Partie 4

Je commençais moi aussi voir à plus clair. J'ai retrouvé sur mon bureau, parmi un tas de feuille, une ancienne lettre de L'école Polytechnique de Zurich ; il me proposait un poste de professeur de physique. J'ai longtemps ignoré cette lettre ; lorsqu'en 1903 je cherchais activement du travail, aucune université ou école n'avait daigné me répondre. Et maintenant que je suis mondialement connut, voilà que je suis sollicité de partout, voilà qu'arrivent les requins les rapaces, ceux qui ne pensent qu'aux profits. Je ne voyais pas pourquoi je devais accepter leur proposition aussi attrayante soit-elle. Je trouvais injuste de devoir être là pour eux alors que cela n'a pas été réciproque. Je savais que j'avais plus à leur apporter qu'il ne pouvait m'apporter ; j'ai passé des années dans cette école, les prémices de la relativité restreinte sont apparues entre ces murs ; ma personnalité et mes convictions m'ont fait beaucoup d'ennemies parmi les enseignants, mais tous savaient mes compétences, tous savaient que j'étais très doué en physique. Pourtant, ils ne m'avaient pas accepté ; et aujourd'hui, ils veulent de moi alors que je n'ai pas changé, alors que ma personnalité est restée la même – à croire qu'ils accordent plus d'importance à la renommé et au profit qu'aux idées. A croire qu'il faille que je sois devenu célèbre pour qu'ils revoient leurs positions, comme si leurs convictions seraient monnayables.

Je m'apprêtais à jeter le document dans la petite poubelle au pied du bureau lorsqu'un son me fit arrêter toutes actions. Je ne sais plus s'il s'agissait d'une musique ou de paroles, mais pendant ce laps de temps mes yeux quittèrent le papier et revinrent presque tout de suite dessus ; c'est alors que je vis des mots étrangement plus éclairés que les autres. Un rayon de soleil c'était perdue sur la feuille. J'avais deux grandes fenêtres proches de mon bureau, j'aimais m'assoir prêt d'elles, j'avais alors une superbe vue sur la place principale de la ville qui était bien souvent animé et je pouvais aussi voir au loin les montagnes. En été les rayons de soleil venaient par centaines sur mon bureau, le sol, ma chaise et même mon visage. Ils créaient en moi une sensation d'apaisements et de plénitude, je pouvais voir plus loin les yeux fermés, avoir des expériences de pensées plus intenses. Alors ce jour-là, un seul et unique rayon pénétra la fenêtre et il éclaira un nom :

Marcel Grossman 

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