𝟸𝟼. 𝚂𝚞𝚛𝚟𝚒𝚟𝚛𝚎, 𝚗'𝚒𝚖𝚙𝚘𝚛𝚝𝚎 𝚘𝚞̀.
(𝖣𝖾́𝗆𝖺𝗋𝗋𝖾𝗓 𝗅𝖺 𝗏𝗂𝖽𝖾𝗈 𝗉𝗈𝗎𝗋 𝗏𝗈𝗎𝗌 𝗉𝗅𝗈𝗇𝗀𝖾𝗓 𝖽𝖺𝗇𝗌 𝗅'𝖺𝗆𝖻𝗂𝖺𝗇𝖼𝖾)
"Pour un père, il n'est rien de plus doux qu'une fille."
Euripide
𝙰 𝙲 𝚃 𝟺.
🎠 𝙳 𝚎́ 𝚌 𝚎 𝚖 𝚋 𝚛 𝚎.
𝟤𝟨. 𝖲𝗎𝗋𝗏𝗂𝗏𝗋𝖾, 𝗇'𝗂𝗆𝗉𝗈𝗋𝗍𝖾 𝗈𝗎̀.
Cassie.
Je sursaute en entendant mon réveil sonner.
Je m'entends gémir d'agacement en même temps que j'étende mon bras en frissonnant à cause de la fraîcheur de ma chambre.
Mon index tapote frénétiquement mon écran, le réveil arrête de sonner, ma chambre retrouve enfin son silence apaisant.
Ça m'a coupé dans mon rêve, purée !
T'as rêvé de lui toute la nuit, Cassie...
Et quel rêve hein...
Bref.
Frustrée, j'entrouvre les yeux, en me blottissant sous ma couette.
Ça y est, le froid sec de décembre s'est installé, je le sens sur le bout de mon nez et mes joues. La chaleur de mon lit ne me donne pas du tout envie d'en sortir.
L'odeur de son parfum sur mes draps non plus... J'ai l'impression qu'il n'est jamais parti...
Je me rends compte que mon autre main serre fort contre mon cœur la veste de costard de Callahan.
Je me tourne lentement vers Sherlock, qui dort paisiblement en boule sous la veste en cuir — c'est clair qu'elle tient tellement chaud. Le petit bout roux de son museau dépasse, un petit sourire étire mes lèvres.
Il est trop mignon ce chat.
Mais je lève les yeux captivé par la vue qui s'offre à moi derrière ma fenêtre.
On est le 1er décembre, et un monde blanc et pur s'étend dehors.
Je me lève, enroulée dans ma couverture, et m'arrête devant ma vitre, émerveillée.
J'ouvre pour laisser entrer l'air pur et frais qui me pince mes joues et remplit agréablement mes poumons. Je regarde les flocons tomber. Ils virevoltent gracieusement comme une ballerine au milieu de son ballet et recouvrent les arbres et les toits d'un manteau immaculé.
C'est magnifique et j'adore ce temps.
Mon regard se perd dans mon quartier qui s'éveille lentement.
Entre la maison de monsieur Garcia, juste en face de la mienne qui est décorée avec des guirlandes scintillantes qui soulignent les contours de ses murs. Et celle des frères Carter ; Duncan, Harvey et Louka, qui ont un grand sapin orné de boules de toutes les couleurs et de lumières qui trône dans leur jardin.
La neige continue de tomber, douce et silencieuse.
Qu'est-ce que c'est beau...
Je reste ici quelques instants, parce que je trouve qu'il y a quelque chose de profondément apaisant et magique dans ce tableau d'hiver qui enveloppe mon quartier.
Sauf que par réflexe, je touche mon annulaire droit.
Mais je baisse rapidement les yeux en me rappelant que Callahan m'a pris ma bague de promesse hier.
Je frissonne en portant instinctivement ma main à mon cou. Là où il a posé ses lèvres, et m'a laissé un suçon...
« Cette promesse n'appartient qu'à moi maintenant, zëmer. »
Quel... connard... putain...
Ouais...
C'est pas ce que tu pensais de lui hier...
Je referme la fenêtre, en sentant mon cœur battre violemment contre ma cage.
Tous mes souvenirs reviennent.
Non seulement... je ne saurais pas dire exactement pourquoi, mais une part de moi se sens libérée à l'idée de lui avoir tout confié. Et tout ça sans qu'il n'émette aucun jugement sur ce que j'ai fais avec mon ex petit-ami.
Et puis..
Je crois...
Non, je sais... que je ne l'aurais pas arrêté s'il serait allé plus loin.
Pas hier soir non.
J'ai manqué de lucidité, je me suis laissé tenter par... par je ne sais quelles sensations qui me rendent complètement dépendante de ses attentions, son toucher.
Je pince mes lèvres en revenant vers mon lit.
J'ai agi de manière impulsive... un peu folle, en vérité.
Et à cause de ça, j'ai laissé un homme me toucher... alors que je m'étais promis de ne plus laisser qui que ce soit entrer dans ma vie après Taylor...
Et le pire...
Le pire, c'est que j'avais vraiment envie qu'il continue.
Cassie... putain.
Te laisse pas avoir... Il te veut juste pour une nuit.
Je dépose ma couverture et prends Sherlock dans mes bras :
— Coucou toi. T'as bien dormi mon fils ? Hm ?
Je dépose des baisers sur son pelage et il ronronne doucement.
Une part de moi est impatiente que les vacances de Noël arrivent vite. Mais ça signifie aussi qu'on entre en pleine période d'examen, et je redoute déjà le moment des partiels.
D'ailleurs, il faut absolument que je me reconcentre sur mes études. J'ai l'impression de me relâcher et je ne peux absolument pas me permettre de rater mon année à cause d'une distraction qui mesure presque 2 mètres.
Je fais une rapide toilette dans ma salle de bain.
Sauf qu'en regardant mon cou, je vois une tâche rougeâtre qui vire au violet, s'étendre sur mon cou.
Merde !
Putain il n'a vraiment pas blagué sur le coup !
Une vive chaleur me monte dans les joues en repensant à la sensation de ses lèvres chaudes et mouillées contre moi. Je dépose Sherlock sur le sol de ma salle de bain et ouvre mon placard. Je m'empresse de fouiller dans ma trousse de maquillage, et trouve l'anti-cerne le plus couvrant que j'ai.
Rapidement je l'applique du bout de mon index sur ma peau.
Le suçon est immense...
Fait chier !
Je frissonne.
Ça a dû l'enchanter de me marquer comme ça.
Putain le sourire qu'il avait après qu'il l'ai fait...
Cassie.
Stop.
Reste concentrée.
Je termine de cacher son crime et reprend mon chat dans mes bras.
Dans mes escaliers, je repère directement ma mère, aller et venir entre la cuisine et son bureau.
— Philipe, écoute, je sais que c'est risqué, mais c'est une manœuvre politique nécessaire. Nous ne pouvons pas simplement ignorer ce sujet !
Elle semble extrêmement engagée dans une conversation téléphonique houleuse avec son directeur de campagne.
— Mais enfin, s'écrit-elle en mettant sa tasse dans la machine à café. J'ai été élue pour faire des changements, pas pour les caresser dans le sens du poil ! Je ne comprends pas tes propos !
Je me mène vers ma cuisine en pinçant mes lèvres alors qu'elle commence déjà à repartir en laissant son café couler.
— Et quand ça sera « le moment », Philipe ? Après les élections ? Nous avons promis du changement, et je compte bien le faire !
J'observe ma mère un peu inquiète. Sa colère me met mal à l'aise, mais elle disparaît dans le couloir en continuant d'hausser le ton sur lui.
Quelques secondes plus tard, c'est le bruit assourdissant de sa porte qui claque qui me fait sursauter. Je place ma paume sur mon cœur qui s'emballe.
Je déteste tous types de manifestations brusques de colère ou de frustration ; ça me donne toujours énormément d'anxiété.
Je dépose Sherlock par terre et lui remplis sa gamelle, puis, je m'attèle à préparer de mon petit déjeuner. Je fais toaster du pain et commence à me préparer un chocolat chaud. Dans le placard, je prends la boîte de cornflakes et en verse dans un bol.
Ma mère revient soudainement, toujours agacée, le téléphone toujours collé à l'oreille.
Ses cheveux parfaitement coiffés n'ont pas bougé d'un iota. Je me fige un peu en redoutant que sa colère explose.
Ma tasse de chocolat chaud dans une main, la cuillère touille le contenu.
— Écoute Philipe, tranche-t-elle catégorique. Mon avenir et celui du parti sont liés à notre capacité à tenir nos promesses. Je ne vais pas reculer maintenant. Prépare le terrain pour demain, je m'occuperai du reste.
Maman raccroche brusquement, et fait claquer son téléphone contre l'îlot central de la cuisine. En réalité, j'ai juste envie de fuir cette atmosphère et me retirer dans ma chambre, mais au lieu de ça, j'essaye de prendre une profonde inspiration.
Il ne faut pas stresser, Cassie. Parfois il faut savoir foncer dans le tas...
Je me tourne timidement vers ma mère, et lui demande un peu inquiète.
— ...Ça va maman ?
Elle lève les yeux au ciel, exaspérée.
— T'occupe pas de ça, c'est le boulot... Un stagiaire a fichu le bordel, enfin bref, grommelle-t-elle en se dirigeant vers la machine à café.
Je hoche la tête.
— J'espère que ça s'arrangera pour toi, murmuré-je en espérant que mes mots apaisent son humeur orageuse.
Elle saisit son café de la machine, murmurant un "je l'espère aussi".
Je me dirige vers le frigo pour prendre du lait pour mes céréales, mais j'entre malencontreusement en collision avec ma mère qui allait aussi partir de la cuisine. Son café se renverse entièrement sur elle, il nous éclabousse toutes les deux.
— Merde ! s'écrit-elle les yeux écarquillés.
Merde ! Merde ! Merde !
— Fait chier, Cassie, tu es une idiote ou quoi !?
Sa colère explose et se déverse sur moi comme ce café brûlant sur nos vêtements, elle pince sa chemise du bout des doigts pour constater les dégâts.
Putain je suis tellement conne !
— Je suis désolée, maman ! répondis-je précipitamment avec une anxiété qui monte en flèche.
Je saisis une petite serviette mouillée près de l'évier pour tenter désespérément d'éponger ce désastre.
— Mais merde quoi ! Fais un peu attention à la fin !
Elle regarde sa chemise tachée alors que j'essuie les marques avec mes doigts tremblants.
Je sens mes joues s'enflammer. Chaque mot qu'elle prononce alourdit mon cœur de honte.
J'ai la boule à la gorge un mal de ventre désastreux.
T'es tellement maladroite, c'est grave d'être comme ça, Cassie !
— J'ai une réunion super importante dans 15 minutes ! Tu ne fais attention à absolument rien, Cassie ! C'est vraiment pas ma journée !
Plus sa fureur monte, et plus je redeviens cette gamine de 12 ans sans défense.
J'ai cette bonne vieille sensation de me sentir écrasée par les mots.
Des mots que j'ai entendus mille fois, dans mille voix différentes.
Mais comme à chaque fois ils font toujours aussi mal.
Et je suis toujours pas assez bien aux yeux de celle qui devrait m'aimer le plus.
— J'ai-j'ai vraiment p-pas fait exprès, maman, je suis vraiment désolée ! bafouillé-je.
Tout d'un coup, ses mains claquent sèchement les miennes. Elle me repousse, ses yeux vides de toute empathie, me transpercent. Je reste figée, le souffle coupé, son regard me glace jusqu'à l'os.
Et avec froideur, elle me crache ces mots au visage :
— J'aurais préféré être au cimetière à la place de ton père si c'était pour avoir une gosse pareille ! T'as vraiment rien là-haut, poursuit-elle en tapotant sa tempe. Et arrêtes de manger ces foutues céréales, ça doit être ça qui te bousille tes neurones !
J'ai un léger mouvement de recul, mes sourcils se froncent.
Pendant un moment, je vois dans son regard qu'il n'y a pas une once d'amour pour moi.
Il me faut un petit temps avant de réaliser que ses paroles viennent de me transpercer le cœur.
Je suis vraiment inutile, un vrai fardeau, Cassie...
La sensation que j'ai dans ma poitrine est presque trop intense pour la supporter, alors sur le coup je ne ressens pas grand-chose, j'ai juste ses mots qui tournent en boucle dans ma tête comme des coups de poignard planté violemment.
Ses paroles acérées s'infiltrent sournoisement en moi, et je les ai laissées me drainer et me vider de toutes mes forces.
Incapable de faire le moindre mouvement, je cligne des yeux. Je fixe toujours ma mère, en tenant machinalement l'éponge mouillée dans ma main.
Et à cet instant, je réalise à quel point ma mère est à la fois la personne que j'aime et que je hais le plus au monde.
La réalisation me fait encore plus mal.
La douleur que je ressens est indescriptible. Elle me prend aux tripes. C'est tellement intense que je sens que je peux vomir.
Mais je suis tellement choquée que je ne pense même pas à réagir.
Ça a toujours été inutile de montrer quoi que ce soit avec elle de toute façon.
"J'aurais préféré être au cimetière à la place de ton père si c'était pour avoir une gosse pareille !"
Wow...
Cette phrase résonne en moi, et creuse dangereusement un trou de tristesse et de douleur dans ma poitrine.
Je suis sûr que cette blessure qui ne se refermera jamais complètement et les mots ne pourront jamais s'effacer de ma mémoire.
— Fais chier, souffle-t-elle en quittant enfin la cuisine.
Je regarde maman s'éloigner en murmurant des plaintes que j'entends à peine. Elle parle de l'échec de son gala du 18 novembre et toutes ses inquiétudes par rapport aux élections.
Moi je suis totalement perdue.
Je reste plantée la, seule, en essayant mentalement de me recomposer, de rassembler les morceaux éparpillés de mon être qui saigne et qui s'accroche encore à elle.
Parce que chaque partie de moi veut être réparée par celle qui m'a cassé.
Je rêve jusqu'au dernier moment qu'elle se tourne et qu'elle me prenne dans ses bras.
Ce moment n'arrive jamais.
Sa silhouette disparaît dans le couloir, la porte de sa chambre claque violemment. Je me crispe.
Je regarde mon petit-déjeuner, les toasts, le chocolat chaud, et ces céréales que ma mère a à l'origine achetées pour moi. Je ne comprends même pas pourquoi elle les critique maintenant.
Mon estomac se noue, j'ai une boule de stress et d'angoisse qui me donne envie de vomir.
Sans réfléchir, je jette tout à la poubelle.
Je reprends Sherlock dans mes bras et monte lentement à l'étage, mes jambes sont flageolantes. Je me sens vidée, épuisée. Ses mots ont aspiré un peu plus de mon énergie.
Une fois dans ma chambre, j'ai besoin de m'asseoir sur mon lit en tenant fermement Sherlock contre moi.
Je le caresse doucement sous la gorge, en cherchant du réconfort dans sa présence silencieuse.
Je tourne la tête, vers ma bibliothèque. Mon livre "Twilight" me nargue. Je me souviens avoir glissé mon billet de train et celui de Callahan à l'intérieur.
J'aurais dû partir ce soir-là, monter dans ce train et ne jamais me retourner.
Je me sens dissociée.
Je me sens détachée de tout, comme si j'étais hors de mon corps.
Ma chambre que j'adore me semble tellement étrangère, froide.
Les mots de ma mère tournent en boucle dans ma tête et me hantent.
"J'aurais préféré être au cimetière à la place de ton père si c'était pour avoir une gosse pareille !"
Les souvenirs de papa me reviennent.
Je revois les dernières images que j'ai de lui.
Quelle horreur...
Ma gorge se serre. Les larmes montent et glissent secrètement sur mes joues.
J'aurais dû partir... ce 3 septembre. M'en aller, j'aurais pu survivre n'importe où...
Hier, ma journée avec Callahan était vraiment bien...
J'ai passé un très bon moment, simple et pur.
Ça m'a fait tellement de bien.
Mais en fait, mes moments de bonheur ne durent jamais longtemps dans ma vie.
Je me lève, en effaçant ces larmes silencieuses. J'ai tellement l'habitude de ces montagnes russes émotionnelles avec ma mère que je me dis que pleurer ne sert vraiment à rien.
Je dois aller en cours, continuer ma journée comme si de rien n'était.
Je troque mon pyjama pour enfiler mon pull en mailles Ralph Lauren crème et mon pantalon à pince beige. Ma ceinture noire glisse autour de ma taille.
En glissant ma montre fine sur mon poignet, mon regard se perd à travers ma fenêtre sur la neige blanche qui recouvre le sol.
Elle est belle... mais dans quelques heures, elle sera piétinée, transformée en boue noire par les semelles des gens.
Comme ce cœur tout blanc que j'ai offert à ma mère, mais qu'elle piétine et salit chaque jour un peu plus.
J'enfile mon bandeau noir, et mon manteau long de la même couleur puis je m'approche de mon chat :
— J'y vais Sherlock, pas de bêtises hein, prononcé-je en l'embrassant une dernière fois. Je t'aime mon fils.
Une fois prête, je descends avec mon sac à la main. Ma mère n'est pas là, alors je me dépêche de glisser mes tennis à mes pieds pour ne surtout pas la croiser.
Je sors, mes baskets s'enfoncent dans la fine couche de neige fraîche. Malgré cette souffrance que j'ai dans le ventre, la beauté du paysage hivernal me coupe le souffle.
En enfilant mes moufles, je pousse mon portail et fais quelques pas pour rejoindre la rue, mais soudain, une nausée accablante me saisit l'estomac.
Ma paume s'appuie contre le mur en pierre sèche qui entoure ma maison.
Je me penche brusquement en avant et vomis ma bile sur la neige immaculée.
Mes paupières se ferment une seconde.
Je suis écœurée.
Pendant que je m'amuse à fermer les yeux sur ma vie catastrophique avec ce garçon, j'ai l'impression que mon monde s'effondre et que je vais littéralement fermer les yeux un jour, et ne jamais les réouvrir.
Lentement je me redresse et retourne chez moi pour me débarbouiller.
Je me sens souillée, à l'intérieur comme à l'extérieur, et tout ce que je veux, c'est effacer cette sensation froide de mon être.
✤
"J'aurais préféré être au cimetière à la place de ton père si c'était pour avoir une gosse pareille !"
J'avance pour entrer dans ma faculté, mais à peine ai-je franchi le portail d'Oxford qu'une voix familière me tire de mes pensées.
— Coucouuuu ma babyyy ! s'exclame Cherry en glissant son bras autour du mien.
Le bruit caractéristique de la bulle de son chewing-gum à la cerise qui éclate et son odeur sucrée de la cerise m'enveloppent immédiatement.
Cherry est toujours aussi flamboyante.
Aujourd'hui, elle n'est pas en jupe — ça me manque presque déjà — elle porte une jolie combinaison en jersey noire qui épouse sa silhouette, ainsi que des moonboots rouges. Son maquillage est impeccable — comme toujours — et ses lèvres brillantes d'un gloss couleur cherry coca qui attirent mon attention.
Ses cheveux cerise, assortis à sa doudoune crop rouge, complètent son look et la mettent tellement bien en valeur qu'un petit sourire tire mes pommettes.
Elle est toujours aussi belle.
— Oh mon Dieu ! Tes moufles sont trop mignons ! s'écrie-t-elle en prenant mes mains dans les siennes. Ooh, t'es trop mignonne ! J'ai envie de te mordre, mon amouuur !
Avec un geste tendre et un peu théâtral, Cherry prend mon visage entre ses mains gantées et frotte affectueusement son nez contre le mien. Son affection spontanée me fait rire malgré moi.
— Oh ! Je t'ai mis du maquillage, rit-elle en m'essuyant le bout de mon nez.
Pendant une seconde, son geste est une vraie bouffée d'oxygène qui me fait du bien.
— Je peux essayer tes gants ? En fait je veux m'acheter des moufles aussi ! J'en ai vu passer, mais j'ai pas encore eu de coup de cœur, du coup de me trimballe sans gants.
— Oui, bien sûr, répondis-je en enlevant mes gants et les tendant à Cherry.
La neige crisse sous nos pieds alors que nous marchons à travers le campus d'Oxford, tous les autres élèves sont aussi vêtus de manière à braver le froid. Les bâtiments anciens sont eux aussi recouverts d'une couche de neige.
L'air frais mord nos joues, mais l'excitation de Cherry réchauffe tellement l'atmosphère que je souris.
Cherry enfile mes gants avec enthousiasme et les admires en tournant ses paumes sous tous les angles.
— Ah la la ! J'aime trop ! Tu les as achetés où ?
— C'est à H&M, ils en avaient plein. Normalement ils y sont encore je les pris la semaine dernière !
Nous entrons dans un bâtiment de la fac ensemble, et elle me parle de ses dernières trouvailles en maquillage, tout en admirant mes gants.
— D'ailleurs, c'est quoi ton combo pour les lèvres, lui demandé-je.
— En fait, regarde.
Elle sort un gloss ainsi qu'un crayon de son sac.
— Je prends ce crayon marron de Maybelline pour le contour des lèvres, et je mets l'huile à lèvres rouge de NYX. C'est le combo par-fait pour l'hiver ma chérie !
Un petit rire m'échappe :
— Je vais devoir essayer ça, c'est tellement beau.
— Merci mon amour, quand tu veux, je te maquille, me propose-t-elle en retirant mes moufles pour me les rendre.
J'ai lui répondre, mais elle s'arrête net et son regard se rive sur mes doigts :
— Euh, on stoppe tout ! s'exclame-t-elle en saisissant ma main.
Je lève les yeux vers elle, surprise par son interruption. Elle fronce les sourcils et me fixe avec une expression mi- choquée, mi-inquiète.
— Ta bague ? demande-t-elle en appuyant sur mon annulaire droit dénudé. Elle est où ta bague ?
Son ton laisse transparaître son incompréhension.
Sauf que moi, je sens mes joues s'empourprer violemment.
Si quelqu'un est capable de remarquer chaque petit détail, c'est bien Cherry putain !
Je me souviens des mots de Callahan lorsqu'il a pris ma bague de chasteté : « Cette promesse n'appartient qu'à moi maintenant, zëmer. »
J'ai bien cherché « zëmer » sur internet, au début j'ai cru que j'avais mal noté, mais si je ne dis pas de bêtise, il m'a bien appelé « mon cœur » hier soir.
J'ouvre les lèvres pour dire quelque chose, mais aucun mot n'en sort si ce n'est des bafouillement incompréhensibles !
Mais, tout à coup, elle met ses mains devant sa bouche avec un petit son choqué qui lui échappe. Ses yeux se plissent et un sourire malicieux se dessine sournoisement sur ses lèvres.
J'ai même l'impression d'entendre les connexions que fait son cerveau.
Elle sait.
C'est mort pour faire semblant.
— Oh... commence-t-elle en souriant toujours plus.
— Cherry ce n'est pas ce que tu crois...
— Mon...
— En fait, ça ne s'est pas du tout passé comme ça.
— Dieu !
Prise de honte, je place ma paume devant ma bouche en pinçant mes lèvres :
— Dis-moi qu'il te l'a prise hier !? Je t'en supplie ! Exauce mes rêves, Cassiiiie !
Elle joint ses paumes suppliantes, et je bégaye, prise au dépourvu.
— Oui ou non ? s'empresse-t-elle de me demander en sautillant d'excitation.
— O-oui...
Cherry hurle je joie dans la fac, quelques regards se tournent vers nous, et je m'empresse de l'emmener plus loin pour fuir :
— S'il te plaît, ne dis rien à Lalita, s'il te plaît ... !
Cherry éclate de rire en sautillant de joie, comme si elle venait de découvrir le plus grand des secrets.
— Vous l'avez fait alors ? C'était comment ? J'veux tout savoir ! Ma babyyy avec monsieur Callahan en plus, ça a dû être quelque chose hein ! s'enthousiasme-t-elle.
— N-non ! Pas du tout ! On n'a rien... fais ! m'empressé-je de la corriger.
Au fond de moi, le mot "rien" me semble un peu exagéré...
C'est pas vraiment le mot que je devrais employer vu la tournure que les événements ont pris hier soir, notamment avec ce suçon que j'ai soigneusement caché sous mon écharpe et mon anti-cerne.
— Mais garde-le pour toi, hein ! Ne dis rien à personne ! OK ? ajouté-je en espérant qu'elle gardera ce secret.
Cherry, toujours dans son élan d'excitation me répond avec un clin d'œil complice :
— Moi vivante, je ne révélerais ja-mais ton petit secret à qui que ce soit ! Oh la la, petite coquine ! Je suis trop excitée ! Vous allez trop bien ensemble ! Je vois trop un mariage bohème ! Toi tu aimes bien les ambiances comme ça ! Par contre, tu nous mets à une table à côté de toi, hein ! Et si tu veux, ce week-end on pourrait aller au centre commercial pour voir la lingerie de mariée chez Victoria's Secret ?
Je ne peux m'empêcher de rire, malgré ma gêne. Le pire c'est qu'elle a l'air vraiment sérieuse.
— Mais tu racontes n'importe quoi, tu vas trop loin...
En nous dirigeant vers nos salles de classe, elle me dit :
— Je suis tellement impatiente du jour où tu vas arrêter de te voiler la face ! En tout cas, j'aurais été la première à l'avoir vu venir donc quand tu feras ton discours de mariée, je dois être le premier nom que tu cites, hein !?
Elle rayonne de joie pour moi comme si les choses étaient déjà faites, et j'avoue que je ne peux m'empêcher de rire.
Cherry a vraiment cette capacité de voir la vie sous un angle tellement optimiste et lumineux... Je l'admire pour ça parce qu'elle est tout le contraire de moi.
Et puis, comme si de rien était, elle se met à me parler d'une nouvelle boutique de donuts qui vient d'ouvrir et qu'on pourrait aller le tester plus tard avec les filles. Ça changera du Starbucks.
Nous nous installons en classe, en prenant nos places habituelles. Lalita arrive peu de temps après, elle nous salue d'une voix lasse avant de s'asseoir près de nous. Une minute plus tard, c'est Nelly qui arrive et tout de suite, elles se lancent dans une discussion à propos de la neige qui est tombée cette nuit.
Je les écoute, mais en réalité, mon esprit est un peu ailleurs.
Perdu entre les mots de ma mère...
Et cette promesse qu'il m'a prise hier...
Et que je n'ai pas non plus refusé de lui donner.
Avoue-le, Cassie...
Ça ne te dérange pas que ce soit lui qui possède cette promesse...
✤
— Pour la semaine prochaine, n'oubliez pas vos devoirs, nous précise monsieur Winslow. Les statistiques ne vont pas s'apprendre toutes seules.
La voix du prof résonne dans la salle de classe, mais tout le monde commence déjà à ranger leurs affaires dans leur sac avec des soupirs de soulagement. Les cahiers se ferment, les stylos sont jetés dans les trousses, et moi la première je m'empresse de me lever.
Nelly se lève en s'étirant avec une grimace, puis glisse son sac sur son épaule :
— C'est enfin c'est fini. J'en ai assez des chiffres pour aujourd'hui, mon Dieu !
Cherry, approuve d'un hochement de tête tout en rangeant son rouge à lèvres qu'elle avait sorti pour une retouche rapide avant la fin du cours, puis elle dit :
— Mon rêve là, c'est de rentrer, et d'aller faire un maximum de shopping en ligne sous ma couette. Je ne dormirais pas sans avoir dépensé mille livres minimum.
Lalita baille ouvertement, et murmure un « je suis K.O. »
Moi je souris faiblement face à leurs commentaires.
J'espère que ma mère ne sera pas à la maison quand je rentrerai. Moi aussi j'ai juste envie de me cloîtrer dans ma chambre.
Nous quittons la salle de classe toutes les quatre.
Dans l'ensemble... la journée s'est passée sans encombre, mais les mots cruels de ma mère me sont restés gravé dans la tête.
Mentalement, cette journée est un calvaire et je n'ai plus aucune énergie.
Derrière Lalita et Cherry, je marche les bras dessus, dessous, à côté de Nelly, qui est absorbée par les messages qu'elle envoie à sa mère.
En longeant les couloirs d'Oxford... j'avoue avoir une légère appréhension à l'idée de revoir Callahan.
Je me demande comment ça va être quand on va se revoir...
Nous sortons du campus, la neige qui recouvrait le sol ce matin est à présent altérée par la multitude de pas qui l'ont piétinée, c'est devenu une sorte de bouillie noire.
Seuls arbres et les bâtiments environnants ont gardé leur couche de neige intacte.
Il ne faut pas longtemps à mon cerveau pour repérer immédiatement Callahan, debout devant sa moto, son téléphone collé à l'oreille.
— Bon les filles on se voit demain, déclaré-je en les saluant d'un geste de la main.
— Attends mon amour !
Cherry, se précipite vers moi et me fait un gros bisou sur la joue. Un petit rire m'échappe et je sens la sensation collante de son gloss sur ma peau.
— Voilà parfait, déclare Cherry en regardant malicieusement ma joue.
— Rentre bien, me dit Nelly avec un sourire qui creuse sa fossette.
Lalita m'envoie un bisou dans les airs et on se sépare, et je m'approche de Callahan, mon cœur cogne d'appréhension et d'une sorte de... d'excitation ? Je n'en sais rien, mais son regard est rivé sur moi, scrutateur et protecteur à la fois.
Et ça ne me dérange pas...
Au contraire, je n'arrive pas à m'empêcher d'avoir un petit sourire timide.
Il a une nouvelle veste, une veste aviateur en cuir marron, avec un col épais molletonné beige.
Elle est vraiment très, très, sympa...
En m'approchant, je l'entends parler en albanais au téléphone.
Bien sûr... Il fallait qu'il parle dans sa langue...
Manquait plus qu'il m'achève avec ça...
Je me stoppe à une certaine distance de lui, mais il me fait un signe rapide de la main, pour m'inviter à venir plus près.
Je m'exécute, curieuse et un peu nerveuse.
Arrivée juste devant lui, je le vois retirer son gant en tirant le bout de ses dents. Et avec une douceur inattendue, la pulpe de son pouce presse la peau de ma joue pour essuyer la trace de rouge à lèvres laissée par Cherry.
— Jo, jo, nuk mundem të vij tani, dit-il d'une voix basse et calme. Do të vij më vonë, në darkë.
On dirait qu'il le fait exprès... Ou sa voix est vraiment naturellement aussi grave.
Mais mon calvaire n'est pas fini quand, naturellement, il pose sa main sur mon épaule, et la fait glisser jusqu'à ma nuque, tout en continuant de parler au téléphone. Mes sourcils se haussent légèrement de surprise. Son gant est toujours entre ses dents. J'entrouvre les lèvres en sentant mon ventre se serrer en réponse à son toucher.
Ses doigts commencent à jouer avec mes cheveux à l'arrière de ma nuque, il les caresse délicatement.
Une vague de chaleur monte en moi à mesure que son contact se fait de plus en plus intime.
Et tous ces gestes sont fait avec une telle normalité, comme si me toucher était devenu une routine évidente pour lui. Même en parlant au téléphone, il me semble totalement à l'aise, ce qui ne fait qu'accentuer mes sensations.
Il répète le mot "Babi", la sonorité me fait supposer que ça signifie certainement "papa" en albanais.
Je sens mes joues s'empourprer sous son toucher. Je le regarde hypnotisée, prise de frissons qui parcourent ma peau. Je respire profondément pour tenter de calmer les spasmes dans mon ventre, mais chaque contact de ses doigts caressant ma nuque et mes cheveux me fait perdre un peu plus le contrôle.
Ce n'est vraiment pas gagnée...
Hier il prend ma bague...
Aujourd'hui il me touche comme ça ?
J'ai dit à Cherry qu'il ne se passerait rien, putain, mais mon corps me hurle tout le contraire.
C'est interdit de céder quoi que ce soit Cassie.
Mon cœur bat à la chamade, je joue nerveusement avec le bout de mes moufles, pour tenter de dissimuler l'effet qu'il a sur moi. Je sens son odeur, et ça a le don de me faire encore pire que tout ce qu'il pourrait me dire ou faire...
Ne pense pas à ça... Cassie, tu ne peux pas manquer de contrôle comme ça.
Mon regard se perd autour de nous, mais après une minute ou deux, Callahan termine enfin son appel et raccroche.
Immédiatement, un large sourire sur ses lèvres. Je louche une seconde sur ses fossettes, et sa voix grave résonne :
— Microbe, lance-t-il en écartant un peu les bras, comme pour m'accueillir. Je suis tout à toi.
Malgré moi, un rire m'échappe en même temps qu'il a réussi à m'empourprer les joues.
Sa joie apparente à l'idée de me revoir me donne la sensation, que je suis importante... pour quelqu'un...
— Putain, tu m'as manqué ! poursuit-il avec une familiarité qui me surprend toujours autant. J'espère que t'as pensé à moi cette nuit ?
Il ajoute ça en en enfonçant mon casque sur ma tête, je lève les yeux au ciel mais je suis amusée par la remarque.
Néanmoins, la chaleur de mon corps décuple sous l'intensité de son regard malicieux et ses paroles directes.
— N-non. Pas du tout, je suis désolée, bafouillé-je.
Menteuse.
Je n'ai rêvé que de lui cette nuit.
Et les images que je me suis faite de lui s'apparentaient plus à des fantasmes qu'autre chose.
Il rit légèrement et me dit :
— Ah bon, t'es sûre de toi ?
— O-oui... Je suis sûre de moi.
Plus je mens, plus son sourire est large :
— T'as même pas dormi avec mes vestes ? D'ailleurs, j'ai un pull pour toi. Je te l'apporterais un de ces quatre.
Je me demande de quel pull il parle...
Mais je secoue rapidement la tête en revenant sur terre.
— Non-non, je n'en veux pas.
— Petite menteuse, dit-il avec un air amusé qui illumine son visage. Je sais que je t'obsède.
Il me fait un clin d'œil, augmentant mon embarras et termine de serrer mes sangles sous mon casque.
Mon ventre s'est serré encore plus fort. J'ai senti mes sourcils se froncer légèrement. Mais finalement, un souffle m'échappe en même temps que je ne lève les yeux au ciel :
— T'es vraiment un idiot... le taquiné-je.
Un petit rire s'échappe de lui puis,sournoisement, il baisse l'écharpe qui couvre mon cou. Et présente le suçon qu'il m'a fait la veille.
Il lèche son pouce et vient essuyer l'anti-cerne sur ma peau. Chaque pression de son doigt me provoque de lourds spasmes qui descendent jusque dans mes cuisses.
Son sourire espiègle grandit en voyant la marque qu'il a laissée.
Je me sens fondre, prise entre l'embarras et un sentiment étrange d'envie brûlante...
— Tu leur as raconté à tes petites copines ce que t'as fait hier soir, avec ton mari, seule dans ton lit ? me demande-t-il, un brin provocateur.
Je reste bouche bée, un petit cri de surprise m'échappe, et je regarde précipitamment autour de nous pour m'assurer que personne n'a entendu ça.
Je finis par lui donner une petite tape sur le ventre, ce qui le fait éclater de rire.
— Arrête ! T'es grave quand même ! Il n'y a rien à raconter ! protesté-je dans l'espoir que ça camouflera mon embarras.
Callahan rigole et pince affectueusement le bout de mon nez.
— Aïe ! m'écrié-je en fronçant les sourcils.
— Tu l'as mérité, parce que tu me mens, petite peste. Ah ! Et tiens, me dit-il en me tendant une barre de céréales.
Je baisse les yeux, frottant mon nez, et prends la barre qu'il me tend.
Je réalise à ce moment-là que je n'ai rien mangé de la journée.
Même si Lalita a insisté pour que je prenne quelque chose, je ne suis pas parvenue à faire entrer quoi que ce soit dans ma bouche.
— Tu en achètes tout le temps ? demandé-je en commençant à ouvrir le plastique.
Il prend son casque qu'il avait laissé sur son guidon, et monte sur sa moto, un sourire en coin. Puis il me répond d'une voix douce et taquine :
— Pourquoi, tu veux changer de goûter ?
Pas sûre de savoir ce qu'il mentionne exactement, j'incline un peu la tête, curieuse.
Et son regard voilé de chaleur se pose directement sur mes lèvres. C'est la deuxième fois que je le surprends à les fixer.
Je me sens embarrassée, mais je ne peux m'empêcher de faire de même. Je baisse moi aussi les yeux sur les siennes. Et ce jeu sensuel s'amorce pendant plusieurs longues secondes. Instinctivement, nos regards se croisent.
Mes paupières papillonnent légèrement, trahissant ce désir qui s'éveille en moi.
Un lourd silence chargé d'une intimité profonde s'installe.
L'attirance est indéniable.
Et, je crois, le pire c'est qu'on l'a compris tous les deux depuis hier.
Il me fait de l'effet, et il le sait.
Je crois que je lui fais de l'effet, il me l'a dit...
Je me sens légèrement embarrassée, mais je ne peux pas non plus m'empêcher de jouer...
En réalité, je crois que j'aime bien la façon dont il s'occupe de moi... dans ces petits gestes et attentions. J'ai toujours l'impression qu'il sent quand j'ai besoin de soutien.
Après ce moment de silence, c'est moi qui le brise en murmurant un :
— Non... je ne veux pas changer de goûter...
À mon tour... Je ne suis pas sûre de quel goûter je parle exactement...
Callahan arque lentement un sourcil et plisse légèrement les yeux, un sourire malicieux et discret se dessine sur son visage. Il enfonce son casque sur sa tête et je me rends compte pour la première fois que j'ai osé entrer dans son petit jeu de sous-entendu...
Et ce n'était pas aussi effrayant que je l'imaginais...
— Monte microbe, prononce-t-il d'une voix rauque en serrant les sangles sous son casque.
Je m'appuie sur son épaule et grimpe sur la moto, et à peine installée derrière lui, il me lance soudainement :
— Ah d'ailleurs, je dois t'emmener à la conférence de ta mère. C'est au même endroit que la dernière fois.
La nouvelle me frappe comme un coup de poing dans le ventre.
Je suis dépitée.
— On... on ne pourrait pas juste rentrer à la maison ? demandé-je d'une voix hésitante.
Ma voix est faible, presque un murmure. Je ne veux pas voir ma mère aujourd'hui...
Il se retourne légèrement vers moi, son regard est difficile à lire à travers la visière de son casque.
— Ah, microbe, dit-il dans un soupir perceptible dans sa voix comme s'il comprenait ma détresse. Ça ne tient pas qu'à moi. Ta mère m'a appelé tout à l'heure.
Je sens un pincement au cœur à ces mots.
Encore une fois, elle a appelé Callahan, pas moi.
C'est une énième piqûre de rappel qu'elle n'en a rien à foutre de moi, de ce que je veux, de comment je me sens.
Je ne veux pas y aller, je ne veux pas faire semblant devant ces caméras...
J'ai une sacrée envie de pleurer, mais je me retiens.
Il tapote ma cuisse dans un geste réconfortant, ce qui attire mon attention.
— Ça va ? me questionne-t-il sur un ton sérieux.
— Ouais... mentis-je. J'aurais juste préféré rentrer...
Je n'ai pas le vraiment le choix de toute façon.
Il baisse ma visière, et lentement, j'enroule mes bras autour de lui.
Intérieurement je crois que je cherche un peu de réconfort dans sa présence.
Je pose ma tête sur son dos, sa chaleur me fait du bien.
Les mots de ma mère sur mon père reviennent me hanter.
J'ai l'impression que cette douleur ne va jamais s'apaiser.
Callahan démarre sa moto, une larme s'échappe de mes yeux. Je laisse mes pensées se mêler au ronronnement du moteur.
Je me sens désemparée et seule, même en étant si proche de lui.
J'aimerais tellement pouvoir me libérer de tout ce poids, de cette douleur qui m'accompagne constamment.
La puissance de son engin nous éloigne de l'université, et chaque kilomètre me rapproche de mon enfer...
✤
Bonsoir bonsoir, bonsoir ! 🎃
Ça-va ? ☕️
IT'S TIIIME TO TAKE THE TEA : ☕️, je veux tout entendre, vos impressions, vos ressentis, vos théories, vos retours pour ce chapitre ? Dites-moi tout !
Euh... on est bien d'accord Casbaby... qui commence à entrer dans le jeu de Mr.Caine là...
(Ma fille d'amour elle a evoluéoh ! Elle n'est plus celle que je connaissais ! 😭🤚🏾)
(C'est pas un Margaret Show, mais plus un espace de discussion 💬)
D'ailleurs, ça me permet de rebondir : au chapitre dernier il y a eu quelques réactions dégoûtées du personnage de Cal, parce qu'il est entré dans son intimité pour savoir ce qu'elle avait fait avec son ex.
En fait je suis en train de me dire, je crois que je ne dépeint pas son personnage correctement parce que certaines ont une image de lui qui ne correspond absolument pas à la vision que j'ai de mon fils shqiptar... 🫠
Bon en soi si je dois faire une réécriture ça voudra dire que je vais devoir retravailler ces aspects pour que vous puissiez n'avoir aucun doute sur son personnage.
Alors : Callahan, (même si je ne vais pas mentir il garde quelques valeurs traditionnelles hein je vais pas faire semblant) il faut sachez que ce qui l'intéressait dans la virginité de Cassie, c'est cette bague rien d'autre 💀... Avant ça, il pensait déjà qu'elle était plus vierge. Carrément ça l'a surprit d'apprendre qu'effectivement elle n'avait jamais consommé.
Et du coup : ça répond à la question de : « t'aurais fait quoi si elle n'avait pas été vierge. » : Il aurait fait comme il l'a fait ses derniers chapitres : s'en battre les c*******. Je sais pas quand j'ai montré que Cal était un sorte de misogyne qui méprise les femmes, et je cherche encore dans mon texte le moment T ou Cal à fait comprendre que les femmes sont des tchoins et des cacas ? 💀
Quand il a su qu'elle avait fait des nudes, il pensait déjà à ce moment-là qu'elle l'avait déjà fait : et là son petit côté « jaloux » à repris le dessus, il s'est dit « putain Taylor de merde j'ai le seum, tu méritais pas ses fesses ! » Mais il s'est pas dit « Oh la petite catin elle est partie faire des galipettes avec un homme. »
Que quelqu'un trouve dans un texte le moment ou Cal reproche quoi que ce soit à Cassie sur sa sexualité 💀... svp... Il ne l'a jamais jugé et c'est pas un sujet sur laquelle il l'a jugera un jour.
Donc quand il lui a posé toute ses questions intrusives : c'était pour elle. En fait durant tout le texte, certaines vous vous êtes juste focalisées sur les questions trash de Callahan, mais pas ce que ça faisait ressentir à Cassie. Et si vous prenez le temps de vous focus sur ce qu'elle ressent, et pas tirer la conclusion que : Cal est un connard, vous pourrez constater l'évolution émotionnel de Cassie qui passe d'angoissée à l'idée d'en parler à rassuré de l'avoir fait.
Et maintenant elle se dit : « putain bah non en fait, non, je ne suis pas une salope, je lui ai dit que j'ai touché son zeizei et il ne me juge archi pas, mais trop bien ! »
Cal il a cerné Casbaby depuis ce soir à la gare, 🚉. Donc since chapter 00, il sait à qui il a à faire. (C'est d'ailleurs pour ça qu'il est aussi rentre dedans avec elle, sinon elle se unlocked pas, il l'a pousse tellement dans ses retranchements qu'avec lui elle a pas le choix d'être juste elle)
Le truc c'est qu'il a compris que Cas' elle a un peu cette « honte » vis à vis de sa sexualité. D'ailleurs au moment ou il s'immisce dans son intimité : Cassie n'est pas dérangée par ses questions indiscrètes, elle a juste peur du jugement. C'est pour ça qu'il lui dit tout de suite : je ne suis pas en train de te juger.
Pourquoi il s'est montré aussi intrusif, c'était pour lui montrer que : "écoute ma cocotte, qu'est-ce que t'as fait qu'on passe à autre chose et que t'arrêtes de te sentir comme une salope/d'être toujours autant sur la réserve." (C'est comme ça que Cassie se sentait et ça l'a rassuré de voir que après qu'elle lui ait avoué ce qu'elle a déjà fair avec Taylor : il n'y avait aucun jugement dans ses yeux) au final c'était encore plus libérateur qu'autre chose et il a grave dédramatiser ce qu'elle a fait pour lui montrer que : "Eh, regarde je ne vais pas te juger.". (Preuve : pour la première fous de sa vie : elle est enfin entré dans ce petit jeu avec Cal et elle n'a pas eu peur de le faire)
En fait, parfois je crois que je renvoie l'image de : « les hommes ont autorité sur les femmes, et les femmes sont des objets bonnes qu'à bz et cuisiner. »
Je vois pas d'autres explications quand je vois certaines réactions je me dis non mais Azra... les gens n'ont pas compris ton personnage là.
Moi je cherche le moment ou Cal lui a manqué de respect ? 🫡
Où il lui a fait comprendre : t'es une catin ?
Ou il lui a dit t'es qu'un trou pour moi ?
Je ne trouve pas...
Donc voilà... sachez que Ghost c'est un roman beaucoup plus psychologique. J'aborde des sujets qui me tiennent à cœur, peut-être poussé à l'extrême mais j'aimerais bien que vous preniez le temps à chaque fois de décortiquer la psychologie des personnages. Parce que derrière chaque actes, il y a un facteur psychologique.
Voilà, j'espère que c'est assez clair ! 🫡
Quoi qu'il en soit, it's Mariah Carey month deeeceembbeeerrr 🎄☃️🧣 !
J'attends juste que vous découvriez ce que je vous ai préparer pour les double C, OMG au revoir 🤭
Bon on se retrouve sur le Discord pour impatiente d'avoir vos théories 😋 ! (j'avoue que je ne suis plus trop active par manque de temps 😔🤚🏾)
BYE 🏍💨🪐 !
Stardust 🍓
𝚂𝚎𝚎 𝚢𝚘𝚞 𝚜𝚘𝚘𝚗 🕰...
xo, Azra. ✿
IG: azra.reed
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