Partie 5

Sur une partie du document, je n'avais pas vu qu'une liste de noms était écrite ; il s'agissait de la liste des professeurs présent dans l'école – et parmi la dizaine de nom un seul ressortait, un seul était éclairé par le rayon lumineux, un seul nom me revenait à l'esprit. C'est celui de Marcel Grossman. Marcel Grossman était mon ami pendant les années au Polytechnique de Zurich il était cent fois meilleur que moi en mathématique. Mes notes en mathématique étaient très moyennes, je passais tous mon temps à travailler la physique délaissant sciemment les autres disciplines. Marcel Grossman avait été ma bouée de sauvetage lorsqu'il fallait préparer un examen de mathématique. Il prenait tous en notes, retranscrivait toutes les figures, toutes formules et tous les schémas, à la virgule près, au trait près. Il travaillait sans cesse, méticuleux et persévérant, à bien des égards, je me reconnaissais en lui, à la seule différence et pas la moindre que lui était bon partout. Il était un bien meilleur étudiant que moi. Il m'arrive de repenser à lui, sans lui à mes cotés je n'aurais jamais eu mon diplôme ; ses nombreuses notes et cahiers de cours m'ont à maintes reprises sauvé la vie. Et j'apprends maintenant qu'il est devenu professeur de mathématique au Poly ; à dire vrai je ne suis pas étonné, s'il y avait une personne qui méritait cela c'était bien Marcel Grossman.

Je me mis à cogiter, et les quelques secondes qui suivirent ma réflexion m'amenèrent à prendre une décision lourde de conséquences. Quelques jours plus tard, je me retrouvais aux portes du Poly. Nous étions en 1912 et les trois années qui allaient suivre, seraient décisives pour ma théorie de la relativité générale.

J'accepta ainsi l'offre de l'école Polytechnique de Zurich et avec Marcel nous commençâmes une collaboration qui je le savais déjà, serait fructueuse.

Je retiens une phrase de Grossman :

Il est absolument possible qu'au-delà de ce que perçoivent nos sens, se cache un monde insoupçonné.

J'étais en total accord avec cette phrase, ces paroles, sorties de la bouche de mon ami, auraient tout aussi pu venir de moi. Je voulais comprendre le monde et expliquer la nature, pour cela j'étais prêt à le détruire, le déconstruire, j'étais prêt à le regarder différemment quitte à voir autre chose, quitte à découvrir un nouveau monde. Il fallait modéliser notre pensé ; présenter des formules fiables qui expliqueraient le monde. Nous comprîmes très vite que la géométrie euclidienne ne nous aiderait plus. Car elle était plate et n'admettait que deux dimensions : la largeur et la longueur, l'horizontal et le vertical. Elle ne prenait donc pas en compte le temps. Il nous fallait une géométrie en quatre dimensions : longueur, largeur, hauteur et temps. Marcel Grossman me présenta ainsi la géométrie courbe ou non euclidienne. La géométrie euclidienne était très utile pour étudier un carré ou un triangle, elle nous affirmait qu'en prenant une droite et en plaçant un point n'importe où sauf sur la droite, il n'existait qu'une seule droite passe par ce point tout en étant parallèle à la première droite. Plus tard on comprit avec la géométrie courbe que cela était faux, il est possible d'en trouver plusieurs. Le monde n'est pas fait de carré et de rond. Les animaux sont en trois dimensions, les fleurs sont courbes et la terre est sphérique. Rien dans l'univers n'est en deux dimensions. Fort de cette réflexion, nous nous somme mit au travail. La relativité générale m'imposa de travailler comme une fourmi. J'avais peu de cours à donner alors je consacrais plus de 10 heures par jour à la relativité général 70 heures par semaine et plus de 10.000 heures pour les trois que j'ai passé à Zurich. Des journées entières je remplissais des feuilles, j'ai tant réfléchi, tant étudié ; des heures d'affilés je cogitais avec Marcel Grossman en appuie, toujours prêt à m'éclairer.

A force de travail, dès 1914 nous commençâmes à écrire un premier papier, une esquisse de la relativité générale.

La première chose que l'on mit en évidence était la déformation du temps par ce qui est appelé ''Gravité''. Effectivement la dite gravité modifie le temps – plus la gravité est forte dans une région de l'univers plus le temps ralentit. Ainsi, par extrapolation on admettra logiquement que l'accélération déforme le temps ; plus un corps avant vite, plus son temps propre ralentit par rapport à un autre corps qui avancerait moins vite.

La vitesse détermine le temps. Mais pas seulement, la relativité restreinte nous a appris que le temps ne pouvait être étudié sans prendre en compte l'espace dans lequel il agit, qui est donc l'espace par lequel il existe – l'espace est présent car le temps existe et le temps ne prend sens qu'à travers un espace. Ainsi on parlera toujours d'espace-temps. L'accélération modifie donc l'espace-temps.

Enfin ma théorie de la relativité générale est établie, elle nous explique comment les astres interagissent entre eux. Après tant d'années de travail, j'y suis enfin arrivé. Pour expliquer le monde, il me fallait une formule.

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