Chapitre 8
Deux semaines s’étaient déjà écoulées depuis l’arrivée des enfants de l’île sur Auradon. Entre temps, les choses ne semblaient pas avoir évolué entre eux. A plusieurs reprises, Ingrid la bonne fée avait dû les punir. Tantôt ils étaient de corvée en cuisine, tantôt ils devaient s’occuper du linge et quelques fois le Roi et ses convives recevaient leur aide quand il s’agissait de porter leurs affaires de sport ou de pêche. En à peine quatorze jours, ils en faisaient déjà voir de toutes les couleurs aux gardes. Harry et Gil se retrouvaient souvent dans les salles réservées aux gardes pour chiper leurs affaires, épées, armures et autres. Katana et Evie, ainsi que Mal et Uma se disputaient sans cesse et heureusement que la fille aux cheveux violets n’utilisaient pas les sorts qui se trouvait dans son grimoire pour se venger.
Elle avait été émerveillée quand par hasard, alors qu’elle lisait le grimoire, elle avait réussi à faire apparaître un mur en voile, séparant ainsi son coin de la chambre de celui d’Uma. Elle était avec Evie, et personne d’autre n’avait vu la jeune fille à l’œuvre. Et en ce qui concerne leur comportement, le roi avait bien fait comprendre qu’une semaine de plus avec ce comportement les ramèneraient illico sur l’ile. Audrey et les membres de son club n’avaient pas encore agi, mais la belle princesse préparait son coup dans le plus calme des silences.
— Mal ?
En plein cours avec Ingrid, celle-ci rêvassait sur un sort qui lui permettrait de disparaître et de réapparaitre aux yeux de tous comme le faisait la plupart des responsables de ce lycée royale, si on peut l’appeler ainsi.
— Vous m’entendez ? Je vous ai posé une question.
Le professeur se trouvait devant elle, un bout de papier à la main et elle réalisait à peine qu’elle se trouvait en cours spécialisé.
— Désolé madame, je n’ai pas entendu.
— Cette fille ne cessera jamais d’attirer l’attention sur elle. A croire que c’est son seul but dans sa minable vie, murmura Katana auprès de Yolo.
— Cette fille est juste devant toi et elle t’écoute, râla Mal en la toisant.
— Du calme mes demoiselles, intervient la bonne fée, Mal je veux que vous répondiez à ma question…
— Je suis désolée, mais je n’ai pas entendu votre question.
— Combien de fois dois-je vous dire de ne pas m’interrompre ?
Elle baissa la tête en signe de capitulation. Cette dame était certes très douce et gentille mais pour les punitions, elle s’y connaissait très bien. En effet, jeudi dernier, Harry et Carlos s’étaient battus, et ils avaient écopé d’une punition vraiment inoubliable. Les deux garçons avaient pour mission de nettoyer les armoiries avec pour simple outils des tiges-coton. A cause de cette punition, ils ont raté deux cours ainsi que la pause déjeuner. Et ils ont été obligés de les recopier, le ventre vide. Evie aussi avait reçu une punition la veille, elle devait être au service de Cendrillon toute la journée, un vrai calvaire tellement cette dame pouvait se montrer autoritaire et capricieuse. Ses amis ainsi qu’Harry ne parlaient presque plus pendant les cours, trop fatigués pour faire quoi que ce soit. Mal voulait être libre pour le week-end.
— Madame s’il vous plaît, pouvez-vous réitérer votre question ?
Devant tant de politesse, même si ce n’était que de l’ironie, la bonne fée réitéra sa question.
— Si jamais une petite fille ayant perdu sa poupée venait vous demander de l’aide pour la retrouver, que feriez-vous ?
Mal en avait marre de toujours recevoir ce genre de question. Sur l’île, aucun enfant n’avait le courage de lui demander quoique ce soit, elle était très amère envers celui qui osait troubler sa quiétude.
— Euh, je lui demande de retourner voir ses parents.
Le visage souriant de la fée se crispa légèrement et elle retourna s’asseoir à son bureau, tandis que les autres riaient fortement par rapport à sa réponse.
— Non, non et non, s’écria t-elle assez fort pour ramener le silence dans la salle. Vous l’aideriez car, être gentil c’est aussi aider les autres à sa manière.
Encore cette histoire de gentillesse. Qui les aidait sur l’ile de l’oubli pour qu’ils en fassent de même ? Qui s’arrêtait pour donner ne serait ce qu’un morceau de pain à ces enfants qui erraient dans les rues aux murs pleins de graffiti ? Les proches s’entraidaient entre eux mais pas avec des inconnus, alors à quoi bon y réfléchir ?
— Comment savoir quoi faire si cette notion ne nous est pas donné, même par nos parents ? rétorqua Jay. Savez-vous ce que c’est de devoir voler afin d’avoir quelque chose à manger ?
La bonne fée ne sut quoi répondre. Ben, ayant réuni le conseil la veille de leur arrivée pour leur expliquer comment se passait réellement les choses sur l’île, avait mentionné le fait que même les gardes soit disant gentils d’Auradon se comportaient en vraies crapules sur l’île, ils les arnaquaient et les poussaient à commettre des délits pour subvenir à leurs besoins. C’était absolument abject.
— Savez-vous ce que c’est de devoir travailler pour le compte de sa mère et de ne même pas recevoir un peu d’affection de sa part ? repris Uma.
Là aussi, Ingrid ne savait pas quoi répondre. Une mère, quelque soit son statut dans la société, avait pour devoir de donner de l’affection à ses enfants.
— Vous essayez de nous apprendre les bonnes manières, comment se comporter en société ainsi que ce que signifie l’entraide et tout, commença Katana. Mais, pouvez ramener dans nos vies, l’amour, le manque de nos parents et pouvez-vous changez la déception que l’on voit dans leurs yeux à la moindre erreur ?
Chacun émit son point de vue. Harry parla de son père qui préférait passer ses journées entières dans son bateau pourri que de l’aider dans les décisions qu’il prenait. Carlos parla de sa mère qui l’empêchait de vivre exactement comme il le souhaitait. Evie parla de sa mère qui l’importunait à tout instant, afin de se trouver un homme riche qui la sortirait de la misère. Yolo et Zen qui avaient eu la chance d’avoir des parents aimants, déploraient le fait que la santé des autres n’était pas une priorité sur l’île. Ils avaient dû voir leurs parents mourir lors d’une émeute, alors que les gardes auraient pu faire quelque chose. Gil n’avait pas forcément de problème avec son père. Il n’avait rien de particulier à dire vu que sa vie entière, il l’a passé aux côtés d’Uma et plus tard Harry les a rejoint.
Seul Mal ne fit pas état de ce que sa mère lui faisait vivre. Son obsession pour le pouvoir, le pouvoir et encore le pouvoir. Cependant, le fait d’écouter ses camarades parlé lui fit comprendre à quel point ils vivaient tous la même situation. Un monde nouveau s’ouvrait à eux et même s’ils ne s’entendraient pas, chacun devait au moins avoir la chance de connaître le bonheur. Une idée lui vint alors en tête et elle Interpella son professeur.
— Madame, vous venez de dire qu’être gentil c’est aider à sa manière, n’est-ce pas ?
— Exactement, répondit-elle en hochant la tête.
— Je me demandais si on ne pouvait pas monter une pièce de théâtre qui permettrait de faire comprendre aux gens que le mal n’est pas forcément ce que l’on croit ?
Tous les regard étaient à présent braqués sur elle.
— A quoi tu joues, Mal ? chuchota Carlos.
— Chut ! mima-elle en mettant son index devant sa bouche.
— Ça alors ! Quelle est donc cette idée que vous avez eu ? demanda Ingrid, beaucoup plus enthousiaste.
— Depuis que nous faisons cours, vous nous avez déjà beaucoup appris. Je me demandais si on ne pouvait pas faire une pièce de théâtre pour expliquer les réalités de la vie à ces petits dont vous nous avez parlé lors de la dernière séance en cours.
La jeune femme voulait peut-être ne plus être dans les pattes de la bonne fée, mais inconsciemment, elle voulait montrer à ces gens d’Auradon à quel point leur vie était merdique et désolante sur l’île. Ingrid sillonnait alors la salle en réfléchissant. L’idée n’était pas mauvaise, et vu leur comportement envers les autres, il serait peut-être bien qu’ils apprennent à collaborer ensemble.
— Bien, après y avoir réfléchi je trouve que c’est une bonne idée. Vous avez trois mois pour le faire, et vous serez scindés en groupe pour l’organisation. Mettez vos noms sur des bouts de papiers, on va tirer au sort.
Evie se demanda au fond d’elle si tout se faisait au hasard ici, tout en inscrivant son nom, comme tout le monde. Surtout qu'après réflexion, ils étaient d’accord pour le faire, au moins, on ne les verrait plus comme ces ignobles méchants comme le disait si bien la peste d’Audrey. Tous les papiers dans une boîte, Ingrid la remua et au fur et à mesure, elles rassemblaient les trois groupes.
— Pour le décor, Jay, Gil et Zen.
Ceux-ci s’approchèrent d’elle et elle leur remit un parchemin.
— Pour les costumes, Evie, Carlos et Yolo. Harry tu seras le présentateur. Et en ce qui concerne le script et bien vous devrez travailler d’arrache-pied toutes les trois pour qu’il soit parfait, dit-elle à Mal, Uma et Katana. Vous avez le droit d’inclure d’autres élèves pour jouer avec vous. Menez le à bien s’il vous plaît. Cela vous rapportera peut-être des points supplémentaires. En plus, ce sera Noël, une fête particulièrement belle.
Juste après ces mots, la cloche retentit. Libérant enfin les élèves de leur dernier cours de la semaine.
— N’oubliez pas, demain c’est samedi et vous avez une sortie de groupe à quinze heures, voilà pourquoi le déjeuner sera avancé. Le prince viendra vous prendre, retrouvez-vous devant la porte principale aux alentours de quatorze heures quarante cinq. Maintenant, vous avez quartier libre, bon week-end.
Ils ne se firent pas prier et chacun récupera ses affaires pour partir.
— Mal ? Mais qu’est-ce qui t’a pris de faire une telle proposition à la dame-fée ? demanda Carlos alors qu’ils marchaient dans le grand couloir remplie d’armures et de tableaux.
— La dame-fée ? se moqua cette dernière.
— Je ne sais pas comment l’appeler. C’est une fée, et elle ne veut pas qu’on l’appelle par son prénom.
— Bon, que voulais-tu Carlos ? Cette idée a germé dans mon esprit, pour ne pas l’oublier il fallait bien que j’en parle.
Celui-ci poussa un soupir d’exaspération. Et la jeune fille aperçu son amie Evie discuter avec Yolo. En voulant les approcher, Katana lui barra le chemin.
— Hey… cheveux violets, les autres ont décidé de déjeuner ensemble pour parler de cette merveilleuse idée que tu as eu. Donc toi, moi et cheveux bleus allons s’asseoir avec eux.
Elle ne lui laissa pas le temps de répondre qu’elle se dirigea vers le réfectoire en sautillant comme une gamine. « En plus elle m’appelle cheveux violets… Ce satané prince a planté une mauvaise graine » pensa Mal. Alors qu’elle s’apprêtait à rejoindre les autres, l’être le plus méprisable selon elle, l’arrêta dans son élan.
— Salut ma jolie. Je vois que la gentillesse s’imprègne en toi maintenant ! Merci pour ce projet.
— Harry, qu’as-tu pour me suivre de la sorte partout où je vais ? Nous ne sommes pas liés à ce que je sache !
— Je veux simplement te remercier. Ces mois-ci, je vais devoir travailler sur moi. Je serai présentateur de la plus belle pièce de théâtre de tous les temps. En plus, tout le monde y assistera. Tu te souviens qu’avant, je voulais être journaliste ?
Il lui fit un clin d’œil avant d’entrer dans la salle, laissant Mal avec une flopée de souvenirs qu’elle se battait pour oublier. Cependant elle se ressaisit et mis pied dans la salle. Au loin, tous les autres s’étaient déjà installés. Le réfectoire était immense, il pouvait carrément contenir la moitié de l’île de l’oubli. Les tables rectangulaires étaient soit grandes, soit petites. Elles étaient bleues et autour, il y avait des bancs en bois de couleur jaune. Les couleurs d’Auradon.
La salle était disposée de sorte que le comptoir soit à quelques pas de l’entrée, derrière il y avait les cuisines, abritée par un mur plein de tableaux représentant des aliments, des fruits et tout ce qui faisait penser à de la nourriture. En face du comptoir sur lequel il y avait des plateaux, des couverts, des bacs à fruit, des à nourriture et autres, il y a avait la multitude de table. Certains étaient assis en groupes de deux, quatre, six et plus. Se souvenant de ce que Katana lui avait dit, elle fit signe à Harry et après avoir rempli leurs plateaux, ils s’installèrent près des autres. Ils étaient dispersés autour de la table, on ne voyait plus aucun clan. Les murmures s’élevèrent alors des autres tables.
— Ils font vraiment la paire en s’asseyant ensemble aujourd’hui.
— Certaines personnes disent que sur l’île ils étaient ennemis.
— Pourquoi sont-ils à la même table ? Je croyais qu’ils ne s’entendaient pas.
Au moment de leur répondre, Mal fut interpellée par son amie.
— Hey ma chérie, mais c’est quoi sur ta veste ?
Elle découvrit avec horreur une substance orange qui dégoulinait sur sa veste bleue, heureusement que sa robe noire n’était pas touchée. Des éclats de rire parvinrent alors jusqu’à ses oreilles. Tout le monde vit Audrey rire avec ses amies.
— Regardez tout le monde, Mal ne sait même pas manger en public. Et elle veut faire une pièce de théâtre… Quelle ironie !
Audrey ne faisait peut-être rien pour l’instant mais elle ne ratait pas une occasion de les rabaisser et comme toujours, les moqueries fusèrent. En colère, Mal fixa Audrey du regard tout en marmonnant un sort vu ce matin dans le grimoire. Ce sort devait trafiquer son repas. Ses cheveux deviendraient tellement gris que même sa peau pâlirait. Elle ressemblerait à une grand-mère, elle ne s’en rendrait pas compte avant que tout le monde autour d’eux ne le remarque. L’avantage d’avoir un grimoire à multiples usages était que le sort n’était pas traçable. Ravie, elle entama son déjeuner, une belle cuisse de dinde grillée accompagnée d’une purée de pommes de terre et de jus de raisin. Après une dizaine de minutes, ils discutaient tous au sujet de la pièce de théâtre.
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Cc chers amis Wattpadiens.
J'espère que vous allez bien.
Bonne lecture 🤗 et n'hésitez pas à commenter.
9 février 2022
Stéphanie 🖤
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