42.

En me réveillant ce matin, je suis tout de suite prise d'une euphorie que j'ai du mal à contenir. Je vais enfin quitter le centre de soin et pouvoir m'installer dans mon appartement. Les préparatifs se font rapidement car je suis venue sans effets personnels et tout ce que j'avais emporté chez les Sauvages est resté au village. Il est neuf heures quand Anouk entre dans ma chambre, elle semble tout aussi excitée que moi.

- Alors, prête à découvrir le monde ? Me demande-t-elle.

- Prête ! Je réponds.

Nous nous assurons que la chambre est rangée et dans un bon état, puis nous sortons pour nous diriger vers l'ascenseur.

- Par quoi tu veux commencer ?

- Mon appartement ! Dis-je sans hésiter. J'aimerais rendre visite à Edan après.

Anouk me fait un sourire charmant mais réservé.

- Il habite juste face à ton appartement, sur le même palier. Les conseillers ont jugé bon de ne pas trop vous éloigner. En revanche Jude occupe un appartement sur un étage différent, mais cela ne change pas grand chose.

Mon sourire s'élargit. J'ai l'impression que je vais partir en voyage alors que je vais simplement découvrir mon nouveau lieux de vie. Le paysage que nous voyons depuis l'ascenseur est tout aussi beau que l'autre jour, d'autant plus qu'un grand soleil éclaire Utopia.

Lorsque nous arrivons enfin au rez de chaussé et que nous franchissons les portes du centre, nous sommes frappées par un vent glacial, heureusement qu'Anouk m'a apporté des vêtements chauds. Tout est beaucoup plus impressionnant vu de la terre ferme. La grande route face à la sortie est uniquement réservée aux piétons. Elle est bordée de grands arbres aux feuilles jaunies à cause de l'automne. Certains se déplacent en vélo ou même à pieds, mais la plupart des personnes attendent le "train flottant". La route semble se prolonger à l'infini vers la droite alors qu'elle est dans un grand tournant vers la gauche.

L'air iodé s'infiltre dans mes poumons et le vent sec se calme avant de reprendre dans de grandes bourrasques. L'odeur salée de la mer inonde mes narines et me brûle presque la gorge. Anouk continue d'avancer devant moi alors que je reste en retrait, le temps d'admirer le grand bâtiment qui se dresse devant moi. Je baisse ensuite les yeux pour observer avec plus d'attention les gens. Ils marchent vite, la tête haute et ils ont tous plus ou moins le sourire aux lèvres. Ils sont heureux, c'est le mot. Je ne me souviens pas avoir croisé des gens aussi heureux dans ma ville.

- Tu veux y aller en batram ou à pieds ?

Je sursaute presque à l'entente de sa voix. Je regarde ensuite Anouk qui attend ma réponse.

- Pardon ? Dis-je.

- Tu préfères prendre ça, dit-elle en pointant de "train flottant", ou tu préfères y aller à pieds à ton appartement ? Ce n'est pas tout près, mais c'est acceptable.

Elle ponctue la fin de sa phrase avec un énième sourire.

- Le train flottant, dis-je comme toute réponse.

Elle pouffe de rire.

- Le train flottant ? Tu as de l'imagination dis donc ! On appelle ça le "batram". À l'époque, les Hommes utilisaient un type de transport qui s'appelait le "tramway". Comme nous sommes une ville eau, nous avons retravaillé la chose et nous avons rebaptisé le terme : batram. Bateau, et tramway. Je ne vais pas t'expliquer son fonctionnement, c'est un peu trop compliqué pour moi, mais je t'emmènerais dans le musée de la ville un jour, tu vas y apprendre pleins de choses. Tout ce que je sais, c'est que ça avance avec un système de pistons ...

Pendant qu'elle parle, je regarde le batram arriver, puis repartir dans un mouvement souple et rapide, un peu à la façon d'un oiseau qui s'envole, sauf que là, nous sommes sur la terre ferme.

Nous nous approchons du quai pour attendre l'autre batram qui va arriver. Je reste ouche-bée devant la petite partie de la ville que je viens de découvrir. Et ce n'est que le début.

Quand le batram arrive devant nous, de grandes portes s'ouvrent et des dizaines de personnes descendent, vient ensuite notre tour de monter. Le sol du train est transparent, ce qui me permet de voir l'eau en-dessous.

Anouk me tire par le bras à travers la foule pour que nous puissions nous asseoir à des places confortables. Elle me pousse du côté de la vitre et je me dépêche de m'asseoir car le train commence à avancer rapidement. La ville que nous traversons semble être une mosaïque de bâtiments et de couleurs telles que le jaune, le orange ou le rouge dû aux feuilles qui parsèment son sol. La plupart des immeubles sont immenses et semblent entièrement construits de verre. Ils passent très rapidement sous mes yeux à cause de l'allure du batram.

- Nous sommes bientôt arrivées, me glisse Anouk après plusieurs minutes de voyage.

Nous descendons donc en nous frayant un chemin à travers les passagers et nous sortons du véhicule. Je n'ai aucun repère dans cette ville et Anouk semble l'avoir remarqué.

- Le batram circule en zig-zag dans la ville. Si tu prends les rues qui se trouvent entre les bâtiments à pieds, tu relies l'avenue de la ville où circule le batram.

En effet, entre les bâtiments se trouvent de jolies petites ruelles entourées d'arbres et de fontaines. Des bancs sont disposés de chaque côtés.

- Mais ton appartement à toi, c'est celui-là ! Dit Anouk en me prenant les épaules pour me faire pivoter.

Après le départ du batram, je peux observer librement et sans obstacle la façade qui s'offre à ma vue. Contrairement aux autres bâtiments que j'ai déjà vu, celle-ci n'est pas entièrement recouverte de fenêtres. Nous sommes obligées de traverser les rames du batram pour être du bon côté et nous entrons ensuite dans le bel immeuble. Le hall d'entrée est très épuré mais sans être dépourvu de chaleur. Une hôtesse se trouve derrière l'accueil, comme si nous étions dans un hotel.

- Bonjour, dit cette dernière. Puis-je vous aider ?

- Bonjour, répond Anouk. Nous avons l'appartement 1568, il est normalement au nom de Aurore, mais elle n'a pas encore d'identité.

- Oui tout à fait, on m'a prévenu. Allez-y.

Je me rapproche de l'accueil pour prendre les clefs que me tends la dame et je suis ensuite Anouk dans l'ascenseur. Comme celui du centre de soin, il est complètement ouvert sur la ville. Nous montons les quinze étages en silence et nous arrivons dans un couloir bien éclairé.

- Ton appartement est sur la gauche, me dit Anouk, et celui d'Edan est juste face au tien, il a le numéro 1569.

J'hoche la tête et tente de la suivre car elle marche plutôt vite. Elle s'arrête enfin devant une porte où le numéro de mon appartement est affiché en chiffres argentés.

- À toi l'honneur.

Je mets la clef dans la serrure et tourne le loquet, avant de pousser la porte. La pièce dans laquelle j'arrive est baignée de lumière et un mur rempli de vitre est face à l'entrée. Sur la droite se trouve le salon et à gauche la cuisine. La grande table est jute entre le canapé et les chaises du bar de la cuisine. Il y a une porte sur le mur où est accrochée la télévision et je devine qu'elle mène à ma chambre ou ma salle de bain. La pièce est décorée avec goût et les accessoires ont été choisi consciencieusement. Au sol, c'est un magnifique parquet foncé, couleur ébène, qui est disposé dans toute la grande pièce. La cuisine est grise et les petits électroménagers sont argents. La table de la salle à manger est en bois gris et un superbe bouquet de lys blancs prône en son centre. Le canapé est en cuir blanc et la table basse me paraît être en verre. Les murs sont tous blancs, excepté celui où se trouve la télé qui est lui gris très clair.

- C'est génial, dis-je en continuant d'admirer mon nouveau chez moi.

- Vas voir ta chambre, me conseille Anouk qui pointe la porte que j'ai vu tout à l'heure du doigt.

Je ne me fais pas prier, et je vais l'ouvrir. Je tombe sous le charme de la pièce directement. Un grand lit deux places occupe la majeure partie de l'espace. Une commode est sur le mur opposé. A gauche, un fenêtre se dessine discrètement sur le mur. Elle n'est ni trop grande, ni trop petite : elle laisse simplement passer le peu de lumière qui suffit à éclairer la pièce. Une multitude de coussins est placée sur le lit, je ne suis même pas sûre qu'il reste de la place pour moi ! Une grande armoire se trouve sur le mur opposé à la fenêtre. Un lambris blanc recouvre l'intégralité des murs, ce qui donne un esprit cocon très agréable. J'adore ma chambre.

Une porte est placée à droite du lit et je m'empresse de l'ouvrir. Elle mène à ma salle de bain. Celle-ci ressemble beaucoup à celle que nous avions Edan et moi à la ville : deux vasque sont à droite et une grande douche à l'italienne se trouve face au miroir.

Je retourne chercher Anouk qui m'attend patiemment dans le salon.

- C'est magnifique ! Je vais vraiment me plaire ici !

- J'espère bien ! Remarque-t-elle. Tu as un super appartement !

Elle rigole et je la rejoins dans ce fou rire libérateur. Je m'affale à ses côtés sur le canapé.

- Je vais t'expliquer comment ça marche, déclare-t-elle ensuite. Tu n'as pas de frigo, mais juste une fontaine qui va te délivrer ton gobelet chaque matin, à huit heures, midi, et vingt heures. Il est possible de prendre quelque chose à seize heures car après quatre heures sans manger, on se sent un peu raplapla.

Elle me fait un clin tout en me désignant la super fontaine qui va me nourrir en me faisant ingurgiter du vomi toutes les quatre heures.

- Ensuite, tu as l'interphone, juste là. Il permet d'appeler l'accueil si tu as un soucis, une fuite d'eau par exemple. Et tu peux aussi contacter les autres résidents de l'immeuble. Il suffira de taper le numéro de leur chambre, et hop ! Tu les as au bout du fil. Tu peux aussi me contacter, je t'ai laissé mon numéro dessus.

Cela me fait bizarre de me dire que je peux appeler des gens. A la ville, on nous a toujours dit que les satellites n'étaient plus accessibles et que nous ne pouvions donc pas faire ce genre de manipulations. Mais je pense finalement que les satellites ne sont pas accessibles pour eux.

- Bon, il est onze heures, je vais devoir y aller ! Prends le temps de tout explorer mais préviens moi à chaque fois que tu te rends quelque part, je suis censée te surveiller. Au fait, il y a une réunion cette après-midi pour tous ceux qui désirent aller au village Sauvage. Je viendrai te chercher alors tache d'être dispo !

Elle se lève du canapé et s'en va vers la porte d'entrée.

- À plus Aurore !

Elle ouvre ensuite la porte et sors de mon appartement.

Voilà.

Je suis chez moi. Avec une nouvelle vie, et tout un tas de choses à accomplir.

***

Une fois que j'ai exploré les moindres recoins de mon appartement, je décide de prendre un nouvelle douche pour ensuite appeler Edan ou peut-être même aller le voir. Je n'ai pas de nouvelles de lui depuis quelques jours et cela m'inquiète un peu ...

J'expérimente toutes les températures et les modes que m'offre la douche, en passant par le massage intensif et la douche de vapeur. Comme ma garde robe est encore très limitée, j'essaie de faire des assemblages astucieux, mais sans grands résultats. Je sèche mes cheveux correctement et je me maquille un peu grâce aux produits que m'a gentiment laissés Anouk. Tout est terminé à midi moins le quart.

Je vais donc vers l'interphone et je décroche le combiné pour taper le numéro "1569". Je confirme l'appel et j'attends quelques tonalités. Quand je pense enfin que je vais entendre la voix d'Edan, c'est finalement un son monocorde qui parle.

- L'interlocuteur que vous cherchez à joindre n'est pas disponible pour le moment.

Un gros bip résonne dans mes oreilles et la ligne est coupée. Je mets quelques secondes à comprendre qu'Edan n'est pas chez lui. Toute la joie que je m'étais faite s'est évaporée en un claquement de doigts. Toutes sortes d'interrogations traversent mon esprit. Où est-il ? Avec qui ? Pourquoi ? Je regrette de ne pas lui avoir demandé de venir me chercher. Mais je suis aussi vexée qu'il n'ait pas non plus cherché à me contacter.

Je raccroche le combiné et je vais m'asseoir dans le canapé. Je ne sais pas quoi faire. Attendre puis rappeler Edan est la solution que j'envisage rapidement. En attendant, j'allume la télé et je zappe avant de l'éteindre, agacée par les émissions que je ne trouve pas intéressantes.

À midi frappante, une petite sonnerie se fait entendre, et je comprends que c'est l'heure de manger. Je me lève péniblement pour aller chercher le gobelet qui m'attend, et je vais m'asseoir sur un tabouret du bar. Je bois avec autant de difficultés que la première fois ma Boisson, et c'est avec soulagement que je la termine enfin.

Ne sachant toujours pas quoi faire, et étant encore très fatiguée, je décide de faire une sieste. Je m'allonge sur l'immense lit confortable et je m'endors très rapidement.

***

Alors que je me fais poursuivre par une horde de choux en colère, la sonnette de mon appartement retentit et je me réveille en sursaut. En regardant furtivement l'heure, je vois que le réveil sur la table de chevet indique treize heures trente.

Je me lève dans un bond et je vais ouvrir la porte.

- Tu es prête ? Me demande Anouk.

N'étant pas encore tout à fait réveillée, je commence par me demander de quoi elle parle, et puis la réunion me revient en tête. Je secoue la tête et presse mes paupières pour chasser les petites étoiles qui apparaissent devant mes yeux.

- Oui, j'arrive j'arrive. Je dois juste enfiler des chaussures et mon manteau.

- Je t'attends !

Nous sortons du bâtiment et nous prenons le batram pour rejoindre le Conseil de la Paix qui se trouve juste à côté du Centre des Soins. Durant le trajet, mes paupières se font lourdes et j'ai du mal à rester pleinement consciente.

Quand nous arrivons à destination, je ne suis pas surprise par l'allure du bâtiment. Il est en verre et très imposant avec "Centre de la Paix" marqué en gros au-dessus de l'entrée. Nous traversons le hall et nous prenons l'ascenseur pour arriver à un étage. Anouk me conduit jusqu'à une salle qui ressemble beaucoup à celle dans laquelle la première réunion a eu lieu. Je repère Jude qui semble assis à la même place que l'autre fois et je veux me mettre à côté de lui mais il est déjà entouré d'autres personnes. J'essaie donc de voir où se trouve Edan mais je ne le vois pas. Les têtes se tournent finalement vers moi, et tout le monde remarque ma présence. On m'invite à m'asseoir à côté d'un jeune homme que j'ai déjà vu au village Sauvage mais avec lequel je n'ai jamais parlé. Anouk se met en retrait derrière moi.

En vrai, cette salle est beaucoup plus grande. Le cercle que les tables délimitent est plutôt large ce qui nous permet de voir chaque visage. Jude est vers ma gauche et nous échangeons un bref sourire avant de nous concentrer. Son attitude distante me chagrine, mais après tout, c'est moi qui lui ai imposé ce comportement, il ne fait que respecter le pacte que nous avons scellé. Un vague fourmillement me traverse quand je sens une présence passer derrière moi. Je n'ai pas besoin de réfléchir bien longtemps avant de savoir que c'était Edan, en effet, il est le seul à me procurer ce genre de sensations. Je me retourne donc brusquement mais je ne vois que son dos car il semble aller s'asseoir à l'autre bout de la pièce, là où des places sont libres. Je le regarde désespérément, en priant pour qu'il lève ses yeux froncés pour croiser mon regard, or, il ne le fait que lorsqu'il est installé, et c'est à ce moment que les Conseillers entrent dans la pièce, réquisitionnant ainsi l'attention de tout le monde, moi y compris. Ils viennent s'installer rapidement à leurs places et je reconnais les mêmes Conseillers que l'autre jour.

- Bonjour, dit monsieur Marschal. J'espère que votre adaptation se passe pour le mieux.

Il empreinte une voix mélodieuse et revêt un sourire charmant. Je ne sais pas vraiment quel âge il peut avoir, mais je lui donne la quarantaine. Les autres Conseillers nous gratifient aussi d'un sourire accueillant. Je suis étonnée de les voir aussi sûrs d'eux, mais cela nous permet de nous mettre en confiance.

- J'ai tenu à tous vous convoquer aujourd'hui pour effectuer un simple sondage, j'aimerais savoir qui désire venir ou pas à cette mission. Mais avant toute chose, je tiens à vous expliquer brièvement les principes d'Utopia. Comme je vous l'ai déjà dit, nous sommes les Conseillers qui représentent donc un Conseil. Comme l'autre jour, je suis accompagné des Conseillers de l'identité, de la protection et de la paix, respectivement madame Hamard, monsieur Bonjan et monsieur Russot.

Il les désigne au fur et à mesure de la main, et chaque Conseiller appelé nous offre un sourire confirmant ainsi la désignation de monsieur Marschal.

- Les habitants d'Utopia sont tous enregistrés dans un fichier, où figurent leur date de naissance, leurs différentes pathologies ou encore leur description. Tout ça dans le but de les protéger. Etant de nouveaux habitants d'Utopia, une fiche vous concernant devra être créée, et pour cela, il nous faut un échantillon d'ADN. À la fin de cet réunion, je veux donc que vous laissiez un médecin prélevez votre salive, et vous effectue une prise de sang.

Il nous regarde d'un air grave pour souligner l'importance de ses propos. Je ne doute pas un instant que quelqu'un osera défier son autorité. Il nous fixe encore pendant quelques secondes avant de reprendre un air plus décontracté.

- Le rôle de cette réunion est de vous informer du but de la mission et de pouvoir récolter les candidatures pour ceux qui souhaiteraient accompagner les équipes sur le terrain. Je sais que la majeure partie d'entre vous ne souhaiteront pas y aller, mais je pense qu'il est de votre droit de savoir quel va être le sort de votre ancien village. Pour cela, je vais laisser la parole à mon collègue.

L'homme à sa gauche se lève, et une image se matérialise au centre des tables. C'est une image aérienne représentant le village.

- Je suis donc Daniel Russot, le Conseiller de la Paix. Mon rôle est d'encadrer l'armée d'Utopia et de gérer ses actions. Je suis le dirigeant des opérations qui vont se passer samedi.

Ses bras sont croisés sur sa poitrine et ses cheveux noir jais affirment sa carrure carrée et imposante. Il se racle la gorge élégamment.

- Pour vous expliquer plus clairement ce qu'il s'est passé, des espions ont infiltré le camp des Sauvages et ont révélés sa position au Gouvernement de votre ville. Ainsi, il a pu établir un plan pour vous capturer et vous ramener dans leur ville. Sauf que nous avons été plus rapides qu'eux, et nos infiltrés nous ont prévenus de ce que prévoyait le Gouvernement. Nous avons pu sauver in extremis quelques Sauvages, mais je ne vous cache pas que la mission fut un peu plus compliquée que prévue. Nous souhaitons donc dans cette nouvelle mission refaire un état des lieux du village Sauvage.

Plus son discours gagne en longueur, plus son intonation de voix augmente. Il cherche notre attention et il est inutile de préciser que tout le monde est pendu à ses lèvres. De plus, il argumente ses propos en nous désignant différents points du village lorsqu'il en a besoin.

- Cette mission consistera principalement à rechercher d'autres survivants et à sécuriser les lieux. Nous voulons être sûrs que le Gouvernement est bel et bien parti. En revanche, nous ne souhaitons en aucun cas le provoquer, s'il s'avère que nous tombons dans une embuscade, une équipe de secours sera immédiatement envoyée, mais les armes devront seulement être utilisées en cas d'urgence ! Notre technologie étant beaucoup plus développée, nous ne devons pas prendre le risque de mettre le Gouvernement en colère. Cela pourrait créer une offensive de leur part, et un conflit pourrait en résulter ce qui équivaudrait à beaucoup de perte de leur côté. Et nous ne voulons pas d'une boucherie.

Ses mots ont un impact fort, on devine à travers ses paroles que la situation est tendue et que malgré son apparence sereine, monsieur Russot est sérieux et assez nerveux. Mais il a de quoi car en effet, cette mission semble être délicate.

- Je ne vais pas rentrer dans les détails, une autre réunion sera prévue dans la semaine pour apporter plus de précisions et peaufiner la mission. Cette réunion sera exclusivement réservée à ceux qui veulent faire partie de cette mission, alors je pose maintenant ma question : qui est volontaire ?

Je regarde vaguement autour de moi. Nous nous scrutons tous. Dans le coin de mon œil, je vois mon voisin lever la main, s'en suit Théo qui se porte volontaire aussi. Et puis, mon regard croise enfin celui d'Edan qui semble me prier de ne pas lever la main. Pourquoi ne se porte-t-il pas volontaire ? Je détourne les yeux de lui pour regarder Jude, qui me scrute avec une attention particulière. Jude a levé la main dès qu'il a observé un mouvement de la mienne, révélant mon intention de partir. Quand mon bras a rejoins les airs, mon regard tombe de nouveau sur celui d'Edan qui me supplie de le baisser. Je fronce les sourcils pour l'interroger, je veux lui demander de vive-voix pourquoi il ne souhaite pas aider les autres Sauvages ? Pourquoi, même en sachant la vérité sur notre ville, il ne veut pas aider Utopia à retrouver la paix ? Mais notre échange muet est interrompu par Daniel qui dit :

- Cela fait quatre, merci pour votre aide. Nous nous reverrons un autre jour.

Cela semble marquer la fin de la réunion car tout le monde se lève et je suis poussée vers la sortie où un médecin saute sur moi pour prélever ma salive et un échantillon de mon sang.

Quand je ressors de la petite salle, j'atterrit dans le couloir et Edan se tient devant ma porte. Mon cœur rate un battement. J'ai l'impression que ça fait une éternité que nous ne nous sommes pas parlé.

- Aurore ! Dit-il en se rapprochant vivement, les sourcils froncés. Pourquoi tu as fait ça ?

Il entoure mes joues de ses mains, et cela fait du bien de sentir sa peau contre la mienne. Voyant que je ne réagis pas, il se penche pour déposer furtivement ses lèvres sur les miennes.

- Pourquoi tu as fait ça ? Tu n'étais pas obligée.

Je baisse les yeux. Ce n'est pas qu'affronter son regard est dur, mais en le voyant aussi proche de moi, je m'en veux soudainement de ne rien lui avoir dit.

- Je dois faire quelque chose, confié-je. Pour Louise, Nhoa et leur enfant. Je ne veux pas qu'elle reste dans l'horrible mensonge qu'elle vie.

Il me serre dans ses bras et je l'entends dire :

- Tu m'as manqué. Pourquoi es-tu restée aussi longtemps à l'hôpital ?

Je ne me dégage pas et je me contente de lui répondre :

- J'avais perdu trop de poids.

Il me serre encore un peu plus puis redépose un petit baiser sur ma bouche, puis il ajoute avant de partir :

- Je t'emmène à la plage demain.

Je n'ai même pas le temps de répondre qu'il a déjà disparu.

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Hey ! :)

Long chapitre pour aujourd'hui ! Toutes les descriptions ont allongé mon texte et j'espère qu'elles n'ont pas été trop ennuyantes ...

Bref ! Que pensez-vous de l'évolution de l'histoire ?

On prend un nouveau tournant avec ce chapitre et je suis hyper excitée d'écrire et de poster les prochains chapitres ! :D

Comme d'hab', j'espère qu'il vous a plu, et n'oubliez pas de laisser une petite trace de votre passage ! ;)

Bisous ! :)

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