement.

Quand la porte s'ouvre. Neo et Seiji, s'écrient en même temps :

Joyeux anniversaire, Winnie !

Neo fait péter le petit pétard de confettis, les crépons volent et virevolte sur les épaules de Wayne qui plonge son regard — indéchiffrable — sur nous.

Au même moment, Kaiser, son berger allemand bondit autour de nous en aboyant joyeusement. Sa queue se secoue frénétiquement et il cherche la source de notre excitation.

Un sourire incontrôlé s'étire sur mon visage — c'est tout ce que j'attendais — je m'accroupis pour saluer Kaiser en grattant derrière ses longues oreilles.

— Comment tu vas toi, hein, mon grand ? Ça fait un bail !

Sa queue s'agite avec enthousiasme. Il cherche à me lécher, mais j'esquive chacun de ses coups de langue.

— Il ne fallait pas vous donner autant de mal pour moi, prononce finalement Wayne.

Il enfonce ses lunettes sur le nez, et passe sa main dans ses cheveux sombre. Pour une fois, il n'est pas en costume d'affaires, mais en un ensemble confortable de maison. Un t-shirt gris et un pantalon gris foncé, les pieds enfoncés dans de simples chaussons noirs.

Même s'il ne le montre pas vraiment, ses yeux trahissent quand même une certaine satisfaction.

Je sais que ça lui fait plaisir.

Mais bon, on peut courir pour qu'il l'exprime un jour.

— Écoute, Wayne, commence Seiji. Ce gâteau, il a été fait avec la sueur de mes fesses, pour l'amour du ciel, fait un peu semblant d'être l'homme le plus heureux que cette planète Terre n'ait jamais porté.

Dans un élan de gêne, Wayne passe une main sur sa mâchoire. Il hoche la tête.

En caressant la gorge de Kaiser, j'ai envie de rire face à sa réserve, et il lui répond :

— J'apprécie sincèrement le geste, Seiji. Je t'en remercie.

Bon... disons qu'il a fait « un effort ».

Seiji émet un petit rire bref.

— Je me contenterais de ça, vivement que t'aies une meuf pour qu'elle t'apprenne un peu comment dire, 'Merci, Seiji, ma beauté d'amour fatale, je t'aime tellement'.

— Même prière que Seiji, ajoute Neo en éclatant de rire.

Je me lève, Kaiser, me suit à la trace.

— Bon, fais-nous entrer par pitié, quémandé-je.

Wayne acquiesce et se décale de sa porte et l'ouvre pour nous laisser entrer.

Comme d'habitude, on se déchausse avant de pénétrer dans son appartement.

Il a horreur qu'on salisse son sol impeccable ou que les chaussures soient éparpillées à l'entrée. Neo et Seiji qui connaissent très bien ses habitudes, rangent soigneusement leurs chaussures.

Bandes de bâtards, vous êtes pas aussi soigneux chez moi !

Neo se redresse et s'arrête face à Wayne. Il a un petit air de fierté sur le visage et sort de sa poche un porte-clés avec une mini Lamborghini noire.

— Ça, c'est mon cadeau, lui annonce-t-il avec un clin d'œil.

Wayne, laisse presque échapper un sourire discret.

Chaque année on y a le droit. J'ai une dizaine de porte-clés moto, dont une S1000RR qui est toujours accrochée à mes clés.

— Je te remercie, Neo, prononce Wayne sur un ton doux.

Il serre le porte-clés dans sa main avant de l'accrocher à ses clés, soigneusement rangées à l'entrée.

Alors que je m'apprête à suivre les autres dans l'appartement, la voix de Wayne m'interpelle :

— Callahan ?

Je me tourne vers lui pour lui faire face. Kaiser ne m'a toujours pas lâché, il est toujours assis à mes côtés et nous observe avec curiosité, avec sa queue qui se secoue.

Neo sifflote joyeusement dans la cuisine, tandis que Seiji s'occupe de couper le gâteau.

Je lève le menton pour lui signifier que j'écoute.

— Juste pour te prévenir. Cassie a une photo de toi endormi, avec son chat. Et aux imprimés fraises que j'ai constaté sur les draps, je suppose que c'était sur son lit, m'informe-t-il d'une voix basse.

Mes sourcils se lèvent de surprise. J'ai une sensation soudaine d'avoir le cœur tambourinant dans mon estomac et un sourire incontrôlé étire mes lèvres. Je me retiens de rire en même temps que je me mets nerveusement à masser ma mâchoire.

Ah bon... ?

Donc ce dimanche de novembre, tu t'es empressée de me prendre en photo, mon amour ?

C'est donc ça que tu fais quand je dors...

Mais il fallait me le demander si tu voulais une photo de moi.

Tu aurais pu me demander ce que tu veux.

— Je peux la supprimer, si tu me le demandes.

Je lève les yeux sur Wayne et après mon petit moment de bonheur et je lui réponds :

— Non, laisse. C'est juste une photo.

Je veux qu'elle la garde.

J'espère qu'elle la regarde.

Souvent.

Tout le temps.

Je veux ta photo moi aussi.

— Elle l'a envoyée à ses copines, ajoute-t-il avec une pointe d'hésitation dans sa voix.

— C'est bon, c'est rien, ses copines sont réglos, rétorqué-je.

Wayne me fixe un moment, mais il finit par hocher la tête en signe de compréhension. Mais son expression reste quand même inquisitrice. Et il finit par ajouter un peu plus sérieusement :

— Tu dois faire attention, Callahan.

« Si tu fautes. Elle meurt »

Fais chier...

Encore une fois, la voix de Benjamin me fait l'effet d'un coup de poing dans le ventre.

Je déglutis en fronçant légèrement les sourcils.

— Tu en as bien conscience ? insiste-t-il avec un air beaucoup plus soucieux. Tu ne peux pas faire n'importe quoi avec les Bennett. Tu sais pourquoi.

Je n'aime pas le froid que j'ai dans la poitrine.

J'ai envie de l'arracher avec mes mains, parce que cette sensation là, je n'ai pas le droit de la ressentir.

Concentre-toi, Cal'.

Je sais pourquoi je ne peux faire n'importe quoi avec les Bennett, et pour le moment, je n'ai pas envie de m'en rappeler.

Je sens mes molaires s'entrechoquer en ayant l'impression que l'ambiance est tout de suite devenue plus sombre, plus froide.

Morbide.

— T'as pas à t'en faire, ajouté-je pour clore le sujet.

Tout mon plaisir à l'idée que microbe ai une photo de moi dans son téléphone s'envole en même temps que je ne dépasse Wayne pour m'enfoncer dans son salon épuré, parfaitement aménagé.

Kaiser me suit encore et je m'affale mollement sur son canapé en déposant mon casque de moto sur la table basse. Je fais tourner ce cure-dent dans ma bouche.

Putain...

Elle va me baiser...

Mon regard se perd autour de moi.

Elle va me baiser cette fille, putain !

Je sors mon téléphone en ayant la folle envie de lui envoyer un message.

La taquiner sur ce qu'elle a fait, mais je me rétracte en ayant l'impression d'entendre la voix de mon cousin, et celle de Wayne m'avertir que je n'ai pas le droit à l'erreur avec les Bennett...

Seiji s'affaire toujours avec le gâteau dans la cuisine, et Neo raconte tout un tas de conneries que j'écoute à moitié.

Je n'en veux pas de ce calme avant la tempête.

Tout d'un coup Kaiser saute sur le canapé, il veut se blottir contre moi mais j'entends un petit sifflement bref. Je me tourne vers la cuisine, Wayne, lui jette un regard réprobateur, Kaiser descend immédiatement du canapé mais il reste près de moi et dépose son museau sur mes cuisses.

Un sourire à moitié sincère tire le coin de mes lèvres, je lui caresse doucement le crâne.

Pendant ce temps, Wayne prépare un shaker protéiné dans la cuisine.

Même si l'atmosphère est détendue, j'ai déjà envie de foutre le camp pour remettre mes idées en ordres dans ma tête.

Seiji, après avoir fini de couper le gâteau, distribue une part à Neo, qui est accoudé à l'îlot, et à Wayne. Puis il lance en s'approchant de moi avec mon assiette :

— Bon les gars, c'est pas tout, mais j'ai une mission après, c'est quoi les topos ?

— J'ai un problème avec le stalkeur de Mademoiselle Bennett, m'informe Wayne.

À ces mots, je me tourne vers lui en fronçant légèrement les sourcils. J'ai même l'impression que Kaiser ressent mon changement émotionnel car il pousse un léger gémissement.

Je me disais bien que c'était bizarre qu'il prenne autant de temps à me faire un retour.

Tout en continuant de caresser le crâne de Kaiser, j'hoche la tête vers Wayne pour qu'il continue à parler :

— Il n'y a pas énormément de choix. Soit j'ai affaire à un hacker de génie...

Wayne secoue son shaker avant de lancer sa bombe :

— Soit ce type a eu accès à mon matériel, et il m'empêche de le trouver, dit-il sans détourner son regard du mien.

À cette nouvelle, une sale sensation est descendue dans mon estomac. J'ai eu froid dans le dos. Mes sourcils se froncent, l'annonce passe très mal.

Comment ça ?

Je sens une pointe de stress piquer mon ventre.

— Hein ? questionne Seiji inquiet.

— T'es sérieux là, intervient Neo la bouche pleine.

— C'est quoi ce délire ? Qu'est-ce que tu me racontes, Wayne ? ajouté-je sur le même ton.

Wayne me répond en faisant des allers-retours dans sa cuisine :

— Ce ne sont que des hypothèses, mais rien n'est impossible et je n'ai jamais été confronté à un type de hack comme celui-ci.

Je me retiens de lui demander de quel type de hack il parle parce que de toute façon, je n'y comprendrais rien.

Neo, qui dévore son gâteau articule à son tour :

— Donc c'est peut-être un type qu'on connaît ? Quelqu'un de l'Ordre peut-être ?

— Il y a des chances... J'ai même pensé que ça pourrait être la même personne qui s'en est prise à Carl, ton cousin, Callahan. Ce n'est pas anodin que ce type cherche autant l'attention de Cassie. Il lui envoie des messages toutes les deux semaines à peu près. Je les intercepte tous et tant qu'il ne s'est pas rendu compte qu'elle n'a plus contact avec lui, j'ai de la marge pour essayer de le trouver, mais ça ne durera pas éternellement. Honnêtement, je redoute qu'il passe à l'étape supérieure.

La cadence de mon cœur m'inquiète. J'ai la sensation d'être étranglé par ce sentiment angoissant.

J'y ai pensé... Il prend en confiance, et la prochaine étape, c'est de s'approcher d'elle.

Et je ne suis pas continuellement à ses côtés.

Je sais qu'il sait que j'existe.

— C'est quels types de messages qu'il lui envoie en ce moment, demandé-je à Wayne avec une urgence dans la voix que j'arrive à peine à cacher.

— Des choses banales. Il lui parle comme s'ils se connaissaient, me détaille Wayne en posant son shaker sur son îlot. Quand il neige, il lui envoie un message. Parfois, il lui parle même de chose qui se passe dans l'actualité. Il lui a envoyé une seule photo ; de ses bras, en déclarant qu'il s'entraînait encore pour elle. Je n'ai rien pu tirer de la photo, et c'est ça qui m'inquiète...

Je me redresse, mon corps tendu. Ma paume cesse de caresser Kaiser et j'arrête aussi de mâchouiller ce cure-dent. Je l'enlève même de ma bouche et le laisse entre mes doigts tant la menace pèse lourd sur mes épaules.

— Ça me fait penser, ajouté-je. Il y a un type, un Dani. Il travaille au Starbucks à côté de sa fac et il lui offre des cinnamon depuis le début de l'année. J'veux que tu creuses ça. Je ne sais pas qui est ce type mais j'y crois moyen au bon samaritain.

Wayne hoche la tête. 

— Je me renseignerais, mais je reste perplexe, poursuit Wayne en fermant son frigidaire. Je suis tenté de faire appel à une aide extérieure, à mon poste, je suis vraiment très limité.

Intrigué, Seiji, qui est assis sur le fauteuil en face de moi demande à Wayne :

— C'est chaud à ce point, tu penses avoir besoin de quelqu'un d'autre ?

— C'est très complexe comme situation, reconnaît Wayne. C'est la première fois que je vois ça.  

— Et à qui tu penses ?

Wayne répond à Seiji avec un air grave :

— Lyloe.

— Lyloe ? C'est quoi ça encore ? demandé-je en fronçant les sourcils.

— C'est un hacker, enfin... Je pense que c'est une femme. Très réputée sur le dark web. J'ai déjà eu affaire à elle. Et elle est forte. Vraiment très forte.

Je me perds une seconde dans mes pensées.

Premièrement parce que l'idée de faire entrer une hacker du dark web dans l'équation me semble risquée...

Et deuxièmement...

Depuis quand Wayne prend le temps de complimenter qui que ce soit ?

Seiji et moi, on se lance un regard plus qu'équivoque. On a pensé à la même chose, et c'est à ce moment que je choisis de plonger ma cuillère dans mon gâteau au chocolat.

Non, sérieux... Depuis quand... Wayne... complimente des hackers du dark web ?

Les mots de Wayne ont laissé un silence dans la pièce, et ça en dit long. On est tous sur le cul, je crois. J'ai l'impression d'entendre les cerveaux de tout le groupe ruminer à l'infini. 

Sauf qu'on peut toujours compter sur Neo, pour briser le silence :

— Attend... comment ça, chef ?

Ça m'arrache un petit rire discret, je me tourne vers la cuisine pour les observer. Neo pointe sa cuillère vers Wayne avec un air vachement surpris, les sourcils froncés :

— Comment ça, « Et elle est forte. Vraiment très forte. », répète-t-il la bouche pleine. Depuis quand tu complimentes des meufs toi ?

Ses mots sont étouffés par la nourriture qu'il a dans la bouche :

— Neo, avale, s'il te plaît, lui demande poliment Wayne.

Mais Wayne cache à peine son dégoût dans sa voix et son expression faciale. Je laisse un nouveau petit ricanement m'échapper face à cette scène.

Neo aussi éclate de rire en mettant son poing devant sa bouche.

Wayne a toujours eu ce petit côté maniaque de la propreté et des bonnes manières.

Tout le dégoûte.

Neo avale sa bouchée et insiste une nouvelle fois :

— Ouais, je disais donc depuis quand tu complimentes des filles ? Déjà, je suis déçu d'apprendre que t'en trouve une autre plus belle que moi. Dans la mesure ou, pour moi, c'est toi et personne d'autres, cette trahison m'énerve un peu je te cache pas.

Un rire bref m'échappe.

Putain, qu'il est con celui-là.

Wayne lui répond avec son sérieux habituel :

— Ce n'est pas un compliment, Neo. Mais une simple constatation.

— Ouais, mais, d'aussi loin que je me souvienne, tu constates tout, et pourtant j'crois que c'est la première fois que je t'entends être en admiration sur les capacités de quelqu'un.

Je n'aurais pas pu dire mieux !

Je les regarde tous les deux comme si c'était le match de football de l'année. J'attends avec impatience la réponse de Wayne en avalant une bouchée de gâteau.

— Ce n'est pas... de l'admiration, bégaye Wayne, et c'est suffisant pour que Seiji et moi échangions un regard plus qu'explicite. C'est... enfin, ce n'est pas le sujet, s'il vous plaît, ne nous éparpillons pas.

Wayne qui bégaie, c'est du ja-mais vu !

J'hausse les sourcils, Seiji a les yeux écarquillés. Tous les deux, avalons ce gâteau comme des pop-corn devant un film. Ce qui est en train de se passer là, est lunaire !

Ça sent l'embarras à plein nez ! Putain, c'est quoi c'histoire !?

Seiji a un sourire machiavélique qui recourbe ses lèvres, il retient son rire et lance sur un ton taquin :

— Attends Wayne ? C'est quoi sur tes joues, tu rougis là ou quoi ? Il rougit on est d'accord ou pas les gars ?

— Mais on dirait que oui, ajoute Neo. Winnie !?

— T'as vu, je suis pas fou !

Wayne, inspire assez bruyamment. Je mange encore plus qu'en extase face à ce spectacle, et il fuit un peu la scène en faisant un aller-retour vers un de ses placards où il prend une gamelle.

— Je ne rougis pas, c'est juste... c'est une hacker compétente, voilà tout. Je ne vois pas pourquoi cette constatation prête tant à débat.

Le coin de ma bouche se relève en un demi-sourire diabolique.

C'est officiel.

On est tous dans la merde !

— Juste compétente ouais... souffle Neo presque jaloux. Et tu la connais personnellement cette Lyloe la ?

Très bonne question ! Pour une fois.

— Non. Nos échangent se limite à la toile. Je ne l'ai jamais rencontré personnellement. Et je ne compte pas le faire, c'est purement professionnel.

Mais ouiiii ! Ça doit être ça, oui !

Je dois me contenir pour ne pas exploser de rire.

— Putain, j'ai la rage ! se plaint Neo en feignant la jalousie, son poing s'abat sur le marbre de l'îlot central.

Wayne range des clémentines dans un des compartiments de sa gamelle et affirme finalement :

— Cela étant dit, on peut clore ce sujet et restons focalisés sur la réunion.

J'aurais dit la même chose si j'avais été à sa place.

Neo, fronce les sourcils et se tourne vers nous. Ça se voit d'ici qu'il n'est pas prêt à lâcher le morceau.

— Hmm c'était bizarre les gars, on est bien d'accord-

Seiji intervient en ricanant.

— C'est bon laisse-le, le pauvre là.

— Quoi !? Aucune pitié ici ! Quand c'est moi qui-

— Aller, ta gueule, Neo, le coupé-je pour lui foutre un peu plus la rage. Bon, elle peut faire quoi de plus cette Lyloe ?

Neo m'insulte d'enculé et Wayne reprend toujours dans un professionnalisme impeccable :

— Je ne suis pas encore sûr. Je ne peux même pas affirmer qu'elle m'aidera. Mais je sais qu'elle a déjà piraté des systèmes que même moi je trouve complexes. Si quelqu'un peut s'infiltrer dans le système du stalker plus aisément que moi, je pense que c'est elle.

Ma paume retrouve la tête de Kaiser.

En réalité, je me demande d'où sort cette lyloe ?

C'est la première fois que j'entends ce nom, et c'est une des rares fois où Wayne me parle de quelqu'un que je ne connais pas.

— OK. Et tu la connais d'où, demandé-je en piochant dans ma part de gâteau.

— Un boulot qu'on a eu en commun.

Hmm...

J'oublie parfois que Wayne est un agent du MI6. Et qu'il est corrompu pour l'Ordre, mais qu'en dehors de Rendi Holdings, il mène une autre vie dans les plus hautes sphères du gouvernement.

Ça me fait penser que ça fait un moment que je n'ai pas revu Stanley.

— Et qu'est-ce qui te garantit qu'elle voudra bien t'aider ? continué-je.

— Rien. Je vais devoir la convaincre. Mais si elle accepte, je peux garantir qu'on aura un atout majeur.

Je baisse les yeux sur Kaiser, qui a toujours le museau sur ma cuisse et qui remue toujours la queue. Je me retiens de lui dire que son maître est à ça de se faire cramer.

D'aussi loin que je me souvienne, je n'ai jamais vu ou entendu Wayne côtoyer aucune femme.

Lyloe hein...

— Par ailleurs, reprend Wayne d'une voix sérieuse. En parlant d'infiltration, Orpheus a déjà prouvé qu'ils pouvaient s'infiltrer n'importe où. Darren Mills en est un exemple.

Je lève les yeux vers lui :

— Tu me parles du journaliste sur lequel je t'ai demandé de creuser ?

— Lui-même.

Je savais que ce type était louche. Putain.

Mes muscles se tendent. La confirmation de Wayne décuple mes inquiétudes. Ça commence à faire trop... Il y a trop d'individus qui tournent autour de microbe, et je ne sais pas pourquoi. Qu'est-ce qu'elle aurait pu faire pour provoquer autant d'attention ?

La possibilité qu'elle soit mêlée à quelque chose de bien plus grand, bien plus dangereux me met mal à l'aise.

Neo, lui-même fronce les sourcils à son tour :

— Les gars, je vous cache pas que ça devient bizarre cette histoire, si Orpheus est aussi infiltré, alors la sécurité de Cassie est menacée bien plus que ce qu'on pensait. C'est la deuxième fois que des types de cette organisation s'approchent d'elle.

Je déteste ce que j'entends.

Une pointe d'anxiété s'agrippe à ma gorge et me coupe un peu le souffle.

C'est quoi son rôle dans tout ce bordel ?

C'est quoi le lien ?

Pourquoi ?

J'ai la sensation que cet appartement pourtant spacieux et épuré se réduit et l'ambiance devient sombre.

— Qu'est-ce que t'as appris sur ce type ? demandé-je à Wayne d'une voix que j'espère contrôlée.

Wayne prend une inspiration.

— Orpheus n'est pas juste un ennemi parmi d'autres. Je ne dirais pas qu'ils ont infiltré l'Ordre, mais je pense qu'ils ont un pied dedans avec la mort de Carl... Tout comme Jason Seval, Darren Mills était l'un des leurs avant sa disparition, ils sont tous liés à cette boîte.

Seiji, qui était jusqu'ici silencieux, lance :

— Donc, Darren n'est pas qu'un journaliste du Time, il travaillait aussi pour cette société ?

— C'est exact, confirme Wayne.

Je m'adosse un peu plus dans ce canapé. J'ai le sentiment qu'un danger imminent se rapproche un peu trop près d'elle... et par extension, de moi.

Je sens l'adrénaline monter en moi. Je vais devoir renforcer la sécurité autour d'elle sans qu'elle ne s'en rende compte. Quitte à mettre des hommes qui la suivrait dans l'ombre 24h/24... Je dois toujours avoir deux coups d'avance et ne pas prendre le risque que quelqu'un s'en prenne à elle à un moment où je ne serais pas là.

Je fixe Wayne et ajoute :

— Tu penses qu'ils sont partout ? Un peu comme l'Ordre, qu'ils aient peut-être des liens avec la mort de Carl aussi ?

Wayne acquiesce sérieusement.

— C'est possible. Pour le moment, je n'ai rien de concret les concernant, la société à l'air d'être en règle. Mais c'est trop surfait.  À chaque nom que tu me donnes, j'arrive à trouver une concordance avec eux. Ils veulent peut-être détruire l'Ordre, ou empêcher Margaret d'accéder au pouvoir. Cassie est peut-être juste au milieu...

Seiji à un pli d'inquiétude entre les sourcils, il s'enfonce aussi dans son fauteuil et demande :

— Et on pensait juste à un stalker isolé, mais qu'en fait Orpheus est derrière ça ?

— Ça expliquerait pourquoi tout est si... bizarre, articule Neo. Pourquoi ça semble toujours revenir à eux.

Ma paume glisse dans mes cheveux. Le poids des nouvelles fait tourner mon cerveau à plein régime.

— S'ils ont quoi que ce soit à avoir avec Carl ou les élections alors il va falloir creuser en sous-marin. On ne prend pas le risque de les laisser comprendre qu'on vient pour eux, ordonné-je à chacun d'entre eux. Qui gère cette société ?

Wayne, acquiesce avant de me répondre :

— Officiellement, un type sans importance, officieusement, Winston Armitage est l'actionnaire majoritaire d'Orpheus.

Winston Armitage.

Le rival politique de Margaret Bennett, lié à Orpheus ?

Merde...

Un frisson me parcourt l'échine. Je sens la tension monter en moi.

C'est une guerre qui se joue dans l'ombre.

Et si on perd.

Elle meurt.

J'inspire profondément. La révélation me fait l'effet d'un violent coup de poing dans le ventre.

Immobile, mes yeux se perdent dans le vide.

Je ne peux pas faire n'importe quoi avec les Bennett... Je sais pourquoi.

Le problème c'est que ça se complique là... Ça ne dépend plus que de moi.

Je déglutis difficilement, tandis que ma paume passe sur ma mâchoire.

L'angoisse...

Déjà que j'ai Taylor sur les côtes... Il faut aussi que je m'occupe de son père.

Je reste pensif un moment.

C'est Winston le cerveau.

Son implication dans cette affaire se limite à quoi ?

Peut-être qu'elle n'en a aucune... Justement.

Pendant une seconde, je me remercie d'avoir pris ma benzodiazépine. Parce que le taux d'anxiété que je ressens maintenant, je ne sais pas si j'aurais pu le gérer sans médicaments.

Cette histoire prend des tournures inquiétantes que je n'avais pas du tout anticipées, et ça me met dans un état qui n'a pas lieu d'être en vue de ma mission.

J'inspire d'un coup, mon regard croise celui de Seiji qui a l'air de se soucier de moi.

Je dois probablement tirer une sale gueule.

Mon téléphone vibre dans ma poche, le silence pèse dans l'appartement de Wayne. J'extirpe l'appareil de ma poche :

« Bab (papa) : Passe à la maison. »

Ouais.

Je me lève brusquement, Kaiser me regarde curieux.

— On augmente le jeu, articulé-je en prenant mon casque sur la table basse. On ne peut pas prendre de risques avec elle, que ce soit Margaret ou sa fille. On ne prend pas de risque.

Wayne, acquiesce doucement, et il me prévient :

— Je vais essayer contacter Lyloe.

Je le regarde, un peu sceptique. J'ai l'impression de devenir paranoïaque :

— Et si Lyloe est l'une des leurs ? Si c'est un piège ?

Wayne ne me répond pas tout de suite. Son regard noisette perdure dans le mien, mais il finit par me dire :

—  Je ne suis sûr de rien concernant cette histoire, mais s'il y a bien une chose que je peux affirmer, c'est que Lyloe n'a ni clan, ni d'attache.

Mon casque glisse sur mon crâne. Je remets mes gants de moto. Et me dirige vers la sortie. Et lorsque ma paume se baisse sur la poignée à l'entrée, je lui lance sans me retourner :

— Fais gaffe avec cette fille.

La porte claque derrière moi.

C'est pire que ce que je pensais.

Et je ne sais pas quand ça va dégénérer.













Bonsoir bonsoir, bonsoir ! 🎃

Ça-va ? ☕️





IT'S TIIIME TO TAKE THE TEA : ☕️, je veux tout entendre, vos impressions, vos ressentis, vos théories, vos retours pour ce chapitre ? Dites-moi tout !


Again, ce chapitre, au début je doutais, mais en fin de compte, il est nécessaire parce qu'il est temps qu'on commence à apercevoir certains aspect lié à l'intrigue principale. Parce que en vrai, la vraie question autour de Ghost, c'est : qui a tué Carl ? Où sont les 305 millions ? + Margaret doit remporter les élections... 🤭

J'espère que ça vous a plu, et d'ailleurs, ce chapitre permet d'entrevoir mon boys band 😎, (🏍🐉🏎❄️), vous tirez les conclusions que vous tirez, mais SACHEZ, que j'ai quand même mit quelque chose d'ASSEZ flagrant dedans 😗 ! Celles qui l'ont vu tant mieux, le reste ce n'est pas mon soucis ! 🤣

On entrevoit un peu plus le personnage de Ghostie... my baby boy needs therapy 🫠...

D'ailleurs, ça me fait penser, Ghost le dit lui-même, sa vie se résume à : tuer/coucher. (D'ailleurs je l'avais déjà dit depuis le chapitre 3) Et c'est pour ça que ça me frustrait autant quand on réduisant mon fiston à ça sans attendre son développement, parce que par exemple dans ce chapitre on comprend mieux pourquoi et encore j'ai encore rien vraiment développé pour le moment.

J'ai trop hâte du moment du dénouement ah la la ☺️ on va passer un bon moment MDR !

Quoi qu'il en soit, pas de Casbaby dans ce chap (elle me manque déjà purée...), que de la testostérone.


Quoi qu'il en soit, j'espère que vous avez kiffer ❤️.


🥭 Update VALENTINA :

Cette semaine je vous ai pas trop update sur Instagram j'avoue, pour la simple et bonne raison que je me suis bagarrée toute la semaine sur un seul et même chapitre 😤 ! Et faites moi confiance, les filles qui ont peur des changements.

Quand vous lisez Ghost, vous voyez bien comment la plume est moins lourde, plus agréable, j'essaye de mettre moins de longueur/répétition, et puis Valentina, il y avait beaucoup de choses à corriger, des incohérences ou alors, tout simplement améliorer le caractère des protagonistes. Vous allez redécouvrir, Seb (j'espère plus drôle), Este (je l'espère plus mystérieux), Preto (Plus charismatique, plus intense), Ruben (lui il change pas PTDR, c'était très bien comme il était), et Vava (plus mature, plus emphatique, plus courageuse) !

Moi je pense que vous allez kiffer la nouvelle version et je pense même que quand vous allez lire, vous allez vous dire mais en vrai, elle a bien fait d'enlever ou ajouter ça, et on se rend pas compte des choses avant qu'un éditeur passe dessus et améliore le texte.

Moi j'ai hâte que vous découvriez la nouvelle version !

Voilà, voilà 😗 !










On se retrouve sur le Discord 😋 !




BYE 🏍💨🪐 !



Stardust 🍓


𝚂𝚎𝚎 𝚢𝚘𝚞 𝚜𝚘𝚘𝚗 🕰...



xo, Azra. ✿



IG: azra.reed

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