Il claque la porte. Maël. C'est la première fois que je lui adresse la parole, en 5 ans ! Quelle première rencontre ! 

     C'est vraiment une plaie ce mec, mais il est comique. Il me regardait d'une façon étrange en revanche. Mais c'était pas désagréable. Non pas qu'il soit mon style mais il est lui aussi intrigant. J'aimerais vraiment savoir pourquoi il est comme ça. Pourquoi fume-t-il ? Pourquoi boit-il ? Pourquoi, tout simplement.

     Je nettoie le sang accumulé dans l'évier et finis par refermer le robinet. Je me dirige vers ma chambre et m'apprête à brancher mon casque à mon portable pour écouter de la musique mais je suis interloquée par une conversation. Je reconnais sa voix. Maël.

     Je crois qu'il discute avec Léo. Maël dit que maintenant qu'Isaac est parti, il a besoin de lui parler, à Léo.

     Je ne dois pas écouter leur conversation, c'est mal... Après tout, si je veux devenir mauvaise, faut que je fasse des trucs mauvais. Je dépose mon portable sur mon lit et colle mon oreille au mur adjacent à celui de la chambre du voisin. Heureusement que les murs sont fins !

Voilà ce que j'entends...

Léo : Tu sais que tu la matais grave mon gars toute à l'heure ? Elle a du te griller !

Maël : Tant mieux, j'aime quand on me remarque.

Léo : Je veux pas te démoraliser mais tu étais pas à ton avantage...

Maël : Si tu lui avais pas dit ce que j'avais fait aussi, ça serait passer trop en mode classe, mec ! C'est toi qui a foiré.

Léo : De toutes façons, je ne pense pas que tu l'intéresses vraiment. Elle a l'air d'être une fifille à son papa et elle doit probablement être mineure et vierge ! Tu vas quand même pas te la faire, elle doit avoir 14 ans c'te meuf !

"17 !" dis-je intérieurement.

     C'est à ce moment-là que je décide d'aller toquer chez lui, pour lui prouver que je suis pas une gamine vierge de 14 ans ! Bon, vierge, c'est pas tellement faux non plus...

     Je sors en vitesse de ma chambre et me dirige vers la salle de bain pour vérifier que mon maquillage n'a pas trop coulé. Je sors ensuite de chez moi et entre directement chez les voisins, sans même frapper à la porte.

     Je vois Maël arriver en vitesse avec une batte de baseball dans la main avant qu'il laisse échapper un long soupir.

Maël : C'est toi ? Tu peux pas frapper à la porte non ?

Moi : Tu comptais vraiment te défendre avec ça contre... genre... un cambrioleur ? T'es marrant toi !

Maël : Ouais, c'est ça, fous-toi de moi mais c'est super utile en attendant.

     Je m'approche de lui alors que son meilleur ami nous a rejoint et je commence à lui tourner autour. Physiquement j'entends.

Moi : Tu vas me dire que toi, le grand Maël Malorian, du haut de ton mètre... 90 ? avec tes petits biceps, tu as besoin d'un batte de baseball pour te défendre ?

     En disant ces mots, je fais glisser mon index de son épaule à son coude. Il m'attrape vivement la main et me tire face à lui.

Maël : Tu joues à quoi ma jolie ? Tu cherches à faire quoi ?

     Je me détache de son emprise et prendre un ton légèrement agacé.

Moi : Je cherche à te prouver que je suis pas une gosse de 14 ans !

Maël : Hoooo la vilaine fille écoute aux portes maintenant ? Ou aux murs dirais-je plus précisément.

     Je m'approche un peu plus de lui.

Moi : Tu me donnes quel âge ?

Maël : Je sais pas...

     Il me regarde de haut en bas.

Maël : ... Je dirais... 16 ?

Je tire son col et lui chuchote à l'oreille : "17..." puis je le pousse loin devant moi. Il fait un pas en arrière et aborde un sourire de satisfaction.

Maël : J'ai comme l'impression que tu attends autre chose de moi. Je me trompe ?

     Je regarde le sol et fait tourner la pointe de mon pied droit sur elle-même.

Moi : Je veux que tu m'apprennes à devenir mauvaise.

Maël : Excuses-moi ?

     Il rit en disant ces deux mots.

Moi : J'en ai marre que tout le monde pense que je suis la bonne fille à son père, comme l'a si bien dit  Léo ! Et puis, vu que tu es quelqu'un de vraiment antipathique que personne n'aime, j'ai besoin de toi.

Maël : Merci... Disons que j'accepte. J'y gagne quoi moi ?

Moi : Tout ce que tu voudras.