Partie I

Il y a maintenant cinq ans :

- cinq longues et douloureuses années que j'ai du dire « adieu » à un être cher. Une personne si proche mais qui paraissait être à des années lumières de moi et de mon univers.

- Cinq « putain » d'années que tu m'as abandonnée mon frère.

- Cinq ans que papa, maman, toute la famille et moi vivons l'enfer.

- Cinq ans passés à se demander pourquoi ? Pourquoi s'est arrivé ? Pourquoi toi ? Pourquoi nous ?

- Cinq ans que je me suis rendue compte à quel point je t'aime

- Cinq ans que je ne peux plus te voir ; t'embrasser ; t'entendre rire ; te voir sourire

- Cinq ans que mon cœur saigne et que mon esprit se voile

- Cinq ans qu'à chaque fois que je te croise en photo mon cœur se serre

Si seulement tu pouvais me voir, m'entendre et me protéger. Si tu savais à quel point j'ai mal. J'ai toujours eu le sentiment de ne vivre qu'à travers toi. J'ai toujours eu le sentiment de n'être que l'ombre de toi ; de ta personnalité. Toi si parfait aux yeux de toute la famille et encore plus aux yeux de Maman. Toi que l'on décrit comme un garçon si gentil, si attentionné, si bien élevé, si travailleur. Comment rivaliser avec tant de qualités ? Quand tu étais encore là c'était déjà difficile, mais aujourd'hui que tu es parti pour un autre monde, c'est tout bonnement devenu IMPOSSIBLE. En plus de devoir me résoudre à ne jamais être aussi bien que toi, je dois aujourd'hui me résoudre à voir souffrir papa et surtout maman. Merci. Merci Thomas de m'avoir laissée avec ce lourd fardeau. Je dois avancer tout en supportant le poids du passé. Ce passé dont tu fais partie. Ce petit moment d'histoire que tu as marqué de façon indélébile avec ta joie de vivre et la force qui te caractérisait.

Je devrais te détester, te haïr pour me laisser seule. Que vais-je faire moi le jour où papa et maman iront te rejoindre dans ton néant ? Tu devais être toujours avec moi, en toute circonstance. C'est toi qui devais veiller sur moi après, parce-que c'est toi le grand frère. Tu m'avais promis de toujours être là. Tu me l'avais juré. Pourquoi est-ce que tu as failli à ta promesse ?

Je devrais détester jusqu'à ton existence pour ça. Mais je n'y arrive pas...........Tu me manques. Tu me manques chaque jour un peu plus. J'aimerais te serrer dans mes bras et te dire tout ce que je n'ai pas su te dire tant qu'il était encore temps. J'aimerais te dire ces quelques mots, je t'aime. Je t'aime mon frère, aujourd'hui et à jamais.

Quand je te regarde sur les photos, je me vois à travers ton regard. Je vois aussi un peu de papa et un peu de maman en toi. Ils étaient si fiers de t'avoir comme fils. Je pense qu'ils sont fiers aussi de moi et je sais qu'ils m'aiment ; qu'ils NOUS aiment autant l'un que l'autre. Pourtant, je n'ai jamais su ressentir cette fierté dans le regard de maman. Pourquoi ? Pourquoi n'ai-je pas cette force de laisser de côté l'aspect négatif des événements ? J'aimerais que tu m'aides Thomas. J'aimerais que de là où tu es, peu importe l'endroit, j'aimerais que tu m'envoies un signe. J'aimerais que tu continues à jouer un rôle dans ma vie. Il y a tellement de choses auxquelles j'ai du renoncer depuis ta disparition, que j'ai peur d'en avoir oublié la beauté de la vie et les bonheurs qu'elle peut nous apporter. IL y a tellement de blocages dans mon esprit, que je ne sais plus comment m'en sortir aujourd'hui. Je t'en supplie, aide moi !!! Donnes moi la force d'avancer encore. J'ai tant besoin de toi.

Il n'y a que la musique qui m'apaise. Quand je m'échappe dans mon monde et quand j'écoute des chansons qui me touchent, soit par les paroles, soit par les émotions qui se dégagent de la musique en elle-même, j'ai le sentiment de m'envoler un peu vers toi et de communiquer avec toi. La musique est devenue mon échappatoire. Je la ressens au plus profond de moi. Quand je vais vraiment mal, que le manque de toi est trop dur à gérer, je m'isole avec les écouteurs sur les oreilles et je pense à toi. Parfois je pleure. Je n'ai jamais eu pour habitude de m'écrouler en larmes aussi facilement. Cette carapace c'est toi qui la brisé en m'abandonnant. Depuis, les plaies ne cicatrisent pas et la douleur est toujours aussi vive, quoiqu'en dise les gens bien pensant ou les psy incompétents. Mon deuil n'est pas encore fait et ça fait 5ans que ça dure. On ne vit pas après la perte d'un être aussi cher, on survit tout au plus. C'est tout ce que l'on est capable de faire. On continue de vivre en se raccrochant à l'image de celui que l'on a perdu. On survit pour lui, pour lui rendre hommage et lui faire honneur. Je me suis accrochée pour toi, mais au final qu'est-ce que ça a changé ? Absolument rien. Au fond, je pense que j'espérais que cela pourrait changer les choses et te ramener à la vie. Mais hélàs en vain.............

Tu n'es plus là et petit à petit j'ai peur que ton souvenir s'amenuise. J'ai peur que les contours de ton visage ne me renvoient plus à aucun souvenir heureux. J'ai peur de t'oublier. J'ai surtout peur d'aller mieux. J'ai peur que le fait de pouvoir être à nouveau heureuse signifie que je ne pense plus à toi. Cette idée me terrifie . Pour moi c'est impossible. Ca ne doit pas arriver, jamais. Je me sens tellement coupable de ne t'avoir jamais vraiment serré dans mes bras ; Je me sens coupable de ne pas être venu te voir plus souvent chez mamie le week-end et de n'avoir pensé qu'à moi. Ce n'est qu'aujourd'hui que je me retrouve face à mon égoïsme. Cet égoïsme qui aujourd'hui me revient de plein fouet dans la figure. Je n'ai pas assez profité de toi et nous n'avons pas partagé assez de moments complices comme le font Cindy et Arnaud (nos cousin/cousine). Aujourd'hui je t'ai perdu et je n'ai plus la possibilité de réparer mes erreurs ni de changer les choses. Je suis impuissante et c'est ce qui me fait le plus de mal.

J'ai aussi cette désagréable impression de ne pas profiter de la vie, alors que j'ai eu la preuve que la vie était trop courte et qu'il fallait profiter de l'instant présent. Cependant, je pense qu'il me reste un semblant d'espoir et d'optimisme parce-que je sais au plus profond de moi, que je tiens à la vie. Je n'ai jamais pensé une seule seconde à en finir. Pas par peur, ni par lâcheté mais au contraire parce-que pour moi, cet acte irréversible là, est inacceptable. Comment peut-on vouloir en finir alors que tant de personnes sont condamnées chaque jour à cause de la maladie ? Comment peut-on vouloir mourir en laissant tout ses proches derrière soi ? Comment peut-on vouloir faire endurer ça à ceux que l'on aime ? Je pense qu'aucune situation, aussi délicate et précaire soit-elle, ne mérite que l'on s'ôte la vie. Il y a toujours des solutions à puiser dans chaque moment de la vie et dans chaque personne que l'on côtoie.

Je m'appelle Angie. J'ai 27 ans et j'ai perdu mon frère il y a 5 ans. Cette douloureuse épreuve m'a permis de me découvrir une nouvelle passion l'écriture, et m'a également permis de me remettre à ma première passion que j'ai trop longtemps délaissé la musique. Je vous arrête tout de suite, je n'écris pas de chansons et je n'ai pas non plus de talent caché pour la chanson. Je ne suis pas autodidacte et je n'ai jamais participé à des émissions TV du style « Nouvelle Star » ou « Pop Star ». De toute façon, je n'ai pas le style qui correspond à ces programmes. Je ne suis pas extravertie ; je n'ai pas de style vestimentaire décalé ; ni de coupe de cheveux à la mode ; je ne suis pas court vêtue et je ne me mets jamais en avant. Pour quelqu'un qui ne me connaît pas je peux paraître assez timide ; réservée et même parfois froide. En revanche, quand je suis avec mes amis, je me lâche. On s'amuse ensemble. On rit de tout. On se raconte nos petites vies et on se remémore tous les bons moments que l'on a pu vivre ensemble.


 

Nous avons tous différentes facettes de notre personnalité. Pour ma part, je sais que j'ai besoin de temps pour me sentir à l'aise avec les gens.

Je pense qu'il est maintenant temps de faire un peu les présentations. Comme je vous le disais, je m'appelle Angie. J'ai 27ans. Je vis en région parisienne mais je suis originaire de Franche-Comté. Et oui, une paysanne, ou une campagnarde, si vous préférez.

Je suis assistante sociale. Je ne suis pas mariée, mais je vis en couple depuis maintenant 4 ans avec James, un musicien anglais que j'ai rencontré lors d'un voyage à Londres. Je n'ai pas encore eu la chance d'avoir d'enfant. D'ailleurs cela me fait penser que je commence à me lasser de voir toutes mes copines tomber enceinte les unes après les autres. Je suis contente pour elles, mais je les envie tellement aussi. Sinon je suis brune aux yeux marron. Je mesure 1m70 pour.... Cette information n'est pas très importante et elle ne vous regarde pas d'ailleurs (ben quoi ?! je ne vais m'auto-dénigrer tout de même). Pour faire simple disons que je n'ai pas la taille mannequin, j'ai des formes généreuses réparties un peu partout.......à croire que ma générosité n'a pas d'égal..... !

Au cas où vous vous demanderiez comment j'ai atterris en région parisienne, et bien j'ai quitté ma campagne chérie pour le travail. Les débouchées dans le social étant de plus en plus limitées par chez moi, je me suis expatriée. J'ai bien fait puisque depuis que je suis diplômée je n'ai jamais connu de période de chômage, contrairement à certains de mes camarades de promotion. Bref...là n'est pas le sujet.

Comme je vous le disais au début de mon interminable monologue, je suis une passionnée de musique (pas très original, aujourd'hui tout le monde se targue d'être passionné de musique dès lors qu'il bave devant les clips d'un pseudo artiste à moitié dénudé). Je joue de la flûte traversière depuis que j'ai une dizaine d'années. J'ai longtemps fait partie de l'orchestre d'harmonie de l'école de musique à laquelle j'étais inscrite. Le fait de jouer dans un ensemble musical au sein duquel se mêlait à la fois la puissance des cuivres ; l'énergie des percussions et la musicalité des bois m'enivrait. A chaque répétition nous nous éclations tous ensemble. Chaque année nous faisions des petits concerts locaux dans les églises du coin. C'était vraiment génial de se sentir écouté et d'être applaudit même si c'était par la famille et les proches. Lorsque l'on joue dans une église l'ambiance est différente de celle ressentie dans une salle standard. Les émotions et les frissons sont décuplés. Ces concerts étaient tout simplement magiques pour moi. J'enviais les stars à cette époque là.

La musique que l'on jouait lors de ces concerts locaux n'avait rien à voir avec les hits que l'on pouvait entendre à la radio. Nous avions la chance de pouvoir apprécier les chanteurs qui ont fait les belles années de la chanson française, comme par exemple, Piaf ; Aznavour et Johnny Hallyday. Nous revisitions également des comédies musicales telles que « Les demoiselles de Rochefort ». Le plus beau moment de mon expérience au sein de cet orchestre fut quand notre chef d'orchestre a prit le pari de réussir à nous faire jouer « l'Arlésienne » de Bizet. Nous avons répété longtemps et si fort pour parvenir à jouer ce morceau, que le premier soir où nous l'avons interprété pour notre concert, nous avons tous eu le cœur qui battait à mille à l'heure et les mains moites.

Ahlala que de souvenirs !! J'adorerais pouvoir revivre des moments comme ceux-là. Malheureusement, je n'ai plus assez d'entraînement aujourd'hui pour pouvoir intégrer à nouveau un orchestre d'harmonie. Je me console comme je peux en continuant à jouer de la flûte. Depuis que j'ai rencontré James à Londres il y a quatre ans, j'ai envie de m'essayer à la guitare et d'apprendre à en jouer. Je trouve qu'il n'y a pas de meilleur instrument pour s'accompagner lorsque l'on a envie de fredonner nos chansons préférées. Hélas, James n'a jamais le temps de m'apprendre à en jouer. D'ailleurs, je me demande s'il ne prend pas cette excuse du manque de temps pour ne pas m'initier. Il n'est pas très patient, et moi non plus, je crains que nos deux forts caractères ne fassent des ravages. James est musicien. Il joue de la guitare et du piano depuis qu'il a 8 ans. La musique est plus qu'un passe-temps pour lui. Il aimerait pouvoir en faire son métier, malheureusement, la vie n'a rien d'un conte de fées et l'argent ne tombe toujours pas du ciel, alors il n'a pas eu le choix, il a fallu qu'il fasse des études et qu'il trouve un travail. Il est parti de sa passion dévorante pour la musique et a décidé de faire des études dans la programmation électronique et vidéo, ce qui lui permet aujourd'hui de travailler comme programmeur dans une petite radio locale de Londres. Nous essayons de nous voir le plus souvent possible mais ce n'est pas toujours évident compte tenu de nos agendas et de nos contraintes professionnelles.

Au moment de notre rencontre, je n'allais pas très bien. J'étais toujours sous le coup de la disparition de mon frère. J'étais inconsolable. Je ne parvenais pas à penser à autre chose. James m'a aidé à aller mieux. Il m'a soutenu. Il a pris le temps de me connaître. Il s'est surtout adapté à moi. Il ne m'a jamais brusqué pour quoique ce soit. Il m'a toujours respecté et je ne le remercierai jamais assez pour ça. Je le considère un peu comme mon sauveur. Il m'a sauvé de mes idées noires et de mon éternel pessimisme. Il m'a redonné l'envie de sourire grâce à ses chansons. Les mélodies qu'il me chantait au début de notre relation me réchauffaient le cœur. Je dois ma « résurrection sociale » à sa détermination ; à sa générosité ; à sa douceur et ses chansons. Il m'a réappris à voir la vie en couleur et non plus en noir et blanc. Mes sentiments pour lui sont arrivés progressivement. Je me sens proche de lui. J'ai besoin de lui auprès de moi. J'ai besoin de sa voix pour me sentir apaisée. Il rend mon quotidien plus supportable et mes nuits plus douces. Vous allez me dire que cela ressemble fort à l'amour fou. Vous n'avez pas tort, seulement rien n'est jamais simple dans la vie.

Il y a des rencontres qui bouleversent tout, jusqu'au plus profond de vous-même ; au plus profond de votre cœur et de votre âme. Je ne croyais pas à l'âme sœur et je me suis faite piéger par la vie. Je l'ai rencontré, LUI-celui qui m'a totalement chamboulée- il y a maintenant 2ans et demi. Oui, je l'ai effectivement rencontré alors que j'étais déjà en couple avec James. Cette rencontre aura été la deuxième plus belle rencontre de toute ma vie, avec ma rencontre avec James. Ces deux hommes sont les deux hommes de ma vie. Ils m'apportent chacun quelque chose de différent et chacun à leur façon. Je ne vous parlerai pas de LUI tout de suite. Vous allez faire sa connaissance à travers le récit qui va suivre. Ce récit me permettra je l'espère de faire la lumière sur la vraie nature de mes sentiments pour l'un et pour l'autre. J'avoue ne pas trop savoir où j'en suis pour le moment. Tout ce que je sais c'est que je leur fait du mal à eux en les baladant de la sorte. Ah oui j'oubliais de préciser que les deux hommes de ma vie sont au courant de l'existence de l'autre. Cette petite subtilité me paraissait être le reflet de mon honnêteté le jour où j'ai pris la décision de les informer, mais je dois me rendre à l'évidence, tout ce que j'ai réussi à faire c'est à semer la pagaille dans ma vie ainsi que la leur.

Mais pourquoi faut-il TOUJOURS que je complique les choses ? J'étais bien avec James, j'avais retrouvé un équilibre affectif serein, alors pourquoi a-t-il fallu que je LE laisse entrer dans ma vie ? Quand vous saurez toute l'histoire je pense que vous comprendrez mon choix...........C'est parce-qu'il a ce charme que peu d'hommes ont. Il a cette capacité à vous retournez une situation en deux temps trois mouvements. Il rend la vie plus belle et simplifie le quotidien. Il est LUI tout simplement.  


 


 


 


 


 


 


 


 

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