Partie 3 (11)

Nous sommes entrées dans le hall de l'immeuble. Nous avons pris l'ascenseur jusqu'au dernier étage. David et moi avions craqué sur cet appartement-terrasse qui dominait tout Montréal. La vue était splendide. Mon rythme cardiaque s'accéléra brusquement dès que le bip de l'ascenseur retentit, nous indiquant que nous étions arrivées. Marion appuya sur la sonnette. Mon cœur rata un battement lorsque la porte s'ouvrit sur David.

- Salut David ! Je ne te dérange pas ? Je...

Marion était hésitante, elle avait du mal à trouver ses mots. Elle se sentait toujours mal à l'aise face à quelqu'un qui souffre. Elle avait toujours peur de prononcer la phrase de trop.

- Tu ne me déranges pas Marion, ne t'en fais pas. J'étais en train de donner à manger à Benjamin. Mais entre, ne reste pas sur le pas de la porte.

David se décala pour nous laisser entrer. Marion se retourna vers moi et se tapa la tête de la main.

- Mon Dieu que je suis crétine. David, je suis venue avec une amie, j'espère que tu ne m'en voudras pas.

David leva les yeux dans ma direction. Il fronça les sourcils, signe que quelque chose l'interpellait mais il n'en dit rien. Il se contenta de fuir mon regard et de poser de nouveau ses yeux vers Marion.

- Un peu de compagnie ne peut pas me faire de mal, c'est ce que Pierre n'arrête pas de me répéter depuis trois jours.

Je sentais Marion se raidir. Elle frottait ses mains maladroitement l'une contre l'autre. Elle ne fait ce geste que lorsque quelque chose la déstabilise. Je n'arrive pas trop à comprendre sa réaction.

- Tu tiens le coup David ?

- Et toi ?

- Je vis au jour le jour.

- Idem pour moi. L'appartement est tellement silencieux sans elle.

David posa son regard sur une photo accrochée au mur. C'était une photo de nous deux. David se tenait derrière moi et me serrait fort dans ses bras. Je me souviens de cette journée comme si c'était hier. Le groupe venait de terminer une série de concert et David avait voulu me faire la surprise en rentrant plus tôt que prévu. Il était venu me chercher au travail et il m'avait emmené pique-niquer sur les hauteurs de Montréal. Il faisait beau et chaud et rien n'aurait pu briser notre bonheur ce jour-là. En me remémorant ces souvenirs, je sentais les larmes me monter aux yeux et j'ai essayé de réprimer un sanglot, mais la discrétion m'a manqué. David se tourna vers moi. Je pouvais lire la mélancolie dans ses yeux. Il fronça à nouveau les sourcils avant de s'adresser à moi.

- Excusez-moi mais nous n'avons pas été présentés finalement. Comment vous appelez-vous ?

- Oh, heu.....oui excusez mon impolitesse. Je m'appelle Ava et je suis une amie de longue date de Marion.

- Je ne vous avais jamais vu auparavant mais votre visage ne m'est pas inconnu.

- Ah bon ? Vraiment ?

- Oui, je ne saurais pas dire pourquoi. Et, est-ce que vous...vous connaissiez ma fiancée Angie ?

A ces mots, je vis son visage se fermer et ses yeux se remplir de larmes. Je n'allais pas pouvoir supporter cette vision très longtemps. Voir l'amour de ma vie aussi dévasté, et ne rien pouvoir faire alors que je suis à seulement quelques mètres de lui, est un vrai supplice. Marion vint à mon secours une fois de plus.

- Non Ava ne connaissait pas Angie, mais je lui en ai tellement souvent parlé que c'est tout comme. N'est-ce pas Ava ?

- Hum, hum.

Je ne parvenais pas à soutenir le regard de l'homme que j'aime. Je n'ai pu que me contenter d'acquiescer d'un hochement de tête. A mon grand désespoir, David semblait réellement vouloir faire la causette avec Ava.

- Et d'où est-ce que vous vous connaissez Marion et vous ?

- Et bien, heu... Marion est en fait...comment dire...une amie d'enfance. Nos parents étaient voisins, voilà.

Je fixais le sol en tentant de trouver un mensonge suffisamment crédible. David semblait satisfait de la réponse, du moins pour l'instant, puisqu'il détourna son attention vers Marion.

- En tout cas, ça me fait plaisir de te revoir Marion, depuis le temps.

- Moi aussi ça me fait plaisir, même si j'aurais préféré que les circonstances soient différentes.

- Est-ce que tu as repris contact avec...

- Ne prononce pas son nom devant moi s'il te plaît.

- Mais..... relax il n'y a que nous deux.

- Non, vraiment, je préfère éviter le sujet David.

- Ok, comme tu veux. N'empêche qu'il m'a avoué t'avoir croisée au parc l'autre soir.

Je ne comprenais absolument rien de ce qui était en train de se passer sous mes yeux. Marion était paniquée. Elle me lançait des regards au coin comme pour jauger ma réaction. Apparemment, elle avait préféré se confier à mon mec sur le fameux homme mystère dont elle est amoureuse. J'étais un peu vexée d'être mise à l'écart.

- Oui en effet, nous nous sommes parlé vite fait, mais rien de prolifique n'a émergé.

- Pourtant, il a été bouleversé, je peux te l'assurer.

- Arrêtons avec ça, tu veux bien.

- Pourquoi tu refuses de m'en parler à moi ? Que tu aies voulu tenir Angie à l'écart par peur qu'elle t'en veuille je peux comprendre, mais ce soir, il n'y a que toi, moi et Ava, qui ne connait personne de la bande, c'est le moment de jouer carte sur table tu ne crois pas ?

Je vis Marion se lever précipitamment du canapé sur lequel nous nous étions installés et faire les cent pas dans la pièce, sous le regard médusé de David.

- Je n'ai pas envie de revenir sur le passé. Il est temps que je fasse une croix définitive sur lui et tu ne m'aides pas là David.

- Ok. Excuses-moi, je n'avais pas compris que tu voulais « passer à autre chose »

Dit-il en mimant des guillemets avec ses doigts. Il me regarda en coin avant de s'adresser à moi.

- Je suis désolé que tu aies du assister à ça Ava. Oh pardon je t'ai tutoyé, est-ce que ça t'embête ?

- Heu....non ça ira.

- Super. Alors parles moi un peu de toi. On va changer de sujet sinon Marion va me coller une droite.

- Et bien, je suis fille unique. Mon père est gérant d'une grande entreprise de lingerie et voilà.

- Tu travailles ?

- Non. Enfin je ne crois pas...je

- Comment ça tu ne crois pas ?

- Je veux dire, non, je ne travaille pas. Mes idées s'embrouillent.

- Hum.

Marion s'était à présent assise à mes côtés et décida de me venir en aide.

- En réalité, les relations entre Ava et son père sont un peu conflictuelles en ce moment, alors elle s'est installée chez moi pour l'instant.

- Oh. Je suis désolé pour toi Ava

Dit le bassiste d'un air sincèrement désolé.

- D'ailleurs, David, hum, c'est un peu pour ça aussi que je me suis permis de venir avec Ava aujourd'hui. Hum... comment dire. Comme elle n'a pas de travail pour l'instant, je me demandais si vous pouviez, éventuellement, l'embaucher dans votre équipe, peut-être pour aider dans la gestion de la fondation par exemple.

- Oh....

David eut un mouvement de recul. Son regard passa de Marion, à moi, sans discontinuer. Il était perplexe, très perplexe.

- Je....ne suis pas sûr que nous ayons quelque chose à te proposer Ava. A priori toute l'équipe est au complet et...nous ne te connaissons pas c'est délicat.

- David, s'il te plaît, parles-en aux gars et tu me redis ça, ok ?

Marion tentait d'apaiser la situation.

- Ok, je veux bien en discuter avec eux mais je ne peux rien promettre. Est- ce que tu as des qualifications particulières Ava ?

- Des qualifications ?

- Tu as fait quoi comme étude ? Tu as des diplômes ?

- ......

Je restais là comme une idiote, ne sachant pas quoi répondre. Lui me fixait, il semblait s'impatienter. Je me sentais tellement mal à l'aise. Mes mains devenaient de plus en plus moites et ma gorge s'est asséchée d'un coup. Je ne savais pas quoi répondre. Je sentais l'angoisse monter. Ma seule issue fut la fuite. Je me suis levée précipitamment et je suis sortie de l'appartement. Après avoir claqué la porte d'entrée, je me suis laissé glisser contre celle-ci. Toutes mes forces m'abandonnaient. 


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