𝟷𝟿. 𝙽𝚊𝚝𝚎̈𝚗 𝚎 𝚖𝚒𝚛𝚎.

(𝖣𝖾́𝗆𝖺𝗋𝗋𝖾𝗓 𝗅𝖺 𝗏𝗂𝖽𝖾𝗈 𝗉𝗈𝗎𝗋 𝗏𝗈𝗎𝗌 𝗉𝗅𝗈𝗇𝗀𝖾𝗓 𝖽𝖺𝗇𝗌 𝗅'𝖺𝗆𝖻𝗂𝖺𝗇𝖼𝖾)



"Cruelle est la lutte des frères."
Aristote




𝙰𝙲𝚃 𝟹.

🌰 𝚗 𝚘 𝚟 𝚎 𝚖 𝚋 𝚛 𝚎.



𝟣𝟫. 𝖭𝖺𝗍𝖾̈𝗇 𝖾 𝗆𝗂𝗋𝖾.



Cassie.





Une toux grasse fait trembler mon corps. Je place mon poing fermé devant mes lèvres.

En fronçant les sourcils. Mon esprit s'emballe, je commence déjà envisager les pires scénarios.

Je ne sais pas pourquoi mais son absence me frappe de plein fouet, les palpitations de mon cœur décuplent.

Je me sens d'autant plus vulnérable tout d'un coup.

— Cassie ? Ça va ? me demande Nelly en remarquant mon inquiétude.

— Il... il n'est pas là, soufflé-je d'une voix basse.

Les filles se mettent à regarder autour de la zone où il m'attend toujours.

— Cassie, il est probablement juste retardé, dit Nelly d'une voix douce. Tu devrais peut-être l'appeler ?

— C'est trop bizarre, articulé-je en sentant une angoisse augmenter dans mon ventre.

— C'est vrai que je le vois vraiment mal arriver en retard ton garde du corps, ajoute Cherry en cherchant du regard un signe de lui.

— Je sais pas, je-je... balbutié-je en fouillant dans mon sac, prête à sortir mon téléphone pour l'appeler.

Mais mon regard attiré par une Mercedes noire garée devant l'école.

Quelque chose à propos de cette voiture me semble familier, mais je ne suis pas vraiment sûre...

Et soudain, une silhouette que je reconnais sort de la voiture.

C'est l'ami de Callahan. Je crois que c'est celui qu'il appelle Knight, c'est lui qui m'a raccompagné chez moi le soir d'Halloween.

Son allure impérieuse et imperturbable s'approche de nous dans une démarche tout en contrôle et en élégance. Ses cheveux sombres sont soigneusement — parfaitement — coiffés en arrière. Il porte un manteau long et épais qui structure impeccablement ses larges épaules, un pantalon à pince et ses richelieus claquent doucement contre le sol en pavé mouillé.

En avançant à grandes enjambées vers nous, il ajuste ses gants en cuir noir sur ses paumes, son geste renforce cette impression que tout en lui semble calculé, maîtrisé au millimètre.

Mais malgré son apparence imposante, la chose qui me frappe est qu'il dégage une attitude humble qui adoucit cette aura d'inaccessibilité qu'il dégage.

— Qui-est-ce-nou-veau-crush que je viens d'avoir là ? s'exclame Cherry, visiblement impressionnée.

— Franchement... il est... incroyable... murmure Nelly, en ne détachant pas ses yeux fascinés de lui.

— J'avoue que là... souffle Lalita qui ne peut s'empêcher de commenter.

Il s'arrête finalement à quelques pas devant moi.

La distance entre nous est assez grande pour pas que je me sente envahie, mais il est suffisamment proche pour que ça crée une bulle de proximité.

Il plante ses yeux marron clair sur chacune d'entre nous puis s'arrête sur moi. Ses yeux sont d'une teinte presque ambrée qui captent la lumière d'une telle manière que j'ai l'impression qu'ils sont dorés.

Par contre, son air sérieux et déterminé contraste sacrément avec l'excitation de mes amies — par amies j'entends de Cherry.

Une forme de nervosité s'éveille en moi. Je me demande ce qui l'amène ici ?

— Bonsoir, dit-il d'une voix qui résonne presque aussi gravement que celle de Callahan.

Il salue les filles d'un hochement de tête, avant de poser de nouveau son regard sur moi.

— Vous êtes l'homme que j'ai attendu toute ma vie, bave Cherry les yeux émerveillés.

Lalita, laisse un ricanement incontrôlé lui échapper et donne une tape à Cherry pour qu'elle se taise, tandis que Knight lui lance un regard neutre, qui ne dure qu'une seconde.

Je dois me retenir de rire, Knight ne déroge aucunement à son sérieux et ajoute en revanche :

— Mademoiselle Bennett ?

­— Oui... c'est moi, répondis-je en reniflant discrètement.

— Exceptionnellement, Ghost ne sera pas en mesure de vous escorter aujourd'hui. Il m'a chargé de cette tâche, explique-t-il sur un ton professionnel et détaché.

Mon cerveau semble être en ébullition.

— Euh... mais pourquoi ? demandé-je curieuse et légèrement inquiète.

— Malheureusement, je ne peux vous en d'en dire plus, me répond-il calmement.

— Mais il va bien ? Enfin... c'est grave ?

— Il va très bien, il n'y a aucune inquiétude à avoir, assure-t-il.

— Ah... alors euh... OK...

Je me sens un peu plus rassurée, mais toujours aussi confuse.

Non en fait je ne sais même pas comment je me sens tout court et c'est ça le plus étrange.

— Tout va bien, mademoiselle Bennett. Nous nous sommes déjà croisés, il n'y a aucun danger, poursuit-il en essayant de me rassurer tout en m'invitant à le suivre.

Je hoche la tête en me sentant toujours aussi gênée.

— Oui... bon alors à demain les filles, dis-je en réajustant mon sac sur mon épaule.

Cherry me prend dans ses bras pour un bon gros câlin.

— Rentre bien, ma chérieeee !

Un rire timide m'échappe. Cherry rigole aussi, et nous nous saluons toutes avant de nous séparer.

Je suis les pas de cet homme devant moi et me dirige vers sa voiture avec un mélange de nervosité et de curiosité dans le ventre.

L'absence de Callahan me perturbe je dois l'avouer...

Là, mon cerveau est en totale ébullition.

Je me demande ce qui l'a empêché de venir me chercher.

Il avait peut-être un rendez-vous important ? Un empêchement ? Ça peut être tout et n'importe quoi...

Pourquoi il ne m'a pas prévenu ?

Mais est-ce que c'est grave ou pas... ?

Par réflexe, le bout de mes doigts glisse sur mon poignet dans l'optique de triturer l'élastique que je porte habituellement, mais je me souviens que Callahan me l'a pris...

En approchant de la voiture, je sors mon téléphone.

Knight ouvre la porte de la voiture pour moi, mais je reste figée en voyant un homme blond, portant un hoodie bleu marine assis à l'intérieur. Il trempe son croissant dans du café et le mord en rivant ses yeux verts vers moi.

— Il n'y a rien à craindre, me dit Knight avec assurance.

— Rien à... à craindre ! répète le blond, la bouche pleine.

Je regarde Knight derrière moi, un peu perplexe.

— Nous sommes tous des amis de Ghost. Voici Blade, explique-t-il.

Soudain, les souvenirs de la soirée à Southwark me reviennent.

Le soir où j'avais vu Callahan avec trois hommes dans une BMW bleue.

J'hoche la tête. Dès que je m'assois et qu'il referme la porte, une pensée me traverse l'esprit : si ces hommes ne sont pas vraiment des amis de Callahan, je suis officiellement la femme avec l'instinct de survie le plus nul de cette planète Terre.

Je me rends compte qu'un autre homme est assis à l'avant, il se tourne vers moi. Son visage me paraît familier.

— Toi, on s'est déjà rencontré ! me lance-t-il avec un petit sourire en coin. Moi c'est Raven.

Il me tend sa main. Pendant une demi-seconde, j'hésite mais finalement je réponds à sa poigne timidement.

En moins de temps qu'il n'en faut, mon cerveau retrace mes souvenirs : c'était l'ami de Callahan que j'avais vu dans l'épicerie de Monsieur Garcia. Ses tenues ont donc toujours un petit accent japonais et élégant.

— Oui... c'est vrai, lui répondis-je en hochant doucement la tête un peu nerveuse.

J'attache ma ceinture.

Je suppose que Raven est aussi un nom de code.

Ghost, Raven, Blade, et Knight.

Une part de moi est vachement intriguée... Est-ce qu'ils sont tous des gardes du corps ? Et je me demande aussi quelle est leur relation exactement.

— Alors, ça va, il te maltraite pas trop l'autre shqiptar ? me demande Raven tandis que Knight démarre la voiture.

— Qu'est-ce que c'est... un shqiptar ? le questionné-je d'une voix basse.

Avec un petit rire détendu, il me dit : "Un Albanais."

— Ah... non-non, il ne me maltraite pas, merci.

Je sens mes joues s'empourprer sous leur regard. Une pluie fine commence à glisser sur le pare-brise. La gêne s'empare de moi, je range mes paumes collées entre elles entre mes cuisses.

Du coin de l'œil je remarque que Blade sort une barre de céréale de sa poche et me l'offre. Ses yeux se plantent dans les miens, il me lance la bouche pleine :

— Tu la veux ?

Je baisse les yeux sur la barre de céréale.

C'est la même que Callahan me prend tous les soirs.

— C'est sans noisette, précise Blade, avant de se pencher vers l'avant pour demander confirmation à Raven : c'est bien sans noisette qu'il a dit qu'il faut qu'on prenne, c'est ça ?

— Ouais, ouais, elle peut la manger.

— Bon bah, c'est safe, noisette, articule Blade en enfonçant de nouveau son dos contre son dossier. Apparemment faut que tu la manges.

Mes joues s'empourprent deux fois plus.

Si c'est lui qui a pensé à leur dire ça...

Touchée par l'attention, j'étends la main pour prendre la sucrerie :

— C'est... vraiment très gentil de votre part, merci beaucoup.

Je prends la barre, un peu maladroitement.

Blade me regarde en levant ses sourcils, comme s'il regardait un feuilleton captivant. Un grand sourire enchanté s'étire sur ses lèvres alors qu'il trempe son croissant dans son café avant de mordre dedans.

— Mais putain, t'es trop mignonne !? dit-il avec un air aussi surpris qu'amusé.

Si on m'avait donné le choix de disparaître comme les Totally Spies en direction du Woohp, j'aurais accepté sans problème d'être aspirée dans le premier miroir spatiaux temporel pour disparaître de la surface de cette planète Terre !

Je sens mon sang affluer violemment jusque dans mes cheveux !

Fais chier !

Sa déclaration complètement spontanée me prend totalement au dépourvue.

Blade, commence à se balancer de droite à gauche en chantonnant et en avalant son croissant qu'il a préalablement trempé dans son café avec un petit air enjoué.

J'ai l'impression qu'il trouve ma gêne plus adorable qu'autre chose, je rive les yeux sur ma main qui tient la barre de céréale comme un robot qui ne sait pas quoi faire de son corps.

Je déteste rougir comme ça.

Mais malgré tout, je me surprends à sourire discrètement malgré moi, à cause de son côté complètement décontracté. Je ne me suis pas du tout sentie agressée finalement.

Alors que nous roulons, la pluie s'intensifie, elle crée un rythme vraiment apaisant sur le toit de la voiture.

Le seul jour ou Callahan ne vient pas, il pleut...

Je colle ma tête à la fenêtre. De temps à autre, des éclairs illuminent le ciel. Je regarde par la fenêtre, hypnotisée par les gouttes d'eau qui coulent le long du verre. Dehors les feuilles commencent un peu à disparaître, les arbres ont perdu la majorité de leurs feuilles, laissant les branches nues contre ce ciel sombre et souvent nuageux.

Je sens que la ville se prépare pour le Bonfire Night. La célébration annuelle du 5 novembre.

Il y a beaucoup d'événements qui sont organisés dans toute la ville, avec des feux de joie, des feux d'artifice et des festivités pour commémorer l'échec de la Conspiration des poudres en 1605.

J'entends d'abord la molette de son briquet, avant d'entendre la voix de Raven qui m'interpelle :

— Ne t'inquiète pas, Knight est le meilleur pilote de Londres, même sous la pluie.

Je me redresse comme pour faire bonne figure et rive mes yeux sur Raven qui s'est tourné vers moi avec un sourire que je qualifierais de rassurant. Je hoche la tête.

Les essuie-glaces de Knight décuplent en intensité et lorsqu'il s'arrête à un feu rouge, il fait lentement craquer ses doigts.

De temps en temps, je vois bien qu'il me jette des regards rapides dans le rétroviseur. Mais j'ai plus la sensation qu'il s'assure que tout se passe bien pour moi qu'autre chose.

Blade continue d'avaler ses croissants, il a un sachet qu'il a installé sur ses cuisses. Je détourne une nouvelle fois le regard à l'extérieur, les rues luisantes et les lampadaires donnent cette ambiance mélancolique mais envoûtante, je me sens un peu comme dans un film.

En fait, il y a un contraste palpable entre l'extérieur pluvieux et l'ambiance chaleureuse de la voiture.

Étonnamment, je ne me sens pas angoissée. Au contraire.

Soudain je sens du mouvement à ma droite, je me tourne pour voir que Blade — après avoir effectué son rituel du croissant trempé dans le café — s'est penché vers moi :

— Alors, noisette, en dehors des études, qu'est-ce que t'aimes faire toi ?

Son ton est taquin et si décontracté que je m'oblige un peu à sourire pour ne pas paraître irrespectueuse :

— Tu veux dire m-mes passions ?

Bégaie pas Cassie aller.

— Ouais ! Moi je suis un grand fan de voiture, mécanique, et toi ? m'invite-t-il à répondre d'un haussement de menton.

— Eh bien... j'aime bien... lire. Et... cuisiner aussi.

En réalité, parler de mes passions une des choses que je préfère faire, mais j'ai choisi m'arrêter à ces deux-là pour ne pas passer pour une folle en citant tout ce qui me plaît.

— Tu cuisines quoi, me demande-t-il en mâchant dans son croissant.

— Hm... le plat que je fais le mieux, enfin, si je me fie aux dires de mes amies, c'est le riz au poulet et la sauce aux champignons.

— Ghost il adore les champignons tiens, rit-il. Mais je veux bien goûter ça ! J'espère être invité très pro-chai-ne-ment !

Un petit sourire gêné m'échappe.

Champignon.

Je me surprends à apprécier cette conversation toute simple.

Et prise d'un élan de je ne sais quoi, je me risque à poser une question moi aussi :

— Alors, vous êtes... amis avec Callahan ?

Blade, tourne la tête vers moi en arquant un sourcil. Visiblement surpris et amusé par ma question, il rétorque :

— Ah ! Parce qu'il t'a donné son vrai nom ? C'est un privilège rare ça !

Je sens mes joues s'empourprer sous son regard, en réalisant que je n'aurais peut-être pas dû leur dire ça...

Un sentiment de gêne s'empare de moi, j'espère ne pas avoir merdé...

Putain.

Mais, Raven, sans se retourne, m'explique :

— Cal', c'est un peu notre pilier. On se connaît depuis qu'on est gamins.

Cette simple phrase m'a suffi à comprendre qu'ils ont l'air profondément liés.

Blade, ajoute avec un sourire espiègle :

— Ouais bon, Knight, le plus sexy d'entre nous, est arrivé un peu après mais je l'aime trop c'est l'homme de ma vie.

Blade éclate de rire, et je me surprends à rire timidement avec lui. Je ne m'attendais absolument pas à ce qu'il se montre aussi affectueux envers lui qui paraît si distant.

Raven rit également, il observe son ami conduire et avec une expression taquine il ajoute :

— C'est le Sasuke du groupe, on ne peut pas l'ignorer.

Je ne suis pas sûre de savoir qui est Sasuke, mais je trouve tout de même la réflexion amusante :

— Qui est Sasuke ? demandé-je d'une voix basse.

Blade manque de s'étouffer. Et Raven me regarde avec effroi, avant de regarder Blade très sérieusement et lui dire :

— C'est hors de question qu'elle ne connaisse pas ça.

Blade qui essaye encore de gérer sa toux est devenu tout rouge ; il a un poing devant ses lèvres et hoche la tête en acquiesçant comme si un accord venait d'être passé entre eux. Puis il ajoute :

— On t'en dis pas plus, mais on te fera découvrir ça, tu ne peux pas vivre une vie sans Naruto, c'est quoi ce bordel !?

Raven et Blade commencent à échanger sur un planning pour savoir quel serait le moment adéquat pour que je visionne « Naruto ».

Je me retiens de rire.

Leur ami derrière le volant ne déroge à aucun moment de son sérieux, même si je peux ressentir que les plaisanteries détendent un peu ses traits :

— Restons concentrés, articule-t-il très simplement.

Blade et Raven s'interrompent dans leur discussion, mais finalement la voix de Blade perce le silence instauré par Knight :

— T'es tellement sexy quand tu me parles comme ça, mi amor de ma vida, commente Blade en se mordant les lèvres de façon exagérée.

Raven éclate de rire une nouvelle fois, ce qui provoque le rire de Blade, et le mien que je tente de réprimer. Je trouve qu'ils sont assez communicatifs. Ils se tapent dans la main, Knight à l'air beaucoup moins figé grâce à cette blague.

J'essaye de baisser les yeux pour rester discrète mais j'avoue que je trouve l'ambiance très légère et joyeuse.

Nous sommes bercés par les gouttes de pluie qui frappent bruyamment contre le pare-brise.

J'avoue que je me sens de plus en plus détendue avec leur énergie et leur humour.

Mais soudainement, Raven s'arrête de rire, et se tourne vers Blade avec les sourcils froncés :

— Attends, attends. Donc, si Knight c'est Sasuke et Cal' le pilier. Moi je suis quoi pour toi ? Je suis ton sac à main ?

Sa voix est teintée d'une fausse jalousie, et je ne peux m'empêcher de sourire en attendant la réponse de Blade qui croque dans un nouveau croissant :

Tout en mâchant, il me lance un clin d'œil complice et avec un sourire malicieux il lui répond :

— Toi t'es pas dans le classement, t'es mon mari, t'es mon oxygène, la lumière de ma vie, le soleil de mes nuits, les étoiles de mes soirs, les-

— Ta grand-mère ! lui crache Raven.

Je ne m'attendais pas du tout à cette réponse qui me surprend un peu, mais la réplique provoque instantanément leurs rires bruyants dans la voiture. J'ai presque cru voir Knight plisser des yeux.

J'ai bien dit presque.

Knight s'arrête à un feu rouge.

Toujours le même réflexe. Il fait craquer ses mains.

Blade — toujours avec son croissant — cale son bras contre le rebord du siège de Raven. Il semble tellement à l'aise, comme s'il était dans un salon de thé ou que sais-je mais sa décontraction met tout le monde à l'aise j'ai l'impression.

— Ah d'ailleurs, Winnie, j't'ai pas raconté ! Tu sais pour l'autre soir-là ?

Winnie ?

Je pince les lèvres pour ne pas sourire.

Je ne pense pas que ce soit son vrai nom, mais je trouve le surnom adorable. Surtout pour un homme du gabarit de Knight.

Knight redémarre et il articule d'une voix impériale :

— Dis-moi.

— Ouais, bah tu vois, je suis allé finalement à la course. C'était un coin paumé mais bon bref. Mais vous avez raté comment j'ai poussé ma M5 à ses limites ! Ah oui d'ailleurs, j'ai changé les amortisseurs.

En même temps que Raven — toujours en faisant rouler la molette de son briquet — prononce un « tu changes d'amortisseurs toutes les secondes à t'entendre. » Blade se penche légèrement vers moi, comme pour m'inclure dans la conversation et me murmure :

— De bons amortisseurs, ça change tout dans les virages, surtout sur une piste humide.

Je hoche la tête comme si je savais ce que c'était des amortisseurs.

Blade continue en se penchant vers les sièges de ses amis pour leur raconter, il parle avec les mains et sa voix pleine d'excitation anime vivement la voiture :

— Donc, j'arrive, je vois les Sosa. Pour une fois, leurs caisses étaient pas mal, il était temps même ! Mais bon c'était rien comparé à la mienne hein.

— Mais t'as pas perdu la dernière fois ? commente Raven.

— Ferme ta gueule toi, je m'adresse à l'homme de ma vie là.

Raven ricane en murmurant un « Hm, d'accord. » Je ris doucement, leur spontanéité me surprend à chaque fois mais je trouve ça très amusant pour être honnête.

— Bref, et donc là, un des mecs, un certain José de merde, il commence à me chauffer. Pendant une seconde j'ai cru qu'on avait la même grand-mère lui et moi ! Il me colle sur la route ce taré ! Putain... lâche-t-il en se mordant une phalange de son poing fermé. Quand je repense à sa gueule, je veux y retourner pour le niquer !

J'ai clairement l'impression qu'il revit la scène sous ses yeux.

Je le trouve vraiment très drôle. Il a une façon d'être tellement extravertie que ça le rend vraiment « accessible. »

Raven interrompt son récit en lui disant :

— Faut que t'apprenne à te calmer toi, t'es trop nerveux et on n'est pas dans un jeu vidéo. Un jour quelqu'un va te boxer.

— Qui va me boxer moi ?

— C'est bien continu, Blade, réplique Raven un peu plus durement.

J'ai ressenti une pointe de préoccupation dans sa voix.

Je crois que ce que fait Blade est assez risqué, voire dangereux.

Blade le regarde, un peu irrité mais toujours aussi passionné par ce qu'il raconte, il lui réplique :

— Eh écoute, le mec était trop con, Raven. Il a failli me faire sortir de la route. J'étais prêt à lui casser sa gueule à lui et sa graaaand-mèère ! Mais bon, la course avant tout ! Et puis c'est ça le frisson, mec. Quand tu sens que tu contrôles la bête sous toi, noon, c'est trop sexyy !

Knight tourne élégamment le volant dans une rue, et lâche par la même occasion un commentaire bref.

— Fais attention. Ces courses sont dangereuses, et tu sais ce qu'il en coûte.

Blade hoche la tête cette fois-ci, puis il continue :

— Mais toute façon, finalement, j'ai pris le dessus. J'ai franchi la ligne d'arrivée en tête et José la merde était trèèès loin derrière. Non, j'avoue, je mens, c'était serré, très serré.

Raven ricane en secouant légèrement la tête.

Ils ont vraiment l'air tous très proches. Et même la froideur de Knight ne me paraît pas si rude que ça en fait.

J'ai l'impression de voir trois frères discuter tranquillement.

J'avoue que pendant une seconde je me demande ce que ça aurait donné de voir Callahan avec ses amis.

Blade continue de lui raconter sa vie, Knight hoche simplement la tête en réponse. Ça ne semble aucunement déranger Blade, au contraire, je crois que c'est comme ça qu'ils communiquent.

En fait, ce trajet est vraiment agréable.

Et puis au bout d'une trentaine de minutes, Knight tourne dans une rue, et je reconnais la pente de mon quartier qui mène à ma maison.

La voiture ralentit doucement et s'arrête juste en face de mon portail.

Knight se tourne brièvement vers moi et sort de sa boîte à gants un parapluie replié qu'il me tend :

— Nous sommes arrivés, mademoiselle Bennett.

Sa voix est calme, presque douce. Je prends le parapluie et je lui adresse un petit sourire sincère, mais un peu timide.

En enlevant ma ceinture, je prononce :

— Merci... pour tout.

J'espère qu'ils comprennent que mes remerciements s'adressent à tout le monde.

Blade, fidèle à lui-même, ajoute avec un clin d'œil complice :

— C'est notre service cinq étoiles, noisette. N'oublie pas de nous laisser un avis sur Google ! Et je veux mon riz au poulet et au champignon !

Je souris timidement en hochant la tête.

En sortant de la voiture, j'ouvre rapidement le parapluie tout en refermant la portière derrière moi.

Je me dépêche vers ma maison, la voiture ne bouge pas jusqu'à ce que j'entre à l'intérieur.

Je monte directement dans ma chambre après avoir refermé la porte derrière moi.

La maison est silencieuse.

Maman est certainement encore au bureau avec Philippe.

— Coucou mon fils ! m'écrié-je en laissant mon manteau glisser de mes bras.

Un grand sourire s'étire sur mes lèvres en voyant Sherlock, s'amuser avec Molly sur la veste de Callahan.

OK j'avoue, j'ai dormi avec cette nuit...

Mais l'odeur est tellement...

Bon bref, je n'ai pas à me justifier de toute façon.

En attirant Sherlock avec moi, je me laisse tomber sur le dos. Je l'assène d'un nombre incalculable de bisous et de mots doux.

Il m'a trop manqué aujourd'hui.

C'est seulement après au moins quinze minutes de ma dose quotidienne de Sherlock que je me décide à faire ma routine du soir.

Après une douche brûlante, je tresse mes cheveux encore un peu humides et j'enfile un pyjama polaire imprimé oursons accompagnés de chaussettes épaisses.

Je prends mon sac de cours et Sherlock dans mes bras avant de sortir de ma chambre. Une fois en bas, je plie les genoux pour récupérer la télécommande et trouver la chaîne qui diffuse Hercule Poirot. Je monte un peu le son puis je me dirige vers ma cuisine.

Maladroitement je dépose mon Longchamp sur une des chaises hautes et j'en sors la barre de chocolat que Blade m'a donné, ainsi que tous mes cahiers de cours sur l'îlot central.

Ensuite, je remplis la gamelle de Sherlock en même temps que je mets de l'eau à bouillir pour me faire des pâtes.

N'empêche... cette journée était quand même pleine de rebondissements...

Pendant que l'eau boue, je commence à m'intéresser à mon devoir de littérature que je dois rendre jeudi prochain.

D'ailleurs, je me demande encore ce qui s'est passé entre Cherry et Lalita. Qu'est-ce qui a bien pu les mettre autant en froid ?

En commençant à écrire sur mon brouillon, je me dis que je suis contente que ça se soit arrangé au final mais l'idée qu'elles aient pu s'engueuler autant me stresse.

L'eau s'agite dans la casserole, alors je laisse mon devoir et je rassemble ma sauce tomate et mes épices pour concocter mon repas.

L'atmosphère de la maison m'enveloppe agréablement. Avec l'épisode d'Hercule Poirot qui résonne dans ma maison, la pluie qui tapote contre les carreaux, mon pyjama doux et cette ambiance automnale dehors, je me sens vraiment dans mon environnement.

C'est cosy et c'est vraiment ce que je préfère.

Soudain, je me souviens du geste que Sadie a eu envers Cherry, je me saisis de mon téléphone et je trouve le contact de Sadie en rédigeant rapidement :

« Coucou Sadie. J'espère que tu vas bien ? Je voulais te remercier pour ton aide envers mon amie aujourd'hui. Tu as été incroyable. Un grand merci, vraiment. »

J'ajoute un cœur blanc, et envoie mon message.

Mais tout de suite après, je clique sur ma conversation avec Cherry et je lui écris en mélangeant mes pâtes dans la casserole :

« Cherry, ça va mieux ? »

Mon chat ronronne à mes pieds.

Je continue à préparer mes pâtes à la sauce tomate et à la burrata, quand je reçois la réponse de Cherry :

« Cherry : Je vais bien ma chérie, merci ! J'avais trop de stress ! Vivement les vacances omg !" »

Elle m'envoie une dizaine de têtes de mort, des pierres tombales, et un cercueil. Mais tout de suite après, un lien vers de Moon Boot — les rouges bien sûr. En un instant, la conversation dérive sur l'hiver et le préparatif de ses vacances avec sa famille à la montagne.

Cherry me fait rire alors que je m'installe avec mon assiette. Je pousse un peu mes cahiers de cours et commence à déguster mes pâtes. Je mange en discutant avec elle, et une fois terminée, je lave mon assiette.

Je reviens pour terminer mes devoirs, tout en mangeant cette barre de céréale au chocolat, bercé entre l'énigme d'Hercule Poirot et Sherlock qui se balade autour de moi.

Sauf que je suis interpellée par l'écran de mon téléphone qui s'illumine.

C'est Sadie :

« Sadie : Il n'y a pas de quoi, princesse. »

Mes joues prennent leur teinte rouge, et j'envoie de nouveau un cœur.

Cette fille à l'air tellement gentille. Et je n'ose jamais lui envoyer des messages j'aurais trop l'impression de la déranger...

Mais au lieu de reposer mon téléphone, je le garde entre mes mains...

Non.

Pendant de longues secondes je me retrouve dans mes mails à supprimer des e-mails Uber eats et des messages automatiques de Longchamps qui m'invitent à découvrir leur nouvelle collection.

Ça ne coûte rien...

Je suis en train d'hésiter...

Non.

Mais sans même m'en rendre compte, je me retrouve à ouvrir la conversation avec Callahan.

Non, Cassie.

Mon cœur s'emballe, mes pouces survolent le clavier, j'ai les lèvres pincées.

Je le fais ou pas ?

Non, aller arrête.

Mes pouces pianotent : « Bonsoir. »

Non, c'est trop formel. Effacer.

« Salut, je voulais juste... »

Trop nul ! Effacer.

Je souffle fort.

« Ça va ? »

Encore pire ! Et trop banal. Effacer.

Agacée et frustrée de moi-même, je laisse tomber mon téléphone sur ma feuille de cours. Mes paumes glissent sur ma peau au point de tirer mes paupières inférieures.

— T'es trop bête ! lancé-je à moi-même.

Mais soudain mon téléphone vibre, me sortant de mon apitoiement.

En baissant les yeux, un cri de surprise m'échappe :

« +44 05 07 20 03 : parle, microbe. »

Merde !

Non !

Il a dû voir la bulle de saisie !

Putain ! J'ai plus le choix !

Mon cœur tambourine jusque dans mon ventre, je reprends mon téléphone, et je ne réfléchis plus je tape rapidement :

« Désolée. Je voulais juste savoir si tout allait bien ? »

Je balance mon téléphone plus loin.

— Qu'est-ce que t'as fait !? m'écrié-je en plaçant mes paumes sur ma bouche comme si ce n'était pas moi qui venais d'envoyer ce message.

Nerveusement, je reprends l'appareil. Mais le message est laissé en distribué.

Je sens mes joues devenir de plus en plus rouges. Et ma paume tape deux fois mon front.

J'aurais jamais dû !

J'essaye de me reconcentrer sur mon devoir, mais toutes les trente secondes, je vérifie qu'il ne m'a pas répondu.

Au final, la soirée s'est étirée lentement. Mon esprit était complètement absorbé par ce message.

Mais j'ai eu le temps de tout finir, et de passer un peu de temps devant la télé.

Il est 22 h quand et je referme la porte de ma chambre pour aller me coucher.

Je branche mon téléphone, envoie mon Stardust avec la planète saturne et le pose sur ma table de chevet. J'arrange juste quelques vêtements que j'avais sortis ce matin et que j'ai décidé de ne finalement pas porter.

Après mon rangement, je soulève ma couverture — la veste est toujours cachée là — et me glisse dans mon lit, Sherlock monte avec moi et s'enroule sous ma gorge.

Mon téléphone vibre et s'illumine dans le noir.

Mon cœur cogne d'un coup :

« +44 05 07 20 03 : Tout va bien microbe. Natën e mire. »

Je me redresse dans un bon et précipitée sur google traduction, et j'ai vite compris que ça signifiait bonne nuit.

Mon dos s'écrase sur les draps. Je fixe mon plafond plongé dans une semi-obscurité à cause de la lumière de la lune qui éclaire légèrement ma chambre.

Je plaque une paume contre mon visage.

Salle conne !

Enfin, t'es pas conne mais- Putain, Cassie tu ne peux pas sourire !

Ni te sentir soulager.

Putain... arrête ça maintenant !

L'odeur de sa veste me parvient et soulève toutes ces sensations que j'ai dans le ventre...

Je la prends contre moi. Elle a quelque chose de tellement rassurant qu'en fermant les yeux, je sais que je vais bien dormir...

Natën e mire.

Fais chier...

C'est encore plus beau dans sa langue. 











Bonsoir bonsoir, bonsoir ! 🎃

Ça-va ? ☕️ 





IT'S TIIIME TO TAKE THE TEA : ☕️, je veux tout entendre, vos impressions, vos ressentis, vos théories, vos retours pour ce chapitre ? Dites-moi tout !

Chapitre encore calme, mais ont découvre un peu plus la dynamique entre mes 4 fils 💙. Attendez un peu pour revoir Ghostie, n'ayez crainte ! 🤚🏾

On se retrouve sur le Discord pour les Red Paper 🍒🩰 ! Impatiente d'avoir vos théories et vos retours 😋 !





BYE 🏍💨🪐 !





Stardust 🍉




𝚂𝚎𝚎 𝚢𝚘𝚞 𝚜𝚘𝚘𝚗 🕰...



xo, Azra. ✿



IG: azra.reed

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