𝟸𝟷. 𝙿𝚛𝚘𝚖𝚎𝚜𝚜𝚎𝚜.

(𝖣𝖾́𝗆𝖺𝗋𝗋𝖾𝗓 𝗅𝖺 𝗏𝗂𝖽𝖾𝗈 𝗉𝗈𝗎𝗋 𝗏𝗈𝗎𝗌 𝗉𝗅𝗈𝗇𝗀𝖾𝗓 𝖽𝖺𝗇𝗌 𝗅'𝖺𝗆𝖻𝗂𝖺𝗇𝖼𝖾)






"Je préfère marcher avec un ami dans l'obscurité, que seule dans la lumière."
Helen Keller








𝙰𝙲𝚃 𝟹.

🌰 𝚗 𝚘 𝚟 𝚎 𝚖 𝚋 𝚛 𝚎.






𝟤𝟣. 𝖯𝗋𝗈𝗆𝖾𝗌𝗌𝖾𝗌.









Cassie.





Callahan pousse la porte du restaurant albanais et me laisse entrer en passant devant lui.

Je suis aussitôt happée par l'atmosphère traditionnelle du lieu. Callahan referme la porte derrière lui, et une voix chaleureuse l'interpelle depuis la cuisine ouverte qui offre une vue sur les cuisiniers qui sont en train de faire flamber des grillades. :

— Callahan !?

J'ai plutôt entendu : « Tshallahan » mais je suppose que c'est l'accent albanais qui joue sur la prononciation de son nom.

Je regarde cet homme, vêtu de sa veste de chef blanche traditionnelle de cuisinier, qui s'essuie les mains avec un torchon de cuisine. Il fixe mon garde du corps avec un air aussi enchanté qu'étonné.

Le restaurateur se faufile dans sa cuisine pour en sortir, tandis que Callahan va à sa rencontre. Je fais quelques pas pour le suivre.

— Jorik, prononce joyeusement Callahan en tendant la main.

Le fameux Jorik arbore un large sourire et son accueil chaleureux se renforce lorsqu'ils s'échangent une poignée de main virile, et que leurs mains gauches se plaquent mutuellement contre leurs cœurs respectifs. Je remarque une chevalière portant le drapeau de l'Albanie sur la main de ce Jorik. Elle ressemble énormément à celle de Callahan.

Ils parlent albanais, Callahan, une main sur le bras de son interlocuteur, ne cache pas sa joie de discuter à ce restaurateur. À la nature de leur échange, je suppose donc qu'ils doivent très bien se connaître. Ils finissent même par se faire une accolade masculine.

Je me sens un peu rougir en le regardant parler sa langue.

En fait, je trouve sa voix beaucoup plus grave et rauque quand il la parle.

Je me mords l'intérieur de la bouche en regardant discrètement autour de moi.

La bonne odeur de pain, de grillade et d'herbes fraîches me prend les poumons. Mes yeux se perdent dans la salle. Je fuis un peu le regard des quelques clients qui sont déjà installés pour comptempler le décor. C'est très chaleureux et rustique. Les murs sont en bois et surtout ornés de décorations culturelles.

Des photographies historiques sur les murs, des coussins brodés sur les sièges, des drapeaux albanais...

Tout ça enveloppé dans un éclairage tamisé, le style est ancien et même si je ne connais rien de la culture albanaise, j'ai tout de suite cette sensation de la toucher du bout du doigt.

Je tourne enfin la tête en entendant la voix de Jorik parler en anglais :

— Et ça fait un bail que j'ai pas revu les garçons, Seiji, Neo, Wayne ? Qu'est-ce qu'ils deviennent ?

Une connexion se crée dans mon cerveau, je suis sûre et certaine que ce sont les amis de Callahan.

Je devine tout de suite à la sonorité japonaise que Seiji c'est Raven.

En me souvenant du surnom Winnie, je suppose donc que Wayne c'est Knight.

Et par déduction, il ne reste que Neo, qui doit être Blade.

Callahan avec un petit sourire en coin, rétorque sans lâcher la main de Jorik :

— C'est le taff, Jorik, ils ont plus le temps, qu'est-ce que tu veux que je te dise ?

Jorik laisse un rire franc lui échapper :

— T'en rates pas une pour être un petit insolent toi.

Callahan sourit à son tour, mais Jorik se tourne vers moi. Je sens mon visage devenir rouge et il prononce avec un mouvement de tête me désignant :

— T'es pas venu seul ?

Callahan, délie leur main. Et la seconde qui suit, il pose sa paume de façon presque possessive sur ma nuque. Un violent frisson descend dans mon ventre, je dois me faire violence pour m'assurer que mes émotions ne se dévoilent pas devant lui.

— Ouais... articule-t-il en baissant les yeux sur moi. C'est ma copine.

QUOI ?

Son assurance me sidère tellement qu'un petit son choqué m'échappe.

Mes yeux s'écarquillent, et je fixe Callahan, surprise et bouche bée.

Jorik éclate de rire :

— On dirait qu'elle n'a pas l'air d'être au courant, budall !

Callahan, rit et répliqué immédiatement :

— Oh, elle le sait très bien ! Mais tu sais comment c'est, ça prend du temps de réaliser à quel point c'est une chanceuse.

Il est malade !

Le rire de Jorik s'accompagne de celui de Callahan. Il lui pousse gentiment le bras avant de lui dire :

— A është shqiptare ?

— Jo, angleze, lui répond simplement Callahan en caressant doucement son pouce sur la peau de mon cou.

Je n'ai rien compris, et puis de toute façon, la sensation que j'ai ressentie dans mes jambes après son toucher m'a donné l'impression que mon cerveau n'était même plus connecté à la réalité.

Jorik lève les sourcils avant de laisser une expression d'acceptation sur son visage en me fixant toujours.

— Et comment elle s'appelle, la petite dame ?

Il s'adresse à toi, Cassie.

Je commence à stresser en cherchant mon prénom comme si je ne le connaissais pas mais avant même que je ne puisse formuler quoi que ce soit, Callahan intervient :

— T'as pas besoin de connaître son nom, Jorik, lui dit-il sur un ton légèrement taquin.

Malgré moi, je ne peux pas m'empêcher de souligner le sous-ton protecteur qu'il a employé en lui répondant... Et la pression accaparante qui s'est décuplée sur ma peau.

Pendant une seconde j'ai bien l'impression d'être son petit secret qu'il garde précieusement...

J'ai des frissons qui s'accumulent par vague le long de ma colonne vertébrale, et sa main chaude sur ma nuque n'arrange rien.

Ils échangent quelques mots en albanais, puis je sens une pression sur mon cou.

Callahan m'invite à suivre Jorik qui marche devant nous pour nous attribuer une table.

Vers le fond du restaurant, près de la fenêtre, un espace qui offre une vue sur la rue adjacente.

En m'installant, je constate que quelques gouttes de pluie commencent à glisser le long de la vitre. Le ciel est gris mais le restaurant réchauffe un peu l'ambiance.

Jorik nous laisse avec un petit panier de pain et les menus en nous signalant qu'il nous laisse regarder avant de s'éloigner.

Callahan ouvre ma carte devant moi et retourne nos verres retournés sur la table. Il verse de l'eau pour moi et pour lui.

Alors...

Les filles ?

Est-ce que je suis vraiment assise au restaurant avec Callahan ou je suis folle ?

Je tire machinalement sur les manches de mon pull. Soudainement je me sens embarrassée.

Une bouffée de chaleur éclate dans mon cœur.

Il m'a emmené au restaurant putain...

Je suis au restaurant avec Callahan, mon garde du corps.

Restaurant. Callahan. Cassie.

La dernière fois que j'étais au restaurant avec un homme, c'était avec mon père.

Et il m'a invité tellement naturellement que je ne m'en suis rendu compte qu'une fois assise sur cette chaise.

En levant les yeux sur lui, j'arrive à peine à soutenir son regard intense. Ses yeux me donnent toujours la sensation qu'il me transperce de l'intérieur et que je ne peux rien lui cacher.

Je commence à feuilleter la carte. C'est écrit dans sa langue. Je m'éclaircis la gorge pour briser le silence :

— Je ne suis pas ta copine, murmuré-je timidement en tournant la page de mon menu comme si je comprenais un mot d'albanais. 

Il me fixe alors, et un sourire s'élargit, creusant ces fossettes qui ont le don de me provoquer tout un tas de pensées qui ne devraient pas avoir lieu d'être.

— Ça ne saurait tarder, me dit-il, en prenant son verre avec un mélange de provocation et de promesses dans ses mots.

Putain, quelqu'un peut me dire ce qu'on est en train de faire ?

Parce que je suis com-plè-te-ment perdue.

Je suis incapable de déterminer si c'est juste de la provocation pour m'avoir dans son lit, ou une promesse parce qu'il me trouve vraiment jolie ?

Putain, Cassie, si tu dois te poser la question c'est qu'il ne veut rien de sérieux, ne soit pas bête.

— C'est n'importe quoi de me dire ça alors que tu ne le penses pas, rétorqué-je avec un ton de reproche.

— C'est moi qui t'ai dit que je ne le pensais pas ?

Je relève les yeux sur lui, il plante son regard profondément dans le mien.

La vitesse de mes palpitations cardiaques atteint mes joues. Je m'enflamme, et j'ai l'impression que tout le restaurant disparaît pendant qu'il m'accapare de ses iris océan.

— Non mais... c'est la vérité... balbutié-je en tournant le menu.

— Un mot, et je suis tout à toi ma préférée adorée, me lance-t-il avec un sacré sourire taquin qui me laisse presque entrevoir sa langue.

Putain...

Quel enfoiré.

Et pourquoi j'ai aussi chaud mon Dieu...

Je ne sais pas comment ce type réfléchit, mais sa répartie et son jeu m'effraient pour être honnête. Je suis sûre qu'avec ses phrases bateaux il doit avoir toutes les filles un peu naïves qui se laissent avoir par son charme.

Tu sais très bien qu'il joue Cassie.

Ne sois pas dupe, et tu sais très bien qu'il te « drague » pour une seule chose que tu ne lui donneras certainement pas.

— T'es un véritable malade... l'accusé-je incertaine en buvant une gorgée d'eau. 

— Oui. J'ai la maladie, miss Bennett. J'irais mieux quand tu me guériras avec tes fesses sur mon visage.

L'eau dans ma gorge prend le mauvais chemin, je m'étouffe en buvant et une violente quinte de toux me prend. Il éclate de rire au point ou au final, son enthousiasme me gagne moi aussi, et je me suis mise à ricaner en pleurant à cause de mon étouffement. Mais en même temps que je ne ris, je place ma main devant ma bouche pour essayer de calmer.

— Pfff ! S-sale con-nard ! soufflé-je en posant mon verre sur la table.

Il porte son poing fermé devant sa bouche en continuant à rire doucement. Ses yeux sont tellement plissés que je les vois à peine.

Putain, ses cils sont longs.

— Më fal, articule-t-il toujours avec ce grand sourire et d'un geste de la main.

Je ne sais pas ce que ça veut dire, mais je ne le demande pas parce que non seulement je crois qu'il s'est excusé, et en plus, j'essaye encore de m'en sortir de mon étouffement.

En même temps je balaye la pièce des yeux pour m'assurer que personne ne nous a entendus.

Heureusement, notre table est un peu isolée.

Au bout de quelques minutes, nous nous calmons tous les deux. J'essuie mes larmes causées par mon étouffement et prends cette carte écrite 100% en albanais :

— Choisis ce que tu veux, me dit Callahan.

Je crois qu'il oublie parfois que je ne suis pas albanaise. Je suis perdue.

— J'ai... en fait j'ai pas trop faim, murmuré-je en glissant mes doigts dans mes cheveux dans un geste nerveux.

Callahan baisse les yeux un instant sur mes cheveux, et à la façon intense de les fixer, je me demande ce à quoi il pense en les regardant.

— T'as pas faim ? me questionne-t-il pas très convaincu en prenant ma carte et en la fermant sur la sienne.

C'est partiellement la vérité, en réalité je suis trop gênée de manger devant lui, et puis je suis angoissée à cette idée au point ou ça me coupe l'appétit.

Je hoche la tête en pensant m'en sortir comme ça.

— Je prendrais du pasul pour toi, c'est pas trop lourd, décide-t-il pour moi.

C'est vraiment mal connaître Callahan.

— Jorik ! appelle-t-il d'une voix forte avec cet accent albanais qui rend tout plus beau.

Je baisse les yeux en me sentant rougir comme à chaque fois que son timbre de voix grave me donne l'impression de remplir tout l'espace autour de nous.

Son ami s'approche de nous en articulant quelque chose à Callahan ce à quoi il répond : « Po ».

Jorik pose sa main sur le rebord de ma chaise. Callahan commande en albanais alors je reste un peu spectatrice, et cette fois-ci, je ne peux pas m'empêcher de le fixer.

Il a des yeux profonds et ils me paraissent toujours... pensifs ? C'est assez difficile à exprimer... mais son regard tombant est très intense, et pénétrant.

J'ai l'impression que le fait que ses sourcils soient si définis et noirs accentue encore plus cette expression forte qui se dégage de lui. Je trouve ses lèvres pleines et dans l'ensemble, ce qu'il renvoie est très masculin et ça a tendance à capter immédiatement mon attention. 

Fais chier.

T'as détaillé tout son visage là...

Jorik tape doucement contre le rebord de ma chaise en prononçant un : « ça marche ! » et il s'éloigne de notre table. Callahan retire sa veste en cuir, et d'un haussement de menton il me commande :

— Enlève ta veste.

Je hoche la tête en suivant son exemple, j'enlève mon manteau moi aussi pour le poser sur le dossier de ma chaise.

Je glisse un index dans le col de mon pull, et détourne le regard en sentant ses yeux bleus dériver sur mon buste.

Je me sens totalement déstabilisée par sa présence.

Mais, d'un coup, Callahan lève le bras, comme pour interpeller quelqu'un. Je n'ai pas le temps de me retourner que je sursaute au son d'une chaise qui est raclée le sol.

La tête blonde de Blade, enfin... Neo, m'apparaît, il s'assoit sur la chaise qu'il a retournée pour poser les bras sur les rebords.

Mais qu'est-ce qu'il fait là ?

C'est son ami, Cassie.

— Ça-va noisette, me demande-t-il en piochant dans le panier pour prendre un bout de pain. Putain pourquoi t'es parti aussi loin, toi ?

Callahan tend simplement la main sans répondre, et Neo fouille dans sa poche en mâchant le bout de pain, il me lance un regard complice et me dit en continuant de fouiller dans sa poche.

— T'inquiète, tu vas voir, tu vas aimer la bouffe albanaise, parole de scout !

— Ça vient, s'impatiente Callahan.

— Rooh ! T'es trop capricieux ! répond Neo en fouillant sa poche.

— T'as géré ce que je t'avais demandé ?

— Ouais, t'inquiète.

Neo sort enfin quelque chose de sa poche, je n'ai pas le temps de voir ce que c'est car Callahan ferme le poing et enfonce l'objet dans sa poche.

— Par contre, poursuit Neo. Je suis obligé de voir avec toi, tu sais pour le financement. Enfin bref, on en parle après.

Je sens un sérieux dans sa voix, et aussi dans les traits de visage de Callahan. Je comprends vite qu'ils ne vont pas éterniser la discussion devant moi.

— Ouais, se contente de répliquer Callahan.

Neo reste silencieux un moment. En mâchant et en clignant des yeux, il fixe mon garde du corps avec un visage neutre. Callahan commence déjà à avoir un petit sourire en coin et là Neo lui dit :

— Comment ça « ouais », tu m'invites pas à me joindre à vous ?

Je pince mes lèvres parce que tout ce que Neo dit à toujours ce sous ton drôle. Et Callahan laisse un petit rire bref lui échapper.

— Allez, casse-toi de là, lui répond-il sur un ton aussi espiègle qu'affectueux.

Et Neo ne se laisse pas abattre aussi facilement. En dévorant son pain, il tape faussement contre le rebord de sa chaise :

— Mais c'est quoi ce délire !? C'est un dîner en amoureux, c'est ça ?

Ma paume cache ma bouche, je glisse sur ma chaise pour m'enfoncer dessus dans l'espoir de disparaître et cacher la rougeur qui accapare mes joues :

— C'est exactement ça, aller barre-toi sale goinfre, confirme Callahan avec un sourire en coin.

Send help !

Neo, pas du tout choqué, pointe Callahan du doigt en mastiquant son pain.

— Ma foi ! Je vais parler de ton comportement à ton grand-père, en tout cas !

Callahan secoue la tête, amusé :

— Oui, oui, allez, tu me fais chier là.

Neo se tourne alors vers moi avec un clin regard complice, il m'offre un grand sourire et me dit :

— Quoi qu'il en soit, mademoiselle, ne te laisse pas intimider par ce tas de muscles. C'est l'homme le plus doux que la terre n'ait jamais porté. Après Knight, bien sûr, personne ne le surpasse.

Je rougis avec un sourire timide tout en hochant la tête, pas sûre que ce soit la bonne chose à faire. Je finis par la secouer.

Putain je fais n'importe quoi.

— Bon, sur ce, j'y retourne l'homme de ma vie, lance Neo en se levant.

Je lève les sourcils. Je ne m'y attendais pas vraiment, même si en réalité j'ai bien compris que c'est la personnalité de Neo.

Callahan lui répond sur un ton un peu plus sérieux :

— Et envoie un message à Knight sur ce que tu m'as dit.

— C'est déjà fait, mon amour, répond Neo en rangeant la chaise. Aller bisous, noisette !

Neo me dit au revoir d'un geste de la main, je fais de même plus discrètement.

Il quitte le restaurant. Sa BMW était garée sur le trottoir sur laquelle on a vue.

À travers la fenêtre, il nous salue de la main et envoie un tas de baisers à Callahan qui lui répond par deux doigts d'honneur. Je ris doucement, encore une fois surprise par leur complicité et leur façon de se comporter.

En regardant Callahan sourire doucement en secouant légèrement la tête, j'entrevois un petit bout de sa personne...

Sans me contrôler, je murmure en tirant les manches de mon pull :

— Tu es... très proche de lui ?

Callahan s'étire un peu sur son siège en plaquant ses paumes sur son torse, avant de lisser son pull de ses mains.

J'avoue que j'ai regardé le chemin de ses doigts entourés de bagues glisser...

— C'est comme mon petit frère, répond-il sincèrement.

Je hoche la tête.

Je comprends, c'est comme moi avec Nelly, Cherry et Lalita. Ce sont mes sœurs à moi aussi. 

Je sens mon téléphone vibrer plusieurs fois dans mon sac, je me penche pour le prendre. Et constate que ce sont des messages des filles :

« Cherry Waldorf : demain on met toutes des culottes rouges les filles. »

« Lalita from Euphoria : Idiota. »

« Nelly The Witch : pour quoi faire ? »

Je pince mes lèvres en me retenir de rire et pose mon téléphone sur le coin de la table en décidant que j'allais répondre plus tard :

— Désolée, c'est mes copines, me justifié-je comme s'il m'avait demandé quelque chose.

Il acquiesce et j'ai une nouvelle question qui me brûle les lèvres.

Je ne sais pas pourquoi je pense qu'il pourrait y répondre mais je me lance quand même :

— Si-

Je suis interrompue par l'arrivée d'un serveur.

Callahan lève la tête vers le jeune homme qui s'est présenté à notre table avec une carafe d'eau et un petit panier de pain en galette :

— Ah pardon, je pensais que vous aviez plus d'eau, s'excuse-t-il.

— Si je, Gjallim ? articule Callahan en prenant le panier de pain en galette et en lui remettant l'ancien panier de pain classique.

Le jeune lui répond en albanais avec un respect dans la voix. J'ai presque l'impression qu'il est même en admiration devant Callahan. Je ne comprends rien à leur discussion mais finalement mon garde du corps lui répond :

— Une prochaine fois, promet Callahan avec un sourire bienveillant.

Une chaleur s'est propagée dans mon corps face à ce sourire.

Calme-toi, Cassie il a juste souri gentiment à un petit, purée...

Après avoir rempli nos verres, Gjallim nous salue et s'éloigne.

— Si quoi, m'interpelle la voix grave de Callahan.

J'ai l'impression qu'il n'attendait que de me poser la question. Je sens mon cœur battre un peu plus fort, tandis qu'il prend une galette, et la coupe en deux pour m'offrir la moitié.

Maintenant que j'ai été coupé dans mon élan, j'hésite à parler...

Est-ce que je devrais vraiment lui poser cette question ?

Est-ce qu'il est la bonne personne à qui me confier déjà... ?

Je prends une gorgée d'eau fraîche, et je ne sais plus vraiment où me mettre pendant que Callahan me fixe. Je sens sa curiosité être piquée à vif.

Je sens les précipitations de mon cœur face à un petit sentiment de stresse qui m'accapare en prenant la décision de lâcher enfin :

— Si tu te doutes de quelque chose sur quelqu'un, mais tu n'es pas sûre que ce soit vrai ou pas... qu'est-ce que tu ferais ?

Il ne perd pas un instant.

— Tu doutes de quoi ?

Je suis prise au dépourvue. Ce n'était pas cette réponse que j'attendais et là j'ai la sensation d'être mise à nue devant lui.

— Non... bafouillé-je. Je n'ai pas dit que moi je doutais. C'est une question générale...

— Tu doutes de quoi, microbe ? répète-t-il sur un ton plus que convaincu que je cache quelque chose.

Il n'est vraiment pas dupe. Et je me fais la réflexion qu'il doit probablement voir tous mes mensonges là...

Putain.

Il faut que je me souvienne de tous les mensonges que je lui ai dits parce qu'il doit déjà savoir que je n'ai pas toujours été très honnête.

Fais chier !

Déjà rouge, je m'amuse maladroitement à faire de petites nattes. Je les défais presque instantanément et recommence.

Je le sens observer mes mains de temps à autre. Il prend une profonde inspiration et boit de l'eau.

Bon... puisque ça ne sert à rien de lui cacher quoi que ce soit, et qu'il a un truc pour lire en moi sans que je n'aie rien besoin de faire, je rassemble mon courage et lui demande :

— Alors... imagine que... tu crois que quelqu'un a une relation avec quelqu'un d'autre ?

Il croise les bras sur son torse et attend que je continue. Moi je lutte pour trouver mes mots, et lui me fixe avec une intensité qui transcende de l'intérieur.

Putain je ne peux même pas essayer d'esquiver un peu, il sait très bien que ma question va plus loin que ça.

Je me sens désespérée sous ses yeux. Je ne serais même pas en mesure de l'expliquer, mais il me fait me sentir comme si son regard pouvait envelopper mon être tout entier.

À chaque fois qu'il me parle ou qu'il me regarde, c'est comme s'il créait une bulle d'intimité où j'ai le droit d'être vulnérable parce qu'il me protège.

C'est le sentiment qu'il me fait ressentir.

Et je ne sais pas si j'aime ou je déteste ça.

Je m'éclaircis la voix et jette mes cheveux en arrière et tire mes manches sur mes mains, finalement je continue :

— Euh... ce que j'essaye de dire... c'est si tu... doutais qu'un de tes amis, ait une relation avec un... euh... prof ?

Les mots sont enfin sortis, mais c'est sa réponse qui m'étonne :

— Je lui demande si c'est un bon coup ou pas.

Je regarde Callahan blasée et légèrement agacée.

Mais son petit rire efface mon irritation :

— Je te taquine, microbe. C'est laquelle, Nelly ou Cherry ?

Prise de court. Je sens mes joues s'enflammer en un claquement de doigts. J'ai l'horrible impression de trahir la confiance de mes amies en parlant de ça.

— J'ai-J'ai jamais dit que c'était mes cop-

— Je penche pour Cherry, mais confirme-moi quand même c'est laquelle des deux ? insiste-t-il.

— Aucune... ! murmuré-je en sentant bien c'est mon dernier mensonge s'il insiste encore.

— Je ne le dirai à personne si c'est ce qui t'inquiète, elle ne saura jamais que je le sais, me rassure-t-il.

Ses mots ajoutent un peu à mon stress.

Je suis désolée Cherry...

Mais au même moment, Jorik arrive avec nos plats.

— Et voilà ! s'exclame-t-il en déposant nos plats devant nous.

Il me pose le plat que Callahan a choisi pour moi, il me semble qu'il a dit que ça s'appelait : pasul. C'est une sorte de soupe avec des haricots blancs et des morceaux de viande. L'odeur est vraiment alléchante, et j'avoue que ça m'a ouvert l'appétit.

Jorik nous souhaite un bon appétit et repart tout aussi rapidement à une table plus loin.

Je regarde le plat de Callahan, je ne sais pas ce qu'il a pris mais ça m'a l'air tout aussi appétissant. C'est un plat copieux avec des morceaux de viande dans une sauce épaisse, accompagnée de légumes coupés en dés, comme des carottes et des pommes de terre.

— Tu veux goûter ?

Sa voix basse me fait relever les yeux sur lui — je sens mes joues se colorer encore de rouge — je secoue timidement la tête pour refuser.

Callahan saisit un bout de son pain, il le trempe dans la sauce, prend un morceau de viande et tend la main vers moi.

— N-non, je ne voulais pas-

— Goûte seulement, microbe, insiste-t-il doucement avec un sourire amusé.

Je me sens un peu intimidée, mais sur le coup je n'ai pas réussi à dire non.

Je n'en avais aucune envie en réalité, je voulais vraiment goûter.

Je ne sais quand ni comment il a réussi à me mettre un peu plus à l'aise mais avec moins de gêne que j'aurais pensée, je tends la main à mon tour et saisit le bout de pain qu'il tient entre ses doigts.

Le simple contacte de nos peaux me donne immédiatement des frissons. Je sens mon sang affluer encore plus fort.

Finalement, je me décide à goûter et porte la portion à mes lèvres.

Un petit sourire tire mes lèvres alors que je mange son plat. La saveur est incroyable, c'est tellement bon.

Je le regarde en hochant lentement la tête, et lui aussi à un grand sourire qui enfonce ses fossettes dans ses joues, comme si savoir que j'ai aimé lui faisait plaisir.

— Ça va t'aime bien ? me demande-t-il avec son sourire amusé aux lèvres.

Je baisse les yeux en première avec un sentiment réconfortant dans le cœur qui me paraît impossible à décrire.

— Oui, c'est très bon, murmuré-je timidement sans enlever le sourire que j'ai sur les lèvres non plus.

Putain, qu'est-ce qui est en train de se passer.

J'ai des frissons jusqu'à ma...

C'est de la tort-ture.

— Ça, ça s'appelle du goulash, m'explique-t-il en commençant à manger. 

Je hoche la tête en retenant le nom et je prends ma cuillère, en me sentant un peu plus à l'aise à l'idée de manger devant lui.

— Et... t-toi tu veux goûter mon plat, balbutié-je en rougissant.

Callahan émet un petit rire doux, et répond avec légèreté :

— Mange, microbe, je connais.

Je ris doucement à sa réponse en acquiesçant. 

Bien sûr qu'il connaît.

Est-ce que ça serait horrible d'avouer... que je me sens incroyablement bien ?

Je goûte ma soupe. Et encore une fois les saveurs sont comme un paradis dans ma bouche.

— Dis-moi, articule-t-il en mangeant, ce qui me sort de ma dégustation. C'est laquelle de tes copines ?

Je fais directement le lien avec la conversation qu'on avait tout à l'heure.

Je disais donc, que je suis vraiment, vraiment, désolée Cherry...

— C'est ma copine... Cherry... mais je ne dis pas que c'est vrai.

— Tu veux que je cherche pour toi ? propose-t-il en me fixant et en prenant un nouveau bout de pain.

Je secoue la tête :

— Non, je-... Je ne veux pas l'accuser... je ne sais pas, si ça se trouve je raconte n'importe quoi.

— Demande-lui, suggère-t-il simplement.

— Nelly lui a demandé, elle a dit que non, il ne se passait rien entre elle et le prof.

— C'est qui le prof ?

— Euh... bégayé-je en sentant les palpitations de mon cœur s'accélérer, mais j'en ai déjà trop dit. Il s'appelle monsieur McMiller.

— OK, et tu la crois ?

Je hausse les épaules, incertaine.

— Je ne sais pas... Elle voulait vraiment qu'on la croie... Et je ne veux pas mettre en doute sa parole, murmuré-je en prenant une autre gorgée de ma soupe.

— Écoute, si t'as des doutes, il faut que tu te fies à ton instinct. Ne te laisse pas aveugler par des promesses, même venant d'une amie. Parfois, mieux vaut creuser un peu plus, même si c'est difficile pour toi.

Je suis légèrement secouée par sa réponse franche et sans détour.

À mes yeux, l'idée de douter de mes amies ne m'a jamais ne serait-ce que frôlé l'esprit. Sur le coup, ça me choque un peu, et avec un petit temps de réflexion, je me dis que peut-être il a raison.

Je me sens vraiment coupable de douter de Cherry...

— Je ne veux pas la blesser, avoué-je un peu triste en faisant stagner ma cuillère dans ma soupe.

Callahan incline légèrement la tête pour me regarder, mais il poursuit toujours sur ce ton catégorique :

— Parfois, c'est inévitable, affirme-t-il avec conviction en mangeant un morceau de viande. On ne peut pas toujours essayer de marcher sur des œufs. Si tu veux vraiment l'aider, il faudra que tu fonces dans le tas, microbe.

Ses mots résonnent en moi. Honnêtement, je les prends un peu à la lettre et puis j'ai l'impression qu'ils éclairent un peu les doutes que je taisais au fond de moi.

Je suis effrayée par mes pensées... parce que mon doute se dissipe, et je crois vraiment que Cherry nous ment...

J'espère que mon intuition me trompe...

Mais il a raison... Il faut que je m'écoute davantage et que je donne plus de poids à mon intuition.

— Et comment je peux faire pour l'aider ? lui demandé-je en le regardant.

J'avale une portion de ma soupe, la chaleur du pasul me fait du bien.

En réalité, je ne suis même pas sûre de ce qui me place dans ce sentiment de confort.

Je me sens un peu coupable de lui avoir tout avoué, mais d'un côté, un sentiment de soulagement me prend.

Je ne regrette pas... Ça m'a fait du bien de lui confier « ce secret lourd » qui pesait sur mon cœur.

Je mâche mes pensées avec ma nourriture, et Callahan me répond :

— Redemande-lui, ne bégaye pas. Et insiste, jusqu'à ce qu'elle craque.

Ses mots sont tellement simples mais me paraissent si vrais. Pendant une seconde j'ai envie de lui demander de le faire pour moi. J'ai l'impression qu'il découvrirait la vérité en un claquement de doigts.

— Mais si c'est faux... ça serait trop injuste de lui faire ça, murmuré-je les yeux fixés sur mon plat.

— Si c'est vrai, tu lui sauves la vie, à toi de voir, rétorque-t-il avec une logique qui me fait fermer ma bouche.

Sa réponse me laisse sans voix.

Il a raison, bien sûr... et la gravité de la situation — si elle est vraie — me fait frissonner.

Ça expliquerait même pourquoi monsieur McMiller avait l'air aussi en colère contre notre groupe mardi dernier...

Un sentiment d'angoisse émerge et me donne un léger mal de ventre.

Je lève les yeux sur Callahan qui me regardait déjà et lui dit :

— Tu ne le dis à personne, hein... ? lui demandé-je sans le lâcher du regard.

Il hoche la tête lentement, et je peux presque lire la promesse qu'il me fait dans ses yeux.

Je sais qu'il ne le dira à personne.

Mon visage doit trahir le soulagement que je ressens.

Je le crois.

— C'est bon, alors ? change-t-il de sujet en désignant mon plat d'un haussement de menton.

Ma cuillère dans ma bouche je hoche rapidement la tête avec un petit sourire.

Il prend une galette de pain dans le panier et me le tend :

— Haje me bukë, prononce-t-il avec un sourire en coin. C'est meilleur comme ça.

Sa voix quand il parle sa langue peut probablement me tuer sur place.

Elle va m'achever.

Je lève les yeux en me rendant compte que je viens de passer plusieurs secondes à fixer ses lèvres.

Merde. Merde. Merde !

Arrête de parler albanais par pitié !

Je m'éclaircis la voix en revenant sur terre. 

Je ne parle pas un mot d'albanais, mais par déduction, je conclus qu'il me suggère de manger avec la galette parce que c'est meilleur avec.

La proposition me fait rougir. J'acquiesce d'un hochement de tête et je prends le bout de pain qu'il me tend, et en coupe un morceau.

Je dois reconnaître que l'idée qu'il m'initie un peu à sa culture me touche énormément. Je trempe mon pain dans ma soupe sous son regard.

J'ai l'impression que mes doigts tremblent, mais soudain, il prononce d'une voix basse.

— Të pëlqen kur flas shqip.

Mon cœur cogne violemment contre ma cage thoracique, je relève les yeux sur lui mais détourne vite le regard en devenant encore plus rouge face au petit sourire séducteur en coin qu'il a sur les lèvres.

Je finis par baisser les yeux sur mon plat, incapables de soutenir son regard, ma cuillère fait des ronds dans les derniers restes de ma soupe.

J'ai l'impression d'atteindre les mille degrés.

C'est de la torture de l'entendre parler sa langue.

Je n'aurais jamais pensé un jour me sentir obligé de croiser les jambes sous la table en entendant quelqu'un — Callahan — parler albanais.

— Ça... c'est-enfin... Qu'est-ce que... ça veut dire quoi ? bafouillé-je en essayant de combler le silence et son regard que je sens sur moi.

Il rit. En prenant la carafe d'eau pour remplir nos verres.

Je prends rapidement le mien, et il fait de même mais de façon plus détendue.

— Rien, mange, microbe, prononce-t-il sur un ton doux avec un petit sourire.

J'allais répondre.

Mais l'écran de mon téléphone s'illumine brusquement.

« +44... : Ça faisait longtemps. Tu m'as beaucoup manqué, Cassie. »

Mon sang se glace.

Ça faisait plusieurs semaines... que je n'avais plus eu de nouvelle.

Je me sens défaillir tout d'un coup. Une peur écrasante me parcourt, et je sens mon ventre se noue d'angoisse et les tambourinements de mon cœur résonnent jusque dans ma gorge. 

J'ai l'impression d'être dans un film quand lentement, je lève les yeux vers Callahan. Son regard sérieux est déjà planté sur moi, et je sens mon sang quitter mon visage.

Je sens mes lèvres s'entrouvrir, je tente de parler pour essayer de détourner l'attention, mais ma voix est étranglée par la peur et se coince dans ma gorge.

Callahan, lui, change instantanément d'expression. Ses sourcils se froncent, son regard devient plus dur et plus perçant.

Il sent que quelque chose ne va pas et je vois sous mes yeux qu'il passe en mode protecteur. Il mange avant de me dire :

— Qu'est-ce qu'il y a ?

— R-rien... rien...

— Tu ne réponds pas ? me questionne-t-il en désignant mon téléphone d'un haussement de menton et sur un ton grave et suspicieux.

Je secoue la tête, mes doigts jouent nerveusement avec ma cuillère dans mon assiette.

Mon appétit s'est complètement envolé et je ressens maintenant qu'une anxiété qui alourdit mon ventre.

— Et pourquoi ça ?

Sa voix monte légèrement d'un ton. Et je sens un agacement de sa part, ça me fait angoisser encore plus.

Je panique intérieurement.

— Je vais répondre... a-après, dis-je finalement en espérant qu'il laisse tomber.

— Pourquoi, c'est qui ?

Il boit de l'eau, son dos se redresse, et d'un coup il me paraît beaucoup plus imposant, presque menaçant.

Ses changements de ton et d'attitude me prennent au dépourvu. Je commence à avoir une boule dans la gorge, j'ai envie de pleurer.

Je touche mon téléphone et j'essaye de le retourner discrètement, mais Callahan suit chacun de mes mouvements.

C'est encore plus suspect ce que je viens de faire, putain !

Quelle idée de tourner mon téléphone devant ses yeux !

Je n'aurais jamais dû le laisser sur la table...

— Réponds à ton message, ordonne-t-il très sérieusement et sur un ton direct.

Son regard est intense, scrutateur. Honnêtement, je sens une petite peur me prendre l'estomac face à cette colère qui émerge de lui.

— Je... je vais répondre après !

J'essaye de paraître ferme, mais ma voix tremble et face à lui je me sens un peu intimidée.

Callahan tend la main pour saisir mon téléphone, mais je réagis rapidement en le prenant avant lui et en le cachant entre mes cuisses.

Il fronce encore plus les sourcils, son dos s'appuie contre le dossier de sa chaise, il laisse tomber sa cuillère qui claque contre la céramique de son assiette.

Son regard pèse lourdement sur moi. J'ai le cœur qui bat à mille à l'heure et je sens sa colère bouillir, mon propre stress monte en flèche.

J'ai horreur qu'on soit en colère contre moi, et là, face à celle de Callahan, je me sens impuissante.

Je ne sais pas quoi faire pour gérer ça.

J'ai vraiment envie de pleurer.

Je deviens encore plus rouge, entrouvre les lèvres pour essayer de me justifier, mais je suis tellement troublée que rien ne sort. Mon regard reste dans le sien, quelques secondes avant que je ne le détourne, puis je le regarde de nouveau. Et je répète l'opération sans arrêt.

Le bruit de la pluie battante contre les fenêtres se décuple d'un coup.

— C'est quoi ce délire ? s'exclame finalement Callahan d'une voix plus forte.

Un couple à une table voisine commence à nous regarder, attiré par son ton.

Mon cœur bat la chamade, paniqué à l'idée d'attirer encore plus l'attention.

— S'il te plaît, ne crie pas... balbutié-je en regardant autour de moi, tout en sentant les larmes monter.

Mais Callahan à l'air de vraiment s'en foutre d'être le centre de l'attention :

— Je crie si j'en ai envie. Tu me fais quoi là ?

— M-mais pourquoi t'es fâché contre moi ? Je ne comprends pas, chuchoté-je d'une voix tremblante.

— Crois-moi, t'as vraiment pas envie de me voir vraiment en colère. Je t'ai demandé, c'est quoi ce délire ?

Ses sourcils sont tellement froncés qu'ils jettent une ombre sombre sur ses yeux bleus qui semblent devenir noirs.

— S'il te plaît, arrête, Callahan...

Il me fixe intensément. Je me sens complètement dépassée, mon stress et mon malaise atteignent un point de non-retour. Je sens mes yeux commencer à me piquer des larmes que je tente de retenir.

— Donne ton téléphone pour voir, m'ordonne-t-il en se penchant vers moi et en ouvrant sa main dans un geste qui m'exige de lui donner.

— Mais ça va pas ? Non !

— Ne me fais pas partir en couille ici, par pitié !

Il passe nerveusement une main sur son visage, je sens toute sa nervosité.

Je suis désemparée.

— Je ne comprends même pas pourquoi tu t'énerves ! Je n'ai pas à te montrer mon téléphone !

— T'es en train de te foutre de ma gueule et j'veux savoir avec quel enculé tu parles ! s'énerve-t-il encore plus.

C'est trop pour moi.

— C'est complètement absurde ! T'es injuste là ! rétorqué-je avec mes larmes qui menacent vraiment de couler.

— OK. Lève-toi, dit-il sèchement ce qui me glace sur place.

Il se lève sans attendre et prend sa veste. Sa chaise racle si bruyamment le sol que je me sens honteuse en ayant l'impression que tout le monde nous regarde.

Sans un mot, je saisis mon sac par terre.

Mon cœur se serre, ma gorge est nouée.

Je me fais violence pour ne pas pleurer devant tout le monde.

La pluie qui s'intensifie à l'extérieur et j'ai même l'impression qu'elle suit l'évolution de nos propres colères mutuelles.

Je sens un pique d'humiliation mêlée à une sourde colère s'emparer de moi.

Callahan lance à Jorik, d'une voix forte qui traverse le restaurant :

— Jorik, j'te laisse l'addition !

Il jette des billets sur la table.

Jorik, surpris, s'exclame :

— Quoi !? Tu pars déjà. J'ai même pas eu le temps de te servir le çaj !

— Une prochaine fois, répond froidement Callahan, visiblement énervé. Lève-toi, dépêche-toi, m'ordonne-t-il sèchement.

Je m'exécute et le suis en essayant de contenir mes larmes, mon cœur est tellement serré. À peine à t-il ouvert la porte, que dehors, il pleut à torrents.

Heureusement, nous longeons l'abri qui entoure le restaurant et nous protège de la pluie.

Sa moto est garée juste au bout.

Callahan marche vite devant moi, et je peine à le suivre.

Arrivé près de sa moto, il se retourne brusquement vers moi, la pluie ruisselle violemment à quelques mètres de nous.

Je ne sais même pas comment nous allons rentrer dans ces conditions.

— C'est qui ce connard à qui tu parles ? crache-t-il avec froideur.

— Je n'ai rien à te dire. Je veux rentrer, répliqué-je d'une voix sèche.

Sans prévenir, il arrache mon téléphone de mes mains. Un petit cri outré m'échappe sans contrôle :

— Rends-le-moi ! Callahan, tu n'as pas le droit de faire ça ! m'écriée-je désemparée.

Mais Callahan m'ignore et j'écarquille les yeux quand je vois qu'il a déjà déverrouillé mon téléphone.

Comment il peut connaître mon code putain !?

— Je ne veux pas en parler ! Mon téléphone ! crié-je en tendant la main, furieuse.

— T'es en train de m'énerver, putain ! Tu veux parler de quoi toi !?

Il est visiblement lui aussi au bout de sa patience.

— Mais ça ne te regarde pas ! C'est horrible ce que tu me fais !

Ma voix commence à trembler sous l'effet de la colère et de la peur. Il me fixe avec colère et me lance sur un ton agressif :

— Qu'est-ce qui t'empêche de parler !? Comme les deux fois où t'es revenue en larmes, ou la fois où je t'ai croisée à Southwark, putain dans quoi tu traînes toi !?

— Je veux mon téléphone !

Je me suis presque sentie crier. Ma frustration atteint un point de non-retour, et je ne me souviens même plus de la dernière fois où j'ai ressenti une telle colère.

La tension entre nous est palpable et explosive.

Je n'aime pas ce que je ressens et je veux qu'on arrête avec cette colère et toute cette situation, mais ça n'a pas du tout l'air d'être dans les projets de Callahan.

Je suis en détresse totale en le regardant remonter la conversation :

— Putain, c'est quoi ce délire ? s'exclame-t-il plus choqué qu'autre chose.

— Mais arrête ! crié-je en tentant désespérément de lui faire me rendre mon téléphone.

Mais il m'ignore complètement, il sort son téléphone et commence à prendre des photos de l'écran de mon téléphone avec le sien.

— Callahan arrête ! hurlé-je de nouveau en faisant un pas menaçant vers lui.

Il lève un sourcil en même temps qu'il fait brusquement un pas en avant en même temps que moi, comme pour me défier d'avancer encore.

Effrayé par son coup de pression, je recule immédiatement en sursautant.

— Ose encore me dire d'arrêter. J'attends de voir ça.

Je ne peux retenir mes larmes plus longtemps.

Ma gorge se noue et je sens glisser sur mes joues des perles mouillées. Je suis totalement bouleversée par la situation et par mon incapacité à me défendre.

Je me sens complètement écrasée par lui.

Avec une pointe horrible dans la poitrine je commence à reculer en lui laissant mon téléphone, à ce stade c'est peine perdue de toute façon. Mes larmes ruissellent sur mes joues et j'entame ma fuite en marchant le plus vite possible loin de cet abri.

— Hé ! m'appelle-t-il alors que je quitte l'abri du restaurant.

Je me retrouve assaillie par la pluie battante, mais tout de suite après, je sens une pression sur mon bras.

— Laisse-moi !

Je me débats violemment pour qu'il me lâche.

— Putain !? Tu joues à quoi ! s'écrit-il avec un geste de la main.

— Laisse-moi tranquille ! hurlé-je en le poussant de toutes mes forces.

Il recule à peine, mais mon sac tombe au sol, et je me baisse pour ramasser mes affaires, les larmes dévalent brutalement mes joues.

Il me saisit fermement par le bras et ne me donne pas le choix, il me ramène sous l'abri, près de sa moto.

Il me fait m'asseoir sur un banc et reste planté debout droit devant moi. Du coin de l'œil je le vois tapoter sa cuisse à rythme régulier.

Moi, je suis complètement trempée, mes larmes se mêlent à l'eau froide qui dégouline sur mon visage. Je serre mon sac contre moi en étant incapable d'arrêter mes pleurs. Je regarde vers ma droite pour ne pas le voir. J'ai une main sur la bouche et mon corps est secoué par les sanglots.

Et là, à ce moment précis, je me sens tellement faible et humiliée qu'il ait tout vu.

Mais à ma grande surprise, Callahan se baisse.

Je ne le regarde toujours pas, mais du coin de l'œil je vois bien qu'il s'est accroupi devant moi.

Je sens que sa colère s'est transformée en une sorte de compassion face à mes pleurs.

— C'est quoi le problème ? C'est quoi ces messages ? Ces photos ? demande-t-il avec une douceur qui contraste vachement sa colère d'il y a quelques minutes.

Son ton est presque rassurant.

Je n'ose même pas ouvrir la bouche ni le regarder. Mes larmes silencieuses continuent de faire trembler mon corps.

Je sens une pression sur mes cuisses.

Callahan a appuyé ses avant-bras sur mes jambes. Il attend patiemment que je parle. L'instant qui suit sa tête repose sur ses bras qu'il a croisés sur moi.

Et nous restons comme ça pendant de longues minutes, enveloppés par le bruit de la pluie autour de nous.

Je ne peux pas mentir, sa proximité m'apaise. Et ça efface toute la douleur que j'avais dans le cœur quelques minutes auparavant.

Ma main sur ma bouche, j'essaye de me calmer, et mes soubresauts deviennent moins intenses.

Il s'écoule une bonne dizaine de minutes sans qu'aucun d'entre nous ne parle et que sa présence réchauffe mes cuisses.

Je commence à sentir que ma parole se délie, et entre deux reniflements, je décide de prendre mon courage à deux mains et je lui murmure :

— Je-je ne veux pas... te le dire... avoué-je finalement après un long silence.

Il relève la tête vers moi.

— Tu ne veux pas me le dire à moi, ou au monde entier ?

Il tire légèrement sur le bout de mon pull, pour m'inciter à le regarder. Mais je ne le fais pas.

Toujours ma main devant la bouche, je tente de contenir mes larmes.

Je déteste pleurer devant les gens, mais je dois avouer que sa présence m'aide à me calmer.

— Regarde-moi quand je te parle, llukum, dit-il doucement, tapotant ma cuisse.

Llukum ?

Je baisse les yeux vers lui, les larmes roulent toujours sur mes joues.

— C'est quoi le problème ? insiste-t-il.

Je me sens tellement honteuse et humiliée que sur le coup, je suis tout bonnement incapable de trouver les bons mots pour expliquer.

— Je... je ne sais pas qui c'est... avoué-je enfin en parlant de mon stalker.

— La dernière fois, après les cours, à la conférence de ta mère, tu avais claqué ton téléphone contre ta cuisse après avoir reçu un message. C'était lui ?

Son souvenir de cet événement est tellement précis que ça me choque.

Il a une sacrée mémoire, merde !

Je hoche la tête pour confirmer. C'était le jour où mon harceleur il m'avait envoyé une photo de ses bras pour la première fois.

— Ça fait combien de temps que ça dure ? me demande-t-il doucement.

— Ça... ça fait quatre ans, murmuré-je.

— Qui est au courant ?

Il me regarde fixement en attendant ma réponse.

Je ne réponds pas tout de suite, parce que je réalise qu'absolument personne d'autre que lui n'est au courant de cette situation.

— Qui est au courant ? répète-t-il sur un ton ferme.

— Toi... juste toi, avoué-je la voix tremblante.

Il hoche la tête, son regard s'assombrit après cette révélation.

— Pourquoi tu ne l'as dit à personne ?

Je détourne le regard, me sentant rougir, une honte profonde m'envahit.

— Regarde-moi, dit-il doucement mais fermement.

Je me force à rencontrer ses yeux. J'ai l'impression que je n'ai pas le choix d'affronter la situation comme une grande.

— Pourquoi tu ne l'as dit à personne ? répète-t-il.

— P-parce que... parce que... il-il a...

Les mots se coincent dans ma gorge, je ne veux pas les laisser sortir.

Et puis en baissant les yeux, je réalise soudain que je fais claquer nerveusement l'élastique sur le poignet de Callahan, sans même m'en être rendu compte. Et le pire c'est qu'il me laisse faire... J'ai même l'impression qu'il a compris que j'avais vraiment besoin d'extérioriser la nervosité que j'ai en moi.

Cet acte me donne un petit booste de confiance, je continue de faire claquer l'élastique contre sa peau et je me lance :

— Il m'a volé... des... des photos...

Mes larmes reviennent de plus belle.

— Des photos... intimes de toi ? demande-t-il sur un ton qui me laisse comprendre qu'il a déjà tout compris.

Je hoche la tête, couvrant ma bouche de ma paume, submergée par la honte.

Callahan prend délicatement mon poignet pour l'écarter de mon visage, je ressens sa colère dans les traits de son visage. Mais je ne pense pas qu'elle soit contre moi.

— Comment ce type a eu tes photos ?

Je hausse les épaules, perdue.

— Je n'en sais rien... un jour j'ai reçu un mail qui me disait qu'il les avait en sa possession.

— À qui tu les avais envoyées à la base ?

À cette question, ma honte atteint son paroxysme.

Je crains tellement son jugement que je me sens devenir totalement rouge. Callahan, lui, semble bouillir de colère. Sa mâchoire se contracte, son regard est intense. Mais encore une fois, je sais que ce n'est pas contre moi.

— Il faut que tu me parles, llukum, j'ai besoin d'informations pour retrouver ce type.

Sa voix est hachée par la frustration.

— À mon... ex... p-petit-ami... soufflée-je en me sentant d'autant plus vulnérable en révélant cette partie de ma vie privée.

Son regard m'a fait peur pendant une seconde, il a baissé les yeux au milieu de mon ventre et l'a fixé en se perdant un moment dans ses pensées.

Je lui avais menti à ce sujet...

Il doit être déçu de moi...

Et sa poigne autour de mon poignet me fait sentir qu'il retient à peine sa rage.

Finalement il relève les yeux sur moi :

— Son nom ? me questionne-t-il en essayant de garder son calme.

— P-pourquoi... commencé-je, hésitante.

— Il le connaît peut-être.

— Non, je-

—  Son nom, m'ordonne-t-il sur un ton autoritaire.

Incapable de soutenir ce combat plus longtemps, je cède et avoue :

— Taylor...

Je vois Callahan déglutir et froncer les sourcils.

J'ai l'impression qu'il cherche quelque chose dans mes yeux. Comme s'il ne me comprenait pas tout d'un coup.

J'ai peur d'en avoir trop dit.

Et je regrette amèrement d'avoir un jour fait entrer Taylor dans ma vie.

— Je-je voulais pas trop... je voulais vraiment pas... mais tout le monde... il m'a dit que toutes les filles faisaient ça... et... je ne sais pas... pourquoi j'ai fait ça... mais je ne voulais pas, je te le jure, me justifié-je maladroitement.

J'ai l'impression de faire pitié... et je ne sais même pas pourquoi j'ai juré.

Callahan hoche la tête. Je ne suis pas sûre de ce que ça signifie.

Je suis prise d'un regret tellement lourd.

Et je me revois m'enfermer dans ma chambre.

À 15 ans, en pensant être folle amoureuse.

En pensant avoir trouvé l'homme de ma vie.

Et enlever mes vêtements pour le satisfaire...

— Si un homme veut quelque chose de toi, fais-le payer, résonne la voix grave de Callahan. Ne donne jamais rien gratuitement à un homme. Un vrai investira sur toi, te protégera et payera pour toi. Autrement, il ne te respecte pas, donc tu n'as pas besoin de lui. C'est aussi simple que ça, ne te fais pas avoir.

Ses mots me laissent bouche bée.

Je ne sais pas répondre, je dois d'abord prendre le temps d'assimiler chacun de ses mots.

Il se lève et sa poigne m'emporte avec lui, m'incitant à me lever également.

Il me mène vers sa moto.

Ne te fais pas avoir, Cassie...














Bonsoir bonsoir, bonsoir ! 🎃

Ça-va ? ☕️




IT'S TIIIME TO TAKE THE TEA : ☕️, je veux tout entendre, vos impressions, vos ressentis, vos théories, vos retours pour ce chapitre ? Dites-moi tout !


Alors, déjà... c'est une de mes chapitres FA VO RIS ! JE- Chaque lettres à été écrit avec A M O U R ! Et vous avez vu comment mes bébés ils commencent à discutez ? (Oui, j'avoue, c''est un pique pour toutes celles qui me disaient iL pArLe Ke De SeCkSe 👀) 

J'les aimes... leur relation, leur mood, leur je truc, leur- Eh je- BYE 😭

Et puis Callahan il sait enfin tout sur Taylor x le stalkeur 🤭 dayummmm ! Vous avez vu comment c'est un homme rassurant je- BYE ! 


Bref j'suis trop triste parce que là, je vais vraiment devoir ralentir les publications malheureusement 😖... donc je ne sais pas du tout quand on se revoit mes bombes, là je vais me focus sur Vava (ça fait 10 chapitres je répète ça MDR)


Et pardonnez hein, mais merci 700K BYE 🤣🤚🏾 ! C'est de la folie ! ❤️


On se retrouve sur le Discord pour les Red Paper 🍒🩰 ! Impatiente d'avoir vos théories 😋 ! 




BYE 🏍💨🪐 !





Stardust 🍓




𝚂𝚎𝚎 𝚢𝚘𝚞 𝚜𝚘𝚘𝚗 🕰...



xo, Azra. ✿



IG: azra.reed

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