𝟶𝟸. 𝙾𝚌𝚎́𝚊𝚗 𝚗𝚘𝚒𝚛.

(𝖣𝖾́𝗆𝖺𝗋𝗋𝖾𝗓 𝗅𝖺 𝗏𝗂𝖽𝖾𝗈 𝗉𝗈𝗎𝗋 𝗏𝗈𝗎𝗌 𝗉𝗅𝗈𝗇𝗀𝖾𝗓 𝖽𝖺𝗇𝗌 𝗅'𝖺𝗆𝖻𝗂𝖺𝗇𝖼𝖾)












"Le crime égorge l'innocence pour mieux régner et l'innocence se débat de toute force dans les mains du crime."
Robespierre








𝟢𝟤. 𝖮𝖼𝖾́𝖺𝗇 𝗇𝗈𝗂𝗋.








Cassie.









— Qu'est-ce que tu-

Je n'ai pas le temps de finir de parler, que mon bourreau de service me saisit par le bras. Mon sac s'écrase sur le sol, le contenu s'éparpille dans un fracas assourdissant, je sens mon pied écraser ma dose d'épinéphrine qui se brise sous ma semelle. Dans cette agression, mon téléphone est poussé par sa basket sous les éviers mouillés.

Je veux crier, mais c'est avant de réaliser que j'ai une pression sur la bouche, il a collé sa main contre mes lèvres. Terrifiée, je me sens juste suffoquer.

Mon cœur tambourine contre ma cage thoracique, mes jambes faiblissent et la seule chose que mon cerveau me dit, c'est que pour une fois, je dois au moins essayer de me battre contre lui. Il nous enferme dans une cabine des toilettes, la porte claque et le bruit résonne à l'intérieur de moi.

— Caaas', du calme, du calme !

J'essaye de me débattre, il a son autre main sur moi qui me maîtrise. Je sens ma gorge essayer de libérer des sons apeurés, mais très vite je comprends que je ne ferais jamais le poids contre un homme.

Tu le sais pourtant, que tu ne peux pas te battre contre lui... Tu le sais très bien, Cassie.

— Putain, Cas' ! Si on m'avait dit que t'étais une telle tigresse, j'aurais pris plus mon temps avec toi !

Il se moque de moi. Sa paume me serre le nez. Je n'arrive plus à respirer, et la panique se transforme en un effroi qui me prend les poumons violemment. Les larmes me montent aux yeux, la lueur névrosée que je perçois dans ses iris brise le peu de confiance que j'ai à l'issue du déroulement de cette journée.

— Chut, chut, chut, promis, je ne te tuerais pas aujourd'hui, mais seulement si tu te calmes, ma beauté.

Ma beauté.

Ce surnom me fait horreur. C'est à cause de lui que je suis tombée.

Pour deux mots stupides !

Son rire mesquin transperce mes oreilles.

Je vois un tueur, ou du moins, une part de moi se souvient des quatre années durant lesquelles il ne m'a jamais laissé tranquille.

« Cassie Bennett est une star de porno. »

Ces mots m'ont suivi 4 ans.

Et ils viennent avec moi maintenant qu'il est devant moi. Je me sens comme toutes ces choses dont il m'accuse. La fille qui s'est laissé salir.

Un homme capable d'un tel acharnement pourrait potentiellement tuer quelqu'un. J'en suis persuadée et c'est pour ça que j'ai peur pour ma vie.

Plaquée contre le mur de ces cabines de toilettes, ses jambes s'emmêlent aux miennes. La pression de son torse contre le mien me rebute, je sens son eau de Cologne et je me rends compte qu'elle me donne la nausée.

Les doigts de mon monstre varient en pression, me laissant des moments pour respirer. J'essaye de prendre le maximum d'air possible, mes yeux sont écarquillés à cause de ma panique intérieure. Je sais que je dois être intelligente avec lui...

Lui, ou... appelons le par son nom : Taylor.

Autrement dit... mon ex et l'homme qui me fait vivre un enfer depuis 4 ans.

— Ah... Un peu de silence... tu vois, c'était pas si terrible que ça...

Soudainement, on entend quelqu'un baisser avec insistance la porte des toilettes à l'extérieur. La personne rouspète un « merde ! » Et moi je veux hurler à l'aide, mais sa main m'étouffe littéralement et me condamne à un silence cuisant.

— Putain ! Vous pouvez pas laisser les toilettes ouvertes ! hurle une voix féminine.

— J'baise ma copine là, barre-toi sale conne ! lui répond Taylor avec un brin de colère dans la voix.

— Aller vous faire foutre ! Bande de dégueulasses ! Couple de merde !

J'ai envie de pleurer. J'ai une boule à la gorge atroce qui me prend quand Taylor baisse ses yeux sur moi. Son sourire m'horrifie. Je me demande jusqu'à aujourd'hui comment j'ai pu penser une seule seconde qu'il aurait pu être le petit-copain idéal.

Parce qu'il te disait que tu étais belle quand tu n'y croyais pas toi-même.

Il mentait.

Tu le savais...

Et tu es quand même restée.

Une part de moi est toujours en colère contre la Cassie d'il y a 4 ans. Qui n'avait jamais eu de copain, et qui s'est laissé tenter par le diable. Si seulement elle avait eu assez de jugeote pour attendre quelques années de plus... Pour prendre le temps de guérir du manque de mon père plutôt que d'essayer de le combler dans une figure masculine qui en réalité est le mal incarné.

— Tu sais pourquoi je suis là, n'est-ce pas ?

J'essaye de tourner la tête pour que sa main sur ma bouche me libère enfin.

— Si tu cries, j'te fous mon poing dans le ventre, tu m'entends ? Et tu sais que je peux être très violent.

Une terreur maussade s'agrippe à mon estomac. Je hoche la tête par dépit, par peur de subir encore ses coups. De mauvais souvenirs me reviennent en mémoire, et je ne veux plus jamais revivre ça.

— Bien. C'est bien, Cas'.

Il enlève doucement sa main. Je veux me décaler, mais il me bloque de ses deux paumes des deux côtés de ma tête. Je me sens oppressée avec lui entre les quatre murs de ces toilettes. Tout me dégoûte, de l'odeur qui se dégage de la cuvette dont la chasse n'a pas été tirée, à ce mur sale, sur lequel des graffitis de noms de mecs ont été inscrits, je reconnais même des noms que j'ai vus dans mes livres : « Preto Cruz », « Côme King », « Nafir Osmani. »

Je n'ai pas le temps de m'attarder sur ça, mes yeux vérifient constamment le poing détendu de Taylor. Il le lève vers moi, je me crispe sans trop en faire. J'essaye de cacher ma peur, mais j'ai l'impression que le monde entier entend mon cœur trembler et que tout de même, personne ne viendra me sauver.

— Laisse-moi m'en aller, soufflé-je à voix basse, anéantie par la tournure de la journée.

— Hmm... non.

Ça l'amuse. Il arrange une mèche de mes cheveux qu'il cale derrière mon oreille. Ce geste me paraît si violent venant de lui. Comme une sorte de domination douce qu'il exerce sur moi, et je suis obligé de subir cette « affection » qui n'est qu'un moyen supplémentaire de me rendre docile et de me contrôler :

— Je veux que tu me récupères ce que tu sais, pour vendredi.

J'ai secoué la tête négativement en murmurant un « non » désespéré.

— Je ne veux plus faire ça pour toi...

— Mais tu vas quand même le faire, parce que je te le demande, n'est-ce pas, ma beauté ?

Beauté.

Ma beauté.

Je ne suis plus « sa beauté ». Je veux qu'il le comprenne !

Je déglutis, prise d'un violent mal de ventre. Mes doigts s'enroulent autour de l'élastique que j'ai autour du poignet. Je me mets à serrer mes veines comme pour m'empêcher de subir ce que ça me fait psychologiquement :

— Vendredi, tu te débrouilles pour être là à 17h.

— Je ne veux-

Encore une fois, quelqu'un baisse brutalement la porte extérieure des toilettes. Taylor relève la tête, puis on entend des coups contre la porte :

— Hé ! Cassie ! Je sais que t'es là ! À quoi tu joues, putain, ouvre !

C'est Lalita.

Taylor plonge ses yeux pleins de malice dans les miens :

— J'suis sûr que tu sais mieux que personne que ta bouche de porn star doit rester fermer. Aller dégage !

Il m'a fallu une bonne seconde pour réaliser que Lalita venait probablement de me sauver la vie.

Pour la deuxième fois...

Au bout de quelques secondes, je me suis précipitée hors de la cabine des toilettes. Rapidement, dans une panique sourde, j'ai ramassé mes affaires aux sols, en surveillant que Taylor ne s'approche pas de moi.

— Hé, ma beauté, m'interpelle-t-il alors que je ramasse mon téléphone mouillé sous l'évier.

Je me tourne maladroitement vers lui qui s'est caché dans la cabine des toilettes, les mains sur les rebords :

— J'espère que tu viendras à la soirée d'inauguration. Tu sais que j'adore les fêtes !

Je le sais sale connard de merde !

Mais ces mots ne dépasseront jamais mes lèvres, j'ai bien trop peur de lui pour oser. J'ai couru vers la porte de sortie en la déverrouillant.

Tomber sur le visage de Lalita, c'est comme retrouver le bonheur absolu, j'ai presque eu envie de me jeter dans ses bras mais je ne veux pas l'alerter. J'ai discrètement essuyé mon téléphone sur mon jean, et arboré un sourire tout ce qui a de plus hypocrite pour effacer la peur qui cogne dans mon ventre :

— Putain, tu m'as fait peur ! Qu'est-ce que tu foutais !?

— J'ai cru que j'avais mes règles, et aucun loquet ne marchait...

— Cassie t'es toute pâle... C'est quoi ton problème ?

Je sais que si je parle, Lalita pourrait entrer dans ces toilettes, et écraser ses poings sur Taylor. Même si elle et moi savons qu'elle ne gagnerait pas, elle ne le laissera pas partir sans l'avoir au moins amoché un minimum.

Je l'admire pour ça.

Lalita tient en horreur les hommes qui touchent les femmes. Elle les brûlerait tous si elle le pouvait. Et quand il s'agit de moi — ou de nous — sa protection dépasse les limites de ce qu'une amie devrait faire.

Et elle me l'a déjà prouvé...

Et c'est pour ça que je ne veux pas revivre ça :

— Je me sens pas bien depuis ce matin. J'crois que je devrais appeler ma mère pour rentrer.

— Pff, toi et moi savons qu'elle ne viendrait pas te chercher. J'appelle les filles, on va se poser aux Starbucks quand McMiller aura fini de retrousser ses manches pour draguer toutes les sottes qui tombent dans son piège !

Lalita me tire dans les couloirs, et elle réussit à me faire rire. Je me tourne la tête vers les toilettes, et vois Taylor en sortir discrètement sans un regard de plus pour moi, il arrange sa chemise Ralph Lauren comme si de rien était. Ma boule au ventre revient pendant que j'entends mon amie me dire à quel point elle déteste déjà le prof d'économie, et qu'il n'est pas si beau que ça si on regarde bien.

Je sais qu'elle ment. Et je sais pourquoi elle ne l'aime pas.

Mais aucune d'entre nous ne dira rien.

Nos secrets causeront certainement notre perte...





— Un latté glacé, pour... Emilie !?

Je ne tourne pas la tête vers la caisse, ou les hurlements des commandes créent un brouhaha de fond incessant. Le parfum réconfortant du café chaud, et des douceurs sucrées des pâtisseries emplissent l'air. Je meurs d'envie de manger quelque chose... mais ma boule au ventre m'en empêche.

J'entends les voix des étudiants d'Oxford qui visiblement ont tous eu la même idée que nous. Venir s'assoir au Starbucks pour profiter des derniers jours de répit avant que les cours ne s'intensifient.

À travers les baies vitrées, j'observe le campus animé, submergé par un brouillard doux et cotonneux. Le pavé, décoré par les centaines de feuilles orangées qui flottent sur les flaques, est luisant à cause de la pluie de ce midi.

Je ne sais pas si je dois détester l'automne ou adorer cette saison.

Mes paumes font rouler mon matcha, et finalement je regarde la fine bague en argent qui orne mon annulaire droit.

Ma bague de virginité... offert... par mon propre père.

Aujourd'hui l'idée qu'il ait pensé à me léguer une telle promesse à 12 ans me met assez mal à l'aise. Mais je ne l'ai jamais enlevé et je l'ai fait agrandir avec le temps car c'est le seul bijou qui me reste de lui et je ne veux pas m'en séparer.

Au final... est-ce que tu as vraiment respecté cette promesse ?

Est-ce que tu es restée cette innocente petite fille qu'il adorait.

Je crois qu'il se retournerait dans sa tombe s'il savait ce que tu as fait.

Pourquoi les hommes cherchent tant à dicter ce que je devrais faire ou non de mon corps ? Et pourquoi, même quand c'est consenti, ça se retourne toujours contre nous ?

Si seulement Taylor pouvait crever.

Une culpabilité vive me prend de court à la simple idée d'avoir pensé à sa mort. Mais s'il y a bien une personne que je voudrais voir 6 pieds sous terre, c'est bien lui. Je pense à comment je vais devoir aller dans le quartier de Southwark pour récupérer sa merde, et Dieu seul sait à quel point je trouve cette punition cruelle !

Tout d'un coup, Cherry s'empresse de finir de boire son frappuccino cerise à la crème, et ouvre grand ses yeux avec une expression d'excitation palpable. Elle tourne la tête vers nous et s'exclame :

— Bitches ! Vous avez entendu pour Julian !?

Lalita aspire son café noir avec une paille — Elle le boit toujours avec une paille, apparemment, le café jaunit les dents — elle acquiesce rapidement :

— J'ai vu ! C'est de la pure folie ce qu'il a fait ce gros bouffon !

— C'est qui ça, demande Nelly aussi perdue que moi en caressant ses bracelets de pierres.

— C'est le fils de Bryan Sawyer, répond Cherry. L'investisseur en cryptomonnaie ou je ne sais quelle connerie ! Bref c'est un millionnaire quoi !

— Et qu'est-ce qu'il a fait ?

— Il a baisé avec Mayfair, la présentatrice de BBC News ! Dans une boîte de nuit huppée de Londres ! Complètement barjo celui-là !

Cherry et Lalita se mettent à rire devant la bêtise de ce Julian dont je ne connaissais pas l'existence. Parfois je me sens presque idiote à l'idée de ne jamais être informée des derniers potins et franchement j'aimerais changer ça parce que je me sens toujours un peu exclue de ne rien savoir la bonne majorité du temps.

— Ah, mais oui ! J'en ai entendu parler ! s'exclame Nelly. Il dégoûte ! Il n'était pas fiancé à Tamara Summers ?

Les filles acquiescent et j'essaye de sourire pour entrer dans la conversation, mais c'est raté pour moi. Aucun nom de me dit quoi que ce soit.

Tu fais pitié, ma pauvre.

— Quel fils de chien, poursuit Lalita, il venait tout juste d'annoncer ses fiançailles avec elle ! Ils ont mis leurs photos partout sur les réseaux. Franchement à la place de Tamara j'aurais brûlé sa caisse.

Elle l'aurait vraiment fait.

Et peut-être même qu'elle aurait brûlé Julian avec.

Je pose mon matcha sur la table après avoir avalé une gorgée, captivée malgré moi par ce dernier scandale.

Personne ne résiste à des potins croustillants. En tout cas, pas moi. 

— Le pire c'est qu'ils avaient l'air vraiment amoureux en plus, ajoute Cherry en sortant son petit miroir de son sac à main vintage pour replacer sa frange déjà parfaite.

— Deux ans à la poubelle, poursuit Lalita.

— Bon, Cassie, qu'est-ce que tu as ? Tu commences à me créer de l'eczéma tellement tu me stresses avec ton silence.

J'ai failli m'étouffer face aux mots de Cherry. J'étais encore trop perdue dans ma tête et je ne m'attendais pas à ce qu'elle remarque mon silence.

Lalita éclate de rire et me défend tout de suite :

— Cherry, laisse-la tranquille. On ne peut pas tous être au courant des dernières actualités comme toi.

— En vrai Lalita, je suis assez d'accord avec Cherry sur le coup. Je te trouve pâle Cas'... Depuis ce matin...

Nelly me regarde avec la tendresse d'une maman, comme à son habitude. Je me rends compte que je dois probablement leur faire pitié. Mon dos est voûté et je constate que mon poignet est rouge à cause du claquement que j'exerçais dessus avec mon élastique depuis plusieurs minutes. J'essaye de sauver les apparences en me redressant avec un sourire de façade :

— Ça-va les filles je-

Je suis interrompu par la vue d'une petite assiette sur laquelle est déposée un cinnamon roll moelleux, qui se glisse à ma gauche sur notre table et s'arrête juste devant moi.

En relevant la tête, je tombe sur deux iris hazel qui me fixent. Pas très longtemps, un léger sourire glisse sur ses lèvres avant de disparaître lorsqu'il continue son chemin vers une autre table pour la débarrasser.

— Encore ! s'exclame Cherry en prenant sa cuillère pour la plonger dans le cinnamon roll qui vient de m'être offert.

— Ce mec est fou de toi, poursuit Lalita qui fait absolument la même chose que Cherry.

— Arrêtez de dire n'importe quoi... murmuré-je.

Mon regard vogue vers le serveur du Starbucks.

Tout ce que je sais, c'est qu'il s'appelle Dani, et je le sais parce que c'est écrit sur son badge.

Depuis que les cours ont commencé et que nous venons dans ce Starbucks avec les filles, Dani a tout de suite commencé à m'offrir des sucreries que je n'avais pas commandées. Il ne dit rien, il me sourit juste timidement et repart tout aussi rapidement.

Cherry plonge sa cuillère dans ma pâtisserie et la bouche peine elle me dit :

— Moich j'pense... que tu... devrais...

— Cherry mâches ! Tu me dégoûtes là !

— Oh la la, mais t'arrête d'être dégoûté pour tout et n'importe quoi madame Irma.

J'explose de rire avec Lalita qui ne se gêne pas non plus pour dévorer mon cinnamon.

Quand Cherry veut faire chier Nelly, elle la taquine sur le fait qu'elle s'intéresse aux pierres et la fait passer pour une petite sorcière. Je sais que ça ne la blesse pas, et de toute façon, Nelly est trop mature pour entrer dans son jeu.

— T'es irrécupérable, Cherry, c'est peine perdue pour toi, renchérit Nelly en caressant ses bracelets d'améthyste sur ses bras. Déjà tu devrais porter du quartz Cassie pour le self-love.

— Peut-être, poursuit Cherry sans me laisser le temps de répondre, mais en tout cas, en mangeant ce cinnamon, je pense qu'il est temps pour Cassie de découvrir les joies du sexe, et ça pourrait commencer avec ce grand blond qui t'offre toujours des sucreries.

— Cherry ! m'exclamé-je en rougissant instantanément. T'es malade de dire ça !?

— Mais quoi ? Oh, arrête ton cinéma Cassie, tu ne vas pas me la faire à moi. D'ailleurs, jette-moi cette bague, dit-elle en secouant légèrement mon annulaire, cette année on te trouve de quoi t'amuser. Par contre, je ne le veux pas comme beau-frère, ce crevard ne nous calcule même pas ! Il pourrait au moins mettre des macarons pour nous !

Lalita explose de rire si fort que quelques personnes autour de nous nous lancent des regards interrogateurs. Et sincèrement, le rire de Lalita est tellement communicatif que je la suis. Au final, c'est nous quatre qui sommes hilares.

— Pff, laisse Cassie tranquille, intervient Nelly avec un petit sourire, quand elle sera prête elle nous le dira, ou pas d'ailleurs. C'est son choix.

— Ooh... Nelly, murmuré-je en me penchant vers elle qui me serre fort dans ses bras. Je t'aime trop.

— Moi aussi, ma petite Bella Swan.

Ses mains caressent mon crâne. Son parfum me donne envie de la manger. À ce jour je ne connais personne qui sent aussi bon qu'elle toute la journée, toute l'année, tout le temps. Juste pour ça, je reste collée à elle plus longtemps que prévu.

— Là, Nelly, j'te trouve super égoïste. Cassie a le droit de se faire baiser par ce grand blond aux yeux miel. Il est vraiment pas mal, ça se voit que c'est un golden retriever comme elle, il va bien la traiter et c'est tout ce dont elle a besoin.

— Elle n'a pas tort, commente Lalita.

— Lalita, tu ne vas pas t'y mettre toi aussi ! m'écré-je.

— Si je ne pensais pas que tous les hommes étaient des merdes, je t'aurais dis de prendre son numéro. Mais ils sont tous des merdes alors... c'est toi qui voit.

— De toute façon, je ne suis pas intéressée, articulé-je en serrant toujours Nelly dans mes bras qui me serre comme si j'étais son bébé.

— Voilà, vous avez votre réponse, Cherry, Lalita, laissez là tranquille.

— T'es plus un bébé Cassie. Je parle pas de te mettre en couple, mais d'expérience là. J'peux te donner deux trois tips danser sur sa bit-

— Cherry ! Stop ! intervient Nelly.

Je sens mon visage prendre au moins 1000 degrés, je suis sûre d'être rouge jusqu'aux oreilles et Lalita met sa main devant sa bouche pour rire encore une fois. J'essaye de me retenir pour rester du côté de Nelly, mais je ne peux nier que Cherry est hilarante.

— Nelly ! Tu veux que notre copine reste sans découvrir un peu ? Regarde-le, il est canon, et il ne le sait même pas, c'est encore mieux qu'un sale arrogant, il va faire passer les envies de Cassie avant les siennes !

Nelly et moi nous nous séparons pour se tourner vers la caisse. Dani est en train d'encaisser une cliente, avec la bienveillance peinte sur le visage.

Ne mens pas Cassie, il a l'air adorable.

Et en vrai... ça ne te coûterait rien d'essayer.

— Elle nous a dit que ça la mettait mal à l'aise.

Cherry lève les yeux au ciel face à la réflexion de Nelly et prend le dernier morceau de MON cinnamon qu'elle avale d'une traite, et c'est à ce moment que je m'offusque :

— Mais vous l'avez dévoré bande de sorcières ! J'ai même pas eu le temps d'en prendre un morceau !

— Ta gueule crevarde, me répond Cherry, c'est ta punition pour ce que tu rates !

On a toutes explosé de rire. Mais au même moment, un étudiant assis sur la table devant nous avec son groupe d'amis s'est écrié vers les caisses :

— Hé ! Ça serait possible d'avoir le son sur la télé !?

Justement, Dani penche la tête vers le type qui vient de parler. Il acquiesce rapidement d'un haussement de menton et s'empare de la télécommande. Il augmente le son de la télévision. Nos regard se croisent, il me lance un petit sourire avant de rapidement se focaliser sur une nouvelle commande.

Est-ce que j'ai vraiment envie de ça...

Non, Cassie laisse tomber. Tu n'es même pas intéressée, ça ne servirait à rien et tu le sais.

Je suis happée par la voix de Mayfair — la présentatrice de CNN News, avec qui il y a eu un scandale avec Julian — qui retentit dans tout le Starbucks.

J'entends quelques mecs crâner en rigolant, ils articulent des : « c'est vrai qu'elle est bonne la petite Mayfair, hein ! » « Moi aussi je me la serais faite si j'étais lui ! »

Du coin de l'œil, je vois déjà Lalita les toiser d'un air blasé.

Mais je me concentre sur les informations :

— Le tragique destin de Carl Caine, le plus jeune héritier de la dynastie Caine, nous rappelle la fragilité de la vie. Âgé de seulement 24 ans, le jeune homme a été retrouvé sans vie dans son véhicule luxueux au fond d'un lac londonien. Il semblerait qu'il ait perdu le contrôle de sa Bugatti, provoquant ainsi son funeste dénouement. La famille Caine, l'une des plus influentes et opulentes de la capitale britannique, a choisi le silence, organisant des funérailles privées, à l'abri des regards indiscrets. Les autorités continuent d'enquêter sur les circonstances exactes de cet accident tragique. Plus de détails sur cette histoire bouleversante et d'autres nouvelles dans un instant, mais pour le moment, nous nous rendons à Tépito où de vifs affrontements ont eu lieu récemment entre la police et le cartel des C..."

La voix de Mayfair s'estompe dans le bourdonnement ambiant du café. Tout le monde commence à parler de l'affaire et je ne sais pas pourquoi je reste bloquée sur l'image du jeune homme, Carl Caine, qu'ils ont affiché quelques minutes plus tôt.

L'image de la Bugatti sortant de l'eau me choque un peu. Je trouve sa mort horrible en fait...

— C'est quand même dingue de mourir à cause d'une Bugatti... murmure Cherry, brisant le lourd silence qui s'est abattu sur notre table. Ça devrait être incroyable de faire l'amour-

— Ta gueule, Cherry, réplique Lalita.

J'ai presque eu envie de rire.

Mes lèvres entourent ma paille et j'aspire un peu de mon matcha.

Finalement, cette virée au Starbucks m'a fait énormément de bien. Comme à chaque fois.





— Gardez la monnaie, merci !

Je claque la porte du taxi avant d'enrouler mon écharpe autour de mon cou, mes paumes se coincent entre les plis de la laine.

Je garde quelques séquelles de mon rhume quand bien même je suis pratiquement guérie, quand il y a un peu de vent, comme maintenant, je me mets à tousser.

Je remonte la pente qui mène à ma maison, dans mon quartier à Blackheath.

Mes écouteurs enfoncés dans mes oreilles, j'écoute Still Don't Know My Name de Labrinth. Le quartier pavillonnaire me donne toujours plus envie de l'abandonner. Il est fade et empli des souvenirs de mon père. C'est dans ces rues qu'il organisait des barbecues avec tous nos voisins, qu'il m'a appris à faire du vélo, que ma mère lui souriait encore avec amour...

À ce jour, à part ma chambre (pour mes posters Twilight), mes copines et Sherlock, rien ne me retient ici...

Mais... en avançant près de chez moi, une forme sombre capte mon attention. Positionné en biais sur le trottoir, un bolide aux reflets noir mat se distingue nettement.

Je continue d'avancer, intriguée.

Personne n'a ce genre de véhicule dans le quartier. Où peut-être les fils de monsieur Garcia, mais ça fait bien des années qu'ils ne sont pas revenus ici. Et puis... Cette moto est garée juste devant chez moi.

Mes yeux glissent instinctivement sur les courbes la carrosserie qui absorbent complètement la lumière, on aurait dit que cette moto est une ombre... un fantôme.

Je n'y connais rien en automobile mais je la trouve impressionnante. En m'approchant un peu plus, je repère le logo "BMW" inscrit discrètement sur le côté ainsi que l'inscription S1000RR, qui doit être le nom du modèle.

En réalité, j'ai presque la sensation de sentir l'aura puissance qui émane de cette machine. Un mélange entre élégance et force brute.

Mais en tournant le regard, une autre ombre capte tout de suite mon attention. Plus grande, plus menaçante. Plus noire.

J'ai comme l'impression que mon cœur me hurle de le fuir, et pourtant mes vans continuent leur ascension devant ma maison.

Un homme, tout vêtu de noir, dont le visage est camouflé par un casque sombre se tient droit devant ma boîte aux lettres. Son index ganté est posé sur notre nom : « Bennett. »

Sa stature dégage quelque chose de brut, confiant, imperturbable.

Effrayant.

Et je n'ai pas de quoi décrire ça, je sais juste que ça me provoque un dédale de sensations contradictoires. Je n'ai jamais ressenti autant le besoin de me mettre autant en danger en présence de qui que ce soit, mais ce type ?

Chaque pas vers lui me terrorise autant que je me questionne sur le pourquoi je n'ai pas déjà fait demi-tour et pourquoi je continue d'avancer.

Je rate un battement lorsqu'il me repère. Ma main tire sur mon écouteur, la musique se coupe net, j'entends maintenant la musique du vent et celle d'une panique sourde qui résonne au fond de moi.

Je baisse les yeux au niveau de sa gorge masculine, deux plaques militaires ornent son cou. L'une à l'air troué d'une balle. L'autre est intacte.

Je connais ces plaques...

J'inspire profondément en m'arrêtant devant lui. Il baisse la tête vers moi, mon cœur bat à toute vitesse comme pris par une montée d'adrénaline. Je ne distingue que moi à travers le reflet de la vitre de son casque. Et quand bien même je ne vois pas ses yeux. J'ai l'impression qu'il me scrute et que son regard me détruit de l'intérieur.

Je brise le silence en première, d'une voix hésitante j'articule :

— Je... je peux vous aider... ?

Il a pris quelques secondes pour me répondre.

Sans dire un mot, il soulève lentement la visière de son casque.

Je me retiens presque de reculer d'un pas en découvrant ce visage, ses yeux que je connais déjà et que je pensais avoir oublié mais son regard bleu profond me fait le même effet : celui de me noyer dans un océan de noirceur.

— Ouais... en effet, murmure-t-il d'une voix enraillée.

Ces trois mots meurent sur ses lèvres.

Bon sang, qu'il est profond cet océan.



Dévastateur, et meurtrier. 








Bonsoir bonsoir, bonsoir ! 🎃

Ça-va ? ☕️









TEA TIME : ☕️, je veux tout entendre, vos impressions, vos ressentis, vos théories, vos retours pour ce premier chapitre ? Dites-moi tout !


J'ai même pas vu le temps passer en écrivant ce chapitre, c'était comme manger des chocapics avec du beurre 🧈 (Je m'en fiche de vos critiques sur mes goûts) (Non, je mets pas du beurre dans mes Kellogg MDR)


D'ailleurs, j'ai une requêtes my G, est-ce que quand vous faites des tiktoks sur Ghost vous pouvez mettre le #ghostwattpad 😭, parce que ghost tout court, c'est trop général et après je vois pas systématiquement vos édits de fou furieux ! Thank you ! 😘


En tout cas, je vous attend sur le Discord pour les Red Paper 🍒 ! Impatiente d'avoir vos théories 😋 ! 




Bisous, on se retrouve très vite pour la suite ! 🪐








Stardust 🍓




𝚂𝚎𝚎 𝚢𝚘𝚞 𝚜𝚘𝚘𝚗 🕰...




xo, Azra. ✿



IG: azra.reed

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