10.

Aujourd'hui, c'est l'Attribution de Louise et nous sommes un Jeudi, Edan et moi ne travaillons donc pas. Notre idylle est merveilleuse et maintenant qu'Edan fait parti de ma vie, je ne pense pas pouvoir le quitter un jour. Depuis que j'ai ouvert les yeux, je ne fais que de penser à Louise et à son partenaire, à la nouvelle vie qu'elle va avoir. Elle était tellement enthousiaste ! Je ne voulais pas gâcher son plaisir en lui disant quelle allait peut-être tomber sur un homme horrible, comme mon père, alors je lui répétais qu'elle était géniale et qu'elle allait forcément avoir quelqu'un de génial comme partenaire. Mais maintenant, je regrette un peu, c'était mon rôle d'amie de lui dire la vérité et je ne l'ai pas respecté.

- Calme toi Aurore, tu as fait ce que tout le monde aurait fait, il n'y a pas de soucis.

Edan essai de me rassurer depuis ce matin et son application à la tâche me fait sourire intérieurement. Je suis lovée contre lui depuis dix heures ce matin et j'attends que je me calme. Il a toujours cet effet électrisant sur moi et la chaleur ne cesse d'augmenter dans mon ventre quand je suis à son contact. Mais dans des périodes de stress comme celui-là, il a le don de m'apaiser. Les frissons sont toujours aussi agréables et je me concentre sur la sensation que j'épprouve quand ils courent sur ma peau. Je me calme enfin.

- Je t'aime Edan.

- Je t'aime Aurore.

Nous nous embrassons passionnément et la vie continue. Nous ne nous sommes pas donné de surnoms, je préfère entendre rouler les syllabes de mon nom dans sa bouche plutôt qu'autre chose et je pense que c'est réciproque.
À quatorze heures je décide qu'il faut vraiment que l'on bouge car de toute façon, nous n'aurons pas de nouvelles de Louise aujourd'hui.

- Est-ce que tu veux danser ? Demandé-je à Edan.

Il me regarde, surpris, mais ensuite, ses traits viennent former son expression terriblement sexy où ses sourcils sont levés et où il arbore son irrésistible sourire en coin.

- Oh que oui, me dit-il, en revanche j'exige la salsa.

J'hausse à mon tour les sourcils, puis je souris. Il se déplace vers moi de façon féline et il me prend la main délicatement. Puis nous commençons à danser. La salsa symbolisera toujours pour moi le bal et les heures qui l'ont suivi. De ce fait, lorsque nous la dansons, nos corps chauds sont avides de sensations et il est très difficile de se retenir. C'est pour cela que c'est la seule danse que nous dansons régulièrement depuis le bal car elle nous emmène toujours à l'union parfaite de nos corps et à la matérialisation physique de notre amour ardent.

Nos jambes encore entremêlées dans les draps, la sonnerie retentit nous sommes prit au dépourvu. Nous nous rhabillons très rapidement et notre apparence reste à désirer. Je descends et j'ouvre la porte pour découvrir devant les médecins qui sont venus me voir après mes tests. Je laisse Edan mettre sa ceinture avant d'ouvrir la porte en plus grand.

- Bonjour, dis-je.

- Bonjour Aurore et bonjour Edan, dit le grand brun, pouvons-nous entrer s'il vous plait.

Je regarde Edan et je les laisse entrer. Je les accompagne dans le salon et je tente de cacher nos quelques vêtements restants.

- Que nous vaut votre venue ? Demande Edan.

La petite femme au regard sévère commence :

- Comme vous devez le savoir, cela fait deux mois qu'a eu lieu votre attribution. À ce stade, nous considérons que les sujets sont aptes à avoir des relations sexuelles et donc, des enfants.

Je rougis, si elle savait ... Edan se rapproche de moi et me prend la main. Je lève les yeux et son regard est inquiet. La femme continue :

- Vous n'êtes pas sans savoir que vous êtes nos sujets les plus précieux et intéressants car vous êtes tous les deux dotés d'une grande force physique et d'une intelligence incroyable. Votre union est donc primordiale.

Edan me serre un peu plus la main et je commence doucement à comprendre les paroles de cette femme.

- Nous aimerions donc que vous passiez des tests pour tester à nouveau votre compatibilité et pour vous Aurore, des tests de grossesse.

Mon estomac se noue et Edan passe une main sur ma taille pour éviter que je tombe. Je ne veux pas être enceinte. Pas maintenant. Mais la médecin ne veut pas s'arrêter de parler, augmentant un peu plus mon vertige :

- À partir de la semaine prochaine, nous exigeons de vous des rapports sexuels journaliers pour ainsi accroître les chances de fécondité. N'oubliez pas que vous restez seulement deux ans ensemble et que cela passe très vite.

Je manque de tomber mais je suis soutenue par les bras d'Edan. Ma vision s'obscurcit. Cet espèce de monstre me rappelle dans quelle société nous vivons et me rappelle que je n'étais pas censée tomber amoureuse d'Edan, je devais simplement avoir des enfants avec lui. Une vague de colère me parcourt et je me sens maintenant ferme sur mes appuis. Je vois Edan tourner la tête de façon inquiète vers moi.

- Pendant deux semaines vos rapports devront être notés dans ce carnet.

Elle nous tend un cahier que je regarde avec horreur.

- Vous devrez y noter l'heure et la date de vos rapports et je vous rappelle que cela devra être journalier.

Elle insiste sur ce dernier mot et j'ai soudain envie de lui vomir dessus.

- Vous devrez vous présenter samedi au laboratoire pour les tests de confirmation, et nous allons vous fournir des tests de grossesse pour le futur Aurore.

Elle me sourit mais je la regarde durement et je me laisse envahir par la colère. Edan est crispé à côté de moi.
Les médecins se lèvent en même temps et le brun reprend la parole en disant :

- Notre visite s'achève ici, merci beaucoup et à samedi.

Edan les raccompagne vers la porte pendant que je me précipite dehors. Quelle bande se salauds ces médecins ! J'essaie d'intérioriser au plus la rage qui m'anime, je tourne en rond dans le jardin. Puis je sens les bras d'Edan autour de moi et je me laisse aller à mon désespoir. Je réalise enfin que nous ne sommes que des robots, des êtres sans âmes qui sont censés obéir au gouvernement pitoyable. Alors je pleure. Je ne veux pas faire l'amour à Edan en pensant au fait que cela est pour le gouvernement. Je me retourne et je pleure, je mouille le t-shirt d'Edan de mes larmes.

- Je ne veux pas, dis-je entre mes sanglots, je ne veux pas.

- C'est bon Aurore, je ne veux pas non plus.

Ses paroles me réconfortent, j'avais besoin de savoir qu'il n'allait pas me forcer. Je me calme et la colère en moi me reprend.

- Quelle ... raaaaah je la hais ! Pourquoi ils font ça Edan ?! Tu dois le savoir non ? Tu travailles au laboratoire et au gouvernement tu dois savoir pourquoi ils font ça ?!

Je reprends mon souffle. Edan me regarde avec tristesse.

- Aurore, ils font ça à tout le monde. Ils font ça car il faut repeupler la terre.

- Non ! Ils font ça à nous ! Tu les as entendu, nous sommes leurs sujets les plus importants ! Ils veulent qu'on fasse des enfants pour se dire qu'ils font bien leur boulot, mais c'est nul ! Nul, nul, nul, nul, nul ! C'est n'importe quoi !

- Aurore ...

- Qu'ils en trouvent d'autres des sujets, je ne serai pas leur petit rat de laboratoire qui fait des gosses mais qui ne peut pas les élever !

- Aurore, arrêtes, calme toi.

- Je ne fais pas des gosses pour ce putain de gouvernement de merde ! Je ferai des gosses parce que j'en ai envie !

- Aurore !

Il me prend par les épaules et il m'embrasse pour me faire taire. C'est la bonne solution car je me tais de suite et je l'embrasse à mon tour. Il se décolle.

- Tout va bien Aurore ! On va aller faire leurs tests nuls, mais je ne te forcerai pas d'accord ? Je n'ai pas envie non plus ! Je trouve aussi que ce sont de gros cons et j'espère vraiment que je ne suis pas comme eux dans la tête des gens ! Mais s'il te plait, calme toi.

Je ferme les yeux et je calme ma respiration.

- Désolée, mais je me suis trop contenue devant cette garce, ça avait besoin de sortir.

Il rigole doucement et je souris.

- C'est vrai que ça fait du bien de cracher sa colère, dit-il.

Nous rigolons ensemble, mais le souvenir des ces médecins reste dans ma tête en me laissant un goût amer. Nous retournons dans le salon et je prends le carnet pour le jeter mais Edan s'interpose.

- Tu ne sais pas de quoi ils sont capables, alors il faut éviter de les provoquer, ok ?

Je repose le carnet.

- Et toi, tu sais ce qu'ils peuvent faire ?

Il hausse les épaules et il tourne la tête.

- Non pas vraiment.

Je fronce les sourcils, je ne le crois pas.

- Edan, ne me mens pas.

Il me regarde de nouveau et son air est assuré.

- Je n'ai aucune idée de ce qu'ils peuvent nous faire Aurore. Et c'est ça qui est inquiétant ! Je n'ai aucune idée de ce qui est arrivée à ma mère et cela les rend encore plus dangereux. Personne ne sait vraiment ce qu'il se passe pendant leurs réunions et même moi qui fait "parti" du gouvernement, j'ignore beaucoup de choses. Alors ne prenons pas de risques.

Il a raison. Je soupire et je regarde l'heure, il est dix-sept heures.

- J'espère que tout va bien pour Louise, dis-je.

- Oui j'espère aussi, répond Edan.

La tension accumulée se dissipe au fur et à mesure que la soirée se passe. Mon sommeil est agité et le lendemain je suis exténuée.

Je marche main dans la main avec Edan vers le laboratoire. Louise ne m'a pas encore contacté, mais je commence à entendre les paroles d'Edan et je suis moins stressée pour elle. Nous nous approchons des locaux et je suis très crispée, la main d'Edan doit être en bouillie. Nous entrons.

- Bonjour, dit Edan à l'accueil, nous devons passer des tests de compatibilité.

L'hôtesse regarde dans l'agenda des consultations.

- Je vais vous laisser attendre dans la salle d'attente, c'est la porte bleue, au fond du couloir à gauche.

Nos mains toujours liées Edan me guide jusqu'à la salle et nous nous asseyons. L'attente semble interminable et je ne cesse de ruminer en moi. Une infirmière entre et nous fait signe de la suivre. Elle nous emmène dans une pièce intégralement blanche, un blanc froid et mauvais à mon goût, et elle nous fait asseoir sur des chaises. Puis elle nous quitte. Face à nous se trouve une autre salle et les deux pièces sont séparées par une vitre. Elles semblent exactement pareilles. Sur toute la longueur de la pièce se trouve un plan de travail où tout un matériel scientifique est posé. La poignée de la porte s'actionne et je sursaute. L'ignoble femme entre, toujours suivie de ses deux acolytes.

- Bonjour, dit-elle froidement, je suis heureuse de vous voir. Les tests ne vont pas être longs, nous allons juste prélever un peu de votre salive. Puis nous allons vérifier que vous êtes bien compatibles, et vous pourrez vous en allez.

Elle nous sourit, mais son sourire laisse plus voir un rictus malveillant et mauvais. Des frissons me traversent, mais ce sont des frissons désagréables.
L'infirmière revient et elle nous tend deux cotons-tiges. Je le prends et le frotte contre l'intérieur de ma joue puis je lui rends, Edan fait de même.

- Suivez nous, dit l'ignoble femme.

Elle nous emmène à l'étage, où l'ADN est étudié.

- Je tiens à ce que vous voyez par vous même ce que nous faisons pour déterminer la compatibilité. C'est assez simple, nous séquençons chaque ADN et nous étudions vos séquences sur vos différents gènes et nous regardons sur chacuns de vos allèles s'ils sont dominants ou récessifs. Cela nous permet de faire des simulations et de nous donner une idée sur l'apparence de vos enfants.

Elle récupère les cotons-tiges et les inserrèrent dans des tubes qui sont reliés à une sorte d'ordinateur. Devant nos yeux défilent nos différents chromosomes amassés dans le noyau. Quelques manipulations permettent de trier les chromosomes. Elle sélectionne le gène responsable de la couleur de nos yeux.

- Pour vous Aurore, vous avez un allèle gris et l'autre brun, c'est étonnant que vous ayez les yeux gris car l'allèle gris est recessif. Pour vous Edan, vos deux allèles sont bleus. Donc votre enfant aura soit les yeux bleus, soit les yeux bruns, tout dépend de l'allèle que tu transmettra Aurore.

Son petit cours de génétique improvisé est pathétique. Je connais déjà toutes ces choses et je n'ai besoin de personne pour me les expliquer. La colère gonfle en moi et je me force à la contenir. Elle continue son speech et je me retiens de partir. Quand elle a terminé, elle nous congédie et je saute presque de joie lorsque je sors du laboratoire.
Nous rentrons à la maison mais il me semble que quelqu'un est entré.

- Edan tu n'as pas l'impression qu'on est entré ici ?

Il regarde tout autour de nous et il me répond :

- Si j'ai l'impression aussi.

Nous montons dans la chambre mais tout semble intact. Finalement nous sommes peut-être devenus paranoïaques.
Dans la soirée je réfléchis à ce qu'a dit la médecin sur mes yeux. Je ne me souviens plus des yeux de mon père, mais j'ai toujours les photos. Je me précipite à l'étage sous le regard incrédule d'Edan. J'attrape mon appareil photo et je fais défiler tous les clichés que j'ai prit, il y en a énormément. Puis je tombe finalement sur une photo de lui, au bord du lac, le visage hautain et les yeux noircis par la haine. Je vois Edan dans l'encadrement de la porte. Je zoome sur ses yeux et je suis soulagée de voir qu'ils sont bruns. Un bruns profond presque noir. Je me laisse retomber sur le lit et je souris. J'ai les yeux de ma mère, les yeux gris de ma mère avec un reflet bleuté. Je me lève et j'enlace Edan, je le serre tout contre moi, puis je relève la tête. Je ris, ses sourcils sont légèrement froncés en signe d'incompréhension et ses yeux qui semblent toujours sûrs laissent échapper une lueur dubitative. Puis je reprends mon souffle et je l'embrasse.

- J'ai les yeux de ma mère, Edan. Les yeux de ma mère !

D'un coup son visage s'illumine et il me prend dans ses bras et me soulève.

- Je suis content pour toi, me glisse-t-il a l'oreille.

Nous descendons pour manger et nous optons pour des carottes râpées et une tarte aux fruits rouges que j'ai fait un peu plus tôt dans la journée. Tout se passe dans de grands éclats de rires et des échanges joyeux. Puis, la sonnerie retentit de nouveau, interrompant ce moment de joie. Je regarde Edan et je prie pour que rien de mal nous arrive ce soir. À peine ai-je ouvert la porte qu'on m'enlace. Je reconnais cette odeur de pêche et de menthe, ainsi que les beaux cheveux bruns et bouclés de Louise. Je la serre fort contre moi. Derrière elle se trouve un homme grand et au teint bronzé. Il a les cheveux bruns et les yeux de la même couleur. Il arbore une expression heureuse mais réservée, je lâche Louise.

- Bonsoir, vous êtes sûrement le partenaire de Louise ?

Il hoche la tête, je reprends :

- Je suis Aurore, enchantée. Vous êtes ?

- Enchanté, Louise m'a beaucoup parlé de vous, me dit-il en souriant, je m'appelle Nhoa.

Je lui souris en retour et il rentre. Edan et Louise échangent des nouvelles et Nhoa dit bonjour à Edan. Louise retrouve Nhoa et elle lui prend la main. Je suis un peu surprise mais finalement je trouve qu'ils sont très mignons tout les deux. Le caractère explosif de Louise s'accorde bien à l'attitude réservée de Nhoa. Je leur propose un morceau de ma tarte et ils acceptent avec joie. Ils disent qu'elle est exquise.

- Autrement tout se passe bien pour vous deux ? Demandé-je.

Louise lève sa main qui est accrochée à celle de Nhoa.

- Pour l'instant oui, glousse-t-elle.

Nhoa la regarde presque avec admiration, c'est vrai que les yeux verts de Louise et sa tignasse brune la rendent irrésistiblement sauvage et adorable. Elle est magnifique. Je regarde Edan attendrie, et il me sourit en me disant dans l'oreille :

- D'autres ont mit plus de temps n'est-ce pas ?

Son chuchotement me chatouille l'échine et je rougis légèrement.

- Et vous alors ? Tout va bien ?

Demande Louise. Je regarde de nouveau Edan, j'hésite, c'est très dur de résister à l'envie de raconter la vérité à sa meilleure amie. Il me regarde à son tour et acquiesce doucement, alors je prends la parole :

- Des médecins sont venus nous voir jeudi, ils veulent que nous ayons notre premier enfant et ils font tout pour que je tombe enceinte rapidement.

Ma révélation est assez soudaine et Nhoa se met à l'écart, je le regarde et il semble se rassurer. Il va falloir lui donner notre confiance car apparemment il donne difficilement la sienne. Louise ouvre de grands yeux effrayés.

- Pardon ?!

Edan se charge de répéter à ma place.

- Mais c'est ignoble ! S'exclame-t-elle.

Nous hochons tous les deux la tête.

- Et tu en as envie Aurore ?

- Non, pas pour l'instant et surtout pas sur les ordres de médecins sans cœurs !

Je sens ma colère remonter alors je prends la main d'Edan pour me calmer. Le silence règne.

- Qu'allez-vous faire ? Demande Nhoa.

Je suis surprise qu'il prenne la parole mais il semble intéressé et inquiété par la situation.

- Nous ne savons pas encore, dit Edan, ils nous ont laissé un carnet à remplir. On va le faire, mais avec de fausses dates, nous n'allons en aucun cas nous forcer.

Louise acquiesce de façon compréhensive. Elle est chagrinnée par cette situation et je remercie le ciel de m'avoir mit une personne comme elle sur mon chemin.
Nous changeons rapidement de sujets et la bonne humeur reprend le dessus. La soirée est très agréable et j'espère que cela va devenir une habitude.

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