𝟶𝟹. 𝙿𝚕𝚊𝚢𝚒𝚗𝚐 𝚐𝚊𝚖𝚎𝚜.
(𝖣𝖾́𝗆𝖺𝗋𝗋𝖾𝗓 𝗅𝖺 𝗏𝗂𝖽𝖾𝗈 𝗉𝗈𝗎𝗋 𝗏𝗈𝗎𝗌 𝗉𝗅𝗈𝗇𝗀𝖾𝗓 𝖽𝖺𝗇𝗌 𝗅'𝖺𝗆𝖻𝗂𝖺𝗇𝖼𝖾)
"Des plus profonds désirs, naissent souvent les haines les plus mortelles."
Socrate
𝟢𝟥. 𝖯𝗅𝖺𝗒𝗂𝗇𝗀 𝗀𝖺𝗆𝖾𝗌.
Quelque heures avant la rencontre de Cassie et Ghost.
Ghost.
J'ai le cerveau qui explose.
La porte en verre coulissante de Rendi Holdings glisse devant moi, je pénètre le building. Les milliers de baies vitrées réfléchissent la lumière vive sur le sol. Mes paupières se plissent.
Ça empire cette foutue migraine.
Je sens la texture de mes gants en cuir sur mes mains. Avec mes dents, je tire dessus pour les enlever avant de les glisser dans mon casque de moto que je tiens. J'extirpe un nouveau cure-dent de mon paquet et le coince dans ma bouche.
J'entends, je vois, la secrétaire s'empresser de me dire bonjour, comme si elle m'avait attendu toute la journée, elle se lève maladroitement de sa chaise :
— Bienvenue, monsieur Caine.
Sans avoir besoin de badge, elle ouvre les portiques de sécurité pour moi.
Je m'occuperais de son cas plus tard.
Ce soir.
Je déambule parmi les employés, les talons des femmes claquent contre le sol en marbre, les hommes en col blanc portent leurs mallettes.
Rendi Holdings est l'empire d'Adrian Caine, mon grand-père.
Officiellement, c'est l'épicentre financier le plus important de Londres. Une industrie qui génère des milliards de livres sterling chaque année.
Officieusement, le cœur battant de la mafia albanaise.
Je me dirige vers les ascenseurs, mon index plié appuie sur le bouton, puis deux doigts massent ma tempe. Mais la tension constante qui m'écrase le crâne me rappelle que ça fait trois jours que je n'ai cessé d'avoir le cerveau en feu.
Et ça ne s'arrêtera pas.
...Quand est-ce que ça s'arrêtera enfin ?
L'ascenseur s'ouvre, quelques employés sortent et me saluent respectueusement en me reconnaissant. Je pénètre la cage de fer, qui me révèle l'emblème de Rendi Holdings et celui de la famille Caine griffé sur le miroir : un aigle à deux têtes, sur lequel s'entrecroisent deux épées, des kandjars. Symbole de l'Albanie, symbole de notre clan. Je pose mon pouce sur le tableau de bord, laissant la technologie reconnaître mon empreinte pour accéder au dernier étage.
En me dévisageant dans le miroir, ma paume effleure ma mâchoire rugueuse. Cette barbe de trois jours et mes cernes qui creusent mon visage me rappellent que mes migraines m'empêchent de dormir depuis an maintenant.
Un visage rond, des joues rouges... Je me demande encore quelle était la longueur de sa natte.
Le tintement des portes me coupe dans ma réflexion. Le silence est le maître mot de cet étage. Il couvre mes oreilles comme un dôme. D'aussi loin que je me souvienne, la dernière fois que des cris ont résonné ici, maman tenait encore debout. Je ne me souviens plus qui criait, et pourquoi. Je me rappelle juste que c'était une femme.
...Ses cheveux avaient l'air doux.
Kurvë ! (Putain)
Je savais que je n'aurais pas du aller dans cette gare.
Une porte s'ouvre à quelques mètres devant moi.
C'est Benjamin.
— Cousin, prononce-t-il comme dans un cérémonial.
Je lui passe devant sans répondre.
Ce bouffon sait qu'on ne se supporte pas.
Ça fait des années que ça dure, et je sais que rien ne changera jamais ça.
— Toujours aussi aimable, siffle-t-il en refermant la porte du bureau derrière lui.
La bonne majorité du temps, on pourrait croire que Benjamin est l'ange de son père. Mais la simple pensée qu'il marche derrière moi, éveille le meurtrier en moi, je ne lui fais pas confiance.
Je suis à peu près sûr qu'il me hait autant que moi, et qu'il déteste l'idée que cet empire me revienne de droit, même s'il est — jour pour jour — de deux ans mon aîné.
C'est probablement ça qui a attisé sa haine toutes ces années. Le problème c'est que Benjamin n'a toujours pas compris que je ne me mets en compétition avec rien ni personne.
Peu importe à quel point il essayera, j'aurais toujours plus d'hommes que lui, je serai toujours plus riche que lui. J'aurai toujours plus sans même essayer. Et; quand bien même, je n'ai besoin de la validation de personne; Adrian Caine fermera toujours les yeux en me choisissant moi, plutôt que lui.
C'est ce qui lui plaît le moins.
C'est ce que j'adore le plus.
Et puis, depuis que Carl, son petit frère, est mort. Benjamin est d'autant plus instable et imprévisible.
La seule chose qui m'empêche de laisser Benjamin Caine pourrir la gorge tranchée dans les couloirs de Rendi Holding, c'est le sang qu'il partage avec moi.
Je pousse la porte du bureau. Les voix nous parviennent, je les entends encore parler de Carl et des circonstances sa mort. En entrant, mon père, Antonio et mon oncle, Agon, sont tous deux assis sur le canapé en cuir marron contre la bibliothèque.
Près de la grande fenêtre qui s'élève sur le mur en face de moi, Adrian Caine, mon grand-père est lui-même voûté au-dessus de son bureau les paumes à plat.
La discussion houleuse cesse quand j'entre, mon regard balaye la pièce, tout le monde est là ainsi que mes coéquipiers : Raven, Blade et Knight.
Et alors que je termine de scanner la pièce, une pensée me frappe : il manque quelqu'un.
Comme d'habitude.
— Përshëndetje, lance Benjamin en refermant la porte. (Bonjour)
Les membres présents dans cette pièce lui répondent. Il reste en retrait, près de la grande horloge victorienne qui trône à côté de la porte. Je hoche la tête en signe de salutation.
Mes pas me mènent vers le sofa à gauche du bureau, là où sont réunis mes gars. L'atmosphère victorienne est toujours aussi tangible ici, avec cette odeur de boiserie sombre et de livres anciens qui s'empilent par centaine dans la bibliothèque.
Instinctivement, comme à chaque fois que j'entre dans cette pièce austère, je lève la tête vers le blason de la famille suspendu fièrement au mur. Et comme la tradition l'exige, je place ma paume droite sur mon cœur en signe de respect pour notre clan.
L'aigle à deux têtes croisées par les deux kandjars. Gravé en dessous sur une plaque en laiton, le nom public.
Officiellement, cette organisation s'appelle Rendi Holdings.
Officieusement, nous l'appelons « L'Ordre. »
Ce blason revêt les trois devises du clan Caine :
"Nderi është mbi jetën" : "L'honneur est au-dessus de la vie".
"Hakmarrja është detyrim" : "La vengeance est un devoir"
"Vie Victus" : "Malheur aux vaincus"
Ces affirmations ont bercé ma jeunesse, jusqu'à l'âge adulte. Ces emblèmes, ces phrases, ces précèptes sont gravés sur ma peau depuis que j'ai 13 ans, et sont dans ma tête depuis 25 ans. L'honneur de notre famille ne doit jamais être bafoué.
En m'asseyant, j'entends mon grand-père ordonner à Benjamin de refermer la porte derrière lui. Je pose mon casque de moto sur mes cuisses, casse mon cure-dent et le jette dans la poubelle sous le bureau.
Cette migraine me bousille.
L'empire de notre famille s'étend sur l'ensemble du Royaume-Unis et au-delà de ça. En Europe, Europe de l'Est, en Amérique. L'Ordre recrute des membres partout dans le monde, et une fois qu'on signe ce pacte, on est régi par les règles qui nous lient à l'Ordre et qui sont absolument inviolables.
La loyauté à la famille Caine.
La préservation et la pureté de notre sang. Ce qui implique le mélange uniquement avec des membres appartenant à l'Ordre.
— Maintenant que tout le monde est là, commence Adrian en plantant son regard sur mon oncle. Agon, j'aimerais que tu me donnes un rapport sur la nouvelle filiale en Albanie.
— Et pourquoi on ne commencerait pas avec ce qui s'est passé avec mon fils, papa.
Le ton catégorique de mon oncle fait tiquer mon grand-père qui lui répond tout aussi sèchement que ce sujet n'allait pas être abordé au cours de cette réunion. Je m'enfonce encore plus dans mon siège en soupirant. Le bout de mes doigts masse mes tempes, je les écoute à peine se renvoyer des joutes verbales sur le cas de Carl.
La réunion me tend déjà. J'ai mieux à faire, et ça n'arrange rien à ma tête.
— T'as une migraine toi, neko. (mon chat)
Je tourne la tête à gauche et tombe sur Raven.
Seiji.
Je hoche la tête. Ses yeux noirs me fixent, je fais de même en oubliant les kanji tatoués sur son visage. Son regard me paraît vitreux.
— T'as bu ? murmuré-je.
— Je pus autant de la gueule ?
— J'ai senti l'alcool en entrant dans la pièce, budallaqe. (Imbécile)
Seiji ricane discrètement avant de se redresser.
Il ne faut pas longtemps avant que je sente le bout de ses doigts me masser les tempes. Je résiste à l'envie de fermer les yeux, c'est la seule chose qui atténue de façon dérisoire ces migraines.
Il y a très peu de personnes que je supporte.
Et dans ce « très peu » Seiji en fait partie.
Quand j'avais 5 ans, mon père m'a présenté celui que je devrais dès lors considérer comme mon frère.
Seiji avait tout juste 8 ans, lorsqu'il a été sorti d'une usine d'opium des yakuza qui exploitaient des enfants pauvres qu'ils trouvaient dans les rues japonaises.
Il y a peu de choses que je sais sur ce qui s'est vraiment passé pendant qu'il y était. Ce que je sais se résume aux confessions qu'il m'a faites après les cauchemars qu'il a faits durant de longs mois. Plus jeune, ça avait suffi à me hanter toutes les nuits.
Il a été adopté par des milliardaires japonais qui avaient prêté allégeance à l'Ordre depuis très longtemps, et depuis, hormis mes trois ans passés en Irak, rares sont les jours durant lesquels je ne suis pas en compagnie de mon frère.
— ... donc, je sais Agon, depuis la mort de Carl, on doit tripler de vigilance, mais ce n'est pas le moment de jouer au plus con ! J'ai pas besoin de toi à Londres, tu dois être en Albanie, dans la capitale, à Tirana. Il me faut quelqu'un de confiance sur place.
— Je partirais d'ici, quand on aura trouvé l'assassin de Carl, insiste mon oncle en tapotant nerveusement son index contre la surface du bureau.
Mon père passe une main sur son visage. Dans son regard, je constate qu'il est aussi débordé que mon grand-père. Il faut le dire, en deux décennies, c'est probablement la plus grosse crise que les Caine essuient. Agon, mon oncle pense que c'est un meurtre. Antonio, mon père, pense que Carl était suffisamment con pour provoquer sa propre mort.
Je suis des deux avis. Carl était assez con pour mourir bêtement, mais je ne crois pas à la théorie de l'accident non plus.
Le massage de Seiji apaisent à peine l'explosion dans ma tête, je vais devoir reprendre mon traitement pour éviter que mes mains tremblent.
Dans ma réflexion, je tourne la tête vers Blade, qui s'assoit sur l'accoudoir de mon sofa.
Mon regard est assez équivoque pour que Blade affiche un large sourire idiot sur son visage.
Je baisse les yeux sur sa main qui trempe son croissant dans son café noir. À chaque fois que je le vois, il est en train de manger quelque chose. Soit des croissants, soit de la nourriture indienne. Il n'y a jamais d'entre deux.
— T'es pas venu à mon tournoi la dernière fois, me lances Blade sur un ton léger.
Blade... ou Neo.
Probablement la seconde personne que je peux supporter sur cette planète.
— J'avais un train à prendre.
— Pourquoi t'es là alors ? T'as raté ton train ?
Disons que ça s'en rapproche.
Mon oncle et mon grand-père continuent de se hurler dessus en arrière-plan, et Neo trempe le dernier morceau de son croissant dans son café avant de l'avaler :
— J'attendais que tu viennes, j'aurais peut-être pas perdu contre Sosa si t'avais parié sur moi.
Je lève un sourcil, l'invitant à continuer.
Blade soupire :
— J'ai failli en niquer un. C'était tendu.
Un sourire en coin s'esquisse sur mes lèvres :
— Tu devrais arrêter de te fritter avec ces gars-là, Neo.
Il ricane en s'époussetant la main sur son jean, avale la dernière gorgée de son café noir avant de se pencher pour viser le gobelet dans la poubelle :
— C'est peut-être pour ça que j'attendais que tu viennes. T'es mon garde du corps, non ?
Son ton est léger, mais je sens une pointe de sérieux derrière ses mots.
Je me redresse un peu, toujours soumis aux massages de Seiji contre mes tempes. Ma voix murmure :
— Je serai là la prochaine fois.
— Et tu me dois un resto.
Après lui avoir lancé un regard en biais qui le fait rire, je lui lance :
— Avec tout ce que tu bouffes, tu vas me ruiner.
— T'es milliardaire crevard, et je suis en pleine croissance, rétorque-t-il avec un clin d'œil.
— T'as 23 ans.
Il éclate doucement de rire.
Je secoue la tête et détourne mon attention sur mon oncle qui ne cesse de gueuler.
À ce jour, je n'ai pas trouvé les mots pour le deuil que vit Neo. Depuis l'Irak, il y a un mur de non-dits que ni lui, ni moi ne sommes prêts à percer.
— ...à ça, donc c'est toi qui t'occuperas de la fille Bennett, Ghost.
Il me faut un moment, et que les mains de Seiji me quittent pour réaliser que c'est à moi que mon grand-père s'adresse. Il se redresse et ouvre un bouton de sa veste avant de plonger ses mains dans la poche de son costume.
J'incline la tête avec un léger mouvement de recul, mes sourcils se froncent, Adrian poursuit :
— Tu veilleras sur les activités de la fille, mais surtout de la mère. Rien ne doit t'échapper. Quand Margaret Bennett accédera au poste de Premier ministre, ça nous avantagera dans nos affaires.
— De quoi tu me parles, Adrian, articulé-je en grimaçant.
J'entends un rictus de la part de mon cousin, qui s'est pourtant montré sage depuis le début de la réunion.
Adrian fourre sa main dans son paquet de Malboro. Il la place entre ses lèvres, et la flamme de son briquet l'allume. Il ne lui faut pas longtemps avant qu'un filet de fumée s'échappe de sa bouche. J'en profite pour reprendre un nouveau cure-dent que je place entre mes molaires.
— J'ai besoin d'un homme sur le terrain, et c'est toi que j'ai choisi, tonne-t-il comme une évidence.
L'odeur de la clope s'est collée à ma veste et tout d'un coup, je n'ai presque plus de migraine. Je sens le froid de mes chevalières sur mes doigt. Et au dédain avec lequel mon grand-père fixe ma bouche, je sais qu'il déteste me voir avec ce cure-dent — c'est comme si je ne le respectais pas — et c'est pour ça que je continue quand même de les mâcher devant lui.
Parce que je sais que ça l'énerve.
— Je ne me souviens pas t'avoir donné mon accord, répliqué-je simplement.
— Tu ne t'en souviens pas parce que je ne te l'ai pas demandé.
— Et c'est pour cette raison que tu as perdu du temps et de l'argent aujourd'hui. Parce que tu vas devoir trouver quelqu'un d'autre. Sur ce-
— Aller arrête tes conneries, Ghost ! s'écrit-il alors que j'allais me lever pour m'en aller. Mais j'arrête mon mouvement en le fixant. J'ai pas que ça à foutre que de gérer tes caprices !
Parmi les choses dont j'ai horreur, il y a le fait qu'on m'impose quoi que ce soit.
Personne ne m'impose quoi que ce soit.
— Si, bien sûr que si que tu n'as que ça à foutre, Adrian. Autrement tu aurais anticipé ma réponse.
— C'est pas une requête, Cal', intervient mon père. Tu dois le faire.
— Au nom de quoi j'irais Baby-sitter une Bennett ?
— La mission durera un an, m'explique Adrian en appuyant ses propos de gestes de la main, la fumée de sa clope suit ses mouvements. Tu t'assures que la gamine reste en vie jusqu'à la fin de la campagne politique. Cette année risque d'être corsée pour Margaret, mais on n'a jamais été aussi proche du pouvoir depuis qu'on la tient par les couilles !
— Est-ce qu'il est vraiment apte, gjyshi (Grand-père) ?
Je me ré enfonce dans le cuir du sofa. Je ne tourne même pas la tête vers Benjamin qui vient de parler. Deux doigts se place contre mes tempes pour me masser le crâne. Je sens mes molaires s'écraser les unes contre les autres avant que ma langue déplace mon cure-dent de gauche à droite. Sa voix me tend comme à chaque fois qu'il ouvre la gueule, ou qu'il parle de moi dans l'espoir que je lui accorde ma validation.
Malheureusement pour lui, il ne l'aura jamais.
— Avec ses migraines, et le fait qu'il n'est rentré de la guerre que depuis un an. Il pourrait tuer la fille sans même s'en rendre compte.
— D'accord, articulé-je, mais est-ce que la fille après qui tu cours depuis toutes ses années s'est enfin rendu compte que t'existais ?
Neo à ma droite se retient de rire. J'entends Seiji ricaner doucement.
Le regard de mon cousin se charge de haine et d'humiliation. Je sais qu'il déteste ça. Et c'est pour ça que je continue à le faire, l'humillier. Je fais tourner mon cure-dent dans ma bouche sans un regard de plus.
Un jour, il apprendra à fermer sa gueule !
Benjamin court après cette gonzesse depuis des années. Mais elle n'appartient pas à l'Ordre, il sait qu'elle lui est interdite et ça ne lui a pas empêché de foirer nos affaires à cause de cette obsession grotesque.
Mais sa réponse arrive vite :
— T'es à peine capable de tenir debout sans te droguer aux benzodiazépines et tu penses être en-
— Kurvë ! s'écrit Adrian en écrasant sa cigarette dans le cendrier. On arrête cette merde ! Vous me faites vraiment perdre mon temps !
— J'm'occuperais pas d'elle, affirmé-je sur un ton ennuyé en m'enfonçant encore plus sur mon siège. Trouve-toi un autre larbin.
— Il ne s'agit pas de toi, mais des intérêts de l'Ordre ! me crache Agon, le père de Benjamin, pour lequel je n'ai que dédain et indifférence. Avec le financement de l'Ordre, Margaret restera loyale à nos intérêts !
— Et bien, dans ces cas-là, va t'en charger.
Un petit sourire hypocrite qui n'atteint pas mes yeux étire mes lèvres, j'ai l'impression de voir Agon Caine devenir rouge. Il a toujours eu horreur de mon petit cinéma insolent depuis que je suis gamin et il déteste par dessous tout quand je lui donne des ordres.
Sauf que j'adore le voir perdre ses moyens.
Le jeu ne serait pas aussi excitant autrement.
— Ton fils doit revoir les règles du Kanun, Antonio, dit-il à mon père assis à sa droite. Son insolence au sein de l'Ordre est presque une violation de nos lois !
Je bâille et me remets à masser ma tempe en sentant cette migraine et l'ennui s'immiscer de plus en plus en moi, mes jambes s'allongent devant moi, je croise les chevilles. Presque 40 minutes se sont écoulées, et je pensais déjà à ramener la fille de l'accueil dans mon pieu pour décharger cette tension qui s'est construite dans ma queue depuis ce fameux soir dans cette gare.
J'ai vraiment besoin de baiser.
Ça apaisera peut-être ma migraine.
Alors que mon père et mon oncle se renvoient encore des joutes verbales. Les paroles de mon oncle me reviennent à l'esprit.
Le Kanun.
Ou les codes de droit albanais. Basée sur l'honneur et l'hospitalité, la rectitude et la loyauté.
La plupart du temps, je n'ai rien contre les codes dans lesquels j'ai baigné depuis que je suis né. Ils font partie intégrante de ma culture, et donc de mon identité. Je les acceptes. En revanche, je sais qu'il m'est arrivé de les bafouer à chaque fois qu'on a tenté de me les imposer.
J'ai vraiment horreur qu'on m'impose quoi que ce soit.
— Fermez vos gueules, s'écrit Adrian sur ses fils, ce qui plonge le bureau dans un nouveau silence qui repose un peu ma migraine.
Tout ce à quoi je pense, c'est ; vu comment mon cousin a presque failli mettre notre famille en péril avec cette fille, je pense qu'il devrait commencer par enseigner les préceptes du Kanun à Benjamin dans un premier temps.
— Écoute, Ghost, commence mon grand-père, Carl est mort, on a besoin d'asseoir la domination des Caine, maintenant plus que jamais. Ça sera un an ou tu ne devras que récupérer une gamine à la sortie des cours, la déposer chez elle, et l'accompagner lors de gala et soirées mondaines que sa mère organisera. C'est tout ce que ça te coûtera. Une fois que Margaret accède au poste, la mission s'arrête pour toi.
Mon oncle se tourne vers moi, et me crache un brin frustré :
— Cette année, les Armitage se présentent aux élections, s'ils gagnent, ils risquent de faire de l'ombre à l'Ordre et on ne peut pas prendre ce risque et tu le sais. Les Armitage risquent de s'en prendre aux Bennett pour les affaiblir, cette fille aura besoin de protection avant qu'on ne la retrouve la gorge tranchée dans une poubelle.
— Il y a un problème dans toute cette belle histoire, prononcé-je ennuyé, c'est que je m'en branle.
— Oh, Cal', putain ! crache mon père en claquant sa paume contre l'accoudoir. On ne demande pas ton avis, pour une fois, fait un peu ce qu'on te demande ! Il n'y a personne de mieux qualifié que toi pour ce poste. Tout ce que t'a à faire c'est t'assurer qu'elle ne crève pas bêtement !
— Qu'elle crève, Margaret utilisera sa mort pour appuyer sa campagne.
Mon père geint un son exaspéré en passant sa main charnue sur son visage épuisé. Il masse ses paupières. Les cernes et les rides commencent à creuser sa peau, et je sens qu'il a de moins en moins de patience.
Ça aussi, je m'en branle.
— Neo peut s'en charger, proposé-je d'un ton las.
Seiji ricane.
— Hé ! Pourquoi ça devrait être moi l'autre larbin, s'écrit Blade en se tournant vers moi. Chacun sa merde mon pote !
— Neo est un sniper, argumente Adrian, il n'a aucune qualification pour la protection rapprochée, toi si, Ghost.
— Aller vous faire foutre ! craché-je en me sentant pris au piège.
— Un an, c'est tout ce que ça te coûtera.
La sensation d'avoir le cerveau grillé décuple.
Putain de microbe de merde !
Ma tête se cale en arrière, contre le sofa.
Je fixe le plafond victorien, et mon esprit divague pendant quelques secondes.
L'idée qu'elle crève ne me fait ni chaud ni froid, en revanche...
Je ne suis pas sûre de ce qui me donne envie de baiser cette fille.
En la voyant assise dans cette gare, je me suis rendu compte que beaucoup d'hommes la regardaient. Et je suis convaincu qu'elle n'en avait même pas conscience.
C'est plus fort que moi mais rien que cette idée me donne envie de jouer.
— Ce n'est pas une réunion pour donner ton avis, poursuit mon grand-père. La décision a été prise depuis le début du mois déjà. Rends-toi à Blackheath, ce soir, Margaret a été prévenue de ton arrivée.
Je ferme les yeux un instant.
Les souvenirs m'emmènent à ce soir.
Je suis resté un moment debout à côté d'elle dans cette gare, et elle ne m'a même pas remarqué.
Il a bien fallu que je m'assoie pour qu'elle se rende compte que j'existais.
Les souvenirs de son regard presque tombant s'agrippent encore à ce que j'ai entre les jambes. Elle avait cet air aussi révolté que déprimé. Je ne l'ai pas vu sourire une seule fois.
Ça me fait chier, mais la sensation me plaît.
Le jeu n'en sera que meilleur.
Et pour aucune autre raison, j'ouvre les yeux sans un mot de plus.
Jouons.
Adrian comprend que de toute façon, je suis pieds et mains liées aux règles du kanun et celles de l'Ordre.
Ces trois phrases me tiennent en laisse :
"Nderi është mbi jetën" : "L'honneur est au-dessus de la vie".
"Hakmarrja është detyrim" : "La vengeance est un devoir"
"Vie Victus" : "Malheur aux vaincus"
— On clôt cette histoire. Benjamin, tu retournes au 707 à Southwark, gère-moi la merde que t'a provoquée.
Mon cousin acquiesce les ordres, Adrian poursuit :
— Knight, j'ai besoin de plus d'informations sur l'investisseur dont je t'ai parlé. J'en ai besoin avant ce soir, ça te servira pour ton retour en Albanie, Agon.
Je tourne la tête vers Knight, il hoche la tête avant de plonger ses yeux ambre dans les miens. Il me salue d'un geste de menton, je fais de même.
Knight est en réalité un agent du MI6, un hacker hors pair qui est au service de l'Ordre depuis bien longtemps maintenant.
Il parle à peine.
Il est loyal et ne me fait pas chier.
Je n'ai pas besoin de plus pour le supporter.
— La réunion est terminée. Ghost, tu restes, j'ai à te parler.
✤
Une seconde cigarette pour Adrian. Je jette ce cure-dent.
— T'as vraiment raccroché, me dit-il.
Adrian me montre la cigarette qu'il porte à ses lèvres.
La dernière fois que j'ai fumé, je n'étais pas encore militaire.
C'était il y a 3 ans de ça, et depuis, la nicotine me manque. Le souffle de fumée poussé par Adrian se disperse dans son bureau. Il me tourne le dos pour admirer la vue du haut d'un des plus hauts buildings de la City de Londres.
Je me lève enfin, mon casque dans ma main, pour m'appuyer contre les rebords de son bureau, je croise les chevilles. Sans un mot, j'observe Londres vivre en sachant pertinemment qu'une bonne majorité de ces gens dépendent du bon fonctionnement de Rendi Holdings.
— Qu'est-ce qui t'a fait raccrocher, me questionne-t-il.
— Le prix de la santé, c'est la seule chose qui ne s'achète pas.
Il ne répond rien à ça. Tous les deux savons pourquoi je dis ça.
De toute façon, fumer me donne de lourdes migraines.
— Ne fais pas la même connerie que Benjamin.
La simple idée que mon nom puisse être associé au sien me fait grincer des dents :
— Depuis quand tu me penses assez bête pour refaire ses erreurs ?
— J'ai vu ton putain de regard, articule-t-il en aspirant une taffe, je sais ce que t'as derrière la tête.
Adrian a la fâcheuse tendance de penser qu'il me connaît mieux que quiconque. Peut-être parce que je porte son deuxième prénom. En tout cas, il pense souvent avoir un coup d'avance sur moi.
— Et qu'est-ce que j'ai derrière la tête ?
— Tu ne vas pas t'empêcher de la baiser, Ghost.
Mon ricanement est bref et silencieux. Mes paumes se croisent sur le casque de moto appuyé contre mes cuisses.
J'ai compris très jeune le rôle que j'étais condamné à jouer chaque jour.
Une tâche qui s'est imposée à moi, non pas par choix, mais par destin.
L'Ordre, c'est mon héritage et mon sang ne me permet pas de le fuir. J'ai été formé, modelé, façonné pour diriger cette organisation, pour contrôler des milliards, pour orchestrer des ombres et des crimes qui changent le monde.
Il y a bien longtemps que le concept du bien et du mal ne font plus partie de mon vocabulaire.
À quoi bon la moralité quand je sais que ma vie se résume à tout faire pour sacrifier chaque pion, pour l'Ordre.
Plus rien ne me stimule, et je n'ai plus que l'adrénaline pour ressentir un semblant de vie en moi.
Il n'a pas tort.
J'ai pris cette mission pour la chasse, et pour le jeu que je savais qu'elle engendrerait.
Parce que depuis ce soir-là dans cette gare, je la veux dans mon lit, sa natte enroulée autour de mon poing.
Je sais que ma dose de sensation pour une nuit allait être comblée, et c'est tout ce qui m'anime.
— Elle n'appartient pas à l'Ordre, ne l'oublie pas, elle t'ait aussi interdite de Sadie Lynch l'est pour Benjamin. Tu peux baiser autant de nanas que tu veux, mais ne fais pas l'erreur de tomber amoureux. Non seulement une fille comme elle ne t'aimera jamais en retour, mais en plus, tu foutrais en l'air tout cet empire.
J'observe la silhouette d'Adrian Caine, en sentant le pli que font mes sourcils.
Mon grand-père est un homme qu'il n'est pas difficile de cerner. Il est dicté par les règles et les traditions du kanun. Il porte notre héritage albanais dans les veines et est loyal à l'Ordre.
L'honneur au-dessus de la vie.
La vengeance et la victoire.
La Famille.
Le mariage, avec une femme respectable qui donnerait des héritiers pour perpétuer les règles du clan.
Le travail, qui assure la pérennité du clan.
C'est un patriarche qui coche toutes les cases des clichés. Mais c'est bien la première fois que ces paroles m'échappent et que je ne suis pas sûr de bien le comprendre.
— Tu m'as demandé 365 jours, elle sera une parenthèse passagère, rien de plus.
— C'est ce que j'ai dit en rencontrant ta grand-mère.
— Heureusement pour moi, je ne suis pas aussi con, et j'ai renoncé à ça depuis bien longtemps. Et tu le sais.
Il écrase sa cigarette dans le cendrier à côté de moi. Ses yeux sombres se plantent dans les miens avec un air que je ne lui reconnais pas vraiment.
Adrian Caine a peur.
Non pas pour cette mission, pour moi.
— Ne me déçois pas, Ghost.
Je me fiche de décevoir qui que ce soit, et ça, il le sait. Ce ne sont probablement pas les mots que j'emploierais à sa place. L'idée que cela puisse mal tourner ne m'effleure pas l'esprit, et cette tentative affective ne m'atteint pas non plus.
Peut-être est-ce le sang des Caine qui coule dans mes veines qui me fait penser comme ça, mais tout ce qui m'intéresse, dans cette mission c'est ma satisfaction personnelle.
Et l'idée que je ne joue jamais pour perdre.
Gagner me fait frissonner, le reste, je m'en branle.
— Carl, change-t-il de sujet. Agon à raison, je ne crois pas non plus à la théorie de l'accident.
Honnêtement, toute la mafia albanaise pense pareil, moi y comprit.
Quelqu'un dans l'ombre s'en est pris à Carl.
Je sais qu'il trainait dans tout un tas d'emmerdes, et ce n'est pas faute à Adrian Caine de l'avoir prévenu.
— Quelques heures avant de mourir, il m'a appelé, et je n'ai pas répondu. Il voulait me dire quelque chose...
Il ne montre rien, mais j'ai bien la sensation que la perte de Carl l'affecte bien plus que ce qu'il nous montre.
— Mais je ne saurais jamais quoi. J'ai regardé ce téléphone sonner pendant ma réunion, sans jamais y répondre...
Tout comme Benjamin, il n'y a aucun des enfants d'Agon que je porte de près ou de loin dans mon cœur, Carl y compris. Peut-être parce que leur mère était tellement schizophrène qu'aucun d'entre eux n'est parvenu à développer un cerveau qui se rapproche de la normalité. J'ai très vite compris que ces maladies qui courent dans notre famille avaient causé notre perte, et voir ma tante se détruire pour les voix qu'elles entendaient et qui l'obligeaient à « faire des choses » a bousillé leur psychologie autant que la nôtre.
Néanmoins, je sais que la vengeance des Caine doit déjà être amorcée ; rester sans répliquer nous ferait paraître faibles aux yeux de la mafia.
— Il faut que tu trouves quelque chose qui me mette sur la piste, n'importe quoi, mais trouve-moi le fils de pute qui l'a buté.
La voix d'Adrian me fait revenir sur terre.
Je n'ai pas le temps de lui dire que je trouverais que je baisse les yeux sur une pochette de documents qu'il me tend, mon regard l'interroge :
— Et ça, ce sont des rapports comptables, certains datent d'il y a 8 ans.
Je dépose mon casque sur le bureau, et saisit la pochette. J'ouvre son contenu et commence à le déchiffrer sans être trop sûr de ce à quoi ça rime.
— Ça fait 8 ans que quelqu'un détourne nos propres fonds. Au total, il y a 305 millions de livres sterling qui ont tout simplement disparu dans la nature. Et j'ai beau creuser, je suis incapable de remonter la piste.
Je fronce les sourcils en détaillant les nombreuses feuilles blanches sur lesquelles s'alignent des lignes de chiffres et de données. Effectivement, l'écart est presque imperceptible, mais il se voit finalement.
— Tu en as parlé avec Sergei, demandé-je en scrutant les feuilles minutieusement.
— Ce n'est pas lui. Et il ne sait rien. Il y a une personne au sein de l'Ordre qui sait comment on fonctionne et qui passe même sous les radars de notre comptable.
— Comment tu peux être sûr qu'il ne sait rien ?
— Je n'en suis pas sûr, je me méfie de tout le monde.
À force de feuilleter les pages, je finis par détecter les irrégularités. Chaque facture a un petit surcoût. Des miettes, suffisamment grosse pour en extirper plus de 305 millions de livres sur 8 ans.
L'arnaque réside dans la discrétion. Les montants sont si légèrement modifiés pour correspondre à des dépenses plausibles.
Une commande de matériaux qui coûte 10 000£ ? Elle sera facturée à 10 050£.
Des sommes si dérisoires que Sergei, notre comptable, ne se serait jamais questionné sur le pourquoi, surtout dans une organisation de la taille de l'Ordre.
Ce ne sont pas de gros montants d'argent volé en une seule fois, mais une accumulation de petites.
De plus, les transactions sont dispersées sur différents comptes, de sorte qu'aucun compte unique ne montre des signes évidents d'extorsion.
Mon grand-père a certainement dû être informé de ça, pour s'en rendre compte, parce que vu comme ça, c'est pratiquement impossible à traquer.
La personne derrière cette extorsion a clairement une connaissance approfondie du fonctionnement interne de l'Ordre et a accès à des informations financières de haut niveau.
Je referme le document.
Il y a un trou de 305 millions de livres au sein de l'Ordre, et si la nouvelle commence à s'ébruiter je ne donne pas cher de nos peaux. C'est toute la mafia albanaise qui se retournerait contre nous.
Entre ça, et la mort de Carl, je sens que tout risque de très mal tourner pour nous.
— Tu te débrouilles comme tu veux, mais tu me trouves mon assassin et mon voleur. Je suis sûr que cette extorsion à un lien avec la mort de Carl, peut-être même qu'il avait tout découvert et c'est pour ça qu'il est mort.
— Je trouverais.
J'enroule le document dans mes mains avant de me redresser en reprenant mon casque.
Ça peu être n'importe qui, et rien qu'au sein de ce building, l'Ordre possède des centaines de membres.
— C'est le sort des Caine qui est en jeu. La mafia ne nous fera pas de cadeau en Albanie. On contrôle presque Londres et avec Margaret, on sera intouchable. Tu sais ce que tu dois faire si elle nous la met à l'envers, ne me déçois pas, cette année est déterminante.
Je le sais.
Je me retiens de lui dire ce que je pense. Je ne le fais pas pour lui, ni pour l'Ordre, mais pour moi.
— Margaret t'attend, ce soir. Elle te présentera sa fille.
Je prends dans ma main mes gants en cuir.
— Elle s'appelle Cassie Sophia Bennett.
Sans un mot de plus, je quitte son bureau en extirpant mon téléphone qui a vibré trois fois dans la poche de mon jean.
Sur le coup, cette mission d'un an a le goût d'une traque longue et palpitante.
Très longue... très excitante.
La plupart du temps, je ne suis animé que par deux états d'âme, soit je baise, soit je tue.
Et jusque maintenant, ça m'a toujours réussi.
Mon pouce glisse sur l'écran de mon téléphone, je lis trois messages que Seiji m'a laissés :
Seiji : « on mange au Rendi ce soir. »
Seiji : « t'es obligé de venir. »
Seiji : « ne nous mets pas de plan, bouffon de merde. »
Sans répondre, j'arrive très vite dans le hall du building, et je pense à la douleur dans ma queue qui m'irrite depuis plusieurs jours et que je dois soulager au plus vite. J'oublie la secrétaire à l'accueil et cherche le numéro non enregistré de la fille avec qui je couche quand c'est urgent.
Mes doigts pianotent rapidement un « 22 » et presse sur envoyer sans attendre de réponse. Je range mon téléphone.
22 heures.
Elle répond toujours aussi vite.
Une flopée de messages fait vibrer la poche de mon jean.
Arrivé dans la rue, je sens que j'ai un problème en glissant mon casque sur mon visage et en enfilant mes gants...
J'enjambe ma moto, referme de moitié la fermeture de ma veste. Le cuir sur mes doigts grince sur le guidon que j'étrangle comme mes propres démons. La clé tourne sur le contact, le monstre se réveille dans un grondement profond qui vibre jusque dans mon cœur.
Sans attendre, je tourne la poignée, et la bécane puissante fuse à toute vitesse dans les rues de Londres. Les lumières deviennent des traits lumineux que je dépasse. Tout semble s'effacer autour de moi, il n'y a que la machine, moi et ce nom.
Je disais donc que j'ai un problème...
C'est que le goût du jeu et de cette longue traque me donne l'impression que je vais devoir déroger à mes deux principes.
Sauf que ce sont eux qui me maintiennent en vie.
...Je sais que tu t'appelles Cassie.
✤
Bonsoir bonsoir, bonsoir ! 🎃
Ça-va ? ☕️
Bon...
Premier PDV de mon fils albanais et... pardon... Je l'aime comme pas possible 😞🤚🏾 !
(Nawel ? T'as eu ta confirmation ? 🤣)
Attendez-moi pour débattre je suis chez ma bestiie ! 🏃🏾💨 (Je peux pas bien développer la NDA MDR)
IT'S TIIIME, TEA TIME : ☕️, je veux tout entendre, vos impressions, vos ressentis, vos théories, vos retours pour ce premier chapitre ? Dites-moi tout !
On se retrouve sur le Discord pour les Red Paper 🍒🩰! Impatiente d'avoir vos théories 😋 !
Bisous, on se retrouve très vite pour la suite ! 🪐
Stardust 🍓
𝚂𝚎𝚎 𝚢𝚘𝚞 𝚜𝚘𝚘𝚗 🕰...
xo, Azra. ✿
IG: azra.reed
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