44.
Aujourd'hui, Anouk m'a promis de m'emmener au musée de la ville. Elle tient à me révéler partiellement dans quel monde je vis. Je dois avouer que je suis un peu nerveuse. J'attends ces révélations depuis longtemps et je suis avide de vérité, mais si tout mon monde bascule de nouveau ? Si mes minuscules repères, même les plus primitifs, étaient totalement modifié ?
Et d'un autre côté, ces révélations sont nécessaires pour que je puisse tout comprendre. Certains éléments m'échappent, et je compte bien sur ce qu'Anouk va me dire pour assembler toutes les pièces du puzzle.
Elle vient me chercher vers dix heures et nous allons manger au musée. Il y a des dispositifs là-bas qui permettent de manger. Je mets donc les nouveaux vêtements que nous avons acheté hier, ça fait du bien de se sentir à l'aise dans nos habits. J'opte pour un style confortable et chaud avant tout, le vent semble faire parti du quotidien ici, et je pense que c'est à cause de la côte.
Lorsque vient neuf heures quarante-cinq, je décide de descendre en bas de l'immeuble car je suis trop impatiente pour rester sans bouger à l'intérieur de mon appartement.
Quand je l'a vois enfin se diriger vers moi, nous nous saluons et elle m'emmène dans le batram. Le voyage est agréable, comme toujours. Nous échangeons des banalités, et elle me prévient rapidement de ce qu'elle va me dire.
- Je pense que ça va te faire un choc. J'ai débriefé vite fait ce matin avec quelqu'un qui a étudié votre ville, et de ce que j'en sais, il y a du chemin. Je me demande comment tu as fait pour prendre les choses aussi bien depuis que tu es arrivée ...
En effet, je me le demande aussi. C'est vrai que j'encaisse les choses relativement bien ... ou du moins, je pense ...
Nous descendons du véhicule, et juste devant nous se dessine un immense bâtiment. Il est construit sur la côte, la plage et la mer se trouvent à l'arrière plan. Une grande pancarte se trouve tout devant, elle porte les inscriptions gravées "Musée municipal de l'histoire d'Utopia". Je me laisse guider à l'intérieur. L'espace est lumineux et spacieux, des guichets se trouvent de chaque côté de l'allée principale.
Anouk m'entraîne dans une petite salle à l'écart où nous nous retrouvons seules. Une unique table trône au centre de la pièce et les murs blancs rendent l'ensemble peu attrayant.
- Je sais que c'est un peu impressionnant tout ça. C'est très solennel, mais ne t'inquiètes pas, tout va bien se passer.
J'hoche la tête. Je ne sais pas combien de fois elle m'a répété "Ne t'inquiètes pas" ou encore "tout va bien se passer" depuis que je la connais, mais je suis sûre que c'est la chose qu'elle m'a le plus dit.
- J'espère, chuchoté-je.
- Je vais commencer par te passer une petite vidéo représentant la géographie de notre monde. Tu en connais les bases, mais tu n'as pas tout appris. Et il me semble que tu ne voyais pas un planisphère tous les jours.
Il me reste un vague souvenir du jour où notre professeure nous avait présenté la carte du monde, mais je chahutais avec Louise dans le fond de la classe, l'image est donc extrêmement floue.
Soudain, la lumière s'éteint, et une image est projetée sur le mur. C'est une vision aérienne du musée. Au fur et à mesure, l'objectif s'éloigne ce qui nous laisse voir une vision plus large de la ville. Je distingue l'océan à gauche qui paraît presque noir, et les gros immeubles écrasé. L'image s'arrête.
- Je vais stopper la vidéo quelques fois pour que je te donne quelques repères, dit Anouk en se levant pour se positionner à côté de l'image. Comme tu peux le voir, l'océan se trouve ici. C'est l'océan atlantique.
ce nom me dit quelque chose, mais je décide d'arrêter de me poser constamment des questions. A l'heure actuelle, mon rôle est d'écouter.
- Tu n'as pas eu l'occasion de visiter Utopia en long et en large, tu connais beaucoup plus ton appartement ou le centre de soin. Mais la ville a été reconstruite sur des ruines de la ville qui s'appelait anciennement Bordeaux. La localisation n'est pas exactement celle-ci car depuis le temps, il y a eu la montée des eaux, mais je ne vais pas t'embrouiller avec ça pour le moment !
Je m'en tiens à ma résolution de ne rien dire. Pour l'instant, je ne connais pas grand chose de ce qu'elle me dit. J'acquiesce juste.
Elle remet ensuite la vidéo en route. La vue s'éloigne de plus en plus, et à présent, le musée n'est qu'un ridicule point entouré de gris sur l'image. Le reste est soit bordé par l'océan, soit entouré de végétation. Au nord de la ville est marécageux ; des taches bleues représentent l'eau. Lorsque la vue est suffisamment haute. elle stoppe de nouveau la vidéo. Des lignes rouges coupent des parcelles de terres.
- Ton ancienne ville de trouve ici.
Elle pointe un point sur la carte, au-dessus d'un relief que je devine être l'endroit où les Sauvages s'abritaient.
- Elle se nomme Rarya.
Cela me fait comme un choc. Rarya. Voilà comment s'appelle la ville dans laquelle j'ai vécu toute ma petite vie et qui n'a cessé de déblatérer des conneries à tout le monde. Et qui continue à le faire.
- Rarya, répété-je en chuchotant.
Anouk me regarde avec attention, mais je suis fixée sur la carte. Maintenant que je peut nommer vers où se dirige ma colère, je me sens un peu plus puissante. J'ai le sentiment qu'avec cette seule information, je peux faire quelque chose pour tous les habitants emprisonnés dans cette cage.
- Elle s'est construite sur les ruines d'un ville pas très loin de Clermont-Ferrand. Il n'y a que ces deux villes en France. Le reste de la population mondiale est concentrée en Amérique du Nord, au Japon, et dans le nord de l'Europe.
Je ne comprends pas grand chose de ce qu'elle me dit, et je me contente de faire un mouvement continu d'hochement de tête. Elle remet ensuite la vidéo en marche. La caméra s'éloigne de plus en plus, et finalement, je vois le globe tout entier. La sphère qu'est la Terre est presque entièrement bleue.
- Le réchauffement climatique a fait fondre presque la totalité des glaces de l'arctique, entraînant la montée des eaux, et la disparition de beaucoup de petites îles. Mais aussi à cause du réchauffement climatique, les pays désertiques ou très chauds ont rapidement été fuit. L'Afrique, l'Australie, etc ... Les Hommes se sont assemblés dans le nord, où la température est plus supportable.
Mes yeux restent fixés sur la carte. Elle n'est pas très différente de mon souvenir.
Mais ces révélations provoquent en moi un torrent de questions. En quelle année sommes-nous ? Combien d'Hommes restent-ils sur a Terre ? Quelle est la source de la pandémie ? Je commence à prendre ma respiration pour poser à Anouk ces questions qui me perturbent, mais elle me coupe d'un geste de la main.
- Je sais que ut as beaucoup de questions, mais pour l'instant, je ne peux pas tout te révéler. Je dois faire par palier pour ne pas que tu confondes toutes les informations. Aujourd'hui, je vais simplement te donner les repères géographiques et temporels.
Je m'enfonce dans le siège peu confortable, plutôt déçue.
- Je ne sais pas vraiment ce que Rarya vous disait à propos de la Pandémie et de la date, mais ils ont surement modifié quelques informations. Tout d'abord, la Pandémie est apparue au vingt deuxième siècle, en 2106 exactement. Les Hommes se sont organisés pour survivre et il s'est passé plusieurs siècles avant que nous trouvions un système efficace qui convenait à tout le monde. Et aujourd'hui nous sommes en 2451.
Je reste bouche-bée. Rien n'a jamais été aussi clair et défini dans ma tête. Et ce n'est que le début des révélations.
Mais ces révélations provoquent en moi une profonde tristesse et un nouvel élan de colère contre Rarya.
- Quel est le but de Rarya ? Je demande. Pourquoi font-ils ça ?
Anouk prend une grande inspiration.
- Beaucoup de choses se sont passées entre la fin de la Pandémie et aujourd'hui. Si au début, nous arrivions à peu près à faire régner un semblant de paix dans le monde, l'anarchie est vite arrivée ... Beaucoup de villes comme Rarya ont décidé de vivre en autarcie pour éviter de faire des choses qui ne leur plaisaient pas. Et puis nous nous sommes rendus compte que ces villes qui ne donnaient plus signe de vie complotaient contre les autres villes. Mais cela fait très peu de temps que nous le sachons. Nous aurions pu réagir avant, mais pour être honnêtes, elles ne semblaient faire de mal à personne ...
- Faire de mal à personne ?! M'écrié-je. Vous n'avez pas eu l'idée plus tôt de réagir ?!
- Calme toi Aurore ! Je n'y peut rien, et maintenant, tout le monde regrette ce que les villes ont fait. Mais ces siècles n'ont pas été ponctué de moments joyeux. Il y a eu la guerre. Il y a eu des massacres. Personne n'était d'accord, et les Hommes ont continué de faire des choses horribles pour en arriver là ! Quand une ville ne donnait plus de nouvelles, cela signifiait qu'un semblant d'ordre était établi. "Pas de nouvelles, bonnes nouvelles".
Je suis foncièrement outrée par ses paroles, mais je suis consciente que ma colère ne doit pas se diriger vers elle. C'est vrai qu'elle n'y peut rien. Je tente de me clamer, mais l'image de Louise semble être collée sur mes paupières.
- Louise, il faut que je parle à Louise. S'il te plait ! J'en ai besoin. Je n'ai pas de nouvelles d'elle depuis que je suis partie. Quelque chose ne va pas, je le sens ! S'il te plait Anouk, laisse moi parler à Louise !
Je sens des larmes perler dans mes yeux. L'émotion, la peur, l'angoisse, la tristesse, tous ces sentiments se font ressentir dans ma voix, dans mes yeux. Je ne vais pas tenir si je n'ai pas rapidement des nouvelles d'elle. Anouk me regarde avec pitié.
- Je ne peux faire grand chose, je suis désolée Aurore ... Mais je vais essayer de convaincre mes supérieurs, je comprends que ce soit important pour toi ...
- Je t'en prie, insiste.
- Je vais le faire, dit-elle.
Je me lève et elle s'avance vers moi pour me prendre dans ses bras. J'avais besoin de pleurer sur l'épaule de quelqu'un. Tout ce qui est resté enfermé dans ma boite crânienne s'échappe en un torrent de larmes.
Louise me manque. J'ai l'impression de perdre Edan. J'ai l'impression de perdre Jude.
J'ai fait une succession de mauvais choix, et voilà où tout ça me mène. Finalement, ma vie a basculé le jour des tests.
Et dire que j'étais presque pressée de rencontrer mon partenaire.
Comment pouvais-je me dire que ça allait se terminer ainsi ?
J'aurais aussi voulue ne jamais tomber enceinte, pour ne pas avoir à faire de choix. Je me sens vide, sans le soutiens de personne. Edan et Jude sont tous les deux occupés. Je vais partir en mission samedi.
Tout s'embrouille dans ma tête.
Une fois de retour à mon appartement, je prends le temps de me doucher. Une longue douche chaude qui a le mérite de me faire oublier un tout petit peu le merdier dans lequel je suis. J'enfile ensuite des vêtements confortables. Je n'ai rien à faire, et je ne veux rien faire. J'attends juste le moment où je verrai Edan et où je verrai Jude à la réunion.
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Hey !
Un chapitre plutôt court aujourd'hui ... Mais rempli de révélations ...
J'avoue que je ne sais pas trop quoi en penser, je vous laisse donc le privilège de me dire comment vous le trouvez :)
Bisous et bonne journée !! :D
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