5.
J'ai merveilleusement bien dormi cette nuit et quand je vois Edan ce matin je lui dis :
- Salut, ça va ?
Il mange tranquillement à la table et je suis déçue de voir qu'il est habillé.
- Tu vas être en retard.
Je m'arrête puis je réalise qu'on est vendredi et que je dois être à neuf heures au magasin et il est huit heures trente-sept exactement. Je remonte et je m'habille directement, je ne prends pas le temps de manger, je descends les escaliers précipitamment et j'ouvre la porte. Mais quand je m'apprête à sortir, la main d'Edan me retient par le bras et m'attire à lui. J'ai juste le temps de me retenir en mettant ma main sur sa poitrine et en disant :
- Pas maintenant, je vais être en retard.
Puis je sors en trombe de la maison.
Ma première matinée de travail à été éprouvante. Lucille qui est ma patronne m'a fait faire prendre des photos d'identités, rien de plus basique. Puis elle m'a fait trier des photos que je devais mettre pas ordre de taille. Ensuite elle m'a demandé de l'aider à faire des cadrages pour des photos de bouquets de fleurs. Autant dire que je ne me suis pas ennuyée. Alors quand je rentre ce midi, je suis ravie de trouver un peu de repos.
Edan m'accueille et je vois qu'il m'a attendu pour manger, la table est mise pour nous deux.
- Tu as faim ?
- Oui très ! Dis-je.
- Tu aurais du manger ce matin, me dit-il.
Je roule des yeux et réplique :
- Non j'étais en retard.
- Oui c'est vrai, je n'ai même pas pu te dire bonne journée ...
Ses yeux me transpercent et je me liquéfie. Je baisse la tête.
- Qu'as-tu préparé ?
- Du poisson, dit-il, avec du gingembre il paraît que c'est aphrodisiaque.
Il me sert et je goûte. Ma foi c'est délicieux et je mange tout en un temps record. Nous débarrassons tous les deux et je fais la vaisselle tandis qu'il l'essuie. Une fois cette tâche terminé il me tend la main et me dit :
- On danse ?
J'accepte en prennant sa main tendue dans la mienne et il m'emmène dehors.
Nous nous positionons et sa tenue est beaucoup plus appropriée, je me sens donc plus à l'aise.
Un. Deux. Trois.
Je me souviens que je dois le regarder alors je lève la tête et fixe mon regard sur le sien. Sa main est ferme contre ma taille.
Un. Deux. Trois.
Je remonte ma main gauche sur sa nuque et j'effectue de petits cercles avec mon pouce sur son cou. Je le sens frissonner et c'est à moi de sourire de la situation.
Un. Deux. Trois.
Il me colle un peu plus à lui et je savoure cette sensation en fermant les yeux.
Un. Deux. Trois.
Finalement je pose ma tête sur sa poitrine et je m'arrête. Je l'enlace aussi fort que je peux, je veux me confondre avec lui. Nous sommes maintenant au milieu du jardin, dans les bras l'un de l'autre et je ne veux pas me décoller de lui. Finalement je remonte ma main droite dans ses cheveux et je me délecte de leur toucher doux et soyeux. Les mains d'Edan sont aux creux de mes reins et je suis plaquée contre lui. J'ouvre les yeux pour découvrir ceux d'Edan qui sont brûlants de désir. Je rompt ce moment en m'éloignant, mais avant de repartir pour travailler, je dépose un baiser sur sa joue, j'y reste peut-être un peu trop longtemps.
Puis je me décolle de lui pour de bon et je repars travailler.
Lucille est adorable avec moi, elle me fait beaucoup penser à Mme Desroliers. Cet après-midi, je dois surtout faire des photos d'identité et parfois je rejoins Lucille dans son bureau. Pour parler de tout et de rien. Mais je suis pressée de rentrer ce soir. Edan et la chaleur envoûtante de sa peau me manque. Finalement, Lucille me laisse partir vers seize heures trente et j'arrive donc à la maison cinq minutes plus tard, j'ai marché vite pour rentrer. Quand j'ouvre la porte, tout me paraît calme et je découvre un mot d'Edan sur la table de la cuisine :
Je suis parti travailler, j'ai trouvé un boulot au laboratoire.
Je reviens vers 17h30.
C'est clair, net et précis. Mais je suis très déçue de ne pas le voir. Pour combler le manque, je monte dans la chambre et lui pique un t-shirt qui est imprégné de son odeur j'enlève le mien et enfile de sien. Je redescends et je me fais un thé que je vais ensuite boire dans le jardin. Je m'assoie sur un des fauteuils et je ramène mes jambes vers moi. Le jardin est exposé sud-ouest, il est donc en plein soleil l'après-midi et le soir. C'est un jardin carré assez spacieux entouré d'une clôture en bois assez haute pour limiter le vis-à-vis. Des parterres de fleurs sont au pied de cette clôture. Au fond à gauche se trouve un beau saule pleureure, et au pied de cet arbre se trouve un rocher qui fait office de banc. La terrasse où je me trouve est en bois et elle s'étend sur toute la largeur du jardin. Une pergola est au-dessus de ma tête et à gauche, la terrasse en bois n'a pas d'abris. C'est un jardin très fleuri et le saule apporte beaucoup d'oiseaux que l'on peut entendre à longueur de journée.
Lorsque j'entends la porte s'ouvrir, ma tasse de thé est terminée depuis longtemps.
- Je suis dans le jardin, dis-je à l'intention d'Edan.
Il me rejoint et s'assoit à côté de moi. Je ne le regarde pas, je suis un peu contrariée d'être arrivée ici et qu'il n'y est personne pour m'accueillir. Je sursaute quand son doigt touche ma joue, je me tourne vers lui et son visage affiche la même expression espiègle qui le rend tellement craquant. Je me lève et je vais dans la cuisine, il me suit.
- Tu veux manger quoi ce soir ? Demandé-je.
- Et si on allait dîner en ville ?
Je suis surprise mais j'accepte sans hésiter sa proposition.
- Je vais me préparer, dis-je alors.
Je monte dans la chambre et je choisis une robe à bretelles bleue marine. Le tissus est fluide et il est décoré d'argent au niveau des coutures. Une ceinture au niveau de la taille met en valeur mes formes. Je file sous la douche et j'enfile la robe. Je me maquille en me faisant un léger smoky eye noir et j'enfile des escarpins noirs. Je laisse mes cheveux lâchés dans mon dos. Quand je sors de la salle de bain, Edan m'attend assis sur le lit. Il me regarde profondément, et laisse ses yeux traîner sur mon corps. Je fais de même. Il a revêtu un costume bleu marine aussi et sa chemise blanche semble trop serrée car elle laisse parfaitement deviner ses muscles délicatement sculptés.
- C'est parti, dit-il.
Nous sortons de la maison et nous trouvons rapidement un restaurant. L'intérieur est sobre mais élégant. Edan me prend la main et la chaleur si douce qui m'envahit à chaque fois m'est maintenant habituelle. Un serveur nous installe à une table et nous commandons nos plats.
- Tu es magnifique Aurore.
La sensation de mon prénom dans sa bouche est délicieuse et je réponds.
- Tu es tout aussi magnifique Edan.
Ses sourcils s'arquent et il fait son sourire en coin.
- Ta journée s'est bien passée ? Me demande-t-il.
- Oui et toi ?
- Très bien.
- Je ne savais pas que tu t'intéressais à la science, lui dis-je, que fais-tu au laboratoire ?
- Je trouve que la science est extraordinaire.
Ses yeux bleus sont plongés dans les miens comme pour m'étudier, puis il continue :
- Pour l'instant je ne fais pas grand chose, je nettoie juste les outils et parfois j'étudie une séquence d'ADN, mais c'est tout.
Nos plats arrivent et je commence à couper ma viande.
- Je me disais que demain, j'irai à l'orphelinat pour aller voir une amie, ça ne te dérange pas ?
- Pas du tout, dit-il en souriant, je t'attendrais avec impatience à la maison.
Le repas se poursuit et je lui explique mes principales activités à la boutique. Nous terminons nos assiettes et nous rentrons nous coucher.
- J'ai passé un bonne soirée, dis-je.
- Moi aussi.
Pour lui souhaiter bonne nuit, je m'approche et je l'enlace, comme ce midi. Puis je lui dépose un baiser sur sa clavicule.
- À demain.
- Oui à demain, répond-il.
Puis je monte me coucher.
Je suis en route pour l'orphelinat, il est quatorze heures et c'est l'heure des visites. Je suis pressée de revoir Louise et Mme Desroliers cela fait une semaine tout juste que nous nous sommes quittées et elle me manque beaucoup. À l'accueil, je me présente et j'attend mon tour. Cela fait bizarre d'être ici en tant que visiteur. J'attend depuis maintenant plus d'une heure et je commence à m'impatienter.
- Aurore, annonce une voix.
Je me lève et suis la dame qui me guide jusqu'à la chambre de Louise.
- Aurore !
Louise saute à mon cou et je la serre dans mes bras aussi fort que je peux.
- Tu m'as trop manqué, dis-je.
- Moi aussi, répond-elle, tout se passe bien de ton côté ?
Je souris inconsciemment.
- Oui.
- Aurore ?
- Oui ?
- Tu l'aimes ?
- Pardon ?
- Est-ce que tu l'aimes ?
- Qui ça ?!
- Ben voyons ! Ton partenaire !
- Edan ? Non, non je ne l'aime pas, bien sur que non !
La question ne m'est jamais venue à l'esprit mais en y repensant, ce que je ressens quand il est près de moi est singulier. Des milliers de sensations m'enveloppent et la chaleur torride qu'il provoque en moi me déstabilise presque tout le temps. Mais est-ce ça l'amour ?
- Ne mens pas Aurore, dit Louise soupçonneuse.
Je la regarde et cela suffit. On ne dit rien et elle reprend :
- Mme Desroliers m'a dit que tu avais trouvé un job en tant que photographe ! C'est super !
J'ai encore du mal à me remettre dans la conversation encore surprise de ce qu'il vient de se passer.
- Mais comment à-t-elle su ?
- Lucille, la dame qui t'a embauché, c'est sa sœur !
- Je me disais bien qu'elle me faisait penser à quelqu'un ! Je m'exclame.
Puis nous partons toutes les deux dans un fou rire, cela fait longtemps que je n'avais pas rigolé autant. Nous parlons du monde, de tout et de rien quand vient finalement l'heure de partir. Je l'embrasse et elle me dit :
- Fais attention d'accord ?
Je lui fait signe que oui et je repars en direction de la maison. Il est dix-huit heures je ne savais pas que j'étais restée là-bas aussi longtemps. Ce qu'elle vient de me dire me trouble, je ne sais pas de quoi je dois faire attention. C'est bien un conseil ça ! On nous dit de faire attention, mais on nous dit pas de quoi il faut faire attention. J'ouvre la porte et une bonne odeur me chatouille les narines. Edan m'accueille.
- Est-ce que tu as faim ?
Je fais non de la tête et je dis à Edan que je vais me coucher car je suis fatiguée. Et je ne mens pas. Cette journée était fatiguante. Je reste un long moment sous la douche et après avoir enfilé le t-shirt d'Edan et une culotte je déverrouille la porte et j'attends. Edan ne met pas longtemps à ouvrir la porte à ma place : comme je le pensais il attendait sur le lit. Une larme coule le long de ma joue et je lève les yeux vers Edan qui semble déchiré lorsqu'il me voit comme ça. Il me prend délicatement dans ses bras et me pose sur le lit, je reste accrochée à son t-shirt et je lui chuchote à l'oreille :
- Reste, s'il te plait. Juste cette nuit.
Il s'exécute, se déshabille et me rejoint en boxer dans notre lit. Je m'agrippe à lui et je pose ma tête sur son torse. Je ferme mes yeux et je laisse couler mes larmes. Edan touche mes cheveux doucement.
- Je suis désolée, dis-je en me relevant brusquement, pardon.
Mais sa main me relève le menton et nos yeux sont verrouillés ensemble. Il est magnifique comme ça et je pose ma main sur son torse. Je me rapproche petit à petit de son visage et nos souffles se mêlent. Il passe sa main libre sous mon t-shirt et la pose sur le creux de mes reins. Ses cheveux sont ébouriffés et sa bouche est entrouverte. Sa poitrine se lève et descend doucement à un rythme régulier. Ma respiration se fait lourde et nos nez s'effleurent. Je me perds dans la contemplation d'Edan. Ma main descend lentement vers son ventre et sa respiration devient saccadée je relève les yeux et son regard brûle de désir. Des frissons parcourent son corps et sa main remonte le long de mon dos, mon cœur s'accélère et je crains qu'il explose dans ma poitrine. Edan est à moi tout entier et il me suffit de me baisser de quelques centimètres pour en goûter les plaisirs. Mais les paroles de Louise résonnent dans ma tête et brusquement je tourne la tête et la magie se rompt. Edan retire sa main de mon dos et je me remet à ma place, à sa droite. Nous ne nous touchons plus et mes larmes ruissèlent encore plus fort sur mes joues.
- Qu'est-ce qu'il se passe Aurore ? S'il te plait parle moi.
L'entendre prononcer mon prénom me redonne de la force alors je me tourne vers lui et je dis :
- Je n'ai pas de sœurs. Ma mère est morte alors qu'elle accouchait de moi à dix-neuf ans. Son premier partenaire la battait. Aujourd'hui, je suis allée voir Louise qui à quatre sœur et trois frères. Je me sens seule Edan.
Mon récit fut très bref mais je crois apercevoir dans les yeux d'Edan une lueur que je n'ai jamais vue. Je me rapproche de lui et je me met dans la même position que l'autre soir dans l'herbe. Mes larmes coulent encore. La vigueur et la force de ses muscles puissants me font sentir en sécurité. Je me colle tout contre son flanc et c'est dans cette position que je m'endors finalement en pensant que toute cette comédie doit sûrement être le fait que ce soit la mauvaise période du mois.
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