Partie (6)
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(POV externe)
Les cinq membres de Simple Plan, ainsi que leurs compagnes étaient réunis dans la salle d'attente de l'hôpital. David faisait les cent pas. Ben était endormi dans sa poussette. Pierre et Sébastien, de leur côté, surveillaient David du coin de l'œil. Ils étaient prêts à intervenir si leur ami devait s'effondrer. Chuck et Jeff étaient assis, la tête entre les jambes. Le stress les empêchait de faire face à ce qui était en train de se jouer dans cet hôpital. Personne n'osait parler. Un silence religieux régnait, jusqu'à ce que le médecin qui s'occupait d'Angie ne fasse son apparition. Il expliqua que les derniers résultats d'examens montraient une absence d'amélioration de l'état générale de la jeune femme. Le médecin tenta une énième fois de faire comprendre à David l'urgence de la situation. Il lui expliqua que son bébé n'allait pas tarder à montrer des signes de fatigue respiratoire et cardiaque, et que si cela devait se produire, ses chances de survie, seraient minces. Le bassiste ne répondit rien. Il se contenta de fixer le médecin en secouant la tête, en signe de désapprobation.
David se dirigea sans un mot vers la chambre d'Angie. Il s'approcha du lit et caressa les cheveux de sa compagne d'un geste tendre. Au moment où il déposa un baiser sur les lèvres d'Angie, le monitoring cardiaque se mit à biper. L'écran indiquait que les pulsations cardiaques ralentissaient à une vitesse vertigineuse. David sortir en hurlant de la chambre. Il courut dans les couloirs de l'hôpital pour alerter un médecin.
- Docteur ! Docteur, je vous en supplie, ma femme...il y a un problème. Venez tout de suite.
Le médecin et trois infirmières arrivèrent très rapidement au chevet d'Angie. Ils demandèrent à tout le monde de rester à l'extérieur de la chambre.
Ils en ressortirent un quart d'heure plus tard. Le temps parut interminable pour tous les proches.
- Alors docteur, que s'est-il passé ? demanda Lachelle, le regard apeuré.
- Je suis sincèrement désolé pour votre amie. Nous avons tout tenté, malheureusement, elle nous a quitté désormais.
A l'entente de cette phrase, tout le monde se mit à hurler, à l'exception de David, qui recula contre un mur et se laissa glisser par terre. Le regard vide de toute émotion. Il était sous le choc. Il fixait la porte de la chambre d'Angie, sans rien dire. Pour la première fois de sa vie, il comprenait réellement le sens du dicton « avoir le ciel qui vous tombe sur la tête ».
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Lorsqu'Angie se réveilla, elle vit trois têtes penchées au-dessus d'elle.
- Docteur ! le cœur est reparti comment est-ce possible ?
- Peut-être une erreur du monitoring, ça peut arriver.
- Mais......son ECG était plat, vous.....vous l'avez vu comme nous !
- Oh sans doute un court-circuit du moniteur ce ne serait pas la première fois.
Angie écoutait la conversation discrètement, allongée sur ce lit d'hôpital. Elle ne comprenait plus rien. Est-ce que cela signifie que le transfert a échoué ? Monsieur Green a pourtant été formel, sur le caractère irréversible de ce protocole. Angie se décida à parler d'une toute petite voix.
- Excusez-moi !
- Oui Madame ?
- Docteur, est-ce que le transfert a échoué ?
- Le transfert ? Quel transfert Madame ?
- Le transfert d'âme !
- Le....le transfert d'âme ? Je.....je ne comprends pas
- Monsieur Green m'avait dit que tout se passerait bien. Pourquoi est-ce que je suis toujours là alors ?
- Je pense que vous êtes sous le choc Madame Lowney. Je ne sais pas qui est ce Monsieur Green dont vous parlez, mais le choc a été assez violent. Vous devez vous reposez. Nous repasserons plus tard pour contrôler vos constantes. D'acord ?
- Madame Lowney ? Mais non !! moi je m'appelle Angie Miller, MILLER.
- Heu....co..comment avez-vous entendu parler de Madame Miller ?
- Comment ça ?
Angie regarda le médecin d'un air suspicieux. Elle ne comprenait plus rien à ce qui se passait.
- Madame Miller est la personne que vous avez renversé avec votre voiture avant-hier soir. Elle....elle est malheureusement décédée hier, des suites de ses blessures. Je ne sais pas qui a eu la maladresse de vous parlez d'elle. Une enquête est en cours sur les circonstances de l'accident.
- J'ai été réincarnée dans le corps de la personne responsable de ma mort ?????? C'est une vaste blague, dites-moi que c'est une plaisanterie !
- Ne vous énervez pas Madame Lowney. Tout va bien se passer. Vous avez porté les premiers secours à Madame Miller, vous ne serez pas accusée de délit de fuite. Vous avez pris la responsabilité de vos actes et cela jouera en votre faveur. Mais maintenant, je vous en prie, reposez-vous.
Angie était sous le choc. De toutes les personnes en qui elle aurait pu être réincarnée, il a fallu que le destin choisisse le corps de la personne qui a causé sa mort. La situation ne pourrait pas être pire. Si jamais David avait connaissance de l'identité de cette Madame Lowney, jamais il ne pourra tomber amoureux d'elle. Jamais il ne supportera de rester en présence de la femme qui la privé de l'amour de sa vie. Angie était totalement découragée. Elle sentait que la situation lui échappait. Elle ne put retenir ses larmes plus longtemps. Soudain, une voix un peu familière la fit sursauter.
- Angie ?
- FRED ? Mais, qu'est-ce que vous faites ici ?
- Normalement je ne suis pas autorisé à « descendre » sur Terre, mais devant votre état je n'ai pas pu me résoudre à vous laisser seule.
- Pourtant, je suis bel et bien seule à présent Fred.
- Ne dites pas ça. Je vous soutiens moi, même si je ne serai pas à vos côtés physiquement je veillerai sur vous de là-haut.
- C'est très gentil à vous. Mais sérieusement, pourquoi m'avoir réincarnée dans le corps de cette femme ? Pourquoi ? C'est le pire scénario qui soit.
- Je pense que le Conseil a encore quelques doutes sur David et vous. Comme le Conseil n'a pas droit à l'erreur, je pense qu'il vous confronte aux situations les plus complexes qui puissent exister. J'en suis sincèrement navré pour vous, Angie.
- Vous êtes vraiment une bonne personne Fred. Il faut que vous m'aidiez, Fred.
- Vous aidez à quoi ?
- A changer de corps encore une fois. Vous devez pouvoir le faire non ? On a tous les pouvoirs au Paradis, j'imagine ?
- Non je ne peux pas faire ça.
- Qui peut le faire alors ? Monsieur Green ?
- Personne. Le processus de changement est enclenché. A présent vous n'existez plus en tant que Angie Miller. Désormais, vous êtes Ava Lowney, future héritière d'une grande chaîne de restaurant. Vous avez 25ans, vous êtes fille unique. Vous passez vos journées à dépenser votre argent. Vous n'avez aucune ambition professionnelle, et de toute façon vous n'en avez pas besoin puisque votre avenir est tout tracé : reprendre l'entreprise familiale.
- Je suis une fille à papa ?? C'est totalement à l'opposé de ma vie, Fred !
- Votre ancienne vie, Ava !
- Je déteste tout de cette fille : son prénom ; sa personnalité ; tout.
- Vous n'avez pourtant pas le choix.
- Elle n'a pas d'amies cette fille ? Personne n'est venue lui rendre visite encore !
- Oh si vous avez des amies, mais elles ne se lèvent jamais avant 14h.
- ARRETEZ DE DIRE QUE JE SUIS ELLE !!!!!!!!!MOI JE M'APPELLE ANGIE. J'AI UNE FAMILLE ; UN FIANCE MERVEILLEUX ; UN FILS ADORABLE ET UNE BANDE D'AMIS EXTRAORDINAIRES. ALORS ARRETEZ FRED !
- Angie, calmez-vous s'il vous plaît ! ça sera extrêmement difficile pour vous de faire le deuil de votre ancien vous. J'en ai bien conscience, mais plus vite vous essaierez de vous familiarisez avec votre nouvelle vie, et plus vite vous pourrez vous consacrez à votre objectif.
- Qui est ? Parce-que là j'avoue avoir perdu toute confiance en moi et en l'avenir. Je suis coincée dans un nouveau corps, que je n'ai pas encore vu, soit dit en passant.
- Vous ; Monsieur Green et moi, savons que votre avenir, votre vie est auprès de David. Nous savons tous les trois, que votre couple est le symbole même du triangle de l'amour vrai et pur. Votre mission et votre objectif est de prouver au Conseil, que David et vous méritez d'être à nouveau réunis. Vous devez leur montrer que vous n'avez pas affrontés toutes ces épreuves pour rien.
- Je ne sais pas si j'en ai encore la force Fred.
- J'ai une confiance totale en vous. Je sais que vous pouvez réussir. Pensez à votre fils et à votre bébé.
- Mon bébé ? Mais....je ne le sens plus !!
- Rassurez-vous, tout n'est pas perdu pour lui non plus. La persévérance de David face à ce qu'on lui demandait de faire, a permis de sauver votre futur enfant. Pour l'instant, il est.....comment dirais-je....comme dans une couveuse si vous voulez. Si David et vous parvenez à tomber de nouveau sincèrement amoureux l'un de l'autre, et si David parvient à déceler la présence de l'ancienne Angie, votre famille sera sauvée.
- C'est surréaliste tout ça.
- Vous devez croire en l'amour qui vous lie à David.
- C'est la seule chose qui me maintienne en vie vous savez.
- Gardez cela à l'esprit, c'est important. Je dois vous laissez Ava. Bon courage à vous.
(POV Angie)
Une fois que Fred eut refermé la porte, je me suis décidée à prendre les choses en main. Il me fallait vraiment un allié pour m'en sortir. Il fallait que je retrouve Marion, en espérant qu'elle ne me ferme pas la porte au nez. En même temps, tout ça est tellement fou, qu'elle aurait de bonnes raisons de me prendre pour une folle et me faire interner.
Je me défis rapidement de la perfusion qui me maintenait clouée sur ce lit d'hôpital. Lorsque je me suis levée, la tête me tourna légèrement. Je me suis dirigée vers la salle de bain de la chambre. Je laissai échapper un cri de surprise lorsque je découvris mon nouveau visage dans le miroir. Adieu la jeune femme brune aux yeux marron. J'étais à présent blonde aux yeux bleus, avec des cheveux bouclés. Cette fille ressemble vraiment à une poupée Barbie superficielle, pour qui l'apparence est primordiale. Tout le contraire de moi......
Je ne me sens pas du tout à l'aise dans ce corps. Comment réussir à faire abstraction de tout ce que l'on a été jusqu'à présent ? Je devrais sans doute être reconnaissante de ne pas avoir été réincarnée en mec, ni même en SDF, mais tout de même !!!!
Une fois remise de mes premières émotions, je cherchai de quoi m'habiller. Il n'y avait rien dans cette chambre, mis à part, les vêtements que cette fameuse Ava devait porter le soir de l'accident, puisque ceux-ci étaient déchirés et tâchés de sang. N'ayant pas d'autre choix, je me résignai à les enfiler. Mon Dieu ! Mais comment cette fille peut-elle respirer dans une robe aussi serrée ! Pourquoi se faire souffrir de la sorte !!
Pas le temps de polémiquer là-dessus, je dois sortir de cet hôpital.
Le temps de trouver le médecin qui s'était occupé de « mon » cas pour lui demander un bon de sortie, et hop, me voilà enfin dehors. Je peux respirer l'air frais de Montréal. Dieu que cela m'a manqué ! Immédiatement je repensai à David, à Ben et à tous mes amis. Je me demande dans quel état ils peuvent être et surtout je me demande de quelle façon ils ont pu apprendre ma disparition. Une boule commence à se former dans ma gorge et dans mon ventre. Je réalise que j'ai perdu tous mes repères. Je ne peux plus approcher les seules personnes qui m'ont maintenue en équilibre depuis toutes ces années. Je dois faire le deuil de tous ces liens. Le plus difficile va être de demeurer à l'écart de leur vie. Je ne sais pas si je vais supporter de ne pas pouvoir les toucher ; les entendre rire ; leur téléphoner. Et Ben, mon petit garçon, je vais manquer tellement de moments importants de sa vie. Je vais devoir assister impuissante à son évolution. Des larmes coulèrent en silence, sur mes joues, à cette seule pensée.
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(POV Externe)
La nuit était tombée sur Montréal lorsqu'Angie arriva devant chez Marion. La pluie tombait à saut dehors. La jeune femme était trempée de la tête aux pieds. Elle hésita avant de sonner à la porte, ne sachant pas si son amie avait été informée de son décès, ni comment elle allait réagir.
Après avoir pressé le bouton de la sonnette, elle entendit son amie hurler « j'arrive » depuis le fond de son appartement.
- Oui ? Que puis-je pour vous ?
- Marion, c'est moi Angie.
- Ma meilleure amie s'appelait Angie, elle est décédée hier soir.
- Marion, je t'en supplie, c'est moi, je te le jure !
- Partez où j'appelle la police !
Elle referma violemment le judas. Angie ne renonça pas si facilement.
- Oh laisses moi t'expliquer je n'ai pas d'autre endroit où aller.
- Dégagez !
- En terminale, Julien Wolf t'as refilé des morpions qui d'autre sait ça ?
- Il en avait passé à la moitié des filles de ma classe et à deux garçons de l'équipe de lutte !!
- Arghhh ! En seconde tu t'es fait refaire le nez, tu as menti en disant que tu partais en voyage en Espagne,........heu....Tu as mis de la colle sur la culotte de Camille Dubois parce-qu'elle avait flirté avec ton petit ami. Et puis tu étais trop timide pour t'acheter un vibro-masseur alors c'est moi qui t'ai acheté......
La porte s'ouvrit d'un seul coup, sur une Marion, les yeux ronds, l'air hagard. Les deux jeunes femmes terminèrent la phrase ensemble.
- Ton premier petit canard !
Marion semblait totalement perdue et sous le choc.
- Angie ?!
- Oui c'est moi Marion.
- Mais....mais....co....comment c'est possible ? Chuck m'a appelé e matin pour me dire que....que tu étais morte !
- Je vais tout t'expliquer, mais avant, il faut que tu me promettes de ne pas paniquer, de ne pas hurler et de surtout, ne rien dire à personne.
- Je te le promets.
TO BE CONTINUED.............
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