7.

Je me réveille le lendemain avec un énorme mal de crâne. Edan est à ma droite et il dort paisiblement. Je souris et je passe doucement mes doigts sur sa poitrine découverte. Puis je me lève et je vais vers la cuisine pour prendre un cachet contre le mal de tête. Il est encore tôt et après l'épisode de lundi avec l'homme, je n'ai pas très envie de retourner travailler. Ses paroles résonnent dans ma tête "Tu ressembles beaucoup à ta mère petite garce". D'où connaît-il ma mère ? Mais ses paroles suivantes me glacent le sang "tu n'as toujours pas deviné". Ce serait lui mon père ? Je ne veux pas y croire, je ne peux pas me dire que cet homme répugnant est mon père et que je tiens de lui la moitié de mes gènes. Je ne veux plus jamais le revoir, mais j'ai surtout peur. Dans ses yeux j'ai vu toute la haine qu'il cachait en lui et c'était terriblement effrayant. S'il frappait ma mère pour calmer cette haine, je comprends pourquoi elle y a laissé sa vie. Je termine de boire mon lait et je vois Edan descendre les escaliers. Je suis toujours en maillot de bain et il porte toujours son short.

- Le lit est dégueulasse, me dit-il en faisant une moue très craquante.

Je souris et je me lève pour le rejoindre. Il tend les bras et vient poser ses mains sur mes hanches et je place mes mains sur sa nuque. Je le regarde, comme pour lui demander la permission de l'embrasser, mais il anticipe mon geste et il pose ses lèvres sur les miennes. Je suis soulagée de savoir qu'Edan ne me rejette pas. J'avais secrètement peur que nos embrassades d'hier ne soient qu'un coup de folie. Nous nous détachons doucement et j'engage la conversation :

- Tu sais, cet homme lundi ?

Son regard se durci.

- J'y ai bien réfléchis et ... c'est peut-être lui mon père ...

Je regarde le sol. Edan se lève et vient se mettre devant moi puis il chuchote :

- Et qu'est ce que ça peut faire ? Laisse le moisir dans sa vie minable Aurore.

Il met un doigt sous mon menton et relève ma tête.

- Je sais à quoi tu penses, me dit-il en faisant un sourire triste, mais tu sais le fait que ce soit ton père et que tu sois une petite partie de lui fait que tu es la personne qui se tient devant moi. Et crois moi, je ne voudrais la changer pour rien au monde.

Je ris légèrement et lui dépose un léger baiser.

- Merci Edan.

Quand vient le moment de partir nous nous embrassons et il me dit qu'il viendra me chercher à la boutique ce midi avec un pique-nique et que nous irons manger quelque part. J'acquiesce sans hésiter. Lorsque j'arrive à la boutique, Lucille me dit directement que "l'homme" avec qui j'ai fait une séance photo lundi ne viendra pas voir les portraits de lui car il m'a trouvé méchante et désagréable. Je suis outrée qu'il ait osé faire ça et à cause de lui, Lucille à perdu un peu confiance en moi. Mais je tente de renouer.

- Je peux vous montrer les photos si vous voulez Lucille, j'ai fait de mon mieux je vous assure !

Elle semble me croire et paraît attendrie pendant quelques secondes.

- Je veux bien te croire Aurore, mais je ne peux pas laisser un homme répendre ce genre de rumeurs !

C'est vrai, ce n'est pas le moment de faire une mauvaise réputation à la boutique. La mâtiné se passe tristement et j'ai hâte que midi arrive.

Edan arrive à la boutique vers onze heures quarante-cinq, et avec sa politesse coutumière, il salut Lucille. Puis quand vient midi, je quitte la boutique avec Edan. Il m'emmène dans le parc de la ville qui est très arboré et qui présente une multitude de recoins pour échapper aux regards curieux. Nous nous installons et nous commençons à manger.

- Ce soir, nous devons aller essayer nos tenues pour le bal, dit-il, c'est dans une petite boutique dans le centre.

- D'accord, répondis-je, nous devons y aller tous les deux ?

- Oui, j'aurai le plaisir de te voir.

Je lui lance un regard brûlant et je réponds :

- Oui moi aussi.

Il hausse un sourcil et sa signification est explicite. Puis il prend un ton plus grave que je n'aime pas beaucoup et continue :

- Tu sais, je connais pas mal de choses sur toi mais tu ignores beaucoup de choses de moi.

Je le regarde intensément, et je réalise que ce qu'il dit est totalement vrai, je n'ai jamais osé lui poser des questions trop personnelles car il m'intimidait énormément. J'ai honte de ça et je rougis. Il rigole et me dit de ne pas être désolée puis il continue :

- Du coup j'ai pensé qu'après notre séance d'essayage on pourrait aller au lac. Ça te va ?

Je lui souris et je réponds :

- Pas de problèmes.

Le repas se fini et nous continuons nos conversations plus ou moins intéressantes.

L'après-midi se fait plus sereinement que ce matin. Lucille n'est pas rancunière et il semblerait qu'elle ait déjà oublié l'épisode de ce matin. Nous avons rendez-vous à dix-sept heures trente à la boutique d'essayage et comme ce midi, Edan vient me chercher et nous allons tous les deux jusqu'à la boutique. Lorsque nous entrons, une cloche tinte signifiant notre arrivée. La pièce est spacieuse et elle possède une mezzanine. Une femme sort d'une pièce et vient nous accueillir.

- Bonsoir les jeunes, vous êtes bien Aurore et Edan ? Demande-t-elle en regardant dans son cahier.

- Oui c'est bien ça, répondis-je.

- Super, suivez-moi.

Elle nous emmène en haut sur la mezzanine où des dizaines de rouleaux de tissus sont entreposés.

- Vous avez trois tenues chacun, une pour la valse, une autre pour le tango et la dernière pour la salsa.

Edan et moi hochons la tête.

- Par galanterie, nous allons commencer par vous Aurore, sauf si monsieur désire passer en premier pour savourer ensuite la vue de sa partenaire. C'est à vous de voir.

Edan me regarde et dit sans même regarder la créatrice :

- Je vais commencer.

Elle me regarde en souriant et je rougis puis elle passe la première tenue à Edan.

- Il n'y a pas de cabines pour se changer ? Demande-t-il.

La créatrice rigole.

- Vous avez l'habitude non ?

Je regarde Edan confuse puis il tourne la tête et la secoue presque de façon imperceptible. La créatrice s'arrête de rire.

- Je vois, et bien madame quand vous vous changerez je veillerai à ce que monsieur ne regarde pas. Et vous monsieur ...

- Elle peut regarder, la coupe Edan, ça ne me dérange pas.

Ses lèvres s'étirent et ses yeux lancent leur lueur malicieuse. Je rougis et je vois en coin que la créatrice sourit.

- Parfait ! Aller, enfilez ça !

Edan se déshabille et quand il se retrouve en boxer, il hausse les sourcils et me regarde. Je baisse la tête. Il s'habille de la tenue et je suis surprise de sa simplicité. Il porte une chemise blanche et un nœud papillon dont la couleure bleue ciel est tellement froide qu'elle tire vers le gris. Sa veste est noire matte tout comme son pantalon et ses chaussures sont noires et très sobres. Je m'approche pour toucher le tissus et je suis étonnée de sa douceur. Je tressaille à la voix de la créatrice.

- J'ai choisi des tissus doux et sobres pour vos deux tenues car pour une valse, le couple doit être en harmonie parfaite. J'ai prit un temps fou à chercher le tissus qui reproduit à la perfection la couleur de vos yeux Aurore, j'espère que l'intention vous plait.

Je suis très touchée d'autant plus que le nœud papillon est magnifique, je ne savais pas que mes yeux avaient ce reflet bleuté.
Edan se déshabille de nouveau et enfile le costume pour le tango. Cette fois-ci il porte un costume bleu marine et une chemise du même gris que le nœud papillon qu'il avait pour le costume de la valse. Il garde toujours les mêmes chaussures noires.
Pour la salsa, son costume est entièrement noir. Sa chemise est matte mais sa veste et son pantalon sont laqués. Le noir de sa tenue lui confère un regard plus ténébreux et plus soutenu qui a le don de me chatouiller l'échine. Le bleu de ses yeux ressort incroyablement bien et je crois que malgré sa simplicité, c'est ma tenue préférée pour lui.
Puis viens finalement mon tour. Lorsque je me déshabille, Edan se tourne docilement mais cela ne l'empêche pas de jeter discrètement quelques coups d'oeil.

- Tu gardes seulement ta culotte, me chuchote la créatrice.

Je me dépêche donc d'enlever mon soutien-gorge et je revêt rapidement la robe imposante que me tend la dame. Elle est unie et elle est de la couleur de mes yeux, selon la créatrice. Elle referme la longue fermeture éclair dans mon dos et je peux me mettre face au miroir qui se situe devant moi. C'est une robe bustier qui forme un cœur au niveau du décolleté en dentelle : cela met ma poitrine un peu trop en valeur selon moi, je n'ai jamais vraiment assumé mes formes. Elle est très cintrée au niveau de la taille puis elle s'évase à partir de mes hanches en formant de beaux volants jusqu'à mes pieds. Elle me fait beaucoup penser à la robe de Cendrillon. Je porte des chaussures plates blanches très sobres et c'est une véritable bénédiction car je n'ai jamais dansé en talons. Je me tourne pour croiser le regard approbateur de la créatrice qui semble fière d'elle puis je tourne la tête pour regarder la réaction d'Edan. Il est bouche bée et je peux simplement voir que cela lui plait par l'étincelle qui scintille dans ses yeux.

- Bien sûr le grand soir tu sera maquillée et coiffée, dit-elle a mon attention.

Puis Edan se retourne de nouveau et je met la robe pour le tango. Elle est blanche et elle possède un dos nus magnifique bordé de dentelle. Le tissu est très souple ce qui lui permet de flotter dans l'air lorsque je tourne sur moi même. Le décolleté est en V et je me sens plus à l'aise dans cette robe que dans la précédente. Edan garde son visage impassible mais je peux deviner la difficulté qu'il a à se contrôler par ses poings fermés et sa mâchoire contracté, il est terriblement sexy et je me surprends même à jouer de mes formes en me penchant ostensiblement ou en cambrant mon dos.
Ensuite j'enfile la robe de la salsa et le style est complètement différent. La robe est entièrement noire, comme pour m'accorder au costume d'Edan et elle est à bretelles, comme la précédente. Mais ce qui me surprend le plus c'est l'effet qu'elle fait sur ma poitrine. Mes seins sont remontés et on voit parfaitement leur forme ronde, le décolleté est aussi très plongeant.

- La salsa est une danse très sensuelle, intervient la créatrice, je me suis donc permise de mettre des push-up au niveau de la poitrine.

Je veux bien concevoir le fait que la salsa soit sensuelle mais de la à m'habiller de façon vulgaire, je trouve qu'il y a une marge. Je continue de m'examiner mais le reste de la robe est très simple, elle s'arrête aux genoux et elle possède une fente sur le côté laissant apercevoir presque tout le côté de ma cuisse. Mais quand je vois que les chaussures sont de grands escarpins noirs, j'ouvre de grands yeux : je vais devoir danser en talons. Je me retourne vers Edan pour chercher son soutien mais ses yeux qui sont devenus noirs par le désir ne s'occupent que de mon corps. Ses jointures sont blanches et j'ai peur qu'il se casse les dents à cause de les serrer trop fort entres elles.

- Je pense que nous avons terminé, dit la dame consciente du malaise ambiant. Monsieur vous pouvez descendre pendant que madame se rhabille.

Edan ne se fait pas prier et descend vite de la mezzanine. La créatrice me glisse à l'oreille :

- Vous avez beaucoup de chance.

Ses yeux parlent d'eux même. Puis elle descend et elle me laisse me rhabiller. Une fois terminé, je descend à mon tour et je rejoins Edan toujours aussi crispé. J'évite de le toucher.

- Quelqu'un vous sera envoyé samedi dans la journée pour vous apportez vos robes, nous sommes chanceux qu'il n'y ait aucunes retouches à faire. Samedi soir vous aurez chacun votre vestiaire ainsi que quelqu'un qui vous aidera à vous changer ça vous va ?

Je fais oui de la tête. Edan semble pétrifié. Je dis au revoir à la créatrice et nous sortons de la boutique. Nous marchons dans le silence et je me décide à dire :

- Edan, ça va ?

Tout se fait très vite, il me colle contre lui et me plaque contre le mur le plus proche. Ses yeux me détaillent comme jamais et il dit d'une voix beaucoup trop pleine de désir :

- Ne dis rien.

Je devrais peut-être avoir peur mais au contraire son état d'excitation est contagieux et je sens quelques bouffées de chaleur. Mais je me calme et comme lundi, je pose une de ses mains sur mon cœur dans le but d'apaiser Edan. Au bout de quelques minutes la lueur brûlante de désir à disparue pour laisser place à l'océan bleu de ses yeux. Il s'éloigne et me prend la main :

- Je suis désolé, mais tu aurais du te voir dans cette robe ...

Je rougis. Le désir qu'il ressent à mon égard est réciproque, je le sens à chaque fois qu'il me touche et parfois j'ai peur de fondre sous la chaleur qu'il fait apparaître en moi. Je n'ai jamais fait l'amour et c'est quelque chose qui m'effraie un peu même si je sais que si je le fais avec Edan, il ne sera pas violent. Finalement nous nous calmons et nous rejoignons le lac. Nous montons sur notre rocher et nous nous asseyons. Il ne fait pas encore nuit. Je décide de m'allonger et Edan m'imite, je me blottis contre lui et j'attends. Je veux que ce soit lui qui décide quand et de quoi il veut me parler. Je ferme les yeux. Les minutes passent sans un bruit et cela est très agréable, il fait assez frais pour une soirée de printemps mais cela ne me dérange pas car Edan me réchauffe. Je l'entend prendre sa respiration et dire à voix basse :

- J'ai toujours vu que les gens me traitaient avec mépris et dédain, mais je ne savais pas pourquoi. Je l'ai découvert l'année de mes quinze ans où j'ai appris que ma mère avait eu une liaison avec un autre homme. Je n'ai pas eu besoin de beaucoup de temps pour me rendre compte que j'étais le fruit de cette infidélité.

Il fait une pause. J'ouvre les yeux mais je ne bouge pas.

- Le gouvernement a décidé de châtier ma mère, je ne sais pas ce qu'elle est devenu mais elle est sûrement morte à l'heure actuelle. Le gouvernement a beaucoup hésiter à me tuer pendant que j'étais encore jeune, mais ils ont réalisé des tests et des simulations et ils ont découvert que je faisais parti des profils qu'ils attendent : robuste, intelligent, et tous leurs autres critères à la con.

Je lève les yeux vers lui mais il fixe le ciel qui commence à s'obscurcir.

- Du coup ils m'ont gardé en espérant me trouver une partenaire à mon image.

Il baisse les yeux sur moi et il me regarde amoureusement.

- Et ils ont trouvé.

Je lui souris et à cet instant, il me paraît plus invincible que jamais. Plus fort et plus beau. J'hésite alors à lui dire, j'hésite à faire sortir ces mots de ma bouche. Et finalement je me penche pour l'embrasser et quand ses lèvres touchent les miennes, je me concentre sur cette pensée et je la répète en boucle dans ma tête : je t'aime.

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