𝟶𝟽. 𝙿𝚛𝚘𝚝𝚎𝚌𝚝𝚒𝚘𝚗.
(𝖣𝖾́𝗆𝖺𝗋𝗋𝖾𝗓 𝗅𝖺 𝗏𝗂𝖽𝖾𝗈 𝗉𝗈𝗎𝗋 𝗏𝗈𝗎𝗌 𝗉𝗅𝗈𝗇𝗀𝖾𝗓 𝖽𝖺𝗇𝗌 𝗅'𝖺𝗆𝖻𝗂𝖺𝗇𝖼𝖾)
"On peut résister à tout sauf à la tentation."
Oscar Wilde
𝟢𝟩. 𝖯𝗋𝗈𝗍𝖾𝖼𝗍𝗂𝗈𝗇.
Ghost.
La nuit a été courte.
Mais suffisamment longue pour savoir que la journée s'annonce excitante.
Je claque la portière de ma BMW.
Ma moto me manque déjà.
Je fais rouler un cure-dent entre mon index et mon pouce tout en écoutant le chant matinal des oiseaux. La brise glaciale caresse mes joues. Les rues sont désertes quand je pousse le portail en ferraille de la maison des Bennett.
Margaret doit fermer ça à clé. N'importe qui pourrait rentrer ici et se planquer dans le jardin.
J'avance rapidement vers la porte d'entrée, mon poing cogne trois fois contre la porte.
J'attends patiemment en regardant l'aube glisser sur le ciel et laisser place au jour.
— ...c'est ça, Philipe, et ajoutez à ça- Bonjour, Ghost. Ajoutez le programme d'août, et pourquoi pas celui de la rentrée.
Margaret, déjà prête, amorce déjà sa sortie vers son bureau quand je referme cette porte d'entrée.
— ...non, on en a déjà parlé, ça risque de faire débat dans l'actualité, non, Philipe, écoutez-moi...
Margaret s'enfonce dans le couloir.
J'ai à peine le temps de faire un pas.
Un grincement attire mon regard vers le haut de l'escalier.
J'arrive à peine à retenir la force avec laquelle ce cure-dent passe entre ma langue, mes doigts s'amusent à le déplacer et je plonge sur une silhouette à peine réveillée.
Mal réveillée.
Elle porte un t-shirt blanc, un shorty bleu canard, des chaussons douillets à l'effigie de vaches.
J'en ai dit suffisamment.
Microbe porte toujours du bleu canard.
En baissant les yeux sur ses cuisses laiteuses, l'effet brûlant de la couleur contrastant sur sa peau blanche se dirige directement dans ma queue.
Elle descend mollement les escaliers, avec ce chat obèse dans les bras. Son visage porte encore des traces rosées des plis de son drap. Elle a de petits yeux gonflés et surtout ses cheveux — sûrement nattés — sont en pagaille.
Je retiens l'envie d'exprimer ma satisfaction devant le tableau qui se dresse devant moi.
Mais microbe finit de descendre et passe devant moi sans un mot, sans un regard.
J'adore.
À choisir, je ne me serais jamais retrouvé à 6 h du matin dans la maison d'une Bennett, mais maintenant, je vois à quel point sa natte est longue — les pointes narguent le bas de son dos — c'est tout ce qui m'intéresse pour ma matinée.
Son semblant de rage contre moi m'amuse plus qu'autre chose. Je me demande combien de temps ça me prendra avant qu'elle craque et cette simple question rend le jeu encore plus palpitant.
Je suis sûr que je peux enrouler cette natte au moins deux fois autour de mon poing.
À la gueule qu'elle tire, je sais déjà qu'elle n'est pas du matin.
Ou alors cette fille ne sourit vraiment jamais.
Pas devant moi en tout cas.
— Tu veux manger quoi, Sherlock ? Tu veux celle-là mon fils ?
Elle l'appelle ce chat, mon fils.
C'est encore pire que ce que je pensais.
Elle secoue un paquet de croquettes devant lequel ce patapouf semble bien réagir.
Alors qu'elle en verse une portion, le son des talons de Margaret fait irruption dans la salle de séjour, où je me suis à peine rendu compte m'être avancée. Toujours son smartphone collé à l'oreille, elle claque des doigts pour interpeller sa fille et je l'entends chuchoter :
— Dépêche-toi, on part dans une heure.
La fille hoche la tête en se baissant pour finir de remplir la gamelle de son chat.
— Non, je n'ai pas donné mon accord pour le meeting de jeudi prochain, Philipe. Il faut d'abord qu'on regarde mon planning pour la veille, continue-t-elle en quittant de nouveau le salon.
En inspectant un peu cette maison, plusieurs failles me sautent aux yeux. En premier, c'est la grande fenêtre près de l'entrée qui donne sur la rue. N'importe qui peut observer l'intérieur de la maison de l'extérieur étant donné que ce portail n'est pas fermé à clé.
Dans la cuisine, le plan de travail est trop proche de la porte arrière, et les couteaux sont rangés tout près de la porte. Ça peut poser un problème dans l'éventualité où quelqu'un s'introduirait ici, il aurait un accès immédiat à des armes blanches, et par extension, au salon. Et puis, je ne discerne aucune forme de serrure renforcée ou un quelconque système de sécurité en place.
En d'autres termes, n'importe qui pourrait rentrer ici.
— Je ne crois pas qu'il soit inscrit dans votre contrat que vous deviez venir chez vos clients à 6 h du matin.
Mhm.
Mon sourire en coin est incontrôlé.
Sa petite voix du matin est comme légèrement cassée.
Je me tourne en tirant sur les manches de mon costume. Quelques pas lents me font avancer près de la cuisine, toujours en tournant ce cure-dent entre mes doigts.
Je me demande quel son aura sa voix lorsqu'elle prononcera mon nom.
Elle verse une sorte de poudre verte dans un verre transparent à forme arrondie.
— Je veux la liste que je t'ai demandé, suggéré-je en ignorant sa remarque.
Microbe lève presque les yeux au ciel.
Elle a une satanée façon de mordre l'intérieur de sa bouche quand elle est frustrée. C'est à peine si elle arrive à le cacher.
— Je vous l'ai envoyé par message ce matin, me répond-elle finalement.
Intrigué, j'hausse un sourcil en sortant mon téléphone de la poche de ma veste.
Effectivement, j'ai un message non lu :
« Microbe : meilleures amies : Lalita Perez. Diana Tran. Nelly Fox. Lieu ou j'étudie : Bibliothèque Bodléien/dans ma chambre. Code de sécurité avec mes amies : on s'envoie toutes « Stardust » avant de dormir. Pas d'application de suivi. »
Ouais.
Je copie-colle ce message et l'envoie directement à Knight pour qu'il décortique la vie de chacune de ces filles.
— Tu n'as pas répondu à la question du petit-ami, articulé-je en rangeant mon appareil.
— Parce que ça ne vous regarde pas.
— Que ça te plaise ou non, à la minute où j'ai signé pour ce poste, ta vie amoureuse me regarde.
Elle s'arrête dans la préparation de sa bouillie verte et rive ses yeux toujours un peu gonflés par sa nuit dans les miens :
— Ça va durer combien de temps cette torture ?
— Un an, microbe. Est-ce qu'il y a un type dont je dois me méfier oui ou non ?
— Non.
À creuser.
Je n'ai pas aimé sa façon de déglutir.
— Bien, répliqué-je quand même.
— Ça ne change rien à ce que je vous ai dit. Vous n'avez rien à faire ici et à me poser des questions à 6 h du matin.
— Mon loyer n'en a rien à foutre de l'heure qu'il est.
— Et moi je pense que vous devriez trouver une autre cliente à faire chier !
— Mais chanceuse comme tu es, c'est toi que j'ai choisi.
Le petit ton presque chantant que j'ai employé ne lui plaît pas du tout. D'ici je la vois serrer des dents et mordre l'intérieur de sa bouche.
Ses joues prennent une légère teinte rose. Je crois que je serais mort si ses yeux avaient été des fusils.
J'a-dore comment elle me déteste.
— Vous savez, poursuit-elle en ajoutant du miel dans sa mixture verte, je ne vous en voudrais pas si vous démissionnez maintenant.
— Crois-moi, tu m'en voudras quand tu comprendras que tu as besoin de ma protection.
— Je ne croirais rien de ce qui sort de votre bouche.
— J'adore les filles intelligentes.
Elle a levé la main... et m'a fait un doigt d'honneur.
Microbe est tellement polie qu'elle n'a pas utilisé son majeur pour le faire mais son annulaire autour duquel brille une petite bague en argent.
Un large sourire a étiré mes lèvres, je me suis retenu de rire.
Excellent.
Elle ne durera pas longtemps.
Je lui donne un mois avant de tomber.
— Attention microbe, la dernière femme qui m'a manqué de respect a passé une nuit... intéressante. Tu veux vraiment jouer à ça ?
— Vous avez dit que vous ne tuiez pas les femmes.
— Tu viens de dire que tu ne croiras rien de ce qui sortira de ma bouche.
— Est-ce que cette fille sait que vous parlez encore d'elle. Vous l'avez payé combien la pauvre ?
J'enlève le cure-dent de ma bouche. Mon sourire est flagrant, la partie me fait jaser. J'entends les semelles de mes oxfords claquer contre le parquet en m'approchant de cette cuisine ouverte ou elle boit sa potion magique verte.
Elle suit mon arrivée du regard, pas très rassurée par ce soudain envahissement de son espace. Elle doit lever la tête pour me regarder. Sa paume s'appuie contre le marbre de l'îlot.
Je me perds un moment sur ses cheveux châtain cendré.
— Il y a des plaisirs qui n'ont pas de prix, microbe. Et ça, je suis sûr que tu le découvriras... gratuitement.
Je m'arrête juste devant elle.
Je sens son patapouf miauler en se frottant à mes chevilles.
Microbe devient pivoine, jusqu'a le petit bout de son nez, et ses lèvres roses et gonflées sont entrouvertes. Elle me fixe, avec l'air aussi confus que révolté. Elle n'a pas envie de comprendre ce que je viens de lui dire, mais elle sait très bien ce que ça signifie.
Je constate à la lumière du jour que ses yeux virent entre le gris et le bleu. Je ne saurais définir la teinte. Et honnêtement je n'en ai rien à foutre. J'aime juste la sensation que ça me provoque entre les jambes.
En entendant les talons de Margaret claquer dans le couloir, j'ai enfoncé mon index et mon majeur contre son buste pour la pousser légèrement :
— Monte te changer, ordonné-je.
Elle n'a pas cherché à désobéir. Elle dépose sa tasse sur l'îlot avant de se pencher pour ramasser son animal, en s'éloignant à toute vitesse juste avant que Margaret ne nous voie faire des bêtises.
— Cassie ! s'exaspère Margaret en faisant glisser ses lunettes sur ses cheveux. D'ici 25 minutes, tu dois être prête !
— Oui, maman.
Oui, maman.
J'arrive à peine à croire que cette fille soit aussi polie.
En la regardant monter rapidement ses escaliers, mes yeux descendent sur ses fesses.
J'aimerais bien voir la limite de sa politesse.
Bon sang cette natte est longue !
Elle claque la porte de sa chambre.
— Vous l'excuserez, Cassie est un peu tête en l'air, me signale sa mère en mettant une tasse dans la machine à café. Elle fait ça depuis qu'elle est toute petite, je n'ai jamais réussi à la sortir de son petit monde.
Ses mots ont été articulés sur un ton nostalgique.
Tout ce qui m'intéresse, c'est la vision des fesses de sa fille claquant contre mes hanches, ma main autour de sa natte. Son histoire, son petit monde je m'en branle complet. Je me dirige sans répondre vers la porte arrière de la cuisine et baisse la poignée qui cède sous ma main :
— La grande fenêtre à l'entrée, équipez-la de rideaux ou de volets. Elle offre une vue trop directe sur l'intérieur de la maison, commencé-je en analysant la serrure de la porte arrière de la cuisine.
Je prends le rangement de couteaux et le tends à Margaret qui le récupère en fronçant les sourcils légèrement confuse :
— Ne laissez plus jamais des couteaux de cuisine si près d'une porte qui donne sur l'extérieur.
Elle hoche la tête en me scrutant d'un air autant inquisiteur que perturbé.
Margaret n'aime pas recevoir des ordres.
Et je n'aime pas qu'on compromette mon travail.
— Faites installer une serrure renforcée à cette porte, si je force un peu, je peux la casser, dis-je en secouant un peu sur la poignée pour lui montrer sa fragilité. Placer un système d'alarme moderne, dans l'entrée et dans cette cuisine.
Margaret dépose les couteaux à l'opposé du plan de travail, sans un mot.
Un peu de silence. Ça fait du bien. Sa voix criarde me donne des migraines.
Je termine sur le dernier point :
— Le portail à l'entrée doit toujours être fermé à clé. C'est la première ligne de défense. Votre sécurité et celle de votre fille en dépendent.
— Oh, il s'est cassé l'année dernière, mais c'est un quartier sûr ici-
— Je m'en cogne de la tranquillité du quartier. Je veux voir ce portail réparé la prochaine fois.
Elle a écarquillé les yeux, je n'ai pas détourné les miens.
Quelques secondes se sont écoulées avant qu'elle finisse par hocher la tête et murmurer :
— Bien... je vais régler ça.
Un sourire hypocrite qui n'atteint pas mes yeux lui fait comprendre que la discussion est close. Et elle a grand intérêt s'en charger.
Même si techniquement, ce n'était pas mon job d'analyser cette maison.
La machine à café termine sa préparation. Ce qui sort Margaret de sa bulle. Elle se mène rapidement vers son café avant de se diriger dans le salon où elle allume la télévision. CNN défile sous ses yeux en même temps qu'elle ne sirote sa boisson.
Prostré dans la cuisine, je regarde par la fenêtre quand j'entends un crachotement dans mon oreille. Mon index repositionne l'oreillette in-ear correctement.
Une voix masculine se fait entendre dans mon cerveau :
— Tu me reçois.
Je termine de repositionner correctement l'écouteur avant de répondre :
— Je te reçois, Knight.
— Je serais là. Au besoin.
Je ne réponds rien.
Ce dispositif avec Knight n'est pas systématique, mais cette première conférence risque de rassembler énormément de monde. Knight a déjà piraté les caméras sur place et se tiendra disponible dans une camionnette positionnée pas loin du lieu de la réunion.
Instinctivement je pose ma paume sur le holster où dort mon arme à l'intérieur de mon costume. Je déboutonne un bouton de ma chemise en la tirant légèrement pour respirer.
— Il risque d'y avoir au minima, 400 personnes. Au maxima, 700.
Je place mon index sur mon oreillette en entendant la voix de Knight.
— Compris, murmuré-je en plaçant un nouveau cure-dent entre mes lèvres.
Prions pour que ça ne me donne pas la migraine.
✤
Cassie.
La pluie s'abat violemment contre la carrosserie de la voiture. Je suis bercé par le mouvement hypnotique des essuie-glaces contre la vitre.
— Encore combien de temps, Ghost ?
La voix de ma mère rompt le silence cuisant dans la voiture.
Sans lui répondre, Ghost — ou Callahan le connard — lui pointe du doigt le tableau de bord sur lequel s'affiche le temps restant avant d'arriver.
Juste dix petites minutes.
Nous sommes assises à l'arrière avec ma mère. Depuis que nous sommes sur la route, l'index du détraqué n'a cessé de tapoter à fréquence régulière contre la console centrale :
Tap-tap-tap.
Il marque une pause.
TAP-TAP-TAP.
Nouvelle pause.
Tap-tap-tap.
— Arrête de faire ça.
Je tourne la tête vers ma mère avant de baisser les yeux sur sa main qu'elle a posés sur mon poignet.
Je ne me suis pas rendu compte que j'étais en train de faire claquer mon élastique contre ma peau.
Mes poings trouvent place sur ma jupe, et sans faire exprès, j'ai croisé le reflet de mon garde du corps à travers le rétroviseur.
J'ai vite détourné les yeux.
Je n'ai même pas envie de lui accorder un seul regard.
Ma paume se place sous ma joue, je m'appuie contre les rebords de ma fenêtre.
J'ai horreur des meetings de ma mère.
Il y a beaucoup trop de monde, ça me provoque des bouffées de chaleur et accessoirement de l'anxiété, je ne sais jamais comment je suis censée bien agir. Je dois parler à tout un tas d'hommes qui ont le triple de mon âge et leur montrer que j'adhère totalement au programme — problématique — de ma mère.
Je sens mon cœur tambouriner jusqu'à dans mon ventre.
J'espère que ça va se finir vite.
Je suis tellement pressée de retrouver Sherlock.
J'aimerais bien voir les filles ce soir.
Mais je ne pense pas qu'elles pourront sortir.
— ... avec toute cette pluie... se plaint ma mère en regardant la route. On n'a vraiment pas choisi le bon week-end et puis Londres...
Ma mère parle toute seule, parce que lui continue de tapoter son index tandis que moi j'essaye de me rassurer dans l'idée que ma tenue est suffisamment présentable.
Je porte un blazer en tweed noir, agrémenté de boutons dorés, et une jupe courte de la même texture. Je regrette un peu d'avoir mis un collant noir aussi fin, car je redoute qu'il fasse froid dans la salle. Associé à ça, j'ai des bottines en cuir.
Mes doigts se mettent à jouer avec mon collier de perles. Je tourne la tête vers la route.
Malgré ce temps morose, il y a du monde dehors. Au point où la route est un peu bouchée.
Je touche mes cheveux que j'ai lâchés. Dans l'espoir de paraître élégante, j'ai mis un serre-tête noir.
Je détourne le regard vers la droite en sentant la voiture ralentir.
On arrive.
Les tambourinements de mon cœur décuplent.
Nous approchons de l'entrée du congrès.
Une boule d'angoisse se forme immédiatement dans mon ventre en voyant la foule s'agiter à l'entrée pour accueillir ma mère.
Il y a des journalistes et leurs flashs d'appareils photo illuminent l'intérieur de notre voiture.
Je prends une grande inspiration, essayant de calmer mon cœur qui bat la chamade.
Ma mère se tourne vers moi, et dans ces moments, j'ai vraiment l'impression que ses sourires pour moi sont sincères :
— Aller on y va, Cassie, me dit-elle simplement.
Je ne sais toujours pas si c'est parce qu'elle joue un rôle, ou si elle est réellement heureuse que je sois avec elle.
Le brouhaha de dehors s'infiltre dans le véhicule à la seconde ou un garde du corps ouvre la porte de ma mère. Je rassemble mon sac et mon téléphone dans ma main.
Callahan sort en premier.
Un voiturier, trempé par la pluie, lui tend un grand parapluie transparent. Avec rapidité mon garde du corps le déploie et vient m'ouvrir ma portière. Il place le parapluie au-dessus de ma tête, formant une sorte de dôme protecteur.
Je glisse sur mon siège pour sortir de la voiture :
— Ne t'éloigne pas de moi, murmure-t-il.
Je relève la tête vers lui surprise par son intervention.
Ses yeux me paraissent toujours aussi impénétrables, ils ne me montrent aucune émotion, mais ses paroles sont très sérieuses. Je sens la présence imposante de Ghost devant moi. Sa proximité est aussi effrayante que presque...
Je n'en sais rien.
Les semelles de mes bottes foulent le pavé mouillé.
Ma mère m'a attendu, et Callahan s'empresse de me ramener près d'elle tout en me couvrant avec le parapluie.
L'entrée du congrès apparaît devant moi. Le bâtiment est majestueux, le genre de style victorien, avec ses colonnes en marbre et ses statues qui ornent les murs.
Je n'ai pas le temps d'admirer le décor. Nous entrons rapidement à l'intérieur du bâtiment sous les acclamations du public de ma mère qui les salue avec un cérémonial qui me donne l'impression qu'elle a déjà gagné sa campagne.
Je remarque que Ghost scrute chaque recoin de la place. Ses yeux passent rapidement des escaliers à l'équipe de ma mère qui la rejoint rapidement sans même lui laisser le temps de respirer.
Avant même que je puisse assimiler ce qui se passe, ma mère et moi sommes nous retrouvons noyés au milieu de son équipe. Je me perds dans les voix de ses directeurs de campagnes, ses conseilleurs, ses coordinateurs. Le bruit de nos pas résonne en écho contre le sol en marbre.
Philipe, le bras droit de ma mère, avance d'un pas rapide, ses lunettes légèrement embuées par l'humidité. C'est lui gère et coordonne tout :
— Margaret, le discours a été légèrement modifié pour mettre en avant les points forts de notre manifeste, dit-il avec assurance.
— Tu me soulignes en rouge les parties, ordonne ma mère.
— Nous avons renforcé la partie sur les réformes éducatives, et Lydia a suggéré d'inclure un segment sur la santé.
Ma mère hoche la tête avant de répondre :
— C'est une très bonne idée, je veux aussi aborder tout ce qui touche la gestion des hôpitaux, ajoute un paragraphe rapide, ça doit rester dans les esprits.
Et au milieu de tout ça, je ne me sens pas bousculé, mis en arrière ou écrasé comme à chaque fois.
Je comprends tout de suite pourquoi en tournant la tête derrière moi, je tombe sur les iris bleus de Ghost. Je détourne rapidement le regard en ayant la sensation que sa présence imposante m'écrase. Sa proximité crée un dôme de protection autour de moi. Il marche dans mes pas et me permet de suivre le rythme sans que personne n'ose me bousculer. Je sens presque sa main positionnée près de mes côtes, comme s'il était prêt à m'extraire d'une situation dangereuse à tout moment.
Philippe et les autres membres de l'équipe de ma mère sont plongés dans la conversation qui explique tous les détails du discours à venir et les enjeux politiques du moment.
— Knight ?
La voix rauque de mon garde du corps s'extrait du brouhaha ambiant. J'ai comme un frisson froid qui s'agrippe à mon échine. Je déglutis lorsqu'il prononce à voix basse :
— Je sais. J'entre dans 30 secondes, vérifie les angles faibles.
À quelques pas de la porte d'entrée du meeting, Olivia, la responsable de la communication, m'approche avec énergie, elle réajuste le casque avec le micro devant sa bouche et me dit :
— Coucou, Cassie ! Il faut que tu viennes te positionner près de ta mère.
Sa voix est douce mais pressante. Je sens bien qu'elle est dans le rush.
Elle me tire légèrement par le bras, écarte ma veste en tweed de mes épaules et prend mon sac. Mes index replient correctement mon col roulé noir.
Ma montée d'angoisse est étouffante.
Deux vigiles nous voyant arrivés poussent les portes de l'immense salle de réunion.
La seconde qui suit, nous sommes assaillies par une marée d'applaudissements. Les flashs des appareils photo crépitent autour de moi, je ne vois pratiquement plus rien. Je sens une poigne me prendre la main, en tournant la tête je vois que c'est ma mère. Elle sourit à la foule en les saluant de son autre main.
La salle est un océan de visages, de pancartes républicaines et d'émotions fortes, comme si Margaret est déjà leur Première ministre. Les acclamations sont assourdissantes, j'ai l'impression de ne plus rien entendre. Les gens sont venus en nombre pour soutenir ma mère. À chaque fois j'oublie à quel point elle a du succès...
Mon cœur bat à toute vitesse. Je tente de sourire timidement, de paraître à l'aise devant ces centaines d'inconnus et ces caméras, mais la vérité est que je suis complètement dépassée, stressée, paniquée.
Margaret Bennett, elle, avance avec assurance. J'ai même l'impression qu'elle se prend un peu pour une rock star, et je m'efforce de suivre son rythme.
Je tourne la tête, l'image de Ghost apparaît à ma droite. Il place son bras entre moi et les gens qui hurlent le nom de ma mère. Il ne déroge pas à son travail, son visage est sérieux. J'ai même l'impression que c'est la première fois que je le vois comme ça.
Aussi sombre.
— Assieds-toi là, Cassie, je garde ta veste et ton sac, OK ?
Je suis happée par la voix douce d'Olivia qui m'indique un siège au premier rang, juste à côté de Philippe.
Je m'assois, tout en essayant de reprendre un souffle normal et calmer l'acharnement de mon cœur.
Philippe se tourne vers moi, un sourire qui n'atteint pas ses yeux :
— Respire. Tout va bien se passer. Elle va être géniale.
Pendant un moment, je me dis qu'il aurait pu me demander si moi je vais bien.
C'est peut-être égoïste de ma part de penser à moi alors que ma mère prépare sa carrière...
— Bonjour à tous, mes chers concitoyens.
Prostrée derrière un pupitre, le son du micro de ma mère résonne dans la salle, la plongeant un peu plus dans un silence. Je remarque à ce moment que Ghost ne m'a pas quitté d'une semelle. Il se positionne à quelques pas devant moi, devant l'immense scène. Les paumes croisées devant ses cuisses.
Sa posture me paraît mécanique, comme s'il avait fait ça toute sa vie. Je me demande s'il a toujours été garde de corps ?
Et puis en y repensant, il est aussi discret qu'imposant.
Mais en vrai, on s'en fiche de lui.
Olivia s'approche de moi discrètement pliée en deux, ma mère a commencé à parler.
— Tiens Cassie, me chuchote-t-elle, un peu d'eau.
— Ah, merci Olivia !
Elle me sourit avant de repartir rapidement dans les couloirs de la salle.
Pour apaiser mon stresse, j'ouvre cette petite bouteille et j'avale plusieurs gorgées sans m'arrêter. Au point où ça me fait presque mal au ventre.
— ...en tant que présidente du parti républicain, je suis fière de vous présenter notre nouveau manifeste. Un document qui, je l'espère, guidera notre nation vers un avenir prospère...
J'arrête de boire et referme le bouchon. Je dépose la petite bouteille à mes pieds, et croise mes bras autour de mon ventre comme pour me protéger.
En levant les yeux, je tombe directement sur ceux de Ghost à quelques mètres devant moi qui me fixe déjà. Je déglutis en croisant les cuisses.
Et... ce connard a regardé le mouvement de mes jambes.
Qu'est-ce qu'il a à me regarder... ?
— ...à l'approche des élections, chaque parti se prépare, mais nous, nous avons choisi de mettre à jour notre manifeste pour refléter les véritables aspirations de notre peuple...
D'ici je n'entends pas ce que mon garde du corps dit, mais il place son index sur son oreille et répond à je ne sais qui à travers son oreillette.
— ...notre parti a toujours été le défenseur des valeurs traditionnelles, et cela ne changera jamais...
Je relève enfin les yeux sur ma mère.
Illuminée au milieu de la scène. Chacun de ses mots semble captiver son auditoire. Elle parle avec des gestes fermes de ses mains, regarde chaque visage dans la foule.
Sauf le mien.
— ...nous croyons en une nation forte, où la sécurité, la prospérité et la liberté sont garanties pour chaque citoyen...
Je sens une vibration dans la poche de ma jupe.
Discrètement je tire mon téléphone.
Une notification de « le WINX CLUB. »
J'ouvre le message :
« le WINX CLUB : Cherry Waldorf : T'es sexy Cassie. »
Je fronce les sourcils, en glissant furtivement mon smartphone sur mes cuisses. Je baisse la luminosité pour ne pas trop attirer l'attention.
« le WINX CLUB : Cherry Waldorf : Ils t'ont filmé. T'es en direct bébé range ton téléphone. »
Un rire nerveux a failli m'échapper. Avant que je puisse répondre, un autre message apparaît.
« le WINX CLUB : Nelly The Witch : Arrête de lui envoyer des messages. »
Soudainement le nom du groupe change :
« Cherry Waldorf a changé le nom du groupe : xoxo, GOSSIP GIRLS. »
Mais il ne faut pas une seconde pour qu'une nouvelle notification apparaisse :
« Lalita from Euphoria a changé le nom du groupe : Le WINX CLUB. »
Un message apparaît tout de suite après :
« le WINX CLUB : Lalita from Euphoria : Arrête de changer le nom du groupe, idiote. »
« le WINX CLUB : Cherry Waldorf : Pétasse. »
Je place ma main devant ma bouche pour m'éviter de rire.
Le regard inquisiteur de Philipe m'emplit de honte. Je pince les lèvres en verrouillant mon téléphone. Sauf que l'écran s'illumine et m'affiche un nouveau message :
« le WINX CLUB : Cherry Waldorf : Ton garde du corps, Casbaby, j'aurais déjà couché avec lui dans sa voiture depuis très très TRÈS longtemps. »
« le WINX CLUB : Cherry Waldorf : #ESSAYEAUMOINSDELEMBRASSER. »
« le WINX CLUB : Lalita from Euphoria : Ta-gueule. »
De nouveau, je dois me retenir de rire. Je range mon téléphone.
Mes yeux se lèvent vers lui.
J'ai l'impression de recevoir un coup de poing de sensation dans le ventre.
Son regard est sombre et encore déjà planté sur moi. Un mélange entre l'amusement, et ce truc effrayant qui me dit toujours que je ferais mieux de me méfier de cet océan noir.
Nerveusement, j'arrange mes cheveux en détournant le regard la première.
Sauf que j'ai une sensation de chaleur qui n'était pas là, deux secondes auparavant. Je lisse ma jupe comme si elle en avait besoin.
— ...alors mes chers concitoyen, je pense qu'il est crucial d'adresser les préoccupations récentes du public à ce sujet...
J'essaye de me concentrer à nouveau sur le discours de ma mère.
— ...de ma fille, ici présente, Cassie.
Je relève en urgence les yeux vers elle.
Mon cœur se met à tambouriner dans ma cage thoracique. Instinctivement je baisse les yeux une seconde vers Ghost qui secoue légèrement la tête comme pour me dire : « T'as rien raté. »
Un soulagement détend mes épaules, et plus encore lorsque le discours de ma mère se poursuit :
— ...poursuit actuellement un cursus d'économie à Oxford. Je suis incroyablement fière d'elle, non seulement pour ses accomplissements académiques, mais aussi pour la jeune femme qu'elle est devenue. Elle est le symbole de ce que notre système éducatif peut offrir de mieux.
Soudain, un tonnerre applaudissements me donne l'impression que la salle tremble. Certains se mettent à siffler pour acclamer ma mère. Ils hurlent à l'unisson son nom. Je sens une bouffée de chaleur monter à mes joues.
Elle l'a dit — presque — avec émotion.
J'ai presque cru qu'elle était vraiment fière de moi pendant une seconde.
Les gens dans la salle se lèvent pour la féliciter.
Quelle menteuse !
Je ne résiste pas, il faut que je sorte d'ici.
Mes pas rapides me font sortir de la pièce.
Je pousse les portes d'entrée et suis les panneaux qui indiquent la direction des toilettes.
« Elle est le symbole de ce que notre système éducatif peut offrir de mieux. »
C'est une blague ?
Quel symbole ? Celui qui vomissait par peur de remettre les pieds dans un établissement ?
Qui la suppliait à genoux de faire cours à la maison ?
Le symbole de celles à qui on hurlait que j'étais une star de porno ?
Quel symbole exactement ?
Sa déclaration me met en colère.
Parce que tous les mots qui sortent de sa bouche sont des mensonges !
Elle ment au monde entier pour gagner, et ça me fait étouffer.
Je pousse la porte des toilettes et m'enferme à l'intérieur.
Il me faut quelques secondes pour reprendre mon souffle.
Je me fais du vent avec les paumes de ma main pour sécher des larmes qui menacent. Je ne veux pas gâcher mon maquillage, et ce n'est pas le moment de pleurer.
Dans un soupir, je me dirige vers le miroir.
Je ne regarde pas mon reflet très longtemps. Mes yeux se baissent sur les éviers, je mouille le bout de mes doigts pour humidifier un peu ma nuque.
Je meurs de chaud.
J'ai vraiment horreur de ces meetings à la con.
Soudainement je réalise que mon téléphone vibre dans ma poche.
J'essuie mes mains sur ma jupe et le sors.
« le WINX CLUB : 34 messages non lus. »
Je clique sur la notification et une avalanche de messages s'affichent.
J'ai l'impression que le poids de mes peines s'envole à la seconde où je me mets à lire ce que les filles ont dit.
Décidément, je me mets à rire toute seule dans ces toilettes. C'est toujours la même rengaine. Lalita et Cherry ont continué de s'insulter, et Nelly tente désespérément de jouer le rôle de médiateur.
Ces filles-là sont vraiment mes petites poussières d'étoiles. Mes lueurs d'espoir et leur amitié c'est tout ce qui me maintient en vie.
Avec Sherlock.
Et Twilight.
Et peut-être Lana Del Rey...
Je rédige mon message pour calmer leur dispute :
« le WINX CLUB : Cas Noisette : Arrêtez de vous disputer. Je vous aime trop. »
« le WINX CLUB : Cherry Waldorf : Aucun rapport ma chérie. Mais moi je t'aimerais si tu balances le numéro de ton garde du corps. »
Je me mets à rire.
« le WINX CLUB : Nelly The Witch : Et McMiller ? »
« le WINX CLUB : Cherry Waldorf : Cherry (the queen) left the chat. »
Lalita envoie une nuée d'émojis qui rigole et je fais de même en me sentant sourire moi aussi.
Je finis par verrouiller mon téléphone pour me préparer à sortir.
J'arrange un peu mes cheveux devant le miroir et m'assure que je n'ai pas une tête d'enterrement.
Après avoir inspiré profondément, j'ouvre la porte des toilettes.
Je sens une pression sur ma côte qui me fait reculer. Rien de violent, juste très accaparant, j'ai à peine le temps de m'écrier qu'on me fait rentrer de nouveau dans les toilettes. Mon cœur tambourine dans ma gorge, prise de peur. La porte claque, et avant de réaliser quoi que ce soit que mon dos s'écrase contre le mur.
Je tombe sur deux iris bleu foncé qui me fixent avec l'air de dire : « qu'est-ce que je vais bien pouvoir faire de ton cas. »
Ma respiration est erratique, je le regarde les yeux écarquillés. Il me faut plusieurs secondes pour enfin sortir de mon état de choc :
— Vous avez pété les plombs ! m'écrié-je en m'approchant de lui.
Sa paume contre mon buste me pousse de nouveau contre le mur et me réduit immédiatement au silence :
— Écoute-moi bien, microbe, chuchote-t-il d'une voix autoritaire en approchant ses lèvres de mes oreilles. Je vais le répéter une seule fois.
Il croise ses bras dans son dos comme s'il s'interdisait de me toucher.
Il est proche. Trop proche.
Je respire grossièrement. Son souffle brûlant s'immisce sous ma peau. J'ai la sensation d'avoir la chair de poule et c'est tout bonnement horrible de ressentir ça, mêlée à l'odeur masculine et ambrée de son parfum de malheur !
— Pour te protéger, j'ai besoin que tu suives mes instructions à la lettre.
— Je-je suis juste partie au-
— Je n'ai pas fini de parler.
Sa voix grave et dominante me cloue au silence.
Son visage est si proche du mien que j'ai l'impression que le poids du monde pèse sur mes épaules.
C'est la première fois que je vois son visage d'aussi près. Je ne sais pas quoi regarder. Chaque détail de son visage est amplifié par cette proximité. De l'ombre de ses sourcils noirs sur ses yeux légèrement tombants à son nez droit... Je suis perdue.
Il me fixe avec une telle intensité que je n'ose pas bouger. Sa mâchoire se contracte d'un coup, et j'ai l'impression que ses lèvres sont toutes près des miennes.
Je peux dire adieu à mon espace personnel, et mes pensées sont complètement brouillées par la vive émotion choquée que je ressens :
— Je disais donc ; si tu veux faire un pas, je dois en être informé.
Je cligne des yeux, surprise et confuse par ses mots.
— Q-quoi ? C'est du délire !
Ma voix tremble malgré moi.
Son regard semble s'assombrir :
— Je suis très sérieux.
Il me fixe encore.
Est-ce qu'il m'a même déjà lâché du regard une seule fois ?
Je me sens complètement déstabilisée, et puis son corps crée un mur infranchissable qui me condamne contre ce mur. Ce qui n'arrange rien à mon état.
Je fronce les sourcils pour essayer de revenir un peu sur terre :
— Je suis juste allée aux toilettes ! m'offusqué-je.
Mais Callahan n'en a pas fini avec moi. Il se rapproche, au point de presque me toucher. J'ai l'impression que nos torses se frôlent — j'en suis pas sûre — je crois que le bout de ma poitrine effleure son buste quand j'inspire. Une bouffée violente s'empare de mon estomac.
Je n'ai nulle part où aller.
— Et j'ai dit ; je dois être informé de chacun de tes faits et gestes. Si tu pisses, je dois être au courant. Si tu veux quitter une pièce, tu viens me voir et je veux t'entendre me demander : « Ghost, je veux partir d'ici. » Tu as compris ? Si quelque chose se passe, ou si je te donne un ordre, tu l'exécutes sans poser de questions. Si je te dis de te baisser, tu te baisses. Si je te dis de courir, tu cours. Mais tu ne pars jamais sans moi.
Je ne sais même si je me sens en sécurité ou en danger avec cet énergumène.
Je ne sais pas non plus si je ressens de la peur, ou l'envie de lui hurler dessus.
En fait... je crois que le pire c'est que mon cerveau est en train de se dire qu'il a peut-être raison : je ne sais pas pourquoi mais j'ai l'impression personne ne pourra jamais mieux me protéger que lui.
Je me sens minuscule à côté de lui. Mon sang reste coincé sur mes joues. Mais je le défis quand même du regard et avec le peu de courage qu'il me reste je lui lance :
— Vous êtes un vrai taré.
Un léger son rauque qui s'apparente à un rire résonne dans les toilettes. Je déglutis en regardant ses dents blanches me narguer et se moquer de moi comme à chaque fois.
— Pour quelqu'un qui me prend pour un taré, t'as pas l'air très apeurée d'être seule avec moi.
— Si vous ne vous éloignez pas maintenant, je vais crier à l'aide.
— Cris.
Sa réponse m'a tellement surpris que j'ai ouvert la bouche avant de vite la refermer.
— J'adorerais entendre ça.
Le son de sa voix sombre est imprégné d'une telle assurance que je me demande comment c'est possible d'en arriver là. J'avale ma salive en arrivant à la conclusion qu'il m'a encore cloué au silence pour la énième fois.
Devant lui, je me sens comme un insecte coincé dans une toile d'araignée.
Comment je vais faire fermer la bouche de ce type sans l'assassiner ?
Ma réflexion se coupe lorsque la poignée des toilettes se baisse.
Nous tournons tous les deux la tête vers la porte qui s'ouvre. La tête d'un homme glisse discrètement à travers l'embrasure.
Le mec sursaute presque en voyant mon garde du corps.
— J'suis désolé ! articule l'homme avec le semblant d'un sourire gêné.
— Ne bouge pas.
Ghost s'adresse à moi.
Lorsque je le regarde, ses sourcils sont froncés. Il avance d'un pas déterminé vers la porte et le mec s'empresse de vouloir la refermer mais c'était sans compter la rapidité d'exécution de Ghost qui ouvre la porte si violemment qu'elle cogne contre le mur.
Je me retiens de sursauter, mais je me dépêche dans le couloir où sont réuni ce type et mon garde du corps qui lui demande sans introduction :
— Qu'est-ce que tu fous-là ?
— Écoutez monsieur je... je cherchais les toilettes.
— Mhm. Lève les bras, ordonne Ghost avec un geste pressé de la main, tout en se plaçant devant lui.
Pris de surprise, cet homme mec tourne la tête vers moi, les yeux écarquillés. Mais Ghost redirige son visage vers lui :
— C'est ici que ça se passe, ne la regarde pas. Ne m'oblige pas à répéter.
— Écoutez... je... je ne pensais pas a mal, murmure-t-il en levant finalement les bras.
Ghost ne lui répond pas, il se met à le fouiller d'une main de maître, en tâtant ses jambes, jusqu'a les chevilles. Lorsqu'il finit, il place son visage pas loin du sien et réitère sa question :
— Je t'ai demandé ; ce que tu foutais ici ?
L'homme semble un peu gêné. Il tente une énième fois de tourner la tête vers moi, mais c'est sans compter l'index de Ghost qui le redirige immédiatement pour qu'il ne regarde que lui.
Ce type finit par avouer :
— Je... J'ai pensé que j'aurais pu lui parler un peu... a-alors... alors je l'ai suiv-
Un son choqué m'échappe lorsque mon garde du corps plaque violemment ce type contre le mur derrière lui :
— Non, non, t'as pas compris comment ça allait se passer toi, crache Ghost les dents presque serrées, les sourcils froncés. Personne ne l'approche, personne ne lui parle. Donne-moi tes papiers !
— Q-quoi ! Mais nous ne sommes pas obligés de-
Sans crier garde, Ghost renforce son appui contre le mur. Je regarde la scène tout aussi choquée que cet homme en ayant le cœur battant à mille. Je suis autant partagée par la violence de Ghost que par l'idée que je n'aurais rien pu faire si j'avais été seule.
Ghost lui arrache son portefeuille de la poche, il le déplie d'un geste sec, sans enlever son coude contre le torse du type. Il feuillette le contenu, en sort des cartes, un permis, d'anciens tickets de caisse, une photo de famille, avant de tout lui rendre en plaquant ses affaires contre son torse.
— Jason Seval, tu vas faire demi-tour, et tu vas baisser les yeux en partant. Fais tout ton possible pour que je ne te recroise plus jamais. Crois-moi.
Le fameux Jason reste choqué une seconde quand Ghost fait un pas en arrière pour le laisser s'en aller. Ses papiers tombent au sol, mais il s'empresse de les ramasser et déguerpir d'ici, sans un regard de plus.
— Knight ?
Je relève les yeux sur mon garde du corps, il a un doigt sur son écouteur et me fait signe de la main pour que je m'approche de lui.
J'ai juste envie de l'insulter.
— Je veux que tu recherches des informations sur un Jason Seval, Numéro de carte d'identité ; 289338219.
— C'est exagéré, protesté-je.
— Je m'en tape, microbe, viens-là.
— Vous serez viré avant de la fin de l'année, lancé-je en passant devant lui.
— Ça me laisse 4 mois pour profiter de toi.
Connard de merde !
Il m'escorte jusqu'à la grande salle où a lieu le meeting. Sur le trajet, je dois avouer qu'une partie de moi est reconnaissante pour son intervention. Parce que si j'avais été seule, je me demande ce qui se serait passé avec ce Jason Seval ?
C'est la première fois que je vois cet homme.
Sans comprendre pourquoi, un sentiment de mal-être se réveille en moi.
Sérieusement... c'était qui ce type ?
✤
Bonsoir bonsoir, bonsoir ! 🎃
Ça-va ? ☕️
IT'S TIIIME TO TAKE THE TEA : ☕️, je veux tout entendre, vos impressions, vos ressentis, vos théories, vos retours pour ce chapitre ? Dites-moi tout !
Alors moi personnellement parlant, ce chapitre, je me suis fourvoyée à l'écrire !
Pardonnez ? J'étais à fond à laaa caiiiiiissse !
Je les aime un peu trop mes double C et c'est pas normal PLS- SEND HELP ! 😔🤚🏾
Plus j'avance dans les chapitres, et plus je suis trop impatiente de les faire évoluer tous les deux, d'aller plus en profondeur dans les mystères, les secrets storiiies ! Hm, cro cro goutu ! 🤭
En fait, vous savez Cal' c'est lui il prend possession de mon clavier, le mec il rigole de fou alors que moi à la base j'pensais on allait voir ses 2 deux fois mais il peut pas s'en empêcher MDR, et je trouve que ça change grave de tous les protagonistes que j'ai pu faire j'aime trop !
Il est aigri, mais il sait rire quand même vous voyez 🫣 ?
Et Casbaby, bah je la mange... 🫢 C'est abusée comment elle est trop mignonne je- BYE !
On se retrouve sur le Discord pour les Red Paper 🍒🩰 ! Impatiente d'avoir vos théories 😋 !
Bisous, on se retrouve très vite pour la suite ! 🪐
Stardust 🍓
𝚂𝚎𝚎 𝚢𝚘𝚞 𝚜𝚘𝚘𝚗 🕰...
xo, Azra. ✿
IG: azra.reed
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top