𝟷𝟹. 𝚅𝚎𝚗𝚍𝚛𝚎𝚍𝚒 𝟷𝟹.

(𝖣𝖾́𝗆𝖺𝗋𝗋𝖾𝗓 𝗅𝖺 𝗏𝗂𝖽𝖾𝗈 𝗉𝗈𝗎𝗋 𝗏𝗈𝗎𝗌 𝗉𝗅𝗈𝗇𝗀𝖾𝗓 𝖽𝖺𝗇𝗌 𝗅'𝖺𝗆𝖻𝗂𝖺𝗇𝖼𝖾)



"Les expériences douloureuses de notre passé contribuent à forger ce que nous sommes aujourd'hui."
William Glasser




𝙰𝙲𝚃 𝟸.

🍂 𝚘 𝚌 𝚝 𝚘 𝚋 𝚛 𝚎.



𝟣𝟥. 𝖵𝖾𝗇𝖽𝗋𝖾𝖽𝗂 𝟣𝟥.




Cassie.




Je sursaute en me retournant vers la porte.

— T'es là, Cas' ?

J'ai un mouvement de recul en voyant Taylor pénétrer les toilettes. Mon cœur se serre et les images de lundi dernier me prennent à la gorge.

Quand il m'a laissée suffocante dans ce cagibi noir.

Quand il m'a remontré ces photos...

Il referme la porte des toilettes derrière lui, et tourne le verrou. Le claquement me provoque un violent mal de ventre qui s'empare de moi. J'essaye de déglutir mais je dois m'y prendre à deux fois pour y arriver.

J'ai l'impression que mon cœur va sortir de ma poitrine.

— Calme-toi, murmure-t-il en levant légèrement les paumes pour me rassurer. Je ne vais rien te faire. Il faut que t'arrêtes d'avoir peur dès que tu me vois, tu sais.

Sauf que personne d'autre ne me fait plus peur que lui...

Son petit rire mesquin résonne dans les toilettes, il se frotte lentement les mains en avançant.

Je suis tétanisée, mais sans perdre trop de temps, je sors le paquet de molly de mon sac, je lui tends mais il ne vient pas le prendre.

Je le regarde sans comprendre.

Non, Taylor se place devant le miroir et ses doigts tâtent la peau de son visage, il se penche vers son reflet pour bien se regarder :

— Putain, j'ai une sale gueule tu trouves pas, me questionne-t-il en lissant ses cernes.

Je hausse les sourcils, et reste choquée face à son attitude décontractée.

Quoi ?

À quoi il joue ?

Il réajuste le pull en maille beige qu'il a drapé par-dessus ses épaules, sur sa chemise Ralph Lauren bleue, et rabat ses cheveux cendrés en arrière.

J'ai juste envie de sortir d'ici au plus vite.

D'un pas peu assuré, je m'approche des lavabos et dépose sa drogue pas loin de lui avant de remettre de la distance. Il se tourne vers moi avec un petit sourire, prend le paquet avant de l'ouvrir pour glisser les petits sachets dans ses poches.

— Tu cuisines toujours tes cinnamon ? T'aimes toujours ça ?

Je fronce les sourcils. Une confusion se réveille dans ma poitrine. Mon poing se serre autour la languette de mon sac :

— Je... je dois retourner en cours, je-

— Hé, m'interpelle-t-il en plaçant une paume devant moi pour m'empêcher d'avancer.

Je relève les yeux vers lui en m'arrêtant net. Mon corps baisse en degré à cause de l'effroi que je ressens. Je me sens suffoquer avec lui. Et quand il fait un pas vers moi, je recule rapidement vers le fond des toilettes, jusqu'à cogner mon dos contre le mur.

Il me regarde avec ce petit sourire en coin, et ses sourcils légèrement froncés comme s'il ne comprenait pas mon attitude.

— Cas' t'exagère là. Je ne t'ai même pas touché.

— Je dois juste retourner en cours ! lancé-je sèchement, mais la panique dans ma voix trahis mon état. S'il te plaît...

— Je sais, je t'ai entendu, mais on peut discuter deux minutes, non ?

Mes paupières s'ouvrent, mon cœur tambourine violemment dans ma cage thoracique.

J'arrive à peine à croire les mots qui viennent de sortir de sa bouche :

Parler deux minutes ? Comment ça ?

— Q-qu... mais... p-pourquoi faire ?

— Écoute Cas' tu... articule-t-il en se pinçant l'arrêt du nez avant de glisser sa main dans ses cheveux cendrés. Écoute, ça va te paraître fou... mais, tu me manques beaucoup.

Je sens ma gorge se serrer. Mon ventre se retourne dans mon estomac. Mes lèvres s'entrouvrent mais aucun mot n'en sort.

C'est une mauvaise blague.

Oui, ça doit être une mauvaise blague...

Parce que rien, rien, ne pourra jamais expliquer ce qu'il me fait subir depuis 4 ans et qu'il pense quand même avoir une chance avec moi.

J'hallucine complètement... Je sens mes yeux s'écarquiller et mon cerveau fait un black-out complet.

— Tu m'as... tu m'as humilié... encore la semaine dernière, craché-je d'une voix tremblante en sentant mes yeux me piquer, mais je refuse de pleurer devant lui. Tu me demandes d'aller... chercher de la drogue pour toi et-et-et tu oses me dire ça ?

Il croise ses paumes devant sa bouche, son regard noisette et préoccupé se plante dans le mien. Ses richelieus claquent contre le sol lorsqu'il fait quelques pas vers moi. J'essaye de glisser sur le mur pour ne pas me retrouver piégée.

— T'approche pas... murmuré-je douloureusement.

— Je sais que je t'en ai fait baver mais... j'ai changé, j'suis plus le même type qu'avant. J'te toucherais plus. J'arrêterais tout ça...

Il finit par se placer devant moi. Mon cœur tambourine si fort qu'une larme m'échappe.

Je n'ai jamais ressenti autant de terreur devant qui que ce soit que Taylor. Et là, son discours me déprime d'autant plus.

C'est bien pire que ce que je pensais...

Mon souffle devient un peu plus court et bruyant :

— Cas'... je veux que tu y réfléchisses, OK ? Et je supprimerais tout.

Je sens des fourmis dans mes doigts. Cette sensation d'oppression dans ma poitrine qui me donne l'impression que je vais manquer de souffle.

Je reste paralysée contre le mur.

— Dis-moi que tu y réfléchiras, et je te laisse tranquille.

Ce type est com-plè-te-ment malade !

Désespérée par sa psychose, j'hoche rapidement la tête dans l'espoir qu'il me laisse tranquille. Je crois voir l'ombre d'un sourire passer sur son visage. Il cale sa paume derrière mon crâne pour me rapprocher de lui et pose ses lèvres sur le haut tête :

— Super, ma beauté, on en reparlera la prochaine fois. Et tu viens à la soirée d'Halloween, hein !? je viendrais habillé en fantôme, ouuuuh !

Tout en reculant, il agite ses doigts devant moi en écarquillant les yeux. Il se met à rire en me faisant un clin d'œil puis il me tourne le dos.

Je ne veux pas de prochaine fois...

À peine est-il sorti des toilettes que mon dos glisse le long du mur. J'ouvre la bouche pour respirer, mais je sens encore que ma crise prend le dessus sur moi. Je sens l'humidité sur mes joues, mes larmes glissent jusque dans ma gorge.

Je suffoque.

Non, pas ça encore !

J'essaye de respirer en gardant ma bouche grande ouverte, je m'entends haleter et sentant des fourmillements partout dans mon corps qui devient faible.

— Oh mon Dieu, Cassie !?

Soudain, malgré mon brouillard de larmes, un visage familier apparaît devant moi.

Je reconnais ses cheveux auburn lissés à la perfection, et ce piercing en or sur son nez.

Elle se précipite devant moi, et place ses paumes sur mes genoux. Ses yeux remplis d'empathie me fixent et elle commence à mimer des respirations profondes et lentes. Je sens ses caresses sur mes jambes et je tente de suivre le rythme qu'elle me donne en me concentrant sur ses lèvres brillantes de gloss.

Grâce à elle, ma respiration devient de plus en plus facile à mesure que les minutes s'écoulent.

— Super, tout va bien princesse, calme-toi... tu vois, tu peux respirer toute seule.

Des larmes de soulagement face à ces mots doux glissent le long de mes joues. Sans vraiment y réfléchir, mon corps plonge vers le sien.

J'ai vraiment juste besoin d'être un peu rassurée...

À ma grande surprise, Sadie m'entoure doucement de ses bras, ses paumes me caressent le dos. Je reste blotti contre sa poitrine un petit moment en sentant le rythme agité de son cœur.

On aurait même dit qu'elle a eu peur pour moi.

Je ferme les yeux un moment en me laissant pleurer tout ce que j'ai retenu depuis le début du mois de septembre. Je me sens déjà épuisée, et je ne veux pas revivre cette vie ou les crises d'angoisses faisaient partie de mon quotidien.

— Ça va mieux... ? murmure-t-elle en frottant une de ses mains contre mon épaule.

Je hoche la tête en me décollant d'elle, je vois que son col roulé est imbibé de mes larmes.

— Je suis désolée, soufflé-je en essuyant mes larmes sur mes joues.

— Hey, c'est rien. Tiens, lève-toi, ne restons pas assises par terre, c'est dégueulasse ici.

Je ne parviens pas à sourire, mais je sais que dans un autre contexte je l'aurais fait.

Elle m'aide à me redresser et je m'appuie contre le mur pour reprendre un peu mon souffle.

Au bout de quelques longues secondes, je murmure :

— Merci je... je passe vraiment une sale journée...

Sadie me regarde l'air de me dire : « te fous pas de ma gueule » et mon intuition se confirme lorsqu'elle me dit :

— Je viens de voir Taylor sortir d'ici, t'es pas obligée de trouver des excuses.

J'avale ma salive, et je fuis son regard en me menant vers les éviers. Ma paume presse le lavabo et je me rince activement le visage pour effacer toute trace de tristesse.

— T'as... commence-t-elle hésitante. Tu as des problèmes avec Taylor ?

Je déglutis difficilement en frottant l'eau sur ma peau.

En me redressant, je prends des mouchoirs dans le distributeur et sèche mon visage.

— C'est mon... ex-petit copain, avoué-je à mi-voix.

Je vois ses sourcils se lever face à sa surprise.

Néanmoins, son expression revient vite à la normale quand elle comprend que je ne veux pas en dire plus. Sadie se contente d'hocher la tête et je m'éclaircis la voix.

Un silence tombe dans ces toilettes puant la pisse.

Je la regarde à travers le miroir, et toutes les deux avons une sorte de dialogue muet sur ce que nous avons vu hier, sur ce qui vient de se passer à l'instant...

Je pince les lèvres, mais elle brise le silence la première :

— Écoute je... personne ne sait alors je-

— Je ne dirais rien à personne, la coupé-je.

Son regard est assez septique. Je comprends tout de suite pourquoi :

— Pas même à mes copines... elles... elles ne savent pas non plus pour hier... alors, garde ça pour toi. Ne le dis à personne, s'il te plaît, lui demandé-je.

Un nouveau moment de silence s'installe de nouveau, Sadie hoche doucement la tête. Dans ses yeux j'ai l'impression de lire la promesse muette sur nos secrets.

— Il ne faut plus que tu reviennes dans ce club, murmure-t-elle en se plaçant à côté de moi.

Je rive les yeux sur son visage et pendant une seconde je suis déconcentrée par sa beauté.

Elle porte une veste en jean oversize de couleur bleu délavé, et un jean large tout aussi stylé que sa veste, ainsi que de petites tennis Adidas rouges.

À chaque fois que je la regarde, je me demande si elle accepterait de me maquiller comme elle, parce qu'elle est vraiment, vraiment très canon.

Je finis par m'éclaircir la voix, et je murmure un : « je sais » à peine inaudible.

— Ross... c'est pas un bon gars... Il faut que tu te débrouilles pour t'éloigner de lui. OK ?

Elle pose sa main contre mon bras, et le presse d'une façon rassurante. Mais tout de même, son avertissement me fait froid dans le dos. Je glisse une mèche de mes cheveux derrière mes oreilles et je lui demande :

— Et toi... pourquoi tu es là-bas ?

Sadie pose ses mains contre ses hanches, comme si elle essayait de se donner un peu de courage, et lève un peu le menton. Je sens bien que ma question l'a mise mal à l'aise.

— On n'a pas toujours le choix de faire certaines choses, répond-elle finalement d'une voix basse et un peu brisée.

— Je... suis désolée.

La surprise passe sur son visage, mais finalement elle me sourit avec bienveillance. Elle sort son téléphone de sa poche, et me dit :

— Je te donne mon numéro, si tu as besoin de quoi que ce soit tu peux m'appeler, OK ?

J'hausse les sourcils un peu surprise, mais je m'empresse de sortir mon téléphone de mon sac.

Elle veut mon numéro ?

En réalité, une petite part de moi est enchantée d'avoir réussi à me faire une nouvelle... copine ?

Je n'en suis pas sûre, mais j'ouvre rapidement la page de contact et tape Sadie. Puis sa voix douce murmure :

— + 44 15 05 19 94.

Mes doigts pianotent contre mon écran. Je m'empresse de lui envoyer un message.

Je lui envoie : « Cassie. »

Je ne sais pas pourquoi je me sens un peu intimidée en face d'elle et une part de moi est vraiment heureuse qu'elle ait voulu mon numéro.

— Bien reçu ! me sourit-elle avec un clin d'œil en secouant son téléphone devant moi.

Je réponds timidement à son sourire :

— Bon... Je vais y retourner, m'annonce-t-elle en reculant.

Je hoche la tête, et en rangeant mon téléphone, je suis ses pas et lui dit :

— Moi aussi, ça fait un moment que je suis partie.

— Ils vont croire qu'on est en train de chier, plaisante-t-elle.

J'ai un petit sourire sur les lèvres.

Sadie ouvre la porte des toilettes, et commence à partir dans la direction opposée. Je croise mes bras sous ma poitrine, mais finalement je me retourne :

— Sadie ?

Elle s'arrête pour me regarder, et incline la tête pour me questionner du regard :

— J'espère que t'arriveras à t'éloigner de Ross toi aussi.

Un petit sourire triste borde son joli visage. Je vois ses lèvres murmurer un « merci princesse » avant de se retourner et partir les bras croisés sous sa poitrine.

Je me dépêche de retourner en cours d'économie.

En poussant la porte de la salle de classe, monsieur McMiller prend la pile de nos évaluations posée sur son bureau dans sa main et prononce :

— Je vais vous rendre vos... catastrophes.

Il tapote la pile et une vague d'indignation s'élève dans la salle. Les chuchotements entre les élèves deviennent un véritable brouhaha mais le professeur d'économie tente de faire revenir le silence.

Je reviens m'asseoir à côté de Cherry qui est en train d'arranger sa franche en mâchant bruyamment son chewing-gum :

— T'en as mis du temps, tu faisais caca ou quoi ?

Je sens mes joues rougir et un petit rire m'échappe en même temps que j'avance ma chaise sous ma table.

— Lalita dort, demandé-je à Nelly qui tourne la tête vers elle.

Nelly la secoue légèrement :

— Lali' il va distribuer nos copies. Réveille-toi.

Avec toute la mollesse du monde, Lalita s'éveille et ses yeux plissés et gonflés analysent la salle de classe.

— Mademoiselle Perez, nous sommes en classe, pas dans un dortoir, articule la voix de McMiller qui lui dépose sa copie sur sa table.

Lalita retire doucement l'écouteur qu'elle avait dans les oreilles et regarde sa note. Elle a eu 87%.

— Me importa un comino, murmure-t-elle pour la réflexion qu'il lui a faite. (Je m'en fous.)

— Lali' ! lui lance Nelly en s'assurant que le prof ne l'a pas entendu. Qu'est-ce qu'il te prend ?

Lalita baille en s'étirant sur sa chaise, elle répond à Nelly de façon nonchalante. Elle est presque avachie sous sa table, les mains dans les poches de son hoodie noir. Je la fixe en voyant son air agacée et je vois bien qu'elle a juste envie de sortir d'ici.

— Mademoiselle Tran.

Je relève la tête attirée par la voix basse de monsieur McMiller.

Je le surprends en train de sourire à Cherry en lui rendant sa copie.

Un sourire qui disparaît tout aussi rapidement lorsqu'il se rend compte que je le regarde. Son expression change drastiquement et devient très froide, presque menaçante. Je baisse les yeux en sentant une vague de stresse me prendre. J'ai la sensation que mon sang afflue sur mes joues.

Non... Cherry... C'est pas possible...

Cherry... j'espère vraiment que je me trompe...

Je tourne la tête vers elle avec un doute qui ne cesse de s'accroître. Elle mâche son chewing-gum toujours de façon décontractée.

Elle tourne sa feuille vers moi :

— 99% ! s'écrit-elle en faisant éclater sa bulle bruyamment.

— T'es la meilleure de toute façon, la complimenté-je sur un ton inquiet.

J'ai presque la sensation d'être une rageuse face à mon manque d'enthousiasme. Mais je suis plus effrayée par la tournure que peuvent prendre les choses...

Cherry entoure son bras autour de mon cou et me rapproche d'elle en me remerciant joyeusement.

Le questionnement s'installe en même temps qu'elle me complimente moi aussi en voyant ma feuille sur ma table. J'ai eu 89%.

Et c'est grâce à elle.

— Hé les filles ! lance Cherry en nous regardant toutes sans me lâcher. Vous voulez qu'on aille faire un peu de shopping pour la soirée d'Halloween pour fêter ces bonnes notes ?

— Oh ouais ! prononce Lalita en se redressant comme si c'était la meilleure nouvelle de sa journée. Je veux une vraie tenue de garce pour la soirée de Mandy.

— Moi je voulais passer au magasin qui vend des minéraux, je voulais changer ma rose quartz, ajoute Nelly en caressant les bracelets sur ses bras.

— Hmm... Vous préférez pas qu'on se fasse une soirée film le 31 les filles ? Si ma mère ne rentre pas, je vous invite à la maison ? Sherlock veut vous revoir.

— Quoi ? m'interpelle Cherry en me redressant et en plaçant ses paumes sur mes épaules. Cette soirée, elle t'est encore plus obligatoire si tu veux faire réagir le colosse musclé qui te dépose tous les soirs au dos d'une BMW noire !

— Mais je ne veux pas le faire réa-

— Si tu veux ! me coupe-t-elle en mettant une sucette à la cerise dans la main. Crois-moi, personne de censé sur cette terre ne voudrait pas faire réagir ce mec ! Là, c'est ton côté mignon et innocent qui parle, mais je te donne quelques mois pour comprendre le morceau que tu vas nous attraper ! C'est lui que je veux comme beau-frère !

J'éclate de rire malgré moi en lui lançant un : « tu racontes n'importe quoi » en secouant la tête et en commençant à ranger mes affaires.

Elle se met à argumenter en listant toutes les soi-disant qualités de mon garde du corps, mais moi tout ce que je retiens c'est que c'est un connard.

Et qu'en plus il est violent et rancunier.

...Et grand.

Et il t'a sauvé la vie...

Bref.



— Eum...

Il soulève la visière de son casque et plonge son regard bleu dans le mien en me tendant mon casque que je ne prends pas. La tige de la sucette que Cherry m'a donnée roule entre mes doigts. Je me retourne vers mes copines qui m'attendent à quelques mètres plus loin devant le portail d'Oxford.

Sauf qu'avant que je ne continue de dire quoi que ce soit, sa main gantée se place sous mon menton. Il soulève ma tête d'un mouvement sec et scrute mon visage. Le bout de ses doigts tire un peu la peau sous mes yeux. Il finit par froncer sérieusement les sourcils.

Je reste bouche bée face à son geste.

Est-ce qu'il voit encore que j'ai pleuré... ?

Finalement il me lâche sans commentaire, et me dit :

— « Eum » quoi ? C'est quoi le problème ? me questionne-t-il en m'interrogeant du regard et en se redressant légèrement.

— Eum... répété-je pas très assurée. En fait... avec mes copines on s'est dit qu'on allait faire un peu de shopping à Westfield London.

Je ne sais même pas pourquoi je bégaye autant.

Je ne sais même pas pourquoi je lui demande déjà.

C'est pas comme si c'est lui qui décidait de ce que j'allais faire de mes journées...

Il lance un regard bref à mes amies.

Je crois que c'est la première fois qu'il daigne à les regarder.

Je pivote légèrement vers elles et vois Cherry lui faire un « coucou » énergique de la main, un large sourire sur les lèvres.

Quand je me retourne, ses yeux sont déjà dans les miens. Il me met mon casque dans les mains, je sens son poids sous mes paumes.

— OK, monte, articule-t-il en abaissant sa visière et en démarrant sa moto.

Je regarde son bolide qui gronde, puis lui, avant de lui dire :

— Non mais...

Il tourne la tête vers moi. Je me vois quelques secondes à travers le reflet de sa vitre qu'il relève une nouvelle fois. Son sourcil est levé avec une expression d'impatience sur le visage.

— Quoi ? crache-t-il visiblement agacé.

— Je vais y aller en transport avec elles, insisté-je.

Un petit s'esclaffement moqueur bref lui échappe.

Ça faisait un bout de temps que je n'avais pas vu ses fossettes tient.

— Dans mon contrat, c'est écrit que tu es sous ma responsabilité après tes cours. Monte, je te dépose devant ton centre commercial.

Un soupir m'échappe. Je me sens tout d'un coup très agacé par son comportement :

— Oui mais c'est pas parce qu'il y a un contrat que vous devez me surveiller 24 heures sur 24... Et puis, je préfère y aller avec elles.

Sa lueur malicieuse et dangereuse jongle entre un fort amusement et de frustration. Son regard s'intensifie dans le mien, comme s'il me disait de me méfier des mots qui sortent de ma bouche. J'avale lentement ma salive en ne le lâchant pas des yeux.

Même si sur le coup j'ai vraiment eu envie de détourner le regard.

Mais j'ai un peu l'impression de retrouver le Callahan de la semaine dernière.

— T'es très mignonne, microbe, mais rappelle-moi ce qui a failli t'arriver hier soir ? Tu sais dans ce quartier-là... comment il s'appelle déjà ?

Il fait semblant de claquer des doigts en faisant comme s'il essayait de se remémorer le nom de Southwark. J'avance d'un pas précipité vers lui en posant ma main sur son bras pour qu'il arrête de parler aussi fort. Je sens mon visage rougir en même temps que son regard jongle de ma main sur lui à mes yeux.

Microbe.

Ça faisait une semaine que je n'avais pas entendu ce surnom débile.

Vraiment... débile...

— Parlez pas aussi fort... chuchoté-je. Et... ça ne vous regarde pas ce que je fais en dehors des heures de cours...

Il me fixe. Son expression s'assombrit.

Étant donné qu'il m'a sauvé la vie... c'est très culotté de ma part de lui dire ça, encore une fois je le reconnais...

Bon sang je ne sais plus quoi lui dire !

Une tension étrange s'installe entre nous, et je le vois scruter mon visage et lever les yeux une seconde fois vers mes amies. Je me tourne et constate qu'elles m'attendent toujours.

Lalita me fait un signe de la main pour me demander ce qui se passe. Je lui demande, désolée, d'attendre d'un geste de ma paume. Cherry lève les yeux au ciel en grelottant, Nelly aussi se balance en croisant ses bras sous sa poitrine, son visage est à moitié couvert par son écharpe.

— Tu n'as rien dit à personne...

À l'entente de sa voix grave, je serre les dents en me tournant rapidement vers lui. Mon cœur fait un bon dans ma poitrine. J'ai l'impression qu'il est en train de m'analyser de fond en comble.

Ce n'était pas une question, mais une affirmation.

Il sait que je garde le secret.

— Tu penses que c'est une bonne idée ce que tu fais ? demande-t-il sérieusement d'une voix plus grave.

— Je n'ai pas envie d'en parler...

— Et t'as envie de parler de quoi exactement ? Parce que j'ai bien l'impression que rien ne sort de ta petite bouche.

— Je-

Je m'interromps en réalisant que j'ai toujours ma main sur son bras, et je tiens mon casque serré contre moi de l'autre avec ma sucette entre les doigts.

— Qu'est-ce que tu foutais à Southwark hier soir ? me redemande-t-il d'une voix basse mais sur un ton impératif.

— Je vous l'ai déjà dit, chuchoté-je. Maintenant, est-ce que vous pouvez rentrer chez vous, s'il vous plaît ?

— Tu m'as menti, m'ignore-t-il.

Je me sens rougir d'un coup. Ses yeux agacés se perdent sur mon visage, je me sens épiée de toute part et je réalise qu'on est assez proche.

— Et t'as encore pleuré aujourd'hui, affirme-t-il sur un ton bas et catégorique.

Je n'aime pas être mise devant les faits accomplis et je me sens tout d'un coup très honteuse qu'il sache que j'ai menti. Et surtout qu'il voit aussi facilement les larmes que jamais personne ne remarque.

— Si je n'avais pas été là hier, tu serais morte putain.

Ma gorge se noue face à ses mots, et son ton dur.

— Et je vous remercie de m'avoir aidé, répliqué-je sur un ton moins assuré que je l'aurais voulu. Mais ça ne se reproduira plus !

— Je sais que tu me mens, et c'est ça qui m'énerve.

— Mais en quoi ça vous regarde !?

— T'as une fierté de merde ! crache-t-il. Tu pourras mentir à quelqu'un d'autre quand tu seras vraiment en danger !

J'écarquille les yeux en sentant une colère fulminer dans mon ventre.

— C'est vous qui avez une fierté de merde ! Vous êtes vraiment exécrable depuis le début de la semaine et ça devient vraiment agaçant ! Déjà que vous n'avez jamais été très facile à supporter ! Je commence à en avoir marre de vous et vos petites réflexions !

Je lui place son casque dans les mains et lui tourne le dos avec la ferme intention de partir pour rejoindre les filles.

Mais je n'ai le temps que de faire qu'un pas ou deux que je sens une pression accaparante autour de ma gorge. La sensation d'un cuir froid contre ma peau me coupe le souffle avant qu'elle me fasse entrouvrir les lèvres d'où un petit gémissement choqué m'échappe.

La force contre mon cou me fait reculer rapidement vers lui. Je pose instinctivement une main entre ses jambes, contre le réservoir bombé de sa moto pour ne pas perdre l'équilibre. Le métal froid agit comme un électrochoc face à la chaleur qui s'est éveillée au niveau de mon ventre.

Il me prend ma sucette des mains. Je relève mes yeux grand ouverts vers lui, la bouche entrouverte et il me dit sans attendre :

— Rappelle-moi le moment exact où je t'ai donné la permission de partir ?

Sa main gantée se resserre avec une certaine possessivité autour de mon cou, et l'instant qui suit, mon visage se retrouve plus encore à quelques centimètres du sien. J'ai la sensation d'exploser de l'intérieur. Mais il approche sa bouche de mon oreille pour chuchoter doucement :

— Depuis le temps, tu devrais savoir que si tu tentes de partir, microbe, je te traquerai. À moins que ce soit ce que tu cherches ?

Le murmure de sa voix grave me donne des frissons qui me parcourent de part et d'autre. Mes poings se serrent sur le métal froid de sa moto.

Son souffle chaud effleure mon oreille et ma joue alors qu'il attend ma réponse. J'ai les yeux légèrement écarquillés et la bouche toujours entrouverte en le fixant. Je sens mes sourcils se tortiller et j'ai une terrible sensation que mon ventre est en train de fondre sous ses yeux.

Je le fixe, bouche bée.

— Tu penses que tu peux tout faire sans conséquences, microbe ? continue-t-il d'une voix qui m'envahit complètement.

Il est si proche que je remarque pour la première fois qu'autour de ses pupilles un cercle doré s'étoile au milieu de ce bleu foncé intense. J'ai l'impression qu'il pénètre mon âme avec son regard et que ça me transperce de l'intérieur.

Chaque détail de son visage se grave dans mon esprit. De la petite mèche de cheveux noir de jais qui s'est glissée hors de son casque, au contour net de ses sourcils foncés, à la forme de son nez ou ses yeux légèrement tombants qui lui donne cet air si nonchalant et insolent...

Et puis ce parfum boisé s'infiltre en moi comme un poison dans les veines.

J'ai l'impression que tout le monde peut voir à quel point je suis rouge.

Et surtout lui.

— Voilà comment ça va se passer, murmure-t-il en tapotant la sucette deux fois contre mon nez. Tes petites copines te regardent déjà, et dans quelques secondes je vais te retourner et tu leur diras de loin que c'est moi que tu as choisi.

Mon esprit est totalement absorbé par ses paroles.

— Et, tes petites fesses, souligne-t-il ce mot avec un grand sourire mesquin qui creuse ses fossettes ce qui me déstabilise encore plus, elles se poseront gentiment sur le cuir de ma BMW. Et tu me laisseras t'escorter jusqu'à ton putain de Westfield London pour faire ton shopping, d'accord microbe ?

Je tente de rassembler mes pensées, de reprendre le contrôle de ma respiration, mais c'est peine perdue.

— Mais juste avant, je vais te mettre ce casque sur la tête, et tu vas me laisser faire.

Mon cœur tambourine contre ma cage thoracique.

Ma peau me brûle. Le ton rauque et sensuel de Callahan m'atteint profondément.

Je n'arrive même plus à penser correctement, c'est mon corps qui réagit au son lent de sa voix.

Sa main ferme sur ma nuque me possède encore plus.

— Regarde-moi quand je te parle.

Je lève immédiatement les yeux dans les siens à l'entente de l'ordre dans sa voix rauque.

— C'est bien. Hoche la tête et dis-moi : oui, d'accord.

Sa voix n'est pas rude, mais autoritaire.

Je suis tellement submergée par ce qu'il fait, que je me sens prise au piège de ses mots. C'est comme si mon cerveau n'était plus maître de lui-même :

— Maintenant, insiste-t-il.

— O-oui... d-d'accord, répliqué-je en hochant la tête sans même y réfléchir.

Putain !

Cassie ?

Qu'est-ce qu'il te prend !?

J'ai l'impression d'être sa...

— C'est exactement la réponse que j'attendais de toi, microbe, prononce-t-il satisfait sur un ton taquin.

J'ai envie de lui hurler un « connard » bien mérité mais d'une poigne assurée, il me fait pivoter pour faire face à mes amies.

Il ne retire pas sa main de ma nuque, ce qui renforce encore plus cette sensation d'emprise et mes frissons par la même occasion.

Mes yeux parcourent rapidement le visage de mes amies. Cherry a les mains plaquées sur la bouche, mais d'ici je vois qu'elle affiche un sourire fier et excité. Sans appel elle est vraiment ravie de la situation. Lalita, à un air mitigé. Elle prend une bouffée de sa cigarette, et finalement un sourire en coin trahit son amusement, elle secoue légèrement la tête. Mais c'est l'expression de Nelly qui me paraît la plus normale : elle semble aussi gênée que confuse. Elle s'inquiète pour moi.

— Allez, dis-leur que c'est moi que tu veux, murmure Callahan à mon oreille me provoquant une salve de frissons chauds dans les jambes jusqu'à mon ventre.

Je m'éclaircis la voix, et finalement, je me sens obligée d'hausser un peu le ton pour dire aux filles avec un geste de la main :

— Je-je vous rejoins... les filles.

Son petit rire amusé résonne dans mes oreilles. J'ai l'impression que ça faisait une éternité que je ne l'avais pas entendu.

Et j'ai surtout l'impression d'être son jouet.

— Mais c'est qu'elle est très obéissante, ma petite peste, susurre-t-il d'une voix grave le sourire aux lèvres.

« Ma » petite peste...

La sensation du cuir de ses doigts contre moi pour me faire pivoter de nouveau vers lui me donne l'impression d'être sa marionnette.

Je suis en transe.

Un air plus sérieux tombe sur son visage. Il m'approche brusquement de lui en me tirant par ma veste, et mon casque s'enfonce dans ma tête. Il ressert la sangle pour qu'elle soit bien serrée.

— Mets tes gants, ordonne-t-il d'une voix ferme.

Je m'exécute sans réfléchir et sors mes gants de mon sac.

Je fuis son regard en les enfilant, j'ai l'impression que mes jambes ne vont même pas me soutenir et que la pression dans ma poitrine menace d'exploser.

Avant même d'avoir fini de mettre mes gants, il baisse ma visière.

Je sens sa main puissante autour de mon poignet, d'une pression il me guide vers la moto.

Je monte, et j'ai à peine le temps de m'asseoir qu'il glisse doucement sa paume sous mes cuisses, pour placer mes pieds.

— Tes mains, commande-t-il en tapotant deux tapes contre ma cuisse pour me prévenir.

Je le serre instinctivement sans un mot.

— Accroche-toi, microbe, dit-il sur un ton taquin.

Il baisse sa visière, et le ronronnement du moteur de la BMW s'intensifie. En un éclair, le bolide file dans les rues de Londres.

La vitesse nous porte, les rues défilent.

Et j'ai l'impression que mon cerveau revient à lui-même.

Merde...

Cassie...

Qu'est-ce qui vient de se passer là ?










Bonsoir bonsoir, bonsoir ! 🎃

Ça-va ? ☕️ 





IT'S TIIIME TO TAKE THE TEA : ☕️, je veux tout entendre, vos impressions, vos ressentis, vos théories, vos retours pour ce chapitre ? Dites-moi tout !

Euh, vous avez besoin d'oxygène ouuuuu ? ✋🏾😗🤚🏾 Non mais dites moi carrément ? 

Pardon Cal', c'est T R O P pour moi... Même en étant sa mère, il est vraiment trop beau je- BYE ! 🏍💨💨 (De tous mes fils, je vous promet c'est lui sur lequel j'ai aucun contrôle, il prend mon PC et il fait ce qu'il veut 😣🤚🏾 !)

Cassie elle était DÉ SEM PA RÉE, MA PAUVRE FILLE MDR ! Elle pensait elle pouvait mettre des pressions à Callahan, l'albanais 100%, le militaire, l'homme le plus stock de la situation, le Bodyguard ? Non DAMN ! 🫠🤚🏾 ! 

Pardon, je suis trop pressée pour le chapitre qui va suivre MDR ! Je commence dès maintenant à vous mettre des chaises et des bouteilles d'oxygène : 🪑🪑🪑🪑🪑🪑🧯🧯🧯🧯🧯(faites semblant c'est des bouteilles d'oxygène svp MDR)

Et pardon Taylor ? 😭 Il veut récupérer sa copine askip... 

Et Sadie ? J'suis désolée mais elle est SO DAMN HOT ! À chaque fois que je la mentionne j'ai l'odeur de la vanille sucrée dans le nez ! Damn my Barbie girl ! 🦩


Quoi qu'il en soit, il nous restes quelques jours 😬 avant que je me fasse fouetter par l'édition de Vava 😵‍💫 (En vrai je suis TROP pressées mes kunefettes/os, parce que comment on va bosser le livre, vous aller avoir une version I NÉ DITE et TELLEMENT A MÉ LIO RÉ ! Vous allez vous sentez RES PEC TÉS

On en reparlera pardon BYE 🏍💨


Quoi qu'il en soit, mes bombes, je vous laisse pour tonight ! On se retrouve peut-être demain ! 



On se retrouve sur le Discord pour les Red Paper 🍒🩰 ! Impatiente d'avoir vos théories 😋 ! (En vrai dans ce chapitre pareil y'avait pas 10000 théories à en tirer mais RDV quand même sur Discord pour celles qui veulent parler de GHOST!)





BYE 🏍💨🪐 !





Stardust 🍓 




𝚂𝚎𝚎 𝚢𝚘𝚞 𝚜𝚘𝚘𝚗 🕰...




xo, Azra. ✿



IG: azra.reed

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