Rappelez-vous que sur le trampoline le premier et seul mouvement que j'ai donné à la bille, était une accélération en ligne droite plus ou moins forte. Rappelez-vous alors que le seul mouvement qui en résultait était la rotation de la bille autour de la boule de bowling. On a donc vu une trajectoire droite devenir courbée. Comment cela s'explique ? On peut le comprendre en observant l'architecture du trampoline modifié par la boule. La surface sur laquelle évolue la bille est courbée.

C'est donc cela la gravité ; tous les astres avancent en ligne droite dans l'espace-temps, mais comme le support même sur lequel ils évoluent est biaisé, courbé par des entités massifs, les astres suivent cette courbure. On dira alors que les planètes avancent tout droit sur une surface courbe. On comprend alors mieux pourquoi tous les astres ont une trajectoire circulaire.

La gravité n'existe pas, on parlera plutôt de courbure ou de déformation de l'espace-temps qui indiquerait aux corps comment se déplacer dans l'univers.

Çà y ait, c'est fait ! Je l'ai fait !

Après tant d'années de travail, j'y suis enfin arrivé. J'ai consacré toute une décennie à cela. J'étais guidé par une obstination imperturbable. Hanté par une obsession maladive. Une patience illimitée et un souci du détail exacerbé. C'était un défi de tous les jours. Un défi de chaque instant.

Maintenant je peux me poser et respirer un temps. Mais pas trop car je dois des remerciements à bon nombre de personnes.

Ma toute première pensé ira un Marcel Grossman qui fut d'une importance capitale. Malgré l'engouement mondiale autour de la relativité générale et de la popularité croissante de son nom, il a toujours souhaité rester loin des journalistes et des projecteurs. J'avais des idées pleins la tête, Marcel m'a permis de les structurer et de les coucher sur le papier afin qu'ils deviennent des signes mathématiques. Je pense aussi à Karl Schwarzschild avec son travail herculéen il m'a évité des années de calcules supplémentaires. Une pensé aussi pour mon fidèle et grand ami Beso, tu ne l'as jamais su mais tes nombreuses blagues et farces ont nourrit mon imaginaire. Aujourd'hui je n'envisage pas une journée sans un rire.

J'ai peur d'oublier des noms alors je dirais ceci :

A vous tous mes amis, amis en pensé, amis scientifiques, amis d'une lettre et amis en chiffres, amis d'enfance et amis d'un jour ; a ceux qui se reconnaissent dans ces quelques mots, à ceux qui ont d'une façon ou d'une autre, consciemment ou de manière indirecte contribué à ce grand projet qu'était la construction du monde. Aux mathématiciens, physiciens et chercheurs qui ont opérés dans l'ombre, vous qui avez donnés votre vie à la recherche et à l'avancé sans arrière-pensée, détournés de toute gloire et travaillant dans des conditions difficiles. Vous qui êtes venus au monde en mission, vous qui avez quitté cette planète dans l'indifférence générale – a vous mes amis, amis d'hier et amis de demain, amis intemporels, je vous dédis l'œuvre d'une vie : ma théorie de la relativité générale.