Chapitre 5 : Purgatoire
Nous nous retrouvions alors comme avant, avant le grand déménagement, nous quatre, mais cette fois, nous étions serré dans ce F3 comparé à notre maison avec jardin. Tout cela, pour en arriver là, dans un appartement paumé avec d'autres, dans une banlieue qui l'était tout autant, à côté de la fameuse piscine où j'ai failli me noyer. Mais au moins, nous allions vivre nos premières années sans l'autre, avec la télé, et bientôt internet, et l'électricité sans restriction. Si au moins nous avions commencer comme cela, cela aurait été bien... mais bien sûr, il en était autrement. Ma mère a aidé l'Autre pour son déménagement, puis elle est resté de plus en plus avec lui, pour au final nous laisser seul, mon frère, ma soeur, et moi. Il avait gagné, il avait sa boniche sans les gamins, et nous, nous commencions à ressentir de la frustration, de la haine pour elle, elle qui nous a forcé à monter dans une région inconnue et froide, elle qui nous a mis son amoureux entre les pattes, elle qui veut échapper aux conséquences de ces actes. Elle ne venait plus qu'un jour par semaine maximum, pour faire la lessive, nous dire bonjour, et c'est tout. Nous devions nous débrouiller pour vivre chez notre mère, sans mère.
Pendant 5 ans au moins, nous voyions notre mère par intermittence. Mon frère jouait alors les hommes de la maison, ma soeur, se renfermé dans la solitude et l'inactivité, et moins, j'avais encore le bac et le BTS à passer. En plus que j'avais choisis mon itinéraire un peu par hasard, par des concours de circonstances, comme un conseiller d'orientation incompétent, ou une rencontre d'un jeune dans un train. Voilà donc ma destiné : BTS Maintenance Industrielle, une voie que j'ai appris à aimer, sans réviser, sans vraiment travailler, juste en retenant pendant les cours, et me voilà entre 12 et 14 de moyenne. Bâcler mon avenir, comme mon passé à été bâclé... Pendant ma scolarité, j'en ai parlé à personne de mes problèmes. J'étais seul, pendant les recrées, pendant les voyages scolaires, pendant les fêtes étudiantes, seul, c'est tout. Je ne me voyais pas autrement qu'avec cette solitude qui m'a accompagné depuis mes 7 ans. Et puis un jour, un miracle...
Un soir, ma mère m'apprit la nouvelle : l'Autre a fait une crise cardiaque, sur son marteau piqueur, et il a été sauvé qu'une demi-heure plus tard. Il était à l'hôpital de Strasbourg dans un état critique. Enfin, Dieu l'a puni, me disais-je. Enfin, nous sommes débarrassé de ce déchet, au sens propre comme au figuré. Je devais tout de même accompagner ma mère en train pour qu'elle aille a son chevet, ce qui fut pour moi mon premier mot d'excuse pour "raison familiale". Je ne comprenais pas pourquoi elle voulait encore le voir, c'est un monstre, et elle l'aime. Ce n'est pas un monstre comme dans les contes de fées, où il est laid à l'extérieur, mais qu'il a un bon fond. Non, lui n'est qu'une pourriture, intérieur, extérieur, un déchet qui ne mérite que la poubelle. J'ai même entendu une fois qu'il avait tenté de violer ma soeur, une phrase qui n'a jamais été répété depuis, mais qui m'étonne qu'à moitié. Il était là, pathétique, dans son lit. Elle venait lui souffler des mots rassurant, lui dire qu'elle était là, et que son fils aussi l'était... j'avais envie de vomir. D'autant plus qu'une conversation m'avait fait l'effet d'une bombe : je suis son fils, ou plutôt, il y a de forte chance que je sois son fils. J'avais envie de que tout cela cesse une bonne fois pour toute, qu'il parte pour de bon, il ne mérite que cela...
Mais non, Dieu est un sadique, et a préféré nous faire souffrir encore plus. Il s'est réveillé, affaibli, mais il s'est réveillé. Nous partons alors ma mère et moi, et un second mot dans le carnet, absent pour "raison familiale". Je ne savais pas dans quelle position il était moins pathétique : couché avec des tuyaux ou debout à se plaindre de l'eau aromatisé et gélifiée. Pourquoi ? Pourquoi est-il encore vivant merde ? Et pourquoi cette conne de mère continue à l'aimer ? L'amour est aveugle, mais elle fait perdre aussi l'ouïe, le goût, le touché et l'odorat. Le jour où il crève, je viendrai me soûler devant sa tombe au champagne en lui pissant dessus. Mais le jour suivant, je reçu une convocation pour le bureau de la CPE. Je n'étais jamais convoqué par cette dernière, je filais toujours droit, alors je ne comprenais pas pourquoi, et l'incompréhension, avec les raillerie de mes camarades stupides, se transformèrent en peur. Au final, elle voulait savoir pourquoi j'avais deux absences pour "raison familiale". Elle devint alors compatissante après avoir expliqué, et elle me laissa partir en me disant que je pouvais aller voir la psy si je le voulais. La psy... je ne suis pas fou !
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