16.
En ce Jeudi matin, je m'attaque au nettoyage du couloir trois, je ferai le couloir quatre cet après-midi. L'étage ne m'intéresse pas du tout, la plupart des portes cachent des débarras minuscules. Je me demande bien pourquoi je dois faire le ménage à l'intérieur. En passant devant une pièce du couloir deux, j'entends des voix à l'intérieur. Je regarde l'insigne de la pièce et il y est gravé en lettre d'or :"Bibliothèque". Je me rapproche discrètement pour coller mon oreille à la porte, mais je ne perçois que des bruits étouffés. La bibliothèque est la seule pièce fermée qui a réellement attirée mon attention, j'imagine toutes les informations qui doivent se trouver à l'intérieur. Tous les livres d'histoire qui racontent notre vie avant. Toutes les réponses à mes questions et celle d'Edan. Soudain les voix se taisent, alertée je continue mon chemin et je presse le pas. Lorsque j'arrive dans le couloir trois, je commence à faire le tour des pièces. Faire le ménage n'est pas une activité que j'affectionne particulièrement, mais le fait de savoir que j'ai un but me donne la motivation nécessaire pour continuer sans rechigner. Aucune des pièces de ce couloir ne sont fermées, il n'y a donc sûrement rien d'intéressant ici. Je pousse mon chariot pour aller dans le couloir quatre mais la sonnerie annonçant le repas m'interrompt. Je le range sur le côté et je descends au réfectoire où je retrouve les jumeaux qui sont déjà installés.
- Salut Aurore ! Me lance Samuel.
- Salut les enfants du soleil, je réponds pour les deux.
Judith me fait un sourire resplendissant et tapote la place à sa gauche pour m'inviter à m'asseoir.
- Alors comme ça, on bosse que le mardi et le jeudi ? Me demande-t-elle.
- Oui c'est ça, souris-je.
Nous entamons nos repas et je décide de leur parler de la bibliothèque.
- Tu sais, au troisième aussi il y a une bibliothèque, dit Judith, et elle est toujours fermée.
- C'est curieux non ?
Les jumeaux haussent les épaules. Face à leur manque d'enthousiasme, je ne sais pas quoi dire.
- J'ai entendu des voix à l'intérieur.
Ils lèvent la tête en même temps et fixent leurs yeux sur moi.
- Des voix ?! Comme des fantômes ?! S'écrie Samuel.
Je roule mes yeux.
- Non, des voix comme des gens.
- Tu as entendu ce qu'ils disaient ? Demande Judith.
Je secoue la tête.
- Non, mais à un moment, ils se sont tu. Je n'entendais plus rien.
Judith arbore une expression suspicieuse mais n'ajoute rien. Il va devoir que je me débrouille seule pour élucider ce mystère. Mais finalement, ce sont peut-être simplement des gouverneurs qui recherchaient des informations. Je me complique beaucoup les tâches en ce moment, il faudrait que je pense à me détendre.
***
En ouvrant la porte de la maison ce soir, je ressens un soulagement incomparable. Ma journée était épuisante, le ménage est épuisant.
- Hey Jude ! Lancé-je à la volé.
- Don't make it bad*, me répond l'intéressé.
(* :paroles de "Hey Jude" chanson des Beatles)
Je rigole à gorge déployée. Ça ne m'est pas arrivé depuis longtemps et je me rends compte à quel point ça m'avait manqué.
- Ma gazelle est de bonne humeur à ce que je vois !
- Et le sale con aussi, rétorqué-je.
Je retrouve Jude dans le jardin, à sa place habituelle. Je m'assoie à ses côté et je ferme les yeux.
Je repense soudainement à ce que m'avait raconté Jude, lorsqu'il était entré au Gouvernement avec Edan.
J'ouvre grand les yeux, l'espoir qui vient de prendre graine dans mon cerveau est grandissant.
- Tu penses que la fenêtre par laquelle vous êtes entrés était au deuxième étage ? Je demande de but en blanc.
Jude se retourne brusquement, visiblement très surpris. Il fronce les sourcils et une moue inquiète prend place sur son visage angélique. Ses yeux se posent sur les miens et j'essaie d'emprunter une expression boudeuse comme pour le supplier.
- Non, dit-il finalement, et ne compte pas sur moi.
Je bascule ma tête vers l'arrière et je souffle pour me clarifier mon esprit et paraître plus convaincante.
- Tu ne sais même pas ce que je veux, dis-je en essayant de paraître détachée.
- Oh que si, crois moi. Et ma réponse n'a pas changée.
Avec son passé de "chef de clan" je considère que je connais à peu près ses tendances comportementales. Et prendre des risques en fait parti. Je dois juste avoir un plan pour le mettre dans mon camp.
- Tu préfèrerais que j'y aille seule c'est ça ?
Il se lève, marche jusqu'au fond du jardin et fait volte-face. Ses yeux expriment de la colère, il sent qu'il est prit au piège. Mais je décèle aussi un air de défi.
- C'est quoi ton plan ? Me demande-t-il en mettant ses mains dans ses poches.
J'hausse les sourcils et je me détends. Je ne pensais pas que ça allait être aussi simple.
- On retrouve la maison, on entre au Gouvernement et je trouve ce dont j'ai besoin.
Il part dans un rire franc, je suis un peu blessée. Pourquoi il se fout de moi ?
- Tu ferais un piètre chef de clan, me lance-t-il en rentrant dans la cuisine.
Je me lève et je le suis à travers la maison.
- S'il te plait Jude ! J'ai besoin de toi !
Alors qu'il se sert un verre d'eau, il se retourne. Il sourit fièrement.
- Ma gazelle à besoin de moi ?
Il hausse un sourcil et je lève les yeux au ciel. Il pose son verre, se remet à marcher et reprend :
- Ma réponse n'a pas changée. C'est non, je ne t'accompagnerai pas, dit-il catégorique.
- Jude !
Mon manque de répartie le fait rire. Il se retourne.
- Je t'ai déjà dit de laisser tomber. Edan n'a pas besoin de nous, il se débrouille tout seul depuis longtemps et ce n'est pas maintenant que ça va changer ! Laisse tomber Aurore ! Fait lui confiance bordel.
La colère monte peu à peu, mais Jude arrive à détendre l'atmosphère.
- Je vais aux chiottes, tu comptes venir avec moi ?
Consciente qu'on se trouve en effet devant la porte des toilettes je fais demi tour et je lève les bras en signe d'abandon. Mais bien évidemment, je ne compte pas laisser mon plan de côté. Je retourne dehors et Jude me rejoint peu de temps après.
- Qu'est-ce que tu veux au juste ? Dit-il sur un ton un peu plus compréhensif.
Je réfléchis longtemps à sa question et finalement, ma réponse se solde seulement par un pathétique haussement d'épaules. Je ne sais même pas ce que je veux. Tout est tellement confus. J'entends Jude soupirer.
- Si tu ne sais même pas ce que tu cherches, comment veux-tu trouver quelque chose ?
Je fais mine de ne pas avoir entendu, j'ai trop de fierté pour approuver ce qu'il dit. Je suis vexée qu'il ne veuille pas m'aider. Face à mon silence, Jude sourit.
- Tu es une gamine gazelle.
Je le frappe dans le ventre, mais je me fais un peu mal au poing car le sale con avait contracté ses abdos. Je sais qu'au fond il n'a pas pardonné Edan, leurs conflits de l'époque devaient être vraiment violents pour qu'il soit aussi rancunier. Mais là ce n'est pas tant d'Edan qu'il est question, mais de clarifier la situation et d'en trouver une solution. Pourquoi est-il autant têtu ? Je secoue la main légèrement, mais Jude le remarque.
- Je suis musclé, que veux-tu, j'ai de la chance.
- C'est toi le gamin Jude !
Je me lève, en colère et terriblement frustrée. Je me dirige vers la chambre et je me change pour me coucher. Je n'ai pas mangé mais peu importe ; Jude m'a mis en rogne. Je m'allonge et je rabats la couverture sur moi. En bas, j'entends Jude crier :
- Non je te jure que c'est toi !
Je me mets assise pour répliquer, mais ce serait lui donner raison. Je me laisse donc tomber sur mon oreiller et je tape sur celui de Jude en espérant que cela me calme un peu. C'est peine perdue. Je me sens complètement démunie, comme si j'avais toutes les clefs en main mais que la porte face à moi n'était pas barricadée avec un verrou mais avec une planche de bois. Ce n'est pourtant vraiment pas compliqué, je demande juste à Jude de me montrer cette bon dieu de maison ! Rien de plus. Et puis la façon hautaine dont il me regarde, comme si c'était lui qui avait fixé la planche pour empêcher que je passe ! Malgré cela, je me laisse tomber lentement dans les bras de Morphée.
La fin de semaine s'écoule avec lenteur et j'ai du mal à me concentrer sur mon objectif : entrer au deuxième étage du Gouvernement.
Or, j'ai besoin de Jude. Coûte que coûte, il me faut son aide. Je n'arriverai pas à trouver la maison avec le jardin qui donne sur le bâtiment sans lui. Je pourrais, mais cela me prendrait un temps fou ainsi que plusieurs nuits blanches, et je ne veux pas être repérée. Seulement j'ai du mal à ignorer ma colère quand il me parle.
Allongée dans l'herbe, à l'ombre du saule, je lâche un soupire phénoménal. Pourquoi il ne veut pas m'aider ?! Il aime le défi pourtant non ?
Je secoue ma tête pour essayer de faire sortir toutes les pensées qui m'habitent. J'aimerais tout oublier et arrêter de penser pendant au moins une heure, ce serait merveilleux. Même la nuit je suis tourmentée par le sort d'Edan. Il apparaît toujours dans le même cauchemar, et Jude n'a pas tardé à le remarquer. Tous les matins je remarque son air désolé quand il voit que j'ai de grosses cernes. Je n'aime pas implorer la pitié des autres, j'ai l'impression que j'en ai suffisamment de la mienne, ça ne sert à rien de me rajouter un poids supplémentaire.
Je me lève et je retourne à mes occupations dominicales.
***
- Alors quoi de beau ? Me demande Samuel à nos places habituelles.
- Pas grand chose, répondis-je, et vous ?
- De même, répond Judith avec un ton enjoué qui fait un contraste saisissant avec sa réponse.
J'hésite à leur parler de Jude et de mon plan pour entrer au Gouvernement. Mais je me résigne rapidement, consciente que je n'ai pas de réel plan.
- Aurore, je voulais savoir, pourquoi est-ce que tu t'intéresses autant au deuxième étage et à ce qu'il s'y cache ? Demande Judith.
Je suis prise de court et je dois la regarder de façon incrédule car elle répond à ma question muette :
- J'ai vu à quel point tu étais curieuse à ce sujet, je pense que tu veux des réponses et que tu ne travailles pas ici par hasard.
Je reste concentrée sur mon assiette et j'emprunte un ton faussement choqué.
- Ah bon ?
Ma voix monte dans les aigus et je suis obligée de me racler la gorge. Je n'ajoute rien et le silence se fait. Les jumeaux me regardent suspicieux. Samuel regarde autour de nous pour vérifier que personne nous écoute. Puis il se penche et murmure :
- Il y a quelque temps un gars est venu. Je ne sais pas comment il a fait pour trouver nos noms mais il voulait nous voir personnellement.
J'écarquille les yeux. Edan ? Samuel continue :
- Il voulait qu'on l'aide à accéder au deuxième étage ou à une bibliothèque. Au début, on ne voulait pas l'aider, mais il était convaincant le bougre !
Je serre les points et mes jointures deviennent blanches. Je réussis à demander entre mes dents serrées :
- Est-ce qu'il s'appelait Edan ?
Ils me regardent, effarés. Je ferme les yeux. Je ne sais pas si j'espère que ce soit lui ou non.
- Il ne nous a pas dit son prénom, répond Judith, mais il avait l'air de vraiment se préoccuper de quelqu'un.
Je ferme les yeux pour empêcher les larmes de couler trop vite.
- J'étais sa partenaire, réussis-je à articuler.
- Il a disparu, finit Samuel, il semblerait qu'il ait trouvé comment aller au deuxième étage sans se faire prendre car on ne s'est pas fait viré.
- On lui avait donné notre trousseau de clefs, continue Judith.
J'hoche la tête.
- Un jour, on a retrouvé le trousseau dans nos affaires et on ne l'a plus jamais revu ...
Alors il a réussi lui et s'il a disparu après c'est qu'il a dû trouver des choses intéressantes.
La sonnerie sonne, nous coupant de notre discussion. Je me lève.
- Merci beaucoup, dis-je.
Ils me lancent tous les deux un regard protecteur et ils esquissent un petit sourire. Je me retourne et je monte pour continuer mon travail. Il a du trouver quelque chose qui l'a forcé à fuir. Il a trouvé ses réponses. Je tape un grand coup dans mon chariot. Me sentiments sont confus. Je suis en colère contre lui car il ne m'a rien dit, mais je suis aussi extrêmement soulagée. Je respire un grand coup et j'essaie de faire abstraction de toutes les émotions qui m'assaillent.
Lorsque j'ai terminé de récurer toutes les pièces couloir deux et qu'il est dix-huit heures, je descends pour me changer et je me dirige vers la maison. J'y vais cette nuit. Je regarde le Gouvernement et je tente d'imaginer ses limites. Si Jude et Edan ont eu accès à une pièce en rentrant par l'extérieur c'est que cette pièce se trouvait soit dans le couloir un, soit dans le couloir quatre. Je ferai ma première excursion cette nuit pour faire le repérage et la nuit prochaine je mettrai mon "plan" à exécution.
J'ouvre la porte d'entrée et je vois Jude bricoler dans la cuisine.
- Qu'est-ce que tu fais ? Demandé-je surprise.
Il sursaute en m'entendant puis il se retourne.
- Je répare l'évier, il fuyait.
Depuis notre malentendu de jeudi dernier, nous sommes un peu moins proches. Il n'a pas tord de garder ses distances, car sinon ça aurait été plus simple pour moi de le convaincre. Mais je regrette aussi beaucoup nos engueulades puériles. Je soupire et Jude me regarde. Il roule des yeux.
- Qu'est-ce qu'il y a ?
- J'ai appris aujourd'hui qu'Edan était retourné au Gouvernement. Il a sûrement trouvé quelque chose car il a disparu depuis.
Jude hausse ses sourcils, il pose ses outils et vient près de moi. Je sens mes larmes monter peu à peu et brouiller ma vue. Je n'ose pas le regarder et dans un geste brusque, j'essuie mes yeux humides. Il s'approche un peu plus.
- C'est plutôt une bonne nouvelle, ça veut dire qu'il va bien non ? Dit Jude d'une voix attendrissante.
Je fais oui de la tête et je le regarde. Ses yeux chocolats expriment toujours un peu de malice. Il me sourit et comme toujours ses fossettes me font craquer. Je remarque que seulement quelques centimètres nous séparent, mais je n'ai pas la force de quitter ses yeux du regard. Ce n'est pas le bleu océan d'Edan, mais la façon dont ils m'envoutent est similaire. J'ai l'envie soudaine de faire glisser mes doigts sur ses joues creusées par ses fossettes. Je me rappelle de ce qu'il m'a dit l'autre jour dans le lit :"Désolé". Je n'étais pas sûre de sa signification mais je pense que maintenant j'ai compris. Au début je considérais Jude comme l'ami d'Edan, je le désignais comme ça. Aujourd'hui, Jude à sa place dans mon cœur et je crois même qu'il a peut-être remplacé celle d'Edan. La place vide d'une énorme trou est maintenant comblée par celle de Jude. Et c'est de cela qu'il est désolé.
Je veux me retourner et crier, faire sortir cette colère de moi qui me ronge depuis quelques jours. Mais je suis toujours sous l'emprise du Jude et de son regard, alors je reste immobile. Sa sérénité m'apaise et c'est ce dont j'ai besoin en ce moment. Sa présence réconfortante me calme toujours. Je ferme les yeux, je chasse mes larmes et je me concentre sur mon objectif de ce soir : faire le repérage. Je m'éloigne d'un pas et j'ouvre mes yeux, le regard de Jude me rassure instantanément et me donne la force nécessaire pour continuer ce que j'ai à lui dire :
- Je dois y aller Jude. Il faut que je trouve ce qui a fait fuir Edan.
Il est confus, mais ses yeux ne cillent pas. Il pousse un long soupir.
- Je sais que c'est dur à accepter mais s'il t'aime vraiment, Edan reviendra. J'en suis sûr !
- Mais mon monde ne tourne pas seulement autour d'Edan ! Je me pose énormément de question sur le gouvernement, sur notre société ! Tu ne trouves pas que nous sommes utilisés comme des machines à enfants ? On nous arrache de notre mère pour nous flanquer dans des orphelinats où on nous apprend à peine le quart de la vérité ! Nous sommes manipulés par des idiots sans cœurs dont leur seul but est de faire de "beaux et intelligents enfants" ! Je veux en savoir plus, je veux connaître le mode de vie d'avant la pandémie, je veux savoir quels sont les secrets du gouvernement !
J'achève enfin ma longue tirade. Je suis à boit de souffle et Jude est sur le cul. Il est complètement déstabilisé. Enfin toutes mes pensées s'échappent, tout ce que je pense du gouvernement sort de mon cerveau. C'est à cet instant précis que je me rends compte que je déteste leur idéologie et leur image de la vie. J'inspire un grand coup et j'attends que Jude dise quelque chose. Mais rien ne sort de sa bouche, seuls ses yeux parlent, m'envoyant des signes de détresse.
- Je suis désolée, chuchoté-je en me rapprochant.
- Non tu n'as pas à être désolée, tu as raison.
Je souris faiblement et il m'imite.
- Alors tu m'accompagnes ? Demandé-je pleine d'espoir.
Il bouge sa tête de gauche à droite.
- Non, c'est trop dangereux. Nous devons rester discrets Aurore ! Je refuse d'y aller avec toi.
Je prends de grandes inspirations. Je pensais qu'il allait me suivre, je pensais qu'il était d'accord avec moi. Je suis déçue par sa décision, je décide d'aller me coucher mais avant ça je lui lance par-dessus mon épaule.
- Il n'y a que les cons qui ne changent pas d'avis. Tu en est un gros de con toi.
Je monte les escaliers et je prépare mes affaires pour cette nuit. Ce n'est pas lui qui va m'empêcher de mettre mon plan à exécution. Je me couche toute habillée et je ferme les yeux. Je prie pour ne pas que je m'endorme.
Je me lève en sursaut, merde je me suis endormie ! Je regarde l'heure et je suis soulagée de voir qu'il est une heure du matin. À croire que j'ai une pendule dans le cerveau. Jude est allongé à côté de moi et sa respiration lourde et régulière me prouve qu'il dort. Je m'extirpe du lit en essayant d'être le plus silencieuse possible. Lorsque que j'arrive devant la porte, je l'ouvre et je regarde une dernière fois derrière moi avant de disparaître dans la nuit noire.
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