𝟷𝟸. 𝙳𝚎𝚊𝚛 𝚍𝚒𝚊𝚛𝚢.
(𝖣𝖾́𝗆𝖺𝗋𝗋𝖾𝗓 𝗅𝖺 𝗏𝗂𝖽𝖾𝗈 𝗉𝗈𝗎𝗋 𝗏𝗈𝗎𝗌 𝗉𝗅𝗈𝗇𝗀𝖾𝗓 𝖽𝖺𝗇𝗌 𝗅'𝖺𝗆𝖻𝗂𝖺𝗇𝖼𝖾)
"Toutes les vérités sont faciles à comprendre une fois découvertes, à nous de les découvrir."
Galilée
𝙰𝙲𝚃 𝟸.
🍂 𝚘 𝚌 𝚝 𝚘 𝚋 𝚛 𝚎.
𝟣𝟤. 𝖣𝖾𝖺𝗋 𝖽𝗂𝖺𝗋𝗒.
Cassie.
J'ai vomi ce matin.
Quand jeudi est arrivé et que je n'avais plus de jours à repousser pour faire ce que j'avais à faire...
J'ai failli ne pas aller en cours aujourd'hui parce que je me sens vraiment vaseuse depuis ce matin. J'ai la sensation qu'une nouvelle crise d'angoisse me guette. Mes jambes sont flageolantes et j'ai des fourmis dans les mains.
Je n'ai rien dit aux filles... Même si Lalita m'a demandé plusieurs fois si j'allais bien, je lui ai menti en lui disant que c'était à cause de ma mère...
Je regrette un peu.
Mais je n'arrive pas à parler.
Dans la chaleur de ma chambre, j'enfile mon jogging en repensant à Ghost.
Ça fait trois jours que l'ambiance est glaciale entre lui et moi. Il se contente de me donner mon casque, et de me déposer à la maison sans un mot.
Je crois qu'il ne me parle plus.
Je ne sais toujours pas si je dois m'en ficher.
Je ne veux pas lui dire, et que ça se retourne contre moi...
Je ne sais pas quoi faire parce que j'ai vraiment l'impression d'avoir été vache avec lui alors que je crois qu'il voulait juste... m'aider ?
J'en sais rien moi...
Et puis de toute façon, j'attendais juste qu'il arrête avec ses réflexions idiotes...
Je sors ma natte de mon pull que je viens d'enfiler. Par-dessus je glisse ma veste en cuir avant de me diriger vers mon lit pour avoir ma dose d'amour. Sherlock s'étire paresseusement sur mon lit, je le porte dans mes bras comme un bébé et je lui fais un million de bisous sous la gorge en lui parlant toujours comme s'il allait me répondre. Son ronronnement me fait sourire sans que je ne me contrôle.
Je le fixe un moment en sentant ma gorge gonfler...
— J'espère que tu ne m'abandonneras jamais toi au moins...
Pour réponse, j'ai le droit à un miaulement adorable qui me fait doucement rire.
En sentant mon cœur cogner contre ma poitrine, j'inspire profondément...
Il faut que j'y aille, demain ça sera trop tard.
— Allez, va t'amuser, murmuré-je en laissant Sherlock partir.
Il saute sur mon lit et s'amuse à faire rouler mon déodorant d'une patte à l'autre.
Même ça, ça me fait sourire.
Je quitte ma chambre et descends les escaliers.
En jetant un coup d'œil à l'horloge dans le salon, je vois qu'il est 20 h passées.
Ma mère vient tout juste de partir pour le bureau. Elle m'a dit qu'elle ne reviendra probablement pas ce soir.
Je prends mes clés à l'entrée, enfile mon écharpe autour de mon cou et mes vans avant de claquer la porte derrière moi.
La brise froide de ce soir d'automne m'oblige à croiser mes bras sous ma poitrine. Je me sens déjà renifler en marchant vers l'arrêt de bus.
T'aurais dû prendre ce train le 3 septembre.
T'aurais vraiment dû le faire.
Sans un mot...
On est qu'en octobre, et ma vie se dégrade de jour en jour.
Ça fait bien longtemps que j'aurais dû disparaître...
Soudain, mon téléphone vibre trois fois dans la poche de ma veste. Je fourre ma main à l'intérieur pour le prendre et je vois trois notifications du WINX CLUB.
J'ouvre les messages, tout le monde a mis son émoji.
J'envoie Stardust avec saturne.
Et au même moment, je remarque que la batterie de mon téléphone n'est qu'à 17% !
Sherlock a dû débrancher le câble comme à chaque fois !
Une nouvelle vague d'angoisse me submerge ! J'espère que ça sera suffisant pour l'aller-retour !
J'entends dans mon dos mon bus arriver.
Fais chier !
Je me mets à courir pour rejoindre l'arrêt qui est juste à quelques mètres devant moi.
Heureusement, j'arrive à temps.
Je monte dans le bus en enfonçant ma capuche sur ma tête et je me fonds dans la masse.
Le trajet me paraît interminable. Et puis le bus s'enfonce dans les quartiers louches de Londres, plus je suis parcouru d'angoisse. Je déteste Southwark et le sentiment d'inconfort dans lequel il me met. Je déteste Taylor et les traumatismes dans lesquels il m'a plongé depuis 4 ans.
Quand je descends enfin du bus après plus d'une heure de trajet, je ressers ma veste et mon écharpe autour de moi. La peur étreint mon ventre, je veux juste que ça se finisse vite.
Le club n'est qu'à quelques rues de l'arrêt. Je marche rapidement, la semelle de mes vans produit un son mouillé à chaque pas à cause de la pluie récente. Je renifle en sortant mon téléphone de ma poche, et à l'entente d'un son électro au loin, je commence à rédiger mon message à Ross :
« Je suis là. »
Il ne faut que quelques secondes, le temps que j'arrive sur le trottoir en face du 707 pour que la bulle de saisie apparaisse sur mon écran.
J'attends de longues secondes angoissantes qu'il me réponde.
Il prend un temps fou à écrire !
Mais finalement son message vient :
« Entre dans le club. »
— Quoi !? m'écrié-je dans la rue.
Je plaque brusquement ma paume contre ma bouche en regardant autour de moi. Il y a toujours autant de drogués et de femmes qui font malheureusement le trottoir.
Une panique vive s'empare de moi, je sens mon cœur tambouriner dans ma gorge, dans mes tempes. Mon stresse rend mes mains faibles.
Ross ne m'a jamais demandé d'entrer au 707 ! Et pourtant ce n'est pas la première fois que je viens ici pour Taylor.
Je ne veux surtout pas mettre un pied là-bas. Rapidement je pianote mes réponses :
« Je suis juste devant. »
« J'ai un dernier bus dans 10 minutes. »
« S'il te plaît, Ross. »
Mon stresse est à son comble. J'enroule mes doigts autour de mon élastique et je vois qu'il commence à écrire. Je me sens vraiment vaseuse, et son message m'apparaît :
« Sois tu rentres, sois tu vas te faire foutre, la républicaine. »
Putain de merde !
Je regarde la rue enveloppée par la nuit noire autour de moi. J'ai juste envie de pleurer. Ma gorge se noue.
Le quartier mal famé craint, je veux juste partir d'ici au plus vite. Sous les lampadaires qui éclairent à peine la rue, des silhouettes glauques passent parfois. Des hommes, mais aussi des femmes...
Des prostituées qui n'ont sûrement pas le choix d'être là.
Mon cœur se serre en les voyant s'abaisser aux vitres des voitures qui s'arrêtent.
T'as pas le choix... Aller tu prends cette merde et tu rentres Cassie !
Prise d'un élan de courage. Je regarde de gauche à droite pour traverser la rue.
Mon cœur bat violemment, je serre mon téléphone dans mes mains.
Le dernier bus sera là dans moins de 10 minutes, il ne faut surtout pas que je le rate. À mesure que je m'approche du 707, j'ai juste envie de vomir et faire demi-tour pour fuir cet endroit. Mais mes pas tremblants me mènent quand même devant le night-club. La musique assourdissante gronde alors même que je suis encore dans la rue.
Le « 707 » brille de son néon violet sur ma peau, et sur les flaques d'eau sur le sol. Ma nervosité me gagne une fois arrivée devant la porte noire.
Un homme immense se tient devant, un costard et des lunettes noires sur le nez. Il place sa paume devant moi pour m'empêcher d'avancer davantage.
— Tu vas où ? tonne-t-il d'une voix profonde qui je l'avoue m'impressionne.
Mon cœur s'essouffle et j'ai la gorge qui se serre, mais j'arrive à articuler maladroitement :
— Je... je d-dois voir Ross.
Je ne sais même pas s'il m'a entendu, et j'ai l'impression qu'il me transperce l'âme derrière ses lunettes noires.
— Et t'es qui ?
J'hésite un moment mais je comprends vite que je n'obtiendrais rien si je ne parle pas.
— Je m'appelle... C-Cassie.
Il me fixe quelques — longues — secondes, puis finalement, il place son talkie-walkie devant sa bouche et articule :
— Y'a une Cassie pour Ross.
D'un geste de la main, le colosse m'invite à entrer. Un autre type m'ouvre la porte, et juste avant, j'entends une voix masculine grésiller dans le talkie-walkie et annoncer : « Entendu, Ross l'attend. »
Je ne peux plus reculer.
À peine ai-je mis un pied dans le club que l'ambiance vibrante semble se refermer autour de moi. En dehors de la musique assourdissante qui fait vibrer mon ventre, les teintes de bleu et de violet de l'éclairage dynamique créent une ambiance lourde et épaisse.
Je me sens terriblement oppressée, et je n'ai qu'une hâte c'est de fuir cet endroit. Je ne sais pas où donner de la tête. Mon corps se fait bousculer par les corps qui dansent et qui s'amusent. Je vois des femmes se déhancher sur les tables, certaines ont les seins nus. Leur regard me semble vide, et ces hommes les regardent avec des liasses qu'ils jettent sur elles comme du bétail...
Je me sens extrêmement mal à l'aise.
J'essaye de me frayer un chemin pour me réfugier vers le bar en ignorant cette vive odeur d'alcool et de sueur.
J'arrive à passer. Mes coudes se calent brusquement sur le verre qui entoure le bar.
Sauf qu'au milieu de ce chaos bleu et violet, en relevant la tête, je tombe sur deux iris noirs que je reconnais immédiatement.
Un son choqué nous échappe à toutes les deux dans un mouvement de recul. J'écarquille les yeux en même temps qu'elle. Nos regards se figent.
Sadie !?
Je baisse les yeux sur ses mains, elle s'apprêtait à terminer de faire un cocktail. Elle porte une tenue très légère. Un décolleté noir qui fait ressortir ses seins. Son maquillage est toujours aussi parfait mais beaucoup plus accentué avec des faux cils, et des lèvres beaucoup plus prononcées. Elle a également un serre-tête oreilles de lapin noir sur le crâne.
Aucune de nous deux ne parle. On reste là à se fixer les yeux grands ouverts.
Une violente panique me gagne.
Et je vois dans ses yeux qu'on pense la même chose.
Si l'une de nous parle, c'en est fini de nous.
— Ca-
Sadie n'a pas le temps de finir sa phrase puisque je sens qu'une main se pose soudainement sur mon bras et me tire de devant le bar.
En me tournant, je vois Ross. Malgré les luminaires, je vois d'ici que ses yeux semblent injectés de sang. On aurait dit qu'il s'est drogué. Il fume encore sa beuh et m'entraîne plus profondément dans le club.
Je le suis maladroitement en me faisant cogner de tous les côtés, jusqu'à ce qu'on arrive enfin dans un couloir aux leds violettes. Je crois que c'est la zone des toilettes, parce qu'une forte odeur de pisse se dégage du lieu.
— T'as mon fric, articule-t-il en se grattant nerveusement les veines.
Je fouille rapidement dans mon sac à main. Son attitude et ce club décuplent mon stresse, je veux juste partir d'ici. Je trouve la liasse de 500 livres sterling, et lui remet dans les mains.
— T'as vraiment pas de chatte toi, se moque-t-il en déroulant les billets. Toujours dans les problèmes hum.
Je déglutis sans répondre. Il place sa cigarette dans sa bouche et commence à comptabiliser l'argent.
Au bout de quelques longues secondes, il fait le compte et sort de la poche de sa veste un petit paquet de molly qui me place dans les mains :
— Aller casse-toi, la républicaine, avant que je propose de t'offrir à un des mecs de ce club.
Je n'essaie même pas de lui dire que je ne suis pas républicaine, son allusion de m'offrir à un inconnu dans ce club d'enfer m'écœure profondément. Je ressens une envie de vomir, mon visage grimace.
Sans en demander mon reste je me précipite rapidement vers la sortie. En essayant de scruter le bar, je cherche désespérément Sadie mais je ne la vois plus.
Alors elle travaille ici...
Malheureusement je sors seule de cet endroit infernal.
Tout de suite, le froid mordant me saisit. J'arrange mon écharpe et descends rapidement le long de la rue pour prendre le bus de retour.
Sauf que je le vois passer devant mes yeux à toute allure.
Un petit cri d'horreur m'échappe, mon cœur tombe dans mon ventre. Un lourd sentiment de désespoir m'envahit. Mes yeux me piquent tout d'un coup, des larmes menacent. Pendant une minute, je zieute le quartier et me rends compte que je suis bloquée à Southwark...
Je rentre comment sans ce bus... ?
Cassie, putain !
Je prends rapidement mon téléphone, mes mains tremblent de peur.
2% !
— Merde, merde, merde ! Cassie putain ! gémissé-je de plus en plus impuissante.
Une larme m'échappe de frustration, je l'essuie du revers de la main en ouvrant Google Maps dans la précipitation. J'essaye de regarder la gare la plus proche. Elle est à une vingtaine de minutes à pied. Je fais une capture d'écran du trajet en essayant de mémoriser les rues et je vois ma batterie descendre à 1%.
Mes pieds se dépêchent pour fuir ses rues étroites et sombres. Je passe à côté de bâtiment tellement délabré, couvert de graffitis, et entouré de types qui zones devant les halls tous plus glauques les uns que les autres.
Je tourne dans une rue, en vérifiant avec les panneaux qu'elle coïncide bien avec celles que j'ai capturer sur Google Maps.
Problème !
Mon cœur éclate dans ma cage thoracique en entendant le bruit d'un verre brisé derrière moi, en même temps que mon téléphone s'éteint au beau milieu de cette grande ruelle.
Un frisson me parcourt l'échine. J'ose à peine me retourner, mes pas s'accélèrent, je ne sais même plus où est la gare, ma seule préoccupation c'est de m'éloigner de cet endroit le plus vite possible.
— Pitié, pitié, pitié, pitié, murmuré-je en boucle en réajustant la bandoulière de mon sac sur mon épaule.
Mes pas rapides se mêlent à des pas titubants derrière moi. J'ai vraiment la sensation que mon cœur va sortir de mon corps. J'ai extrêmement chaud, et je suis tétanisée. Je tripote nerveusement mon élastique, mon sac fait que de glisser sur mon épaule.
Le vent siffle, et griffe la peau de mon visage. Mais mon sang se gèle en entendant :
— Hé, la miss !
Un gémissement de désespoir m'échappe. Je m'entends respirer plus fort au son de cette voix pâteuse. Je commence à trottiner dans la rue.
Il me suit !
— Mademoiselle ! Hé, arrête-toi !
Est-ce que ces journées de merdes vont enfin s'arrêter bon sang !
Par pitié, laisse-moi tranquille !
Tout ça pour un paquet de pilules roses et bleues putain ! Taylor va en enfer !
Je continue de murmurer des pitiés sans m'arrêter alors que je commence à courir et me perdre dans ses rues sales.
J'entends des pas précipités derrière moi. Je décuple la cadence en pleurnichant d'angoisses. Ma respiration devient saccadée, tous mes sens sont en alertes.
Encore une fois, je suis seule, et quelqu'un me suit. Et ce n'est pas Taylor cette fois-ci, mais un type qui m'a l'air complètement alcoolisé et très dangereux !
Les pas derrière moi deviennent de plus en plus précipités, et un cri d'horreur s'échappe de mes lèvres, quand une main m'agrippe le poignet et me tire brusquement en arrière, me faisant chuter violemment sur le sol mouillé, je hurle un « aïe » face à la douleur que je ressens.
— J't'ai dit de t'arrêter, putain ! T'entends pas quand j'te parle, salope !
Je suis choquée par ce qui se passe, mes yeux s'écarquillent.
L'odeur nauséabonde de l'homme me submerge immédiatement. Une puanteur entre l'alcool, la sueur et la saleté. C'est un clochard. Ses vêtements sont en lambeaux. Grâce au lampadaire, je vois ses cheveux emmêlés, ainsi que sa barbe. J'ai un sentiment de dégoût qui me donne envie de vomir !
Il tente de m'immobiliser, mais je me débats du mieux que je peux.
Sauf que la lutte ne dure pas car, ce clochard se décolle de moi dans une violence inouïe. La seconde qui suit, j'entends des gémissements de douleur et je vois quelqu'un le frapper violemment au ventre. Je recule en assistant à une succession de coups rapides et puissants qui le plient en deux.
Au moins 5 coups de poing extrêmes en quelques secondes.
Avant même que le clochard puisse faire quoi que ce soit, sa tête est écrasée contre le mur de pierre avec une force brutale.
— Salope, crache une voix profonde et masculine.
Non... C'est la voix de...
Je reste paralysée sur le sol, mes doigts tremblants touchent des prospectus mouillés.
Et un son choqué m'échappe quand je reconnais ses yeux !
Toujours avec sa veste en cuir, son casque de moto à la main, et ses gants de motard.
Mais cette fois-ci, il a un masque imprimé d'une tête de mort sur la bouche...
C'est Ghost !
Mes yeux s'écarquillent, il s'essuie furieusement le nez en s'approchant de moi avec un air si noir que j'ai un mouvement de recul. Ses yeux d'un bleu glacial me tétanisent.
Il se penche vers moi, je m'écrie en pensant au pire mais sa poigne s'entoure autour de mon bras et me lève d'une unique pression de sa part.
Comment... Pourquoi... ?
Mon cœur bat si vite, sans en demander son reste, Callahan me sort rapidement de cette ruelle, laissant cet homme complètement inerte, la face contre le sol.
Je suis soumise à sa marche rapide. Sa poigne autour de mon bras me fait vraiment mal, mais je n'ose même pas parler ou faire quoi que ce soit. Je le suis essoufflée jusqu'à ce que je revienne au point de départ et arrive dans la rue principale près du 707.
— J'peux savoir ce que tu fous à Southwark ? À une heure pareille ?
Sa voix me paraît tellement rauque, elle est légèrement cassée. Ça me donne des frissons glacials qui griffent mon dos.
Il a l'air vraiment très, très énervé.
Je déglutis en réfléchissant bien à ce qui va sortir de ma bouche prochainement.
Je pense à la drogue dans mon sac, et j'espère sincèrement qu'il ne pensera pas à me fouiller.
Je m'éclaircis la voix en le suivant toujours, je reconnais sa moto garée plus loin sur le trottoir en face du 707.
— Hé Ghost ! s'écrit une voix masculine depuis une BMW bleue irisée.
Je tourne la tête vers un homme blond à l'intérieur du véhicule, il a sorti sa tête de sa fenêtre, et tiens dans ses mains une barquette avec du riz et du poulet. En me regardant, il écarquille un peu les yeux. Sa bouche est pleine, mais il sourit tout d'un coup, et il articule :
— Maaaais ! Qui est ce petit pain de mie au beurre et à la crème que tu nous ramènes lààà !
— Ta gueule, Blade ! crache Callahan en continuant d'avancer vers sa moto. Rentrez sans moi, ne me faites pas chier ce soir !
— Mais c'est qu'il est énervééé le fantôme, prononce un homme derrière le volant en riant avec son ami.
— Mais atteeend un peu ! s'écrit le blond en ricanant. Tu nous la présente pas !? Hé ! Moi c'est BLADE ! Enchanté !
Je ne sais pas si je suis censée lui répondre, je reste un peu perdue et surtout toujours soumise à la poigne de Ghost.
Alors que nous passons devant la BMW, je vois que l'homme derrière le volant à des traits asiatiques, le reste de son visage est camouflé par un masque. Il me fixe en plissant les yeux dans un sourire. À l'arrière, le blond, Blade, continue d'interpeller Ghost qui l'ignore et continue de marcher rapidement vers sa moto. Je vois au dernier moment, un troisième homme, ses cheveux sombres sont coiffés vers l'arrière de façon soignée et élégante. Il détourne rapidement le regard en faisant craquer ses doigts et je suis sûre de voir un ordinateur sur ses genoux.
Tout ce qui me frappe, c'est qu'ils portent tous un masque sur la bouche avec un motif différent.
Mais ils ne restent pas longtemps sur les lieux, la voiture démarre et le blond me lance un clin d'œil avant d'entrer de nouveau dans la voiture qui s'éloigne.
— Je t'ai posé une question, résonne la voix grave de Ghost.
Je relève la tête vers lui. Il s'arrête devant sa moto. Son masque est baissé me révélant l'expression crispée de son visage.
Il ne faut surtout pas qu'il fouille mon sac...
Je réalise à peine ce qui vient de se passer dans cette ruelle, mais mes mains tremblent encore un peu.
Il vient probablement de te sauver la vie...
Mais je vois ses sourcils froncés, et cet air de colère sur son visage.
Quelque chose me dit qu'il vaudrait mieux ne pas le provoquer maintenant.
— Je devais... voir une... une amie, murmuré-je doucement en hochant la tête pour me donner un peu de crédit.
Il hausse les sourcils, visiblement surpris par ma réponse :
— T'es en plein délire toi ou quoi ? Il est quelle heure-là, à ton avis ?
Je sens son agacement monter d'ici.
— De-de quoi vous vous... mêlez ?
C'était osé de ma part... je l'avoue...
Mais je me sens tellement au pied du mur que par fierté je préfère jouer à la plus maligne.
La vérité, c'est que je n'ai rien à répliquer...
Et que je n'ai rien à faire ici à une heure pareille...
— Putain, elle se fout de ma gueule ! crache-t-il en mettant sa paume devant sa bouche comme s'il y avait une troisième personne avec nous.
— J'ai juste-
Je m'arrête net. Je n'ai aucune excuse pour justifier ma présence dans cette ville.
— T'as juste joué à la petite bourgeoise inconsciente, réplique-t-il en m'approchant de lui en me tirant par l'écharpe. Tu penses que c'est le moment pour aller voir tes copines là !?
Sans prévenir, il m'enfonce son casque sur ma tête tout en continuant de rouspéter des « elle se fout de ma gueule cette bourgeoise ! ». Le casque est légèrement trop grand pour moi, mais il serre bien la sangle sous ma gorge. Je me sens juste prise d'une terrible culpabilité, et j'ai l'impression de me faire engueuler comme une enfant.
— C'est bon ! J'ai juste commis une erreur, m'écriée-je agacée, en poussant ses mains sous ma tête.
— Non mais elle a rien compris à la vie elle, articule-t-il sur un ton autoritaire et froid.
Les paumes de Ghost se posent soudainement sur son casque sur ma tête, il se penche dangereusement vers moi. Son visage submergé par une forme de colère se place tout juste devant moi. Il me lance froidement :
— Ça, c'est le genre « d'erreur » qui aurait pu te laisser pour morte les jambes écartées dans cette ruelle ! T'entends !? Mais qu'est-ce que tu fous ici putain !?
Il a un peu haussé le ton, j'ai failli sursauter et ses mots me heurtent profondément. Je ne déglutis difficilement en ne répondant rien. Mes sourcils se tortillent à l'entente de ses mots. Je le fixe en sentant quelque chose d'écrasant s'installer sur moi poitrine.
Tout de suite une part de moi sait qu'il a raison...
Sa colère est pratiquement palpable. Je ne suis pas sûre de ce qui provoque autant de frustration, mais une chose est sûre, il ne ressemble pas au Callahan qui a l'habitude de chercher à me déstabiliser comme il le fait tout le temps.
Et comme dit, sans lui, je ne peux pas imaginer ce qui me serait arrivé dans cette ruelle...
Je retiens mes émotions du mieux que je peux, ma gorge se noue. Je n'ai aucune excuse.
S'il n'avait pas été là...
Il tire le bout de ses gants avec ses dents avant de me les lancer d'un geste brusque. Je les rattrape maladroitement. Sa frustration se sent d'ici.
Encore une fois, une immense culpabilité s'empare de moi et me fait mal au ventre.
— Ne viens pas pleurer quand ça sera trop-tard pour parler. Monte vite, je te jette chez toi.
En me contournant, il pince le tissu de son pantalon de chaque côté et le tire doucement vers le haut pour s'asseoir sur sa moto sans être gêné. Puis, d'un mouvement rapide, il glisse ses plaques militaires sous son pull.
Son avertissement me fait froid dans le dos...
Mes mots se coincent dans ma gorge.
Je n'arrive pas à le dire, parce que j'ai peur.
Ses gants de motard chauds et épais glissent dans mes mains. Ils sont bien trop grands pour moi mais j'essaye de les enfoncer au maximum et de bien serrer le scratch. Je m'approche de sa moto silencieusement, mais juste avant de monter, il abaisse la visière du casque.
Un malaise s'empare de moi... Je ne dis pas un mot et monte derrière lui. Mes cuisses le collent, ainsi que mon buste. Et comme à chaque fois, je le trouve étonnamment chaud. Pourtant je meurs de froid, mais il agit un peu comme une bouillotte.
Mes lèvres se pincent lorsque sa grande paume passe sous ma cuisse pour bien placer mes pieds sur l'appui.
Timidement, je laisse mes mains s'accrocher au bas de sa veste, mais il les saisit et les guide plus haut, les plaçant fermement autour de son torse.
— Accroche-toi, ordonne-t-il d'une voix rauque.
Quand il me prévient, je sais qu'il risque d'aller très vite.
Alors sans hésitation, je resserre mon étreinte autour de son corps musclé. Je le presse fort contre moi. Le gonflement de ses poumons suit un rythme de respiration apaisant, ce qui contraste avec la violence des tambourinements de mon cœur.
Il aurait pu m'arriver n'importe quoi ce soir...
Cassie qu'est-ce que tu fais...
Je n'ai pas le temps de réfléchir plus longtemps, la moto démarre avec une puissance qui me prend par surprise. Un petit gémissement m'échappe, je ressers mon étreinte autour de lui. L'accélération me coupe presque le souffle.
Je ne sens presque pas le vent grâce à son corps massif. Il nous fait slalomer à une vitesse folle, tout autour de moi me paraît flou. Les rues sont désertes et obscures et pourtant... Je ne ressens ni peur ni angoisses...
Rien que, la moto, moi... et lui.
Chaque virage, chaque accélération, m'oblige à m'accrocher un peu plus fort à lui.
Épuisée par les poids qui pèsent sur mes épaules, je m'abandonne un peu et pose ma tête sur son dos. Un torrent d'émotion me prend à la gorge, je retiens les larmes qui menace de couler, parce qu'une part de moi pense qu'il les verra.
Je ne veux pas parler de tout ça ce soir. J'ai juste besoin de ne penser plus à rien. Et quelque chose de puissant qui s'émane de lui me fait tout oublier...
Tout de même, je sens que j'ai des milliers de questions qui se bousculent dans ma tête.
Je devrais peut-être tout lui dire ?
La peur irascible de mon ex me serre le ventre.
Non... c'est trop risqué. Ça foutrait tout en l'air et ma mère ne me le pardonnera jamais.
Et puis si ça s'empirait avec Taylor... ?
En moins de temps qu'il n'en a fallu pour venir à Southwark, j'aperçois déjà les rues familières de Blackheath.
La fin de ce trajet me laisse un goût amer.
Je n'ai pas envie de me souvenir de tout...
Mais le bolide ralenti, et comme à son habitude, il monte sur le trottoir.
Aujourd'hui je ne dirais rien sur son insolence. Je ressens toujours ce truc inconfortable depuis lundi.
Le cœur lourd. Je descends lentement de la moto, et en enlevant son casque, l'air frais de la nuit gèle un peu mon visage. Mes jambes sont toujours un peu tremblantes à cause de tout ce qui vient de se passer ce soir.
Je lui rends son casque, qu'il enfile. Ses mains me frôlent brièvement en récupérant ses gants. Il les enfonce dans ses doigts rapidement et serre les scratches.
Ses yeux perçants ne quittent pas les miens. Il scrute mon visage comme s'il cherchait des réponses.
Et je ne sais pas si je suis censée le remercier ? Lui dire quelque chose ? Ou tout simplement tout avouer... ?
Le temps de ma réflexion, je me rends compte que je reste plantée debout là devant lui.
Il rompt finalement le silence :
— Referme le portail à clé, dit-il d'une voix ferme, presque autoritaire.
Je hoche la tête en reculant, incapable de formuler quelconque réponse.
Je saisis mes clés dans mon sac, j'ouvre le portail. La grille s'ouvre avec un léger grincement.
Je le referme à clé, et reste une seconde derrière en constatant qu'il est toujours là. Et qu'il me regarde toujours.
Mais il baisse la visière de son casque, et dans la seconde qui suit, sa moto rugit dans la nuit.
Le son finit par se dissiper lentement...
J'entre chez moi.
Je monte mes escaliers, ma maison semble déserte et froide.
Ce sentiment de solitude me prend à la gorge...
En ouvrant la porte de ma chambre, je tombe sur Sherlock enroulé en boule sur mon lit. Il ronronne dans son sommeil. Je ne peux pas m'empêcher de sourire en m'approchant de lui.
Je le caresse et dépose un bisou dans son pelage, avant de m'agenouiller pour ranger discrètement les sachets de molly dans la boîte à chaussure sous mon lit.
Mon rêve est que tout s'arrête... Taylor, le stalker, cette douleur avec ma mère, la fac...
Perdue dans mes pensées, je me dirige vers ma salle de bain.
Alors que je me déshabille, mon reflet dans le miroir me ramène brutalement à mon agression de tout à l'heure.
J'ai une vilaine sensation de peur et d'horreur qui m'accroche à ma peau.
Tout me revient en mémoire. J'ai l'image de Ghost et de sa violence qui me hante.
Il a écrasé la tête de ce type contre le mur...
En me dirigeant vers ma douche, je me sens tout d'un coup dépassée par tout ce qui se passe dans vie.
L'eau chaude de la douche glisse sur mon corps. Mais elle n'emporte pas tous ces cauchemars... J'ai dix mille questions, et aucune n'a de réponses plausibles.
Après m'être lavée, je finis par sortir, et enroule une serviette autour de moi.
Je me brosse les cheveux devant mon miroir embué, je les sèche un peu avant de faire ma natte comme chaque soir.
Je reviens dans ma chambre et m'y enferme.
Cette pièce a vraiment le don de m'apaiser. J'allume quelques bougies puis enfile mon pyjama, et place un plaid sur mes épaules.
J'ai envie de parler, mais je ne sais pas à qui me confier. Alors je prends mon journal intime et m'installe sur mon bureau.
Le bout de mon Bic glisse sur la feuille bleue. L'habituel : "Hey, ici la Gossip girl de Londres..." refait surface.
Les mots coulent tout naturellement sur le papier. J'inscris, encore, chaque la douleur, chaque confusion, chaque peur qui m'habite.
Sans vraiment le vouloir, mes lettres s'assemblent et je parle de Ghost.
Il a vu les larmes que j'ai séchées sans même que j'ai à ouvrir la bouche...
Et s'il n'avait pas été là ce soir.
Je ne sais pas si je serais encore en vie pour écrire ces quelques mots.
✤
Bonsoir bonsoir, bonsoir ! 🎃
Ça-va ? ☕️
IT'S TIIIME TO TAKE THE TEA : ☕️, je veux tout entendre, vos impressions, vos ressentis, vos théories, vos retours pour ce chapitre ? Dites-moi tout !
Je me suis un tout petit peu battue pour écrire ce chapitre, je ne veux pas que ça aille trop vite et en même temps il faut amorcée une dynamique entre Cas et Cal donc c'est chaud 😮💨 !
En tout Casbaby à déconné en allant là-bas... ça devient de plus en plus chaud pour elle 😭 et quelque chose me dit qu'elle va pas s'en sortir toute seule si elle continue 👀...
E† c'est confirmé, Sadie c'est bien Barbie 🦩...
Et Cal', le rancunier par excellence haha, il a trop la rage, jusqu'à ça fait 3 jours qu'il boude, récupérez le là ! 😭🤚🏾
Bon, en tout cas, on en saura plus... au prochain épisode !
On se retrouve sur le Discord pour les Red Paper 🍒🩰 ! Impatiente d'avoir vos théories 😋 !
BYE 🏍💨🪐 !
Stardust 🍓
𝚂𝚎𝚎 𝚢𝚘𝚞 𝚜𝚘𝚘𝚗 🕰...
xo, Azra. ✿
IG: azra.reed
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