𝟷𝟺. 𝙾𝚋𝚜𝚎𝚜𝚒𝚘𝚗𝚒 𝚒𝚖.
(𝖣𝖾́𝗆𝖺𝗋𝗋𝖾𝗓 𝗅𝖺 𝗏𝗂𝖽𝖾𝗈 𝗉𝗈𝗎𝗋 𝗏𝗈𝗎𝗌 𝗉𝗅𝗈𝗇𝗀𝖾𝗓 𝖽𝖺𝗇𝗌 𝗅'𝖺𝗆𝖻𝗂𝖺𝗇𝖼𝖾)
"La chasse n'est pas un sport. Dans un sport les deux camps doivent savoir qu'ils participent au jeu."
Paul Rodriguez
𝙰𝙲𝚃 𝟸.
🍂 𝚘 𝚌 𝚝 𝚘 𝚋 𝚛 𝚎.
𝟣𝟦. 𝖮𝖻𝗌𝖾𝗌𝗂𝗈𝗇𝗂 𝗂𝗆.
Ghost.
— Alo babi ?
Microbe, accroché au bras de la fille aux cheveux noirs, se retourne à l'entente de ma voix.
Ses joues sont toujours roses.
J'entends les portes d'un ascenseur claquer à l'autre bout du fil.
Mon père a sûrement dû passer voir Adrian.
— Cal', mund të kalosh tek Verani, pas 30 minutash ? me demande-t-il. (Cal', peux-tu passer chez Veran dans 30 minutes ?)
Je regarde ma montre. Je viens tout juste d'arriver à Westfield London, mes yeux se lèvent sur le dos couvert des cheveux longs de microbe qui marche en ligne avec ses copines. Je n'aurais jamais le temps de rentrer à Rendi Holdings d'ici 30 minutes.
Je n'en ai pas encore terminé pour le moment.
J'espère même que ça ne fait que commencer.
Je réponds :
— Jo, unë do të kthehem pas dy orësh. Jo, tre. (Non, je reviendrai dans deux heures. Non, trois.)
J'entends le bruit d'un briquet, et mon père qui jure un « merde », il me répond :
— Duhet ta riparoj këtë makinë. (Je dois réparer cette voiture.)
— Pse nuk i kërkon Seijitit të merret me këtë? Nuk jam i lirë tani. (Pourquoi ne demandes-tu pas à Seiji de s'en occuper ? Je ne suis pas disponible maintenant.)
— Verani e bën me qëllim që t'i flasë Seijitit në shqip. (Veran fait exprès de parler à Seiji en albanais.)
Veran est le garagiste de notre famille.
Et c'est vrai qu'il ne parle qu'albanais.
Même avec Seiji, Neo ou Wayne. Ça a tendance à énerver Seiji, même s'il comprend quelques notions.
Il n'y a que moi qui peux emmener cette voiture pour mon père. Mais je ne rentrerais pas avant au moins 22 h.
Je le préviens :
— Do të vij më vonë. (Je viendrai plus tard.)
Mon père me remercie, je raccroche.
Je fouille dans ma poche pour prendre cette sucette à la cerise que microbe avait dans la main. J'enlève le plastique et la cale dans ma bouche. Le goût du sucre se colle à ma langue.
La forme parfaite de ses jambes m'oblige à garder une cadence suffisamment raisonnable pour ne pas donner l'impression que je n'ai qu'une seule pensée qui tourne en boucle dans ma tête.
Je la veux, même une fois.
D'une main, je tiens mon casque de moto. Je sens mon téléphone vibrer dans ma poche, je suppose que ça doit être mon père avec l'adresse pour récupérer la voiture.
Je retiens mes sourires en coin à chaque fois qu'elle se retourne furtivement pour me regarder.
À quel point je suis entré dans ta tête, petite peste ?
À travers la foule du centre commercial, je garde mes yeux rivés sur elle.
J'étais censé rentrer directement après l'avoir déposé pour régler des formalités, mais je dois avouer ce petit changement de plan n'est pas vraiment pour me déplaire.
Même si, l'idée qu'elle me mente m'irrite grandement depuis une semaine déjà.
Ses cuisses ne se touchent presque pas. J'analyse sa démarche. Elle porte toujours ses petites tenues de bourgeoise — et ça lui va si bien. J'inhale profondément, le peu d'interaction que j'ai avec elle se transforme en un dédale de frissons dans mes jambes et dans ma queue.
Et là, j'ai un tas de frissons depuis qu'elle m'a touché tout à l'heure.
« O-oui... d-d'accord » dans mes oreilles a sonné comme un meurtre.
C'était sanglant à l'intérieur.
Putain, microbe ! Qu'est-ce que je vais bien faire de ton cas.
— Les filles ! Vous avez vu la nouvelle collection chez Zara ? s'exclame l'excitée aux cheveux rouges.
Mes yeux glissent sur le blazer gris ajusté sur les frêles épaules de microbe.
— Oui, mais par pitié, je veux passer chez Mango, répond la folle des bracelets.
Ajoutée à ça, elle porte une jupe écolière de la même couleur que le blazer qui lui arrive au milieu des cuisses et qui ondule légèrement à chacun de ses pas.
Un collant semi-opaque qui serre ses jambes fines, et des bottines noires.
— Juste avant, on passe à Sephora ! La dernière fois vous m'avez zappé ! se plaint l'aigrie de service.
Elle a encore ce bandeau noir qui tire ses longs cheveux miel en arrière.
Irrésistible.
J'adore quand elle met des bandeaux.
Ses copines n'arrêtent pas de jacasser.
J'en ai déjà marre de les entendre rire.
Mes yeux se perdent sur les mouvements de ses cheveux. Elle ne parle vraiment pas beaucoup. Elle sourit à ses copines, et lance quelques mots de temps en temps. Ses copines me font chier, mais pour leur défense — surtout la fumeuse — elles sont vraiment très attentives à la voix de microbe. Elles s'arrêtent toutes de parler à chaque fois qu'elle ouvre sa petite bouche comme pour lui montrer qu'elles l'écoutent bien.
Ou alors, peut-être qu'elle ne parle pas beaucoup parce que ma présence juste derrière elle qui la met mal à l'aise... ?
Le son de mes plaques militaires m'incite à les glisser dans mon pull pour étouffer le bruit.
La sucette tourne dans ma bouche, et la simple idée qu'elle aurait pu la sucer me fait presque oublier que j'ai un cerveau en dehors de ma queue.
Sauf que le petit groupe s'arrête soudainement, la fille aux cheveux rouge, et microbe disent en même temps :
— Oh ! Regardez, il y a le magasin Habitat, s'exclame microbe en le désignant du doigt.
— Oh ! Le magasin de déguisements est là !
Elles se regardent et se mettent à rire toutes les quatre.
Pitié...
Microbe à une petite fossette sur la joue droite, et un petit rire cristallin qui provoque une brutale sensation dans mon ventre.
Pitié... juste une nuit.
C'est tout ce que je demande.
— On ira après, murmure timidement microbe en abandonnant l'idée d'un geste de la main et en poussant ses copines vers le magasin de déguisement.
— Mais non, aller on va voir ce qu'ils ont chez Habitat, intervient la fille avec ses perles en tirant microbe vers l'entrée du magasin.
— Mais il ne reste pas beaucoup de temps, et on n'aura pas le temps de regarder les déguisements après... C'est rien les filles ont reviendra la prochaine fois.
Si gentille fille.
Qu'est-ce qu'elle foutait au 707, putain.
Cette question a tourné dans ma tête, toute la soirée. J'ai failli avoir un fond de migraine à cause de ça. Le truc, c'est que mon job s'arrête à la raccompagner le soir chez Margaret.
Je ne suis pas censé m'intéresser à ce qu'elle fait en dehors de mes fonctions.
Mais je ne sais pas non plus ce qui fait pleurer cette fille. Et ça m'énerve encore plus.
— On y va, prononcé-je en la fixant.
Ses yeux bleu-gris plongent dans les miens. Immédiatement, elle perd contenance, et ses joues reprennent la couleur des flammes.
Je sais.
Et tu ne sais pas ce que je suis prêt à donner pour t'entendre me dire ce que ça te fait de me regarder.
— Les magasins ferment dans une trentaine de minutes, argumenté-je en enlevant la sucette de ma bouche, tu pourras rejoindre tes copines après.
— De toute façon, intervient précipitamment la fille avec les talons en prenant les bras de ses deux autres copines. Nous, on allait choisir ta tenue, ma chérie, c'était une surpriiiise ! Salut Cassie ! À tout à l'heure. Aller on y va vous deux et fermez vos gueules !
— Q-quoi, Cherry ! A-attend !
— Tu nous rejoins d'ici vingt minutes, lance-t-elle en faisant les gros yeux à microbe. On est juste en face, t'inquiète pas ma belle !
Putain !
Elle sert donc à quelque chose celle-là !
Parfait.
J'ai beau essayer de me faire violence, un large sourire étire mes lèvres. La sucette retrouve place sur ma langue, puis je la coince contre ma joue, je tapote instinctivement mon casque contre ma cuisse.
— Pff... souffle-t-elle déjà en levant légèrement les yeux au ciel et en croisant ses bras sous sa poitrine.
C'est ça... petite peste.
Rebelle-toi un peu, j'adore quand tu fais ça.
Putain, je suis déjà accro ! C'est fantastique !
Je dois me retenir pour ne pas rire quand elle me tourne le dos pour s'enfoncer dans le magasin. Plus de copines, cette fois-ci, je suis ses pas de très près. Son léger parfum doux me prend dans les poumons.
À peine avons-nous mis un pied dans le magasin qu'elle me lance sur un ton irrité :
— J'aurais préféré venir toute seule, se plaint-elle en se tournant vers moi.
— Tu ne seras jamais seule quand je suis dans le coin, microbe. Avance.
Mon casque contre son dos l'oblige à faire quelques pas supplémentaires dans le magasin. Ses petites lèvres roses s'entrouvrent. Un air de choc passe sur son visage.
— Et puis vous comptez rester fâché combien de temps ?
Le coin de mes lèvres se lève dans un petit sourire. Elle tend la main pour toucher un carnet de notes à la couverture en fourrure. Je la suis au pas.
Donc, elle n'a rien dit, mais elle a bien senti qu'elle m'avait bien énervé.
Avec la sucette toujours en bouche, je rétorque :
— Jusqu'à ce que je voie la couleur de ta culotte, microbe.
Elle se tourne rapidement vers moi et écarquille les yeux, manifestement choquée par ma réponse. Sa peau prend une teinte rosée — rouge — qui me signale que ça doit être le feu sous cette petite jupe plissée.
D'un pas pressé, elle s'enfonce dans l'allée des bougies en me fusillant du regard, elle en prend une dans ses mains.
Cette fois-ci, j'ai bien l'impression qu'elle n'est pas aussi docile que tout à l'heure.
Je suis pour qu'elle me réponde de la pire des manières s'il le faut.
— Ça ne risque pas d'arriver mon pauvre, vous risquez de bouder toute l'année.
Un rire bref m'échappe :
— Je te rappellerais cette phrase quand tes fesses contre mes cuisses chaufferont mes draps.
Une nouvelle fois, elle tourne brusquement vers moi tout en balayant l'allée du regard pour s'assurer que personne n'a entendu notre échange. Sa paume dépose la bougie dans un récipient de verre assez soudainement sur une étagère.
Puis son doigt se plante au beau milieu de mon torse.
— Arrêtez maintenant. Vous arrêtez ça !
En dehors de la chaleur qui est descendue jusqu'à ma queue à cause de son toucher. Je me permets de la fixer le temps de quelques secondes. Pour prendre la température de ses propos.
Ça serait dommage de dégoûter, microbe.
Ce n'est pas ce que je cherche à faire.
Je réalise qu'un voile de sérieux s'est grimé sur mon visage. Je fais tourner la sucette dans ma bouche une ou deux fois avant de lui demander :
— Ça te met mal à l'aise ?
Je la scrute, ma question semble la surprendre, mais sa réponse vient tout de suite.
— Oui ! Très ! Vous dites des choses osées ! Vous me mettez mal à l'aise !
— "Tu".
— Quoi ?
— "Tu" me mets mal à l'aise. Arrête de me vouvoyer. On dirait une grand-mère !
Sa frustration est palpable :
— Non mais ! Vous êtes qu'un sale connard !
Cette fois-ci un rire m'échappe. J'ai eu mon « connard » de la journée et c'est tout ce qui m'importe !
Sur un ton amusé, je lui murmure :
— Je sais, j'adore ça être le connard de ses dames, et toi t'es qu'une petite capricieuse.
Elle souffle, visiblement exaspérée.
— Vous avez envie de rire maintenant ? Pourquoi vous vous êtes énervé contre moi ?
La vérité, c'est que je ne suis même pas vraiment sûr de la réponse.
Je sais qu'elle me ment.
Elle sait qu'elle que je sais, qu'elle me ment.
Et ça a suffi pour me donner envie de tout envoyer balader.
Donc, je n'ai pas de réponse à cette question, en revanche, mes yeux se perdre un moment sur son visage rond. Et en dehors du fait que je remarque déjà quelques grains de beauté discrets, c'est l'expression de son visage qui me frappe.
Je crois que mon silence l'a d'une manière ou d'une autre affecté. Elle y a sûrement pensé toute la semaine. Et ça, ça change toute la dynamique.
En suçant ce bonbon lentement, je l'enlève de ma bouche, et remarque qu'elle baisse les yeux pour la première fois sur mes lèvres.
Ça dure une seconde pour elle, mais moi, je sais que j'y penserai pour l'éternité.
Je me retiens de ne pas exagérer mes mouvements avec ma bouche et je lui réponds enfin :
— J'en avais envie. Pourquoi, je te manque, microbe ?
Ah ! Elle s'enfuit en soufflant un « pfff, c'est ridicule ». Un petit rire m'échappe, la sucette se coince contre ma joue. Ses bottines couinent contre le sol en bois du magasin. Je ne perds pas une seule seconde pour emmêler mes pas dans les siens.
— Vous êtes puéril et complètement malade, m'insulte-t-elle en fronçant les sourcils, et en s'enfonçant dans un rayon rempli de plaids et de coussins. Je ne vois pas ce qui pourrait me manquer chez vous.
— Que je ne drague pas mon petit microbe comme au premier jour peut-être ? lancé-je, tentant de la provoquer un peu plus.
Le sol grince un peu sous mes semelles, elle se tourne précipitamment vers moi en manquant de faire tomber un cousin de mamie qu'elle regardait. Ses yeux me lancent des éclairs, et je trouve l'ambiance parfaite. Entre les lumières tamisées qui éclairent les étagères et microbe qui remplis toutes les cases de la petite mamie par excellence.
J'adore ce que je suis en train de vivre.
C'est le meilleur vendredi 13 de ma vie.
— Vous ne me draguez pas, vous me faites des avances, réplique-t-elle finalement en rangeant le coussin dans l'étagère.
Là, j'étais à deux doigts de perdre ma tête.
Le sourire qui a poussé mes joues n'a jamais été aussi grand que ce soir. Mon casque dans ma main, je sens mes bagues contre lui, et c'est la seule chose qui me fait garder les pieds sur terre. Incapable de cacher mon amusement et la chaleur qui s'agrippe à ma queue, la sucette change de place dans ma bouche, elle recule dans le rayon, mais sans la lâcher du regard j'articule :
— Tu voudrais que je te drague, microbe ? la questionné-je en la retenant doucement d'une main dans ses cheveux longs.
J'ai entendu la provocation et la brûlure dans ma voix. Mais la pire erreur de ma soirée est d'avoir touché ses cheveux.
La douceur de ces derniers m'électrice. Je ne m'attendais pas à cette sensation, et putain de merde ! Cette fille est mon empire romain, et je ne risque pas d'oublier ce que ça m'a fait.
L'expression de ma petite peste change brusquement alors qu'elle lisse ses cheveux du revers de sa main pour que je les lâche.
Ils me manquent déjà.
Elle essaye de reprendre le contrôle de la situation, ses sourcils un peu froncés la décrédibilisent encore plus. Sa frustration est trop mignonne pour me faire peur.
— Non, et vous êtes probablement un piètre séducteur, je préfère vous le dire.
Mon cœur cogne fort et je n'arrête pas de sourire, tandis que la taille de la sucette diminue dans ma bouche.
En tout cas, ce soir, je dois relâcher la pression que j'ai entre les jambes à tout prix.
— Mhm, c'est ma piétrerie qui te fait rougir comme ça, je suppose. Mais si tu me demandes de te draguer, je m'y mets tout de suite. Tu ne voudras plus jamais que je m'arrête.
Face à son air estomaqué, je meurs d'envie de connaître le contenu de ses pensées !
Elle avance encore dans un autre rayon, celui des luminaires, mais elle les regarde à peine :
— Dans vos rêves sale co-
— Ah... microbe, la coupé-je, ce qui l'incite à lever les yeux vers moi. Je l'ai eu mon connard de la journée, je veux quelque chose d'autre de plus excitant !
Elle essaye vraiment de garder contenance. Je sens que je la pousse à bout, ses joues sont empourprées, elle cherche ses mots. Et l'émotion entre la frustration et la timidité sur son visage me provoque une satisfaction — un peu malsaine — que personne ne m'a jamais donnée.
Une nuit. Juste une seule. Ça sera suffisant.
La voir perdre tous ces moyens face à moi, c'est un peu mon péché mignon.
Parce qu'elle essaye quand même de se défendre.
Et voir ça c'est vraiment le pied.
— À chaque fois que tu rougis, je le prends comme un compliment. Et tu me complimentes beaucoup en ce moment, microbe, articulé-je pour la provoquer encore plus alors qu'elle fuit dans le rayon de la literie.
— Vous êtes tellement... fou ! souffle-t-elle en feignant de regarder des draps. Vous ne vous en rendez pas compte ?
Un employé passe dans notre rayon en lançant un rapide « bonsoir » suivi d'un sourire poli pour microbe. J'ai failli mettre ma bottine sur son chemin pour qu'il se prenne le sol.
Il s'en va rapidement, et ma bonne humeur revient quand mes yeux se posent de nouveau sur ma bourgeoise préférée. Mes mots sortent avec un naturel qui me surprend moi-même :
— Je sais que t'aime ça. Et comme je suis fan de toi. Je ne compte pas te lâcher de sitôt, chanceuse...
Elle me pousse le bras avec un regard outré.
Encore, par pitié.
— Vous êtes un gros pervers ! me lance-t-elle en tenant toujours un set de drap imprimé petites citrouilles dans les mains.
Mignon. Je me vois bien la frotter contre ces draps citrouilles.
Je tourne ma sucette dans ma bouche, puis la pointe vers elle pour souligner mes mots, avec un sourire malicieux aux lèvres, je lui dis :
— T'adore que j'te donne de l'attention, microbe. Rassure-toi, t'es bien la seule à avoir ce privilège. Et entre nous, tu sais que tu es mon petit péché mignon.
Elle s'arrête net en me fixant les yeux écarquillés et la bouche légèrement entrouverte, j'explose de rire en voyant ses joues prendre une nouvelle teinte écarlate sur les joues.
Le bleu marine était ma couleur préférée, c'est terminé.
Maintenant ça sera rouge.
— Je ne veux pas de votre attention ! s'écrit-elle presque désespérée en me balançant une peluche qui traînait sur l'étagère.
Je suis incapable de retenir le rire qui s'échappe de moi en rattrapant le petit ourson comme un ballon de rugby. Ma main se place devant ma bouche à force de rire, et elle me regarde avec un air étrange cette fois-ci.
Elle scrute mon visage, et moi je lui dis :
— T'as cette façon de rougir qui dit 'arrête' alors que tes yeux crient 'encore'. Faut savoir, microbe. J'me demande combien de fois mon nom revient dans ton journal intime ! À tous les coups t'as dû faire une page entière juste pour m'insulter de connard, petite obsédée !
— Je ne parle pas de vous dans mon journal ! se défend-elle en serrant son set de drap contre son torse.
Donc elle en a un.
Je ricane en montrant ma chevalière sur ma main.
— Si tu veux ajouter quelques détails à ma description, tu peux dire qu'on voit l'aigle à deux têtes sur ma chevalière. Je suis albanais.
Pendant une seconde, je crois la voir loucher sur ma main, mais tout de même sa frustration reprend le dessus. Elle fonce sur moi, et tente de me pousser loin d'elle. Ses paumes contre mon ventre me font l'effet d'une bombe. Je ris autant que je frissonne. Encore plus parce que sa force face à la mienne est vraiment vaine.
— Putain ! C'était dur une semaine sans toi, ma petite peste !
— Je vous hais, sachez-le ! Vous m'énervez trop ! s'exclame-t-elle, à bout de nerfs.
Avec un sourire en coin, je réponds :
— Je sais, et si tu veux tout savoir, c'est ce qui rend le sexe encore meilleur. Petite obsédée ! Putain, il faut vraiment que je le lise ton journal !
Elle ouvre la bouche et serre son set de lit dans ses bras sur sa poitrine. Elle me tourne les talons en avançant rapidement dans l'allée.
Merde.
— Hé, boude pas, microbe.
Elle m'ignore complètement. Je vois à sa tête qu'elle est gênée et cette fois dans le sens mal à l'aise.
Je soupire un peu amusé.
— Petite peste, l'appelé-je presque sur un ton chantant en fourrant une de la main qui ne tient pas mon casque dans ma poche.
Mes semelles font grincer le bois. J'ai l'odeur de cire et des bougies dans le nez, le parfum de la cerise dans ma bouche. Je la suis dans un rayon où trônent des tasses de toutes formes et de toutes couleurs. Je la vois, presque trottiner, vers les tasses spéciales Halloween.
Elle les regarde bien, une par une. Je m'approche d'elle, en marchant lentement. J'observe ses jambes, la courbe de son dos et me place à côté d'elle, mais son regard est fuyant. Un petit sourire en coin naît sur mes lèvres.
— Le rayon parfait pour tes potions magiques, la taquiné-je pour détendre l'atmosphère.
Elle hausse les sourcils exaspérés et son expression me fait entendre sa voix dans ma tête : « vous n'êtes pas drôle, connard. »
D'un ton froid, elle rétorque :
— Je ne veux plus vous parler.
Ses yeux se perdent entre les tasses, je sais qu'elle fuit mon regard.
Avec un sourire moqueur, je m'amuse à lui dire :
— Pitié, tu sais que tu me rends dingue, je ne peux pas faire sans toi.
Je prends une pause pour aspirer ma sucette, et sa réaction arrive vite :
— Si vous pouvez, vous m'avez fait la gueule une semaine entière.
Je crois que ça l'a vraiment affectée.
— Tu marques un point, répondis-je sur un ton mi-sérieux, mi-amusé, mais pour ma défense, c'était ma semaine la plus ennuyante de l'année.
Elle lève un sourcil, et me regarde assez méfiante.
— Qu'est-ce que vous ne diriez pas pour coucher avec n'importe quelle fille... ?
Alors qu'elle s'accroupit pour examiner des tasses sur l'étagère du bas, je ne peux m'empêcher de penser que se baisser est la pire choque qu'elle aurait pu faire ce soir. La voir de cette hauteur-là, c'est de la torture.
Et le pire, c'est qu'elle ne fait même pas exprès d'allumer ce feu dans ma queue.
Une de mes mains passe sur ma mâchoire, j'enlève la sucette de ma bouche et je lui réponds :
— Ce n'est pas n'importe quelle fille que je veux, c'est toi.
Elle lève la tête vers moi en arrêtant le mouvement de sa main vers une tasse imprimée Harry Potter. Ses yeux, dont le mélange m'intrigue toujours autant, entre le gris et de bleu, se posent sur moi.
Elle me sonde, pour essayer de discerner la vérité derrière mes mots.
Elle se relève lentement, ses yeux toujours verrouillés sur les miens.
Putain de merde.
Comment je vais enlever cette image d'elle de ma tête.
— À quoi vous jouez à la f-
— Tu, la coupé-je. Aller, fais un petit effort par pitié. Je pourrais te demander de me vouvoyer dans un autre contexte, t'inquiète pas.
Le visage de ma petite peste vire au rouge tandis qu'elle repose délicatement la tasse qu'elle tenait en main.
Elle semble chercher ses mots, mais finalement elle articule :
— Je ne suis pas à l'aise avec l'idée de vous tutoyer...
Je remets cette sucette dans ma bouche :
— Tout te met mal à l'aise toi. J'ai l'impression d'avoir 70 piges avec tes 'vous'.
Du tac au tac, elle réplique :
— Vous m'avez l'air assez mature de toute façon.
Amusé, je lève un sourcil avec un petit rire bref. C'était bien lancé de sa part, et je dois reconnaître que je ne l'avais pas vu venir.
— Quel âge tu me donnes ? lui demandé-je pour laisser la taquinerie de côté pour le moment.
Son visage me paraît désemparé, elle hausse un peu les épaules :
— 27... 28 ?
Je hoche la tête.
— Pas loin.
Elle semble intriguée :
— Pourquoi... Vous avez quel âge ?
Je fais tourner la sucette dans ma bouche, plutôt amusé par sa curiosité.
— 25.
La surprise passe sur son visage, puis elle me demande :
— Oh... vous êtes né quand ?
J'avoue que sa question me satisfait, mon sourire s'élargit, je coince la sucette contre ma joue :
— Pourquoi, tu veux savoir mon signe astrologique ou une connerie du genre ? la taquiné-je.
Elle secoue vivement la tête, le visage écarlate.
— N-non... c'est pas ça, je- enfin, laissez tomber.
— Je suis né le 05 janvier. Et toi ?
Timidement, tout en serrant le set de drap qu'elle trimballe depuis tout à l'heure contre elle, elle répond d'une voix basse :
— Le... 05 juillet.
Je ris doucement, lui prenant délicatement le set de drap des bras pour le porter.
— Eh bien, regarde comment on se complète ! On dirait que c'est toi la cerise sur mon gâteau d'anniversaire ?
Elle rougit encore plus, mais cette fois... elle me sourit.
Pour la première fois.
Mes yeux se posent sur sa fossette légère, tandis que je fais tourner ma sucette dans ma bouche.
Je l'ai sous-estimé.
Je n'aurais jamais pensé qu'un simple rougissement puisse m'exciter autant. Je sens ma queue commencer à durcir et je sais que ce n'est pas le moment d'avoir le barreau.
Et j'inspire profondément en déglutissant. Mon casque de moto tapote discrètement ma cuisse.
J'étais à ça de perdre le contrôle et de la toucher partout où elle m'aurait laissé faire.
En tout cas, elle se tourne de nouveau vers les tasses. J'ai l'impression que son petit air triste s'est légèrement dissipé. Et l'atmosphère semble s'être détendue.
Je ne dis rien. Même si, j'aurais pu insister pour la faire chier encore. Mais il me fallait quelques minutes pour calmer la chaleur que j'ai dans entre les jambes. Le fait qu'elle s'intéresse à ces putain de tasses d'Halloween tombait à pic.
J'évite de la regarder, et sonde les alentours du magasin en l'entendant murmurer pour elle-même tout en prenant quelques tasses : « Oh, ça serait parfait pour Lalita... et celle-là, pour Cherry ! C'est parfait ! »
Comme obligé, je baisse les yeux sur elle une seconde, elle sourit toute seule en regardant une tasse en forme de pot de miel, elle chuchote un « Pour Nelly...! » en encombrant ses bras des objets, elle se redresse et prend au dernier moment, une sorte de mini peluche en forme de souris grise et s'exclame: « Pour Sherlock ! »
Je glisse son set de draps sous mon bras, et lui prends deux tasses des mains.
Elle lève les yeux surprise :
— Mer..., commence-t-elle, avant de s'interrompre.
Je peux à peine retenir mon sourire.
— Mais je t'en prie, microbe.
— Je ne l'ai pas dit, rétorque-t-elle, avec son air de petite capricieuse.
— Tu l'as pensé tellement fort que t'en as pas eu besoin, dis-je, amusé. De rien.
Elle lève les yeux au ciel, son exaspération contraste avec l'innocence peinte sur son visage.
— Vous ne vous taisez jamais, se plaint-elle en sortant du rayon.
Nous marchons côte à côte, sans réfléchir je lui lance :
— Force-moi.
En écarquillant ses yeux pour me regarder, elle ne fait pas attention à sa direction et se cogne contre une étagère derrière elle. Une peluche tombe sur le sol.
Je me penche pour le ramasser, mais en me relevant, je m'assure que mon visage soit si proche de son corps que j'espère qu'elle sent mon souffle chaud contre ses vêtements, jusqu'à me redresser totalement et la surplomber de ma taille.
Je dépose la peluche, mon bras reste appuyé contre l'étagère, et l'encadre.
Dans ses yeux je vois — je sens — qu'elle est parcourue de frissons, elle doit s'y prendre à plusieurs fois pour déglutir correctement. Je résiste à l'idée de poser ma paume contre son ventre pour sentir les salves qui doivent contracter sa peau au moment même.
Sa peau vire encore au rouge, ses lèvres s'entrouvrent légèrement, et à la façon dont sa poitrine se soulève rapidement montre à quel point elle est perturbée par notre proximité.
Je n'ai jamais eu autant envie de coucher avec une femme depuis que je l'ai vue assise dans cette gare, putain.
Mon cœur bat plus fort, mes sens sont en éveils et rongent les veines qui me parcourent.
— Tu ne veux pas essayer de me faire taire, microbe ?
Je n'ai même pas réussi à cacher le désir que j'avais dans la voix.
Elle est tellement rouge que j'ai envie d'exagérer. Je me penche lentement vers elle, laissant mes lèvres frôler délicatement le lobe de son oreille, je crois qu'un petit murmure s'échappe d'elle.
Le son m'emmène loin. Très loin des enfers.
— Si tu ne veux pas que je te mette mal à l'aise dans ton magasin de décoration de mamie, réponds-moi simplement : je ne vais pas essayer de te faire taire.
J'ai presque la sensation que les gonflements de sa poitrine vont me frôler.
Je rêve qu'elle me frôle.
Elle lève la tête vers moi, et je baisse les yeux sur ses lèvres en imaginant tout ce qu'elles pourraient me faire de bien.
— O-on est en public... murmure-t-elle en regardant autour de nous pour s'assurer que personne ne nous voit.
— Et ? Le magasin est presque vide.
— Et... vous êtes trop proche de moi quand même.
Quand elle me regarde, mes dents brisent le petit morceau de sucette qui reste, je le mâche en gardant la tige en plastique dans ma bouche. La tension dans mes muscles devient lentement insupportable.
Sa façon de respirer s'immisce sous ma peau. Je reste un moment accroché à ses yeux tombants et son air nuageux. Je baisse les yeux sur ses lèvres, et remonte lentement pour regarder la couleur de ses yeux.
Je finis par lui chuchoter :
— T'as jamais fait l'amour dans un magasin, microbe ?
L'instant éclate lorsqu'elle me pousse d'une main sur mon ventre en soufflant un classique : « pfff, sale connard ! »
Bien sûr, en ayant les joues rouges.
Je mords ma lèvre une seconde avant de laisser un rire me prendre. La tige de la sucette glisse dans ma bouche tout en la suivant du regard.
En s'approchant des caisses. Je suis juste derrière elle, et dépose ses articles sur le tapis roulant. Une annonce au micro résonne soudainement dans le magasin, demandant au client de se diriger vers les caisses, car ça va bientôt fermer.
Je remarque en un coup d'œil que la caisse commence à se remplir, un homme avec son fils derrière moi dépose ses achats sur le tapis.
Elle est juste devant moi. Je résiste même à l'envie de poser ma main sur sa nuque, juste pour qu'elle sache que je suis bien là.
— Aller au revoir madame, passez une bonne soirée, sourit le cassier à une grand-mère qui lui sourit en retour avant de lui tourner le dos.
Le type se tourne vers Cassie. Mes molaires s'écrasent déjà l'une contre l'autre :
— Bonjour mademoiselle ! dit-il avec un enthousiasme presque trop débordant.
Putain. Sa petite voix timide balbutie un petit bonjour qui s'entend à peine. Elle avance de l'autre côté de la caisse, et je la suis au pas.
— Comment ça va aujourd'hui ? continue-t-il. Il fait un temps pas possible vous ne trouvez pas ?
Je sens mes doigts se resserrer autour de mon casque.
Cassie répond timidement :
— Oui... c'est bientôt l'hiver, lui dit-elle tout en rangeant ses tasses dans un sac plastique.
J'arrive à peine à faire semblant que ça ne m'énerve pas. Je commence à tapoter nerveusement mon casque contre ma cuisse. Mes yeux se verrouillent sur lui, et je suis à ça d'intervenir s'il continue.
Et il continue cet enfoiré, tout en scannant ses articles !
— C'est clair ! Vous n'avez pas froid avec ce blazer-
— T'as pas besoin de connaître son état. Contente-toi de scanner ses tasses.
Le caissier lève ses yeux grands ouverts vers moi. Il blêmit immédiatement devant mon regard et son sourire s'évanouit aussi vite qu'il est apparu.
Dieu merci.
Microbe se tourne vers moi, visiblement choquée par ma réaction.
Je lui adresse un sourire hypocrite qui n'atteint pas mes yeux.
Aux regards désolés qu'elle lance au cassier qui ne la regarde plus, je sais que je viens d'accentuer son malaise, mais au moins, l'envie de lui exploser la tête contre sa caisse ne me démange plus autant.
Dans une nonchalance exagérée, je regarde le cassier finir de scanner les articles de microbe.
— 182,4£, articule-t-il sur un ton plus froid.
Le prix ne m'étonne pas, une seule tasse coûte 17 livres sterling. Et la literie qu'elle a prise coûtait encore plus cher.
Ma petite bourgeoise ne tique pas non plus à l'entente du prix, je la vois s'affairer à fouiller rapidement dans son sac.
Les secondes passent et j'ai bien l'impression que son visage devient de plus en plus rouge.
Elle semble soudainement perdue et fronce les sourcils en regardant le contenu de son Longchamp.
— Qu'est-ce qui a ? demandé-je d'une voix neutre.
Alors qu'elle fouille encore plus frénétiquement, elle étale son contenu sur le comptoir ; une dose d'épinéphrine, des tickets de caisse froissés. Elle commence à se mordre la lèvre, son visage pâlit un peu et en levant les yeux vers moi elle me murmure discrètement :
— Je crois que... j'ai oublié ma carte bancaire à la maison...
Derrière la caisse, l'homme avec son fils commence à montrer son impatience en soupirant bruyamment.
Sans réfléchir, j'enlève la tige de ma bouche je lui lance un sale regard glacial qui le fait immédiatement se taire.
Je remets le plastique dans ma bouche et ma main glisse dans l'intérieur de ma veste. Microbe balance ses cheveux longs derrière son épaule, elle continue de fouiller.
— Je suis désolée, prononce-t-elle gênée à l'intention du cassier en sortant son téléphone, ses écouteurs et un livre intitulé "Valentina" sur la caisse.
J'ouvre mon portefeuille en tirant sur ma carte.
— Je comprends pas, murmure-t-elle. J'enlève jamais mon portefeuille de mon sac...
Je sens sa détresse d'ici. Elle déteste sûrement se retrouver dans ce genre de situation.
— Je suis désolée, j'ai oublié ma-
— C'est bon, je l'interromps en lui tapotant doucement le bras pour lui tendre ma carte.
Elle lève brusquement les yeux vers moi, son regard surpris jongle de moi à ma carte, et il ne faut pas beaucoup de temps avant qu'elle ne secoue la tête :
— Non je-.
— 0507.
Elle reste là un peu bouche bée, je secoue légèrement ma main pour qu'elle comprenne qu'elle doit prendre la carte.
L'homme avec son fils dans la queue commence à s'impatienter encore plus :
— C'est pas fini, mademoiselle ? On voudrait tous rentrer chez nous quoi...
Elle ouvre la bouche pour s'excuser, mais avant qu'elle n'ait pu dire quoi que ce soit, je la coupe :
— Enculé, tu le fais exprès ou quoi ? Ferme ta gueule ou je me charge de ton cas tout de suite !
Je ne le lâche pas des yeux et il blêmit en approchant son fils de lui :
— C'est bien ce que je pensais, soufflé-je avant de me pencher légèrement vers elle, elle est toute rouge : Prends cette putain de carte.
Prise de gêne, elle prend finalement ma carte, et alors que la machine traite le paiement, elle murmure :
— Je vais tout vous rembours-
— Je préfère que tu ne finisses pas ta phrase, la coupé-je en gardant un œil sur l'homme qui n'ose plus dire un mot.
Le caissier, visiblement mal à l'aise lui aussi, emballe les tasses qu'il tend à Cassie sans un mot de plus, je prends le sac :
— On y va, ordonné-je en nous sortant du magasin ;
Alors que j'ajuste la tige dans ma bouche, j'entends sa voix :
— Tenez.
Je baisse les yeux sur ma black card.
— Garde-la, tu me la rendras quand tu auras terminé ton shopping.
— Non je vais rien acheter de plus et je vais vraiment vous-
— Le seul remboursement que je veux de toi, ta carte bancaire ne peut pas me le donner, et je doute que tu sois prête pour ça, garde-la.
Décidément, j'aurais eu le droit à toutes les teintes de carmin ce soir.
Elle plaque la carte sur mon torse, et ses yeux gris ou bleus me fixent en me suppliant presque de la reprendre.
Je peux mourir sous son toucher, je crois.
J'ouvre ma veste et elle regarde la poche intérieure. Elle comprend ce que je lui demande, et sa main glisse la black card à côté de mon portefeuille.
Putain, que c'est irritant tous ces frissons.
Elle me tourne le dos pour se mener vers le magasin de déguisement, mais au même moment, ses copines sortent de la boutique avec des sacs lourds dans les mains :
— Cassie !
La fille avec les cheveux rouges se précipite vers nous et s'agrippe au bras de sa copine. Elle me lance quelques coups d'œil excités. Je savais pertinemment que ce soir, j'allais être le sujet de discussion du « WINX CLUB ».
— Alors vous avez trouvé des tenues, demande microbe en souriant chaleureusement à ses amies.
L'aigri de service me lance un regard sceptique — presque noir — je la fixe à mon tour avec un sourire hypocrite qui n'atteint pas mes yeux jusqu'à ce qu'elle daigne enfin à détourner le regard.
Idiote.
— On t'a pris une tenue, tu vas adorer, argumente la fille avec de longues mèches. Tu l'essayeras quand tu rentres tu nous envoies la photo !
Il me faut cette photo.
— Oh, OK ! Je l'essaye ce soir ! Et moi je vous ai pris des cadeaux... enfin... euh...
Ouais, techniquement, c'est moi qui ai payé.
Microbe se tourne vers moi. Je me rappelle que je tiens son sac dans ma main.
Je l'ouvre, et elle prend les trois tasses pour ses copines en me chuchotant un bref : « merci. »
— Mais je t'en prie, microbe.
J'entends sa copine aux cheveux rouges jubiler.
Microbe pince les lèvres en détournant rapidement le regard. Elle me tourne le dos, et offre ces tasses de grand-mère à ses copines. J'écoute rien de ce que ces trois excitées racontent. Mes yeux se baissent juste sur microbe qui est toute gêné devant les remerciements de ses amies.
La fille avec les talons se penche vers elle et lui fait un bisou sur sa joue laiteuse et lui laisse la trace de son rouge à lèvres.
Elles sont très proches, Knight me l'a déjà dit de toute façon.
— On rentre les filles, propose l'excité du groupe.
Il était temps qu'elles rentrent enfin. Leurs voix réveillent presque ma migraine.
Je tiens son sac avec son set de lit et la peluche souris pour son patapouf d'une main, mon casque de l'autre et comme à l'allée, je marche derrière ma petite peste préférée qui écoute les simagrées de ses copines.
Tu ne racontes pas le moment ou tes yeux bleu-gris se sont baissés sur mes lèvres, microbe ?
J'ai envie de rire en mâchouillant cette tige en plastique.
Ma fin de soirée s'est déroulée encore mieux que prévu.
Même si, dans un coin de ma tête, je n'arrive pas à m'enlever ses mensonges.
Putain, il faut que je creuse pour Southwark.
Nous sortons du magasin. Ses copines lui font toutes des câlins pour prendre la bouche de métro.
À la seconde où nous nous retrouvons de nouveau seuls, j'allais ouvrir la porte pour la faire chier comme à mon habitude, mais mon téléphone vibre de façon continuelle dans ma poche. En marchant vers le parking où j'ai laissé ma moto garée, je rassemble son sac dans la main qui tient mon casque et extirpe mon téléphone de ma poche.
C'est mon père.
— Babi ? (papa)
J'incite microbe à marcher devant moi pour que je puisse garder un œil sur moi. Instinctivement ma main se pose sur sa nuque.
Elle ne dit rien, et nous nous approchons de ma moto. Mon père est en train de me parler d'un dossier sur des paiements à un créancier qui date d'il y a un mois.
— Po, kam marrë informacionin që kërkoja, continué-je. (Oui, j'ai obtenu l'information que je cherchais.)
Arriver devant le bolide, je lui fais signe de ranger ses affaires dans le coffre de ma moto.
— Ai është paguar tashmë. Është Nikolasin që Benjamini duhet të shkojë për të parë. (Il a déjà été payé. C'est Nicholas que Benjamin doit aller voir.)
Tout en écoutant la réponse de mon père, je prends le casque de microbe accroché, je coince mon téléphone entre mon épaule et mon oreille, essuie la trace de rouge à lèvres sur sa joue, avant de lui mettre le casque, en serrant la sangle pour qu'il soit bien ajusté.
— Mets tes gants, suggéré-je à microbe avant de continuer à répondre à mon père : Prit derisa të vij, bab, nuk po të kuptoj. (Attends que j'arrive, papa, je ne te comprends pas.)
Ma main trouve place sur sa taille, elle me laisse l'aider à monter sur ma moto, et je murmure des « mhm » pour répondre à mon père.
— Po mbyll telefonin, babi, po vij brenda një ore. (Je raccroche, papa, j'arrive dans une heure.)
Je raccroche sans attendre sa réponse. Je sens son regard sur moi.
Je glisse le bâtonnet de la sucette dans ma poche et je sens une barre de céréales au chocolat. Je la sors et lui tends :
— Tu la veux ?
Ses yeux légèrement pris de surprise jonglent de moi à la barre dans ma main :
— Il n'y a pas de noisettes dedans ? me demande-t-elle timidement.
— Je ne cherche pas à tuer la fille de celle qui paye mon loyer, répliqué-je avec un sourire en coin.
Elle hoche la tête et tend sa petite main gantée pour prendre la sucrerie. Alors que j'enfile mes gants et m'approche de ma moto je l'entends murmurer un :
— Merci... c'est gentil.
Je la regarde en essayant de cacher mon amusement. J'enjambe ma moto :
— Je ne serais pas gentil quand tu seras sur ma-
— S'il vous plaît ! s'écrit-elle déstabilisée en tirant sur ma veste.
Un rire m'échappe.
J'adore.
Je me tourne vers elle et lui abaisse sa visière avant de lui taper la cuisse. Je n'ai plus besoin de parler, ses mains s'enroulent autour de mon torse. Son contact me rend tout chaud, et je retiens les pensées salaces qui tendent chaque muscle de mon corps à son contact à chaque fois qu'elle monte sur cette moto.
Le ronronnement de la BM s'infiltre dans ma tête.
J'abaisse ma visière, et le monde se teinte d'un voile sombre.
Chaleur autour de mon torse, les roues contre l'asphalte me donnent déjà envie de fuser.
Je sors lentement du parking, et il ne me faut pas beaucoup de temps avant que le moteur rugisse dans les rues de Londres qui défilent à toute allure.
Sa poitrine se presse contre moi, ses cuisses me réchauffent et comme à chaque voyage, je frissonne d'envie... La chaleur irradie ma gorge, et descend dans mon ventre, dans mes muscles.
Et puis, je sens son casque se poser sur moi, ses bras m'étrangler un peu plus fort en subissant la vitesse du deux roues.
Nouvelle habitude, depuis hier... ?
Libre sur la S1000RR, son corps obéit au mien à chaque virage, et à chaque fois, j'ai la sensation qu'on fusionne avec la moto.
Bon sang, j'ai envie de baiser.
C'est de la torture.
Et je n'aurais dû toucher ses cheveux, parce que j'ai toujours l'impression de les avoir entre les doigts. Lisse et doux. J'ose à peine imaginer l'odeur.
Le monde s'efface.
Il n'y a que la moto, microbe et moi.
Mais dans un dernier virage, j'arrive dans son quartier à Blackheath, je ralentis en apercevant son pavillon à quelques pâtés de maisons.
Mes roues atteignent son trottoir, je monte dessus comme à chaque fois — parce que je sais que ça l'agace.J'ai déjà un petit sourire en coin narquois à la simple idée de savoir qu'elle a sûrement dû se faire une réflexion sur mon insolence.
Tant que ça me permet d'être dans sa tête.
Je coupe le moteur devant sa maison, en même temps qu'elle commence à descendre.
Mes paumes tirent sur mon casque, et elle me tend celui que je lui prête à chaque fois. Je l'accroche à ma moto, mais elle reste là à me regarder curieusement.
J'ouvre mon coffre pour qu'elle récupère ses affaires, et je sens bien qu'elle va me poser la question.
— Qu'est-ce que vous faites ?
Tellement prévisible, microbe.
— N'ait crainte, répliqué-je un sourire taquin en coin, tout en l'incitant d'un geste de la main à venir ouvrir son portal. Je dois voir ta mère.
✤
Bonsoir bonsoir, bonsoir ! 🎃
Ça-va ? ☕️
(Avant toute chose, je tiens à remercier Rinesa, Melissa et Marigona d'avoir pris le temps de me corriger et me conseiller pour les phrases de notre plus beau albanais pardon 😮💨🤚🏾)
(Et je remercie toutes les albanaises qui m'ont proposé leur aide, je pensais pas avoir autant d'albanaises permis mes lectrices et je suis vraiment trop contente — au lieu de me présenter vos reufs — et don voilà merci pour votre aide 🥹 ! C'est très possible que je crée un groupe parce que parfois j'ai des questions sur la culture etc, et puis même d'un point de vue global j'aimerais avoir vos retours sur votre pays, culture, traditions, mœurs etc !)
Maintenant.
Prenez place : 🪑🪑🪑🪑🪑🪑.
Je suis verte !
Pour celles qui ont vu ma story, c'est l'heure du Margaret Show ! (J'avoue il va être archi cours MDR parce que je suis en retard pour publier le chapitre, donc je ferais une note plus détailler dans le prochain)
Là, je vais juste dire:
Celles qui insultent encore Cassie de pute, parce qu'elle est intimidée devant Callahan, je BLOQUE, sans stresse !
J'en ai trop marre qu'on insulte les protagonistes à tout va comme ça. Eh devant Callahan, PER-SONNE aurait fait la maligne ! Moi la première ! J'aurais aboyé même ! MDR ! Cassie c'est une fille grave timide et pas à l'aise avec les hommes et Callahan c'est un gros militaire, avec un très fort caractère dominant et un peu autoritaire ! C'est pas une question de "c'est une chienne" ou "c'est une soumise" elle à juste été bouche-bée (et au pire il y a des femmes qui aiment être soumise à leur mari, le problème est où dans ça tant qu'il y a du respect ? Je- I mean ? What ?)
Bref la je peu pa cro cro parler longtemps, depuis j'entends les notifs du Discord je stresse, je vous laisse avec le chapitre mais vraiment, je vais bloquer maintenant je m'en COGNE !
Maintenant que je suis un peu en paix, IT'S TIIIME TO TAKE THE TEA : ☕️, je veux tout entendre, vos impressions, vos ressentis, vos théories, vos retours pour ce chapitre ? Dites-moi tout !
En vrai, dites moi si vous avez aimez ce chapitre 😣 ? En sah ? J'ai passé toute la journée dessus du coup j'arrive même plus à jauger là...
Bref moi Cal et Cas leur dynamique c'est pour m'abattre ! Je suis désolé Cal il est archi sexy comme mec... ! 🫠
Bon, je vais pas m'éterniser, BYE 🏍💨 !
(Je sais pas quand on se retrouve par contre 😭 ! Mais ça ne sera pas long ne vous inquiétez pas !)
On se retrouve sur le Discord pour les Red Paper 🍒🩰 ! (Pareil y'a pas trop de théories pour ce chap mais pour discuter de la mignonnance de Cas et des abdos de Cal, en plus il a payé... avec sa BLACK CARD !)
BYE 🏍💨🪐 !
Stardust 🍓
𝚂𝚎𝚎 𝚢𝚘𝚞 𝚜𝚘𝚘𝚗 🕰...
xo, Azra. ✿
IG: azra.reed
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